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Un Cadet de Famille, v. 2/3

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LVII

Quand je rejoignis Aston et de Ruyter, je les trouvai en train de discuter sur la nécessité de faire une visite officielle au commandant de Saint-Louis. Comme cette visite, dont ils fixèrent l'heure pour le lendemain, ne me paraissait ni agréable à faire ni urgente à mes intérêts personnels, je priai de Ruyter de vouloir bien m'en dispenser. La soirée se termina très-agréablement, quoiqu'il y eût manqué, pour l'entière satisfaction de mon cœur, la présence aimée de la belle Arabe.

Obligés de nous lever le lendemain aux premiers rayons du soleil, nous nous couchâmes de bonne heure, et, si Aston et de Ruyter se reposèrent, il me fut bien impossible de trouver le sommeil. Mon esprit inquiet me jeta bientôt hors du lit et hors de la maison. J'errai dans les champs, je pris un bain, je tuai les heures, et je vis arriver, sans avoir fermé les yeux un instant, les splendides lueurs de la plus belle journée.

Quand mes deux amis parurent, nous allâmes visiter les plantes et les arbrisseaux que de Ruyter avait apportés des différentes îles de l'archipel des Indes. De Ruyter avait une grande passion pour le jardinage, la construction et l'agriculture. Il aimait l'île Maurice, non-seulement pour la douceur de son climat, mais encore pour la bonté de son terrain, qui produisait toute chose et en profusion.

– J'ai questionné sur leur bonheur, nous dit-il, toutes sortes de gens, même des princes, et j'ai vu que les hommes heureux, mais heureux dans toute l'acception du mot, sont les jardiniers. Je confesse avec franchise que si le hasard ne m'avait pas fait marin, j'aurais été, par choix, un modeste cultivateur.

Il n'existe pas dans le monde un fruit ou une fleur qui soit resté inconnu à de Ruyter. Il avait tout vu, tout recueilli, tout réuni dans son jardin, et au milieu de cette quantité innombrable d'arbres et de plantes, il y en avait au moins le quart qui m'étaient complétement inconnus. À l'exception de la plate-forme, sur laquelle était bâtie la maison, et qui comprenait le jardin, les terres d'alentour étaient incultes. On avait en partie déraciné tous les arbres, en laissant çà et là des groupes de cannelliers ou de chênes d'une hauteur prodigieuse.

La maison n'avait qu'un seul étage. Sa façade regardait le sud, en dominant une plaine; la mer formait l'horizon au nord-ouest, et l'est déployait un immense rideau de bois, de précipices et de rochers. À l'exception d'une plaine voisine de la maison, rien n'indiquait le travail de la culture; on se serait cru dans la solitude d'un immense désert, si, dans le clair-obscur des avenues et des sentiers qui coupaient cette plaine, on n'eût découvert des chaumières de bois. De Ruyter avait eu le soin de faire produire à ses terres les choses indispensables à la vie, et de les peupler de travailleurs heureux dans leur dépendance libre.

– Il serait, nous dit-il, plus avantageux, d'après les règles du calcul, d'ensemencer la terre des grains, des fruits ou des végétaux qu'elle reproduit avec le plus d'abondance, pour en échanger le surplus inutile à la consommation de la maison contre les choses de luxe qui y manquent: mais, outre la satisfaction que je ressens de voir tout le monde heureux autour de moi, j'ai le plaisir de la distraction, le bonheur de la santé et celui plus grand encore d'améliorer la cruelle destinée de ceux qui souffrent sous les impitoyables lois d'un système détestable, d'un système que j'abhorre, mais auquel malheureusement il m'est impossible d'apporter des remèdes: ce système est celui de l'esclavage.

J'ai fait pour le bien-être des noirs tout ce que j'ai pu; vous ne trouverez pas un seul esclave dans mon domaine. Le pain que vous mangez n'est peut-être pas le meilleur, le plus blanc, le plus exquis des pains, mais il n'est ni aigri ni taché par le sang ou les larmes d'un pauvre captif surchargé de travail. Une centaine d'esclaves, que j'ai rachetés ou trouvés libres, sont devenus mes fermiers.

