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Le Réveil des Dragons

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Из серии: Rois et Sorciers #1
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CHAPITRE VINGT-SEPT

C’était le crépuscule et Merk marchait dans Whitewood. Ses jambes étaient fatiguées et son estomac grondait. Il essayait de garder l’espoir de finalement découvrir la Tour de Ur à l’horizon. Il essaya de se concentrer sur ce à quoi sa nouvelle vie allait ressembler une fois qu’il aurait atteint la tour, ce que cela lui ferait de devenir un Gardien et de tout recommencer à zéro.

Mais depuis qu’il avait croisé cette fille et entendu son histoire, il n’arrivait plus à se concentrer, cela le rongeait. Il voulait se sortir tout cela de la tête mais il n’y arrivait pas. Il était tellement persuadé qu’il s’était détourné de toute violence que s’il lui était venu en aide et avait tué ces hommes, alors il ne cesserait jamais de tuer. N’y aurait-il pas toujours un autre contrat, une autre cause à défendre encore et encore?

Merk poursuivait sa marche en frappant le sol de son bâton. Les feuilles craquaient sous ses pas, il était furieux. Pourquoi avait-il fallu qu’elle croise son chemin? Le bois était immense, ils auraient très bien pu ne jamais se croiser, pourquoi? Pourquoi la vie le mettait toujours dans ce genre de situations? Des situations qui le dépassaient.

Merk n’aimait pas prendre des décisions difficiles et il n’aimait pas avoir des doutes. Sa vie entière il avait toujours été sûr de tout et il considérait que cela faisait partie de ses points forts. Il avait toujours su qui il était. Mais à présent, il n’était plus sûr de rien. Il hésitait.

Il maudit les dieux de lui avoir fait rencontrer cette fille. De toute façon, pourquoi les gens ne s’occupaient-ils pas eux-mêmes de leurs problèmes? Pourquoi fallait-il toujours qu’ils fassent appel à ses services? Si cette fille et sa famille n’étaient pas capables de se défendre seuls, méritaient-ils de vivre? S’il leur venait en aide, d’autres prédateurs ne s’en prendraient-ils pas à eux tôt ou tard?

Non. Il ne pouvait pas leur venir en aide. Cela ne serait pas les aider. Les gens devaient apprendre à se défendre seuls.

Et peut-être qu’il y avait une raison qu’elle croise son chemin. Peut-être était-ce un test.

Merk releva les yeux vers le ciel, le crépuscule formait une fine couche colorée sur l’horizon qui se voyait à peine dans Whitewood et il se questionna sur ce dernier point.

Un test.

C’était un mot fort, une idée forte qu’il n’aimait pas vraiment. Il n’aimait pas ce qu’il ne comprenait pas bien et ne pouvait pas contrôler. C’était exactement ce en quoi un test consistait. Tandis qu’il continuait d’avancer en empalant les feuilles sur son bâton, Merk sentit que le monde qu’il s’était bâti avec soin était en train de s’effondrer. Avant, sa vie était facile. Mais à présent, il avait l’impression que sa vie était faite de questions gênantes et sans réponse. Il réalisait qu’il était plutôt facile d’être sûr de certaines choses dans la vie, mais se questionner sur ces choses n’était pas facile. Il venait de quitter un monde où tout était noir ou blanc, pour pénétrer dans un monde qui se déclinait en teintes de gris. Il était assailli par l’incertitude. Il ne comprenait pas quel genre de personne il était en train de devenir et cela le hantait plus que tout.

Merk arriva au sommet d’une colline et chercha à reprendre son souffle, épuisé. En atteignant le sommet, il s’arrêta et regarda le panorama autour de lui. Pour la première fois depuis qu’il avait commencé son voyage, il ressentit une lueur d’espoir. Il avait du mal à réaliser ce qu’il voyait.

Au loin, brillant sur l’horizon, se trouvait cet endroit légendaire et mythique: la Tour de Ur.

