Les Mozart, Comme Ils Étaient (Volume 1)

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Une autre activité à la mode dans la moitié du XVIIIè siècle, également documentée par les passe temps de la maison Mozart était la silhouette, une technique de portrait où l'on esquisse uniquement le contour de la personne ou de l'objet que l'on veut représenter, en colorant de noir l'intérieur du dessin. On les réalisait quelques fois en mettant une toile blanche ou une feuille en papier devant l'objet à représenter, mis dans l'ombre.

Au milieu de ces activités naturellement, mais sans un particulier emploi du temps (à part les leçons, qui pouvaient être presque quotidiennes mais de brève durée) il y avait les engagements de la Cour, pour les concerts ou les différentes charges comme pour Léopold, devoir accorder le piano au Château Mirabel, la résidence d'été de l'Archevêque.

Parfois, il y avait des promenades dans les jardins du Château Mirabel, dans la nouvelle partie de la ville, au delà du fleuve, ou bien aussi des excursions "hors des remparts", comme la visite effectuée en 1780 à la raffinerie de sel à S. Zeno (je rappelle que le sel gemme était la source principale de richesse de la région, dont dérivait, non par hasard, également le nom de la ville Salzbourg, Château du sel, et du fleuve Salzbach, rue du sel). Cette dernière curiosité qui concerne la famille Mozart est le code crypté que Léopold et sa femme utilisaient pour éviter la curiosité de la censure (qui à l'époque ouvrait et lisait souvent les lettres pour contrôler la pensée des sujets et éviter des complots). Les lettres que Léopold écrivait circulaient dans Salzbourg pour prendre note des prouesses musicales effectuées dans les différentes Cours, pour autant le chiffrement secret était utilisé pour communiquer avec sa femme lorsqu'il y avait dans les lettres des mensonges qu'il fallait faire croire à l'Archevêque.

Nous trouvons les exemples les plus éclatants dans les lettres envoyées de Milan au cours du troisième et dernier voyage italien de Léopold et Wolfgang, dans lesquelles il se plaint des terribles douleurs aux bras et aux jambes qui l'empêchent de rentrer à Salzbourg. En réalité, il prenait du temps dans l'attente de connaître le résultat de ses contacts avec Pietro Léopold d'Habsbourg-Lorraine, Grand Duc de Toscane, concernant un engagement à la Cour florentine de Wolfgang. Cela se termina négativement et Léopold du, malgré lui, rentrer à Salzbourg, tête baissée: le grand rêve italien était évanoui. Concernant le langage 28

Diego Minoia – Les Mozart comme ils étaient

1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart crypté, il n'était pas compliqué et, si un censeur avait pris la peine de le déchiffrer, il aurait probablement compris très facilement.

Du reste il est probable qu'aucune lettre avec des parties cryptées n'ait jamais subi de contrôle puisque, si cela était arrivé, le censeur aurait certainement eu la curiosité de savoir quels secrets pouvaient se cacher dans ces phrases sans signification, insérées dans une lettre, en plus compréhensible. Les motifs qui nous permettent de le dire ne manquent certainement pas. Voici, en tout cas, le petit secret des Mozart: remplacer les voyelles de certaines paroles par des consones.

A = M E = L I = F O = S U = H

Voulant dire Milan il aurait écrit Mflmn

La mère

Anna Maria Walburga Pert (1720-1778) est née à Sankt Gilgen, une petite commune située à 545 mètres sur le niveau de la mer, sur les rives du lac Wolfgangsee, et à une trentaine de kilomètres de Salzbourg, chef lieu de la région.

Située dans une région agréable enrichie de petits lacs alpins, à l'époque il ne devait s'agir que d'une poignée de maisons habitées par des paysans.

