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Henri VI. 3

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SCÈNE II

Une plaine dans le comté de Warwick
Entrent WARWICK ET OXFORD avec des troupes françaises et autres

WARWICK. – Croyez-moi, milord; tout jusqu'ici va bien. Le peuple vient en foule se ranger autour de nous. (Il aperçoit Clarence et Somerset.) Mais tenez, voilà Somerset et Clarence qui nous arrivent. – Répondez sur-le-champ, milords: sommes-nous tous amis?

GEORGE. – N'en doutez pas, milord.

WARWICK. – En ce cas, cher Clarence, Warwick t'accueille de grand coeur; et toi aussi, Somerset. – Je tiens pour lâcheté de conserver la moindre défiance, lorsqu'un noble coeur a donné sa main ouverte en signe d'amitié: autrement, je pourrais penser que Clarence, frère d'Édouard, n'a pour notre cause qu'une feinte affection: mais sois le bienvenu, Clarence: ma fille sera à toi. A présent que reste-t-il à faire sinon de profiter des voiles de la nuit, tandis que ton frère est négligemment campé, que ses soldats sont à errer dans les villes des environs, et qu'il n'est escorté que d'une simple garde: nous pouvons le surprendre et nous emparer de sa personne, dès que nous le voudrons. Nos espions ont trouvé ce coup de main facile à exécuter. Ainsi comme jadis Ulysse et le robuste Diomède se glissèrent avec audace et célérité dans les tentes de Rhésus, et emmenèrent les terribles coursiers de Thrace, auxquels les destins avaient attaché la victoire; de même, bien couverts du noir manteau de la nuit, nous pouvons renverser à l'improviste la garde d'Édouard, et nous saisir de lui; je ne dis pas le tuer, car je ne veux que le surprendre. Que ceux de vous qui voudront me suivre prononcent avec acclamation le nom de Henri, en même temps que leur général. (Tous s'écrient: Henri!) Allons, partons donc, et marchons en silence. Que Dieu et saint George soient pour Warwick et ses amis!

(Ils sortent.)

SCÈNE III

Le camp d'Édouard, près de Warwick
Entrent quelques SENTINELLES pour garder la tente du roi

PREMIER GARDE. – Allons, messieurs, que chacun prenne son poste; le roi est là qui dort.

SECOND GARDE. – Quoi! est-ce qu'il n'ira pas se mettre au lit?

PREMIER GARDE. – Non: vraiment, il a fait un serment solennel, de ne pas se coucher pour prendre son repos ordinaire, jusqu'à ce que Warwick ou lui soient vaincus.

SECOND GARDE. – C'est ce qui sera demain, selon toute apparence, si Warwick est aussi près qu'on l'assure.

TROISIÈME GARDE. – Mais dites-moi, je vous prie, quel est ce lord qui repose ici avec le roi dans sa tente?

PREMIER GARDE. – C'est le lord Hastings, le plus intime ami du roi.

TROISIÈME GARDE. – Oui? – Mais pourquoi cet ordre du roi, que ses principaux chefs logent dans les villes des environs, tandis que lui il passe la nuit dans cette froide campagne?

SECOND GARDE. – C'est le poste d'honneur parce qu'il est le plus dangereux.

TROISIÈME GARDE. – Oh! pour moi, qu'on me donne des dignités et du repos, je les préfère à un dangereux honneur. – Si Warwick savait en quelle situation il est ici, il y a lieu de croire qu'il viendrait le réveiller.

PREMIER GARDE. – A moins que nos hallebardes ne lui fermassent le passage.

SECOND GARDE. – En effet: car pourquoi garderions-nous sa tente royale, si ce n'était pour défendre sa personne contre les ennemis nocturnes?

(Entrent Warwick, George, Oxford, Somerset, et des troupes.)

WARWICK, à demi-voix. – C'est là sa tente: voyez, où sont ses gardes. Courage, mes amis: c'est le moment de se faire honneur, ou jamais! Suivez-moi seulement, et Édouard est à nous.

PREMIER GARDE. – Qui va là?

SECOND GARDE. – Arrête, où tu es mort.

