Бесплатно

Histoire du véritable Gribouille

Текст
0
Отзывы
iOSAndroidWindows Phone
Куда отправить ссылку на приложение?
Не закрывайте это окно, пока не введёте код в мобильном устройстве
ПовторитьСсылка отправлена

По требованию правообладателя эта книга недоступна для скачивания в виде файла.

Однако вы можете читать её в наших мобильных приложениях (даже без подключения к сети интернет) и онлайн на сайте ЛитРес.

Отметить прочитанной
Шрифт:Меньше АаБольше Аа

– Comment se fait-il donc, demanda Gribouille, qui s'avisait de tout, que le roi des bourdons, devenu simple et stupide bourdon, se trouvait dans le palais de la reine des fées lorsque vous vîntes demander la permission de me rendre heureux?

– C'est, répondit la reine des prés, que tous les cent ans, c'est comme qui dirait chez vous toutes les heures, la reine assemble son conseil et permet à tous ses subordonnés, même à ceux qui subissent une transformation honteuse sur sa terre, de comparaître devant son tribunal pour demander quelque grâce, rendre compte de quelque mission, ou manifester quelque repentir. Mais les mauvais génies sont orgueilleux, et ils viennent rarement faire sincèrement leur soumission. Le roi Bourdon venait plutôt là pour narguer la reine. Il le fit bien voir, car il lui rappela qu'elle-même avait prononcé que sa peine expirerait la quatre centième année, et qu'il reprendrait l'empire de ton pays à ce moment-là: Par conséquent, disait-il, ce Gribouille m'appartient, et la reine des prés (je passe les épithètes grossières dont il m'honora) n'a pas le droit de me l'enlever pour le douer et l'instruire à sa fantaisie.

«La reine des fées, ayant réfléchi, prononça cette sentence:

«La reine des prés, ma fille, a doué cet enfant des hommes de douceur et de bonté; nul ne peut détruire le don d'une fée, quand il est prononcé par elle sur un berceau. Gribouille sera donc doux et bon; mais il est bien vrai que Gribouille vous appartient. En bien, je vais prendre une mesure qui, si vous êtes raisonnable, vous empêchera de le tourmenter et de le faire souffrir. Vous ne serez délivré que de sa main. Le jour où il vous dira: – Va, et sois heureux, vous cesserez d'être un simple bourdon; vous pourrez quitter votre vieux chêne et régner sur le pays. Mais souvenez-vous de rendre Gribouille très-heureux; car, le jour où il voudra vous quitter, je permettrai à sa marraine de le protéger contre vous, et s'il revient ensuite pour vous punir de votre ingratitude, je ne vous prêterai aucun secours contre lui.»

«Là-dessus la reine prononça la clôture de son conseil: je revins à mon île, et le roi des bourdons retourna à son vieux chêne, où, douze ans après, jour pour jour, ta bonté te fit prononcer ces mots fatals: Va, et sois heureux.

«Aussitôt le méchant insecte qui t'avait piqué redevint le roi des bourdons et prit tout de suite le nom de M. Bourdon; car il lui avait été interdit par la reine de se présenter les armes à la main, et il ne pouvait ni déposséder le vieux roi, ni se rendre puissant par la force.

«Tu as vu, Gribouille, ce qu'a fait ce méchant génie. Il a séduit et corrompu les hommes de ton pays par ses richesses. Il a augmenté son pouvoir en épousant la princesse des abeilles qui est, en réalité, la princesse des thésauriseurs. Il a rendu beaucoup de gens très-riches et le pays florissant en apparence; mais, sans persécuter les pauvres, il s'est arrangé de manière à les laisser mourir de faim, parce qu'il a su rendre les riches égoïstes et durs. Les pauvres sont devenus de plus en plus ignorants et méchants à force de colère et de souffrance; si bien que tout le monde se déteste dans ce malheureux pays, et qu'on voit des personnes mourir de chagrin et d'ennui, quelquefois même se tuer par dégoût de la vie, bien qu'elles soient assez riches pour ne rien désirer sur la terre.

