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Choix de contes et nouvelles traduits du chinois

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Le devin se mit aussi à sourire et répondit: «C'est une chose convenue, décidée; adieu, adieu; à demain, après la pluie!»

Le roi des Dragons ayant salué le sorcier sortit de la capitale et revint à son palais. Aussitôt tous les génies de l'empire des eaux, grands et petits, vinrent au-devant de leur souverain et lui demandèrent ce qu'il en était du devin.

«Il existe, il existe en vérité, répondit le roi des eaux, mais c'est un bavard, un vieux fou qui débite des impertinences63!» Puis il raconta mot pour mot à la cour aquatique tout ce qui s'était passé entre l'astronome et lui.

«Grand roi, ajoutèrent en riant les habitants des eaux, vous êtes le divin Dragon, l'esprit qui préside à la pluie, le maître, l'ordonnateur absolu des huit fleuves: s'il doit pleuvoir ou non, qui le saura, si ce n'est vous? Comment a-t-il osé parler si follement? Le sorcier a perdu, il est battu complètement.»

Les fils et les petits-fils du roi des Dragons, ainsi que les grands dignitaires de sa cour rirent et s'amusèrent long-temps de cette aventure. Mais tout à coup ils entendirent au milieu des airs une voix qui criait: «Roi des huit fleuves, venez recevoir un ordre divin.» Tous les habitants du monde aquatique levèrent la tête; c'était un guerrier vêtu d'or qui tenait à la main un ordre du maître des cieux et pénétrait dans l'empire des ondes. Le roi des Dragons tout troublé ajuste ses vêtements, se lève par politesse, brûle des parfums et reçoit l'ordre céleste. Le guerrier à la cuirasse d'or disparaît à travers l'espace qu'il a franchi pour venir; et alors, après avoir avec une respectueuse reconnaissance brisé le sceau de la lettre, le roi des Dragons y lut ce qui suit:

Ordre au maître suprême des huit fleuves de prendre avec lui le tonnerre, de faire marcher les éclairs et de verser demain sur la ville de Tchang-Ngan une pluie bienfaisante qui répand partout l'abondance et la fertilité.

Sur ce décret céleste, les détails de l'heure se trouvaient absolument d'accord avec les pronostics de l'astronome qui ne s'était pas trompé d'une minute. Le roi des Dragons tout épouvanté fut près de s'évanouir, mais dans un instant il revint à lui, et devant toute sa cour assemblée, il s'écria: «Sur cette terre de poussière, il y a des hommes doués d'une intelligence surnaturelle; il est bien vrai que ce devin a le pouvoir de connaître les lois qui régissent le ciel et la terre, et la partie n'est pas gagnée contre lui!

– »Grand roi, prenez courage, dit alors l'esturgeon, chef des armées, il faut vaincre cet astrologue, et la chose n'est pas difficile. Votre sujet a même un petit projet, et il se charge de vous expliquer la manière d'anéantir cet effronte bavard.

– »Et ce plan, quel est-il? demanda le roi des eaux.

– »Le voici, répondit le chef des armées aquatiques. C'est de faire tomber la pluie de telle sorte qu'il se trouve une petite erreur dans le temps et la durée, et malgré son assurance, le devin sera en défaut. Alors, il se trouvera évidemment vaincu; vous ferez voler en éclats son enseigne et vous le forcerez à prendre la fuite: quelle difficulté y a-t-il à cela?»

Le roi des Dragons accueillit cette proposition, et se sentit soulagé. Le lendemain, le génie de la pluie, le génie du vent, le maître de la foudre, les jeunes immortels qui président aux nuées, et la reine des éclairs eurent ordre de s'assembler au-dessus de la ville de Tchang-Ngan; réunis dans l'espace au-dessus du neuvième étage du firmament, ils s'y tinrent serrés. A neuf heures, les nuages s'étendirent, à midi la foudre éclata, d'une heure à trois la pluie tomba, et à quatre elle avait cessé; mais la quantité d'eau ne s'éleva qu'à la hauteur de deux pieds sept lignes. L'instant précis avait été changé, et il se trouvait une erreur de trois pouces et une ligne.