Je reçois d'eux une partie des fruits de la terre: un m'apporte tous les ans du blé, un autre du café, et ainsi de tous. J'ai donc de cette manière du riz, du sucre, des épices, du coton, du tabac, du vin, de l'huile, enfin tout ce que la terre produit. Je dispose à ma guise du superflu des choses que vous mangez; ici ce sont les fruits d'un travail libre, et je crois que cette connaissance des faits vous rendra la modeste chère que je vous fais faire infiniment plus savoureuse.

Je ne suis point un de ces pédants et lourds moralistes qui prêchent l'émancipation des nègres en faisant des pas de géant pour fuir l'exécution de leurs pompeuses paroles, ni un de ces gaillards qui examinent la doctrine d'un tailleur avant de se hasarder à porter l'habit qu'il leur a fait, quoiqu'ils n'aient pas l'idée honnête et juste de le lui payer. Je regarde la perfection de l'ouvrage et non la piété de ceux qui l'ont fait, et je suis mieux servi par des gens libres, travaillant de bonne volonté, que par des mains d'esclaves sans cœur.

La visite que de Ruyter et Aston devaient faire au commandant de Saint-Louis fut remise au lendemain, et nous procédâmes à nous occuper suivant la loi de nos fantaisies. De Ruyter traça le plan d'un pavillon qu'il voulait construire, comme un zennanah, pour les femmes. Aston arracha des pommes de terre et des yams; moi, je construisis un berceau de bambous entrelacés, et je plantai sous son abri notre arbre mystique, le jahovnov chéri de ma chère Zéla.

Après avoir terminé mon petit travail, la fatigue d'une nuit sans repos se fit sentir: elle affaiblit mes forces, et, n'ayant ni l'envie ni la prudente pensée de gagner mon lit, je me couchai sous l'ardeur d'un soleil brûlant, près du faible ombrage d'un laurier-rose, et je m'endormis profondément.

Je fus éveillé par la chaleur intense des rayons du soleil, qui dardaient sur moi leur fulgurante lumière. Je sentais que ma tête, presque sans abri, allait être livrée à la flamme de cette lave ardente, et que j'en éprouverais de vives douleurs. Mais mes forces étaient tellement abattues, que je n'avais pas l'énergie de me relever.

Au moment où j'allais forcer la paresse à se plier aux ordres de la raison, j'entendis un léger frôlement. D'où pouvait-il provenir? Tout en m'adressant cette question, je restais immobile, car j'étais étendu sur la terre avec tant d'indolence, que je ne pouvais ni remuer ni regarder, quoique mon ouïe fût violemment tendue dans la direction de l'indistinct murmure qui venait de se faire entendre. Je sentais pourtant qu'il était nécessaire de quitter la position nonchalante que j'avais prise, car le bruit augmentait de minute en minute. «C'est peut-être un serpent» pensai-je en moi-même. Ce rapide soupçon fut bientôt détruit par le souvenir de l'assurance que de Ruyter m'avait donnée qu'il n'y avait dans l'île aucun reptile venimeux. J'écoutai encore, et, toujours immobile, je me dis: «Ce sont des lézards qui attrapent des mouches;» au même instant, je sentis sur mon front un toucher froid et dont la douce sensation me fit soudain ouvrir les yeux. Zéla et Ador, la petite esclave malaise, cherchaient à me garantir contre les rayons du soleil en plaçant sur ma tête un morceau de feuille de palmier tallipot, car une feuille entière a quelquefois trente pieds de circonférence.

Quand Zéla s'aperçut que j'étais éveillé, elle voulut s'enfuir, mais je saisis avec promptitude l'ourlet de son ample pantalon brodé, et je lui dis en souriant:

– Laissez-moi vous remercier, chère.

– Non, je ne suis pas contente de vous; pourquoi vous coucher ainsi au soleil? Ne savez-vous pas que sa chaleur est plus dangereuse que la morsure du chichta? et que, si elle tombe sur un front nu, elle est plus fatale que le bahr?

– Douce Zéla, pourquoi êtes-vous venue ici?

– Pour cueillir des fruits.

– Pour quelle raison avez-vous apporté cette feuille de palmier? il n'y en a pas de ce côté du jardin.

Les yeux de la jeune fille découvrirent l'arbre que j'avais planté; et elle me répondit vivement:

– Pour qui pensez-vous donc que j'aie pu l'apporter? J'ignorais que vous étiez assez imprudent pour vous coucher au soleil; ma feuille est destinée à couvrir le jahovnov.