Le père d'Anna Maria, Wolfgang Nikolaus Pertl, épousa Euphrosina Puxbaum (fille et veuve de deux musiciens d'église) il accomplit des études de droit et eut un début de carrière qui promettait, comme fonctionnaire d'État à Salzbourg, Vienne et Graz. Une maladie invalidante le contraint à accepter une charge inférieure (avec une réduction de salaire à 250 florins annuels) en tant que Surintendant adjoint à Huttenstein, un village près de St. Gilgen. Vu la situation (si on pense qu'aujourd'hui ce village compte un peu plus de 3000 habitants partagés en 7 hameaux et qu'à l'époque ils étaient encore moins nombreux) une telle charge ne devait pas être un honneur particulier et encore moins bien rémunéré. A la mort du père, en 1724, la famille vivait dans la pauvreté, pire encore, avec des dettes qui allaient au delà de mille florins et qui portèrent à la saisie des biens. Cette si-tuation amena son épouse à la décision (avec deux filles en bas âge, une desquelles mourra peu après) de déménager à Salzbourg, lieu d'origine de la famille, où cependant il menèrent une vie de misère et survivaient uniquement grace à un subside de la municipalité et à de petits travaux domestiques pour d'autres familles. la rencontre entre Anna Maria et Léopold eu donc certainement lieu à Salzbourg.

Les habitudes culturelles paysannes acquéries à St. Gilgen et dans le milieu des déshérités de Salzbourg, durent certainement influencer la formation d'Anna Maria qui démontre, de ce qui émane des sources, une certaine spontanéité et une 29

Diego Minoia - Les Mozart comme ils étaient

1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart simple joie de vivre et le goût pour la plaisanterie paysanne, quelques fois assez vulgaire. Des caractéristiques transmises à son fils Wolfgang ainsi que des dons

"poétiques" dans la capacité de rimer toutes les paroles qui ont à voir avec les fonctions intestinales.

Voici quelques fragments d'une composition rimée, envoyée par un Amadeus âgé de vingt-deux ans, à sa mère le 31 janvier 1778: " (...). Il s’agit également de personnes qui portent de la merde dans leur ventre/mais qui la font sortir aussi bien avant qu'après la frénésie. Nous faisons toujours des flatulences la nuit/de manière telle qu'elles résonnent vaillamment (...). Maintenant nous sommes partis depuis plus de huit jours/et nous avons déjà chié en grande quantité." Par souci d'équité, nous devons dire que de tels sommets littéraires n'immunisaient même pas le père, au moins en ce qui concerne l'utilisation d’obscénités parmi les membres de la famille.

Mais revenons à Anna Maria. Ce qui suit est un des exemples les plus fameux, tiré d'une lettre de madame Mozart âgée de cinquante-trois ans et envoyée de Monaco en Bavière à son mari Léopold (resté à Salzbourg): " Adieu mon bien aimé, (en italien dans le texte original NdA), vit sainement, étire ton cul jusqu'à ta bouche. Je te souhaite une bonne nuit, chie dans ton lit jusqu'à ce qu'il ne craque, il est déjà une heure du matin, tu peux maintenant continuer la rime toi même". Monaco, 26/09/1777. La traduction de l'allemand, au delà de la signification sans équivoque, ne permet pas de comprendre pleinement le ton ludique, du fait que le texte est en rime plate et se termine par une devinette, de nouveau d'un caractère fécal. Cette même "poésie" fut ensuite utilisée par Wolfgang comme texte d'un de ses Canons composé aux environs de 1788 (à Vienne) pour l'amusement de ses amis, “Bona nox! Bist a rechta Ox” (Bonne nuit ! Tu es un vrai bœuf), à 4 voix a cappella D'une culture réduite (chose entre autre commune pour la grande partie de la population de ce temps là, surtout si du genre féminin), Anna Maria eut toujours un rôle subordonné tant envers son mari qu'envers son fils, comme elle le démontre lors de son voyage à Paris qui lui fut fatal, durant lequel elle resta passive devant les indications de son mari de Salzbourg et les aspirations divergentes de Wolfgang. Elle ne connaissait pas de langue différente de l'allemand "de Salzbourg" au point que durant les voyages en Europe fait par la famille, elle fréquenta pratiquement uniquement des allemands expatriés pour des fonctions publiques ou commerciales.

Nous pouvons lui reconnaître un bon caractère mais, en ce qui concerne la culture et le savoir vivre en société (malgré les fréquentations successives dans les cours européennes qui vont ensuite certainement la civiliser) elle en manquait.