Quand la pluie fût passée, le roi des Dragons licencia son cortège, et lui-même, saisissant un nuage qui s'abattait, il reprit son ancienne forme d'étudiant sans grade, et se rendit dans la grande rue, à la porte de l'Ouest. D'un pas brusque, il s'avance vers la demeure de l'astronome Youen-Cheou, et sans daigner s'expliquer davantage, il met l'enseigne en morceaux. Mais le devin, assis sur son siège, reste calme et digne dans une complète immobilité.

Cependant le dieu des eaux fait sauter les battants de la porte, et éclate en injures contre l'astronome: «Homme endiablé, s'écria-t-il, qui prédisais à tort et à travers le bonheur et le malheur, pervers, qui trompais à ta fantaisie le peuple crédule, non, tes divinations n'ont rien de surnaturel, les paroles n'étaient que mensonge et fourberie! Aujourd'hui tu n'as pu te trouver d'accord avec l'heure à laquelle la pluie est tombée, et encore, téméraire, tu restes effrontément assis devant moi! profite donc des instants, et sauve-toi, si tu veux éviter la mort qui serait le châtiment de ton crime!»

Toujours plein de dignité, inaccessible au plus léger sentiment de frayeur, le devin leva les yeux au ciel, et répondit avec un froid sourire: «Je n'ai pas peur, je n'ai pas peur! Je n'ai pas commis de crime qui mérite la mort! Mais je crains que toi, au contraire, tu ne te sois rendu coupable d'un crime capital. Un autre que moi eût été facilement ta dupe, mais moi, il n'est pas aisé de me tromper. Je te connais, tu n'es point un lettré, mais le roi des Dragons: tu as désobéi à l'ordre du Dieu suprême, tu as dérangé les heures, supprimé des minutes; tu t'es révolté contre les lois du ciel! Ainsi donc, seigneur roi des mers, j'ai bien peur que tu ne puisses échapper au glaive qui te menace dans la tour de Koua-Long-Tay (du dragon coupé en morceaux): et tu viens m'insulter ici!»

A ces paroles, le roi des Dragons sentit son cœur défaillir, et son courage fut anéanti: il frissonne de tous ses membres, lâche au plus vite les battants de la porte, et rajustant ses vêtements, il s'incline respectueusement devant le devin, puis tombe à ses genoux en s'écriant: «Docteur, ne vous emportez pas contre moi, ces paroles n'étaient qu'une plaisanterie; j'étais incapable de discerner le mensonge de la vérité: mais hélas! j'ai pêché contre le ciel! puis-je espérer que vous daignerez me sauver! sinon, quand je devrais mourir ici, je ne vous quitte pas!

– »Je ne puis te sauver, reprit le devin, seulement je vais t'indiquer ce qui doit t'arriver, et abandonner ton sort entre tes propres mains.»

– »Je vous en supplie, daignez m'instruire, interrompit le roi des eaux!»

Le devin répondit: «Demain, à midi trois minutes, tu devras te trouver près du ministre Oey-Tching, qui rend la justice parmi les mortels, afin d'entendre la sentence, et si tu tiens à la vie, il faut aller ensuite en toute hâte demander grâce à l'empereur Taï-Tsong de la dynastie actuelle des Tang; c'est le meilleur moyen: Oey-Tching remplit les fonctions de premier ministre près de Taï-Tsong; et si tu peux émouvoir le prince en ta faveur, il ne t'arrivera rien de fâcheux.»