Nichée dans une petite clairière au milieu des bois sombres s’élevait une vieille tour ronde en pierre d’environ cinquante mètres de diamètre, à l’orée du bois. C’était la chose la plus ancienne qu’il eut jamais vue, plus ancienne encore que les châteaux dans lesquels il avait servi. Elle dégageait une aura mystérieuse et impénétrable. Il sentait que c’était un endroit mystique. Un endroit puissant.

Merk poussa un grand soupir de soulagement et d’épuisement. Il y était arrivé. La voir de ses yeux ressemblait à un rêve. Il avait enfin un endroit où aller dans ce monde, un endroit qu’il pourrait considérer comme chez lui. Il aurait une chance de recommencer sa vie, une chance de se repentir. Il allait devenir un Guetteur.

Il savait qu’il aurait dû être excité, qu’il aurait dû accélérer le pas pour terminer ce long voyage avant la nuit. Mais pourtant, bien qu’il le veuille au plus profond de lui-même, il n’arrivait pas à faire le premier pas. Il resta là, figé, hanté par quelque chose.

Merk pivota en regardant l’horizon autour de lui. Au loin, à contre-jour dans le soleil couchant, une fumée noire s’élevait dans le ciel. Ce fut comme s’il recevait un coup de poing dans le ventre. Il savait ce qui en était à l’origine: cette fille. Sa famille. Les meurtriers étaient en train d’incendier tout ce qu’ils possédaient.

En étudiant la façon dont la fumée montait, il comprit qu’elle n’avait pas encore atteint leur ferme. La fumée était encore dans les champs entourant la maison. Bientôt, les flammes atteindraient les bâtiments. Mais pour l’instant et pour quelques précieuses minutes encore, elle était en sécurité.

Merk fit craquer son cou, ce qu’il faisait à chaque fois qu’il était en proie à un conflit intérieur. Piétinant sur place et mal à l’aise, il n’arrivait pas à avancer. Il se retourna et lança un regard vers la Tour de Ur, la destination de ses rêves. Il savait qu’il aurait dû poursuivre. Il était arrivé. Il voulait se détendre et en profiter.

Mais pour la première fois de sa vie, un désir montait en lui. Une envie d’agir de façon égoïste, d’agir par simple envie de justice. Sans paiement ni récompense. Merk détestait ce sentiment.

Merk se pencha en arrière et poussa un hurlement, en conflit avec lui-même et avec le monde. Pourquoi? Après toutes ces années, pourquoi maintenant?

Puis, malgré tout le bon sens qu’il avait, il se détourna de la Tour et prit la direction de la ferme. Tout d’abord en marchant, puis en courant puis en allant le plus vite possible.

En courant ainsi, il sentit quelque chose lâcher au plus profond de son être. La Tour pouvait attendre. Il était temps que Merk fasse quelque chose de bien. Il était temps que ces meurtriers soient confrontés aux conséquences de leurs actes.

CHAPITRE VINGT-HUIT

Kyra était assise contre le mur de pierre froid. Ses yeux étaient rouges de sommeil et elle vit les premiers rayons de soleil passer au travers des barreaux en fer, éclairant la cellule d’une lumière pâle. Elle avait veillé toute la nuit comme le Seigneur Gouverneur l’avait prédit, retournant dans son esprit l’idée du terrible châtiment à venir. Elle médita sur ce qu’ils avaient fait à Dierdre et essaya d’écarter de son esprit les moyens que ces hommes immondes utiliseraient pour la briser.

Kyra envisagea des milliers de façons de résister, de s’échapper. Son esprit de guerrière refusait de céder, elle préférait encore mourir. Tandis qu’elle échafaudait des façons de se rebeller et de s’évader, elle ne put s’empêcher de ressentir du désespoir. Cet endroit était mieux gardé que n’importe quelle autre geôle qu’elle eut vue. Elle se trouvait au cœur du fort du Seigneur Gouverneur, une forteresse pandésienne, un complexe militaire immense qui renfermait des milliers de soldats. Elle était bien loin de Volis et même si elle arrivait à s’échapper, elle savait qu’elle ne réussirait jamais à rentrer sans qu’ils se lancent à sa poursuite et la tuent. Et en supposant que Volis soit encore là à son retour. Pire que tout, son père n’avait aucune idée du lieu où elle pouvait se trouver et il ne le saurait jamais. Elle était complètement seule.

