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Le Réveil des Dragons

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Из серии: Rois et Sorciers #1
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CHAPITRE VINGT-QUATRE

Kyra se tenait devant les portes de Volis. Elle contemplait le paysage hivernal tandis que la neige continuait de tomber et que le ciel se paraît de teintes violacées comme si le soleil avait du mal à percer. Elle se pencha en avant par-dessus le muret et prit une profonde respiration tandis qu’elle déposait une nouvelle pierre. Elle avait rejoint l’effort collectif pour ériger un nouveau mur autour de Volis et extraire de grosses pierres de la rivière. Tandis que le maçon derrière elle déposait le ciment, elle empilait les pierres. Ses bras tremblaient et elle avait vraiment besoin d’une pause.

Des centaines de personnes étaient alignées le long du muret et participaient à sa construction. De l’autre côté du mur, d’autres creusaient de nouveaux fossés tandis qu’un autre groupe creusait des tombes pour les personnes tombées au combat. Kyra savait bien que cela était futile, que ce muret ne résisterait pas à la puissante armée pandésienne lorsqu’elle arriverait. Quoi qu’ils puissent faire, ils mourraient tous ici et ils le savaient. Mais ils construisaient quand même ce mur. Cela leur donnait quelque chose à faire, l’impression qu’ils gardaient le contrôle en attendant que la mort ne vienne les prendre.

Alors que Kyra faisait une pause en s’adossant au mur en regardant la campagne, son esprit vagabondait. Tout semblait si calme, la neige étouffait les bruits comme si le monde n’était que paix. Mais elle savait que les choses étaient bien différentes. Elle savait que les pandésiens n’étaient pas loin et réunissaient leurs forces. Elle savait qu’ils reviendraient dans un grondement assourdissant et détruiraient toutes les choses auxquelles elle tenait. Tout ce qui était devant elle n’était qu’une illusion. Le calme avant la tempête. Il était difficile d’imaginer que le monde puisse être aussi calme et parfait un jour, et n’être que chaos et destruction le jour suivant.

Kyra regarda par-dessus son épaule et vit que les gens arrêtaient le travail pour aujourd’hui. Ils déposaient leurs truelles et leurs pelles tandis que la nuit tombait. Ils retournaient progressivement vers leurs foyers, la fumée se mit à monter des cheminées et les bougies s’allumèrent. Volis semblait tellement accueillant et forte, comme si rien au monde ne pouvait l’atteindre. Elle était émerveillée par cette illusion.

Elle ne pouvait s’empêcher de se remémorer les mots de son père, de sa demande qu’elle quitte les lieux. Elle pensa à cet oncle qu’elle n’avait jamais rencontré, au voyage qui l’attendait au travers d’Escalon, de Whitewood et jusqu’à la Tour de Ur. Elle pensa à sa mère, au secret qu’on lui cachait à son sujet, à l’entraînement de son oncle pour la rendre plus forte et tout cela l’excita.

Pourtant, en regardant les gens de son peuple, elle savait qu’elle ne pouvait les abandonner en ces temps de conflit même si cela lui permettait d’avoir la vie sauve. Ce n’était pas le genre de personne qu’elle était.

Un cor grave retentit soudain, indiquant la fin de cette journée de travail.

“La nuit tombe,” dit un maçon en se tenant près d’elle et déposant sa truelle. “On ne peut pas faire grand-chose de nuit. Il est temps de prendre un bon repas bien mérité. Allons-y,” dit-il tandis que des colonnes de personnes traversaient le pont en direction des portes.

“J’arrive dans un instant,” dit-elle, ne se sentant pas encore prête et souhaitant profiter du calme et du silence. Elle avait toujours préféré être seule et dehors.

Léo gémit et se passa la langue sur les babines.

“Emmène Léo avec toi, il a faim.”

Léo dut comprendre ses paroles car il s’élança à la suite du maçon avant même qu’elle n’eut fini sa phrase. L’homme se mit à rire et se dirigea vers le fort.

