Les Mozart, Comme Ils Étaient (Volume 1)

Текст
Автор:
Читать фрагмент
Отметить прочитанной
Как читать книгу после покупки
Шрифт:Меньше АаБольше Аа

Au théâtre: la vie théâtrale à Salzbourg n'était pas régulière car il n'y avait pas toujours une Compagnie théâtrale résident en ville. Par contre, lorsqu'arrivaient les périodes privilégiées pour les représentations (comme au temps du Carnaval) un grand nombre de textes étaient représentés, avec et sans musique et ballets. Un exemple: durant la période entre le 16 janvier 1783 et le 12 février 1783 onze différentes "comédies" furent représentées, en alternance avec des Sérénades, une opérette, trois "comédies" françaises, deux bals dans la salle de la municipalité (65

personnes présentes au premier et 160 au second), ainsi que quatre autres bals de Carnaval.

17

Diego Minoia - Les Mozart comme ils étaient

1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart Les musiciens fameux de passage: comme dans toutes les Cours européennes, même à Salzbourg des musiciens fameux arrivaient fréquemment, vertueux de leur instrument, ils voyageaient continuellement parmi les plus importants centres culturels et politiques du continent. Une exemple, repris dans le Journal de Nannerl, est l’arrivée en ville du fameux hautboïste Friedrich Ramm, qui rejoint le célèbre orchestre de Mannheim dès l'âge de 14 ans et grand vertueux de cet instrument, il se produit à la Cour de Salzbourg lors de deux concerts avant de repartir pour l'étape suivante de sa tournée, Monaco.

Les excursions hors de la ville: durant la belle saison, on organisait fréquemment des excursions à pieds ou en calèche, dans les alentours de la ville. Parmi les destinations les plus appréciées le Sanctuaire de Maria Plain, le Mönchsberg (une des deux basses montagnes qui surmontent Salzbourg, sur lesquelles s'élèvent la forteresse Hohensalzburg et le monastère féminin) et le Kapuzinerberg (Mont des Cappucins, de par le monastère qui s'y trouve).

Les jeux: durant les réunions d'amis, dans la maison des Mozart ou dans celle des connaissances, on jouait. Les jeux de cartes étaient presque quotidiens (souvent tresette et tarots, mais également d'autres jeux avec de petites mises d'argent). On jouait également aux fléchettes, avec des fusils à air comprimé et des prix pour le vainqueur, qui devait cependant payer à boire à toute la compagnie. Un autre jeu de société pratiqué était celui des broches, une espèce de bowling. Dans une note de 1783 du Journal de Nannerl apparaît pour la première fois le terme "Loterie", probablement le jeu du lot ou quelque chose de semblable au bingo. le Lot, diffusé depuis très longtemps sous différentes formes dans d'autres pays européens (Jeu du Séminaire, Lot de la vieille fille etc.), se diffusa durant la seconde moitié du XVIIIè siècle en Autriche. Il n'est pas improbable que ça soit Wolfgang Mozart lui même qui l'ait fait connaître à son groupe d'amis une fois rentré à Salzbourg après son mariage avec Constance à Vienne. Il est possible qu'il ait connu ce jeu à Vienne, où il y vivait à l'époque depuis deux ans et où toutes les nouvelles modes arrivaient avant qu'à Salzbourg. En effet, avant ce moment on ne trouve aucune trace de ce jeu dans le Journal de Nannerl.

La musique à la Cour des Princes Archevêques de Salzbourg Pour comprendre les dimensions de l'aspect musical dans une Cour assez riche mais quand même petite, comme celle de Salzbourg nous prendrons en considération les informations contenues dans un article concernant l'institution 18

Diego Minoia – Les Mozart comme ils étaient

1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart musicale de Salzbourg, publié à l'époque sur un journal de Berlin. L'article est apparu

de

17

Diego Minoia - Les Mozart comme ils étaient

1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart manière anonyme mais est attribuable à Léopold Mozart, vu que sa présentation est la plus longue et la plus détaillée de toutes et si l'on considère qu'il correspondait avec le directeur du journal. On y cite une centaine de musiciens appartenant à la Chapelle musicale archiépiscopale, des instrumentistes à cordes (une vingtaine), des claviéristes (deux), des instrumentistes à vent (une dizaine entre bois et cuivres), sans compter les instrumentistes supplémentaires pour les occasions et les fêtes spéciales, tout comme une dizaine de trompettistes et timpanistes.

