Avant qu’il n’ait Besoin

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Из серии: Un mystère Mackenzie White #5
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« Pour l’instant, on n’a rien trouvé mais une équipe y travaille. »

« Et dans le cas des Sterling, est-ce qu’il y avait des signes de lutte ? »

« Non. Rien. »

Mackenzie regarda de nouveau les photos et deux similarités lui sautèrent tout d’un coup aux yeux. L’une d’entre elles en particulier lui donna la chair de poule.

Mackenzie observa de nouveau les photos des Kurtz. Elle vit la main de la femme posée sur la cuisse de son mari.

Et elle sut à cet instant même qu’il s’agissait là de l’œuvre d’un tueur en série.

CHAPITRE TROIS

Mackenzie suivait Dagney qui les conduisait vers le commissariat. En chemin, elle remarqua qu’Harrison prenait des notes dans le dossier qui avait accaparé toute son attention durant le trajet entre Washington et Miami. En plein milieu, il s’interrompit et la regarda d’un air interrogateur.

« Vous avez déjà une hypothèse, n’est-ce pas ? » demanda-t-il.

« Non. Je n’ai pas encore d’hypothèse mais j’ai remarqué quelques détails sur les photos qui me semblent un peu bizarres. »

« Vous voulez m’en faire part ? »

« Non, pas encore, » dit Mackenzie. « Si j’en parle maintenant et que j’en reparle à nouveau au commissariat, je vais réanalyser ce que je pense. Je vais d’abord prendre un peu de temps pour mettre de l’ordre dans tout ça. »

Avec un sourire, Harrison retourna à ses notes. Il ne se plaignait pas qu’elle garde des choses pour elle (ce qu’elle ne faisait pas non plus) et il n’insista pas. Il faisait de son mieux pour être discipliné tout en restant efficace et elle l’appréciait beaucoup pour ça.

Durant le trajet vers le commissariat, elle eut l’occasion d’apercevoir de temps en temps l’océan entre les édifices. Elle n’avait jamais adoré la mer comme certaines personnes l’adoraient mais elle pouvait comprendre l’attraction qu’elle exerçait. Même maintenant, alors qu’ils étaient à la recherche d’un assassin, elle pouvait sentir la sensation de liberté qu’elle représentait. Jalonnée de gigantesques palmiers et sous le soleil éclatant d’un après-midi à Miami, elle était encore plus belle que jamais.

Dix minutes plus tard, Mackenzie suivit Dagney au moment où elle entra sur un parking attenant à un imposant édifice de police. Comme tout le reste dans cette ville, le commissariat avait une sorte d’ambiance balnéaire. Plusieurs palmiers énormes étaient alignés le long de la mince bande de gazon devant l’édifice. L’architecture simple parvenait également à transmettre une atmosphère décontractée tout en étant raffinée. C’était un endroit accueillant, un sentiment qui perdurait même lorsqu’ils se retrouvèrent à l’intérieur de l’édifice.

« Il ne va y avoir que trois officiers sur cette affaire, moi y compris, » dit Dagney en les guidant le long d’un vaste couloir. « Maintenant que vous êtes là, il est possible que mon supérieur intervienne beaucoup moins sur le dossier. »

Tant mieux, pensa Mackenzie. Moins il y aura d’objections et de débats, le mieux ce sera.

Dagney les conduisit jusqu’à une petite salle de conférence au bout du couloir. À l’intérieur, deux hommes étaient assis à une table. L’un d’eux était occupé à connecter un projecteur à un MacBook, tandis que l’autre tapait nerveusement sur une tablette.

Ils levèrent tous les deux la tête au moment où Dagney les fit entrer dans la pièce. Quand ils le firent, Mackenzie vit dans leurs yeux l’expression habituelle…. C’était une expression qui l’ennuyait mais à laquelle elle était habituée. C’était un regard qui avait l’air de dire : Oh, une femme plutôt jolie. Je ne m’attendais pas à ça.