En dehors du fort, Kyra se laissa aller à fermer les yeux et se laissa bercée par les bruits, perdue dans ses pensées. Le bruit des marteaux avait enfin cessé et le calme était total.

Elle regarda vers l’horizon et l’orée sombre des bois, les gros nuages gris engloutissant les lueurs écarlates. Quand viendraient-ils? En quel nombre? Á quoi ressemblerait leur armée?

Elle fut surprise de détecter un mouvement au loin. Quelque chose attira son regard et elle vit apparaître un cavalier solitaire. Il sortait des bois et chevauchait vers le fort sur la route principale. Instinctivement, Kyra s’empara de son arc et se raidit en se demandant s’il s’agissait d’un éclaireur.

Mais elle fit par se détendre en le reconnaissant: c’était l’un des hommes de son père. Maltren. Il galopait et tirait par les rênes un autre cheval sans cavalier. Cela était plutôt curieux.

Maltren s’arrêta brusquement devant elle et la regarda avec un regard pressant. Il semblait avoir peur et elle ne comprenait pas ce qu’il se passait.

“Que se passe-t-il?” demanda-t-elle inquiète. “Est-ce que Pandésia approche?”

Reprenant son souffle, il secoua la tête.

“C’est ton frère,” dit-il. “Aidan.”

Le cœur de Kyra s’arrêta lorsqu’elle entendit le nom de son frère, la personne qu’elle aimait le plus au monde. Elle fut immédiatement alarmée.

“Qu’y a-t-il?” demanda-t-elle. “Que lui est-il arrivé?”

Maltren reprit son souffle.

“Il est gravement blessé, ”dit-il. “Il a besoin d’aide.”

Le cœur de Kyra s’accéléra. Aidan? Blessé? Son esprit envisageait les pires scénarios mais elle était surtout confuse.

“Comment?” s’enquit-elle. “Que faisait-il dans les bois? Je pensais qu’il était au fort et participait aux préparatifs du festin?”

Maltren secoua négativement la tête.

“Il est parti avec tes frères,” dit-il. “Chasser. Il a fait une mauvaise chute de cheval et s’est cassé les deux jambes.”

Déterminée, Kyra sentit l’adrénaline dans son sang et sans même prendre le temps de bien réfléchir à tout ceci, elle enfourcha le cheval.

Si elle s’était retourné un instant vers le fort, elle aurait aperçu Aidan. Mais dans l’urgence, elle ne prit pas le temps de questionner Maltren.

“Mène-moi à lui,” dit-elle.

Duo improbable, ils s’éloignèrent de Volis alors que la nuit tombait sur les bois sombres.

*

Kyra et Maltren galopèrent sur la route, traversèrent les collines en direction des bois. Elle respirait fort et n’hésita pas à talonner sa monture, impatiente de venir en aide à Aidan. Des millions de cauchemars assaillaient son esprit. Comment Aidan avait-il pu se casser les deux jambes? Que faisaient ses frères à chasser là-bas à la tombée de la nuit alors que son père avait formellement interdit à quiconque de quitter le fort? Cela n’avait vraiment aucun sens.

Ils atteignirent l’orée de la forêt et alors que Kyra s’apprêtait à y pénétrer, elle fut surprise de voir Maltren arrêter soudainement son cheval. Elle s’arrêta à ses côtés et le regarda descendre de sa monture. Les chevaux étaient à bout de souffle. Elle l’imita et le suivit, déconcertée, tandis qu’il s’arrêtait à l’orée de la forêt.

“Pourquoi t’arrêtes-tu?” lui demanda-t-elle en cherchant son souffle. “Je croyais qu’Aidan était dans les bois?”

Kyra regarda autour d’elle et se rendit soudain compte que quelque chose clochait terriblement. Soudain, elle fut horrifiée de voir sortir du bois le Seigneur Gouverneur en personne accompagné d’une dizaine d’hommes. Elle entendit des bruits de pas dans la neige derrière elle et se retourna pour découvrir qu’une dizaine d’hommes supplémentaires l’encerclaient et la tenaient en joue avec leurs arcs. L’un d’entre eux attrapa les rênes de son cheval. Son sang se figea lorsqu’elle comprit qu’elle était tombée dans un  piège.

