Le Souvenir Zéro

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“Oh.” Maya prit un ton sarcastique. “Je crois que j’ai toutes lais raisons d’être désagréable. Tu veux que je te les énumère ?” Elle était assez intelligente pour comprendre ce qui était en train de se passer, mais trop en colère pour réprimer ses émotions. La vérité était évidente. Elle était toujours très remontée contre son père, même si elle se persuadait du contraire. Mais elle avait canalisé toute cette hostilité et cette fureur dans son école et l’atteinte de ses objectifs. Ici et maintenant, sans rien de tout ça et assise face à l’homme qui lui avait fait tant de mal, tout remontait en bouillonnant à la surface. Elle avait soudain chaud et son cœur s’était emballé.

Tout à coup, elle se rendit compte qu’elle ne pourrait jamais se rappeler un seul souvenir heureux de son enfance sans réaliser amèrement que la vie de son père, et une grande partie de la sienne par extension, n’était qu’un gros mensonge enveloppé dans une myriade de mensonges plus petits. La lumière la plus brillante de son enfance, sa mère, avait été cruellement et froidement éteinte à cause de ça, des mains d’un homme que Maya avait été assez bête pour croire qu’elle pouvait lui faire confiance.

Et non seulement son père l’avait su, mais il avait laissé ce John Watson s’en tirer.

“Maya,” dit son père. “S’il te plaît…”

“Toi, fermes-la !” gueula-t-elle. “Elle est morte à cause de toi !” Elle fut étonnée par la propre intensité de sa voix, puis surprise que son père ne se mette pas en colère en retour. Mais il se contenta de fermer la bouche et de baisser les yeux vers la table, comme un chiot à qui on aurait mis un coup de pied.

“Écoute, je ne sais pas ce qui se passe ici,” dit gentiment Greg, “mais je crois que je vais vous laisser…”

Il commençait à se lever, mais Maya leva un doigt menaçant devant son visage. “Assieds-toi ! Tu ne sors pas d’ici.”

Greg s’abaissa immédiatement dans sa chaise comme si elle était un sergent instructeur donnant un ordre à son soldat. Maria la regardait de biais, un sourcil légèrement arqué, comme si elle attendait de voir ce qui allait se passer ensuite. Les épaules de son père s’affaissèrent et il garda la tête basse.

“Fais chier,” murmura Maya en passant la main dans ses cheveux courts. Elle pensait avoir dépassé tout ça, dépassé les ondes émotionnelles qui s’abattaient sur elle comme une vague folle, dépassé les tentatives de concilier le professeur souriant et plein d’humour qu’elle appelait Papa avec l’agent secret qui était responsable des traumatismes qu’elle allait porter pour le restant de ses jours. Elle pensait en avoir fini avec les sanglots qui la secouaient quand elle changeait de vêtements et voyait les fines cicatrices blanches du message qu’elle avait gravé dans sa propre jambe quand elle pensait qu’elle allait mourir et qu’elle avait rassemblé ses dernières forces pour lui donner un indice sur l’endroit où se trouvait sa sœur.

Ne t’avise pas de pleurer.

“C’était une erreur.” Elle se leva et se dirigea vers la porte pour sortir. “Je ne veux plus jamais te revoir.”

Elle réalisa qu’elle était trop en colère pour pleurer. Au moins, elle avait dépassé ce stade-là.

Maya se glissa derrière le volant de la voiture de location et démarra le moteur. Greg arrivait en courant derrière elle.

“Maya !” cria-t-il. “Hé, attends !” Il essaya d’ouvrir la portière côté passager, mais elle avait déjà verrouillé les portes. “Allez, laisse-moi entrer.”

Elle commença à reculer dans l’allée.

“Ce n’est pas drôle !” Il frappa sur la vitre avec sa paume. “Comment est-ce que je vais rentrer ?”

“Ta mère a l’air pleine de ressources,” lui cria-t-elle par la vitre fermée. “Tu n’as qu’à l’appeler.”

Puis, elle s’éloigna dans la rue, tandis qu’une minuscule version de Greg apparaissant dans son rétroviseur, les mains sur la tête, l’air totalement ahuri. Elle savait qu’elle allait le payer cher, une fois de retour à l’académie. Mais, pour le moment, elle s’en fichait. En effet, alors que cette maison étrangère où vivait son père rapetissait dans le rétro, il lui sembla qu’un poids quittait ses épaules. Elle était venue ici, aujourd’hui, à cause d’un certain sens de la famille et des responsabilités. Un vrai fardeau…

Mais maintenant, elle réalisait que si elle ne les revoyait jamais et qu’elle ne remettait jamais les pieds ici, ça lui irait parfaitement. Elle était très bien toute seule. Il n’y avait pas de rapprochement possible, et il n’y en aurait jamais. Sa mère était morte et, pour elle, son père l’était aussi.

