Avant qu’il n’ait Besoin

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Из серии: Un mystère Mackenzie White #5
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La réponse était simple : Comme avec les Kurtz, l’assassin a été invité à entrer. Ce qui veut dire que soit ils connaissaient le tueur et l’ont laissé entrer, soit le tueur a joué un jeu… faisant semblant d’être quelqu’un qu’ils connaissaient ou une personne dans le besoin.

Cette hypothèse semblait fragile mais elle sentait qu’il y avait là quelque chose à creuser. Tout au moins, ça créait un lien entre les deux couples.

Et pour l’instant, c’était une connexion suffisante, qui valait la peine d’être examinée de plus près.

CHAPITRE SIX

Bien que Mackenzie ait espéré pouvoir éviter de devoir parler avec la famille des récents défunts, il se trouvait que les choses à faire sur sa liste allaient plus rapidement qu’elle ne l’aurait espéré. Après avoir quitté la maison des Sterlings, la prochaine étape consistait naturellement à chercher des réponses du côté de la famille la plus proche des victimes. Dans le cas des Sterling, leur membre de famille le plus proche était une sœur qui vivait à moins de quinze kilomètres de la maison des Kurtz. Le reste de la famille vivait en Alabama.

Les Kurtz, par contre, avaient beaucoup de famille dans la région. Josh Kurtz n’avait pas bougé très loin de chez lui et vivait non seulement à moins de trente kilomètres de ses parents, mais également de sa sœur. Mais puisque la police de Miami avait déjà beaucoup parlé aujourd’hui avec les Kurtz, Mackenzie opta pour la sœur de Julie Kurtz.

Sara Lewis eut l’air plus que contente de les rencontrer et bien que la nouvelle de la mort de sa sœur date de moins de deux jours, elle avait l’air de l’accepter aussi bien qu’une fille de vingt-deux ans puisse le faire.

Sara les invita à entrer dans sa maison à Overtown, une petite maison pittoresque à un étage qui ressemblait plus à un petit appartement. L’intérieur était très peu décoré et était envahi par ce silence nerveux que Mackenzie avait déjà expérimenté dans beaucoup d’autres maisons où quelqu’un venait de perdre un proche. Sara était assise au bord du divan et tenait une tasse de thé en main. Il était clair qu’elle avait récemment beaucoup pleuré ; elle avait également l’air de ne pas avoir beaucoup dormi.

« J’imagine que si le FBI est impliqué, » dit-elle, « ça veut dire qu’il y a eu d’autres meurtres ? »

« Oui, de fait, » dit Harrison, assis à côté de Mackenzie. Elle fonça brièvement les sourcils, ayant préféré qu’il n’ait pas été aussi enclin à divulguer cette information.

« Mais, » dit Mackenzie, intervenant avant qu’Harrison ne puisse continuer à parler, « nous ne pouvons bien sûr ne faire aucune déduction solide concernant une quelconque connexion sans une enquête minutieuse. Et c’est la raison pour laquelle on nous a appelés. »

« Je veux faire tout ce que je peux pour vous aider, » dit Sara Lewis. « Mais j’ai déjà répondu aux questions de la police. »

« Oui, je comprends et je vous en suis reconnaissante, » dit Mackenzie. « Je veux juste couvrir quelques aspects qu’ils pourraient avoir ignorés. Par exemple, pouvez-vous nous dire quelle était la situation financière de votre sœur et de votre beau-frère ? »

Il était évident que Sara pensait qu’il s’agissait là d’une question bizarre mais elle fit néanmoins de son mieux pour répondre. « J’imagine que ça allait. Josh avait un bon boulot et ils ne dépensaient vraiment pas beaucoup d’argent. Julie me réprimandait même parfois quand je dépensais de manière trop futile. Je veux dire par là, ils n’étaient pas riches… pas que je sache. Mais ils s’en sortaient. »

« Leur voisine nous a dit que Julie aimait dessiner. C’était juste un hobby ou est-ce que ça lui permettait parfois de gagner un peu d’argent ? »

« C’était plutôt un hobby, » dit Julie. « Elle était assez bonne mais elle savait aussi que ses dessins n’avaient rien de spectaculaire, vous voyez ? »

