Читать книгу: «Le Parc de Mansfield», страница 5

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CHAPITRE X.

Un quart d’heure se passa sans que Fanny entendit les pas d’Edmond et de miss Crawford. Elle commençait à être surprise d’être laissée seule pendant si long-temps ; elle prêtait l’oreille, désirant vivement entendre leurs voix. Le bruit des pas de quelques personnes qui venaient vers elle, retentit enfin. Mais Fanny reconnaissait que ce ne pouvait être ceux d’Edmond et de miss Crawford, lorsque miss Bertram, M. Rushworth et M. Crawford sortirent du même sentier qu’elle avait parcouru.

« Miss Price toute seule ! Ma chère Fanny, pourquoi êtes-vous seule ici ? » furent les premières salutations. Fanny raconta ce qui s’était passé. « Pauvre chère Fanny ! dit Maria, comme ils ont mal agi avec vous ! Vous auriez mieux fait de rester auprès de nous. » Ensuite s’asseyant entre les deux hommes qui l’accompagnaient, elle reprit la conversation dans laquelle elle était engagée avec eux, sur les embellissemens à faire à Sotherton. Après quelques minutes passées de cette manière, miss Bertram remarquant une porte de fer qui était auprès du ha-ha, et qui communiquait au parc, témoigna le désir d’y aller, pour qu’elle fût plus à même de saisir les plans que l’on projetait. Crawford approuva vivement cette idée. Il apercevait une élévation d’où on devait avoir une vue de toute la maison. Il fallait donc absolument se rendre à cette élévation ; mais la porte était fermée. M. Rushworth fut infiniment mortifié de n’avoir pas apporté la clef ; il promettait de ne pas l’oublier à l’avenir. Mais comme le désir de miss Bertram d’aller dans le parc ne diminuait nullement, M. Rushworth finit par se résoudre à aller chercher cette clef ; et il retourna en conséquence sur ses pas.

« C’est incontestablement ce qu’il y a de mieux à faire, puisque nous nous trouvons déjà si loin de la maison, » dit M. Crawford après qu’il fut parti.

« Oui, répondit Maria, c’est le meilleur parti à prendre. Mais, dites-moi sincèrement, ne trouvez-vous pas cette maison bien au-dessous de l’idée que vous en aviez ? »

« Non en vérité. Je la trouve au contraire plus complète dans son genre que je ne l’imaginais ; et à vous dire vrai (en parlant plus bas), je ne pense pas que je voie Sotherton de nouveau, avec autant de plaisir qu’aujourd’hui. Un autre été l’embellira difficilement pour moi. »

Maria, après un moment d’embarras, répondit : « Vous êtes trop un homme du monde, pour ne pas voir avec les yeux du monde. Si d’autres personnes jugent que Sotherton soit embelli, je ne doute point que vous ne jugiez de même aussi. »

« Je crains beaucoup de n’être point un homme du monde autant que cela me serait utile à quelques égards. Mes sentimens ne sont point assez fugitifs, ma mémoire n’est point assez infidèle pour que je me trouve ressembler à un homme du monde. »

Il y eut un court silence. Miss Bertram reprit la parole : « Vous vous êtes beaucoup amusé ce matin dans la route ? Vous et Julia, vous n’avez fait que rire pendant tout le chemin. »

« Avons-nous ri ? Oui, je crois que nous avons ri. Mais je n’ai pas le moindre souvenir de ce qui a produit notre gaîté. Je racontais, je crois, quelque vieux conte au sujet d’un domestique irlandais de mon oncle. Votre sœur aime à rire. »

« Vous pensez qu’elle est plus gaie que moi ? »

« Elle est peut-être plus facile à amuser. Je n’espérerais pas de pouvoir vous entretenir d’anecdotes irlandaises pendant une course de dix milles. »

« Je crois que naturellement je suis aussi gaie que Julia ; mais j’ai plus à songer qu’elle maintenant. »

« Vous avez à songer, sans aucun doute ; et ce sont des situations dans lesquelles de la gaîté indiquerait de l’insensibilité. La perspective que vous avez est toutefois trop belle pour vous causer de la tristesse. Vous avez devant vos yeux une scène très-riante ! »

