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Micah Clarke – Tome III. La Bataille de Sedgemoor

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– Voilà qui est fort clair, fort intelligible, Maître Tetheridge, dis-je, en rallumant ma pipe. Sans doute votre attitude lorsque je vous ai tiré de votre cachette n'avait d'autre but que de masquer votre valeur. Mais en voilà assez. Quelles sont vos intentions?

– C'est de rester avec vous, capitaine, dit-il.

– Non, pour cela, vous ne le ferez pas, répondis-je. Je ne tiens guère à votre compagnie. Votre bravoure débordante peut m'entraîner dans des mêlées que j'aimerais tout autant éviter.

– Non, non, je modérerai ma valeur, s'écria-t-il. En des temps aussi troublés, vous ne vous en trouverez pas plus mal d'avoir la compagnie d'un combattant qui a fait ses preuves.

– Appelé à faire ses preuves a fait défaut, dis-je, agacé des propos fanfarons de mon homme. Je vous le dis, j'entends rester seul.

– Non, vous n'avez pas besoin de vous échauffer pour cela, s'écria-t-il, en s'écartant de moi. En tout cas, nous n'avions rien de mieux à faire que de rester ici jusqu'à la nuit tombante, où nous pourrons gagner la côte.

– C'est la première fois que vous faites preuve de bon sens, dis-je. La cavalerie royale trouvera assez à s'occuper avec le cidre de Zoyland et la bière de Bridgewater. Si nous pouvons nous faufiler à travers, j'ai sur les côtes septentrionales des amis qui nous prendraient à bord de leur lougre pour gagner la Hollande. Pour cela, je ne refuserai pas de vous aider, puisque vous êtes mon compagnon d'infortune. Je voudrais bien que Saxon fût resté avec moi. Je crains que nous ne soyons pris.

– Si vous voulez parler du Colonel Saxon, dit le Secrétaire je crois que lui aussi est un homme qui joint la ruse à la valeur. C'était un rude et farouche soldat, je le sais bien, ayant combattu dos à dos avec lui pendant quarante minutes d'horloge contre un escadron de la cavalerie de Sarsfield. Il était simple dans son langage, et peut-être que parfois il traitait avec trop peu d'égards l'honneur d'un cavalier, mais il eût été bon que, sur le champ de bataille, l'armée eût eu plus de chefs pareils.

– Vous avez raison, répondis-je, mais maintenant que nous nous sommes restaurés, il est temps de songer à prendre un peu de repos, car nous aurons peut-être un long trajet à faire cette nuit. Je voudrais bien pouvoir mettre la main sur une bouteille d'ale.

Je ne demanderais pas mieux que d'en boire un coup pour faire plus ample connaissance, dit mon compagnon, mais pour ce qui regarde le sommeil, il est facile de s'arranger. Montez cette échelle, vous trouverez dans le grenier une quantité de sacs vides sur lesquels vous pourrez vous reposer. Pour moi je resterai quelques instants ici, en bas, et je me ferai cuire une autre galette.

– Restez de garde pendant deux heures, et alors réveillez-moi, répondis-je, puis je veillerai pendant que vous dormirez.

Il toucha la poignée de son sabre pour donner à entendre qu'il serait fidèle à son poste.

Alors, non sans quelques fâcheux pressentiments, je montai au grenier.

Je me jetai sur cette rude couche et ne tardai pas à tomber dans un sommeil profond, sans rêves, bercé par la grave et mélancolique plainte des ailes qui tournaient en grinçant.

Je fus réveillé par des pas à coté de moi et m'aperçus que le petit secrétaire avait gravi l'échelle et se penchait sur moi.

Je lui demandai si le moment était venu pour moi de me lever.

Il me répondit d'une voix étrange, fêlée, que j'avais encore une heure et qu'il était venu voir s'il ne pourrait pas m'être utile.

J'étais trop fatigué pour remarquer ce qu'il y avait de sournois dans ses façons et la pâleur de ses joues.

Je le remerciai donc de son attention.

Je me retournai et fus bientôt endormi.

