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Vie de Henri Brulard, tome 2

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Les cousins et cousines: 1. Henriette Gagnon

Née aux Echelles (Savoie), le 6 juillet 1790.

1790, 6 juillet. Les Echelles.

Baptême de Henriette Gagnon

Le six juillet mil sept cent quatre-vingt et dix, à deux heures du matin, est née et aussitôt a été baptisée delle Henriette Gagnon, fille de Félix-Romain Gagnon, avocat au parlement de Grenoble, et de demoiselle Cécile-Camille Poncet, mariés, de cette paroisse. Le parrain a été sr Henri Gagnon, grand-père de l'enfant, médecin et secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences et de Belles-lettres de Grenoble et représenté par Joseph Pellet, clerc de ladite paroisse. La marraine a été delle Thérèse Maistre.

Laroche, vicaire.

(Extrait des registres paroissiaux des Echelles, 1790, n° 50.)

2. Marie-Félise Gagnon

Née aux Echelles (Savoie), le 13 juin 1791.

1791, 16 juin.

Baptême de Marie-Félise Gagnon. Les Echelles

Le seize juin mil sept cent quatre-vingt-onze, à dix heures et demie du soir, ont été suppléées les cérémonies de baptême à delle Marie-Félise Gagnon, fille de noble Félix-Romain Gagnon, avocat au parlement de Grenoble, et de dame Cécile-Camille Poncet, mariés, de cette paroisse, par messire Bonne, vicaire général du diocèse de Saint-Flour, oncle de l'enfant, née le treize de ce mois, à trois heures et demie, et que je soussigné, curé, ai baptisée à quatre heures dudit jour treize. Le parrain a été noble Henri Gagnon, docteur en médecine, agrégé au collège de Grenoble, aïeul de l'entant, et dame Foy Bonne, son aïeule, a été la marraine.

Laurens, curé.

(Extrait des registres paroissiaux des Echelles, 1791, n° 32.)

3. André-Félix-Henri-Gaëtan Gagnon

Né aux Echelles (Savoie), le 19 janvier 1793.

1793, 11 février. Les Echelles.

Baptême de André-Félix-Henri-Gaëtan Gagnon

Le onze février mil sept cent quatre-vingt-treize, à midi, j'ai suppléé les cérémonies après le baptême à André-Félix-Henri-Gaëtan, fils de sieur Félix-Romain Gagnon, docteur ès-droits, et de dame Cécile-Camille Poncet, mariés, de ce bourg, lequel enfant est né le dix-neuf janvier dernier, à huit heures du matin, et a été baptisé le même jour, entre une heure et midi. Le parrain a été sr André Bonne, oncle de l'enfant, et delle Elisabeth Gagnon, sa tante, a été la marraine.

Laurens, curé.

(Extrait des registres paroissiaux des Echelles, 1793, n° 15.)

4. Amélie-Lucie-Françoise Gagnon

Née aux Echelles (Savoie), le 24 novembre 1794.

1794, 24 novembre – 1796, 30 septembre. Les Echelles.

Naissance et baptême de Amélie-Lucie-Françoise Gagnon

Le vingt-quatre novembre mil sept cent quatre-vingt-quatorze, entre sept et huit heures du matin, est née Amélie-Lucie-Françoise Gagnon, fille de M. Félix-Romain Gagnon, docteur ès-droits, et de dame Cécile-Camille Poncet, mariés.

(Cette note est suivie d'un renvoi au 30 septembre 1796, où se trouve Pacte suivant:)

Le trente septembre mil sept cent quatre-vingt et seize, après la célébration de la messe, dans notre chapelle domestique, érigée dans le bourg des Echelles pour l'exercice du culte catholique à défaut d'église paroissiale, je soussigné ai suppléé les cérémonies du baptême à Amélie-Lucie Gagnon, fille de M. maître Félix-Romain Gagnon et de dame Camille-Cécile Poncet, mariés, dudit bourg des Echelles, laquelle enfant est née le vingt-quatre novembre mil sept cent quatre-vingt-quatorze, entre sept et huit heures du matin, ondoyée validement le surlendemain, à sept heures du soir, par sr François Chavasse-Bélissard, dont la capacité et les bonnes mœurs sont connues et attestées. Le parrain a été sr Joseph Blanchet, représenté par sr Antoine Bonne, et delle Marie Poncet, représentée par dame Marie-Lucie Giroud, a été la marraine.

Laurens, curé.

(Extrait des registres paroissiaux des Echelles.)

5. Joseph-Oronce Gagnon

Né aux Echelles (Savoie), le 24 novembre 1790; – décédé à Grenoble, le 24 avril 1883.