(Warwick et sa troupe crient tous ensemble: Warwick! Warwick! en fondant sur la garde, qui fuit en criant: aux armes! aux armes! Warwick et sa troupe les poursuivent.)
(On entend les tambours et les trompettes.)
(Rentrent Warwick et sa troupe enlevant le roi Édouard vêtu de sa robe de chambre, et assis dans un fauteuil. Glocester et Hastings fuient.)

SOMERSET. – Qui sont ceux qui fuient là?

WARWICK. – Richard et Hastings: laissons-les: nous tenons ici le duc.

LE ROI ÉDOUARD. – Le duc! Quoi, Warwick! la dernière fois que tu m'as quitté, tu m'appelais roi.

WARWICK. – Oui; mais les temps sont changés. Depuis que vous m'avez déshonoré dans mon ambassade, moi, je vous ai dégradé du rang de roi, et je viens aujourd'hui vous créer duc d'York… Eh! comment pourriez-vous gouverner un royaume, vous qui ne savez ni vous bien conduire envers vos ambassadeurs, ni vous contenter d'une seule femme, ni traiter vos frères fraternellement, ni travailler au bonheur des peuples, ni vous garantir vous-même de vos ennemis?

LE ROI ÉDOUARD. – Quoi, mon frère Clarence, te voilà aussi! – Ah! je vois bien maintenant qu'il faut qu'Édouard succombe. – Cependant, Warwick, en dépit du malheur, en dépit de toi et de tous tes complices, Édouard se conduira toujours en roi: et si la malice de la fortune renverse ma grandeur, mon âme est hors de la portée de sa roue.

WARWICK. – Eh bien, que dans son âme Édouard demeure roi d'Angleterre; (lui ôtant sa couronne) Henri portera la couronne d'Angleterre, et sera un vrai roi; toi, tu n'en seras que l'ombre. – Milord Somerset, chargez-vous, je vous prie, de faire conduire sur-le-champ le duc Édouard chez mon frère, l'archevêque d'York. Quand j'aurai combattu Pembroke et ses partisans, je vous suivrai, et je porterai à Édouard la réponse que lui envoient Louis et la princesse Bonne. Jusque-là, adieu pour quelque temps, mon bon duc d'York.

LE ROI ÉDOUARD. – Ce qu'impose la destinée, il faut que l'homme le supporte. Il est inutile de vouloir résister contre vent et marée.

(Sortent le roi Édouard et Somerset.)

OXFORD. – Que nous reste-t-il maintenant à faire, milords, sinon de marcher droit à Londres avec nos soldats?

WARWICK. – Oui, voilà quel doit être notre premier soin. Délivrons Henri de sa prison, et replaçons-le sur le trône des rois.

(Ils sortent.)

SCÈNE IV

A Londres. – Un appartement dans le palais
Entrent LA REINE ÉLISABETH, femme d'Édouard, RIVERS

RIVERS. – Madame, quel chagrin a donc si fort altéré les traits de votre visage?

LA REINE. – Quoi, mon frère, êtes-vous donc encore à savoir le malheur qui vient d'arriver au roi Édouard?

RIVERS. – Quoi! La perte de quelque bataille rangée contre Warwick.

LA REINE. – Non; mais la perte de sa propre personne.

RIVERS. – Mon roi serait tué?

LA REINE. – Oui, presque tué, car il est prisonnier; soit qu'il ait été trahi par la perfidie de ses gardes, soit qu'il ait été inopinément surpris par l'ennemi; on m'a dit de plus qu'il avait été confié à la garde de l'archevêque d'York, le frère du cruel Warwick, et par conséquent notre ennemi.

RIVERS. – Ces nouvelles, je l'avoue, sont bien désastreuses: cependant, gracieuse dame, soutenez ce revers de votre mieux: Warwick, qui a l'avantage aujourd'hui, peut le perdre demain.

LA REINE. – Il faut donc, jusque-là, que l'espérance soutienne ma vie. Et je veux en effet me sevrer du désespoir, par amour pour l'enfant d'Édouard que j'ai dans mon sein. C'est lui qui me fait contenir ma douleur, et porter avec patience la croix de mon infortune: oui, c'est pour lui que je retiens plus d'une larme, et que j'étouffe les soupirs qui dévoreraient mon sang, de crainte que ces pleurs et ces soupirs ne vinssent flétrir ou noyer le fruit sorti du roi Édouard, le légitime héritier de la couronne d'Angleterre.