Elle regarda Maltren avec fureur en réalisant qu’il l’avait trahie.

“Pourquoi?” demanda-t-elle, dégoûtée par cet homme. “Tu fais partie des hommes de mon père. Pourquoi fais-tu cela?”

Le Seigneur Gouverneur s’avança vers Maltren et lui donna une poche d’or tandis que Maltren détournait les yeux d’un air coupable.

“Pour suffisamment d’or,” dit le Seigneur Gouverneur en se tournant vers elle avec un sourire hautain, “tu apprendras que les hommes sont prêts à faire tout ce que tu veux. Maltren sera riche jusqu’à la fin de ses jours, plus riche que ton père ne le sera jamais et il lui sera épargné une mort terrible au fort.”

Kyra fusilla Maltren du regard en ayant du mal à réaliser cette histoire.

“Tu es un traître,” dit-elle.

Il la fusilla du regard en retour.

“Je suis notre sauveur,” répliqua-t-il. “Ils auraient abattu notre peuple entier à cause de toi. Heureusement, grâce à moi Volis sera épargnée. J’ai conclu un accord. Tu peux me remercier qu’ils aient la vie sauve.” Et il sourit d’un air satisfait. “Et te donner est tout ce que j’ai eu à faire.”

Kyra sentit qu’on l’attrapait rudement par derrière. Elle se sentit soulevée dans les airs, se débattit de toutes ses forces mais elle ne put les empêcher de lui lier les pieds et les poings. Elle fut jetée à l’arrière d’un chariot.

L’instant d’après, des barres de fer se refermaient derrière elle et le chariot partait en cahotant au travers de la campagne. Où qu’ils l’emmènent, elle savait que personne n’entendrait plus jamais parler d’elle. Alors qu’ils entraient dans les bois et que le ciel disparaissait derrière les arbres, elle comprit que la vie qu’elle avait connue jusqu’à présent appartenait au passé.

CHAPITRE VINGT-CINQ

Le géant était allongé aux pieds de Vésuvius, immobilisé par des milliers de cordes que retenaient des centaines de trolls. Alors que Vésuvius se tenait devant lui, très près de ses crocs, il était fasciné. La bête se tordit le cou en grognant, cherchant à le tuer mais elle ne pouvait pas faire un geste.

Vésuvius sourit, enchanté. Il se sentait puissant de dominer cette pauvre chose et plus que tout, il se délectait de ses souffrances.

Voir le géant ici, dans cette grotte, sur son propre territoire lui donnait des frissons de plaisir. Pouvoir se tenir aussi près lui donnait l’impression d’être immensément puissant et de pouvoir conquérir le monde entier. Enfin, après toutes ces années, son rêve était en train de se réaliser. Il allait enfin accomplir l’objectif de sa vie: créer un tunnel sous Les Flammes que son peuple traverserait pour envahir l’Ouest.

 

Vésuvius regarda la créature de haut.

“Tu vois, tu n’es pas aussi fort que moi,” dit-il en se tenant au-dessus de lui. “Personne n’est aussi puissant que moi.”

La bête rugit, un son horrible et se débattit en vain, faisant tanguer de droite à gauche tous les trolls qui l’immobilisaient. Les cordes bougèrent légèrement mais ne cédèrent pas. Vésuvius savaient qu’ils n’avaient pas beaucoup de temps. S’il fallait agir, c’était maintenant.

Vésuvius se retourna et examina la grotte: des milliers de travailleurs avaient cessé de travailler pour observer le géant. Au fond se trouvait le tunnel dont il n’était pas satisfait et Vésuvius savait que cela allait être assez délicat. Il fallait forcer le géant à travailler. D’une façon ou d’une autre il fallait attirer le géant dans le tunnel et le faire cogner contre la roche. Mais comment?