« Et qu’est-ce qu’il en était d’ex petits amis ? Ou peut-être des ex petites amies que Josh ait pu avoir ? »

« Julie a quelques ex mais aucun qui ait pu le prendre mal. De plus, ils vivent tous un peu partout dans le pays. Je sais pour sûr que deux d’entre eux sont mariés. Quant à Josh, je ne pense pas qu’il y avait des ex dans les parages. Je veux dire par là… enfin, je ne sais pas. C’était juste un très beau couple. Ils allaient vraiment bien ensemble – abominablement mignons en public. Ce genre de couple. »

La visite avait été trop courte pour y mettre déjà fin mais Mackenzie n’avait plus qu’une seule piste à poursuivre et elle n’était pas vraiment sûre de la manière de l’aborder sans se répéter. Elle repensa à nouveau à ces transactions bizarres dans le chéquier des Sterling et elle était toujours incapable de les identifier.

C’est probablement rien, pensa-t-elle. Chacun a sa manière de garder ses comptes, c’est tout. Mais tout de même, ça vaut la peine d’y jeter un œil.

Tout en pensant aux abréviations qu’elle avait vues dans le chéquier des Sterling, Mackenzie continua à parler. Au moment où elle ouvrit la bouche, elle entendit le téléphone d’Harrison vibrer dans sa poche. Il le sortit rapidement et ignora l’appel. « Désolé, » dit-il.

Ignorant le dérangement, Mackenzie demanda : « Est-ce que vous savez si Julie ou Josh étaient impliqués dans une organisation quelle qu’elle soit, du style club ou fitness ? Un endroit où ils paieraient régulièrement des cotisations ? »

Sara réfléchit à la question durant un instant, puis elle secoua la tête. « Pas que je sache. Comme je vous le disais… ils ne dépensaient vraiment pas beaucoup d’argent. La seule cotisation que je sais que Julie devait payer en dehors des factures, c’était son compte Spotify et c’était seulement dix dollars. »

« Et est-ce que vous avez été contactée par qui que ce soit, par exemple un avocat, concernant leurs finances ? » demanda Mackenzie. « Je suis vraiment désolée de vous poser la question mais il se pourrait que ce soit urgent. »

« Non, pas encore, » dit-elle. « Ils étaient si jeunes. Je ne sais même pas s’ils avaient fait un testament. Merde… J’imagine qu’il faut que je m’attende à tout ça, non ? »

Mackenzie se mit debout, incapable de répondre à la question. « Encore merci pour le temps que vous nous avez consacré, Sara. Si vous vous rappelez de quoi que ce soit en rapport avec les questions que je viens de vous poser, n’hésitez pas à m’appeler. »

Sur ce, elle tendit une carte de visite à Sara qui la prit et la mit en poche, tout en les accompagnant vers la porte. Elle ne cherchait pas à être impolie mais il était évident qu’elle avait envie qu’ils s’en aillent le plus rapidement possible.

Une fois que la porte se fut refermée derrière eux, Mackenzie se retrouva sur le porche d’entrée de Sara en compagnie d’Harrison. Elle avait envisagé de lui faire une remarque concernant le fait d’avoir si rapidement informé Sara qu’il y avait eu d’autres meurtres qui pouvaient être liés à celui de sa sœur. Mais c’était une erreur commise de bonne foi, une erreur qu’elle avait commise une fois ou l’autre à ses débuts. Alors elle décida de l’ignorer.

« Je peux te demander quelque chose ? » demanda Harrison.

« Bien sûr, » dit Mackenzie.

« Pourquoi t’es-tu autant focalisée sur leurs finances ? Est-ce que ça à voir avec quelque chose que tu as remarqué chez les Sterling ? »

« Oui. C’est juste une intuition pour l’instant mais certaines des transactions étaient… »

Le téléphone d’Harrison se mit à nouveau à vibrer. Il le sortit de sa poche avec un air gêné. Il regarda l’écran, faillit ignorer l’appel mais garda le téléphone en main alors qu’ils se dirigeaient en direction de leur voiture.