« Parlez-vous littéralement ou figurément ? Je pense que c’est littéralement. Oui, certainement, le soleil brille, et le parc a un aspect très-riant ; mais malheureusement, cette porte de fer, ce ha-ha me donnent un sentiment de contrainte et de peine : Je ne puis sortir, comme dit l’oiseau renfermé. » Et en disant ces mots avec expression, elle marcha vers la porte. M. Crawford la suivit. « Monsieur Rushworth est si long-temps à apporter cette clef ! »

« Et pour tout au monde, vous ne passeriez pas dans le parc sans la clef et sans l’autorité et la protection de M. Rushworth ? Sans cela, je croirais que vous pourriez facilement, avec mon aide, passer le long de cette grille. Oui, rien n’est plus facile, si vous ne pensez pas que cela soit défendu. »

« Défendu ! quelle folie ! Je puis certainement sortir de cette manière, et je veux l’essayer. M. Rushworth sera ici dans un moment, et nous ne serons pas hors de vue, »

« Ou si nous l’étions, miss Price aurait la bonté de dire à M. Rushworth qu’il nous trouvera près de l’élévation, dans ce bouquet de chênes. »

Fanny sentant que c’était mal agir, s’efforça d’empêcher sa cousine de franchir la grille. « Vous vous blesserez, miss Bertram, lui dit-elle, vous vous blesserez certainement contre ces piques ; vous déchirerez votre robe, vous courrez le risque de tomber dans le fossé. Vous feriez mieux de ne pas aller dans le parc. »

Pendant qu’elle parlait ainsi, sa cousine était déjà passée de l’autre côté. « Grand merci, dit-elle en riant ; moi et ma robe nous sommes en sûreté. Adieu. »

Fanny fut laissée de nouveau à sa solitude, sans éprouver aucun sentiment agréable, car elle était fâchée de tout ce qu’elle avait vu et entendu. Miss Bertram lui causait de la surprise, et M. Crawford de l’indignation. En prenant un circuit qui ne paraissait point se diriger vers l’élévation, l’un et l’autre échappèrent bientôt aux yeux de Fanny, et quelques minutes après, elle n’entendit pas le moindre bruit. Le petit bois où elle se trouvait, semblait avoir été abandonné à elle seule. Elle était portée à croire qu’Edmond et miss Crawford l’avaient quitté ; mais elle ne pouvait penser cependant qu’Edmond l’eût entièrement oubliée.

Elle fut de nouveau tirée de sa rêverie par le bruit des pas de quelqu’un qui paraissait marcher vivement. Elle s’attendait à voir monsieur Rushworth ; mais c’était Julia qui, en nage et hors d’haleine, et avec un air vivement contrarié, lui cria en l’apercevant : « Eh bien ! où sont les autres ? Je croyais que Maria et M. Crawford étaient avec vous ? »

Fanny expliqua comment ils s’étaient éloignés.

« Voilà un joli tour, en vérité. Je ne puis les découvrir nulle part (en regardant avidement dans le parc) ; mais ils ne peuvent être loin, et je crois que je puis sans aide, passer de l’autre côté aussi bien que Maria. »

« Mais, Julia ! M. Rushworth sera ici dans un moment avec la clef. Attendez M. Rushworth ! »

« Non en vérité. J’ai assez de la famille pour cette matinée ; je ne fais que d’échapper à l’ennuyeuse mère. J’ai supporté cette pénitence tandis que vous étiez si tranquille ici et si heureuse ; il aurait été aussi bien peut-être que vous eussiez pris ma place ; mais vous cherchez toujours à échapper à ces contrariétés. »

Cette réflexion était très-injuste ; mais Fanny, qui voyait que Julia avait de l’humeur, et qui savait que son mécontentement ne durerait pas, se borna à lui demander si elle avait vu M. Rushworth.

« Oui, nous l’avons vu, il courait à toutes jambes. Il ne s’est arrêté près de nous que pour nous dire l’oubli qu’il avait fait et le lieu où vous étiez. »

« C’est bien dommage qu’il prenne tant de peine pour rien ! »

« Cela regarde Maria. Je ne suis pas obligée de me punir moi-même à cause d’elle. Je n’ai pu éviter là mère tant que ma tante est restée à parler avec l’intendant ; mais je puis du moins échapper au fils. » En disant cela, elle passa le long de la grille et s’enfonça dans le parc.

Cinq minutes après M. Rushworth parut. Fanny s’efforça de donner les meilleures couleurs possibles à ce qui venait de se passer. Mais il fut évidemment mortifié, et parut éprouver un extrême déplaisir. Il alla à la grille sans savoir que faire.