– Comment avez-vous appris, chère sœur, que je l'avais planté? je n'en ai parlé à personne.

Zéla rougit, et je lus dans ses yeux charmants, dans l'expression de ses traits, ce limpide miroir de l'âme, que je ne lui étais plus indifférent. Je pris la main de la jeune fille, et nous regagnâmes l'habitation le sourire aux lèvres et la joie dans le cœur.

LVIII

À la porte de la maison nous rencontrâmes de Ruyter, qui dit à Zéla:

– J'allais vous rendre une visite, chère lady, et vous demander une tasse de ce café exquis que fait si bien la vieille Kamalia.

– Venez, je vous en prie, capitaine, répondit en souriant la jeune fille; ma nourrice excelle, il est vrai, dans l'art de distiller les liqueurs; elle fait non-seulement de très-bon café, mais encore des sorbets délicieux, et son arekec est excellent; de plus, la science de Kamalia ne se borne point à cette seule connaissance; elle est très-savante, car elle sait lire dans les vieux livres de notre pays et dans un ciel plein d'étoiles.

– Son air antique me laisse croire, répondit de Ruyter, qu'elle a étudié dans des papyrus, et je ne serais pas étonné si elle pouvait découvrir le mystère des hiéroglyphes.

Nous nous rendîmes au zennanah, et quand la vieille gouvernante nous eut comptés sur ses quatre maigres doigts, elle alla remplir le rite sacré qui n'est jamais négligé dans l'Est, celui de présenter des rafraîchissements sans la cérémonie avare et sans cœur qui est usitée en Europe, cérémonie qui consiste à demander aux visiteurs s'ils veulent oui ou non prendre quelque chose, puis à les regarder d'un air féroce s'ils acceptent l'offre.

 

Je suivis Kamalia pour apprendre comment se fait le véritable café oriental.

Les musulmans seuls savent faire le café, car les liqueurs fortes leur étant défendues, leur palais est plus fin et leur goût plus exquis.

Un feu brillant de charbon de terre brûlait dans un poêle; Kamalia prit quatre poignées de baies de moka, pas plus grandes qu'un grain d'orge (ces baies avaient été soigneusement choisies et nettoyées), puis elle les mit dans une casserole de fer où elles furent lestement rôties; la vieille femme ne les retira de cette casserole qu'au moment où elles eurent atteint une couleur d'un brun foncé; les baies trop cuites furent enlevées et les autres mises dans un grand mortier de bois pour y être broyées. Réduit en poudre, le café fut tamisé au travers d'un morceau de drap en poil de chameau, et, pendant cette opération, une cafetière qui contenait quatre tasses d'eau bouillait sur le feu. Quand la gouvernante se fut assurée de la finesse de la poudre de café, elle la versa dans l'eau, replaça la cafetière sur le feu, et, au moment où ce mélange fut sur le point de bouillir, elle ôta la cafetière, la frappa contre le poêle et la remit sur les charbons; cette dernière opération fut répétée cinq ou six fois.

J'ai oublié de dire que Kamalia avait mis dans le café un très-petit morceau de macis, mais pas assez cependant pour qu'il fût possible d'en distinguer la saveur. Pour faire ainsi le café, il faut que la cafetière soit en étain et sans couvercle, autrement il serait impossible que l'ébullition pût former sur sa surface une épaisse couche de crème.

Quand le café fut tout à fait ôté du feu, Kamalia le laissa reposer un instant et le versa dans les tasses, où il garda pendant quelques instants une onctueuse couche de crème.

Ainsi préparé, le café a non-seulement une délicieuse odeur, mais encore le goût le plus exquis. On pourrait croire que l'opération est ennuyeuse à faire, à en juger par mon récit; elle n'est cependant ni longue ni difficile. Kamalia demandait deux minutes par personne, de sorte que pour quatre tasses elle avait employé huit minutes.

Zéla nous offrit le café; la petite esclave malaise la suivait auprès de chacun de nous, portant dans ses mains des confitures et de l'eau. Après avoir servi le café, Zéla m'apporta une chibouque (pipe turque), car quand une femme arabe est dans son propre appartement, elle emplit et allume une pipe, mais seulement pour son père ou pour son mari. Zéla ôta de ses lèvres de corail le pâle bout d'ambre de la pipe et me l'offrit, en croisant ses mains sur son front, puis elle me quitta pour s'occuper d'Aston et de de Ruyter.