« Désolé, il faut que je réponde à cet appel, » dit-il. « C’est ma sœur. Elle a déjà appelé quand on était chez Sara. Et c’est bizarre. »

Mackenzie ne lui accorda pas plus d’attention que ça alors qu’ils entraient dans la voiture. Elle écoutait même à peine ce qu’Harrison disait au téléphone lorsqu’il se mit à parler. Mais, au moment où elle recula pour rejoindre la route, elle remarqua dans le ton de sa voix que quelque chose ne tournait pas rond.

Quand il eut raccroché, une expression de choc envahit son visage. Sa lèvre inférieure se retroussa, dans une sorte de grimace ou de froncement.

« Harrison ? »

« Ma mère est morte ce matin, » dit-il.

« Oh mon dieu, » dit Mackenzie.

« Une crise cardiaque… juste comme ça. Elle… »

Mackenzie voyait bien qu’il luttait pour ne pas fondre en sanglots. Il tourna la tête de côté, en direction de la vitre passager et laissa ses larmes couler.

« Je suis vraiment désolée, Harrison, » dit-elle. « On va te ramener à la maison. Je vais tout de suite organiser ton vol. Tu as besoin de quoi que ce soit d’autre ? »

Il se contenta de secouer la tête, en évitant de la regarder tout en sanglotant un peu plus ouvertement.

Mackenzie appela d’abord Quantico. Elle ne parvint pas à avoir McGrath au téléphone, alors elle laissa un message avec sa réceptionniste, l’informant de ce qui était arrivé et du fait qu’Harrison prendrait un vol retour pour Washington le plus rapidement possible. Puis elle appela la compagnie aérienne et réserva le premier vol disponible, avec un départ dans trois heures et demie.

Au moment où le vol fut réservé et qu’elle eut raccroché, son téléphone se mit à sonner. Elle jeta un regard compatissant à Harrison et décrocha. Ça paraissait horrible de revenir à une mentalité de travail après ce qui venait d’arriver à Harrison mais elle avait un boulot à faire – et ils n’avaient toujours pas de piste sérieuse.

« Agent White, » dit-elle.

« Agent White, c’est l’officier Dagney. J’ai pensé que vous aimeriez savoir que nous avons une piste potentielle. »

« Potentielle ? » demanda-t-elle.

« Et bien, il correspond définitivement au profil. C’est un type qui a été arrêté pour plusieurs violations de domicile, deux d’entre elles avec violence et agression sexuelle. »

 

« Dans les mêmes quartiers que les Kurtz et les Sterling ? »

« C’est là où ça devient prometteur, » dit Dagney. « Une des violations avec agression sexuelle a eu lieu dans le même ensemble de maisons où les Kurtz vivaient. »

« Est-ce que vous avez l’adresse du type ? »

« Oui. Il travaille dans un garage de petite taille. Et nous avons reçu confirmation qu’il s’y trouve à l’instant même. Son nom, c’est Mike Nell. »

« Envoyez-moi l’adresse et je vais aller lui parler. Des nouvelles concernant les rapports financiers qu’Harrison a demandés ? » demanda Mackenzie.

« Pas encore. Mais nous avons des types qui y travaillent. Ça ne devrait pas prendre longtemps. »

Mackenzie raccrocha et fit de son mieux pour laisser à Harrison son moment de deuil. Il ne pleurait plus mais il devait visiblement faire un effort pour parvenir à faire bonne figure.

« Merci, » dit Harrison, en écrasant une larme sur sa joue.

« Pour quoi ? » demanda Mackenzie.

Il haussa les épaules. « Pour avoir appelé McGrath et l’aéroport. Désolé pour cette mauvaise nouvelle en plein milieu d’une enquête. »

« Il ne faut pas, » dit-elle. « Harrison, je suis vraiment désolée. »

Sur ce, le silence s’installa dans la voiture et qu’elle le veuille ou non, l’esprit de Mackenzie se remit en mode boulot. Il y avait un tueur en liberté et il avait apparemment une sorte d’esprit de vengeance bizarre dirigé vers les couples heureux. Et il se pourrait bien qu’il l’attende à l’instant même.