“Tu n’as pas dormi?” demanda une voix douce qui la sortit de sa rêverie.

Kyra releva les yeux et découvrit Dierdre adossée au mur opposé, le visage baigné par la lumière matinale de l’aube. Elle était pâle et avaient de grosses cernes noires. Elle semblait complètement abattue et regardait Kyra avec des yeux creux.

“Je n’ai pas dormi non plus,” continua Dierdre. “J’ai pensé toute la nuit à ce qu’ils allaient te faire. La même chose qu’ils m’ont fait subir. Mais d’une certaine façon, cela me fait plus mal de savoir qu’ils vont s’en prendre à toi plutôt qu’à moi. Je suis déjà brisée. Il ne reste plus rien de ma vie. Mais toi, tu es encore parfaite.”

Kyra sentit sa terreur s’accroître en entendant ces mots. Elle ne pouvait pas imaginer les horreurs que sa nouvelle amie avait dû endurer et la voir dans cet état lui donnait encore plus envie de se battre.

“Il doit y avoir une autre solution,” dit Kyra.

Dierdre secoua négativement la tête.

“Il n’y a rien d’autre à espérer de cet endroit qu’une existence misérable. Et la mort.”

Soudain, elles entendirent le bruit de portes que l’on ouvrait brutalement dans le dongeon et Kyra se mit debout, prête à faire face à ce qui l’attendait, prête à se battre jusqu’à la mort s’il le fallait. Dierdre se mit debout d’un bond, courut jusqu’à elle et l’attrapa par le bras.

“Promets-moi une chose,” insista Dierdre.

Kyra vit son regard désespéré et elle acquiesça.

“Avant qu’ils ne te prennent,” dit-elle, “tue-moi. Étrangle-moi s’il le faut. Mais ne me laisse pas vivre ainsi plus longtemps. S’il-te-plaît. Je t’en prie.”

En la regardant, Kyra se sentit plus déterminée que jamais. Elle se débarrassa de sa pitié et de ses doutes. Elle sut à cet instant qu’elle devait survivre, si ce n’était pas pour sa propre personne, alors elle devait le faire pour Dierdre. Bien que la vie semble lugubre, elle ne pouvait pas s’avouer vaincue.

Les soldats approchaient, leurs bottes résonnaient dans les couloirs, leurs clefs tintaient et Kyra sut qu’il ne lui restait pas beaucoup de temps. Elle se retourna et attrapa fermement Dierdre par les épaules en la regarda droit dans les yeux.

 

“Écoute-moi,” l’implora Kyra. “Tu vas vivre. Tu me comprends bien? Tu ne vas pas seulement vivre mais tu vas t’échapper avec moi. Tu vas recommencer ta vie et tu auras une vie magnifique. Nous allons déchaîner notre vengeance sur les pourritures qui t’ont fait ça. Tu m’entends?”

Dierdre la regarda, hésitante.

“Il faut que tu sois forte,” insista Kyra en réalisant qu’elle parlait aussi pour elle-même. “La vie n’est pas pour les faibles. Mourir, abandonner, c’est ce que les faibles font. La vie c’est pour ceux qui sont forts. Veux-tu être faible et mourir? Ou veux-tu être forte et vivre?”

Kyra continua à la regarder d’une façon intense tandis que les guerriers entraient et que la lueur de leurs torches illuminait la cellule. Elle finit par avoir l’impression de voir quelque chose changer dans le regard de Dierdre. Cela ressemblait à une petite lueur d’espoir.