La seule boisson admissible pour conserver la sensibilité du goût, pendant qu'on respire la vapeur de cette exquise et inestimable feuille qui pousse à Chiraz, sur un bras de mer, à l'est du golfe Persique, est le café comme je l'ai dépeint, ou le jus d'un fruit dans de l'eau glacée, ou bien encore du thé du Tonkin, cueilli pendant que les feuilles étaient imbibées de la rosée du matin. Pour bien faire le thé, il faut choisir les meilleures feuilles et les mettre dans l'eau un instant avant qu'elle ne bouille, et non les étuver comme on fait en Europe. Quand les feuilles commencent à s'ouvrir, l'infusion est piquante et aromatique, sans être ni devenir amère ou fade. Les fumeurs raffinés ont une antipathie prononcée pour les liqueurs fortes, parce qu'ils trouvent qu'elles affaiblissent la sensation délicate du palais, en détruisant la saveur de la pipe.

Le père de Zéla était profondément versé dans l'art de fumer, et il avait initié théoriquement sa fille dans ses mystères les plus cachés, comme étant une partie indispensable de l'éducation féminine, et de Ruyter, qui n'était point ignorant de cette science pratique, nous disait entre deux nuages de fumée odorante:

– Je considère les perfections des femmes européennes comme des pièges dans lesquels les imbéciles seuls se laissent attraper. Ces femmes n'ont généralement aucune connaissance utile; elles sont coquettes, vaniteuses, et ressemblent beaucoup au muckarungo, au pimpant paon, ou au geai bigarré, stupide, arrogant et bavard, et cependant elles se moquent des filles arabes, les traitent de barbares, parce qu'elles seules ont l'esprit d'apprécier les choses utiles.

Les femmes arabes savent fabriquer des étoffes, en faire des vêtements, semer le blé, le broyer et en confectionner le meilleur pain, chasser et tuer l'antilope ou l'autruche, et les faire cuire de plusieurs manières. Fidèle au serment d'amour qui l'attache à un homme, l'Arabe est active, vigilante, dévouée, courageuse; sa poitrine et son amour sont le bouclier qui protége, qui sauve quelquefois leur mari. Quant à la beauté des femmes en général, c'est une question qui ne peut être résolue que par le goût.

À Siam et à Arracan, les grandes oreilles et les dents noires sont trouvées charmantes, et, en Chine et en Tartarie, la beauté consiste en de grosses lèvres. Dans d'autres parties de l'Europe, les points de beauté sont considérés homogènes à ceux d'un cheval; il faut là grandeur, largeur et solidité de structure. En Angleterre, il y a une race amazone qui est arrivée à réunir en elle les perfections du cheval, du bœuf et du chêne. Mais ceux qui aiment les formes délicates, friandes et féminines doivent les chercher dans les pays ou fleurissent le cerba aux belles fleurs cramoisies, la datte et l'ondoyant bambou, car ces arbres aiment les coins les plus sauvages de la nature, et refusent de mêler leurs beautés avec le jungle et surtout avec les plantes cultivées.

Le lendemain matin, Aston et de Ruyter se rendirent à Port-Louis pour faire au commandant de la ville la visite qui avait été projetée. Je regardai partir mes deux amis, et, fort peu désireux de les accompagner, je pris une bêche et je me rendis dans le jardin.

Zéla commençait à se plaire auprès de moi, et je n'étais réellement heureux que pendant les heures qui nous réunissaient soit dans le zennanah, soit à l'heure des repas ou des promenades.

La figure si placide et si calme de la jeune fille s'animait un peu; la pâleur des joues avait fait place à l'incarnat du bonheur; nous étions pourtant l'un et l'autre bien ignorants de l'amour. Malgré les fautes que je faisais en parlant la langue arabe, nous causions assez bien sur les sujets ordinaires, mais nous étions également novices dans le langage du cœur. La violence de mes passions, violence qui me rendait si impétueux, était maintenue par la plus grande sensibilité.