Mackenzie était impatiente de le rencontrer.

CHAPITRE SEPT

Déposer Harrison au motel fut un moment un peu amer. Elle aurait aimé pouvoir faire davantage pour lui ou, au moins, parvenir à lui offrir plus de réconfort. Mais au final, elle ne put que lui faire un signe tiède de la main au moment où il entrait dans sa chambre pour faire ses valises et appeler un taxi pour aller à l’aéroport.

Une fois qu’il eut refermé la porte, Mackenzie introduisit dans son GPS l’adresse que Dagney lui avait envoyée. Le garage Lipton se trouvait exactement à dix-sept minutes du motel, une distance qu’elle se mit tout de suite à parcourir.

Se retrouver toute seule dans la voiture lui fit bizarre mais elle se changea les idées en observant le cadre que lui offrait Miami. C’était une ville différente de toutes les autres villes balnéaires où elle n’avait jamais été. Là où de plus petites villes sur la plage avaient l’air plutôt ensablées et défraîchies, tout ce qu’elle voyait à Miami avait l’air de briller et de scintiller malgré la proximité du sable et du sel marin. De temps à autres, elle aperçut un édifice qui faisait tache, négligé et abandonné – un rappel que tout endroit avait ses imperfections.

Distraite par le panorama, elle arriva au garage plus rapidement qu’elle ne s’y attendait. Elle se gara sur un parking encombré de voitures et de camions détériorés, visiblement utilisés pour des pièces de rechange. Le garage avait l’air d’être le genre d’endroit continuellement au bord de la faillite.

Avant d’entrer, elle jeta un rapide coup d’œil à l’endroit. Elle vit un bureau délabré sans personne dedans. Le garage attenant comprenait trois voies, dont une seule était occupée par une voiture ; elle était surélevée sur une plateforme mais aucun travail n’avait l’air actuellement d’y être effectué. Dans le garage, un homme fouillait dans une boîte à outils. Un autre homme se trouvait à l’arrière, debout sur une petite échelle. Il fourrageait dans une série de vieilles boîtes en carton.

Mackenzie se dirigea vers l’homme qui se trouvait le plus près d’elle, celui qui fouillait dans la boîte à outils. Il avait l’air d’approcher la quarantaine, avait de longs cheveux gras qui lui arrivaient aux épaules et l’ombre d’une barbe au menton. Quand il leva les yeux vers elle au moment où elle s’approcha, il lui fit un large sourire éclatant.

« Salut, chérie, » dit-il avec un léger accent du Sud. « Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? »

Mackenzie sortit son badge. « Vous pouvez commencer par arrêter de m’appeler chérie, puis me dire s’il se trouve que vous êtes Mike Nell. »

« Oui, c’est moi, » dit-il. Il fixait son badge du regard avec un peu d’appréhension. Puis il la regarda de nouveau dans les yeux, comme s’il essayait de savoir s’il s’agissait d’une sorte de blague.

« Monsieur Nell, j’aimerais… »

Il se retourna rapidement et la bouscula. Avec force. Elle trébucha en arrière et ses pieds heurtèrent un pneu qui traînait au sol. Au moment où elle perdit l’équilibre et tomba sur le dos, elle aperçut Nell qui s’enfuyait. Il quittait le garage en courant et en regardant par-dessus son épaule.

Et bien, ça a rapidement dégénéré, pensa-t-elle. C’est clair qu’il est coupable de quelque chose.

Instinctivement, elle eut envie de sortir son arme. Mais ça pouvait provoquer la panique. Alors elle se remit debout pour le poursuivre. Au moment où elle se releva, sa main tomba sur quelque chose d’autre qui traînait au sol. C’était une clé à écrou – probablement celle qui avait permis de démonter le pneu sur lequel elle avait trébuché.

Elle l’attrapa et se remit rapidement sur pieds. Elle se précipita vers l’avant du garage et vit Nell sur le trottoir, sur le point de traverser la route. Mackenzie jeta rapidement un coup d’œil autour d’elle, vit qu’il n’y avait aucune voiture à proximité et plia le bras en arrière.