Les clefs tintèrent et la porte de la cellule s’ouvrit. Elle se retourna à l’approche des soldats. Des mains brutales et calleuses la saisirent par les poignets et Kyra fut projetée en dehors de la cellule tandis que la porte se refermait derrière elle. Elle se laissa traîner, elle devait conserver son énergie. Ce n’était pas le moment de luter. Elle devait les surprendre, attendre le moment parfait. Elle savait que même un ennemi puissant finissait toujours par avoir un moment de faiblesse.

Deux soldats l’immobilisaient et un homme qu’elle reconnut à peine passa par la porte de fer: le fils du Gouverneur.

Surprise, Kyra cligna des yeux.

“Mon père m’envoie te chercher,” dit-il en s’approchant, “mais je vais te prendre en premier. Bien sûr il ne sera pas content lorsqu’il s’en rendra compte mais que pourra-t-il bien faire une fois que ce sera fait?”

Le visage du fils se déforma en un sourire froid et diabolique.

Une terreur froide s’empara de Kyra et elle regarda cet homme complètement malade qui se léchait les lèvres en la regardant comme si elle n’était qu’un vulgaire objet.

“Tu vois,” dit-il en s’approchant et en commençant à enlever son manteau de fourrure, son souffle se matérialisant dans l’air froid de la cellule “mon père n’a pas besoin de savoir tout ce qui se passe dans son fort. Parfois, j’aime me servir en premier sur ce qui passe et ma chère tu es plutôt un beau spécimen. Je vais bien m’amuser avec toi. Puis je vais te torturer. Je te garderai en vie quand même, pour que j’ai quelque chose à lui amener.”

Il sourit et s’approcha tellement près qu’elle put sentir son haleine fétide.

“Toi et moi ma chère allons devenir très proches.”

Le fils fit signe aux gardes et elle fut surprise qu’ils relâchent leur étreinte et se retirent de part et d’autre de la salle pour lui laisser de l’espace.

Les mains libres, elle jeta un regard furtif autour d’elle pour évaluer ses chances. Il y avait les deux gardes chacun armés d’une longue épée ainsi que le fils, bien plus grand et large qu’elle. Elle n’aurait pas pu les dominer par la force même si elle avait été armée ce qui bien sûr n’était pas le cas.

Elle remarqua que ses armes – son arc, son carquois et son bâton – étaient posées contre le mur dans le recoin le plus éloigné. Son cœur s’accéléra. Que n’aurait-elle pas donné pour les avoir en main à cet instant.

“Haaa,” dit le fils en souriant. “Tu cherches tes armes. Tu crois encore que tu vas pouvoir t’en sortir. Je vois bien ton air de défi. Ne t’inquiète pas, tu seras bientôt brisée.”

Alors qu’elle ne s’y attendait pas le moins du monde, le fils la frappa brutalement du revers de la main, tellement fort qu’elle en eut le souffle coupé et qu’une terrible douleur se répandit sur l’ensemble de son visage. Kyra fit quelques pas en arrière et tomba à genoux, du sang coulant de sa bouche, la douleur cuisante la réveillant brutalement et résonnant dans ses oreilles et dans sa tête. Elle resta à quatre pattes, essayant de reprendre son souffle et réalisa que ce n’était qu’un avant-goût de ce qui allait suivre.

“Sais-tu comment nous nous y prenons pour dompter nos chevaux ma chère?” demanda le fils et se tenant au-dessus d’elle et en la regardant en souriant cruellement. Un garde lui lança le bâton de Kyra et sans même marquer un temps d’arrêt, il l’abattit violemment sur le dos exposé de Kyra.

Kyra hurla sous le coup de la douleur insoutenable et s’effondra face contre terre en ayant l’impression que tous les os de son corps étaient brisés Elle arrivait à peine à respirer et elle avait conscience que si elle ne réagissait pas rapidement, elle allait être mutilée à vie.

“Non!” hurla Dierdre en implorant depuis derrière les barreaux. “Ne lui faites pas de mal! Prenez-moi à sa place!”

Mais le fils l’ignora.

