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Histoire du véritable Gribouille

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A quelque temps de là, on vit arriver dans la contrée une très-belle et très-riche princesse, avec une grande reine qui était sa mère et qui venait traiter du mariage de cette demoiselle avec M. Bourdon. L'affaire fut bientôt conclue. Il y eut des fêtes à en crever; on invita le roi qui fut bien content d'être du repas de noces, et quand M. Bourdon fut marié, il parut plus riche de moitié qu'auparavant.

Sa femme était fort jolie et fort spirituelle, elle traitait Gribouille avec beaucoup d'amitié, mais Gribouille ne réussissait pas à l'aimer autant qu'il l'eût souhaité. Elle lui faisait toujours peur, parce qu'elle lui rappelait la princesse des abeilles qu'il avait cru voir sous le figuier, le jour où l'essaim avait mis son âne en fuite, et, lorsqu'elle l'embrassait, il s'imaginait toujours qu'elle allait le piquer. Elle avait la même manie de manger du miel et des sirops, qui déplaisait tant à Gribouille dans M. Bourdon. Et puis elle parlait toujours d'économie, et tandis que l'on apprenait à Gribouille l'art de compter, elle le tourmentait en lui disant sans cesse qu'il lui fallait aussi l'art de produire.

A tout prendre, la maison de M. Bourdon devint plus tranquille après son mariage; mais elle n'en fut pas plus gaie. Madame Bourdon était avare, elle faisait durement travailler tout le monde. Le royaume s'en ressentait et devenait très-riche. On faisait toutes sortes de travaux, on bâtissait des villes, des ports de mer, des palais, des théâtres; on fabriquait des meubles et des étoffes magnifiques; on donnait des fêtes où l'on ne voyait que diamants, dentelles et brocarts d'or. Tout cela était si beau, si beau, que les étrangers en étaient éblouis. Mais les pauvres n'en étaient pas plus heureux, parce que, pour gagner de l'argent dans ce pays-là, il fallait être très-savant, très-fort ou très-adroit, et ceux qui n'avaient ni esprit, ni savoir, ni santé, étaient oubliés, méprisés et forcés de voler, de demander l'aumône, ou de mourir de faim comme le vieux roi. On s'aperçut même que tout le monde devenait méchant: les uns parce qu'ils étaient trop heureux, les autres parce qu'ils ne l'étaient pas assez. On se disputait, on se haïssait. Les pères reprochaient aux enfants de ne pas grandir assez vite pour gagner de l'argent; les enfants reprochaient aux pères de ne pas mourir assez tôt pour leur en laisser. Les maris et les femmes ne s'aimaient point, parce que M. et madame Bourdon, qui donnaient le ton, ne pouvaient pas se supporter; s'étant mariés par intérêt, ils se reprochaient sans cesse leur origine, madame Bourdon disant à son mari qu'il était un roturier, et M. Bourdon disant à sa femme qu'elle était une bécasse entichée de noblesse. Ils en venaient parfois aux gros mots. Monsieur accusait madame d'être avare; madame traitait monsieur de voleur.

Gribouille n'assistait pas à ces querelles de ménage et ne comprenait pas pourquoi, dans un pays devenu si beau et si riche, il y avait tant de gens chagrins et mécontents. Pour son compte, il eût pu être heureux, car ses parents, devenus riches, ne le tourmentaient plus guère, et M. Bourdon, tout occupé de ses affaires, ne le contrariait en rien.

Mais Gribouille avait le cœur triste sans savoir pourquoi et s'ennuyait de vivre toujours seul; il n'avait point d'amis de son âge, tous les autres enfants étaient instruits par leurs parents à être jaloux de sa richesse; on ne lui faisait point apprendre les choses qu'il eût aimées; M. Bourdon, tout en le comblant de présents et de plaisirs fort coûteux, ne paraissait pas se soucier de lui plus que du premier venu. Il ne marquait d'estime ni de mépris pour personne, et un jour que Gribouille avait voulu l'avertir que son premier valet de chambre le volait, il avait répondu: Bon, bon! il fait son métier.

