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Un Cadet de Famille, v. 2/3

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LXXVIII

– Mais, au nom du vieux Neptune! mon cher capitaine, dites-moi, de grâce, où vous avez trouvé cet antique vaisseau; ou bien encore, est-ce le banc d'huîtres remplies de perles que vous avez mis à flot?

– Je vais vous le dire, monsieur. Il y a dix-huit mois, je fis un voyage autour de la partie de l'île au sud-est, et ce fut pendant ce voyage que je trouvai ce vaisseau sans mâts, poussé vers la terre par la seule force du vent. Je l'approchai, et, ne voyant personne sur le pont, j'en franchis les bords.

En ouvrant les écoutilles pour descendre dans l'intérieur du vaisseau, je sentis l'horrible exhalaison qui se répand hors des corps putréfiés, et nous en trouvâmes un grand nombre jetés pêle-mêle les uns sur les autres, et dans un désordre difficile à décrire. Quelques vestiges de vêtements en lambeaux, de coiffures à demi pourries, nous firent supposer que les corps étaient ceux d'un équipage arabe ou lascar, et peut-être un mélange de ces deux nations. Un énorme chat et quelques rats d'eau d'une monstrueuse grosseur déchiraient et mangeaient les corps, dont l'odeur était renversante.

Mes gens me dirent, – et je crus en leurs paroles, – que ce bâtiment était un vaisseau du pays, attaqué par des pirates, qui, non contents de piller le pauvre navire, en avaient massacré l'équipage.

Nous touâmes le vaisseau dans le petit port de l'île, après l'avoir nettoyé et arrangé autant qu'il nous fût possible de le faire. J'ai travaillé pendant toute une année pour réparer les nombreuses avaries de ce pauvre naufragé, et vous voyez, monsieur, que mes soins et ma bonne volonté ont produit peu de chose. Mais je n'avais ni outils convenables, ni fer, ni cordages, ni goudron, et je manquais encore de canevas, d'ancre et de câbles.

Je suis donc maintenant fort embarrassé, monsieur, car je ne sais si je dois continuer ma course ou obéir à la voix de la raison, qui me dit de regagner mon île; votre bienveillance m'encourage et m'enhardit à vous demander un conseil. Monsieur, que dois-je faire? Quel parti dois-je prendre?

Je pressai affectueusement les mains du capitaine, et je lui dis d'un ton amical:

– Je ne puis vous donner de conseils, mon ami; mais quelque parti que vous preniez, je ferai tout ce qui dépendra de moi pour qu'il soit le plus utile et le plus favorable à vos intérêts. Nous causerons de cela demain, car la nuit s'avance, et il faut que je retourne au schooner.

Dès que le jour parut, je me fis conduire sur le vaisseau de mon compatriote, accompagné, dans cette seconde visite, par un charpentier et par le bosseman; ils devaient m'aider à examiner le vaisseau, afin de savoir s'il était possible de le mettre en mer.

Le résultat de nos observations ne fut pas tout à fait défavorable au vaisseau. Le prince de Zaoo m'expliqua une fois encore les obligations qui le contraignaient à visiter un port européen pour y faire achat d'armes, de munitions et d'une quantité d'articles différents dont il avait besoin.

Le vaisseau pouvait marcher. Je conseillai donc à Son Altesse de diriger sa course, avec les brises de la terre, le long de la côte de Malabar et de toucher à Poulo Pinang, où son vaisseau serait réparé et mis en état de tenir la mer; de là, je l'engageai à se rendre au Bengale pour y acheter les objets dont il avait besoin.

L'itinéraire de ce petit voyage une fois arrêté, nous prîmes un verre de grog, et le capitaine répondit aux questions que je lui adressai sur la position, la beauté et la grandeur de son île.

– Très-petite et très-basse, me dit-il, cette île est coupée en deux par une montagne, et les natifs prétendent que, si on doit en croire la tradition, cette montagne était autrefois toujours enflammée, ce qui ferait supposer, ajouta le prince, que l'île était un volcan sorti du fond de la mer, et élargi par du corail vivant; et vous connaissez, monsieur, la rapidité merveilleuse de la végétation de ce climat. Les natifs ajoutent que le village où demeure le roi était entouré par les eaux de la mer et par les coquillages qu'on trouve en creusant la terre. On peut croire à cette opinion, car elle est presque fondée sur des preuves.