Aux instrumentistes s'ajoutent ensuite les chanteurs solistes (une dizaine d'ensembles complets comprenant des sopranos, des ténors, des basses), le chœur (une vingtaine d'hommes dont altos/falsettistes, ténors et basses) et le chœur de voix blanches comprenant 15 garçons. La quantité ne correspondait cependant pas toujours à la qualité musicale, si nous nous en tenons aux paroles de Wolfgang Mozart écrites de Paris à son père le 9 juillet 1778 : "Un des principaux motif pour lequel je déteste Salzbourg est l'orchestre de Cour, vulgaire, misérable et bâclé... C'est sans doute pour cette raison que chez nous la musique n'est ni aimée ni prise en considération. Si seulement les choses allaient ici aussi bien qu'à Mannheim! Quelle discipline dans cet orchestre!"

Le voyageur anglais Charles Burney nous dit également, même sans jamais avoir été personnellement à Salzbourg, mais étant informé par son correspondant en 1772, que l'Archevêque Colloredo était un bon violoniste débutant qui était en train d'essayer d'améliorer son orchestre de toutes les manières possibles

"l’orchestre se faisait remarquer, selon certain, davantage par le bruit et la grossièreté que par la délicatesse et la perfection" . Ce même correspondant, qui était allé chez Mozart, informait Burney de la situation des deux ex enfants prodiges: "Le jeune homme, qui durant son enfance a émerveillé toute l'Europe par sa surprenante précocité, est encore aujourd'hui un grand maître de son instrument" . Nannerl "désormais en possession de toutes ses possibilités ne démontre pas de dons extraordinaires" . Enfin un jugement sur les dons de Wolfgang âgé de seize ans en ce qui concerne la composition, à confronter avec les paroles enthousiastes de Léopold pour comprendre qu'ils n'avaient pas tous la même opinion: "Si je dois en juger à partir de la musique que j'ai entendue, composée pour un orchestre par le jeune Mozart, je la considère encore un exemple de la précoce floraison, plus étonnante qu'excellente".

Si les nombres cités semblent exagérés aux yeux de certains (et ils l'étaient peut-être, si l'on considère le niveau de pauvreté dans lequel vivaient les sujets qui, avec leurs taxes, contribuaient au soutien des dépenses de la Cour) voici un autre exemple en Allemagne en 1772. Mannheim, petite capitale (environ 25000

habitants en 1766, environ comme à Salzbourg) siège du Prince Électeur du 19

Diego Minoia - Les Mozart comme ils étaient

1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart Palatinat et du plus fameux orchestre de son temps. Burney nous dit qu'il y avait presque cent musiciens et chanteurs (23) au service du prince et que beaucoup d'entre eux étaient italiens (comme les chanteurs Roncaglio, Pesarini et Saporosi).

La considération que le Prince attribuait aux musiciens, chose non commune à l'époque, est clarifiée par une libéralité spécifique: dans la liste des 100 musiciens, tous n'étaient pas en "service effectif", certains pour des motifs de vieillesse ou de maladie. Eh bien, le Prince garantissait à tous les musiciens ayant perdu de l'habileté au travail une bonne pension jusqu'à ce qu'ils restent résidents à Mannheim, cette pension aurait continué à être versée, même si seulement la moitié, également dans le cas d'un déménagement sur leur territoire de naissance ou ailleurs. Les avantages pour les courtisans de l'Électeur Palatinat, du reste, ne se limitait pas à cela vu que pour le transfert d'été dans la résidence de Schwetzingen, son Altesse se faisait accompagner par 1500 personnes, toutes logées et nourries aux frais du Prince (mais il vaudrait sans doute mieux dire aux frais des contribuables de Mannheim).