Vésuvius se creusait la tête lorsqu’une idée germa dans son esprit.

Il se tourna vers le géant et sortit son épée qui brilla sous la lueur des torches de la grotte.

“Je vais couper tes liens,” dit Vésuvius à la bête, “parce que je n’ai pas peur de toi. Tu seras libéré mais tu devras m’obéir. Tu devras creuser au fond de ce tunnel et tu ne t’arrêteras pas tant que tu n’auras pas fini de creuser sous Les Flammes et que tu n’auras pas atteint Escalon.”

Le géant poussa un cri de défi.

Vésuvius se tourna vers son armée de trolls qui attendait ses ordres.

“Mes chères épées,” cria-t-il d’une voix forte, “vous couperez toutes les cordes en même temps à mon signal. Puis vous vous servirez de vos armes pour le pousser vers le tunnel.”

Ses trolls échangèrent un regard nerveux, terrifiés à l’idée de le libérer. Vésuvius avait également peur mais il ne l’aurait jamais montré. Il savait qu’il n’y avait pas d’autre solution.

Vésuvius ne perdit pas de temps. Il s’avança d’un air décidé, leva son épée et sectionna la première des épaisses cordes qui retenaient le cou du géant.

Des centaines de soldats l’imitèrent instantanément, levèrent haut leurs épées et sectionnèrent le reste des cordes. Le bruit des cordes qui lâchaient emplit bientôt l’air.

Vésuvius battit rapidement en retraite mais sans trop se hâter afin d’éviter que ses hommes ne se rendent compte de sa peur. Il se glissa derrière les rangs de ses trolls, dans l’ombre d’un rocher, hors de portée de la bête. Il avait hâte de voir la suite.

Un grondement terrifiant résonna dans le canyon tandis que le géant se redressait sur ses pieds, fou de rage. Sans perdre une seconde, il commença à déchirer l’air avec ses griffes dans toutes les directions. Il coupa en deux quatre trolls et les fit voler dans les airs, ils traversèrent la grotte et allèrent s’écraser sur le mur du fond. Ils retombèrent au sol, morts.

Le géant serra les poings et les abattit soudainement au sol comme s’il s’agissait de marteaux. Il visait les trolls qui s’enfuyaient dans toutes les directions. Ils n’étaient pas assez rapides et le géant les écrasa comme des fourmis, les murs de la grotte tremblant à chaque coup.

Alors que les trolls essayaient de passer entre ses jambes, le géant leva un pied et en aplatit quelques-uns.

Furieux, il tuait des trolls à tour de bras. Aucun d’entre eux ne semblait pouvoir échapper à sa colère.

Vésuvius observait la scène avec de plus en plus de crainte. Il fit un signe à son commandant et un cor retentit.

Au signal, des centaines de trolls armés de piques et de fouets sortirent de l’ombre et s’apprêtèrent à pousser le géant dans la direction désirée. Ils l’encerclèrent de part et d’autre en faisant de leur mieux pour le guider.

Mais Vésuvius regarda avec stupeur son plan s’effondrer sous ses yeux. La bête se pencha en avant et donna un coup de pied qui pulvérisa une dizaine de soldats en même temps. Puis il balaya une cinquantaine de soldats avec son avant-bras en les écrasant contre un mur au passage. Il en piétina d’autres. Il en tuait tellement à la fois qu’aucun d’entre eux n’était capable de s’approcher suffisamment près. Ils ne pouvaient lutter contre cette créature bien qu’ils soient armés et en supériorité numérique. L’armée de Vésuvius était en train de se faire écraser sous ses yeux.

Vésuvius se mit à réfléchir rapidement. Il ne pouvait pas tuer la bête car il avait besoin d’elle et de toute sa force. Il fallait qu’elle lui obéisse. Mais comment? Comment l’attirer dans le tunnel?