«Or donc, Gribouille, continua la reine, voilà cent ans que tu as quitté ton pays, de la manière que l'avait prévu la reine des fées. Ton bon cœur n'a pu supporter l'horreur naturelle que t'inspirait le roi des bourdons. Il a voulu te retenir de force, je t'ai sauvé de ses griffes; il règne à présent et il vit toujours puisqu'il est immortel, quoiqu'il fasse le vieux et parle toujours de sa fin prochaine pour ne pas inquiéter ses sujets. Tes parents ne sont plus. De toutes les personnes que tu as connues, il n'en existe pas une seule. La richesse n'a fait qu'augmenter avec la méchanceté dans ce pays-là; les hommes en sont venus à s'égorger les uns les autres. Ils se volent, ils se ruinent, ils se haïssent, ils se tuent. Les pauvres font comme les riches, ils se tuent entre eux et ils pillent les riches tant qu'ils peuvent; c'est une guerre continuelle. Les abeilles, les frelons et les fourmis sont dans un travail effroyable pour s'entre-nuire et s'entre-dévorer. Tout cela est venu de ce que l'esprit d'avarice et de pillarderie a étouffé l'esprit de bonté et de complaisance dans tous les cœurs, et de ce qu'on a oublié une grande science dont, seul de tous les hommes nés sur cette terre malheureuse, tu es aujourd'hui possesseur.

Gribouille commença par pleurer la mort de ses parents comme s'ils eussent été bien regrettables, et il les eût pleurés longtemps, si la reine des prés, qui voulait le rendre attentif à ses discours, ne l'eût forcé, par un de ses sourires magiques, à redevenir tranquille et satisfait. Alors, se sentant réveillé comme d'un rêve, il ne vit plus le passé et ne songea qu'à l'avenir.

– Ma chère marraine, dit-il, vous dites que seul, parmi les hommes de mon pays, je possède une grande science. On m'a toujours dit autrefois que j'étais né fort simple. Le roi des bourdons a essayé de me rendre habile. J'ai étudié pendant trois ans, chez lui, la science des nombres, et cela ne m'a rien appris dont je sache me servir. Vous m'avez amené ici et vous m'y avez donné cent ans d'un plaisir et d'un bonheur dont je n'avais pas l'idée; mais on n'a songé qu'à me divertir, à me caresser, à me rendre content, et véritablement j'ai été si content, si heureux, si gai, si fou peut-être, que je n'ai pas songé à faire la plus petite question, et que je ne me sens pas plus magicien que le premier jour. Vous voyez donc que je suis un grand niais ou un grand étourdi, et vraiment j'en suis tout honteux, car il me semble que, dans l'espace de cent ans, j'aurais pu et j'aurais dû apprendre tout ce qu'un mortel peut savoir, lorsqu'il vit au milieu des fées et des génies.

– Gribouille, dit la reine, tu t'accuses à tort et tu te trompes si tu crois ne rien avoir appris. Voyons, interroge ton propre cœur, et dis-moi s'il n'est pas en possession du secret le plus merveilleux qu'un mortel ait jamais pressenti?

– Hélas! ma marraine, répondit Gribouille, je n'ai appris qu'une chose chez vous, c'est à aimer de tout mon cœur.

– Fort bien, reprit la reine des prés, et quelle autre chose est-ce que mes autres enfants t'ont fait connaître?

– Ils m'ont fait connaître le bonheur d'être aimé, dit Gribouille, bonheur que j'avais toujours rêvé et que je ne connaissais point.

– Eh bien, dit la reine, que veux-tu donc savoir de plus beau et de plus vrai? Tu sais ce que les hommes de ton pays ne savent pas, ce qu'ils ont absolument oublié, ce dont ils ne se doutent même plus. Tu es magicien, Gribouille, tu es un bon génie, tu as plus de science et plus d'esprit que tous les docteurs du royaume des bourdons.

– Ainsi, dit Gribouille, qui commençait à voir clair en lui-même et à ne plus se croire trop bête, c'est la science que vous m'avez donnée qui guérirait les habitants de mon pays de leur malice et de leurs souffrances?

– Sans doute, répondit la reine, mais que t'importe, mon cher enfant? Tu n'as plus rien à craindre des méchants; tu es ici à l'abri de la rancune du roi des bourdons. Tu seras immortel tant que tu habiteras mon île, aucun chagrin ne viendra te visiter, tes jours se passeront en siècles de fêtes. Oublie la malice des hommes, abandonne-les à leurs souffrances. Viens, retournons au concert et au bal. Je veux bien les prolonger encore pour toi d'une journée de cent ans.