L'île entière est maintenant couverte de bois touffus et de forêts impénétrables, à l'exception toutefois du sommet de la montagne et de certaines places qui avoisinent les rivières et les golfes, mais cela parce qu'elles ont été éclaircies par les naturels, qui désiraient y construire leurs habitations. Nous avons dans l'île des sangliers, des chèvres, des daims, des singes, de la volaille. On y trouve aussi des racines bonnes à manger, et une grande variété d'herbes potagères, des mangoustans, des plantins, des noix de coco, et bien d'autres fruits. Ajoutez à cela que les côtes de la mer nous fournissent des coquillages et du poisson. La Providence est si généreuse en notre faveur, que la prodigalité de ces dons nous laisse peu d'inquiétude pour nos besoins matériels. La pêche et la chasse sont nos uniques travaux.

Assez sages pour se contenter de ce qu'ils ont, les habitants de l'île n'usent pas leurs forces pour acquérir un superflu inutile. L'excès de travail rend amer au goût le fruit forcément arraché à la terre, aussi ne lui demandent-ils que les choses qu'elle veut bien donner.

Les femmes veillent avec soin à l'intérieur de leurs maisons.

Notre peuple, répandu dans l'île, habite de petits villages, gouvernés par leurs propres lois, qui sont simples, justes et concises. Un grand conseil est tenu deux fois par an, les rois y assistent, entendent les plaintes, et jugent les différends.

Les femmes sont entièrement libres. Chacune d'elles peut épouser l'homme de son choix et rentrer dans sa famille si, maltraitée par son mari, elle désire s'en séparer.

Avant le mariage, le commerce entre personnes de différents sexes est toléré; mais, quand on est marié, une telle liberté attirerait sur les deux parties le déshonneur, et, de plus, le mépris de la société. La polygamie est permise, quoique les chefs seuls aient la permission d'avoir plus de deux femmes.

Comme chaque femme est obligée de faire l'ouvrage de sa maison, non seulement elle est contente que son mari prenne une autre femme, mais généralement elle la lui procure elle-même, soit une sœur favorite, soit une amie, car il n'y a parmi elles ni servantes, ni esclaves.

Les femmes sont bien faites, agréables et très-attachées à leurs familles; propres en leur personne, elles sont vêtues d'habits faits de l'écorce d'un arbre, et cette écorce, qui est douce et durable, se teint très-facilement et de toutes les couleurs.

Nos maisons sont élevées sur un étage de bambous, et la partie inférieure sert de magasin de provisions. Le tabac que vous fumez croît dans l'île; tout le peuple s'en sert. Les natifs fabriquent leurs pipes de bois avec une sorte de jasmin rampant, et cela en forçant la moelle à sortir de la tige, lorsque celle-ci est verte; le bassin de la pipe se fait avec un bois brûlé extrêmement dur. Ils font eux-mêmes leurs éperons et leurs couteaux, et les manches de ces derniers sont ornés de sculptures.

Il y a une remarquable diversité dans les traits et dans le teint du peuple.

Il y a eu autrefois quelques relations commerciales par échanges (car la monnaie est inconnue) avec de petits vaisseaux de Bornéo, qui apportaient du fer, des haches, du fil de métal, de solides vêtements, de l'airain et de vieux mousquets, et qui recevaient en échange une variété de gommes, de résines, de noix de coco, de l'huile et du bois de sandal; mais les abords de l'île sont dangereux à cause des courants et des immenses récifs de corail sur lesquels la mer se brise constamment. Il n'y a qu'un port, encore est-il très-petit et très-peu sûr.

– Avez-vous une religion, capitaine, et en quoi consiste-t-elle?

– Nous avons nos superstitions, monsieur; mais nous n'avons pas de prêtres. Nos chefs président les cérémonies particulières, chantent les prières et offrent des sacrifices aux mauvais esprits.

– Mais, mon cher prince, quelle est leur foi?

– Oh! elle est fondée sur le même principe que la vôtre, une croyance dans le bon esprit qui est sur la terre, et dans le mauvais esprit qui est dessous.

Le prince de Zaoo avait approvisionné son vaisseau de viande de daim et de chèvre coupée en tranches de l'épaisseur d'une côtelette, de poissons trempés dans l'eau salée et séchés au soleil, et, de plus, d'un grand nombre de noix de coco, d'une réserve d'arrack fait de la séve fermentée de l'arbre, avec melons, citrons, oignons, et une extraordinaire quantité de tabac en feuilles menues, mais d'un excellent parfum.