Il eut soudain une idée: s’il ne pouvait pas la pousser dans le tunnel, peut-être pouvait-il l’y attirer.

Il se retourna et attrapa le troll qui se tenait à côté de lui.

“Toi,” ordonna-t-il. “Pars en courant dans le tunnel et assure-toi que le géant te voies.”

Le soldat le regarda les yeux écarquillés de terreur.

“Mais mon Seigneur et Roi, et s’il me suit?”

Vésuvius sourit.

“C’est exactement le but cherché.”

Pris de panique et trop effrayé pour obéir, le soldat ne bougea pas. Vésuvius lui plongea alors un poignard en plein cœur. Il s’avança vers le soldat suivant et lui mit son poignard sur la gorge.

“Tu peux mourir ici et maintenant,” dit-il, “par la pointe de ma lame, ou bien tu pars en courant dans ce tunnel et tu auras peut-être une chance de survivre. Á toi de voir. ”

Vésuvius pressa la lame sur sa gorge et le troll comprit qu’il ne plaisantait pas. Il se retourna et partit en courant.

Vésuvius le regarda traverser la grotte en courant, en zigzaguant dans le chaos des soldats mourants. Il le vit passer entre les jambes de la bête et courir vers le tunnel.

Le géant le repéra, essaya de l’écraser mais manqua son coup. Furieux et attitré par ce soldat qui lui avait échappé, il s’élança à sa suite exactement comme Vésuvius l’avait espéré. Il traversa la grotte, la terre tremblant à chacun de ses pas.

Le troll s’enfonça dans l’énorme tunnel qui bien que large et haut n’était pas très profond et s’arrêtait au bout d’une cinquantaine de mètres malgré des années de travail. Le troll atteignit rapidement le mur de roche à l’extrémité.

Enragé, le géant ne ralentit pas. Rattrapant le troll, il chercha à le découper d’un grand coup de griffes. Le troll se baissa et au lieu de tuer le troll, le géant plongea ses griffes dans la roche. Le sol trembla, un grondement sourd suivit. Abasourdi, Vésuvius vit avec émerveillement le mur s’écrouler: une avalanche de rochers dégringola dans un énorme nuage de poussière.

Le cœur de Vésuvius s’accéléra. Ils y étaient. C’était ce dont il rêvait depuis toujours, ce dont il avait exactement besoin, ce qu’il s’était imaginé le jour où il avait envoyé des troupes après cette bête. Le géant frappa de nouveau et un autre mur de roches s’effondra, enlevant une bonne cinquantaine de mètres d’un seul coup, soit bien plus que ce que les esclaves de Vésuvius avaient été capables de creuser en une année entière de dur labeur.

Vésuvius exultait de joie en réalisant que son plan pouvait fonctionner.

Mais lorsque le géant trouva le troll et l’attrapa, il le leva dans les airs et lui croqua la tête.

“FERMEZ LE TUNNEL!” ordonna Vésuvius en se précipitant pour diriger ses soldats.

Des centaines de trolls qui patientaient se précipitèrent et commencèrent à pousser la plaque de roche Altusienne que Vésuvius avait fait mettre à l’entrée du tunnel. Une roche tellement épaisse qu’aucune bête ni même cette créature serait capable de briser. Le bruit de la roche frottant sur le rocher emplit l’air et Vésuvius regarda l’entrée du tunnel se refermer lentement.

Voyant l’issue se refermer, le géant se retourna et chargea.

Mais l’issue fut scellée juste avant que le géant n’atteigne la sortie. La roche trembla lorsqu’il s’écrasa dessus depuis l’intérieur, mais heureusement, elle ne céda pas.

Vésuvius sourit, le géant était pris au piège. Il se trouvait exactement où il avait besoin de lui.

“Envoyez le suivant!” ordonna Vésuvius.

Un esclave humain fut poussé en avant, fouetté par ses surveillants, jusqu’à ce qu’il s’approche de la petite ouverture dans la roche. Lorsque l’humain réalisa ce qui allait se passer, il refusa d’avancer, se débattit de toutes ses force mais les trolls se déchaînèrent sur lui et réussirent à le pousser dans l’ouverture.