“Cela commence avec le bâton,” dit-il à Kyra. “Les chevaux sauvages résistent, mais si on les brise, encore et encore, si on les frappe sans aucune pitié, jour après jour, alors ils finissent tous par se soumettre. Et ils vous appartiennent. Il n’y a rien de mieux que d’infliger des souffrances à une autre créature, n’est-ce pas?”

Kyra sentit un mouvement et du coin de l’œil, elle le vit de nouveau lever le bâton avec un air sadique, prêt à lui assener un coup encore plus cruel.

Les sens de Kyra s’aiguisèrent et son monde ralentit. La même sensation qu’elle avait ressentie sur le pont resurgissait, une vague de chaleur familière qui partait de son plexus solaire et irradiait son corps entier. Elle se sentit emplie d’une énergie et encore plus puissante et rapide qu’elle aurait pu l’imaginer.

Des images défilèrent devant ses yeux. Elle se revit à l’entraînement avec les hommes de son père et se remémora leurs joutes interminables, comment elle avait appris à endurer la douleur et ne pas se laisser étourdir par elle ainsi que la façon d’affronter plusieurs assaillants à la fois. Anvin lui avait fait travailler cela des heures entières, jour après jour, jusqu’à ce qu’elle ait une technique parfaite et que cela fasse partie d’elle. Elle avait insisté pour que les hommes lui apprennent tout, même les leçons les plus dures et à présent tout lui revenait à l’esprit. Elle s’était entraînée pour pouvoir faire face à ce genre de situation.

Allongée au sol et ayant surmonté le choc de la douleur, une chaleur s’empara de son corps. Kyra releva les yeux vers le fils et ses instincts s’emparèrent d’elle. Elle mourrait, mais pas ici et pas aujourd’hui et certainement pas par la main de cet homme.

Une leçon lui revint en mémoire: Se retrouver à terre devant un adversaire peut être un avantage. Plus un homme est grand, plus il est vulnérable. Si tu es à terre, les genoux seront une cible facile. Balaye-les. Ils cèderont.

Alors que le bâton allait de nouveau s’abattre sur elle, Kyra prit soudain appui au sol en s’appuyant sur ses paumes et réussit à se soulever suffisamment du sol pour faire valser ses jambes rapidement et de façon précise en prenant pour cible les genoux de l’homme. Elle utilisa toutes ses forces et sentit avec satisfaction le point souple derrière les jambes.

Ses genoux cédèrent, il perdit l’équilibre et retomba sur le dos avec un bruit sourd. Le bâton lui échappa des mains et roula sur le sol. Elle n’en revenait pas que cela ait fonctionné. En tombant, sa tête heurta le sol et elle entendit son crâne se briser, elle était persuadée qu’elle venait de le tuer.

Mais il devait être invincible car il s’assit immédiatement en la regardant avec un regard dément prêt à lui sauter dessus.

Kyra n’attendit pas. Elle se remit debout et se précipita ver le bâton qui se trouvait à quelques mètres d’elle en sachant qu’une fois qu’elle l’aurait en main, elle aurait alors une vraie chance de rivaliser contre ces hommes. Mais alors qu’elle se dirigeait vers le bâton, le fils sauta vers elle pour lui attraper une jambe et l’empêcher d’avancer.

Kyra réagit rapidement, sa souplesse étant un avantage certain et elle rampa comme un chat par-dessus lui. Le fils n’arriva pas à l’attraper. Elle fit une roulade et réussit à se saisir de son bâton.

Elle tenait son bâton dans ses mains, tellement reconnaissante d’être de nouveau armée. Les deux gardes armés de leurs épées s’approchèrent d’elle et l’encerclèrent. Elle regarda vivement dans chaque direction comme un animal blessé se sentant acculé. Elle réalisa qu’elle avait de la chance que tout se soit déroulé aussi rapidement, lui laissant ainsi un peu de temps avant que les gardes ne soient de la partie.

Le fils se remit debout, essuya le sang qui lui coulait de la bouche du revers de la main et la fusilla du regard.