Un autre exemple, encore plus coûteux, qui indique la perception sociale que les classes inférieures avaient des dépenses artistiques faites par les souverains?

Le voici: Ludwigsburg, nouveau siège en 1772 de la Cour du Duché de Württemberg, après le départ de Stuttgart. L'italien Niccolò Jommelli (1714-1774) au service du Duché dès 1754 en tant que Maître de chapelle et compositeur, dirigea les saisons théâtrales de la cour qui étaient considérées les plus splendides et somptueuses. Les frais pour les installations théâtrales et musicales, cependant, furent tellement énormes qu'ils aggravèrent à un tel point le prélèvement fiscal que les citoyens s'adressèrent au Régime Impérial (assemblée comprenant l'Empereur et les plus influents Princes de l'Empire) en protestant car ils considéraient excessifs les frais à charge de la communauté.

Le résultat des contestations fut la réduction de 50% des salaires des musiciens, ce qui provoqua la "fuite" des meilleurs auprès des Cours moins économes (en 1770 même le contrat de Jommelli fut annulé). En 1772, cependant, l'orchestre du Duc de Württemberg sous la direction du violoniste italien Antonio Lolli (premier violon soliste qui dans les années précédentes, grace à son extraordinaire talent avait vu son salaire augmenter de 700 florins à 2000) pouvait encore compter sur 18 violons, 6 altos, 3 violoncelles, 4 contrebasses, 4 hautbois, 2 flûtes, 3 cors et 2

bassons (42 musiciens) auxquels nous devons ajouter 2 organistes principaux.

Plus les chanteurs, presque tous italiens, pour l'opéra sérieux (2 sopranos, 2 altos, 2 castrés) et pour l'opéra comique (3 voix féminines et 5 voix masculines), 32

danseurs, hommes et femmes, ainsi que les transporteurs d'instruments, les souffleurs pour l'opéra et les copistes pour la préparation des partitions à distribuer aux musiciens. Ici aussi nous trouvons une liste de 90 artistes 20

 

Diego Minoia – Les Mozart comme ils étaient

1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart pensionnés. Burney nous communique également une nouvelle particulière, c'est à

dire

que

la

Cour

de

19

Diego Minoia - Les Mozart comme ils étaient

1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart Württemberg, avait à disposition 15 chanteurs castrés, car elle pouvait disposer de deux chirurgiens bolognais "experts dans ce genre d'interventions qui agissent sur la voix".

Les musiciens de la Cour de Salzbourg

Connaître les musiciens qui se sont succédés progressivement dans les différents rôles apicaux au service de la Cour de Salzbourg, peut nous permettre de comprendre qui fréquentait la famille Mozart et, certainement, comprendre également pourquoi Léopold, après différentes avancées de carrière, s'arrêta de manière définitive au rôle de Vice Kapellmeister. Les noms de ces musiciens se trouvent occasionnellement aussi dans la correspondance de Mozart, quelques informations les concernant peuvent donc nous être utiles pour mieux comprendre les situations et les relations qui influencèrent la vie des Mozart.

Lorsque Léopold Mozart fut engagé en 1743 comme violoniste dans l'orchestre du Prince Archevêque de Salzbourg, on trouvait aux sommets musicaux de la ville, Johann Ernst Eberlin (organiste de Cour en service depuis déjà 17 ans et ensuite devenu Kapellmeister, en 1750) et Anton Cajetan Adlgasser (engagé d'abord comme choriste et ensuite en remplacement d'Eberlin dans le rôle d'organiste de Cour). Ces deux musiciens, tous deux provenant de la Bavière, étaient donc les deux directs supérieurs de Léopold qui certainement, en plus d'aspirer à l'emploi qu'ils occupaient, plus important et rémunéré que le sien, tira quelques profits de la connaissance de leurs compositions, dans son parcours formatif en tant que compositeur.