Dagney fit rapidement les présentations au moment où Mackenzie et Harrison prirent place autour de la table. L’homme avec la tablette était le chef de police Rodriguez, un vieil homme grisonnant au visage bronzé et marqué de profondes rides. L’autre homme était plutôt nouveau, Joey Nestler. Ce dernier était en fait l’officier qui avait découvert les corps des Kurtz. Au moment où Dagney le présenta, il terminait de connecter le moniteur à l’ordinateur portable. Le projecteur envoya une lumière blanche lumineuse sur un petit écran attaché au mur à l’avant de la pièce.

« Merci d’être venus, » dit Rodriguez, en mettant sa tablette de côté. « Écoutez, je ne vais pas être l’habituel connard de policier local qui vous mettra des bâtons dans les roues. Vous me dites ce dont vous avez besoin et si c’est dans la limite du possible, vous l’obtiendrez. En échange, je vous demande juste de nous aider à élucider rapidement cette affaire en évitant de transformer la ville en une sorte de cirque médiatique. »

« On dirait qu’on veut la même chose, alors, » dit Mackenzie.

« Tant mieux. Joey ici a tous les documents concernant cette affaire, » dit-il. « Le rapport du médecin légiste vient d’arriver ce matin et ne nous apprend rien de plus que ce à quoi nous nous attendions. Les Kurtz ont été poignardés et saignés à blancs. Aucune trace de drogue dans leur organisme. Rien du tout. Pour l’instant, nous n’avons décelé aucun lien entre les deux crimes. Alors si vous avez une idée, je suis prêt à l’écouter. »

« Officier Nestler, » dit Mackenzie, « avez-vous toutes les photos qui ont été prises sur les deux scènes de crime ? »

« Oui, » dit-il. Il lui faisait beaucoup penser à Harrison – anxieux, un peu nerveux, et cherchant visiblement à plaire à ses supérieurs et à ses collègues.

« Pourriez-vous retrouver les photos prises des corps en entier et les afficher côte à côte à l’écran ? » demanda Mackenzie.

Il s’affaira rapidement et afficha les images côte à côte sur l’écran du projecteur en moins de dix secondes. Voir ces photos en pleine lumière dans une pièce à moitié obscure avait quelque chose de sinistre. Afin d’éviter que ces interlocuteurs ne s’attardent sur la gravité des clichés et ne perdent leur concentration, Mackenzie alla droit au but.

« Je pense que nous pouvons affirmer que ces meurtres ne sont pas le résultat d’un cambriolage ou d’une simple violation de domicile. Rien n’a été volé et, de fait, il n’y a aucun signe d’effraction d’aucune sorte. Il n’y a également aucun signe de lutte. Ce qui veut dire que l’assassin a probablement été invité à entrer ou possédait peut-être une clé. Et les meurtres ont dû se dérouler rapidement. Le fait également qu’il n’y ait aucune trace de sang ailleurs dans la maison nous permet de conclure que les meurtres ont dû avoir lieu dans la chambre à coucher – aucun signe d’acte criminel ailleurs dans la maison. »

S’exprimer à voix haute lui permit de ressentir combien ça avait l’air étrange.

Le type n’aurait pas seulement été invité à entrer, mais aurait été invité à entrer jusqu’à la chambre à coucher. Ce qui veut dire que la possibilité qu’on l’ait invité à entrer est plutôt peu probable. Il devait avoir une clé. Ou il devait savoir où il pouvait trouver un double.

Elle continua à parler avant d’être distraite par ces nouvelles réflexions et conclusions.

« Je veux regarder ces photos de plus près car il y a deux choses étranges qui me sont apparues. Tout d’abord… notez comment les quatre corps sont tous couchés parfaitement à plat sur le dos. Leurs jambes sont détendues et bien positionnées. C’est comme s’ils avaient été mis spécialement en place afin de donner cette impression. Et puis, il y a autre chose – et si nous avons affaire à un tueur en série, je pense qu’il s’agit là de l’élément le plus important à noter. Regardez la main droite de madame Kurtz. »

Elle leur laissa le temps de regarder. Elle se demanda si Harrison devinerait là où elle voulait en venir et s’il l’exprimerait. Elle leur laissa encore un peu de temps mais vu qu’aucun d’entre eux ne prit la parole, elle continua à parler.