A ces mots, le roi des Dragons salua l'astronome, lui dit adieu, et se retira en essuyant ses larmes: puis tout à coup le soleil de pourpre se coucha dans les profondeurs de l'occident, la lune s'éleva avec les étoiles, et alors:

Les montagnes aux sommets neigeux, couvertes de vapeurs, prennent une teinte violette, les corneilles reviennent au gîte, lasses d'un long trajet; le voyageur cherche une retraite pour la nuit; auprès du gué, les oies sauvages nouvellement arrivées reposent le long des grèves. La voie lactée étincelle comme l'argent, les heures passent rapides; dans le village isolé, les lumières ne jettent plus qu'un pâle reflet; une brise légère répand le pur parfum qui s'élève des cassolettes au fond des couvents de bonzes; les songes riants et légers entrent dans l'homme et il ne voit plus rien; la lune fait mouvoir l'ombre des fleurs sur la balustrade, la foule confuse des étoiles brille aux cieux, la clepsydre est retournée, la goutte d'eau ne rend plus le même son, déjà la moitié de la nuit silencieuse et calme s'est écoulée.

Le roi des Dragons ne retourna donc point dans son empire des eaux, mais après avoir attendu jusqu'à minuit dans le milieu des airs, il s'enveloppa d'un nuage, assembla le brouillard autour de lui, et arriva aux portes du palais de Taï-Tsong.

Or, à ce moment, le grand souverain de la dynastie des Tang rêvait, et voici quel était son rêve: étant à se promener hors du palais, à la clarté étincelante de la lune, le roi des Dragons s'offrit précipitamment à sa vue sous les traits d'un mortel, et se jetant à genoux devant lui, il s'écria: «Seigneur, sauvez-moi, grâce, grâce pour moi! – Qui es-tu pour que je te sauve, demanda l'Empereur.» Et la réponse de l'inconnu fut celle-ci: «Votre humble sujet est sous sa véritable forme un Dragon; sa profession est de régner sur les eaux, mais il s'est révolté contre le ciel; le sage ministre de votre majesté, Oey-Tching, administrateur de la justice parmi les mortels, doit prononcer la sentence, voilà pourquoi le coupable implore la miséricorde de votre Majesté; qu'elle daigne le sauver! – Puisque c'est mon ministre qui exécute la sentence, répondit l'Empereur, je puis te faire grâce, reprends courage et va en paix.»

Le roi des Dragons, transporté de joie, salua Tai-Tsong et partit.

Cependant à son réveil l'Empereur avait réfléchi sérieusement à son rêve de la nuit, puis à 5 heures 3 minutes, tous les magistrats civils et militaires étaient par son ordre réunis autour du trône. Alors:

 

Les lanternes sont suspendues aux portes du Phénix, les parfums abondants brûlent dans les appartements du Dragon64, les lumières scintillent, le paravent65 couleur de pourpre s'agite; les nuages d'encens sont chassés en l'air, et s'écoulent en lambeaux étincelants; le roi et le sujet sont unis comme Yao et Chun66; les rites et la musique sont sévères et graves comme au temps des dynasties des Han et des Tcheou. Les serviteurs qui portent des flambeaux, les jeunes filles du palais qui tiennent les éventails, placés deux à deux, s'illuminent d'un double éclat. Les écrans sur lesquels sont peints des paons, ceux qui représentent les licornes apparaissent de toutes parts resplendissants comme une nuée flottante. Tout le peuple s'écrie d'une seule voix67: «Longue vie au souverain!» et prie le ciel de lui accorder dix mille automnes.

Tout à coup, au milieu du silence, le fouet68 retentit à trois reprises, les courtisans en habit de fête se découvrent devant le bonnet impérial, tout le palais est inondé de riantes lumières, il s'élève un parfum enivrant; on entend retentir une musique douce et suave comme la brise dans les saules de la digue; les stores enrichis de pierres précieuses, les paravents aux dessins fantastiques et riches sont suspendus et relevés par des agrafes d'or; voici les éventails sur lesquels brillent le Phénix et le Dragon, sur lesquels sont dessinés des fleuves et des montagnes. Le char de diamants s'arrête, les magistrats civils, lettrés éminents par leur savoir, les magistrats militaires, héros à la fière démarche, se tiennent rangés des deux côtés de la route que suit l'empereur; ils s'écoulent en ordre et par files sur le parquet étincelant; trois éléphants s'avancent couverts d'ornements d'or et de housses de soie violettes, les cieux et la terre sont infinis et éternels! «Puisse la Majesté vivre dix mille automnes.»