Johann Ernst Eberlin (Jettingen 1702 - Salzbourg 1762) Le parcours formatif d'Eberlin fut assez semblable à celui de Léopold Mozart, duquel il fut ami, enseignant et probablement également mentor dans le milieu musical de la Cour. En effet, tout comme Léopold, Eberlin étudia au lycée des Jésuites d'Augusta, où il reçut une formation musicale, il se rendit ensuite à Salzbourg pour étudier le droit à l'Université bénédictine, mais là aussi comme Léopold, il abandonna les études après deux ans. Engagé en 1727 comme organiste (à l'époque de l'Archevêque Firmian, dont presque 20000 habitants de son gouvernement furent contraints d'émigrer), il obtint en 1749

contemporainement les charges de Kapellmeister de Cour et DomKapellmeister, c'est à dire Directeur des cours et des formations instrumentales pour toutes les cérémonies de la Cathédrale de Salzbourg. Eberlin fut un compositeur estimé et le même Léopold Mozart eut une bonne opinion de ses musiques qui cependant, furent bien vite oubliées. Ses morceaux pour clavier, 9 Toccatas et fugues pour 21

Diego Minoia - Les Mozart comme ils étaient

1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart orgue, furent demandées par Wolfgang en 1782, tandis qu'il se trouvait à Vienne et découvrait les fugues de Bach, grace aux soirées chez le Baron van Swieten.

Probablement que l'intention de Wolfgang était de les utiliser pour approfondir l'étude de la Fugue ou, peut-être, comme cela était déjà arrivé dans le passé, se les attribuer (ce qui expliquerait sa requête de les recevoir en secret en demandant à son père à Salzbourg de les copier) en acquérant la bienveillance de van Swieten, grand estimateur de la polyphonie bachienne. Dans une lettre du 20 avril à sa sœur Nannerl il écrit cependant: " Si papa n'a pas encore copié les œuvres d'Eberlin, j'en suis heureux, car je les ai reçu en cachette et, et malheureusement j'ai constaté (...) qu'elles étaient trop banales pour mériter un place aux côtés de Haendel et Bach".

Anton Cajetan Adlgasser (Inzell 1729 - Salzbourg 1777) Une fois transféré dans la région de sa naissance, la Bavière à Salzbourg, il fut élève d'Eberlin (dont ensuite il épousa la fille) et fut organiste de la Cathédrale jusqu'à sa mort (Wolfgang Mozart fut son successeur). Il se maria trois fois, la dernière fois avec la chanteuse Maria Anna Fesemayer, en cette dernière occasion, il eut comme témoins pour ses noces, le père et le fils des Mozart dont il était ami et avec qui il collabora pour la réalisation de l'Oratoire Die Schuldigkeit des

ersten Gebots (L'obligation du premier commandement). La composition, en trois parties, vit Wolfgang Mozart âgé de dix ans composer la première, Michael Haydn la seconde, Adlgasser la troisième. Il mourut d'une crise cardiaque, de manière spectaculaire mais en accomplissant la mission de sa vie, en jouant de l'orgue dans la Cathédrale de Salzbourg..

Giuseppe Francesco Lolli (Bologne 1701 - Salzbourg 1778) Engagé en 1722 comme ténor dans l'orchestre de la Cour de Salzbourg, il devient Vice Kapellmeister en 1743 et Kapellmeister en 1762. Léopold Mozart, qui aspirait à la même charge n'apprécia pas la préférence accordée à Lolli, au point d'écrire sur les compositions du rival " Il n'a écrit que quelques oratoires de chambre et des musiques religieuses". En 1772, étant âgé, il fut remplacé par Domenico Fischietti dans le rôle de Kapellmeister.