RIVERS. – Mais, madame, que devient Warwick?

LA REINE. – Je suis informée qu'il marche vers Londres, pour placer une seconde fois la couronne sur la tête de Henri: tu devines le reste. Il faut que les amis d'Édouard se soumettent; mais pour prévenir la fureur du tyran (car il ne faut point se fier à celui qui a violé une fois sa parole), je vais de ce pas me réfugier dans le sanctuaire, afin de sauver du moins l'héritier des droits d'Édouard. Là, je serai en sûreté contre la violence et la fraude. Venez donc; fuyons, tandis que nous pouvons fuir encore. Si nous tombons entre les mains de Warwick, notre mort est certaine.

(Ils sortent.)

SCÈNE V

Un parc, près du château de Middleham, dans la province d'York
Entrent GLOCESTER, HASTINGS, SIR WILLIAM STANLEY, et autres personnages

GLOCESTER. – Cessez de vous étonner, lord Hastings, et vous, sir William Stanley, si je vous ai conduits ici dans le plus épais des bois de ce parc. Voici le fait. Vous savez que notre roi, mon frère, est ici prisonnier de l'évêque qui le traite bien, et lui laisse une grande liberté. Souvent, accompagné seulement de quelques gardes, il vient chasser dans ce bois pour se récréer. Je l'ai fait avertir en secret que si vers cette heure-ci il dirigeait ses pas de ce côté, sous prétexte de faire sa partie de chasse ordinaire, il trouverait ici ses amis avec des chevaux et main-forte, pour le délivrer de sa captivité.

(Entre le roi Édouard, accompagné d'un chasseur.)

LE CHASSEUR. – Par ici, milord; c'est de ce côté qu'est la chasse.

LE ROI ÉDOUARD. – Non, c'est par ici, mon ami: vois, voilà des chasseurs. Eh bien, mon frère, et vous, lord Hastings, vous êtes donc ici à l'affût avec votre monde pour surprendre le cerf de l'évêque?

GLOCESTER. – Mon frère, il faut se hâter de profiter du moment et de l'occasion. Votre cheval est tout prêt, et vous attend au coin du parc.

 

LE ROI ÉDOUARD. – Mais où allons-nous d'ici?

HASTINGS. – A Lynn, milord, et de là nous nous embarquons pour la Flandre.

GLOCESTER. – Bien pensé, je vous assure: c'était aussi mon idée.

LE ROI ÉDOUARD. – Stanley, je récompenserai ton audace.

GLOCESTER. – Mais que tardons-nous? Il n'est pas temps de s'amuser à parler.

LE ROI ÉDOUARD. – Chasseur, qu'en dis-tu? Veux-tu nous suivre?

LE CHASSEUR. – Cela vaut beaucoup mieux que de rester pour être pendu.

GLOCESTER. – Viens donc; partons: ne perdons pas davantage le temps.

LE ROI ÉDOUARD. – Adieu, archevêque. Songe à te munir contre le courroux de Warwick, et prie Dieu pour que je puisse ressaisir la couronne.

(Ils sortent.)

SCÈNE VI

Une pièce dans la Tour
Entrent LE ROI HENRI, CLARENCE, WARWICK, SOMERSET, LE JEUNE RICHMOND, OXFORD, MONTAIGU, LE LIEUTENANT de suite

LE ROI. – Monsieur le lieutenant, à présent que Dieu et mes amis ont renversé Édouard du trône d'Angleterre, et changé mon esclavage en liberté, mes craintes en espérance, et mes chagrins en joie, quels honoraires te devons-nous en sortant de cette prison?

LE LIEUTENANT. – Les sujets n'ont rien à exiger de leurs souverains: mais si mon humble prière peut être exaucée, je demande mon pardon à Votre Majesté.