Voici un exemple de sa manière plutôt erronée de s'exprimer par écrit (et j'imagine que son élocution était également semblable): "(...) j'espère que Nannerl tu 30

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1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart es bien, qu'est ce que fait mon bimper (le chien des Mozart NdA), est un bout de temps que

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1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart je n'entends rien de lui... " Lettre de Mannheim à son mari, le 31 octobre 1777

comme rapporté par W. Hildesheimer. Elle eut l’opportunité d'améliorer ses propres manières en fréquentant dès le début les groupes d'amis salzbourgeois de la famille (tant de petite noblesse locale que de bourgeois aisés) et, par la suite, certaines des principales cours européennes grace aux exhibitions de ses deux fils comme enfants prodiges.

Anna Maria ne participa pas aux trois voyages en Italie faits par Léopold avec leur fils, elle resta à Salzbourg avec sa fille, tandis qu'elle du accompagner Wolfgang dans son voyage pour Monaco - Mannheim - Paris à cause du refus de la part de l'Archevêque de permettre à Léopold de s'absenter de nouveau de ses services. Elle mourra le 3 juillet 1778 à Paris, à 57 ans, et sera enterrée dans le cimetière de la paroisse de Saint-Eustache.

La sœur

Maria Anna Walburga Ignatia Mozart (1751-1829)

La sœur aînée de Wolfgang, étant née cinq ans avant lui, eut aussi une formation musicale qui l'amena à être une bonne claveciniste/pianiste. Grace à la correspondance des Mozart nous savons qu'en famille elle était familièrement appelée par le terme Nannerl (Nannina, Annetta). A l'âge de sept ans son père commença sa formation musicale en lui enseignant le clavecin, le piano et le chant. Très liée à son frère cadet, avec lequel elle entreprit ses premières longues tournées européennes en tant qu'enfant prodige, elle fut cependant moins considérée par son père que Wolfgang

 

Les raisons de cette attitude, si on l'examine d'un œil moderne, mais certainement discriminatoire, sont au moins au nombre de deux: ayant cinq ans de plus que Wolfgang, Maria Anna attirait moins l'attention en tant qu' "enfant prodige" et sa carrière en ce sens était destinée à être plus brève. Un témoignage du traitement différent que le père assumait par rapport aux deux enfants et qui, sous un regard moderne ne fait certainement pas honneur à Léopold Mozart, concerne deux cas de maladie suivie de guérison: en novembre 1765, au retour de Londres (durant le premier grand voyage affronté par la famille toute entière) Nannerl tomba malade, en Hollande, d'une maladie pulmonaire tellement grave qu'on lui administra l'extrême onction, craignant sa mort imminente.

Heureusement la fillette guérit et Léopold écrit à l'ami fidèle Hagenauer de faire réciter 6 messes de remerciements dans différentes églises de Salzbourg. Le mois suivant, toujours à L’Aja, Wolfgang tomba malade d'une espèce de fièvre 31

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1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart typhoïde et à sa guérison, Léopold commanda de faire réciter 9 messes (3 en plus que celles dédiées à la guérison de sa sœur).

Le père Léopold, comme nous disions, concentra son "investissement" en temps, énergies et attentes sur son fils cadet, plus jeune et sans doute plus doué (mais nous ne pouvons pas savoir si Nannerl aurait donné plus de résultats en comparaison de son frère si elle avait été suivie et soutenue comme lui!). D'une lettre de Wolfgang à sa sœur on apprend qu'elle aussi avait quelques activités compositrices, cependant, la correspondance du père Léopold ne cite en aucun cas les compositions ou activités créatives de sa fille, qui du reste ne nous sommes pas parvenues. Le niveau artistique-créatif de Nannerl reste donc, en ce moment, une inconnue sans solution.

La seconde raison de la différence de traitement, typique de l'époque, concerne le fait d'être une femme. A l'époque l'idée de l'infériorité féminine était diffuse et incontestée et Léopold Mozart n'en pensais pas moins, dans la lettre du 12 février 1756 à l'éditeur Lotter de Augusta, en se plaignant des retards dans l'édition de son livre École de violon, il écrivait ainsi: "Oh, si madame Lotter pouvait arranger le lettrage aussi bien qu'elle a mis un beau petit garçon sur les genoux de la sage-femme au lieu d'une demi-note. Oh, je sais que le livre serait prêt depuis longtemps" . La demi-note opposée au beau petit garçon est à entendre comme une fille. A cela nous ajoutons la considération, tout aussi diffusée, que les femmes n'étaient pas en mesure de rejoindre l'excellence dans l'art et qu'il était même inadéquat, pour une femme de bonne moralité, de fréquenter les scènes et vivre avec des voyages continus et des rencontres de tous genres. L'objectif d'être modeste et trouver un bon parti avec qui former une famille était prioritaire même par rapport au talent artistique.

