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Un Cadet de Famille, v. 2/3

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LXXXIX

Le terrain qui avoisinait la colline était rougeâtre, et les jungles parsemés çà et là couvraient le sol d'un tapis de baies jaunes et rouges. Une quantité prodigieuse de poules d'Inde sauvages, de hérons, de grues et d'oiseaux de mer voltigeaient dans l'air, et nous étions surpris à chaque instant par l'apparition inattendue d'une bande de chacals, d'une troupe de renards et de beaucoup d'autres animaux que je n'avais jamais vus. De temps en temps un coup d'œil jeté en arrière nous faisait apercevoir des troupeaux d'éléphants sauvages et de buffles qui paissaient sur la plaine que nous venions de traverser. À midi, nous fûmes arrêtés par une rivière large, boueuse, peu profonde, mais qui, sans doute, inondait le haut de la plaine pendant la saison pluvieuse, c'est-à-dire sept ou huit mois de l'année, et se faisait ensuite un passage jusqu'au marais. Après une longue hésitation, les éléphants se décidèrent à traverser le gué de la rivière; une fois sur l'autre bord nous nous reposâmes. Le lendemain il fallut gravir la colline hantée par les esprits. Cette colline inspire aux natifs une superstition si respectueuse, qu'ils n'osent troubler par leur présence ce lieu consacré aux géants et aux esprits, qui, disent-ils d'un air convaincu, veillent nuit et jour sur leur sauvage propriété. La crédulité de ce peuple primitif avait un appui sur les restes d'une ville quelconque, et de Ruyter nous dit que les ruines qui parsemaient la plaine étaient moresques. Nous trouvâmes d'énormes masses de pierre, des citernes bouchées, des puits que la végétation couvrait de mauvaises herbes, de plantes rampantes et d'une infinité d'arbrisseaux.

Nous dressâmes nos tentes sur la partie de la colline la plus couverte de rochers et la moins voisine des jungles. Après avoir allumé des feux et mangé un jeune cerf, nous fîmes les arrangements nécessaires à la journée du lendemain, et nous nous endormîmes. Le chef malais fut debout avant l'aurore; il réveilla ses gens, fit préparer nos montures et disposa tout pour le départ. Zéla, qui voulait absolument nous accompagner, fut assise sur un petit éléphant, et enfermée dans le seul houdah que nous eussions.

Après de longues recherches, nous découvrîmes plusieurs traces de tigres dans les lieux couverts et sur le bord des étangs, mais les hautes herbes et l'épaisseur des buissons nous empêchèrent de suivre leurs traces jusque dans leurs retraites. En revanche, nous trouvions à chaque pas des daims, des sangliers, et une grande variété d'oiseaux.

Quand de Ruyter eut soigneusement examiné le voisinage, il nous assura que trois tigres habitaient le jungle, car il avait découvert les os d'un élan récemment tombé sous leurs griffes.

Cette nouvelle nous combla de joie, et, bien préparés pour l'attaque, nous nous dirigeâmes vers la retraite de nos ennemis. Guidés par de Ruyter, il nous fut facile d'atteindre sans de longs détours le lieu où se trouvaient les restes du cerf. Ces restes étaient entourés d'une terre humide qui conservait jusqu'au jungle les traces du passage des tigres.

Avant de commencer la chasse, de Ruyter, qui voulait bloquer toutes les sorties, divisa notre troupe. La plupart de mes hommes étaient à pied, et ils semblaient aussi tranquilles et aussi rassurés qu'à l'approche de l'attaque d'un nid de belettes. Je laissai Zéla à l'entrée du bois, sous la garde de quatre Arabes, et je descendis de cheval pour aider de Ruyter à débarrasser le passage. Les Malais furent divisés en deux groupes, et nous recommandâmes aux matelots d'agir avec une extrême prudence en faisant usage de leurs armes à feu, car les accidents étaient plus à craindre que la férocité des tigres.

– J'ai grand'peur, dit de Ruyter, que nos éléphants ne soient pas de force à faire face aux tigres. Mais cependant il est nécessaire, avant de renoncer à nous en servir, que nous les mettions à l'épreuve.

En approchant des buissons, nous mîmes en déroute des daims, des lièvres et des chats sauvages.