“Tu viens de faire la plus grosse erreur de ta vie,” dit-il. “Á présent je vais non seulement te torturer—”

Kyra en avait assez de lui et elle n’allait pas le laisser porter le premier coup. Avant même qu’il n’ait fini sa phrase, elle se jeta sur lui en levant son bâton et lui porta un coup rapide entre les yeux, comme un serpent. Ce fut un coup parfait, il hurla alors qu’elle lui cassait le nez, le bruit des os cassés résonant sourdement.

Il tomba à genoux en gémissant et portant les mains au visage.

Les deux gardes se jetèrent sur elle en abattant leurs épées sur sa tête. Kyra vit tournoyer son bâton et para un coup, déclenchant des étincelles qui illuminèrent la pièce puis se retourna immédiatement pour parer le second coup juste avant qu’elle ne soit touchée. Elle allait et venait, parant les coups les uns après les autres. Les coups s’enchaînaient tellement vite qu’elle avait à peine le temps de réagir.

L’un des gardes chercha à frapper top fort et Kyra entrevit une opportunité: elle leva son bâton et l’abattit directement sur son poignet exposé, l’écrasant et le forçant à lâcher son épée qui tomba au sol avec un bruit métallique. Kyra sauta de côté et décocha un coup sur la gorge du second garde qui tomba assommé, puis elle pivota et frappa de nouveau le premier garde mais au niveau de la tempe cette fois-ci. Le garde s’écroula au sol.

Kyra ne prit aucun risque: alors qu’un des deux gardes dos au sol essayaient de se relever, elle sauta dans les airs et abattit son bâton de toutes ses forces sur son plexus solaire. Lorsqu’il s’assit, elle lui donna un coup de pieds dans le visage, l’assommant une bonne fois pour toutes. Tandis que le second garde roulait sur le flanc en se tenant la gorge et essayant de se relever, Kyra le frappa à l’arrière de la tête et il retomba, assommé.

Kyra sentit des bras puissants l’attraper par derrière et elle réalisa que le fils était de retour dans le combat. Il essayait de l’écraser et de lui faire lâcher son bâton.

“Bien essayé,” lui chuchota-t-il à l’oreille, sa bouche tellement près qu’elle pouvait sentir son souffle chaud dans son cou.

Kyra eut un regain d’énergie et une force nouvelle monta en elle, suffisante pour qu’elle réussisse à se dégager de l’étreinte de l’homme en mettant ses bras devant elle et poussant avec ses coudes. Elle fit virevolter son bâton derrière elle à deux mains et visa l’entrejambe du fils.

Il poussa un grognement en relâchant la pression et tomba à genoux. Elle se retourna et le domina de toute sa hauteur. Il était enfin sans défense et leva les yeux vers elle, sous le choc d’une violente douleur.

“Dis bonjour à ton père de ma part,” dit-elle en levant son bâton et l’abattant de toutes ses forces sur sa tête.

Cette fois-ci, il finit par s’écrouler au sol, inconscient.

Reprenant son souffle et encore folle de rage, elle étudia la scène sous ses yeux: trois hommes particulièrement forts, immobiles au sol. Et tout cela était dû à une fille sans défense.

“Kyra!” cria une voix.

Elle se retourna en se souvenant de Dierdre. Sans perdre un instant, elle traversa la salle et s’empara des clefs à la ceinture d’un des gardes, déverrouilla la cellule. Dierdre se précipita dans ses bras et l’enlaça.

Kyra la repoussa et la regarda dans les yeux, cherchant à savoir si elle était mentalement prête à s’échapper.

“Il est temps,” dit Kyra d’un ton ferme. “Es-tu prête?”

Secouée, Dierdre regardait le carnage dans la salle.

“Tu l’as vaincu,” dit Dierdre en regardant les corps incrédule. “Je n’en reviens pas. Tu l’as vaincu.”