Je ne pouvais trouver des paroles assez tendres, assez émouvantes pour exprimer mes nouveaux sentiments, car leur profondeur exigeait, pour être bien comprise, la perfection de l'éloquence. Si j'essayais de parler, les mots expiraient sur mes lèvres, et quand j'étais assis auprès de Zéla, sous l'ombre d'un arbre, nous causions à l'aide des antiques caractères de son pays, et ces caractères sont pour des amoureux bien supérieurs à l'alphabet de Cadmus.

Nous dessinions sur le sol rouge et sablonneux des images d'oiseaux, de vaisseaux, de maisons, et à ces hiéroglyphes nous ajoutions le langage muet des fruits et des fleurs. Ces figures charmantes, nos regards, le doux mouvement des lèvres de Zéla, le toucher de nos mains unies me semblaient une langue éloquente, et surtout fort intelligible. Le temps passait aussi rapidement que les petites bouffées du vent qui agitaient la surface miroitante de la citerne ou que celles qui courbaient, en nous effleurant, la tige des fleurs.

Après avoir longuement causé, nous nous promenions çà et là, ravageant le jardin, le dépouillant à plaisir de ses plus beaux fruits, et nos grandes disputes avaient pour cause la grosseur ou la maturité d'un fruit. Zéla s'animait dans ses éloges sur la fraîcheur d'une datte, moi je soutenais que rien ne pouvait surpasser l'ananas à la fière crête ou le doux brugnon. Pendant l'ébat de cette joyeuse querelle, Aston, qui s'était tout doucement approché de nous, s'écria en riant:

– Le mangoustan est le meilleur des fruits, car non-seulement il a une saveur personnelle, mais encore celle du brugnon, de la datte et de l'ananas.

– Eh quoi! Aston, vous êtes là? Je vous croyais parti pour la ville; mais c'est trop tard maintenant, le soleil est chaud. Pourquoi n'êtes-vous pas allé avec de Ruyter?

– Vous rêvez, répondit Aston. De Ruyter et moi nous sommes partis il y a de cela six heures, et nous sommes de retour. Midi vient de sonner, nous vous avons cherché partout; le dîner est prêt.

– Vous plaisantez, très-cher. Zéla et moi nous sommes ici depuis une heure.

– Éveillez-vous, rêveur que vous êtes! et regardez le soleil. Ne voyez-vous pas qu'il a passé le sud, et qu'il plane maintenant au-dessus de votre tête? Il faut en vérité qu'il ait affecté votre cervelle! Mais, allons, Trelawnay, levez-vous: nous qui comptons le temps par nos appétits et les dates du calendrier, nous avons besoin de quelque chose de plus substantiel et de plus solide que la délicate nourriture de l'amour.

Étonnés de comprendre avec quelle rapidité le temps s'était écoulé, nous rentrâmes à la maison, et, ignorante de tout artifice, Zéla ne sut répondre aux railleries de de Ruyter que par cette phrase ingénue:

– Je ne savais pas qu'il était si tard, et je crains d'avoir trop dormi.

Comme j'avais, ainsi que Zéla, mangé beaucoup de fruits, nous avions parfaitement oublié l'heure du dîner.

– Le commandant de Port-Louis désire vous voir, me dit de Ruyter. Il nous a tous invités à dîner, et Aston a été reçu avec la plus grande bonté.

Quelques jours après, de Ruyter décida que le lendemain, à la pointe du jour, nous nous rendrions à la ville. En conséquence, aux premiers rayons de l'aurore, nous nous mîmes en route. Nous passâmes le Piton, et, par un chemin assez beau, nous arrivâmes à la ville de Port-Louis. Sur ce côté, les montagnes penchent aussi doucement vers la mer, que de l'autre elles s'élèvent hautes et escarpées. Les terres voisines de la ville étaient bien cultivées; des groupes de jolies cabanes, aux verandahs vertes, étaient dispersées çà et là dans des plantations, et ces plantations étaient séparées les unes des autres par des avenues d'arbres. Ces arbres étaient des vacours impénétrables, à cause de l'épaisseur et de la quantité de leurs feuilles hérissées et pointues. Nous vîmes une grande variété de bananiers et de champs d'ananas fermés par des haies de pêchers, de roses persanes et par un magnifique arbrisseau indien, nommé le neshouly, puis encore, pareil à un saule pleureur, le bambou qui penchait sa tête sur la rivière d'un air amoureux de sa gracieuse forme.

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