De Ruyter me montra les ruines d'un palais moresque, en me disant que la sagacité de nos éléphants nous ferait éviter les masses brisées des édifices, les abîmes et les puits couverts de verdure humide. L'endroit où nous nous trouvions était d'une sauvagerie surnaturelle; elle impressionna tellement nos matelots, que leur joie orageuse fut changée en une sorte de tristesse rêveuse. Les furieux trépignements de pieds de nos éléphants nous apprirent que l'antre des tigres était proche. Une ruine voûtée s'étendait devant nous, et un bruit indistinct agitait les buissons.

– Tenez-vous fermes, mes garçons! cria tout à coup de Ruyter.

Au même instant un tigre monstrueux s'élança sur nous.

Nous fîmes feu tous ensemble, mais pendant les premières minutes qui suivirent cette terrible décharge, je ne pus en connaître le résultat, car, enragés de terreur, nos éléphants désertaient.

Mon mahout se jeta par terre et une branche d'arbre me fit tomber.

J'entendis un effroyable cri de guerre, et on fit une seconde fois un feu bien nourri.

L'éléphant de de Ruyter bondit en arrière et tomba dans un puits à moitié caché sous une couche d'herbe; l'intrépide chasseur se dégagea lestement, et nous laissâmes nos montures agir à leur guise.

– Il y a encore des tigres sous la voûte de ces ruines, me dit de Ruyter; forçons-les à sortir.

Nous réunîmes quelques-uns de nos hommes, et, d'un pas ferme, guidés par l'abominable odeur qu'exhalent ces bêtes fauves, nous gagnâmes le lieu de leur retraite. Bientôt des rugissements sonores et des grognements aigus nous donnèrent l'assurance d'un prochain succès.

– Attention! dit de Ruyter, l'antre renferme une tigresse avec ses petits; prenez garde à vous, mes garçons: ne tirez que sur elle, et tirez bas.

Un jeune tigre sortit le premier pour nous attaquer.

– La mère va sortir, me dit tout bas de Ruyter, ne tirez pas encore.

Effrayé de notre position hostile, le tigre courut se cacher sous un épais buisson; il y resta en grognant; une seconde après, deux autres petits sortirent à leur tour et se cachèrent avec autant d'effroi et de promptitude qu'en avait montré le premier.

Le rugissement de la mère devint terrible, et un coup de fusil tiré par de Ruyter sur un des jeunes tigres la fit apparaître à l'ouverture de la voûte, les yeux en feu, et écumant de rage. La tigresse se précipita violemment sur nous. Je fis feu des deux canons de mon fusil, et nous reculâmes de quelques pas.

Atteinte par mon arme, la tigresse frissonna, et, toute chancelante, elle voulut attaquer de Ruyter; mais, trop faible pour l'atteindre, elle ploya sur ses jarrets. Un coup de lance l'étendit sans vie à nos pieds.

Pendant que je rechargeais mon fusil, un jeune tigre s'élança sur moi. L'attaque fut si brusque, si inattendue, qu'elle me renversa. Avant de pouvoir me relever, je vis de Ruyter mettre tranquillement son fusil dans l'oreille de la bête déjà blessée, et lui faire sauter la cervelle en l'air. Pendant cette lutte partielle avec la mère et le premier tigre, les matelots continuaient à faire feu, et les balles volaient au-dessus de nos têtes; quelques-unes blessèrent les jeunes tigres, mais sans les tuer, car ils se sauvèrent.

– Plaçons-nous derrière ce rocher, me dit de Ruyter; les matelots se servent d'un mousquet comme ils se servent d'un cheval: ils emportent tout ce qui se trouve sur leur passage.

Des Malais, envoyés en éclaireurs par le chef, vinrent nous dire que le jungle était vivant de tigres, qu'ils en avaient déjà tué deux, et qu'un de leurs hommes était mort.

Une heure après cette première victoire, il y avait autant de bruit et de confusion dans le jungle que pendant une bataille navale ou qu'au saccagement d'une ville. Je remarquai cependant que les tigres ne sont point aussi formidables qu'on veut bien le dire. Ils se couchaient en rampant dans les longues herbes, et nous avions de grandes peines à prendre avant de pouvoir les en faire sortir. Pour arriver à ce but, nous étions obligés de leur envoyer une balle, et bien des fois, au lieu de se jeter sur nous, ils essayaient de fuir sous le couvert, et c'était seulement en face des passages bloqués que, poussés par le désespoir, ils se précipitaient aveuglément sur nous.

Deux hommes courageux et bien armés peuvent aller sans crainte jusqu'aux approches de l'antre d'un tigre et le forcer à quitter sa retraite pour venir tomber sous leurs coups.