« Sa main droite repose sur la cuisse de son mari. C’est la seule partie de son corps qui n’est pas parfaitement allongée. Soit c’est une coïncidence, soit l’assassin a placé leur corps dans cette position, plaçant intentionnellement sa main à cet endroit. »

« Et s’il l’avait fait ? » demanda Rodriguez. « Quelle en serait la raison ? »

« Et bien, jetons maintenant un coup d’œil à la photo des Sterling. Regardez la main gauche du mari. »

Cette fois-ci, elle n’eut pas besoin de leur laisser le temps de la réflexion. Dagney exprima tout haut ce à quoi elle faisait référence. Et quand elle parla, sa voix était tendue et nerveuse.

« Il a la main tendue et posée sur la cuisse de sa femme, » dit-elle.

« Exactement, » dit Mackenzie. « Si ça n’apparaissait que sur les photos d’un des couples, je n’en ferais même pas mention. Mais le même geste se retrouve chez les deux couples. Il est manifeste que l’assassin l’a fait dans un certain but. »

« Mais dans quel but ? » demanda Rodriguez.

« Symbolique ? » suggéra Harrison.

« Peut-être bien, » dit Mackenzie.

« Mais c’est très peu de chose sur laquelle se baser, non ? » demanda Nestler.

« C’est vrai, » dit Mackenzie. « Mais au moins, c’est quelque chose. Si c’est symbolique aux yeux de l’assassin, il doit y avoir une raison. Pour l’instant, j’aimerais commencer par avoir une liste de suspects qui ont récemment été libérés sous parole pour des crimes violents associés à des violations de domicile. Je continue à croire qu’il ne s’agit pas là d’une violation de domicile en soi mais c’est par là qu’il est le plus vraisemblable de commencer les recherches. »

« OK, je vous fournis ça, » dit Rodriguez. « Autre chose à ajouter ? »

« Rien pour l’instant. Notre prochaine étape est de parler avec la famille, les amis et les voisins des deux couples. »

« OK, on a déjà parlé avec la famille proche des Kurtz – un frère, une sœur et les parents. Vous pouvez aller leur parler à nouveau mais ils ne nous ont rien appris de plus. Le frère de Josh Kurtz nous a dit qu’à sa connaissance, leur mariage allait très bien. Le seul moment où ils se disputaient, c’était durant la saison de football quand les Seminoles jouaient contre les Hurricanes. »

 

« Et les voisins ? » demanda Mackenzie.

« Nous leur avons également parlé mais ce fut bref. Ce fut surtout concernant la plainte pour tapage nocturne qu’ils avaient déposée concernant les aboiements du chien. »

« Alors, c’est par là que nous allons commencer, » dit Mackenzie, en regardant en direction d’Harrison.

Et sans un mot de plus, ils se levèrent et sortirent de la pièce.

CHAPITRE QUATRE

Mackenzie trouvait un peu perturbant de se retrouver à nouveau devant ces mêmes maisons de ville. Alors qu’ils s’avançaient en direction de la maison des voisins sous un ciel magnifique, le fait de savoir qu’il y avait un lit recouvert de sang dans la maison d’à côté semblait surréaliste. Mackenzie réprima un frisson et détourna les yeux de la maison des Kurtz.

Au moment où elle et Harrison montaient les escaliers menant à la porte d’entrée des voisins, le téléphone de Mackenzie sonna, lui signalant qu’elle avait reçu un message. Elle sortit son téléphone et vit que le message venait d’Ellington. Elle leva les yeux au ciel lorsqu’elle le lut.

Ça va avec le débutant ? Je te manque déjà ?

Elle faillit répondre mais elle n’avait pas non plus envie de l’encourager. De plus, elle n’avait pas envie d’avoir l’air distante ou distraite devant Harrison. Elle savait que c’était un peu prétentieux de sa part de penser ça, mais elle était presque certaine qu’il la considérait un peu comme un exemple. De ce fait, elle rangea le téléphone dans sa poche et continua à avancer vers l’entrée de la maison. Elle laissa Harrison frapper à la porte et il le fit avec beaucoup de prudence et de soin.