Kyra vit le changement dans le regard de Dierdre. La peur s’estompait et Kyra vit émerger une femme forte, une femme qu’elle n’avait pas décelée auparavant. De voir ses geôliers inconscients venait de changer quelque chose en elle et une force nouvelle montait en elle.

Dierdre s’avança vers une des épées au sol, la ramassa et s’approcha du fils qui était encore inconscient. Elle le regarda et se mit à ricaner.

“Voici pour tout ce que tu m’as fait,” dit-elle.

 

Elle leva l’épée de ses mains tremblantes et Kyra décela la bataille intérieure qui la faisait hésiter.

“Dierdre,” dit doucement Kyra.

Dierdre la regarda avec un chagrin intense sur le visage.

“Si tu fais cela,” dit doucement Kyra, “tu ne vaudras pas mieux que lui.”

Dierdre resta ainsi, les bras tremblants, aux prises d’un orage émotionnel, puis finalement elle baissa l’épée et la laissa tomber au sol.

Elle lui cracha au visage puis prit son élan et lui décocha un méchant coup de pieds dans le visage. Kyra commençait à se rendre compte que Dierdre était une personne bien plus forte qu’elle ne l’aurait pensé.

Elle regarda Kyra avec des yeux brillants, la vie et la personne qu’elle était avant revenant progressivement en elle.

“Allons-y,” dit Dierdre d’une voix plein de force.

*

Kyra et Dierdre sortirent du dongeon avec précipitation dans la faible lueur de l’aube. Elles se trouvaient au milieu d’Argos, la forteresse pandésienne qui servait de complexe militaire au Seigneur Gouverneur. Kyra cligna des yeux à la lumière. Cela était tellement bon de revoir la lumière du jour malgré la fraîcheur. Alors qu’elle reprenait ses esprits, elle réalisa qu’elles se trouvaient au centre d’un complexe protégé par un haut mur de pierre et une porte imposante. Les Hommes du Seigneur se réveillaient lentement et commençaient à rejoindre leurs postes tout autour des baraquements. Ils devaient être des milliers. Ils formaient une armée professionnelle et cet endroit ressemblait plus à une grande ville qu’un village.

Les soldats prenaient position sur les murs et guettaient l’horizon. Aucun d’entre eux ne regardait vers l’intérieur. Personne ne s’attendait à voir deux filles s’échapper d’ici et cela leur donnait un certain avantage. Il faisait encore suffisamment sombre pour qu’elles passent relativement inaperçues. Kyra regarda vers l’entrée bien gardée de l’autre côté de la cour et comprit que si elles avaient la moindre chance de sortir d’ici vivantes, c’était maintenant ou jamais.

Mais la cour était assez grande et elle savait qu’elles risquaient de ne pas y arriver. Et si elles se mettaient à courir, elles se feraient prendre.

“Là-bas!” dit Dierdre en pointant du doigt.

Kyra regarda et vit un cheval scellé de l’autre côté de la cour, avec un soldat à ses côtés qui le tenait par les rênes en leur tournant le dos.

Dierdre se tourna vers elle.

“Nous aurons besoin d’un cheval,” dit-elle. “C’est la seule façon.”

Kyra acquiesça, surprise de découvrir qu’elles avaient la même façon de penser et de voir que Dierdre était aussi perspicace. Kyra avait tout d’abord pensé que Dierdre serait une responsabilité pour elle mais elle se révélait être très intelligente, rapide et déterminée.

“Peux-tu le faire?” demanda Dierdre en regardant vers le soldat.

Kyra s’agrippa à son bâton et approuva.

Elles sortirent silencieusement de l’ombre en courant et traversèrent la cour en direction du soldat. Le cœur de Kyra battait très fort dans sa poitrine. Le soldat lui tournait le dos, chaque pas les rapprochait un peu plus en espérant que personne ne les verrait.

Kyra courut tellement vite qu’elle arrivait à peine à respirer. Elle faisait de son mieux pour ne pas glisser dans la neige. Elle ne ressentait pas le froid car l’adrénaline coulait dans ses veines.