« Ma cousine Maria m’a chargée de vous dire que vous les trouveriez sur l’élévation ou dans les environs, » dit Fanny.

« Je ne crois pas que j’aille plus loin, dit M. Rushworth d’un air sombre. Je n’en aperçois aucune trace. Pendant que je me rendrais à cet endroit, ils pourraient aller ailleurs. J’ai assez couru. »

Un instant après, il dit à Fanny : « Dites-moi, je vous prie, miss Price, admirez-vous M. Crawford autant que plusieurs personnes le font ? Pour moi, je ne trouve en lui rien de remarquable. »

« Je ne le trouve pas beau du tout. »

« Beau ! personne ne peut appeler beau un homme d’une si petite taille. Je suis certain qu’il n’a pas cinq pieds de haut. Je lui trouve fort mauvaise mine. Dans mon opinion, ces Crawford ne sont pas une grande addition à notre cercle. Nous nous passions bien d’eux. »

Un léger soupir échappa à Fanny et elle ne se sentit pas la volonté de contredire M. Rushworth. Celui-ci alla de nouveau vers la grille, et Fanny l’ayant engagé à se rendre à l’élévation, il se décida à y aller. « Ce serait une folie, dit-il, d’avoir apporté la clef pour rien ; » et ouvrant la porte, il partit sans autre cérémonie.

Fanny se résolut aussi à tâcher de retrouver Edmond et miss Crawford. Elle suivit l’allée qu’ils avaient prise, et comme elle allait entrer dans une autre, elle entendit la voix et le rire de miss Crawford. Bientôt elle la rencontra avec Edmond. Ils revenaient du parc dans lequel ils étaient entrés un moment après avoir quitté Fanny, une porte qui y conduisait s’étant trouvée ouverte. Ils reprirent ensemble le chemin du château, et furent rejoints par madame Rushworth et madame Norris. Celle-ci avait visité le jardin, la laiterie, et avait eu un long entretien avec l’intendant sur tous les détails de ménage. Une heure et demie s’était écoulée dans cette agréable occupation.

Rendus au château, les promeneurs attendirent le retour de ceux qui s’étaient le plus éloignés. Les demoiselles Bertram, M. Crawford et M. Rushworth se firent attendre long-temps, et quand ils reparurent il annoncèrent qu’ils ne faisaient que de se rejoindre. M. Rushworth et Julia paraissaient peu satisfaits. M. Crawford s’efforça pendant le dîner de calmer le ressentiment des deux premiers et de ranimer la gaîté générale.

Le dîner fut bientôt suivi par le thé et par le café, et comme la longueur de la route à faire ne permettait pas de perdre de temps, la calèche parut bientôt après à la porte du château. Madame Norris, après avoir obtenu des œufs de faisans et dit beaucoup de civilités à madame Rushworth, donna le signal du départ. Dans ce moment, M. Crawford s’approchant de Julia, lui dit : « J’espère que je n’aurai pas perdu ma compagne, à moins qu’elle ne soit effrayée de l’air du soir dans un siége si peu garanti. » La demande n’avait pas été prévue, et fut reçue gracieusement, et pour Julia, la journée parut devoir finir aussi bien qu’elle avait commencé. Miss Bertram fut un peu contrariée, mais comme elle avait la conviction d’être préférée, elle se consola, et elle reçut les attentions de M. Rushworth à son départ comme elle le devait faire. Il était beaucoup plus satisfait de lui donner la main pour la faire monter dans la calèche, que s’il eût été question de la placer sur le siége auprès de M. Crawford. La soirée était belle et le retour des voyageurs fut aussi agréable qu’il pouvait l’être par le calme et la sérénité de l’air. Mais lorsque madame Norris cessait de parler de tout ce qu’elle avait vu à Sotherton, le silence régnait dans la calèche. Les différentes personnes de la société paraissaient toutes également fatiguées, et dans le doute si la journée qui venait de s’écouler leur avait occasionné du plaisir ou de la peine.

CHAPITRE XI.