En effet, Nannerl sacrifia sa propre carrière en s'occupant de son père après la mort de sa mère et en respectant ses bons vouloirs jusqu'à renoncer à un amour vrai (le Conseiller militaire de la Cour, le Majeur Franz Armand d'Ippold qui demanda sa main sans obtenir la permission du père Léopold) elle maria, de nombreuses années après, un veuf avec des enfants et en plus beaucoup plus âgé qu'elle, mais bien vu par le père.

Il est curieux de constater que les "relations musicales" ne concernaient pas seulement la partie masculine des familles mais également celle féminine. Si Léopold Mozart, et par la suite également Wolfgang, fréquentèrent en termes d'amitié Eberlin et Adlgasser (le premier organiste et ensuite Kapellmeister, le second organiste de Cour), les filles respectives fréquentaient Nannerl. Dans son Journal, par exemple, la jeune fille nous dit que le 26 septembre 1777 Waberl Eberlin lui a rendu visite et Viktoria Adlgasser la peignée.

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Diego Minoia – Les Mozart comme ils étaient

1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart Devenue trop "âgée" pour être une "petite fille prodige" reléguée à Salzbourg avec sa mère, tandis que son frère et son père entreprirent les trois voyages formatifs en Italie. Et également ensuite lorsque Wolfgang entreprit l'ennième voyage vers Monaco et Paris accompagné par sa mère (Léopold n'avait pas reçu la permission de s'absenter) elle resta à Salzbourg avec son père. Maria Anna se rappellera certainement avec regrets ses jeunes succès et les concerts auprès des Cours européennes au cours desquels elle s'était produite seule et en couple avec son frère. Elle continua de donner des leçons de musique pour contribuer au bilan familial et à être copiste pour les musiques que son frère et son père lui demandaient durant leurs voyages.

Les annotations sur son journal, avant qu'elle ne se marie, même si couronnées de termes français provenant de la bourgeoise moyenne avec un semblant d'internationalité (la comédie, en visite etc...) nous transmettent un sens de tristesse si l'on voit comment ses journées se passaient, entre l'annotation d'une mort, l'arrivée à Salzbourg d'un éléphant ou d'un "docteur des chiens ", entre des rencontres avec les amies qui la peignaient, prenaient un café, l'accompagnaient au marché, jouaient aux cartes et aux fléchettes... et naturellement repassaient et s'occupaient du père et du chien de la famille, un fox terrier, Miss Pimperl (ou Bimbes comme écrit Wolfgang de Vienne en août 1773). Le 3 septembre 1777 sa journée se réduit, comme elle l'écrit, à se peigner seule, la messe à 10.30, acheter un "cordon" pour sa chemise de nuit et se promener avec une amie.

Le lien avec son frère, très fort durant l'enfance et dans sa jeunesse, s'affaiblit avec la croissance de Wolfgang et devient toujours plus détaché après le départ du frère pour Vienne (1781), surtout après la mort du père. Dans les lettres qui nous sont parvenues après le décès de Léopold, il semble que Wolfgang, au delà des paroles de circonstance, était principalement intéressé à sa part d'héritage et préoccupé qu'il n'y ait un compte à son détriment. En effet, une fois le calcul effectué, il demanda que le paiement soit effectué en monnaies viennoises et non salzbourgeoises, avec un avantage en sa faveur dans le change.

En 1784, à 33 ans (à l'époque un âge décidément avancé pour une jeune fille sans mari) Nannerl épousa Johann Baptist von Berchtold zu Sonnenburg, de quinze ans plus âgé qu'elle, déjà deux fois veufs et père de cinq enfants auxquels s'en ajoutèrent trois générés par Nannerl. Son mari, provenant d'une famille de récente petite noblesse, n'avait pas semble t'il un bon caractère ce qui rendit la vie commune de Maria Anna malheureuse, elle du en plus s'occuper également des enfants des précédents mariages de son mari. Léopold Mozart, après avoir refusé tous les précédents prétendants de sa fille, la maria par convenance en recevant de la part de von Berchtold 500 florins comme Morgengabe (le don du matin, 33

Diego Minoia - Les Mozart comme ils étaient

1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart selon la tradition allemande faite le matin suivant les noces) et comme praetium virginitatis (le prix pour la virginité de l'épouse).