De toutes ses forces, elle lança la clé à écrou qui parcourut les cinq mètres qui la séparaient de Nell, l’atteignant droit dans le dos. Il laissa échapper un cri de surprise et de douleur avant de tituber en avant et de tomber à genoux, le visage touchant presque le sol.

Elle le rejoignit en courant et lui planta un genou dans le dos avant qu’il n’ait le temps d’envisager de se remettre debout.

Elle lui plia les bras dans le dos, en appuyant fortement. Il essaya de se dégager mais il réalisa qu’essayer de s’échapper ne faisait que lui causer plus de douleur vu que ses épaules étaient tirées en arrière. Avec une rapidité qu’elle pratiquait depuis maintenant des mois, elle sortit ses menottes de sa ceinture et les referma autour des poignets de Nell.

« Ce n’était pas très intelligent, » dit Mackenzie. « Je voulais juste vous poser quelques questions… et vous venez de me donner la réponse que je cherchais. »

Nell ne dit rien mais il accepta finalement le fait qu’il ne pourrait plus lui échapper. L’autre homme qui se trouvait dans le garage les rejoignit en courant.

« C’est quoi ce bordel ? » demanda-t-il.

« Monsieur Nell vient juste d’attaquer un agent du FBI, » dit Mackenzie. « J’ai bien peur qu’il ne soit pas disponible pour terminer sa journée de travail. »

***

Depuis la pièce d’observation, Mackenzie regardait Mike Nell à travers le miroir sans tain. Il avait l’air irrité et gêné  – un air renfrogné qu’il avait depuis l’instant où Mackenzie l’avait remis sur pieds, menotté devant son employeur. Il se mordait nerveusement la lèvre, signe qu’il était probablement en manque de nicotine ou d’alcool.

Mackenzie cessa de le regarder pour s’intéresser au dossier qu’elle tenait en main. Il contenait l’histoire courte mais perturbée de Mike Nell, un adolescent fugueur à l’âge de seize ans, arrêté la première fois pour menus larcins et voies de fait à l’âge de dix-huit ans. Les douze dernières années de sa vie peignaient l’image d’un raté instable – agression, vol, effraction, quelques séjours en prison.

À côté de Mackenzie, Dagney et le chef Rodriguez regardaient Nell avec une certaine forme de dédain.

« J’ai l’impression que vous avez déjà souvent eu affaire à lui dans le passé ? » demanda Mackenzie.

« Oui, effectivement, » dit Rodriguez. « Mais curieusement, la justice se contente à chaque fois de lui taper un peu sur les doigts et c’est tout. La plus longue peine qu’il ait dû purger est celle pour laquelle il vient juste d’être libéré sur parole et c’était une condamnation d’un an. S’il s’avère que cet abruti est responsable de ces meurtres, les tribunaux vont se retrouver la queue entre les jambes. »

Mackenzie tendit le dossier à Dagney et se dirigea en direction de la porte. « Voyons ce qu’il a à nous dire alors, » dit-elle.

Elle sortit de la pièce et resta un instant debout dans le couloir avant d’aller interroger Mike Nell. Elle sortit son téléphone pour voir si elle avait reçu un message d’Harrison. Il devait être à l’aéroport à l’heure qu’il était, peut-être qu’il avait pu parler avec d’autres membres de sa famille et qu’il avait une meilleure idée de ce qui se passait à la maison. Elle était sincèrement désolée pour lui et même si elle ne le connaissait vraiment pas si bien que ça, elle aurait aimé pouvoir faire quelque chose pour lui.

Mettant pour l’instant ses émotions de côté, elle remit son téléphone en poche et entra dans la salle d’interrogatoire. Mike Nell leva les yeux vers elle et ne fit aucun effort pour cacher son dédain. Mais il y avait maintenant aussi quelque chose de plus dans son regard. Il ne faisait aucun effort pour dissimuler le fait qu’il la matait, ses yeux s’attardant spécialement au niveau de ses hanches.

« Vous voyez quelque chose qui vous plaît, monsieur Nell ? » demanda-t-elle en s’asseyant.