Quand les magistrats eurent fini de faire leur cour, chacun reprit son rang; alors le grand souverain de la famille des Tang, ouvrant son œil de phénix et roulant sa prunelle de dragon, les regarde l'un après l'autre. Tous étaient là présents, pleins d'une majestueuse dignité, et debout dans une attitude de respect; le ministre Oey-Tching, lui seul, manquait à l'appel.

Taï-Tsong, ayant fait venir près de lui l'intendant du palais Yu-Chi-Tsy, lui raconta son rêve, puis il ajouta: «J'ai donné ma parole au Dragon, j'ai promis de le sauver, mais voilà que mon ministre ne paraît pas au milieu de vous, pourquoi cela?

– »Sire, repondit l'intendant, puisque dans ce rêve le ministre était spécialement désigné comme celui qui doit exécuter la sentence, il faut le faire appeler à la cour, l'y garder, et ne pas le laisser sortir de tout le jour; de cette manière, vous pourrez sauver celui qui vous est apparu en songe.»

Cette réponse plut beaucoup à l'Empereur; et aussitôt un officier du palais fut chargé de transmettre au ministre l'ordre de se présenter immédiatement devant le trône de sa Majesté.

Or, pendant qu'il était dans son hôtel, au milieu de cette même nuit, Oey-Tching avait aperçu la troupe céleste occupée à faire brûler de précieux parfums, puis le chant de la cigogne du haut des neuf étages de l'atmosphère avait frappé son oreille, et l'envoyé du Dieu suprême, monté sur l'oiseau, tenait à la main un ordre qui portait ces mots: «A midi trois minutes, tu feras, en rêve, subir la peine capitale au roi des Dragons.» Oey-Tching s'était prosterné avec respect et reconnaissance devant ce divin décret, puis, après avoir pris un repas maigre et fait sa toilette, il demeurait dans son hôtel occupé à examiner l'état de son glaive; la direction de ses idées avait été changée, et voilà pourquoi il n'était pas allé à la cour présenter ses hommages à l'Empereur.

Quand arriva l'ordre de Taï-Tsong, le ministre fort épouvanté ne savait trop quel parti prendre; toutefois il n'osait refuser obéissance aux volontés de son souverain. Il lui fallut donc au plus tôt rajuster ses vêtements, attacher sa ceinture à laquelle est suspendu le sceau marque de sa dignité, et se rendre au palais; là, il frappe la terre de son front aux pieds du trône, et demande à l'Empereur pardon du crime dont il s'est rendu coupable.

«Je vous pardonne, et vous ne m'avez point offensé,» répondit gracieusement Taï-Tsong; et à peine les magistrats s'étaient retirés hors de la salle d'audience, qu'il ordonna de faire rouler le paravent: la séance était levée. Oey-Tching fut seul admis à rester avec l'Empereur, qui l'emmena dans le palais des Clochettes d'Or, et le fit entrer avec lui dans le lieu réservé aux plaisirs du repos.

D'abord ils s'entretinrent des moyens de maintenir la paix dans les provinces, formèrent des projets tendant à affermir l'empire, s'occupant ainsi des intérêts les plus voisins et les plus éloignés. Mais l'heure de midi approchait, et l'Empereur dit aux serviteurs du palais d'apporter un jeu d'échecs, pour qu'il fît une partie avec son sage ministre. La volonté du souverain fut immédiatement exécutée par les jeunes filles de sa cour; et elles disposèrent la table de jeu destinée aux loisirs de sa Majesté.