1796, 24 novembre. Les Echelles.

Baptême de Joseph-Oronce Gagnon

Le vingt-quatre novembre mil sept cent quatre-vingt et seize, à une heure du matin, est né et le même jour, a six heures du soir, dans une chapelle domestique érigée dans le bourg des Echelles, en Savoie, pour l'exercice du culte catholique à défaut de l'église paroissiale, je soussigné ai administré le baptême avec les cérémonies qui le précèdent jusqu'au Saint-Chresme, exclusivement, à Joseph-Oronce Gagnon, fils de M. maître Félix-Romain Gagnon, docteur ès-droits, et de dame Cécile-Camille Poncet, mariés, dudit bourg des Echelles, en Savoie, et le trois janvier suivant, à six heures et demie du soir, j'ai suppléé les cérémonies subséquentes au baptême dudit enfant, entre les mains de sr Joseph Bonne et de delle Virginie-Félicité Giroud.

Laurens, curé.

(Extrait des registres paroissiaux des Echelles).

1883, 24 avril. Grenoble.

Acte de décès de Joseph-Oronce Gagnon

Le vingt-quatre avril mil huit cent quatre-vingt-trois, à onze heures du matin, pardevant nous, Auguste Germain, adjoint au maire de Grenoble, délégué pour remplir les fonctions d'officier de l'état-civil, sont comparus MM. Ernest Bourjat, âgé de quarante-sept ans, et Jules Aman, âgé de quarante-cinq ans, rentiers, domiciliés à Grenoble, lesquels nous ont déclaré que M. Joseph-Oronce Gagnon, général de division en retraite, grand-officier de la Légion d'honneur, âgé de quatre-vingt-six ans, marié à de Joséphine-Marie-Jeanne-Rosalie Jacquinot, natif des Echelles (Savoie), domicilié à Grenoble, rue Vaucanson, 4, fils de feu Félix-Romain Gagnon et de défunte Cécile-Camille Poncet, mariés, est décédé ce matin, à neuf heures, dans son domicile. Nous étant assuré de ce décès, nous avons rédigé le présent acte, que les déclarants ont signé avec nous, après lecture faite.

E. Bourjat; J. Aman. Germain.

(Extrait des registres de l'état-civil de la Ville de Grenoble.)

6. Chérubin-Jules Gagnon

Né aux Echelles (Savoie), le 29 avril 1799.

1800, 9 juillet. Les Echelles.

Baptême de Chérubin-Jules Gagnon

Le vingt-neuf avril mil sept cent quatre-vingt-dix-neuf est né, à quatre heures du soir, Chérubin-Jules Gagnon, fils de M. maître Félix-Romain Gagnon, docteur ès-droits, et de dame Camille Poncet, mariés, du bourg des Echelles, en Savoie, lequel enfant, ondoyé le trois mars suivant, avec toutes les cérémonies qui précèdent le baptême, a reçu les cérémonies subséquentes par moi soussigné le neuf juillet, dans une chapelle domestique érigée audit bourg des Echelles, en Savoie, pour l'exercice du culte catholique, à défaut d'église paroissiale, entre les mains de M. maître Chérubin-Joseph Beyle, aussi docteur ès-droits, et de dame Foy Bonne, veuve Poncet, aïeule de l'enfant.

Laurens, curé.

(Extrait des registres paroissiaux des Echelles.)

7. Henriette Gagnon

Née à Grenoble, le 11 octobre 1800.

1800, 11 octobre. Grenoble.

Acte de naissance de Henriette Gagnon

Du dix-neuvième jour du mois de vendémiaire, l'an neuf de la République française.

Acte de naissance de Henriette Gagnon, née le dix-neuf vendémiaire, à une heure du matin, fille de Félix-Romain Gagnon, propriétaire, habitant aux Echelles, département du Mont-Blanc, et de Cécile-Camille Poncet, mariés. Le sexe de l'enfant a été reconnu être féminin.

Premier témoin: Joseph Félix, commis en cette mairie.

Second témoin: Antoine Termier, aussi commis en cette mairie, tous deux majeurs.

Sur la réquisition à nous faite par M. Henri Gagnon, aïeul paternel de l'enfant; et ont signé.

Constaté, suivant la loi, par moi soussigné, maire de la Ville de Grenoble, faisant les fonctions d'officier public de l'état-civil.

Gagnon; Termier; J. Félix. Renauldon, maire.

(Extrait des registres de l'état-civil de la Ville de Grenoble.)

1800, 10 septembre (sic) Les Echelles.