Ils entendirent les cris étouffés de l’esclave à l’intérieur qui essayait d’échapper au géant. Vésuvius entendit avec délectation le bruit du géant qui fou de rage frappait de nouveau la roche, contribuant ainsi à l’avancée de son tunnel.

Coup après coup, le tunnel avançait. Il savait que chaque nouveau coup l’approchait des Flammes, d’Escalon. Il allait transformer cette nation d’humains en une nation d’esclaves.

La victoire lui appartiendrait bientôt.

CHAPTRE VINGT-SIX

Kyra ouvrit les yeux dans l’obscurité. Elle était allongée sur un sol en pierre froid, sa tête la lançait terriblement, son corps la faisait souffrir et elle se demanda où elle se trouvait. Frissonnante de froid, la gorge sèche et ayant l’impression de ne pas avoir mangé depuis des jours, elle tendit la main et sentit les dalles sous ses doigts. Elle essaya de reprendre ses esprits.

Des images lui traversèrent la tête et elle n’était pas certaine de faire la différence entre ses souvenirs ou des cauchemars. Elle se souvint avoir été capturée par les Hommes du Seigneur, jetée dans un chariot, une porte métallique s’était refermée sur elle et ils avaient parcouru un long trajet sur une route cahoteuse. Elle se souvint s’être défendue lorsque les portes s’étaient ouvertes, avoir essayé de s’échapper et avoir reçu un coup violent sur la tête. Après cela, elle avait été à leur merci puis l’obscurité s’était emparée d’elle.

Kyra porta sa main sur la bosse à l’arrière de son crâne et comprit qu’il ne s’agissait pas d’un rêve. Tout cela avait bien eu lieu. Le poids de la réalité lui tomba dessus: elle avait été capturée par les Hommes du Seigneur et ils l’avaient emprisonnée.

Kyra était furieuse de la trahison de Maltren, furieuse contre elle-même d’avoir été assez stupide pour le croire. Elle avait également peur et se demandant ce qui allait suivre. Allongée ainsi, seule, prisonnière du Gouverneur, seules des choses terribles pouvaient lui arriver désormais. Elle était persuadée que son père et son peuple n’avaient aucune idée de l’endroit où elle pouvait se trouver. Peut-être que son père supposerait qu’elle avait tenu compte de ses propos et était partie vers la Tour de Ur. Maltren mentirait sûrement en disant qu’il l’aurait vu s’éloigner de Volis.

Rampant dans l’obscurité, elle chercha instinctivement son arc et son bâton mais ils lui avaient été retirés. Elle releva la tête et vit une faible lueur passer au travers des barreaux de sa geôle. Elle s’assit et vit que des torches éclairaient les murs du dongeon et qu’en dessous se trouvaient quelques soldats qui montaient la garde. Au milieu se trouvait une grande porte en fer. Tout était silencieux ici. Seul le bruit des gouttes qui tombaient du plafond et des rats qui courraient dans le noir venait rompre ce silence.

Kyra s’assit contre le mur et ramena les genoux sur sa poitrine pour se réchauffer. Elle ferma les yeux et prit une profonde inspiration en se forçant à s’imaginer ailleurs qu’ici. Elle vit alors le regard intense de Théo qui la regardait et pouvait entendre sa voix dans sa tête.

La force ne se définit pas par temps de paix. Elle se définit dans la souffrance. Fais face à ces épreuves, n’en aie pas peur. Et alors tu les surmonteras.

Surprise, Kyra ouvrit les yeux en s’attendant à voir Théos devant elle.

“L’as-tu vu?” dit soudain une voix de fille dans l’obscurité, ce qui fit sursauter Kyra.