LE ROI. – Et de quoi donc, lieutenant? De m'avoir si bien traité? Sois sûr que je reconnaîtrai tes bons procédés, qui m'ont fait trouver du plaisir dans ma prison; oui, tout le plaisir que peuvent sentir renaître en eux-mêmes les oiseaux mis en cage, lorsque après tant de pensées mélancoliques les chants qui les amusaient dans leur ménage leur font enfin oublier tout à fait la perte de leur liberté. Mais après Dieu, c'est toi, Warwick, qui me délivres; c'est donc principalement à Dieu et à toi que s'adresse ma reconnaissance. Il a été l'auteur, et toi l'instrument. Aussi, pour triompher désormais de la malignité de ma fortune, en vivant dans une situation modeste où elle ne puisse me blesser; et afin que le peuple de cette terre bienheureuse ne soit pas la victime de mon étoile ennemie, Warwick, quoique ma tête porte encore la couronne, je te résigne ici mon administration; car tu es heureux dans toutes tes oeuvres.

WARWICK. – Votre Grâce fut toujours renommée pour sa vertu; et aujourd'hui elle se montre sage autant que vertueuse, en reconnaissant et cherchant à éviter la malice de la Fortune: car il est peu d'hommes qui sachent gouverner prudemment leur étoile! Cependant il est un point, où vous me permettrez de ne pas vous approuver: c'est de me choisir lorsque vous avez Clarence près de vous.

GEORGE. – Non, Warwick, tu es digne du commandement: toi à qui le Ciel à ta naissance adjugea un rameau d'olivier et une couronne de laurier, donnant à présumer que tu seras toujours également heureux dans la paix et dans la guerre: ainsi je te le cède de mon libre consentement.

WARWICK. – Et je ne veux choisir que Clarence pour protecteur.

LE ROI. – Warwick, et vous, Clarence, donnez-moi tous deux la main. A présent, unissez vos mains, et avec elles vos coeurs, et que nulle dissension ne trouble le gouvernement. Je vous fais tous deux protecteurs de ce pays: tandis que moi, je mènerai une vie retirée, et consacrerai mes derniers jours à la dévotion, occupé à combattre le péché, et à louer mon créateur.

WARWICK. – Que répond Clarence à la volonté de son souverain?

GEORGE. – Qu'il donne son consentement, si Warwick donne le sien; car je me repose sur ta fortune.

WARWICK. – Allons, c'est à regret; mais enfin j'y souscris: nous marcherons l'un à côté de l'autre comme l'ombre double de la personne de Henri, et nous le remplacerons; j'entends en supportant, à sa place, le fardeau du gouvernement, tandis qu'il jouira des honneurs et du repos. A présent, Clarence, il n'est rien de plus pressant que de faire déclarer, sans délai, Édouard traître, et de confisquer tous ses domaines et tous ses biens.

GEORGE. – Je ne vois pas autre chose à faire de plus, que de régler sa succession…

WARWICK. – Oui, et Clarence ne manquera pas d'y avoir sa part.

LE ROI. – Mais je vous prie (car je ne commande plus), mettez avant vos plus importantes affaires, le soin d'envoyer vers Marguerite, votre reine, et mon fils Édouard, pour les faire revenir promptement de France; car jusqu'à ce que je les voie, le sentiment de joie que me donne ma liberté est à moitié détruit par les inquiétudes de la crainte.

GEORGE. – Cela va être fait, mon souverain, avec la plus grande célérité.

LE ROI. – Milord de Somerset, quel est ce jeune homme à qui vous paraissez prendre un si tendre intérêt?

SOMERSET. – Mon prince, c'est le jeune Henri, comte de Richmond.

LE ROI. – Approchez, vous, espoir de l'Angleterre. (Il pose sa main sur la tête du jeune homme.) Si une puissance cachée découvre la vérité à mes prophétiques pensées, ce joli enfant fera le bonheur de notre patrie. Ses regards sont pleins d'une paisible majesté; la nature forma son front pour porter une couronne, sa main pour tenir un sceptre, et lui, pour la prospérité d'un trône royal. Qu'il vous soit précieux, milords; car il est destiné à vous faire plus de bien que je ne vous ai causé de maux14.

(Entre un messager.)

WARWICK. – Quelles nouvelles, mon ami?

LE MESSAGER. – Qu'Édouard s'est échappé de chez votre frère, qui a su depuis qu'il s'était rendu en Bourgogne.

WARWICK. – Fâcheuse nouvelle! mais comment s'est-il échappé?