Le jour passé à Sotherton avec toutes ses imperfections, n’avait cependant produit que des sensations agréables aux demoiselles Bertram, en comparaison de ce qu’elles éprouvèrent à leur retour en lisant des lettres de leur père, datées d’Antigoa, qui étaient arrivées à Mansfield. Elles aimaient beaucoup mieux penser à Henri Crawford qu’à leur père. Le mois de novembre était l’époque qu’il indiquait pour son arrivée en Angleterre. Maria était plus tourmentée par cette nouvelle que Julia ; son père, aussitôt son arrivée, devait la marier à M. Rushworth. Elle ne considérait point cet évènement avec plaisir. Elle aimait même à supposer qu’il serait différé. Trois mois devaient encore s’écouler avant le retour de sir Thomas, et dans trois mois il pouvait arriver bien des choses. C’était là son espoir.

Sir Thomas aurait été vivement blessé s’il eût soupçonné les sentimens que son retour faisait naître dans ses filles, et il aurait été aussi peu satisfait s’il eût connu ceux de miss Crawford à cet égard. Miss Crawford, qui avait lu la lettre de sir Thomas, y avait donné une plus vive attention qu’on ne le supposait.

« Combien M. Rushworth paraît satisfait ! » dit-elle dans une soirée qu’elle passait à Mansfield quelques jours après, en s’adressant à Edmond. Elle se trouvait avec lui et Fanny à une fenêtre ouverte, tandis que M. Rushworth et les demoiselles Bertram étaient au forté-piano. « Il pense au mois de novembre ! Le retour de votre père sera un évènement très-important. »

« Après une si longue absence, et tant de dangers courus, il n’y a point de doute que ce retour ne nous intéresse vivement. »

« Ce retour amènera d’autres évènemens intéressans : le mariage de votre sœur, et votre entrée dans les ordres. »

« Oui. »

« Ne vous offensez pas ! dit miss Crawford en riant ; mais cela me rappelle les sacrifices que les héros de l’antiquité faisaient pour célébrer leur retour dans leur pays après qu’ils avaient exécuté de grands exploits. »

« Il n’y a point là de sacrifices. » Et se tournant du côté de Maria qui était au forté-piano : « C’est absolument un effet de sa volonté. »

« Oh ! oui ; je plaisante. Elle a fait ce que toute autre jeune femme aurait fait en sa place, et je ne doute point qu’elle ne soit extrêmement heureuse. Mais je ne veux pas parler de ce sacrifice-là seulement. »

« Je vous assure que mon entrée dans les ordres est tout aussi volontaire que le mariage de Maria. »

« Il est heureux que votre inclination soit aussi d’accord avec les vœux de votre père. Il y a dans les environs, à ce que j’ai entendu dire, une très-bonne cure qui vous est destinée ? »

« Et que vous supposez m’avoir influencé ? »

« Mais je suis bien certaine que cela n’est pas ! » s’écria Fanny.

« Je vous remercie de votre bonne opinion Fanny ; mais je n’oserais affirmer que vous ayez raison de penser ainsi. Il est très-probable, au contraire, que j’ai été influencé par la connaissance que j’ai eue que cette cure m’était réservée. Je ne crois pas être blâmable en cela, et je ne vois pas qu’un homme doive être un plus mauvais ecclésiastique, parce qu’il aura de bonne heure une existence aisée. Je ne doute point que je n’aie été influencé ; mais je crois que je n’ai point été blâmable de l’être. »

« Cette influence, dit Fanny, ressemble à celle qui fait que le fils d’un amiral entre dans la marine, que le fils d’un général entre dans l’armée, sans que personne s’en étonne. On trouve naturel qu’ils préfèrent la carrière dans laquelle leurs amis peuvent leur être plus utiles. »

« Non, ma chère miss Price, répondit miss Crawford. La profession de la marine ou de la guerre, emporte avec soi sa propre justification. Tout est en faveur de l’une ou l’autre de ces carrières ; l’héroïsme, le danger, la réputation, la mode. Les militaires et les marins peuvent toujours figurer dans la société ; personne ne s’étonne que l’on prenne l’une ou l’autre de ces professions. Mais un homme d’église, dépourvu de toute louable ambition, du goût de la bonne compagnie, n’a rien à faire qu’à se complaire dans son indolence, à lire les journaux, à observer le temps et à quereller sa femme. »

« Il y a sans doute, répondit Edmond, des ecclésiastiques de ce caractère ; mais ils ne sont pas en assez grand nombre pour que vous ayez cette idée de leur profession. Vous avez été peu à même de fréquenter cette classe d’hommes que vous condamnez si hardiment. Vous répétez ce que vous avez entendu dire sur ce sujet à la table de votre oncle. »