Gribouille interrogea son cœur avant de répondre, et, tout d'un coup, il y trouva ce raisonnement-ci: – Ma marraine ne me dit cela que pour m'éprouver; si j'acceptais, elle ne m'estimerait plus et je ne m'estimerais plus moi-même. Alors il se jeta au cou de sa marraine et lui dit: – Faites-moi un beau sourire, ma marraine, afin que je ne meure pas de chagrin en vous quittant, car il faut que je vous quitte. J'ai beau n'avoir ni parents ni amis dans mon pays à l'heure qu'il est, je sens que je suis l'enfant de ce pays et que je lui dois mes services. Puisque me voilà riche du plus beau secret du monde, il faut que j'en fasse profiter ces pauvres gens qui se détestent et qui sont pour cela si à plaindre. J'ai beau être heureux comme un génie, grâce à vos bontés, je n'en suis pas moins un simple mortel, et je veux faire part de ma science aux autres mortels. Vous m'avez appris à aimer; eh bien, je sens que j'aime ces méchants et ces fous qui vont me haïr peut-être, et je vous demande de me reconduire parmi eux.

La reine embrassa Gribouille, mais elle ne put sourire malgré toute son envie. – Va, mon fils, dit-elle, mon cœur se déchire en te quittant; mais je t'en aime davantage, parce que tu as compris ton devoir, et que ma science a porté ses fruits dans ton âme. Je ne te donne ni talisman, ni baguette pour protéger tes jours contre les entreprises des méchants bourdons, car il est écrit au livre du destin que tout mortel qui se dévoue doit risquer tout, jusqu'à sa vie. Seulement je veux t'aider à rendre les hommes de ton pays meilleurs; je te permets donc de cueillir dans mes prés autant de fleurs que tu en voudras emporter, et chaque fois que tu feras respirer la moindre de ces fleurs à un mortel, tu le verras s'adoucir et devenir plus traitable: c'est à ton esprit de faire le reste. Quant au roi des bourdons et à ceux de sa famille, il y a longtemps qu'ils seraient corrigés, si cela dépendait de mes fleurs; car, depuis le commencement du monde, ils se nourrissent de leurs sucs les plus doux; mais cela n'a rien changé à leur caractère brutal, cruel et avide. Préserve-toi donc tant que tu pourras de ces tyrans; je tâcherai de te secourir; mais je ne te cache pas que ce sera une lutte bien terrible et bien dangereuse, et que je n'en connais pas l'issue.

 

Gribouille alla cueillir un gros bouquet tout en pleurant et soupirant. Tous les habitants de l'île heureuse avaient disparu. La fête était finie; seulement, chaque fois que Gribouille se baissait pour ramasser une plante, il entendait une petite voix gémissante qui lui disait:

– Prends, prends, mon cher Gribouille, prends mes feuilles, prends mes fleurs, prends mes branches; puissent-elles te porter bonheur! puisses-tu revenir bientôt!

Gribouille avait le cœur bien gros; il eût voulu embrasser toutes les herbes, tous les arbres, toutes les fleurs de la prairie; enfin il se rendit au rivage où l'attendait sa marraine. Elle tenait à la main une rose dont elle détacha une feuille qu'elle laissa tomber dans l'eau, puis elle dit à Gribouille:

– Voilà ton navire; pars, et sois heureux dans la traversée.

Elle l'embrassa tendrement, et Gribouille, sautant dans la feuille de rose, arriva en moins de deux heures dans son pays.

A peine eut-il touché le rivage, qu'une foule de marins accourut, émerveillée de voir aborder un enfant dans une feuille de rose; car il faut vous dire que Gribouille n'avait pas vieilli d'un jour pendant les cent années qu'il avait passées dans l'île des Fleurs; il n'avait toujours que quinze ans, et, comme il était petit et menu pour son âge, on ne lui en eût pas donné plus de douze. Mais les mariniers ne s'amusèrent pas longtemps à admirer Gribouille et sa manière de voyager: ils ne songèrent qu'à avoir la feuille des rose, qui véritablement était une chose fort belle, étant grande comme un batelet, et si solide qu'elle ne laissait pas pénétrer dans son creux la plus petite goutte d'eau.

– Voilà, disaient les mariniers, une nouvelle invention qui se vendrait bien cher. Combien, petit garçon, veux-tu vendre ton invention?

Car ces mariniers étaient riches, et ils s'empressaient tous d'offrir leur bourse à Gribouille, enchérissant les uns sur les autres, et se menaçant les uns les autres.

– Si ma barque vous fait plaisir, dit Gribouille, prenez-la, messieurs.