Johann Michael Haydn (1737-1806)

Frère cadet (même d'un point de vue musical) du grand Franz Joseph, il suivi le même parcours que son frère aîné en devenant à huit ans choriste dans le chœur de la cathédrale de S. Etienne à Vienne. Par la suite, il étudia le violon, orgue et composition et dès qu'il termina ses études, il obtint immédiatement la charge de 22

Diego Minoia – Les Mozart comme ils étaient

1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart Kapellmeister à Gran Varadino, une localité périphérique (en Romania) qui convenait très bien à un jeune musicien qui devait "acquérir de l'expérience". Cinq 21

Diego Minoia - Les Mozart comme ils étaient

1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart années après, en 1762, nous le retrouvons à Salzbourg en remplacement de Léopold Mozart (absent de ses fonctions car engagé dans son premier voyage pourpromouvoir ses jeunes enfants prodiges, à Vienne) et enfin comme Kapellmeister et Maître de concerts (salaire initial de 300 Florins par ans), une charge qu'il recouvra pendant quarante trois ans avec le privilège de pouvoir manger gratuitement à la cantine des officiers.

Les Mozart, tant Léopold que Wolfgang, n'eurent jamais un tel privilège et devaient manger dans les cuisines, avec les domestiques. Léopold et Wolfgang Mozart naturellement eurent de fréquentes relations avec Michael Haydn, qui représenta un modèle pour certaines compositions de la jeunesse de Wolfgang, vu que comme compositeur, il eut une production très ample et dans tous les genres musicaux utilisés à l'époque (symphonies, concerts, sérénades, trios, quatuors, sonates, musiques vocales sacrées et profanes). Certains travaux de Michael Haydn ont été cités dans la correspondance de Mozart car transcrits (pas toujours de manière autorisée) et utilisés pour des fins didactiques, mais peut-être également pour les exhibitions de ses deux fils. Malgré la relation presque quotidienne Léopold Mozart maintint par rapport à Michael Haydn une attitude négative, qui est confirmée dans les lettres à Wolfgang où il dénigre son supérieur en grade en l'accusant d'être un vaurien (cette accusation n'est pas fondée vu l'immense catalogue compositionnel) et un ivrogne. De telles opinions ont certainement été exprimées verbalement dans le groupe des amis de famille et il n'est pas exclu qu'elles soient arrivées également aux oreilles de l'Archevêque, ce qui n’améliora certainement pas son opinion sur l'envieux Léopold.

Domenico Fischietti (Naples 1725 - Salzbourg 1810) Fils de Giovanni Fischietti, Maître de Chapelle et compositeur, après des études musicales à Naples sous le guide de son père et ensuite, entre autre, de Francesco Durante, il débute dans la même ville avec sa première œuvre, Armindo, en 1742.

En 1755 il se rend à Venise où il est le premier qui met en scène en obtenant un grand succès des œuvres comiques sur des textes de Carlo Goldoni. Après des expériences à Prague comme Directeur de la Compagnie théâtrale Bustelli (1764), il fut nommé Kapellmeister à Dresda auprès de la Cour (1766) succédant à Johann Adolf Hasse, avec un salaire annuel de 600 florins. Ayant perdu son poste de travail à Dresda il se rendit à Vienne en 1772, où il connut l'Archevêque de Salzbourg Colloredo qui, appréciant ses dons musicaux, l'engagea pendant trois ans comme compositeur pour la Chapelle de la Cathédrale et collaborateur du Maître de Chapelle Lolli et du vice Léopold Mozart. De 1776 à 1783 il fut Kapellmeister de la Cour de Salzbourg et de la Cathédrale, avec un salaire annuel 23

Diego Minoia - Les Mozart comme ils étaient

1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart de 800 florins. Luigi Maria Baldassarre Gatti lui succéda dans sa charge de Kapellmeister.