Quelques instants plus tard, une femme à l’air troublé ouvrit la porte. Elle avait l’air d’avoir la bonne quarantaine. Elle portait un débardeur ample et un short qui aurait aussi bien pu n’être qu’une culotte. Elle avait l’air d’aller régulièrement à la plage et elle avait visiblement utilisé les services d’un chirurgien esthétique pour se refaire le nez et probablement la poitrine.

« Je peux vous aider ? » demanda-t-elle.

« Vous êtes Demi Stiller ? »

« Oui, c’est moi. Pourquoi ? »

Mackenzie sortit son badge avec une rapidité à laquelle elle devenait de plus en plus experte. « Nous sommes les agents White et Harrison du FBI. Nous aimerions vous poser quelques questions concernant vos voisins. »

« OK, bien sûr, » dit Demi. « Bien que nous ayons déjà parlé avec la police. »

« Je sais, » dit Mackenzie. « Mais j’espérais pouvoir vous poser davantage de questions. Si j’ai bien compris, il y avait un peu de frustration concernant le chien des voisins au moment où vous leur avez parlé. »

« Oui, effectivement, » dit Demi, en leur faisant signe d’entrer et en refermant la porte derrière eux. « Bien entendu, je n’avais aucune idée qu’ils avaient été assassinés au moment où j’ai porté plainte. »

« Bien sûr, » dit Mackenzie. « Mais de toutes façons, nous ne sommes pas là pour parler de la plainte. Nous espérions que vous pourriez nous donner plus d’informations concernant leurs vies. Est-ce que vous les connaissiez bien ? »

Demi les avait menés jusqu’à la cuisine, où Mackenzie et Harrison prirent place au bar. La maison avait exactement la même disposition que celle des Kurtz. Mackenzie vit Harrison jeter un coup d’œil sceptique en direction des escaliers qui partaient du salon adjacent.

« Nous n’étions pas amis, si c’est ce que vous voulez savoir, » dit Demi. « On se disait bonjour quand on se voyait, vous voyez ? On a bien fait quelques barbecues avec eux sur la terrasse arrière, mais c’est à peu près tout. »

« Depuis combien de temps étiez-vous voisins ? » demanda Harrison.

« Un peu plus de quatre ans, je crois. »

« Et est-ce que vous les considéreriez comme de bons voisins ? » poursuivit Mackenzie.

Demi haussa légèrement les épaules. « Oui, dans l’ensemble. Ils avaient parfois quelques fêtes un peu bruyantes durant la saison de football mais c’était supportable. Honnêtement, j’ai même failli ne pas porter plainte concernant ce bête chien. La seule raison pour laquelle je l’ai fait, c’est parce que personne ne m’a ouvert la porte quand je suis allée sonner chez eux. »

« Vous savez s’ils avaient parfois des invités qui venaient régulièrement ? »

« Je ne pense pas, » dit Demi. « La police nous a posé la même question. Nous y avons réfléchi avec mon mari et je ne me rappelle pas avoir jamais vu de voitures garées régulièrement chez eux, à part leur propre véhicule. »

« Sinon, savez-vous s’ils étaient impliqués dans quoi que ce soit qui pourrait nous amener à pouvoir interroger d’autres personnes ? Un genre de club par exemple, ou un type d’intérêt spécifique ? »

« Non, pas que je sache, » dit Demi. Au moment où elle parla, elle se mit à regarder le mur comme si elle essayait de voir à travers jusqu’à la maison des Kurtz. Elle avait l’air un peu triste. C’était peut-être dû à la perte des Kurtz ou tout simplement au fait de se retrouver en plein milieu de cette histoire.

« Vous êtes sûre ? » insista Mackenzie.