Mon second réveil fut plus brutal, plus terrible aussi.

Il y eut une invasion soudaine par l'échelle, craquant sous des pas lourds, et une douzaine d'habits rouges emplirent la pièce.

Je me redressai brusquement.

J'étendis la main pour saisir l'épée que j'avais posée à côté de moi, à portée de ma main.

L'arme fidèle avait disparu; elle avait été dérobée pendant mon sommeil.

Désarmé, et assailli à l'improviste, je fus jeté à terre et ligoté en un instant.

Un homme tenait un pistolet près de ma tête et jurait qu'il me brûlerait la cervelle si je faisais un mouvement.

Les autres roulaient des tours de corde autour de mon corps et de mes bras.

Samson lui-même aurait eu bien de la peine à se délivrer.

Je compris que mes efforts seraient inutiles.

Je restai silencieux, attendant tout ce qui pourrait arriver.

Alors, pas plus qu'en aucun autre moment, mes chers enfants, je n'ai fait grand cas de la vie, mais enfin j'y tenais moins qu'aujourd'hui, car chacun de vous est comme une petite vrille de lierre qui m'attache à ce monde.

Et pourtant, quand je songe aux autres êtres chéris qui m'attendent sur l'autre rive, je crois que maintenant même la mort ne me paraîtrait point un mal.

Sans cela, comme la vie serait chose désespérante et vide!

Après m'avoir lié les bras, les soldats me traînèrent sur l'échelle, comme si j'avais été une botte de foin, dans la chambre de dessous, également pleine de soldats.

Dans un coin, le misérable scribe, véritable peinture de l'Épouvante abjecte, grelottant, les genoux s'entrechoquant, se serait affaissé s'il n'avait été maintenu par la poigne d'un vigoureux caporal.

Devant lui étaient deux officiers, l'un d'eux un petit homme dur, brun, aux yeux pétillants, aux mouvements vifs, l'autre grand, mince, avec une longue moustache blonde, qui allait à moitié chemin de ses épaules.

Le premier tenait mon sabre à la main et tous deux en examinaient la lame avec curiosité.

– C'est un fin morceau d'acier, Dick, dit l'un en appuyant la pointe sur le sol de pierre et exerçant une pression de l'autre côté jusqu'à ce que la poignée le touchât. Voyez avec quelle force elle se redresse. Pas de nom de fabricant, mais la date, 1638, est marquée sur la poignée. Où vous-êtes-vous procuré cela, hé, l'homme?

– C'était l'épée de mon père, répondis-je.

– Alors j'espère qu'il l'aura tiré pour défendre une cause meilleure que celle qu'a soutenue le fils, dit l'officier, d'un ton narquois.

– Une cause tout aussi juste mais non plus juste, répondis-je; Cette épée a toujours été tirée pour les droits et les libertés des Anglais, et contre la tyrannie des rois et la bigoterie des prêtres.

– Quel clou pour un théâtre! Dick s'écria l'officier. Comme cela sonne bien: la bigoterie des rois et la tyrannie des prêtres. Eh! si cela était débité par Betterton tout près de la rampe, une main sur le cœur, l'autre levée au ciel, je parie que tout le parterre se lèverait.

– C'est très probable, dit l'autre en tortillant sa moustache, mais ce n'est pas le moment des beaux discours. Qu'allons-nous faire du petit?

– Le pendre, répondit l'officier d'un ton insouciant.

– Non, non, très gracieux gentlemen, hurla Tetheridge, s'arrachant brusquement à la poigne du caporal et se jetant à terre devant eux. Ne vous ai-je pas informé où vous pourriez trouver un des plus vigoureux soldats de l'armée rebelle? Ne vous ai je pas conduits jusqu'à lui? Ne suis-je pas monté tout doucement pour lui dérober son épée, de peur qu'un des sujets du Roi ne périt en le faisant prisonnier? Sûrement, sûrement, vous n'allez pas me traiter avec autant de méchanceté, moi qui vous ai rendu de tels services. N'ai-je pas tenu parole? N'est-il pas tel que je l'ai décrit, un géant par la taille et par sa force extraordinaire? Toute l'armée me rendra témoignage sur ce point qu'il en vaut deux comme lui en combat singulier? Je vous l'ai livré. Assurément vous me relâcherez.