Visiblement surpris par la question, Nell ricana nerveusement et dit, « J’imagine. »

« J’imagine que vous savez que vous vous êtes attiré des ennuis en levant la main sur un agent du FBI, même si ce n’était qu’une bousculade. »

« Et votre coup là, avec la clé à écrou ? » demanda-t-il.

« Vous auriez préféré mon flingue ? Une balle à travers le mollet ou l’épaule pour vous ralentir ? »

Nell ne dit rien.

« Il est clair qu’on ne risque pas d’être amis de sitôt, » dit Mackenzie, « alors je pense qu’on peut se passer des formalités. J’aimerais savoir où vous vous trouviez à chaque instant de la semaine dernière. »

« Ça va être une longue liste, » dit Nell, sur un air de défi.

« Oui, je suis sûre qu’un homme tel que vous doit être bien occupé. Alors commençons par avant-hier. Où étiez-vous entre dix-huit heures et six heures du matin ? »

« Il y a deux jours ? Je suis sorti avec un ami. On a joué aux cartes et bu quelques verres. Rien de vraiment spécial. »

« Est-ce que quelqu’un d’autre que votre ami peut le confirmer ? »

Nell haussa les épaules. « Je ne sais pas. Il y avait d’autres types qui jouaient aux cartes avec nous. Mais enfin, ça rime à quoi tout ça ? »

Mackenzie ne voyait pas la nécessité de tirer plus longtemps en longueur. Si elle n’avait pas été aussi préoccupée par Harrison, elle l’aurait peut-être cuisiné un peu plus longtemps avant d’en arriver au fait, en espérant qu’il finisse par se trahir s’il était en effet coupable.

« Un couple a été retrouvé assassiné dans leur maison il y a deux jours. Et il se fait que leur maison se situe dans le même complexe d’habitations où vous avez été arrêté pour tentative de cambriolage et voies de fait. Additionnez les deux, plus le fait qu’on vous a libéré sous parole il y a un peu moins d’un mois, et vous arrivez en tête de liste des personnes à interroger. »

« C’est vraiment n’importe quoi, » dit Nell.

« Non, c’est logique. Quelque chose à laquelle vous ne devez pas être très habitué, au vu de votre casier judiciaire. »

Elle vit qu’il eut envie de lui répondre de manière cinglante mais il se retint, se mordant de nouveau la lèvre inférieure. « Je ne suis pas retourné dans ce quartier depuis que je suis sorti, » dit-il. « Ça n’aurait pas de sens. »

Elle le regarda d’un air sceptique durant un instant et demanda : « Et vos amis ? Ce sont des types que vous avez rencontrés en prison ? »

« L’un d’entre eux, oui. »

« Et certains de vos amis font aussi dans le cambriolage et l’agression ? »

« Non, » répondit-il. « Un des types a une condamnation pour effraction qui date de son adolescence, mais non… ce ne sont pas des assassins. Et moi non plus. »

« Mais entrer par effraction et tabasser quelqu’un, ça, c’est OK ? »

« Je n’ai jamais tué personne, » dit-il à nouveau. Il était visiblement frustré et se retenait pour ne pas se lâcher sur elle. Et c’était exactement ce qu’elle cherchait à savoir. S’il était coupable des meurtres, il y aurait plus de chance qu’il se fâche et se mette sur la défensive. Le fait qu’il fasse des efforts afin d’éviter des ennuis, entre autre en évitant de se lâcher verbalement sur un agent du FBI, voulait dire qu’il était plus que probable qu’il n’ait aucune connexion avec les meurtres.

 

« OK, disons que vous n’avez rien à voir avec ces meurtres. De quoi êtes-vous coupable alors ? Je présume qu’il y a quelque chose que vous faites et que vous ne devriez pas. Sinon pourquoi m’avoir bousculée, moi, un agent du FBI, et essayer de vous enfuir ? »

« Je ne dirai rien, » dit-il. « Pas avant d’avoir vu un avocat. »

« Ah, c’est vrai, j’oubliais que vous étiez un pro à ce jeu maintenant. Alors oui, OK… on va appeler votre avocat. Mais je suppose que vous savez aussi comment fonctionne la police. Nous savons que vous êtes coupable de quelque chose. Et nous allons découvrir de quoi il s’agit. Alors autant me le dire tout de suite et épargner des problèmes à tout le monde. »

Il resta silencieux pendant plusieurs secondes, indiquant par là qu’il était clair qu’il ne dirait rien.