« Oui, je pense. Il me semble que le mari jouait au racquetball. Je l’ai vu s’y rendre quelques fois en revenant du fitness. Et quant à Julie, je ne sais pas. Je sais qu’elle aimait bien dessiner mais c’est seulement parce qu’elle m’a montré une fois quelques-uns de ses dessins. Mais à part ça… non. Ils restaient plutôt entre eux. »

« Est-ce qu’il y a quoi que ce soit – même le moindre détail – qui vous ait particulièrement interpelée à leur sujet ? »

« Et bien, » dit Demi, en fixant toujours le mur des yeux, « je sais que c’est un peu obscène mais il était clair que les Kurtz avaient une vie sexuelle très active. Apparemment, les murs sont assez fins ici – ou c’était les Kurtz qui étaient plutôt bruyants. Je ne saurais même pas vous dire combien de fois nous les avons entendus. Parfois ce n’était même pas des bruits étouffés ; ils y allaient à fond, vous voyez ? »

« Quoi que ce soit qui ait eu l’air violent ? » demanda Mackenzie.

« Non, pas du tout, » dit Demi, sur un ton un peu gêné. « Ils étaient juste vraiment très enthousiastes. C’était quelque chose dont nous avions toujours voulu leur parler mais on ne l’a jamais fait. C’était un peu gênant de mettre le sujet sur le tapis, vous voyez ? »

« Oui, bien sûr, » dit Mackenzie. « Vous avez mentionné votre mari à plusieurs reprises. Où se trouve-t-il actuellement ? »

« À son boulot. Il travaille de neuf heures à dix-sept heures. Moi, je travaille de la maison. Je gère un service éditorial à temps partiel. »

« Pourriez-vous lui poser les mêmes questions que je viens de vous faire, afin d’être sûre d’avoir toutes les informations possibles ? » demanda Mackenzie.

« Oui, bien sûr. »

« Merci beaucoup pour le temps que vous nous avez consacré, madame Stiller. Il est possible que je vous appelle un peu plus tard si j’ai d’autres questions. »

« Oui, bien sûr, » dit Demi en les raccompagnant vers la porte d’entrée.

Quand ils se retrouvèrent à l’extérieur et que Demi Stiller eut refermé la porte derrière eux, Harrison regarda en direction de la maison qui fut autrefois la demeure de Josh et de Julie Kurtz. « Alors, tout ce que nous avons pu apprendre de cette visite, c’est qu’ils avaient une vie sexuelle épanouie ? » demanda-t-il.

« On dirait bien, » dit-elle. « Mais ça nous confirme peut-être aussi qu’ils étaient un couple heureux. Ajoute ça aux déclarations de la famille concernant leur mariage parfait et ça devient plus difficile de trouver un mobile à leurs meurtres. Ou, d’un autre côté, ça pourrait maintenant faciliter les choses. S’ils avaient un mariage heureux et qu’ils évitaient les ennuis, trouver une personne qui pourrait avoir du ressentiment à leur égard pourrait être plus facile. Maintenant… jette un coup d’œil à tes notes. Dans quelle direction penses-tu que nous devrions maintenant chercher ? »

Harrison eut l’air un peu surpris par sa question mais il regarda consciencieusement le cahier dans lequel il gardait ses notes et ses dossiers. « Il faut nous rendre à la première scène de crime – la maison des Sterling. Les parents du mari vivent à seulement dix kilomètres de là, alors ça peut valoir aussi la peine d’aller leur rendre visite. »

« Ça me paraît une très bonne idée, » dit-elle. « Tu as les adresses ? »

Elle lui lança les clés de la voiture et se dirigea vers la portière du côté passager. Elle prit un moment pour admirer l’air de surprise et de fierté qui envahit son visage au moment où il attrapa les clés.

« Alors montre-nous le chemin, » dit-elle.

CHAPITRE CINQ

La résidence des Sterling se trouvait à dix-huit kilomètres de la maison des Kurtz. Mackenzie ne put s’empêcher d’admirer l’endroit au moment où Harrison s’avança sur la longue allée en béton qui menait à la résidence. La maison se trouvait à environ cinquante mètres de la route principale et elle était bordée d’un superbe parterre de fleurs et de hauts arbres fins. La maison en elle-même était très moderne, principalement constituée de fenêtres et de poutres en bois patinées. C’était une maison idyllique mais néanmoins coûteuse pour un couple nanti. Le seul détail qui détonnait dans cette vision, c’était le ruban jaune pour scène de crime qui barrait la porte d’entrée.