– Voilà, qui est fort bien débité, terriblement bien, dit le petit officier en tapant doucement d'une main dans le creux de l'autre main. L'emphase était juste, la prononciation nette. Un peu plus du côté des coulisses, caporal, s'il vous plaît. Merci! Maintenant, Dick, c'est votre tour d'entrer en scène.

– Non, John, vous êtes par trop absurde, s'écria l'autre, impatienté. Le masque et les brodequins sont fort bons à leur place, mais vous regardez la pièce comme une réalité, au lieu de regarder la réalité comme une pièce. Ce qu'a dit ce reptile est vrai. Nous devons lui tenir parole, si nous tenons à ce que d'autres gens du pays livrent les fugitifs. Il n'y a pas moyen de faire autrement.

– Pour moi, je crois à la Justice de Jeddard, répondit son compagnon. Je commencerais par pendre l'homme et ensuite je discuterais sur la question de notre promesse. Cependant, qu'on me tue si jamais j'impose mon opinion à qui que ce soit!

– Non, c'est impossible, dit l'officier de haute taille. Caporal, emmenez-le. Henderson vous accompagnera. Enlevez-lui cette cuirasse et ce sabre, que sa mère porterait de meilleure grâce. Puis, entendez bien, caporal, quelques bons coups de la courroie à étriers sur ses épaules dodues ne seraient pas déplacés pour le faire souvenir des dragons du Roi.

Mon perfide compagnon fut entraîné malgré sa résistance, et bientôt une succession de hurlements aigus, qui devinrent de plus en plus lointains, à mesure qu'il fuyait devant ses bourreaux, annonça que l'indication avait été comprise.

Les deux officiers coururent à la petite fenêtre du moulin et rirent à gorge déployée, pendant que les soldats, regardant furtivement par-dessus leurs épaules, ne pouvaient s'empêcher de prendre part à leur hilarité.

Je devinai ainsi que Maître Tetheridge, ainsi éperonné par la crainte, qui le lançait, malgré son gros ventre, à travers les haies, dans les fossés, présentait un coup d'œil assez risible.

– Et maintenant à l'autre, dit le petit officier en se détournant de la fenêtre et essuyant les larmes, que le rire avait amenées sur sa figure, cette poutre que voici ferait notre affaire. Où est le pendeur Broderick, le Jack Ketch des Royaux?

 

– Me voici, monsieur, répondit un soldat à la figure bourrue et grossière, j'ai là une corde avec un nœud coulant.

– Jetez-la par-dessus la poutre, alors. Qu'avez-vous donc à la main, maladroit coquin, pour l'envelopper ainsi?

– S'il vous plaît de le savoir, monsieur, répondit l'homme, cela vient d'un ingrat de Presbytérien aux oreilles redressées, que j'ai pendu à Gommatch. J'ai fait pour lui tout ce qui pouvait se faire. Il aurait été à Tyburn qu'il n'aurait pas été traité avec plus d'égards, et pourtant, quand j'ai mis la main sur son cou pour m'assurer que tout allait bien, il m'a saisi à pleines dents et m'a emporté un bon morceau de pouce.

– J'en suis fâché pour vous, dit l'officier. Vous savez sans doute qu'en pareille circonstance la morsure humaine est aussi fatale que celle d'un chien enragé, en sorte qu'un de ces beaux matins on vous verra peut-être donner des coups de dents et aboyer. Mais ne pâlissez donc pas. Je vous ai entendu prêcher la patience et le courage à vos victimes. Vous n'avez pas peur de la mort, n'est-ce pas?

– Non, pas d'une mort chrétienne, Votre Honneur, mais dix shillings par semaine, ce n'est pas trop bien payé pour finir comme cela.