Baptême de Henriette Gagnon

Le neuf septembre mil huit cent est née, à onze heures du soir, Henriette Gagnon, fille de M. maître Félix-Romain Gagnon, et de delle Cécile-Camille Poncet, mariés, du bourg des Echelles, en Savoie, et le lendemain de sa naissance ladite enfant, née à Grenoble, a été baptisée, dans une des paroisses de ladite ville, par révérend Gaillard, ci-devant vicaire de Saint-Laurent-du-Pont, missionnaire de Grenoble. M. maître Henri Gagnon, docteur en médecine, aïeul de l'enfant, a été son parrain, et delle Pauline Beyle a été la marraine.

Laurens, curé.

(Extrait des registres paroissiaux des Echelles.)

8. Charles-Félix Gagnon

Né aux Echelles (Savoie), le 26 octobre 1801.

1801, 29 octobre. Les Echelles.

 
Baptême de Charles-Félix Gagnon

Le vingt-six octobre mil huit cent un est né, à sept heures et demie du matin, Charles-Félix Gagnon, fils de M. maître Félix-Romain Gagnon, docteur ès-droits, et de dame Cécile-Camille Poncet, mariés, du bourg des Echelles, en Savoie, et le vingt-neuf dudit, audit bourg des Echelles, ledit enfant a été baptisé par révérend Charles-Marie Bonne, son oncle et parrain, vicaire général du diocèse de Saint-Flour, dans une chapelle domestique érigée pour l'exercice du culte catholique, à défaut d'église paroissiale. Le nouveau-né, baptisé à six heures du soir, a eu pour marraine delle Félise Gagnon, sa sœur.

Laurens, archiprêtre-curé, chef de mission des Echelles.

(Extrait des registres paroissiaux des Echelles.)

9. Henri-Chérubin Gagnon

Né à Grenoble, le 22 mars 1803.

1803, 24 mars. Grenoble.

Acte de naissance de Henri-Chérubin Gagnon

Du troisième jour du mois de germinal l'an onze de la République française.

Acte de naissance de Henri-Chérubin Gagnon, né le premier du courant, à onze heures du soir, fils de Félix-Romain Gagnon, propriétaire, domicilié place Grenette, et de dame Cécile-Camille Poncet, mariés. Le sexe de l'enfant a été reconnu être masculin.

Premier témoin: Henri Gagnon, médecin, aïeul paternel de l'enfant.

Second témoin: Chérubin-Joseph Beyle, homme de loi, domicilié rue des Vieux-Jésuites.

Sur la réquisition à nous faite par le père de l'enfant; et ont signé le père et les témoins susdits.

Constaté, suivant la loi, par moi, Charles Renauldon, maire de la Ville de Grenoble, faisant les fonctions d'officier public de l'état-civil.

Gagnon; Gagnon; Beyle. Renauldon, maire.

(Extrait des registres de l'état-civil de la Ville de Grenoble.)

10. Henri-Alfred Gagnon

Né à Grenoble, le 26 janvier 1812.

1812, 27 janvier. Grenoble.

Acte de naissance de Henri-Alfred Gagnon

Le vingt-sept janvier mil huit cent douze, pardevant nous, adjoint susdit, acte de naissance de Henri-Alfred Gagnon, né hier, à sept heures du matin, fils de M. Félix-Romain Gagnon, maire de la commune des Echelles, et de de Cécile-Camille Poncet, mariés. Le sexe de l'enfant, qui nous a été présenté, a été reconnu masculin. Lecture du présent acte ayant été faite en présence du père, de M. Joseph-Chérubin Beyle, avocat, et de M. Hugues-Antoine Pison-Duverney, contrôleur principal des Droits réunis, majeurs et domiciliés à Grenoble, ils ont signé avec nous.

Gagnon; Pison-Duverney; Beyle. La Valette.

(Extrait des registres de l'état-civil de la Ville de Grenoble.)

APPENDICES

I. LA VILLE NATALE DE STENDHAL

Grenoble vers 1793

Le Grenoble que connut Stendhal dans son enfance ressemble autant au Grenoble actuel que l'Auteuil parisien ressemble à la Croix-des-Sablons du XVIIIe siècle, décrite par Anatole France. Depuis la Révolution, de successifs empiétements sur les communes de Seyssins, Fontaine et Saint-Martin-le-Vinoux et un double agrandissement de l'enceinte fortifiée a plus que quintuplé l'agglomération urbaine.

Voulant donner aux lecteurs de la Vie de Henri Brulard le moyen de goûter ce livre dans toute sa saveur, j'entreprendrai une courte excursion à travers le Grenoble de 1793, dans ces rues tortueuses où le petit Henri Beyle, pour échapper à l'œil inquisiteur et à la tyrannie de sa tante Séraphie, se cachait dans les dédales de la Halle-aux-Blés, ou filait le long de la baraque aux châtaignes de la place Grenette pour aller retrouver, dans le bois du Jardin-de-Ville, quelques «polissons»de son âge.