Lorsqu’ils se mirent à marcher en direction de la porte, Mackenzie remarqua combien l’endroit était calme. Il était isolé des autres maisons voisines par un bosquet dense, un mur luxuriant de verdure qui avait l’air tout aussi bien entretenu et coûteux que les maisons situées dans cette partie de la ville. Bien que la propriété ne soit pas sur la plage, elle entendait la mer bruisser quelque part au loin.

Mackenzie se pencha pour passer en-dessous du ruban protégeant la scène de crime et sortit le double de la clé que Dagney lui avait fourni, suite à l’enquête initiale de la police de Miami. Ils entrèrent dans un grand vestibule et Mackenzie fut à nouveau surprise par l’intense silence qui y régnait. Elle jeta un coup d’œil autour d’elle afin d’étudier la disposition de la maison. Un couloir s’ouvrait sur leur gauche et se terminait dans une cuisine. Le reste de la maison était assez ouvert ; un salon et un grand espace détente étaient reliés entre eux et continuaient à l’arrière vers une véranda entièrement vitrée.

« Que sait-on de ce qui s’est passé ici ? » demanda Mackenzie à Harrison. Bien sûr, elle connaissait la réponse. Mais elle voulait le laisser exposer ses propres réflexions sur le sujet, espérant qu’il soit rapidement à l’aise avant que les choses ne s’accélèrent.

« Deb et Gerald Sterling, » dit Harrison. « Il avait trente-six ans et elle, trente-huit. Assassinés dans leur chambre à coucher, de la même manière que les Kurtz. Mais ces meurtres ont eut lieu au moins trois jours avant ceux des Kurtz. Leurs corps ont été retrouvés par leur femme de ménage un peu après huit heures du matin. Le rapport du médecin légiste indique qu’ils sont morts le soir précédent. L’enquête initiale n’a trouvé absolument aucun indice, quel qu’il soit, bien que la police scientifique soit actuellement occupée à analyser des fibres capillaires retrouvées accrochées à l’embrasure de la porte d’entrée. »

Mackenzie hocha la tête en signe d’assentiment pendant qu’il récitait les faits. Elle examinait le rez-de-chaussée, essayant d’avoir une idée du genre de personnes que pouvaient être les Sterling avant de monter dans la chambre où ils avaient été assassinés. Elle passa à côté d’une grande étagère encastrée entre le salon et l’espace de détente. La plupart des livres qui s’y trouvaient était des ouvrages de fiction, essentiellement d’auteurs tels que King, Grisham, Child et Patterson. Il y avait également quelques livres sur l’art. En d’autres mots, des livres plutôt bateau qui ne donnaient pas beaucoup d’indices sur la vie personnelle des Sterling.

Un bureau à cylindre décoratif était appuyé contre le mur dans l’espace de détente. Mackenzie souleva le haut et regarda à l’intérieur mais il n’y avait pas grand-chose d’intéressant – juste des stylos, du papier, quelques photos et d’autres ustensiles.

« Allons à l’étage, » dit-elle.

Harrison hocha la tête, tout en respirant profondément.

« Ça va aller, » dit Mackenzie. « Moi aussi, la maison des Kurtz m’a secouée. Mais crois-moi… on finit par s’habituer à ce genre de situations. »

Tu sais que ce n’est pas forcément une bonne chose, non ? pensa-t-elle en elle-même. À combien de scènes horribles es-tu devenue indifférente depuis le jour où tu as vu cette première femme attachée à un poteau dans les champs de maïs du Nebraska ?