– Bah! C'est une loterie, comme le reste! remarqua le capitaine, d'un ton encourageant. J'ai entendu dire que dans cette circonstance, le malade est tellement contracté qu'il ne fait que battre le rappel avec ses pieds derrière sa tête, mais ce n'est peut-être pas aussi douloureux que cela le paraît. Pour le moment, occupez-vous de votre office.

Deux ou trois soldats me saisirent par les bras.

Je m'en débarrassai de mon mieux par une secousse et je m'avançai, je crois, d'un pas ferme, la figure joyeuse, sous la poutre.

C'était une grande solive noircie par la fumée et qui passait d'un côté à l'autre de la chambre.

La corde fut lancée par-dessus, et le bourreau, de ses doigts tremblants, passa à mon cou le nœud coulant, en faisant grande attention à ne pas se tenir à portée de mes dents.

Une demi-douzaine de dragons prirent l'autre bout de la corde et se tinrent prêts à me lancer dans l'éternité.

Pendant toute ma vie aventureuse, jamais je ne me suis vu aussi près de franchir le seuil de la mort qu'à ce moment-là, et pourtant, je l'affirme, si terrible que fût ma position, il me fut impossible de penser à autre chose qu'aux tatouages que portait au bras le vieux Salomon Sprent, et à l'habileté avec laquelle il y avait marié le rouge et le bleu.

Et cependant je ne perdais pas le plus léger détail de ce qui se passait autour de moi.

La scène, cette chambre nue, dallée, l'unique et étroite fenêtre, les deux officiers flâneurs, élégants, les armes entassées dans le coin, et même le tissu de la grossière serge rouge, et les dessins des larges boutons de cuivre sur la manche de l'homme qui me tenait, tout cela est resté nettement gravé en mon esprit.

– Il faut faire notre besogne avec méthode, fit remarquer le capitaine de haute taille, en tirant de sa poche un calepin. Le colonel Sarsfield demandera peut-être quelques détails. Voyons… celui-ci est le dix-septième, n'est-ce pas?

– Quatre à la ferme, et cinq à la croisée des routes, répondit l'autre on comptant sur ses doigts. Puis, celui que nous avons tué d'un coup de feu dans la haie, et le blessé qui s'est presque sauvé en mourant, et les deux dans le petit bois auprès de la colline. Je ne puis m'en rappeler d'autres, si ce n'est ceux qui ont été accrochés à Bridgewater aussitôt après le combat.

Il est bon de faire la chose avec un soin attentif, dit l'autre en griffonnant dans son calepin. C'est affaire à Kirke et à ses hommes, qui sont, eux aussi, à moitié des Maures, de pendre et d'égorger sans distinction, ni cérémonie, mais il nous convient de donner un meilleur exemple. Comment vous nommez-vous, l'homme?

– Je me nomme le capitaine Micah Clarke, répondis-je.

Les deux officiers échangèrent un regard et le plus petit siffla longuement.

– C'est bien l'homme en question, dit-il. Voilà ce que c'est que de faire des questions. Je veux être pendu si je n'avais pas déjà des pressentiments que cela tournerait ainsi. On disait qu'il était d'une forte carrure.

– Dites-moi, mon homme, avez-vous jamais connu un Major Ogilvy, des gardes à cheval, des Bleus?

– Comme j'ai eu l'honneur de le faire prisonnier, répondis-je, et comme depuis ce jour-là il a toujours partagé avec moi l'ordinaire du soldat, je crois que j'ai le droit de dire que je le connais.

– Enlevez la corde, dit l'officier.

Et le pendeur, de fort mauvaise grâce fit passer de nouveau le nœud coulant par-dessus ma tête.

– Jeune homme, vous êtes certainement appelé à quelque chose de grand, car jamais vous ne serez plus près de la tombe, excepté le jour où vous y mettrez le pied pour tout de bon. Le major Ogilvy a fait les plus actives démarches en votre faveur et en celle d'un de vos camarades blessé qui est couché à Bridgewater. Votre nom a été transmis à tous les chefs de cavalerie avec l'ordre de vous amener intact si vous êtes pris. Mais il n'est que juste de vous informer que si le langage bienveillant du Major peut vous éviter la cour martiale, elle vous servira fort peu auprès d'un juge civil, devant lequel il vous faudra comparaître, en définitive.