Il n'eut pas plutôt dit cette parole, que les mariniers se jetèrent comme des furieux sur la barque, se donnant des coups à qui l'aurait, s'arrachant des poignées de cheveux et se jetant dans la mer à force de se battre. Mais, comme la barque était une feuille de rose de l'île enchantée, à peine l'eurent-ils touchée qu'ils en éprouvèrent la vertu: ils se sentirent tout calmés par la bonne odeur qu'elle avait, et, au lieu de continuer leur bataille, ils convinrent de garder la barque pour eux tous et de la montrer comme une rareté au profit de toute leur bande.

Cette convention faite, ils vinrent remercier Gribouille de son généreux présent, et, quoiqu'ils fussent encore assez grossiers dans leurs manières, ils l'invitèrent de bon cœur à venir dîner avec eux et à demeurer dans celle de leurs maisons qu'il lui plairait de choisir.

Gribouille accepta le repas, et, comme il portait les habits avec lesquels il avait quitté la contrée cent ans auparavant, il fut bientôt un objet de curiosité pour toute la ville, qui était un port de mer. On vint à la porte du cabaret où il dînait avec les marins, et la nouvelle de son arrivée en feuille de rose s'étant répandue, la foule s'ameuta et commença à crier qu'il fallait prendre l'enfant, le renfermer dans une cage, et le montrer dans tout le pays pour de l'argent.

Les mariniers qui régalaient Gribouille essayèrent de repousser cette foule; mais quand ils virent qu'elle augmentait toujours, ils lui conseillèrent de se sauver par une porte de derrière et de se bien cacher: – Car vous avez affaire à de méchantes gens, lui dirent-ils, et ils sont capables de vous tuer en se battant à qui vous aura.

– J'irai au-devant d'eux, répondit Gribouille en se levant, et je tâcherai de les apaiser.

– Ne le faites point, dit une vieille femme qui servait le repas, vous feriez comme défunt Gribouille, qui, à ce que m'a conté ma grand'mère, se noya dans la rivière pour se sauver de la pluie.

Gribouille eut bien envie de rire: il quitta la table et, ouvrant la porte, il alla au milieu de la foule, tenant devant lui son bouquet qu'il fourrait vitement dans le nez de ceux qui venaient se jeter sur lui. Il n'eût pas plutôt fait cette expérience sur une centaine de personnes, qu'elles l'entourèrent pour le protéger contre les autres; et peu à peu, comme les fleurs de l'île enchantée ne se flétrissaient point et qu'elles répandaient un parfum que n'eût pas épuisé la respiration de cent mille personnes, toute la population de cet endroit-là se trouva calmée comme par miracle. Alors, au lieu de vouloir enfermer Gribouille, chacun voulut lui faire fête, ou tout au moins l'interroger sur son pays, sur ses voyages, sur l'âge qu'il avait, et sur sa fantaisie de naviguer en feuille de rose.

Gribouille raconta à tout le monde qu'il arrivait d'une île où tout le monde pouvait aller, à la seule condition d'être bon et capable d'aimer; il raconta le bonheur dont on y jouissait, la beauté, la tranquillité, la liberté et la bonté des habitants; enfin, sans rien dire qui pût le faire reconnaître pour ce Gribouille dont le nom était passé en proverbe, et sans compromettre la reine des prés dans le royaume des bourdons, il apprit à ces gens-là la chose merveilleuse qu'on lui avait enseignée, la science d'aimer et d'être aimé.

D'abord on l'écouta en riant et en le traitant de fou; car les sujets du roi Bourdon étaient fort railleurs et ne croyaient plus à rien, ni à personne; cependant les récits de Gribouille les divertirent: sa simplicité, son vieux langage et son habillement qui, à force d'être vieux, leur paraissaient nouveaux, sa manière gentille et claire de dire les choses, et une quantité de jolies chansons, fables, contes et apologues que les sylphes lui avaient appris en jouant et en riant dans l'île des Fleurs, tout plaisait en lui. Les dames et les beaux esprits de la ville se l'arrachaient et prisaient d'autant plus sa naïveté que leur langage était devenu prétentieux et quintessencié; il ne tint pas à eux que Gribouille ne passât pour un prodige d'esprit, pour un savant précoce qui avait étudié les vieux auteurs, pour un poëte qui allait bouleverser la république des lettres. Les ignorants n'en cherchaient pas si long: ces pauvres gens l'écoutaient sans se lasser, ne comprenant pas encore où il en voulait venir avec ses contes et ses chansons, mais se sentant devenir plus heureux ou meilleurs quand il avait parlé ou chanté.