Kyra frémit en entendant surgir des ténèbres la voix de cette autre personne et peut-être encore plus surprise par le fait qu’il s’agissait de la voix d’une fille. Elle semblait avoir à peu près son âge et lorsque Kyra vit son visage émerger de l’ombre, elle se rendit compte qu’elle ne s’était pas trompée. C’était une jolie fille d’environ quinze ans, aux yeux marron et aux longs cheveux châtains et emmêlés, le visage sale et les vêtements en lambeaux. Elle regardait Kyra et semblait terrifiée.

“Qui es-tu?” demanda Kyra.

“L’as-tu vu?” répéta la fille d’un ton pressant.

“Vu qui?”

“Son fils,” répondit-elle.

“ Son fils?” demanda Kyra incrédule.

 

La fille se retourna et regarda autour d’elles, complètement épouvantée et Kyra se demanda quelles horreurs elle avait pu voir.

“Je n’ai vu personne,” dit Kyra.

“Oh Dieu, ne les laisse pas me tuer,” implora la fille. “S’il-te-plaît. Je déteste cet endroit!”

La fille se mit à se balancer de façon incontrôlable, recroquevillée sur elle-même et Kyra en eut le cœur brisé. Elle se leva et passa un bras autour de ses épaules pour essayer de l’apaiser.

“Chut,” dit Kyra en essayant de la réconforter. Kyra n’avait jamais vu un être brisé à ce point. Cette fille semblait terrifiée par les personnes qu’elle mentionnait. Cela ne pressentait rien de bon pour la suite.

“Dis-moi,” dit Kyra. “De qui parles-tu? Qui t’as fait du mal? Le Gouverneur? Qui es-tu? Que fais-tu ici?”

Elle vit que le visage de la fille était tuméfié, qu’elle portait des cicatrices sur les épaules et elle essaya de ne pas penser à ce qu’ils avaient fait subir à cette pauvre fille. Elle attendit patiemment que ses balancements cessent.

“Je m’appelle Dierdre,” dit-elle. “Je suis là depuis… Je ne sais pas. Je pensais que cela faisait une lune mais j’ai perdu la notion du temps. Ils m’ont enlevée à ma famille vu que cette nouvelle loi les y autorise. J’ai essayé de résister et ils m’ont amenée ici.”

Dierdre regardait dans le vide comme si elle revivait les événements.

“Chaque jour ils ont de nouvelles tortures pour moi,” poursuivit-elle. “Au début c’était le fils, puis le père. Ils se servent de moi comme si j’étais une poupée et maintenant…. Je… Je ne suis plus rien.”

Elle regarda Kyra avec une intensité qui l’effraya.

“Je veux mourir,” implora Dierdre. “S’il-te-plaît, aide-moi à mourir.”

Kyra la regarda horrifiée.

“Ne dis pas ça,” répondit Kyra.

“J’ai essayé de prendre un couteau pour me tuer l’autre jour, mais il m’a échappé des mains. S’il-te-plaît. Je ferai n’importe quoi. Tue-moi.”

Choquée, Kyra secoua la tête.

“Écoute-moi,” dit Kyra en sentant une force monter en elle à la vue du désespoir de Dierdre. C’était la force de son père, la force de générations de guerriers qui courrait en elle. Et par-dessous tout, c’était également la force du dragon. Une force qu’elle ne savait pas en elle jusqu’à ce jour.

Elle attrapa Dierdre par les épaules et la regarda droit dans les yeux.

“Tu ne vas pas mourir,” dit Kyra d’un ton ferme. “Et ils ne vont pas te faire de mal. Tu me comprends? Tu vas vivre. Je m’en assurerai personnellement.”

Dierdre sembla se calmer en ressentant l’assurance de Kyra.

“Quoiqu’ils aient pu te faire,” poursuivit Kyra, “cela appartient au passé désormais. Tu seras bientôt libre, nous serons bientôt libres. Tu vas pouvoir refaire ta vie. Nous serons amies et je te protègerai. Tu m’entends?”

Dierdre la regarda d’un air interloqué, puis elle fit un signe de tête et se calma.