– Je désire partager le même sort, les mêmes hasards que mes compagnons d'armes, répondis-je.

– Eh bien, voilà une façon maussade d'accueillir votre délivrance! s'écria le plus petit des officiers. La situation est aussi plate que de la bière de cantinier. Ottway en eût tiré meilleur parti. Ne sauriez-vous donc vous hausser à la hauteur qu'elle comporte? Où est-elle?

– Elle? Qui? demandai-je.

– Elle! Elle, parbleu, la femme. Votre femme, votre amoureuse, votre fiancée, – comme vous voudrez.

– Je n'en ai d'aucune sorte, répondis-je.

– Ah bien! Que faire en pareille circonstance? s'écria-t-il d'un ton désappointé. Elle aurait dû sortir des coulisses en courant, se jeter entre vos bras. J'ai vu une situation pareille tirer du parterre trois salves d'applaudissements. Que voilà un beau sujet gâté, faute de quelqu'un pour en profiter!

– Nous avons encore d'autre besogne, Jack, s'écria son compagnon avec impatience. Sergent Gredder, prenez deux hommes et conduisez le prisonnier dans l'église de Gommatch. Il n'est que temps de nous remettre en route, car dans quelques heures l'obscurité empêchera la poursuite.

En entendant ces ordres, les soldats descendirent dans le champ, où leurs chevaux étaient au piquet, et se remirent promptement en marche, sous la conduite du capitaine de haute taille, le cornette amateur de théâtre dirigeant l'arrière-garde.

Le sergent, aux soins duquel j'avais été confié, grand gaillard aux larges épaules, aux sourcils noirs, fit amener mon propre cheval et m'aida à le monter, mais il enleva des fontes les pistolets et les suspendit avec mon épée au pommeau de sa selle.

– Lui attacherai-je les jambes sous le ventre du cheval? demanda un des dragons.

– Non, le jeune homme a une honnête figure, répondit le sergent. S'il promet de se tenir tranquille, nous lui délierons les bras.

– Je n'ai point l'intention de m'échapper, dis-je.

– Alors, défaites la corde. Un brave dans le malheur a toujours ma sympathie. Autrement que je devienne muet. Je me nomme le sergent Gredder, servant auparavant sous Mackay et présentement dans la cavalerie royale, un homme qui travaille aussi dur, et qui est aussi mal payé que pas un au service de Sa Majesté. Par le flanc droit, et qu'on descende le sentier! En file sur chaque côté et moi derrière! Nos carabines sont amorcées, l'ami. Aussi tenez votre promesse.

– Oh! vous pouvez y compter, répondis-je.

– Votre petit camarade vous a joué un vilain tour, dit le sergent, car en nous voyant arriver par la route, il a coupé court à travers champs pour nous joindre, et il a fait un marché avec le capitaine, pour qu'on l'épargnât, à la condition qu'il livrerait entre nos mains un homme qu'il décrivait comme un des plus vigoureux soldats de l'armée rebelle. Et vraiment, vous ne manquez pas de nerfs et de muscles, quoique vous soyez certainement trop jeune pour avoir beaucoup servi.

– Cette campagne a été ma première, répondis-je.

– Et selon toute vraisemblance, elle sera votre dernière, remarqua-t-il avec une franchise militaire. À ce que j'ai entendu dire, le Conseil Privé se propose de faire un exemple tel qu'il découragera les Whigs pour une vingtaine d'années au moins. On fait venir de Londres un homme de loi dont la perruque est plus à craindre que nos casques. Il fera périr plus d'hommes en un jour qu'un escadron de cavalerie en dix milles de poursuite. Par ma foi, j'aime mieux qu'ils se chargent eux-mêmes de cette besogne de bouchers. Voyez ces arbres là-bas. C'est une bien mauvaise saison quand de tels glands poussent sur les chênes anglais.