 

Elle écarta cette pensée au moment où ils atteignirent le haut des escaliers. L’étage était composé d’un long couloir qui donnait sur trois pièces. Un grand bureau se trouvait à gauche. Il était rangé au point d’être presque vide et il donnait sur le bosquet d’arbres à l’arrière de la maison. L’énorme salle de bains était équipée de deux lavabos, d’une grande douche, d’une baignoire et d’une armoire à linge aussi grande que la cuisine de Mackenzie.

Tout comme à l’étage inférieur, il n’y avait pas grand-chose ici qui leur permette de se faire une idée du genre de personnes qu’étaient les Sterling ou de la raison pour laquelle quelqu’un pourrait bien vouloir les tuer. Sans perdre plus de temps, Mackenzie s’avança vers le bout du couloir où la porte de la chambre à coucher était ouverte. La lumière du jour se déversait à travers une grande fenêtre sur le côté gauche de la chambre. La lumière se répandait sur le bout du lit, transformant les taches bordeaux qui s’y trouvaient en d’éclatantes variantes de rouge.

Ça donnait un peu le vertige de rentrer dans la chambre d’une maison immaculée et d’y voir tout ce sang répandu sur le lit. Le sol était en bois mais Mackenzie put y voir quelques éclaboussures de sang. Il n’y avait pas autant de sang sur les murs que ce qu’ils avaient vu chez les Kurtz mais il y avait tout de même quelques taches, comme une sorte de peinture abstraite morbide.

Il y avait une légère odeur de cuivre dans l’air, l’odeur du sang séché. C’était très léger mais on aurait dit que ça remplissait toute la chambre. Mackenzie contourna le lit en regardant les draps gris clair tachés de rouge. Elle vit une petite marque sur le drap du haut, qui ressemblait à une déchirure faite par un couteau. Elle l’examina de plus près et se rendit compte que c’était bien ce qu’elle croyait.

En ayant fait un seul tour autour du lit, Mackenzie était certaine qu’ils n’allaient rien trouver de plus ici qui pourrait faire avancer leur enquête. Elle regarda autour d’elle – les tables de chevet, les tiroirs de la commode et le petit centre de divertissement – cherchant à y trouver le moindre détail.

Elle vit une légère encoche dans le mur, pas plus grande qu’une pièce d’un cent. Elle était entourée d’éclaboussures de sang. Il y avait davantage de sang en-dessous, un léger filet qui avait séché sur le mur et de petites éclaboussures sur la moquette en-dessous de l’encoche.

Elle s’approcha de l’encoche dans le mur et l’examina attentivement. Elle avait une forme particulière et le fait qu’il y avait du sang autour lui faisait penser que l’un devait être la conséquence de l’autre. Elle se mit debout droite et vérifia l’alignement de la petite encoche avec son corps. Elle leva légèrement le bras et le plia. Ce faisant, son coude s’aligna de manière presque parfaite avec l’encoche.

« Qu’est-ce que tu as trouvé ? » demanda Harrison.

« Des signes de lutte, je pense, » répondit-elle.

Il la rejoignit et observa l’encoche. « Pas grand-chose sur lequel se baser, non ? » demanda-t-il.

« Non, c’est vrai. Mais le sang lui donne son importance. Ça, et le fait que cette maison soit dans un état impeccable. Ça me fait penser que l’assassin a fait tout son possible pour cacher tout signe de lutte. Il a presque mis en scène la maison en entier, d’une certaine manière. Mais ce signe de lutte n’a pas pu être dissimulé. »

Elle baissa les yeux vers la petite tache de sang sur la moquette. Elle était décolorée et il y avait même de très légères traces de rouge autour d’elle.

« Tu vois, » dit-elle, en la montrant du doigt. « Là, on dirait que quelqu’un a essayé de la nettoyer. Mais soit il était pressé, ou soit il ne lui a pas été possible de tout enlever. »

« Peut-être qu’on devrait aller refaire un tour dans la maison des Kurtz alors. »

« Peut-être, » dit-elle, bien qu’elle soit certaine d’avoir minutieusement examiné l’endroit.

Elle s’éloigna du mur et se dirigea vers l’énorme dressing. Elle regarda à l’intérieur et vit que tout y était également bien rangé.