Luigi Maria Baldassarre Gatti (1740 - 1817)

Musicalement formé entre Vérone et Mantoue, l'abbé Gatti débuta sa carrière comme ténor auprès de la Chapelle de S. Barbara à Mantoue, mais eut bien vite du succès en tant que compositeur grace à son œuvre Alexandre dans les Indes. En 1769 nous le trouvons comme Vice Maître de Chapelle de l'Académie Royale de Mantoue à peine formée, avec un salaire de 6 sequins de 45 lires. En 1770, à l'occasion du premier voyage des Mozart en Italie, il a l'occasion d'écouter le jeune Wolfgang à Mantoue dans la performance acclamée au Théâtre scientifique (aujourd'hui Théâtre Bibiena, du nom de l'auteur du projet) et connaît les deux salzbourgeois.

En 1778, nous le trouvons à Salzbourg comme Vice Kapellmeister à la Cour et en bons rapports avec les Mozart, tout au moins jusqu'en février 1783 lorsqu'il obtint le poste de kapellmeister à Salzbourg au détriment de Léopold Mozart, qui désirait ce poste depuis des années. Léopold exprime violemment sa colère dans le journal de Nannerl contre une Sérénade de Gatti exécutée dans un théâtre en la définissant " une délicieuse musique italienne davantage pour les oreilles que pour le cœur car elle s'accorde très mal avec l'expression des paroles et avec la vraie passion". Du reste Gatti était un Abbé... et en ce qui concerne les passions, il devait les imaginer. Gatti fut le dernier Kapellmeister de la Cour de Salzbourg car la Principauté fut abolie et le territoire fut absorbé dans les frontières de l'Empire Habsbourg.

Voici une synthèse concernant les musiciens de Cour de Salzbourg durant la période qui intéresse la famille Mozart dans les activités musicales de la Principauté.

Archevêque-Prince: Léopold Antonio Eleuterio Firmian (de 1727 à 1744)

- Kapellmeister: Matthias Sigismund Biechteler (jusqu'en 1743) Karl Heinrich von Bibern (de 1743 à 1749)

- Organiste de Cour: Johann Ernst Eberlin (dès 1727)

- Léopold Mozart - 1737: arrive à Salzbourg. 1740: valet de chambre et musicien auprès du comte Johann Baptist von Thurn-Valsassina et Taxis. Premières compositions. 1743: engagé comme 4° violoniste dans l'orchestre de Cour.

- Archevêque-Prince:Jakob Ernst von Liechtenstein-Kastelkorn (de 1745 à 1747) 24

Diego Minoia – Les Mozart comme ils étaient

1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart

- Kapellmeister: Johann Ernst Eberlin (jusqu'en 1749 à 1762)

- Organiste de Cour: Johann Ernst Eberlin (dès 1727)

- Léopold Mozart - 1744: en plus de violoniste il devient professeur de violon et clavier pour les jeunes garçons du chœur de la Cathédrale. 1747: se marie.

23

Diego Minoia - Les Mozart comme ils étaient

1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart

- Archevêque-Prince: Andreas Jakob von Dietrichstein (de 1747 à 1753) Famille Mozart: 1751: naissance de Nannerl Mozart.

- Archevêque-Prince: Sigismund III Christoph von Schrattenbach (de 1753 à 1771)

- Kapellmeister: Giuseppe Francesco Lolli et Johann Michael Haydn (dès 1762)

- Organiste de Cour : Anton Cajetan Adlgasser (dès 1762)

 

- Léopold Mozart - 1756: publie la Violinschule, naissance de Wolfgang.

1757: nommé Compositeur de Cour

1758: devient 2° violon de l'orchestre de Cour.

1763: nommé Vice Kapellmeister

Wolfgang Mozart:

1769: nommé 3° maître interprète de concerts de Cour, sans salaire.