Le capitaine me donna une charge de tabac et une de ses pipes. J'ai conservé et je conserve encore cette dernière comme un précieux souvenir de cet être étrange. Des figures grotesques et sauvages d'animaux inconnus sont profondément ciselées sur cette pipe.

Pendant la journée, une de ses femmes accoucha d'un prince, et, à ma grande surprise, elle parut sur le pont, avec l'intention de prendre un bain dans la mer.

Ayant déjà employé plus de temps qu'il ne m'était possible à tenir compagnie au capitaine, je songeai à quitter définitivement son bord; je lui fis cadeau d'une carte marine, d'une boussole, de quelques bouteilles d'eau-de-vie et d'un sac de biscuit.

Le bon capitaine m'accabla de remercîments et me contraignit à accepter une petite bourse de perles. Je lui promis de visiter son île à mon premier loisir, et, après nous être cordialement embrassés, nous fîmes voile chacun de notre côté.

LXXIX

Constamment à la recherche de quelque découverte, je ne laissais passer ni à la portée de mon regard ni à celle de ma voix les vaisseaux ou les embarcations du pays qui traversaient la mer. Je les arrêtais tous, les abordant lorsqu'ils en valaient la peine, ou les laissant continuer leur course si leur chargement ne tentait ni mes goûts, ni l'ambition de mon équipage.

 

Un matin j'aperçus à notre droite, sous le vent, une jonque chinoise chassée hors de son chemin, à son retour de Bornéo. Cette jonque glissait et flottait si légèrement sur l'eau, qu'elle ressemblait tout à fait à une caisse de thé. Elle avait le fond de sa carène et les côtés du haut bord peints de décorations représentant des dragons verts et jaunes. Les mâts, au nombre de six, étaient de bambou. Une double galerie, ornée de la proue à la poupe, haute comme un grand mât de hune, portait six cents tonneaux. L'intérieur de cette galerie était un véritable bazar, et une grande foule l'encombrait. Chaque individu avait en sa possession une petite part de la galerie, et les parts étaient métamorphosées, là en magasins, ici en boutiques, plus loin en tentes.

L'aspect général de cette jonque était tellement étrange, que je ressentis le plus vif désir de l'examiner dans ses détails.

Tous les métiers y étaient pratiqués comme au milieu de la ville la plus active, depuis la forge du fer, jusqu'à la fabrication de la paille de riz. On s'y occupait encore de la sculpture des éventails d'ivoire, des broderies d'or sur mousseline, et même de la préparation des porcs gras, que l'on portait sur des bambous pour être vendus. Dans une cabine, un Tartare voluptueux et un Chinois au ventre arrondi se préparaient ensemble, et à l'aide d'un mélange de leurs provisions personnelles, à faire le plus grand des festins.

Devant un brasier ardent rôtissait un superbe chien farci de curcuma, de riz, de gousses d'ail, et lardé avec des tranches de porc. À ce rôti, d'un choix si bizarre pour un Européen, était joint le délectable et célèbre colimaçon de mer ou nid d'hirondelle marine, les nageoires d'un requin cuites à l'étouffée dans une gelée d'œufs. Un immense bol chinois, plein de punch, était au centre de la table, et un jeune garçon était chargé d'agiter, avec une cuiller, le contenu de ce bol.

De ma vie je n'avais vu de pareils gourmands, et ils maniaient leurs fourchettes avec la même dextérité qu'apporte un jongleur à faire passer d'une main dans l'autre les objets à l'aide desquels il donne les preuves de son adresse.

Les petits yeux noirs du Chinois étincelaient de plaisir, et le Tartare, qui avait une bouche aussi grande que l'écoutille d'un vaisseau, paraissait avoir tout autant d'arrimage.

Quand j'eus appris que les deux gloutons étaient les principaux marchands du bord, et partant les personnages les plus remarquables, je me fis annoncer auprès d'eux. Mais, pareils aux immondes pourceaux qui s'absorbent entièrement dans la dégustation de la nourriture étalée devant eux, ils refusèrent de m'écouter, ne voulant pas même, par une seconde d'attention, détourner leur regard et leur esprit de la table à laquelle ils étaient presque cramponnés.

Par mon ordre, un matelot m'introduisit dans la cabine, et dit au propriétaire tartare que je désirais lui parler.