“Mais comment?” demanda Dierdre. “Tu ne comprends pas. Il n’y a aucune issue. Tu ne sais pas ce qu’ils sont.”

Elles sursautèrent lorsque la porte s’ouvrit en grand. Kyra observa le Seigneur Gouverneur s’approcher, suivi d’une dizaine d’hommes et d’un homme qui était sa copie conforme, le même nez proéminent et air hautain, peut-être dans la trentaine. Ce devait être son fils. Il avait le même ricanement que son père, le même visage stupide et la même attitude arrogante.

Ils traversèrent le dongeon et s’arrêtèrent près des barreaux. Leurs hommes s’approchèrent avec des torches et éclairèrent la cellule. Kyra découvrit pour la première fois sa cellule à la lumière et fut horrifiée de découvrir que le sol était recouvert de taches de sang. Elle ne voulait pas savoir combien de personnes l’avaient précédée, ni ce qui leur était arrivé.

“Amenez-la ici,” ordonna le Gouverneur à ses hommes.

Les portes de la cellule s’ouvrirent, les hommes pénétrèrent et Kyra se retrouva soudain sur ses pieds, les mains liées dans le dos, incapable de se libérer. Ils l’amenèrent devant le Seigneur Gouverneur qui la dévisagea de la tête aux pieds comme un insecte.

“Ne t’avais-je pas mise en garde?” dit-il doucement d’une voix grave et sinistre.

Kyra fronça les sourcils.

“La loi pandésienne vous autorise à prendre les jeunes filles pour femmes et non à en faire des prisonnières,” dit Kyra d’un air de défi. “Vous violez vos propres lois en me retenant prisonnière.”

Le Seigneur Gouverneur échangea un regard avec les autres et ils éclatèrent tous de rire.

“Ne t’inquiète pas,” dit-il en l’examinant, “Je vais faire de toi ma femme. De très nombreuses fois. Et mon fils également et toute autre personne que j’y autoriserai. Et lorsque j’en aurai fini avec toi, si nous ne t’avons pas encore tuée, je te laisserai croupir ici jusqu’à la fin de tes jours.”

Savourant ce moment, il sourit d’un air diabolique.

“En ce qui concerne ton père et ton peuple,” poursuivit-il, “J’ai changé d’avis: nous allons les tuer jusqu’au dernier. Ils ne seront bientôt plus qu’un lointain souvenir. Et j’ai bien peur que ce soit pire que cela: je m’assurerai que Volis soit effacé des livres d’histoire. Á l’heure où nous parlons une division entière de l’armée pandésienne est en approche pour venger mes hommes et détruire votre fort.”

Kyra se sentit bouillir d’indignation. Elle essaya désespérément de réunir le pouvoir qui l’avait aidée sur le pont, quel qu’il soit, mais à son grand désarroi, rien ne se passa. Elle se débattit de toutes ses forces mais ne réussit pas à se libérer.

“Tu as une sacrée volonté,” dit-il. “C’est parfait. Je vais me faire plaisir de briser cette volonté. Je vais me faire très plaisir.”

Il se retourna comme s’il allait partir et soudain, sans avertissement, il pivota et la frappa de toutes ses forces du revers de la main.

Elle ne s’attendait pas à ce geste et Kyra sentit le méchant coup lui pulvériser la mâchoire et l’envoyer rouler au sol près de Dierdre.

Sonnée et la mâchoire la faisant horriblement souffrir, Kyra resta allongée à les regarder s’éloigner. Ils quittèrent la cellule et la refermèrent derrière eux. Le Seigneur Gouverneur s’arrêta et la regarda au travers des barreaux.

“J’attendrai demain pour te torturer,” dit-il en souriant. “Je me suis rendu compte que mes victimes souffraient encore plus lorsqu’elles avaient une nuit complète pour penser à leurs souffrances futures.”

Il laissa échapper un rire atroce, ravi de son attitude et sortit du dongeon suivi de ses hommes. La massive porte de fer se referma sur eux, comme un cercueil sur son cœur.

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