Enfin, quand Gribouille eut quinze ans, M. Bourdon le prit par le bras et lui dit: Mon jeune ami, vous serez mon héritier, parce que les destins ont décrété que je n'aurais point d'enfants de mon dernier mariage. Je le savais, et c'est pourquoi je me suis marié sans crainte de vous faire du tort; vous serez donc très-riche, et vous l'êtes déjà, puisque tout ce que j'ai vous appartient. Mais, après moi, il vous faudra prendre beaucoup de peine et soutenir beaucoup de combats pour conserver vos biens, car la famille de ma femme me hait et n'est retenue de me faire la guerre que par la crainte que j'inspire. La race des abeilles tout entière conspire contre moi, et n'attend que le moment favorable pour fondre sur mes terres et reprendre tout ce qu'elle prétend lui appartenir.

Il est donc temps que je vous instruise de mes secrets, afin que l'habileté vous sauve de la force quand vous ne m'aurez plus. Venez avec moi.

Là-dessus M. Bourdon monta dans son carrosse avec Gribouille et fit prendre le chemin du carrefour Bourdon. Quand ils furent auprès du chêne, M. Bourdon renvoya son équipage et, prenant Gribouille par la main, il le fit asseoir sur les racines de l'arbre et lui dit:

– Avez-vous quelquefois mangé de ces glands?

– Oui, répondit Gribouille, car je sais qu'ils sont bons, tandis que les autres glands de la forêt sont amers et bons pour les pourceaux.

– En ce cas, vous êtes plus avancé que vous ne pensez. Eh bien, puisque ces fruits vous plaisent, mangez-en.

Gribouille en mangea avec plaisir, parce que cela lui rappelait son enfance; mais tout aussitôt il se sentit accablé d'un grand sommeil, et il ne lui sembla plus voir ni entendre M. Bourdon que dans un rêve.

D'abord il lui sembla que M. Bourdon frappait sur l'écorce du chêne et que le chêne s'entr'ouvrait; alors Gribouille vit dans l'intérieur de l'arbre une belle ruche d'abeilles avec tous ses gâteaux blonds et dorés, et toutes les abeilles, dans leurs cellules propres et succulentes, bien renfermées chacune chez soi. On entendait pourtant des voix mignardes qui babillaient dans toutes les chambres, et qui disaient: Amassons, amassons; gardons, gardons; refusons, refusons; mordons, mordons. Mais une voix plus haute fit faire silence, en criant du fond de la ruche: Taisez-vous, taisez-vous, l'ennemi s'avance.

Alors M. Bourdon commença à bourdonner et à grimper le long de l'arbre, et à frapper de l'aile et de la patte à la cellule de la reine qui se barricadait et tirait ses verrous. M. Bourdon fit entendre une voix retentissante comme une trompe de chasse, et des milliers, des millions, des milliards de bourdons, de frelons et de guêpes parurent, d'abord comme un nuage dans le ciel, et bientôt comme une armée terrible qui se précipita sur la ruche. Les abeilles se décidèrent à sortir pour se défendre, et Gribouille assista à un combat furieux où chacun cherchait à percer un ennemi de son dard ou à lui manger la tête. La mêlée devint plus horrible lorsque des branches du chêne descendit une nouvelle armée qui, sans prendre parti dans la querelle, ne parut songer qu'à tuer au hasard pour emporter et manger les cadavres. C'était toute une république de grosses fourmis qui avait sa capitale non loin de là, et qui avait été prendre le frais sur les feuilles, et tâcher en même temps de lécher un peu de miel qui coulait de la ruche, et dont les fourmis sont aussi friandes que les bourdons. Chaque fois qu'un insecte blessé tombait sur le dos, ou se roulait dans les convulsions de la colère et de l'agonie, vingt fourmis s'acharnaient à le pincer, à le mordre, à le tirailler, et, après l'avoir fait mourir à petit feu, appelaient vingt autres des leurs qui emportaient le mort vers la fourmilière. Dans ce désordre, le miel, ruisselant par les portes brisées des cellules, empiégea si bien les combattants et les voleurs, que grand nombre périrent étouffés, noyés ou percés par leurs ennemis, dont ils ne pouvaient plus se défendre. Enfin les frelons restèrent maîtres du champ de bataille; et alors commença une orgie repoussante. Les vainqueurs se gorgeant de miel au milieu des victimes, et, marchant sur les cadavres des mères et des enfants, s'enivrèrent d'une façon si indécente, que beaucoup crevèrent d'indigestion en se roulant pêle-mêle avec les morts et les mourants.