CHAPITRE QUATRE

Karina Pavlo était assise dans un coin, au fond du bar, dans l’ombre des tireuses à bière mais avec une vue dégagée sur la porte d’entrée. Elle avait choisi un lieu où toute personne sensée ne penserait jamais à la chercher : un tripot miteux au sud-est de DC, non loin de Bellevue. Ce n’était pas le meilleur des quartiers et le soir tombait rapidement, mais ce n’étaient pas les petits voleurs et les agresseurs potentiels qui l’inquiétaient. Elle avait de plus bien plus gros soucis.

De plus, elle venait elle-même de commettre quelques petits larcins.

Après avoir échappé à l’agent des Services Secrets et être restée cachée un petit moment dans la librairie, Karina avait pris le risque de retourner dans la rue où elle avait rapidement trouvé une boutique de mode. Même si elle n’avait pas de chaussures, elle était très bien habillée et, en gardant la tête haute et en marchant avec un air confiant pour éviter d’attirer les regards, elle ressemblait à n’importe quelle businesswoman de la classe moyenne supérieure.

Elle s’était dirigée tout droit vers le rayon femmes et avait pris quelques vêtements décontractés sur les portants, des articles qui n’attireraient pas l’attention. Elle avait laissé sa jupe, sa blouse et son blazer dans la cabine d’essayage, enfilé une paire de sneakers, puis était repartie par une porte différente du magasin, sans même que qui que ce soit ne prête attention à son manège. Deux croisements plus loin, elle s’était arrêtée dans un autre magasin et, après avoir fait semblant de regarder les modèles pendant quelques minutes, elle était ressortie avec une paire de lunettes de soleil volées et un foulard en soie qu’elle avait noué par-dessus ses cheveux bruns.

De retour dans la rue, elle avait pris pour cible un homme rondouillard avec un polo à rayures et un appareil photo autour du cou. Il n’aurait pas pu avoir plus l’air d’un touriste, même s’il avait porté une casquette avec ce mot inscrit dessus. Elle lui avait foncé rudement dedans alors qu’ils se croisaient, puis elle s’était excusée immédiatement, haletante. Son visage était devenu rouge et il allait ouvrir la bouche pour lui crier dessus, quand il avait vu que c’était une jolie petite brune. Il avait murmuré un mot d’excuse et poursuivi son chemin, sans savoir qu’elle venait de le délester de son portefeuille. Karina avait toujours été rapide et habile de ses mains. Elle n’aimait pas le fait de voler, mais elle n’avait pas vraiment eu le choix.

Il y avait un peu moins de cent dollars en espèces dans le portefeuille. Elle avait pris l’argent et jeté le reste, à savoir la carte d’identité, la carte de crédit et les photos de ses gosses dans une grosse boîte à lettres bleue au croisement suivant.

Pour finir, elle avait pris un taxi pour traverser la ville et elle s’était retrouvée à l’est, dans ce tripot aux vitres sombres. L’endroit sentait la bière bon marché et elle s’assit au comptoir pour commander un soda.

La télévision suspendue au-dessus des tireuses à bière était allumée sur une chaîne d’infos qui diffusait actuellement un résumé des principaux résultats sportifs de la veille. Elle sirota son soda pour se calmer les nerfs en se demandant ce qu’elle allait faire ensuite. Elle ne pouvait pas retourner à l’hôtel : ce serait se jeter dans la gueule du loup. De toute façon, ils ne trouveraient rien là-bas, à part des vêtements et sa trousse de toilette. Elle ne connaissait par cœur qu’un seul numéro de téléphone, mais elle hésitait à utiliser une cabine téléphonique. Elles devenaient de plus en plus rares, même dans les villes. Les Services Secrets détenaient son téléphone mobile, et ils surveillaient peut-être les cabines téléphoniques.

Elle songea à demander au barman d’utiliser son téléphone, mais son contact était un numéro international, ce qui pourrait attirer l’attention.

Quand Karina leva à nouveau les yeux vers la télévision, le programme avait changé. Un présentateur qu’elle ne reconnût pas s’exprimait et, même si le volume était trop bas pour qu’elle puisse entendre, elle put lire sur le bandeau noir en bas de l’écran : HARRIS ET KOZLOVSKY ONT TENU UNE RÉUNION PRIVÉE.

Korva,” dit-elle dans un soupir. Merde. Puis, elle dit en anglais : “Pouvez-vous monter le son s’il vous plaît ?”

Le barman, un latino avec une grosse moustache, la dévisagea un moment avant de lui tourner le dos pour lui signifier à quel point il se fichait pas mal de sa demande.

Zalupa,” murmura-t-elle, un vilain juron en ukrainien. Puis, elle se pencha par-dessus le bar, trouva la télécommande, et monta elle-même le son.