Oey-Tching témoigna à l'Empereur combien il était sensible à un tel honneur, et la partie commença. Or, le souverain et le ministre jouaient ensemble dans la salle des loisirs, les coups se succédaient, les deux armées déployaient leurs rangs et s'attaquaient; il y a un livre qui dit:

«La principale règle du jeu d'échecs, c'est de se tenir sur ses gardes avec attention. Les pièces principales sont au centre, les plus faibles sur les côtés, les moyennes protègent les ailes de l'armée; telle est la loi invariable qui préside à la disposition des forces. Cette loi dit: il vaut mieux sacrifier un pion que de perdre une pièce importante69. Tout en attaquant à gauche, veillez à votre droite. Si vous harcelez l'arrière-garde de l'ennemi, songez à défendre les premières lignes. Car si vous êtes victorieux sur les premiers rangs, vous le serez sur les derniers. Ce sont deux membres d'un même corps, qui pour être vivants, demandent à ne pas être séparés, et cependant pour les conserver, ne les faites pas trop dépendre l'un de l'autre. N'affaiblissez pas votre jeu en l'éparpillant trop; en le serrant trop aussi vous l'embarassez. Plutôt que de tenir aveuglement à un pion et de chercher à le sauver à tout prix, sacrifiez-le et vous vous en trouverez bien; plutôt que de ne rien risquer et de rester en ligne, consolidez votre jeu, et réparez vos pertes. Si l'adversaire est en force et nous trop affaiblis, songeons à défendre notre vie. Si au contraire, l'ennemi est réduit à quelques pièces, et nous bien affermis, sachons tirer parti de notre puissance.

Le bon joueur, quand il combat, n'est point querelleur; le bon joueur, quand il range son armée, n'éprouve aucune crainte; le bon joueur, quand on le serre de près, n'est pas battu pour cela; le bon joueur, quand il perd, ne se trouble pas. La partie, commencée avec des pièces disposées en bon ordre, se termine par une éclatante victoire. Réparer ses pertes, quand l'ennemi ne vous attaque pas, c'est le vrai moyen de préparer une attaque furtive. Abandonner les pièces minimes, sans trop chercher à les sauver, c'est la pensée d'un plan d'une haute portée. Le joueur qui touche une pièce à l'aventure, sans réflexion, c'est un homme qui ne sait pas calculer ses coups; répondre à l'attaque de l'adversaire, sans songer s'il tend un piège, c'est le moyen d'être battu. Les vers disent: «doucement, attention, comme lorsque vous entrez dans la vallée obscure!..»

Cependant comme Taï-Tsong et son ministre étaient assis à la table de jeu, l'heure de midi trois minutes les surprit: la partie n'était point encore achevée; Oey-Tching laissa tout à coup tomber sa tête sur le damier et s'endormit d'un sommeil profond. A cette vue l'Empereur se mit à sourire et dit: «Mon sage ministre a l'esprit fatigué, tant il s'occupe avec ardeur des intérêts de l'empire; il a épuisé ses forces à établir la division des provinces, voilà pourquoi le sommeil l'a subitement vaincu!» Il le laissa donc dormir à son aise, sans l'appeler, ni l'éveiller.

Oey-Tching ne tarda pas à revenir à lui, puis il se jeta aux pieds de son Empereur, en s'écriant: «Sire, votre sujet a mérité mille fois la mort, il est mille fois coupable! le sommeil l'a accablé, et il n'a su ce qu'il faisait! Doit-il espérer que le souverain daignera pardonner à son sujet ce manque de respect.

– »Et en quoi, répondit Taï-Tsong, m'avez-vous manqué de respect, relevez-vous!»