- Archevêque-Prince: Hieronymus Joseph Franz de Paula Colloredo von Wallsee und Mels (de 1772 à1803)

- Kapellmeister: Domenico Fischietti (dès 1772); Luigi Maria Baldassarre Gatti (dès 1783)

- Organiste de Cour: Wolfgang Amadeus Mozart (dès 1777)

- Léopold Mozart: Compositeur de Cour (avec Caspar Cristelli et Ferdinand Seidl)

- Wolfgang Mozart:

Dès 1772: violoniste dans l'orchestre de Cour sans salaire et ensuite comme Maître de concerts avec un salaire très bas de 150 florins annuel. En septembre 1777 il se licencie pour entreprendre son voyage à Monaco et à Paris. Dès janvier 1779, à son retour de voyage, il est nommé organiste de Cour et Maître de concerts. Avril 1781, Vienne, démission définitive de son service auprès de l'Archevêque Colloredo.

La famille Mozart

Nous pouvons commencer par un "instantané" de l'époque. La peinture de Johann Nepomuk della Croce est célèbre et représente la famille Mozart en 1780/81: Wolfgang et sa sœur Nannerl au clavier durant l’exécution d'un morceau à 4 mains, leur père Léopold à l'écoute avec un violon en main, prêt à intervenir. Dans l’ovale pendu au mur, la mère morte à Paris quatre ans auparavant. A droite sur le mur, Apollon, le Dieu grec des arts, représenté avec un instrument qui lui était sacré: la cithare. La famille Mozart se forme le 21

25

Diego Minoia - Les Mozart comme ils étaient

1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart novembre 1747 lorsque Léopold Mozart (28 ans) après une assez longue fréquentation, épouse Anna Maria Pertl (27 ans) dans la Cathédrale de Salzbourg.

Il semble que le couple avait un bel aspect et au cours des années, le lien apparaît bien solide, tout au moins c'est ce que l'on peut apprendre de la correspondance dont nous disposons sur la famille. Depuis une lettre envoyée à son épouse par Léopold Mozart, en voyage en Italie avec leur fils Wolfgang : "Aujourd'hui c'est l'anniversaire de notre mariage. Vingt-cinq ans déjà sont passés, je crois, depuis que nous avons eu cette heureuse idée de nous marier: cette idée,à vrai dire, était arrivée de nombreuses années auparavant: Les choses bien faites prennent du temps!".

Les rôles étaient bien clairs et respectaient les usages de l'époque: l'homme s'occupait de tous les aspects économiques et mondains (en cela Léopold était pointilleux au point d'en devenir maniaque, comme nous le verrons par la suite dans ses lettres) tandis que la femme s'occupait de la maison et des enfants en maintenant les relations avec les groupes d'amis ou les personnes, en quelque sorte utiles pour atteindre certains objectifs. Le couple Mozart eut sept enfants mais uniquement deux survécurent, la quatrième fille Maria Anna (dite Nannerl), née en 1751, et le septième fils Wolfgang (dans la famille Wolferl) venu au monde en 1756. A cette époque, la mortalité néonatale et infantile était une situation acceptée avec une douloureuse résignation de la part des parents qui, pour cette raison, procréaient de nombreux enfants. Wolfgang lui même eut six enfants dont seulement deux survécurent.

Du journal de Nannerl, qui couvre les années de 1775 à 1783, nous apprenons que la famille Mozart avait de nombreuses connaissances, des amis qui fréquentaient (certains au quotidien) leur maison et des visites qu'ils effectuaient chez des connaissances ou des élèves de Léopold et de Nannerl. Avec leurs amis, ils passaient leur temps à des bavardages et à des potins ou bien à jouer aux cartes (tresette, tarots, cartes découvertes etc...) ou aux fléchettes (avec des fusils à air comprimé), toujours avec des petites mises d'argent, ou bien des quilles.