Après son mariage, Maria Anna déménagea à S. Gilgen, le même village natal de sa mère, à quelques heures de calèche de Salzbourg, lieu où son mari exerçait sa fonction de magistrat et où, en 1792, il obtint le titre de Baron. Clarifions cependant que les titres de noblesse, à cette époque, n'avaient déjà plus le poids et le prestige des temps précédents: les titres étaient attribués avec une certaine facilité, et souvent, acquis par les familles bourgeoises devenues riches.

Du reste, rappelons que le comte Arco, célèbre pour avoir licencié Wolfgang avec un pieds dans le cul, était un noble mais n'était rien d'autre que le fonctionnaire responsable du cérémonial et "Grand maître cuisinier" du Prince-Archevêque (il commandait les cuisiniers, les laquais... et les musiciens ). Après la mort de son mari, en 1801, Maria Anna déménagea de nouveau à Salzbourg où elle continua son activité d'enseignante de piano. Dans ses dernières années, elle devint aveugle et meurt à l'âge de soixante-dix-huit ans.

Le père

Johann Georg Leopold Mozart (1719-1787) est né dans la ville allemande d’Augsbourg (Augusta) d'un second mariage de Johann Georg Mozart, artisan relieur, avec Anna Maria Sulzer, provenant d'une famille de tisserands transférés à Augusta de Baden Baden. On les voit dans l'arbre généalogique des Mozart durant les trois siècles qui précédents dans la Souabe bavaroise, une zone géographique à l'ouest de Monaco qui comprenait les alentours d'Augusta en descendant jusqu'aux frontières actuelles de l'Autriche. les ancêtres de Léopold furent des paysans, maçons et artisans (tisserands et relieurs de livres) qui quittèrent la province pour s'installer en ville, c'est à dire à Augusta.

Léopold fut le premier fils du couple Johann Georg/Anna Maria Sulzer, qui eut en tout huit enfants et dont seulement cinq survécurent à l'enfance.

Différemment de ses frères, qui continuèrent l'activité de la famille dans le secteur de la reliure, Léopold fut destiné à la carrière ecclésiastique sur insistance de son parrain, le doyen de la Cathédrale d'Augusta, Johann Georg Grabher, qui avait remarqué ses dons particuliers pour les études. Après l'école primaire il fut inscrit, à partir de 1727, au Gymnasium qui prévoyait un parcours d'études de six ans mais que Léopold compléta avec deux années de retard (on ne sait pas si les raisons furent la maladie ou bien la résistance à la discipline et au parcours vers la prêtrise) en 1735, il se diplôma avec grande distinction. Sa culture de base peut être considérée, compte tenu des temps, certainement supérieure à celle du citoyen moyen. L'école des jésuites était en effet reconnue en ville et dans les ré-

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Diego Minoia – Les Mozart comme ils étaient

1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart gions voisines, comme un centre culturel de haut niveau, autant qu'on y inscrivait les fils de la noblesse et de la bourgeoisie aisée.

Le programme d'études prévoyait des cours pluriannuels de latin et grec, philosophie, logique mais également mathématique, sciences naturelles, théologie et rhétorique. Durant ces années d'études Léopold eut également une formation musicale pour le chant (il chanta dans des cérémonies religieuses et des spectacles de théâtre), les instruments à claviers (organe et clavecin) et le violon. On sait qu'il a participé à différentes exécutions scolaires et à huit représentations théâtrales comme acteur et chanteur.

Il est important de souligner qu'en ces temps là la formation instrumentale n'était pas séparée des éléments de composition, considérons également le fait que les meilleurs instrumentistes devaient également savoir improviser et pour pouvoir le faire, ils devaient acquérir au moins les bases qui pouvaient leur permettre de se déplacer sur des schémas harmoniques et varier les mélodies en modulant au moins les tonalités les plus proches. Après le Gymnasium il fut inscrit au Lyceum des Jésuites (durée prévue de deux ou trois ans) après la mort de son père, nous le voyons cependant interrompre les études avant la fin de la première année.