« J’ai rarement formé mon opinion sur celle de mon oncle, et je ferai l’observation que je ne suis pas sans avoir les moyens de connaître ce que sont les ecclésiastiques, puisque je suis en ce moment chez le docteur Grant mon beau-frère ; et, quoique le docteur Grant soit très-bon et très-obligeant pour moi, quoique ce soit un homme instruit, respectable, qui fait souvent de très-bons sermons, je ne puis méconnaître que c’est un indolent, qui ne prendrait pas la moindre fatigue pour la convenance d’un autre individu, qui consulte son palais en toute chose, et qui a de l’humeur contre son excellente femme, si son cuisinier a manqué un ragoût. »

« Néanmoins, dit Fanny, un homme tel que le docteur Grant ne peut être dans l’habitude d’apprendre aux autres, chaque semaine, à remplir leurs devoirs dans de très-bons sermons, sans devenir meilleur lui-même. Cela doit le faire réfléchir ; et je ne doute point qu’il ne cherche plus souvent à se maîtriser lui-même, que s’il eut été autre chose qu’un homme d’église. »

« Nous n’en savons rien, répondit miss Crawford ; mais je désire pour votre honneur, miss Price, que vous ne soyez pas la femme d’un homme dont l’amabilité repose sur ses propres sermons : car, quoiqu’il puisse prêcher sur l’égalité d’humeur chaque semaine, cela ne l’empêcherait pas de quereller depuis le lundi matin jusqu’au samedi soir pour des bagatelles. »

« Je pense, dit Edmond affectueusement, que l’homme qui pourrait se quereller souvent avec Fanny, serait insensible à tout sermon quelconque. »

Fanny rougit, et miss Crawford répondit d’une manière agréable : « Je crois que miss Price a plus l’habitude de mériter des louanges que de se les entendre adresser. »

Au même moment les demoiselles Bertram l’appelèrent pour venir chanter un trio, et elle quitta Edmond, le laissant charmé de la grâce qu’elle avait mise dans ce qu’elle venait d’adresser à Fanny, et de celle qu’elle mettait dans tout ce qu’elle faisait.

« Avec quelle bonne volonté elle se rend aux désirs des autres ! dit-il. Quel dommage qu’avec tant d’heureuses qualités, elle ait été confiée à de si mauvaises mains ! »

Fanny partagea son opinion, et eut le plaisir de voir Edmond continuer à rester avec elle à la fenêtre, malgré le trio que l’on préparait. Bientôt ses regards se portèrent sur la scène du dehors, qui présentait une belle soirée, un ciel sans nuage, et le contraste de l’obscurité des bois. « Quelle harmonie ! dit Fanny ; quel repos ! Là sont des tableaux que ni la peinture ni la musique ne peuvent rendre, et que la poésie seule peut essayer de décrire. Voilà ce qui peut apaiser tout chagrin quelconque, et plonger le cœur dans le ravissement. Quand je contemple une nuit comme celle-ci, il me semble qu’il ne devrait y avoir ni méchanceté ni douleur sur la terre ; et il y en aurait certainement bien moins, si les hommes observaient davantage la beauté sublime de la nature. »

« Votre enthousiasme me plaît. Cette nuit est superbe, et on doit plaindre les personnes qui n’ont pas pour la nature la sensibilité que vous possédez. Elles perdent beaucoup. »

« C’est vous, Edmond, qui m’avez appris à sentir ainsi. »

« Et j’ai eu une excellente écolière. Arcturus a un grand éclat ce soir ! »

« Oui, ainsi que la grande ourse. Je voudrais bien voir Cassiopée ? »

« Allons sur la pelouse pour la voir. »

« Bien volontiers. Il y a long-temps que nous n’avons examiné le ciel ensemble. »

« Oui ; je ne sais comment cela s’est fait. » Le trio commença. « Fanny, nous attendrons jusqu’à ce qu’il soit fini, dit Edmond en se tournant du côté du forté-piano. » Et bientôt Fanny eut la mortification de voir Edmond s’approcher toujours plus près de l’instrument pendant l’exécution du trio ; et quand il fut fini, demander avec instance qu’on chantât une seconde fois.

Fanny soupira seule à la fenêtre, jusqu’à ce que madame Norris la grondât d’y rester trop long-temps.

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18 марта 2025
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380 стр. 1 иллюстрация
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9788027302413
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