Quand Gribouille eut passé huit jours dans cette ville, il alla dans une autre. Partout, grâce à ses fleurs et à son doux parler, il fut bien reçu, et en peu de temps il devint si célèbre, que tout le monde parlait de lui et que les gens riches faisaient de grands voyages pour le voir. On s'étonnait de son caractère confiant, et qu'il courût au-devant de tous les dangers; aussi, sans le connaître pour le véritable Gribouille, lui donna-t-on pour sobriquet son véritable nom: chacun disant qu'il justifiait le proverbe, mais chacun remarquant aussi que le danger semblait le fuir à mesure qu'il s'y jetait.

Le roi des bourdons apprit enfin la nouvelle de l'arrivée de Gribouille et les miracles qu'il faisait; car Gribouille avait déjà parcouru la moitié du royaume et s'était fait un gros parti de gens qui prétendaient que le moyen d'être heureux, ce n'est pas d'être riche, mais d'être bon. Et on voyait des riches qui donnaient tout leur argent et même qui se ruinaient pour les autres, afin, disaient-ils, de se procurer la véritable félicité. Ceux qui n'avaient pas encore vu Gribouille se moquaient de cette nouvelle mode; mais, aussitôt qu'ils le voyaient, ils commençaient à dire et à faire comme les autres.

Tout cela fit ouvrir l'oreille au roi Bourdon. Il se dit que ce surnommé Gribouille pourrait bien être le même qu'il avait essayé en vain de retenir à sa cour, et il reconnaissait bien que, depuis le départ de Gribouille, il avait toujours été malheureux au milieu de sa richesse et de sa puissance, parce qu'il s'était toujours senti devenir plus avide, plus méchant, plus redouté et plus haï. L'idée lui vint donc de rappeler Gribouille auprès de lui, de l'amadouer, et, au besoin, de l'enfermer dans une tour, afin de le garder comme un talisman contre le malheur.

Il lui envoya donc une ambassade pour le prier de venir résider à sa cour.

Gribouille accepta et partit pour Bourdonopolis, en dépit des prières de ses nouveaux amis qui craignaient les méchants desseins du roi. Mais Gribouille voulait donner son secret à la capitale du royaume, et il se disait: Pourvu que je fasse du bien, qu'importe le mal qui pourra m'arriver!

Il fut très-bien reçu par le roi qui fit semblant de ne pas le reconnaître et qui parut avoir oublié le passé. Mais Gribouille vit bien qu'il n'avait pas changé et qu'il ne songeait guère à s'amender. Il ne songea lui-même qu'à se dépêcher de plaire aux habitants de la capitale et de leur donner sa science.

Quand le roi vit que cette science s'apprenait si vite et plaisait si fort que l'on commençait à ouvrir les yeux sur son compte, à lui désobéir, et même à le menacer de prendre Gribouille pour roi à sa place, il entra en fureur, mais il se contint encore, et, poussant la ruse jusqu'au bout, il manda Gribouille dans son cabinet et lui dit:

– On m'assure, mon cher Gribouille, que vous avez un bouquet de fleurs souveraines pour toutes sortes de maux; or, comme j'ai un grand mal de tête, je vous prie de me le faire sentir; peut-être que cela me soulagera.

En ce moment, Gribouille oublia que sa marraine lui avait dit: Tu ne pourras rien sur le roi des bourdons ni sur ceux de sa famille; mes fleurs elles-mêmes sont sans vertu sur ces méchants esprits. Le pauvre enfant pensa, au contraire, que des plantes si rares auraient le don d'adoucir la méchante humeur du roi. Il tira de son sein le précieux bouquet qui était toujours aussi frais que le jour où il l'avait cueilli, et que nul pouvoir humain n'eût pu lui arracher, puisque tous ceux qui le respiraient en subissaient le charme. Il le présenta au roi, et aussitôt celui-ci enfonça son dard empoisonné dans le cœur de la plus belle rose. Un cri perçant et une grosse larme s'échappèrent du sein de la rose, et Gribouille, saisi d'horreur et de désespoir, laissa tomber le bouquet.

Купите 3 книги одновременно и выберите четвёртую в подарок!

Чтобы воспользоваться акцией, добавьте нужные книги в корзину. Сделать это можно на странице каждой книги, либо в общем списке:

  1. Нажмите на многоточие
    рядом с книгой
  2. Выберите пункт
    «Добавить в корзину»