A ce point, il aurait pu remplacer son père dans l'activité familiale (la reliure), ou bien reprendre ses études pour terminer son parcours de formation sacerdotale. Bien évidemment, il ne termina ni l'une ni l'autre option, quitta Augusta (en abandonnant sa mère veuve avec ses frères cadets) pour s'installer à Salzbourg et s'inscrire à l’université bénédictine locale, auprès de laquelle il étudia la philosophie et le droit, au début avec de bons résultats (le 22 juillet 1738

il obtint son Baccalauréat en philosophie avec grande distinction dans l'examen de logique). Dans les registres de l'université salzbourgeoise nous trouvons le document concernant son inscription le 7 décembre 1737, comprenant toutes les généralités, provenance, études précédentes et taxe d'inscription. Les étudiants pauvres et méritants étaient exempt de la taxe d'immatriculation. Léopold paya une Taxe d'immatriculation de 45 Kreutzer, plus par rapport aux autres étudiants de la même liste, qui payèrent 40 ou 30 Kreutzer.

 

Il commença ensuite à étudier la Philosophie, un cours de deux ans qui comprenait également la Logique, l’éthique et la Physique (le cours de Philosophie était obligatoire pour tous les étudiants, après l'avoir réussi ils pouvaient choisir l'adresse finale de leurs études: Théologie, Droit ou Médecine).

Le 22 juillet 1738, durant une cérémonie solennelle qui eut lieu à 8 heures dans le Grand Salon de l'Université, les Baccalauréats furent proclamés (une sorte de première licence) selon l'ordre des résultats scolaires obtenus: Léopold se classa 49è sur 54 étudiants, pas vraiment un excellent résultat.

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Diego Minoia - Les Mozart comme ils étaient

1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart Quelque chose cependant l'éloigna de ses engagements universitaires (peut-

être l'étude de la musique, sa vrai passion? Ou bien la connaissance de celle qui deviendra son épouse ? Probablement ces deux éléments) et en 1739 il fut expulsé de l'Université à cause d'un manque d'application et trop d'absences. Nous le retrouvons peu après, engagé comme Kammerdiener (valet de chambre) avec des fonctions de musicien violoniste, auprès du comte Johann Baptist von Thurn-Valsassina et Taxis, chanoine de la Cathédrale. Durant ces années d'études et d'approfondissement musical, en plus autodidacte, vu que nous ne trouvons aucun nom de ses enseignants (à l'exception de quelques probables supervisions de la part de sa connaissance Eberlin, à ce moment organiste de Cour et ensuite Kapellmeister), il composa ses premiers morceaux: les 6 sonates d'Église et de Chambre op.1, dédiées à sa "patronne", comme on disait à l'époque sans aucun problème.

Il s'aventura aussi dans la composition de cantates, pièces vocales avec solistes et chœurs, accompagnées de l'orgue et d'instruments plus ou moins nombreux.

L'ambition et la persévérance ne durent pas lui manquer vu que trois ans après, en 1743, Léopold Mozart fut engagé comme quatrième violon dans l'orchestre du Prince Archevêque de Salzbourg, Léopold Anton Freiherr von Firmian. Grace à cet emploi (au début sans salaire mais ensuite rétribué) qui garantissait un revenu régulier, même s'il n'était pas riche, il fut en mesure de se marier en 1747 avec Anna Maria Pertl. A ses fonctions de violoniste s'ajoutaient celles d'enseignant de violon et piano pour les jeunes choristes de la Cathédrale, une expérience qui lui fut utile pour les futures nécessités didactiques: l'enseignement fourni à ses propres enfants et la rédaction d'une méthode pour violon, qui vit sa première édition en 1756, l'année de la naissance de son fils Wolfgang. Sa carrière sembla progresser avec un rythme assez régulier.

En 1758, il devient premier violon de l'orchestre princier et Compositeur de Cour, avec un salaire annuel qui était en moyenne de 400 gulden (également appelés florins). En 1763 enfin, le prince archevêque Siegmund Christoph von Schrattenbach, auquel il avait dédié son École de violon, le nomme Vice Maître de Chapelle. Juste pour avoir un point de comparaison concernant les salaires des musiciens durant ces années, on remarque que Franz Joseph Haydn, en 1759, lorsqu'il était au service du comte von Morzin, gagnait 200 Florins annuels et en 1761, lorsqu'il commença son service auprès du Prince Hesterhazy, comme Vice Maître de Chapelle il en gagnait 400 par an.