– C'est une mauvaise saison, dis-je, quand des gens qui se prétendent chrétiens exercent une telle vengeance sur de pauvres et simples paysans, qui n'ont fait autre chose que ce que leur commandait leur conscience. Que les chefs et les officiers pâtissent, ce n'est que juste. Ils ont joué pour gagner en cas de succès et ils ont à payer l'amende maintenant qu'ils ont perdu. Mais cela me fend le cœur de voir ainsi traité ces pauvres et pieux campagnards.

– Oui, il y a du vrai dans cela, dit le sergent. Maintenant, si ces pécheurs au langage nasillard, aux longues tignasses, béliers qui mènent le troupeau au son de leur clochette, étaient ceux qui ont mené leurs ouailles au diable, ce serait une autre affaire. Pourquoi ne veulent-ils pas se conformer à l'Église, pour son tourment? Le Roi s'en contente bien. N'est-ce pas assez bon pour eux? Ou bien ont-ils l'âme si délicate qu'ils ne sauraient l'accommoder de ce qui engraisse tout brave Anglais. La grande route pour aller au ciel, c'est trop commun pour eux. Il leur faut leur chemin à eux et ils crient contre tous ceux qui ne veulent pas le suivre.

– Mais, dis-je, il y a des gens pieux dans toutes les religions. Quand on vit honnêtement, qu'importe ce qu'on croit.

– On doit garder sa vertu dans son cœur, fit le sergent Gredder, on doit la tenir emballée au fin fond de son havresac. Je me méfie de la sainteté qui s'étale à la surface, du langage nasillard, des roulements d'yeux, des gémissements, des boniments. C'est comme la fausse monnaie. On la reconnaît à ce qu'elle a plus d'éclat, plus d'apparence que la vraie.

– La comparaison est juste, dis-je. Mais, sergent, comment se fait-il que vous ayez tourné votre attention sur ces sujets? à moins qu'on ne les décrive tous de fausses couleurs, les dragons du Roi ont autre chose en tête.

– J'ai servi dans l'infanterie de Mackay, répondit-il brièvement.

– J'ai entendu parler de lui, dis-je. C'est, je crois, un homme qui a à la fois des capacités et de la religion.

– Oh! pour cela c'est vrai, s'écria le sergent Gredder avec chaleur. C'est un homme sévère, un vrai soldat, au premier coup d'œil, mais de plus près il a l'âme d'un saint. Je vous réponds qu'on n'avait guère besoin de l'estrapade dans son régiment, car il n'y avait pas un homme qui ne craignit de voir la figure attristée de son colonel, plus qu'il ne craignait le prévôt-maréchal.

Pendant toute notre longue chevauchée, je reconnus que le digne sergent était un vrai disciple de l'excellent colonel Mackay, car il fit preuve d'une intelligence plus qu'ordinaire et il laissa voir des habitudes sérieuses et réfléchies.

Quant aux deux soldats qui marchaient de chaque côté de moi, ils étaient aussi muets que des statues, car les simples dragons de ce temps-là savaient parler vin et femmes, mais perdaient leur aplomb et leur loquacité quand il était question d'autre chose.

Lorsque enfin nous arrivâmes dans le petit village de Gommatch, qui domine la plaine de Sedgemoor, ce fut avec des regrets réciproques que nous nous séparâmes, mon gardien et moi.

Comme dernière faveur, je lui demandai de se charger de mon Covenant, en lui promettant de lui payer une certaine somme par mois pour son entretien et lui donnant le droit de garder le cheval pour son propre usage, si je manquais de le réclamer avant la fin de l'année.

Ce fut un soulagement pour mon esprit de voir emmener mon fidèle compagnon, qui se retournait pour me regarder avec de grands yeux interrogateurs, comme s'il n'arrivait pas à comprendre cette séparation.

Quoi qu'il pût m'advenir, j'étais sûr désormais qu'il était confié à la garde d'un brave homme qui veillerait à ce qu'il ne lui arrivât rien de fâcheux.

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