Le Tartare grogna une incompréhensible réponse, et sa main, salie par la graisse, plaça une poignée de riz sur un coin de la table, l'étendit avec ses doigts, et, après avoir ajouté au riz quelques morceaux de lard et cinq ou six œufs, il me fit signe de m'asseoir et de manger.

Cette offre dégoûtante me souleva le cœur; je fis un signe de refus, et, laissant ces brutes malpropres à leur trivial plaisir, je me rendis dans la cabine du capitaine, cabine bâtie près du gouvernail.

Étendu sur une natte, le capitaine fumait de l'opium à travers un roseau, et, en regardant attentivement la carte et la boussole, il chantait d'une voix traînante:

– Hié! Hooé! Hié! Chée!»

J'adressai vainement à ce personnage une foule de questions, et je fus enfin forcé de comprendre que pour obtenir une réponse, il serait aussi raisonnable d'interroger le timon.

D'un côté, un rêveur abruti; de l'autre, deux hommes stupéfiés par la double ivresse de la bonne chère et du punch. Nullité complète d'un côté aussi bien que de l'autre.

Je pris vivement la résolution de me servir moi-même. En conséquence, je hélai le schooner en lui donnant l'ordre de m'envoyer une bonne partie de l'équipage.

Mes gens arrivés, nous commençâmes une perquisition générale. Chaque cabine fut visitée, et tout à coup, au milieu de mes recherches, mes oreilles furent frappées par un bruit, par un caquetage tellement assourdissant, que, de mémoire d'homme, il ne s'en était jamais entendu un pareil. Ajoutez à cela les mille évolutions, les allées et venues, les tours d'adresse des singes, des perroquets, des kakatoës, des canards, des cochons et de divers autres bêtes et oiseaux qu'on voyait par centaines dans cette arche de Mackow.

La consternation et la terreur répandues parmi la foule bigarrée de l'équipage ne peuvent se décrire: elles étaient délirantes. On n'aurait jamais pu croire qu'un vaisseau placé sous le pavillon sacré de l'empereur de l'univers, le roi des rois, le soleil de Dieu qui éclaire le monde, le père et la mère des hommes, pût, et dans ses propres mers, être aussi mal gouverné.

Le premier instant de stupeur passé, l'équipage s'écria:

– Qui êtes vous? Depuis quand êtes-vous là? Que faites-vous ici?

Toutes ces questions étaient faites sans qu'un regard daignât apercevoir le schooner, dont les bords bas et noirs, tandis qu'il était en travers de la poupe de la jonque, semblaient appartenir à un simple bac ou à un serpent d'eau. Quand les Chinois découvrirent mon vaisseau, ils parurent fort surpris qu'une troupe si nombreuse et si bien armée fût sortie d'un bâtiment à l'apparence tellement insignifiante, que sa carène sortait à peine des eaux.

En voyant transporter ses ballots de soieries dans nos bateaux, un marchand de Hong nous offrit des foulards, en protestant contre la confiscation de ses marchandises, et cela sous le prétexte que nous ne saurions trouver de place pour les arrimer.

Plus irrités que ce marchand, quelques Chinois se montrèrent réfractaires et appelèrent au secours pour défendre leur propriété. À cet appel répondirent des soldats tartares, et leur petite troupe, bien serrée, s'abritait sous la corpulence du gras et gourmand propriétaire, qui, la main armée de la carcasse du chien et suivi du Chinois, s'avançait à ma rencontre en soufflant et en crachant.

Je saisis le Tartare par ses moustaches, et cela me fut facile, car elles pendaient jusqu'à ses genoux; de son côté, mon adversaire fit mine de me casser un mousquet sur la figure; mais son action ne fut qu'un insultant défi et non une véritable atteinte, car je lui fermai pour toujours la mâchoire d'un coup de pistolet. La balle entra dans la bouche du gros personnage. Comment aurait-elle pu faire autrement, cette bouche étant fendue d'une oreille à l'autre?

L'homme tomba avec moins de grâce que César, mais comme un bœuf frappé à la tête par un coup de massue.

Les Chinois ont autant d'antipathie pour le salpêtre (excepté dans les feux d'artifice) que les bœufs de Hatspur et les seigneurs bien vêtus, et leur empereur, la lumière de l'univers, punit aussi sévèrement celui qui tue ses sujets qu'un propriétaire celui qui tue ses oiseaux.