Un grand nombre de tigres se sauva vers la plaine, et il nous était impossible de diriger notre chasse de ce côté-là. Plusieurs de nos hommes étaient blessés, soit par les tigres, soit par des chutes dans les décombres, et un Malais eut l'échine dorsale si fracassée, qu'après une heure d'agonie il expira.

XC

Quand la chasse fut désorganisée, je songeai à Zéla, qui, bien certainement, devait s'effrayer des bruits du combat et de ma longue absence. Je me dirigeai donc seul, – car tous nos gens étaient dispersés çà et là, – vers la partie du jungle où quatre Arabes devaient faire la garde autour d'elle.

En approchant de l'endroit où la jeune femme devait attendre mon retour, j'entendis un bruit affreux, un bruit entremêlé de cris perçants, de rugissements de tigres et de trépignements de pieds. Je hâtai ma course, autant que purent me le permettre les épais buissons et l'inégalité du terrain; car, à chaque pas que je faisais en avant, j'entendais, plus féroces, plus sonores et plus distincts, les effroyables rugissements du fauve habitant des jungles.

Arrivé à quelques mètres de l'endroit où devait se trouver Zéla, j'aperçus un énorme tigre suspendu par les pattes aux flancs de l'éléphant de ma pauvre abandonnée. Zéla n'était pas visible, et le tigre portait sa tête, en écumant de rage, jusqu'au houdah.

– La malheureuse enfant a été dévorée! m'écriai-je en me frappant le front. Oh! fou, fou que je suis!

 

Un frisson mortel arrêta dans mes veines la circulation du sang, puis il fit place à une flamme brûlante dont la vapeur me monta au cerveau.

Ma carabine n'était pas chargée: je la rejetai loin de moi, et, sans aucune autre arme qu'un poignard malais, je me précipitai, furieux et sans crainte, au secours de Zéla. À quelques pas du groupe formé par l'éléphant et son sauvage antagoniste, un petit tigre déchirait à belles dents un objet que je ne pris point le temps d'examiner.

L'éléphant de Zéla trépignait, criait, se débattait avec désespoir pour se débarrasser du tigre. L'affreuse bête tomba, mais en emportant dans sa chute une victime humaine, enveloppée dans un vêtement blanc. Je bondis sur le tigre, qui gronda sourdement, et dont la patte, appuyée sur sa victime, n'oscilla même pas. Il attendait mon attaque.

Je frappai l'animal d'un coup de poignard, et lorsque, près d'être atteint par le blessé, je cherchais autour de moi un moyen de défense plus sûr que mon poignard, j'entendis murmurer cette douce invocation:

– Saint prophète, protégez-le!

Comme pour exaucer la prière de cette douce voix, l'éléphant frappa le tigre avec son pied de derrière. Le coup fut bien porté, car mon ennemi roula sur les flancs, et je pus lui enfoncer dans le cœur mon poignard jusqu'à la garde.

Un cri terrible, cri dont la bruyante clameur étouffa le rugissement du tigre, vint tout à coup frapper mon oreille; je me retournai vivement: c'était le chef malais. Son arrivée était d'un admirable à-propos, car le tigre se relevait, et son jeune compagnon courait sur moi. Le Malais perça le jeune tigre avec sa lance, et enfonça vingt fois son poignard dans le corps du vieux.

– Quel plaisir! me dit-il en brandissant sa lance, je suis fou de bonheur. Allons encore dans les jungles, il y a un monde de tigres: nous les tuerons tous.

Le chef disait ces paroles en rugissant comme un lion. Voyant que je n'y prêtais pas une bien grande attention, il secoua sa lance et disparut dans le bois.

Heureusement pour moi, mes regards éperdus tombèrent sur la douce figure de Zéla, qui s'était prosternée à mes pieds. Je fis vainement la tentative de la relever, je n'avais plus de force, je chancelais, je me sentais sur le point de devenir fou. Quand les deux bras de la jeune femme eurent entouré ma tête, je repris mes sens, et je couvris son visage adoré des plus tendres caresses.

Zéla était hors de danger; les corps des deux tigres gisaient à nos pieds: tout était calme autour de nous.

En apercevant la victime du tigre, je dis à Zéla, car je ne pouvais en distinguer ni les traits ni la forme:

– Qui a donc succombé sous les coups de cette horrible bête?

– Le pauvre mahout, très-cher, et j'ai grand'peur qu'il ne soit mort.