Triste et noire cité, Grenoble s'étendait le long d'un coude de l'Isère, formé par le dernier contre-fort des montagnes de la Chartreuse. Cité essentiellement militaire, elle avait été bâtie en cet endroit par les vieux Allobroges pour commander la route de Lyon; et les Romains, trouvant cette situation merveilleuse, y avaient établi une forte colonie. Les Dauphins du moyen âge, puis Lesdiguières et ses successeurs, l'agrandirent progressivement; mais le Grenoble de Louis XVI n'est pas très sensiblement différent du Grenoble de Henri IV.

La plus vieille partie de la ville, que de bons auteurs considèrent comme le berceau de la cité, s'étend sur la rive droite de l'Isère; une étroite bande de terrain, comprise entre la rivière et le rocher, laisse tout juste la place à deux rues en enfilade, longues et étriquées (la rue Saint-Laurent et la rue Perrière); ces rues, de la porte Saint-Laurent à la porte de France, font communiquer la haute et la basse vallée de l'Isère, la Savoie et la France.

Deux ponts, l'un de bois, l'autre de pierre, unissent le vieux Cularo allobroge à la Ville proprement dite; et c'est entre les deux ponts, près des berges de l'Isère, alors entièrement couvertes de maisons, suivant la mode du temps, que bat le cœur de la cité. Le palais de justice, ancien Parlement, l'Hôtel-de-Ville-Préfecture, la place Grenette, c'est là que vivent le Grenoble judiciaire et procédurier, le Grenoble administratif, le Grenoble commerçant. C'est là aussi, à l'angle de la place Grenette et de la Grande-rue, que s'écoula l'enfance morose et opprimée de Stendhal.

Autour de ce centre: place Grenette, Grande-rue, place Saint-André, courent les plus importantes voies de la ville, étroites et tortueuses. Les agrandissements successifs de l'enceinte, depuis les Romains jusqu'aux successeurs de Lesdiguières, ont forcé les principales rues à suivre la direction des remparts; toutes ces artères s'arrondissent en demi-cercle, de l'Isère à l'Isère: un premier arc est constitué par la rue Saint-André, la rue des Clercs et la rue Pérollerie, jusqu'à la place Notre-Dame et la Citadelle; un deuxième suit la rue Montorge, la rue des Vieux-Jésuites et la rue des Prêtres; un troisième, plus grand, moins nettement dessiné, sinue à travers les rues Saint-François et Créqui, la rue Neuve du Collège, la rue Neuve des Pénitents, la rue Neuve des Capucins et la rue Très-Cloîtres; enfin, la rue des Mûriers constitue, pour l'époque, le dernier stade de l'évolution: elle n'est, à vrai dire, que le chemin de ronde des remparts.

Ces rues sont bordées de maisons hautes et noires, et presque toujours tristes, avec des allées étroites où court un petit ruisseau dans lequel les habitants se soulagent en passant. De temps à autre, la file monotone est coupée par de beaux hôtels, demeures de l'aristocratie et des magistrats opulents: l'hôtel des Adrets, rue Neuve du Collège; l'hôtel de Franquières, rue de France, près du pont de pierre; l'hôtel de Bressieux, rue du Verbe-Incarné; l'hôtel de Montai, rue du Pont-Saint-Jaime. De nombreux monastères étendent leurs cloîtres et leurs jardins: les Augustins, près du Jardin-de-Ville; les Frères prêcheurs, dont l'église servit de Halle-aux-Blés; les Cordeliers, qu'un oncle de Henri Beyle dirigea; les Jésuites, rue Neuve, dont le collège devint l'Ecole centrale, la Bibliothèque publique et le Musée; les Oratoriens, voisins de la cathédrale. Les couvents de femmes abondent aussi: religieuses de la Propagation, au bout de la rue Saint-Jacques, chez lesquelles le jeune Beyle allait servir la messe, Clarisses, Ursulines, Visitandines, d'autres encore. Enfin, quatre églises se partagent les fidèles: la plus ancienne, Saint-Laurent, dont la chapelle basse date du VIe siècle, dessert la rive droite; sur la rive gauche, Notre-Dame et Saint-Hugues, deux églises jumelles, accolées l'une à l'autre et communiquant par une vaste baie, sont l'une la cathédrale, l'autre une paroisse; Saint-André, non loin du palais de justice, est la vieille collégiale des Dauphins et abrite les cendres de Bayard, en attendant de servir de salle de réunion à la société jacobine de Grenoble; Saint-Louis enfin, la dernière en date, la plus laide aussi, produit informe du XVIIe siècle à son déclin, sert de paroisse à la pieuse famille maternelle de notre Stendhal.