« J’ai besoin que vous me donniez les noms et les numéros de téléphone des hommes avec lesquels vous prétendez avoir passé la soirée il y a deux jours. Fournissez-moi cette information et si votre alibi est confirmé, vous êtes libre de partir. »

« OK, » grommela Nell.

His reaction to this was yet another sign that he was likely innocent of the murders. There was no instant relief on his face, just a sort of annoyed irritation that he had somehow once again found himself back in an interrogation room.

Mackenzie prit note du nom des hommes en indiquant à l’adresse de Dagney, ou de la personne qui se chargeait de ce genre de tâches, de fouiller le téléphone de Nell afin d’y trouver leurs numéros. Elle sortit de la salle d’interrogatoire et se dirigea vers celle d’observation.

« Alors ? » dit Rodriguez.

« Ce n’est pas notre type, » dit Mackenzie. « Mais juste pour la forme, voici une liste des amis avec lesquels il dit qu’il a passé la soirée le jour où les Kurtz ont été assassinés. »

« Vous en êtes sûre ? »

Elle hocha la tête.

« Il n’a pas exprimé de réel soulagement quand je lui ai dit qu’il pourrait sûrement partir une fois que son alibi aurait été confirmé. Et j’ai essayé de le faire monter, pour qu’il se trahisse. Mais son comportement n’indique en rien qu’il soit coupable. Mais comme je vous le disais, il vaut mieux vérifier avec ses complices, juste pour être sûrs. Nell est définitivement coupable de quelque chose. J’ai un bleu dans le dos qui le prouve. Vous pensez pouvoir découvrir de quoi il s’agit ? »

« OK, on s’en charge. »

Elle quitta le commissariat, convaincue que Mike Nell n’était pas leur homme. Mais à un moment donné, elle se mit à penser à son père.

Elle supposait que ça devait arriver. Il y avait quelques similarités entre sa mort et l’affaire sur laquelle elle travaillait. Quelqu’un était entré dans la maison de ces couples sans signe d’effraction, insinuant par là que les couples connaissaient l’assassin et l’ont laissé entrer de leur plein gré. Au moment où elle se rappela les photos des Kurtz et des Sterling qu’elle avait vues dans le dossier, elle revit l’image de son père, étendu en sang sur le lit.

Penser à son père décédé la fit se sentir encore plus désolée pour Harrison. Elle retourna au  motel aussi vite que possible mais quand elle frappa à sa porte, personne ne répondit. Mackenzie se rendit à la réception et y trouva un réceptionniste qui avait l’air de beaucoup s’ennuyer, occupé à feuilleter un magazine de Star.

« Excusez-moi mais est-ce que mon partenaire est déjà parti ? »

« Oui, il est parti il y a cinq minutes. Je lui ai appelé un taxi pour l’emmener à l’aéroport. »

« OK, merci, » dit Mackenzie, sur un ton déçu.

Elle quitta la réception avec le sentiment étrange de se sentir isolée. Bien sûr, elle avait déjà travaillé seule sur des enquêtes dans le passé, surtout quand elle bossait en tant que détective au Nebraska. Mais se retrouver dans une ville étrangère sans un partenaire la faisait se sentir particulièrement seule. Elle se sentait légèrement fragile et c’était un sentiment qu’elle ne pouvait pas ignorer.

Avec cette sensation de décalage s’intensifiant à chaque seconde, Mackenzie se dit qu’elle allait y mettre un halte-là de la seule manière qu’elle connaissait : en se plongeant dans le travail. Elle retourna à sa voiture et se dirigea directement vers le commissariat, en se disant que malgré le fait que travailler seule sur cette affaire soit un peu déprimant, il se pourrait que ce soit justement la motivation dont elle avait besoin pour trouver l’assassin avant que la journée ne se termine.

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