Quant à M. Bourdon, à qui l'on avait apporté les clefs de la ruche sur un plat d'argent, il se mit à rire d'une manière odieuse, et prenant Gribouille par la peau du cou: – Allez donc, poltron, lui dit-il, profitez donc de la curée, car c'est pour vous qu'on a fait tout ce massacre. Profitez-en, mangez, prenez, pillez, tuez, allez donc!

Et il le lança au fond de la ruche, qui était devenue un lac de sang. Gribouille s'agita pour en sortir, et, roulant le long du chêne, il alla tomber dans la capitale des fourmis, où à l'instant même il fut saisi par trente millions de paires de pinces qui le tenaillèrent si horriblement, qu'il fit un grand cri et s'éveilla.

Mais, en ouvrant les yeux, il ne vit plus rien que de très-vraisemblable: le chêne s'était refermé, la fourmilière avait disparu, quelques abeilles voltigeaient discrètement sur le serpolet, quelques frelons buvaient les gouttelettes d'eau que le ruisseau faisait jaillir sur les feuilles de ses rives, et M. Bourdon, aussi tranquille qu'à l'ordinaire, regardait Gribouille en ricanant.

– Eh bien, monsieur l'endormi, lui dit-il, voilà comme vous prenez votre première leçon? vous vous abandonnez au sommeil pendant que je vous explique les lois de la nature?

– Je vous en demande bien pardon, répondit Gribouille encore tout saisi d'horreur. Ce n'est pas pour mon plaisir que j'ai dormi de la sorte, car j'ai fait des rêves abominables.

– C'est bon, c'est bon, reprit M. Bourdon, il faut s'habituer à tout. Mais où en étions-nous?

– Vraiment, monsieur, dit Gribouille, je n'en sais rien. Il me semblait que vous me disiez de tuer, de piller, de manger.

– C'est quelque chose comme cela, reprit M. Bourdon; je vous expliquais l'histoire naturelle des frelons et des abeilles. Celles-ci travaillent pour leur usage, vous disais-je; elles sont fort habiles, fort actives, fort riches et fort avares. Ceux-là ne travaillent pas si bien et ne savent pas faire le miel; mais ils ont un grand talent, celui de savoir prendre. Les fourmis ne sont pas sottes non plus, elles bâtissent des cités admirables, mais elles les remplissent de cadavres pour se nourrir pendant l'hiver, et il n'est point de nation plus pillarde et mieux unie pour faire du mal aux autres. Vous voyez donc bien que, dans ce monde, il faut être voleur ou volé, meurtrier ou meurtri, tyran ou esclave. C'est à vous de choisir; voulez-vous conserver comme les abeilles, amasser comme les fourmis, ou piller comme les frelons? Le plus sûr, selon moi, est de laisser travailler les autres, et de prendre, prendre, prendre! mon garçon, par force ou par adresse, c'est le seul moyen d'être toujours heureux. Les avares amassent lentement et jouissent peu de ce qu'ils possèdent; les pillards sont toujours riches quand même ils dépensent, car, quand ils ont bien mangé, ils recommencent à prendre, et comme il y a toujours des travailleurs économes, il y a toujours moyen de s'enrichir à leurs dépens. Ça, mon ami, je vous ai dit le dernier mot de la science, choisissez, et, si vous voulez être bourdon, je vous ferai recevoir magicien comme je le suis.

 

– Et quand je serai magicien, dit Gribouille, que m'arrivera-t-il?

– Vous saurez prendre, répondit M. Bourdon.

– Et pour le devenir, que faut-il faire?

– Faire serment de renoncer à la pitié et à cette sotte vertu qu'on appelle la probité.

– Tous les magiciens font-ils ce serment-là? dit Gribouille.