Fréquemment les Mozart étaient invités chez des connaissances. Naturellement, les occasions pour la musique ne manquaient pas. En attendant, il y avait les leçons de musique, tenues par Léopold (violon) et Nannerl (clavecin) chez eux ou chez leurs élèves. Mais chez les Mozart on jouait de la musique également avec les amis de Salzbourg (beaucoup desquels faisaient partie de l'orchestre de Cour de l’Archevêque) et avec des musiciens étrangers de passage en ville, qui étaient invités par Léopold ou amenés par d'autres personnes qui fréquentaient la maison

Les amies de Nannerl la peignaient, l’accompagnaient en promenade sur les remparts (n'existant plus aujourd'hui), aux fonctions religieuses presque 26

Diego Minoia – Les Mozart comme ils étaient

1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart quotidiennes, qui souvent étaient accompagnées par la musique des compositeurs de

25

Diego Minoia - Les Mozart comme ils étaient

1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart Cour Eberlin, Adlgasser, Michael Haydn et par Wolfgang Mozart lui même. Les Processions étaient d'autres moments d'attraction pour la population, souvent celles pour les occasions solennelles, auxquelles assistait également le Prince -

Archevêque ou, comme à l'occasion du Corpus Domini accompagné en grande pompe également par la chevalerie princière (Wolfgang ironise, dans le journal de Nannerl, sur le fait qu'en cette occasion ils allèrent chez la famille Hagenauer, les patrons précédents de la maison des Mozart à Getreidegasse, pour " voir chier les chevaux" et qu'il fit tomber une bougie allumée sur la procession).

Les distractions profanes ne manquaient pas, tout comme les fréquentes participations de la famille Mozart (même au quotidien pour plusieurs jours de suite) aux représentations des Comédies proposées par les Compagnies théâtrales, qui se déroulaient à Salzbourg durant leurs tournées. Ils s'arrêtaient en ville durant quelques semaines et proposaient les divers titres de leur répertoire.

En 1779, par exemple, à Salzbourg la Compagnie de Johann Bohm s'était installée pour la Saison théâtrale, elle proposait tout au long de l'année des dizaines de répliques (au moins une soixantaine, si on s'en tient au journal de Nannerl) de différentes comédies et ballets, à vrai dire dans certains cas jugés " très mauvais".

Ensuite il y avait les Académies musicales et les ballets, mais aussi les soirées dansantes organisées chaque semaine, surtout durant la période du Carnaval, auprès de la sale de la municipalité.

Voici le programme musical d'une Académie tenue le 18 mars 1779 (dans le journal de Nannerl, Wolfgang âgé de vingt-trois ans, qui de temps en temps écrivait au lieu de sa sœur avec ses typiques plaisanteries, la décrit comme

"cacadémie à la mode" ):

1 - une symphonie (la Haffner KV385 de Wolfgang NdA);

2 - un air italien;

3 - un trio à trois voix de Mr Salieri (à l'époque Compositeur impérial et Maître de Chapelle à Vienne NdA);

4 - un Concert pour violoncelle de Joseph Fiala (hautboïste et violoncelliste ami des Mozart NdA);

5 - un air pour voix, hautbois et harpe;

6 - L'air avec trompettes, timbales, flûtes, altos, bassons et basses écrit par moi (Wolfgang NdA);

7 - Le premier final d'Anfossi de “Perseguita incognitata” (distorsion bouffonne du titre par Wolfgang. Le titre correct de l’œuvre du compositeur italien Pasquale Anfossi était “L'incognita perseguitata” NdA);

27

Diego Minoia - Les Mozart comme ils étaient

1^ partie - Salzbourg et la famille Mozart 8 - par simple compassion nous avons fait chanter à Ceccarelli un Rondeau (Ceccarelli, ami de famille des Mozart et "castré" en service auprès de la Cour de Salzbourg, pour lequel par la suite Wolfgang écrit un air et récitatif NdA); 9 - En conclusion nous avons représenté l'entière ville de Milan NB: avec trompettes et timbales.

En outre il y avait des divertissements pour les occasions spéciales, comme les feux d'artifices dans l'École Hippique d'Été.

Купите 3 книги одновременно и выберите четвёртую в подарок!

Чтобы воспользоваться акцией, добавьте нужные книги в корзину. Сделать это можно на странице каждой книги, либо в общем списке:

  1. Нажмите на многоточие
    рядом с книгой
  2. Выберите пункт
    «Добавить в корзину»