Or, la partie qui avait été brusquement interrompue, et demeurait inachevée, il la continua de nouveau avec Oey-Tching qui exprimait à haute voix combien il était touché de tant d'indulgence. Cependant comme l'Empereur tournant un pion entre ses doigts, cherchait à le placer sur le damier, de grands cris se firent entendre aux portes du palais; aussitôt Tsin-Cho-Pao et Yu-Meou-Kong apportèrent une tête de Dragon toute sanglante, qu'ils déposèrent aux pieds du prince, en disant: «Sire, on a vu des mers manquer d'eau, des fleuves se sécher, mais une aventure aussi étrange que celle-ci, jamais on n'en a entendu parler!

– »Et comment la chose s'est-elle passée, demandèrent à la fois le prince et son ministre, en se levant de leurs sièges?

– »C'est à quelques pas d'ici, au sud du palais, répondirent les deux chefs des gardes, dans telle rue, que cette tête de Dragon est venue tomber au milieu d'un nuage, votre ministre n'osera vous refuser des explications à ce sujet.»

–» Et qu'avez-vous à m'apprendre,» lui demanda l'Empereur tout effrayé?

A ces mois Oey-Tching se tourna vers son souverain, frappa la terre de son front, et dit: «Sire, c'est la tête du Dragon que j'ai décapité en rêve.»

Cette réponse frappa de stupeur le grand prince de la dynastie des Tang. «Mais, s'écria-t-il, pendant que mon sage ministre dormait, il n'a pas remué, il n'a fait aucun mouvement, il n'avait pas de glaive près de lui! comment donc a-t-il pu exécuter ce Dragon?»

 

Le ministre répondit de la manière suivante: «Grand prince, votre sujet,

Tout en étant devant son souverain, s'est éloigné de lui dans un rêve; bien qu'il fût assis près de son Empereur devant une partie commencée, ses yeux s'étant voilés et obscurcis, il est parti en songe bien loin, dans un nuage; ses esprits sortis de son corps ont pris leur vol librement; l'être surnaturel était captif dans la tour du Dragon coupé par morceaux; là, les guerriers célestes le tenaient lié et garotté. Alors, sire, votre sujet lui a dit: «Tu t'es révolté contre les lois du ciel, ton crime mérite la mort, et j'ai reçu du Dieu suprême l'ordre d'exécuter la sentence.» A ces mots le Dragon gémit et se désola, et votre sujet ranima ses propres esprits; le Dragon versa des larmes et sanglota, puis il retira ses griffes, coucha ses écailles et s'offrit volontiers à la mort.

Votre sujet reprit donc un nouveau courage; après avoir retroussé sa robe, et marché quelques pas, il leva son glaive étincelant, et d'un seul coup la sentence fut exécutée: voilà pourquoi la tête est venue tomber ici, en roulant à travers l'espace.»

63De nos jours, dit en marge l'éditeur chinois, est-il un seul devin qui ne soit aussi un fou et ne débite des impertinences?
64Phénix et Dragon sont des épithètes des choses qui appartiennent à l'Empereur.
65Paravent derrière lequel sa Majesté se tient assise pendant l'audience.
66L'Empereur Yao, qui commença à régner l'an 2357 avant J. – C., associa à l'empire Yu-Chun, étranger à sa famille, mais admis à cet honneur à cause de ses vertus, et à l'exclusion de l'héritier du trône que des vices éloignèrent de la succession. Le souvenir de ces deux personnages qui apparaissent à l'aurore de l'histoire est resté cher aux Chinois.
67Le texte dit: crier comme la montagne. Le Sse-Ki rapporte que le grand maître des cérémonies étant, dans une circonstance solennelle, monté sur la montagne sacrée du milieu (il y en eut cinq sous les Tcheou), les officiers subalternes restés en bas entendirent un bruit qui semblait sortir de la montagne et imiter le son de Wan-Souy, dix mille années à l'Empereur!
68Le fouet dont on se sert pour écarter la foule devant le cortège.
69L'éditeur chinois dit en marge: le monde est un damier, les hommes en sont les pièces; il n'y a que les mots de changés.
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