LE MESSAGER. – Il a été enlevé par Richard, duc de Glocester, et le lord Hastings, qui l'attendaient placés en embuscade sur le bord de la forêt, et l'ont tiré des mains des chasseurs de l'évêque; car la chasse était son exercice journalier.

WARWICK. – Mon frère a mis trop de négligence dans le soin dont il était chargé. Mais allons, mon souverain, nous prémunir de remèdes contre tous les maux qui pourraient survenir.

(Sortent le roi Henri, Warwick, Clarence, le lieutenant et sa suite.)

SOMERSET. – Milord, je n'aime point cette évasion d'Édouard; car, il n'en faut pas douter, la Bourgogne lui donnera des secours, et nous allons de nouveau avoir la guerre avant qu'il soit peu. Si la prédiction dont Henri vient de nous présager l'accomplissement a rempli mon coeur de joie par les espérances qu'elle me fait naître sur ce jeune Richmond, le coeur me dit également que dans ces démêlés il peut arriver beaucoup de choses funestes pour lui et pour nous. Ainsi, lord Oxford, pour prévenir le pire, nous allons l'envoyer, sans tarder, en Bretagne jusqu'à ce que les orages de cette guerre civile soient dissipés.

OXFORD. – Votre avis est sage; car si Édouard remonte sur le trône, il y a tout lieu de craindre que Richmond ne tombe avec le reste.

SOMERSET. – Cela ne saurait manquer; il va donc partir pour la Bretagne: n'y perdons pas de temps.

(Ils sortent.)

SCÈNE VII

Devant York
Entrent LE ROI ÉDOUARD, GLOCESTER, HASTINGS, soldats

LE ROI ÉDOUARD. – Ainsi donc, mon frère Richard, Hastings, et vous tous, mes amis, la fortune veut réparer tout à fait ses torts envers nous, et dit que j'échangerai encore une fois mon état d'abaissement contre la couronne royale de Henri. Nous avons passé et repassé les mers, et ramené de Bourgogne le secours désiré. Maintenant que nous voilà arrivés du port de Ravenspurg devant les portes d'York, que nous reste-t-il à faire que d'y rentrer comme dans notre duché?

GLOCESTER. – Quoi, les portes fermées! – Mon frère, je n'aime pas cela. C'est en bronchant sur le seuil de leur demeure que bien des gens ont été avertis du danger qui les attendait au dedans.

LE ROI ÉDOUARD. – Allons donc, mon cher, ne nous laissons pas effrayer par les présages: de gré ou de force, il faut que nous entrions, car c'est ici que nos amis viendront nous joindre.

HASTINGS. – Mon souverain, je veux frapper encore une fois pour les sommer d'ouvrir.

(Paraissent sur les murs le maire d'York et ses adjoints.)

LE MAIRE. – Milords, nous avons été avertis de votre arrivée, et nous avons fermé nos portes pour notre propre sûreté; car maintenant c'est à Henri que nous devons l'obéissance.

LE ROI ÉDOUARD. – Mais, monsieur le maire, si Henri est votre roi, Édouard est au moins duc d'York.

LE MAIRE. – Il est vrai, milord, je sais que vous l'êtes.

LE ROI ÉDOUARD. – Eh bien! je ne réclame que mon duché, et je me contente de sa possession.

GLOCESTER, à part. – Mais quand une fois le renard aura pu entrer son nez, il aura bientôt trouvé le moyen de faire suivre tout le corps.

HASTINGS. – Eh bien, monsieur le maire, qui vous fait hésiter? Ouvrez vos portes; nous sommes les amis du roi Henri.

LE MAIRE. – Est-il vrai? Alors les portes vont s'ouvrir.

(Il descend des remparts.)

GLOCESTER, avec ironie. – Voilà un sage et vigoureux commandant, et facile à persuader.

HASTINGS. – Le bon vieillard aimerait fort que tout s'arrangeât, aussi en avons-nous eu bon marché: mais, une fois entrés, je ne doute pas que nous ne lui fassions bientôt entendre raison, et à lui et à ses adjoints.

(Rentrent au pied des murs le maire et deux aldermen.)