Au moment où elles atteignirent le soldat, ce dernier les entendit et sursauta.

Mais Kyra attaquait déjà en levant son bâton et l’abattait directement sur son plexus solaire. Il grogna et tomba à genoux. Elle en profita pour faire tournoyer son bâton et l’abattit sur sa nuque. Il tomba inconscient face contre terre dans la neige.

Kyra enfourcha le cheval tandis que Dierdre sautait derrière elle. Elles talonnèrent toutes deux le cheval qui partit au galop.

Kyra sentit le vent froid hivernal dans ses cheveux tandis que le cheval traversait la cour enneigée, se dirigeant vers la porte au fond qui se trouvait peut-être à une centaine de mètres. Les soldats endormis sortirent de leur torpeur et se retournèrent.

“Allez!” hurla Kyra au cheval et le pressant d’accélérer, voyant l’entrée se rapprocher de plus en plus.

Une arche massive en pierre se trouvait devant elle, la herse était levée et permettait d’accéder à un pont. Kyra, le cœur battant, vit qu’au-delà se trouvait les terres. La liberté.

Elle talonna de nouveau le cheval de toutes ses forces lorsqu’elle vit que les soldats près de la sortie venaient de les remarquer.

“ARRÊTEZ-LESZ” hurla un soldat derrière elles.

Quelques soldats se précipitèrent vers de grosses manivelles en fer et Kyra les vit avec horreur se mettre à tourner et abaisser la herse. Kyra savait que si la herse se fermait avant qu’elles ne l’atteignent, leurs vies s’arrêteraient là. Elles ne se trouvaient qu’à une vingtaine de mètres et galopaient comme jamais. La herse, haute de dix mètres se baissait lentement, mètre par mètre.

“Baisse-toi autant que tu le peux!” cria-t-elle à Dierdre. Kyra s’allongea complètement sur la crinière de sa monture.

Le cœur de Kyra battait à tout rompre tandis qu’elles s’engageaient sous l’arche. La herse continuait de s’abaisser et était désormais tellement basse qu’elle dut se baisser autant qu’elle le put. Cela semblait tellement juste qu’elle n’était pas sûre qu’elles passeraient.

Au moment où elle était certaine de mourir, leur monture franchi la porte et la herse s’abattit derrière elles avec un grand bruit métallique. L’instant d’après, elles franchissaient le pont et au grand soulagement de Kyra, elles se retrouvèrent sous le ciel dégagé.

Des cors retentirent derrière elles et Kyra frémit en entendant une flèche siffler à son oreille.

Elle jeta un coup d’œil en arrière et vit que les Hommes du Seigneur prenaient place sur les remparts et les prenaient pour cibles. Elle fit faire des zigzags à sa monture en réalisant qu’elles étaient encore à portée de flèche et força le cheval à accélérer.

Elles progressaient, elles étaient peut-être à cinquante mètres au-delà du fort. La plupart des flèches n’allaient pas aussi loin. Mais soudain Kyra vit avec horreur une flèche se planter dans le flanc de sa monture qui rua immédiatement et les désarçonna toutes les deux.

Le monde de Kyra devint chaos. Elle tomba au sol et eut le souffle coupé par la chute. Le cheval passa près d’elle mais heureusement, ses sabots la ratèrent d’un centimètre.

Kyra se retrouva à quatre pattes, sonnée et vit Dierdre à côté d’elle. Elle releva la tête pour découvrir que la herse se relevait. Des centaines de soldats s’alignaient et dès que la voie fut dégagée, ils jaillirent du fort et se lancèrent à leur poursuite. C’était une vraie armée, prête à tuer. Elle fut surprise de voir la rapidité à laquelle ils s’étaient rassemblés mais c’est alors qu’elle réalisa qu’ils avaient commencé à se réunir dès l’aube pour attaquer Volis.

Maintenant sur ses pieds, Kyra regarda le cheval mort. Une vaste plaine s’ouvrait devant elle et elle savait que finalement, son heure était venue.

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