Mais elle y vit tout de même la seule chose dans toute la maison qui pouvait être associé à du désordre. Une chemise et un pantalon chiffonnés étaient entassés contre le mur du dressing. Elle prit la chemise et vit qu’il s’agissait de vêtements d’homme – peut-être les derniers vêtements que Gerald Sterling ait jamais portés.

Tentant sa chance, elle mit la main dans chacune des poches avant. Dans l’une d’entre elles, elle trouva soixante-dix cents en pièces de monnaie. Dans l’autre, elle trouva un ticket chiffonné. Elle le déplia et vit qu’il provenait d’un magasin d’alimentation et qu’il datait d’il y a cinq jours… le dernier jour de sa vie. Elle regarda le ticket et se mit à réfléchir.

Comment pouvons-nous découvrir ce qu’ils ont fait durant leurs derniers jours de vie ? Ou la semaine dernière, ou même le mois dernier ?

« Harrison, dans ses rapports, la police de Miami n’a-t-elle pas affirmé qu’ils avaient analysé les téléphones des victimes afin d’y trouver un quelconque indice ? »

« Oui, c’est exact, » dit Harrison, en contournant prudemment le lit ensanglanté. « Les contacts, les appels entrants et sortants, les emails, les téléchargements, tout. »

« Mais pas l’historique de recherche sur internet ou des trucs dans le genre ? »

« Non, pas que je m’en souvienne. »

Mackenzie remit le ticket dans la poche du pantalon, puis sortit du dressing et de la chambre. Elle retourna à l’étage inférieur, consciente qu’Harrison la suivait de près.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Harrison.

« Une intuition, » dit-elle. « Un espoir, peut-être. »

Elle retourna vers le bureau à cylindre dans le coin détente et l’ouvrit à nouveau. Au fond, il y avait un petit panier. Quelques stylos en sortaient, ainsi qu’un chéquier personnel. S’ils ont une maison aussi rangée, j’imagine que le chéquier est dans le même état.

Elle sortit le chéquier et se rendit compte qu’elle avait raison. Les montants y étaient méticuleusement indiqués. Chaque transaction était inscrite de manière très lisible et avec le plus de détails possible. Mêmes les retraits au guichet automatique étaient indiqués. Elle se rendit très vite compte que ce chéquier était une sorte de compte secondaire, et non le compte principal des Sterling. Au moment de leur mort, il comptabilisait un peu plus de sept mille dollars.

Elle examina le chéquier, à la recherche de toute information qui pourrait lui offrir une sorte de piste mais rien n’attira spécialement son attention. Par contre, elle vit quelques abréviations qu’elle ne reconnaissait pas. La plupart des transactions pour ces saisies concernaient des montants d’entre soixante à deux cents dollars. L’une des saisies qu’elle ne reconnaissait pas était pour un montant de deux mille dollars.

Bien qu’il n’y ait rien dans le chéquier qui soit d’entrée de jeu bizarre, elle continuait à se focaliser sur les abréviations et initiales qu’elle ne connaissait pas. Elle prit quelques photos de ces transactions avec son téléphone, puis remit le chéquier à sa place.

« Tu as une idée en particulier ? » demanda Harrison.

« Peut-être, » dit-elle. « Pourrais-tu appeler Dagney et lui demander si quelqu’un pourrait vérifier les comptes des Sterling durant l’année écoulée ? Comptes à vue, cartes de crédit, même PayPal s’ils l’utilisaient. »

« Bien sûr, » dit Harrison. Il sortit tout de suite son téléphone pour appeler Dagney.

Peut-être que finalement ça va me plaire de travailler avec lui, pensa Mackenzie.

Elle l’écouta parler avec Dagney pendant qu’elle refermait le bureau à cylindre et elle regarda de nouveau en direction des escaliers.

Quelqu’un a monté ces escaliers il y a quatre jours et a assassiné un couple marié, pensa-t-elle, essayant d’imaginer la scène. Mais pourquoi ? Et de nouveau, pourquoi n’y a-t-il aucun signe d’effraction ?

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