LE ROI ÉDOUARD. – Fort bien, monsieur le maire: ces portes ne doivent pas être fermées si ce n'est la nuit, ou en temps de guerre. N'aie donc aucune inquiétude, mon cher, et remets-moi ces clefs. (Il lui prend les clefs.) Édouard et tous ses amis, qui veulent bien me suivre, se chargeront de défendre ta ville et toi.

(Tambour. Entrent au pas de marche Montgomery et des troupes.)

GLOCESTER. – Mon frère, c'est sir John Montgomery, notre ami fidèle, ou je suis bien trompé.

LE ROI ÉDOUARD. – Soyez le bienvenu, sir John! Mais pourquoi venez-vous ainsi en armes?

MONTGOMERY. – Pour secourir le roi Édouard dans ces temps orageux, comme le doit faire tout loyal sujet.

LE ROI ÉDOUARD. – Je vous rends grâces, bon Montgomery: mais en ce moment nous oublions nos droits à la couronne, et nous ne réclamons que notre duché, jusqu'à ce qu'il plaise à Dieu de nous rendre le reste.

MONTGOMERY. – En ce cas, adieu, et je m'en retourne. Je suis venu servir un roi, et non pas un duc. – Battez, tambours, et remettons-nous en marche.

(La marche recommence.)

LE ROI ÉDOUARD. – Eh! arrêtez un moment, sir John, et nous allons débattre par quels sûrs moyens on pourrait recouvrer la couronne.

MONTGOMERY. – Que parlez-vous de débats? En deux mots, si vous ne voulez pas vous proclamer ici notre roi, je vous abandonne à votre fortune, et je pars pour faire retourner sur leurs pas ceux qui viennent à votre secours: pourquoi combattrions-nous, si vous ne prétendez à rien?

GLOCESTER. – Quoi donc, mon frère, vous arrêterez-vous à de vaines subtilités?

LE ROI ÉDOUARD. – Quand nous serons plus en force, nous ferons valoir nos droits. Jusque-là, c'est prudence que de cacher nos projets.

HASTINGS. – Loin de nous cette scrupuleuse prudence: c'est aux armes à décider aujourd'hui.

GLOCESTER. – Les âmes intrépides sont celles qui montent le plus rapidement aux trônes. Mon frère, nous allons vous proclamer d'abord sans délai, et le bruit de cette proclamation vous amènera une foule d'amis.

LE ROI ÉDOUARD. – Allons, comme vous voudrez; car à moi appartient le droit, et Henri n'est qu'un usurpateur de ma couronne.

MONTGOMERY. – Enfin je reconnais mon souverain à ce langage, et je deviens le champion d'Édouard.

HASTINGS. – Sonnez, trompettes. Édouard va être proclamé à l'instant. (A un soldat.) Viens, camarade; fais-nous la proclamation.

(Il lui donne un papier. Fanfare.)

LE SOLDAT lit. -Édouard IV, par la grâce de Dieu, roi d'Angleterre et de France, et lord d'Irlande, etc.

MONTGOMERY. – Et quiconque osera contester le droit du roi Édouard, je le défie à un combat singulier.

 
(Il jette à terre son gantelet.)

TOUS. – Longue vie à Édouard IV!

LE ROI ÉDOUARD. – Je te remercie, brave Montgomery. – Et je vous remercie tous. Si la fortune me seconde, je reconnaîtrai votre attachement pour moi. – Passons cette nuit à York, et demain, dès que le soleil du matin élèvera son char au bord de l'horizon, nous marcherons à la rencontre de Warwick et de ses partisans; car je sais que Henri n'est pas guerrier. – Ah! rebelle Clarence, qu'il te sied mal de flatter Henri et d'abandonner ton frère! Mais nous espérons te joindre, toi et Warwick. – Allons, braves soldats, ne doutez pas de la victoire; et la victoire une fois gagnée, ne doutez pas non plus d'une bonne solde.

(Ils sortent.)
14Il fut roi sous le nom de Henri VII, après l'extinction des maisons d'York et de Lancastre; il était fils d'Edmond, comte de Richmond, demi-frère de Henri VI, par sa mère, Catherine de France, qui après la mort de Henri V, avait épousé Owen Tudor, père d'Edmond.
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