Et, tout autour, s'étend le domaine militaire; les remparts protègent la cité, mais l'étouffent aussi dans leurs bastions de terre et de briques, à la manière de Vauban. A l'ouest, l'arsenal, des magasins à poudre et les casernes de Bonne ont cependant permis aux Hospices de s'installer; au midi, s'élève l'hôtel du Commandement, qu'habite le gouverneur de la province; non loin de là, on a laissé dans un bastion s'ouvrir provisoirement le cimetière de la paroisse Saint-Hugues, où fut inhumée la mère de Stendhal; à l'est, s'élèvent de nouveaux magasins à poudre, et la citadelle forme, à elle seule, une ville forte en miniature; enfin, au nord de Grenoble, sur la rive droite, le fort de Rabot domine la plaine et la vallée du Drac.

Cinq portes étroites font communiquer la ville avec le monde extérieur: à droite de l'Isère, les portes Saint-Laurent et de France; de l'autre côté de la rivière, la porte de la Graille, située à l'est de Grenoble, au bord de l'eau, conduit au cours de Saint-André, large et longue avenue qu'un parlement munificent fit planter au XVIIe siècle, sous la direction de son président, Nicolas Prunier de Saint-André; au midi, les portes de Bonne et Très-Cloîtres ouvrent les chemins qui vont au Pont-de-Claix, à Echirolles, à Gières, à Eybens et à Vizille, vers le Trièves, l'Oisans et la vallée du Graisivaudan.

Les environs immédiats de Grenoble, du reste, sont peu engageants. La splendeur du cadre formé par les montagnes de la Chartreuse, du Vercors, du Taillefer et de Belledonne, et la magnificence de la vallée du Graisivaudan, toute voisine, rendent plus triste encore la banalité de la plaine grenobloise. Située au confluent de la capricieuse et puissante Isère et du terrible Drac, elle a été longtemps couverte par les eaux. Le sol est demeuré humide et caillouteux, de nombreux ruisseaux courent vers le nord, et cette eau que l'on sent partout à fleur de terre, que l'on voit sourdre de tous côtés, dit le long combat qu'a mené à travers les siècles la vaillante ville contre ses ennemis de toujours: l'Isère et le Drac, le Serpent et le Dragon qui, prédisait un ancien dicton, devaient «mettre Grenoble en savon».

Stendhal connut surtout la partie sud-ouest de cette plaine grenobloise. Il accompagna son père et sa tante Séraphie dans les promenades sentimentales qu'ils firent à travers le faubourg pauvre et malodorant des Granges, quartier des peigneurs de chanvre, qui se pressait autour de l'église Saint-Joseph, plus pauvre encore. Surtout, il suivit le chemin de Claix, lorsqu'il allait avec son père séjourner à la maison familiale du hameau de Furonières. On sortait par la porte de Bonne, on tournait tout de suite à droite pour prendre le chemin horriblement fangeux des Boiteuses, où s'élevait la solitaire auberge de la Femme-sans-tête; puis, passé le cours de Saint-André, le chemin de Seyssins conduisait au bac; on traversait le torrent du Drac et sur la rive gauche, par Seyssins et les hameaux de Doyatières, Cossey et Malivert, on atteignait enfin le «domaine»des Beyle, où le vieux Pierre était mort. Ou bien encore, sortant toujours par la porte de Bonne, on continuait tout droit, le long du chemin Meney, pour atteindre le cours de Saint-André et le vieux pont de Claix, bâti par le connétable de Lesdiguières, l'une des «merveilles»du Dauphiné.

Tel est ce Grenoble que Stendhal détesta, non pour l'avoir trop connu, mais pour l'avoir presque ignoré, car il y vécut un peu en prisonnier. Il avoue en un endroit de sa Vie de Henri Brulard n'avoir su qu'objecter à un jeune officier qui faisait l'éloge de sa ville natale, et il dit plus loin qu'à son arrivée à Paris, une terrible nostalgie faillit le renvoyer à ses chères montagnes. Le mépris de Stendhal pour Grenoble est seulement une rancune d'enfant, que l'âge mûr n'a pu complètement effacer. Grenoble en a longtemps voulu à son détracteur occasionnel; aujourd'hui, le temps a tout renouvelé: Grenoble est devenue la plus belle cité des Alpes françaises, et elle a rendu en admiration à Stendhal ce que son fils ingrat lui avait donné de dédains.

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