– Heureusement, ce n'est que lui, chérie; je craignais tant que ce ne fût vous! Je craignais tant que vous ne fussiez devenue un esprit, mon bon esprit; car, vous le savez, la foi arabe me permet deux guides spirituels: un bon et un mauvais.

Ma colère tomba bientôt sur les Arabes auxquels j'avais confié Zéla, et, à mon appel, ils sortirent d'un fourré où, me dirent-ils d'une voix tremblante, ils avaient trouvé le petit d'un léopard tué par de Ruyter.

J'étais tellement furieux contre ces hommes, qu'avec l'intention d'en tuer un, j'armai mon pistolet.

L'arme était dirigée sur la poitrine de l'Arabe le plus proche de moi; j'allais lâcher la détente quand une main retint mon bras.

Je me retournai brusquement: les yeux de Zéla rencontrèrent les miens, son regard pénétra mon cœur, regard charmant et qui eût apporté le calme dans l'esprit irrité d'un fou.

– Il est notre frère, me dit la jeune femme d'une voix vibrante et mélodieuse. Ne nous détruisons pas les uns les autres. Remercions le prophète, dont la miséricorde vous a fait le sauveur du dernier enfant de notre père. Le mauvais esprit qui a poursuivi mon père jusqu'au jour de sa mort est-il donc descendu sur vous? Sa main cruelle est dans ce moment-ci posée sur votre cœur. Prenez garde, mon ami, car l'ombre du mauvais esprit plane sur vous comme l'ombre sur le soleil; elle vous fait paraître, même à mes yeux, féroce et inexorable.

– Vous êtes le faucon de notre Malais, chère, mais l'aile du noir corbeau a disparu; le soleil ne s'est point obscurci; l'oiseau de mauvais augure m'a quitté. Allons, la paix est faite, n'est-ce pas? Il faut que je rentre dans le jungle; montez sur votre éléphant; je préfère vous confier à sa sagacité qu'à un millier d'Arabes. C'est une noble et courageuse bête.

Je flattai l'éléphant avec la main, et je donnai à Zéla du pain et des fruits pour les faire manger à notre sauveur.

L'éléphant semblait être plongé dans une triste contemplation, et il regardait avec un sentiment de pitié sympathique le corps prosterné du mahout mourant. Il ne fit pas attention à nous, et quand ses yeux tombèrent sur le tigre mort, il trépigna, prit un air féroce et fit entendre un cri de sauvage triomphe.

Puis, mécontent de lui-même pour n'avoir fait que venger le mahout, qu'il eût voulu sauver, il baissa sa trompe et ses oreilles vers la terre, et, quoique blessé et sanglant, il paraissait ne songer ni à lui ni à nous, mais à son ami mort. Les yeux humides et rêveurs de l'éléphant montraient que toutes ses pensées étaient absorbées par la perte qu'il venait de faire. Son regard pensif était fixé sur les Arabes occupés à faire une sorte de claie pour emporter le moribond, car sa poitrine était lacérée par les coups de griffe.

La noble bête, tout à son chagrin, refusa de manger, et, lorsque je plaçai l'échelle de bambou pour faire monter Zéla dans le houdah, elle tourna sa trompe, me regarda, et, voyant que c'était encore la jeune femme qu'elle allait porter, elle reprit sa première position en continuant à pousser de sourds gémissements.

L'homme que pleurait l'éléphant avait été longtemps le pourvoyeur de ses besoins, et depuis la mort du Tiroon, tué par le chef, cet homme avait pris la place de mahout. L'éléphant n'avait point paru attristé à la mort de son premier conducteur, qui avait été, sans nul doute, un maître méchant et cruel. S'il m'eût été possible de garder l'éléphant, je m'en serais fait un devoir et un plaisir; car quand nous le quittâmes, Zéla l'embrassa en pleurant, et coupa, près de ses oreilles, quelques-uns de ses poils. J'ai conservé et je conserve encore ce souvenir du sauveur de Zéla; il remplit le chaton d'une bague sur laquelle est gravé, comme dans mon cœur, le nom de cette chère moitié de moi-même.

Mais j'éloigne mon esprit du sujet qui m'occupe en cet instant; c'est une faute involontaire, car, malgré moi, je suis entraîné à faire le récit des puérils événements qui me rendent Zéla pleine de vie! Aujourd'hui, ma cervelle ressemble à un griffonnage confus encore, croisé en tous les sens et illisible pour tout autre que moi.

FIN DE LA DEUXIÈME SÉRIE
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