– Il y en a, répondit M. Bourdon, qui font le serment contraire, et qui font métier de servir, de protéger et d'aimer tout ce qui respire; mais ce sont des imbéciles qui prennent, par vanité, le titre de bons génies et qui n'ont aucun pouvoir sur la terre. Ils vivent dans les fleurs, dans les ruisseaux, dans les déserts, dans les rochers, et les hommes ne leur obéissent pas; ils ne les connaissent même point; aussi ce sont de pauvres génies qui vivent d'air et de rosée et dont le cerveau est aussi creux que l'estomac.

– Eh bien, monsieur Bourdon, répondit Gribouille, vous n'avez pas réussi à me donner de l'esprit, car je préfère ces génies-là au vôtre, et je ne veux en aucune façon apprendre la science de piller et de tuer. Je vous souhaite le bonjour, je vous remercie de vos bonnes intentions, et je vous demande la permission de retourner chez mes parents.

– Imbécile, répondit M. Bourdon, tes parents sont des frelons qui ont oublié leur origine, mais qui n'en ont pas moins tous les instincts et toutes les habitudes de leur race. Ils t'ont battu parce que tu ne savais pas voler, ils te tueront à présent que tu peux le savoir et que tu refuses de l'apprendre.

– Eh bien, dit Gribouille, je m'en irai dans ces déserts dont vous m'avez parlé et où vous dites que demeurent les bons génies.

– Mon petit ami, vous n'irez point, repartit M. Bourdon d'une voix terrible et en roulant ses gros yeux comme deux charbons ardents; j'ai mes raisons pour que vous ne me quittiez pas, et je vais vous faire tant de piqûres, que vous resterez là pour mort si vous me résistez.

En parlant ainsi, M. Bourdon étendit ses ailes et, reprenant la figure d'un affreux insecte, il se mit à poursuivre avec rage le pauvre Gribouille qui s'enfuyait à toutes jambes. Quelque temps il réussit à se préserver en l'écartant avec son chapeau; mais enfin, se voyant sur le point d'être dévoré, il perdit la tête et se précipita dans le ruisseau dont il descendit le courant à la nage avec beaucoup de vitesse; mais à tout instant le bourdon s'élançait sur ses yeux pour l'éborgner, et il était forcé d'enfoncer sa tête dans l'eau, au risque d'être suffoqué. Alors Gribouille, se voyant perdu, s'écria:

– A mon secours, les bons génies, ne souffrez pas que ce méchant s'empare de moi!

Au même instant une jolie demoiselle aux ailes bleues sortit d'une touffe d'iris sauvages, et s'approchant de Gribouille: – Suis-moi, lui dit-elle, nage toujours et n'aie pas peur. Et puis elle se mit à voler devant lui, et, en un instant, une grande pluie d'averse commença à tomber et à contrarier fort M. Bourdon, qui ne savait pas voler pendant la pluie. La demoiselle s'en moquait et allait toujours. Le ruisseau se gonflait et emportait Gribouille, qui n'avait plus la force de nager. M. Bourdon essaya de s'acharner après sa proie, mais la pluie, qui tombait en gouttes aussi larges que la main, le culbuta dans l'eau. Il se sauva comme il put, à la nage, et gagna les herbes de la rive, où Gribouille le perdit de vue.

Cependant Gribouille avançait toujours, conduit par la demoiselle, et il se trouva à passer devant la porte de la maison de son père. Il vit ses frères et sœurs qui le regardaient par la fenêtre et qui riaient bien fort, pensant qu'il se noyait. Gribouille voulait s'arrêter pour leur dire bonjour, mais la demoiselle le lui défendit.

– Suis-moi, Gribouille, lui dit-elle, si tu me quittes, tu es perdu.

– Merci, madame la demoiselle, répondit Gribouille, je veux vous obéir.

Et, lâchant un arbre auquel il s'était retenu, il recommença à nager aussi vite que le ruisseau, qui était devenu un torrent et qui roulait aussi vite qu'une flèche. Quand il eut dépassé la maison et le jardin de ses parents, Gribouille entendit ses frères et ses sœurs qui le raillaient en criant de toutes leurs forces: «Fin comme Gribouille, qui se jette dans l'eau par crainte de la pluie.»

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