Malheureusement, en 1763, Léopold commença à demander de longues permissions rétribuées pour accompagner ses deux fils en tournées, comme enfants prodiges. Il dédia sa vie à la formation musicale et au succès de ses 36

Diego Minoia – Les Mozart comme ils étaient

1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart enfants, en s'exaltant probablement avec les habitants de Salzbourg pour les premiers

succès

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1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart obtenus (qu'il mettait abondamment en évidence dans les lettres qu'ils s'empressait d'envoyer à son employeur et à ses concitoyens).

La peur de ne pas parvenir à arriver au poste tant convoité de Maître de Chapelle transforma son caractère en quelqu'un de perpétuellement méfiant, toujours prêt à se plaindre de complots réels ou présumés contre lui et ses enfants. D'autre part, l'arrogance avec laquelle il se montrait quelque fois trop sûr de lui et de ses jugements, le rendit non aimé tant à Salzbourg que dans les Cours européennes où il s'arrêta. Il transmis bien évidemment ce trait de caractère également à son fils, souvent hautain envers les autres musiciens retenus tous, sans aucune exception, inférieurs à lui.

Léopold Mozart: l'homme, le musicien, l'enseignant, le père L'homme

Son caractère ambitieux et sa composante de jalousie humainement compréhensible firent de Léopold un homme éternellement mécontent de sa condition, en cela probablement influencé par la caractéristique attribuée aux suades qui étaient décrits comme en même temps mélancoliques et têtus dans la poursuite de leurs propres objectifs, ainsi que fourbes (nous trouverons d'amples témoignages de cette ruse, souvent dans les affaires, dans la correspondance que nous approfondirons dans les prochaines sections du livre). La formation culturelle, d'un courant discrètement illuministe, lui fit entrevoir un monde possible, fait de belles âmes visant à soutenir les faibles et les méritants.

La réalité des choses, découverte et souvent mal vécue, comme un affront à la proposition artistique offerte par la famille Mozart, le vit enthousiaste pour les grands éloges, les dons, les honneurs reçus. Mais aussi, progressivement, mesurer la distance entre les promesses de la noblesse et les décisions qui en dépendaient, entre les engouements soudains pour les dons extraordinaires de ses enfants (en particulier, naturellement, de Wolfgang) et les tout aussi rapides volte-faces d'une aristocratie superficielle toujours prête à encenser le nouvel arrivé "le dernier arrivé sur la scène" en obscurant celui qu'ils avaient admiré (surtout si, comme Wolfgang, il ne savait pas gérer les délicats équilibres des relations avec ceux qui se sentaient supérieurs de par leur caste).

Ce fut certainement comme rapporté par beaucoup, un homme " que l'on aimait difficilement", " un esprit sarcastique" même si de nombreux amis le fréquentaient et l'estimaient. Ils eurent certainement la patience d'entendre plusieurs fois ses récriminations contre ceux qui ne reconnaissaient pas les mérites qu'il retenait d'avoir. Dans son journal, Dominikus Hagenauer, fils de l'ami et patron de la 37

Diego Minoia - Les Mozart comme ils étaient

1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart maison des Mozart à l'époque de l'appartement à Getreidegasse, écrit à l'occasion de la mort de Léopold: "Un grand homme intelligent et sage (...) qui eut dans la patrie le mauvais sort d'être persécuté et fut moins aimé par nous que dans d'autres pays d'Europe". Tant les plaintes de Léopold que ses descriptions des incroyables succès obtenus (selon ses paroles, vu que souvent ses paroles ne sont pas confirmées par les témoignages d'autres personnes) au cours de ses voyages, semblent résonner dans ces paroles. Descriptions, nous devons le rappeler, insérées dans les lettres envoyées à Hagenauer père (qui sait combien de fois reproposées au retour de ses voyages) destinées à être diffusées, selon les indications précises de Léopold Mozart, auprès des salzbourgeois pour qu'elles puisent arriver au siège de l'Archevêque.

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