Un comte anglais me disait l'autre jour qu'il ne voyait pas de différence entre le meurtre d'un lièvre et le meurtre d'un homme, car il réclamait la même punition pour les deux cas. Cependant j'ai tué bien des lièvres sur les propriétés du Comte, et bien des hommes dans le temps de mes excursions au travers du globe.

Mais revenons à la jonque.

Une escarmouche fut livrée sur le pont, mais elle ne dura qu'une ou deux minutes; quelques flèches furent tirées et deux hommes tombèrent.

Irrité de l'opposition que les Chinois tentaient de mettre à la réalisation de mes desseins, je ne ramassai point les objets de prix que j'avais convoités, je refusai l'argent qu'ils m'offrirent pour racheter leur cargaison, et je m'emparai de la jonque comme d'une proie légitime.

Nous commençâmes alors un pillage régulier, et l'intérieur des magasins et des cabines fut entièrement dévalisé. Tout fut fouillé: coins obscurs, réduits discrets, coffres, boîtes, malles, et les ballots ouverts tombèrent sur le pont.

La partie massive de la cargaison, qui consistait en camphre, bois de teinture, drogues, épices, fer, étain, fut abandonnée, mais les soies, le cuivre, une quantité considérable d'or en lingots, quelques diamants et des peaux de tigre devinrent notre propriété.

En mémoire du vieux Louis, je mis de côté plusieurs sacs remplis de colimaçons de mer, car j'avais trouvé une prodigieuse quantité de ces précieux animaux dans la cabine du marchand tartare. Je n'oubliai pas de m'emparer des œufs salés qui, avec du riz et de la graisse de porc, formait la première partie de l'approvisionnement de la jonque. Quelques milliers de ces œufs me donnaient pour mes hommes une excellente et agréable nourriture.

Les Chinois conservent les œufs en les faisant simplement bouillir dans l'eau salée jusqu'à ce qu'ils soient durs: le sel pénètre à travers la coquille, et ils peuvent être gardés ainsi pendant de longues années.

Le capitaine philosophe, dont la mission était de veiller à la navigation et au pilotage de la jonque, n'ayant rien à faire avec les hommes et la cargaison, continuait à aspirer paisiblement sa drogue narcotique.

Son regard appesanti était encore fixé sur la boussole, et sa voix psalmodiait:

– Hié! Hooé! Hié! Chée!

Quoique je lui eusse demandé à plusieurs reprises et sur tous les tons s'il était attaché à sa natte, je n'avais pu obtenir pour toute réponse que cet éternel refrain:

– Hié! Hooé! Hié! Chée!

Voyant l'inutilité de mes demandes, je dirigeai mon couteau sur la poitrine du capitaine; mais mon geste passa inaperçu, car les yeux du dormeur éveillé restèrent fixés sur la boussole. Je cassai le réservoir de sa pipe, et il continua à aspirer par le tuyau, en répétant:

– Hié! Hooé! Hié! Chée!

Je poussai le capitaine hors de sa cabine, et, passant à la poupe, je coupai les cordes du timon; la jonque glissa au gré des flots; mais j'entendis encore le capitaine chanter sur le même ton de calme indifférence:

– Hié! Hooé! Hié! Chée!

Nous avions fait une bonne capture; tout notre vaisseau était rempli de marchandises; nos hommes échangèrent leurs guenilles contre des chemises et des pantalons de soie aux couleurs variées, et cet accoutrement leur donnait plus de ressemblance avec des jockeys qu'avec des matelots.

Quelques jours après, je fis sortir d'un ballot de pourpre, dans lequel elle s'était nichée, une nonchalante et belle truie chinoise, qui pensait peut-être que ce lit royal lui était acquis parce qu'il faisait partie de l'équipage, ou parce qu'il avait servi à la transporter à bord.

J'eus aussi quelques armes curieuses, entre autres le mousquet qui, s'il avait obéi à la bienveillante intention de son maître, eût terminé ma carrière. Le canon, la platine et les montures de ce mousquet étaient profondément ciselés, des roses et des figurines d'or massif les couvraient. Je conserve ce mousquet, parce que sa vue me rappelle la circonstance qui l'a mis en ma possession. Sans l'intérêt du souvenir que j'y attache, il aurait, comme tant d'autres objets, été éloigné de moi, et par le temps, dont l'immensité absorbe tout, et par la préoccupation de plus graves événements.

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