“Une source anonyme à la Maison Blanche a confirmé qu’une réunion privée s’est tenue plus tôt dans la journée entre le Président Harris et le Président russe Aleksandr Kozlovsky,” déclara le présentateur. “Les deux jours depuis l’arrivée de Kozlovsky aux États-Unis ont été très médiatisés et examinés. Aussi, l’idée d’une réunion à portes closes dans une salle de conférence du sous-sol de la Maison Blanche a rendu pas mal de monde nerveux en repensant aux événements d’il y a près d’un an et demi.

“En réponse à cette fuite, l’attachée de presse s’est exprimée en disant, je cite, que ‘les deux présidents ont été littéralement scrutés ces deux derniers jours, en particulier à cause des indiscrétions de leurs prédécesseurs. Le Président Harris et son invité ont simplement souhaité un bref répit à l’écart des projecteurs. La réunion en question a duré moins de dix minutes en tout, et l’objet de cette réunion était que chaque leader puisse apprendre à mieux connaître l’autre sans la pression de la présence des médias. Je peux assurer à chaque personne qui m’écoute ici qu’il n’existe aucun agenda clandestin. Ce fut simplement une conversation privée, et rien de plus,’ fin de citation. Questionnée plus avant sur les sujets abordés lors de cette réunion, l’attachée de presse a répondu en plaisantant, ‘Les détails ne m’ont pas été communiqués, mais je crois que la réunion a largement tourné autour de leur amour mutuel pour le scotch et les teckels.’

 

“Même si la véritable nature de cette réunion reste totalement secrète, notre source anonyme nous a confirmé qu’il n’y avait qu’une seule autre personne présente dans la pièce avec les deux chefs d’état : l’interprète. Même si son identité n’a pas été révélée, nous avons la confirmation qu’il s’agit d’une femme d’origine russe. À présent, le monde veut savoir : est-ce que les deux leaders ont vraiment discuté boissons et chiens ? Ou est-ce que cette interprète inconnue détient la réponse à une question que beaucoup d’américains ont sur le…”

La télévision s’éteignit soudain, l’écran devenant tout noir. Karina baissa immédiatement les yeux et vit que le barman avait attrapé la télécommande pour éteindre la télé.

Elle allait le traiter de trou du cul, mais elle se retint. Il ne servait à rien de lui chercher des noises. Elle était censée passer incognito. Aussi, elle se concentra sur ce qu’elle venait d’entendre. La Maison Blanche n’avait pas dévoilé son identité, du moins pas encore. Ils voulaient la retrouver et la faire taire avant qu’elle puisse dire à qui que ce soit ce qu’elle avait entendu, ce que les deux présidents tramaient, et ce que Kozlovsky avait demandé au leader américain.

Mais Karina avait un as dans sa manche… ou plutôt deux, en réalité. Elle caressa à nouveau les perles à ses oreilles d’un air absent. Deux ans auparavant, elle avait été traductrice pour un diplomate allemand qui l’avait accusée d’avoir mal interprété ses mots. Ce n’était pas vrai, mais ça avait failli lui causer de gros soucis. Aussi, avec l’aide de sa sœur et de ses contacts au FIS, Karina avait fait faire ces boucles d’oreilles. Chacune d’elle contenait un minuscule microphone unidirectionnel qui enregistraient en haut-parleur de chaque côté d’elle. Mises ensembles, les deux boucles d’oreilles combinées permettaient de capturer toutes les conversations que Karina interprétait. Bien sûr, c’était totalement illégal, mais également très pratique. Et depuis qu’elle avait commencé à les porter, elle n’avait jamais eu aucune raison de conserver les enregistrements qu’elle avait supprimés à chaque fois.

Jusqu’à maintenant. Chacun des mots ayant été échangés entre elle, Harris et Kozlovsky étaient contenus dans ces deux boucles d’oreilles. Les remettre entre de bonnes mains était tout ce qui comptait désormais.

Elle quitta son tabouret en silence et se dirigea vers l’arrière du bar, faisant semblant d’aller aux toilettes, mais elle continua le long d’un couloir miteux et poussa une porte de secours en métal qui donnait sur une allée à l’arrière.

Une fois dans la rue, Karina essaya d’avoir l’air aussi cool et normal que possible mais, au fond d’elle, elle était terrifiée. Elle était recherchée par les Services Secrets et, à n’en pas douter, par la police et peut-être même le FBI. En outre, quand Kozlovsky apprendrait qu’elle était toujours en vie, il enverrait ses hommes à ses trousses, si ce n’était pas déjà fait.

Pire encore, n’importe quel citoyen qui avait écouté les infos pourrait se poser des questions sur elle. Les américains n’étaient pas les plus ouverts d’esprit envers les étrangers. Heureusement, elle était capable de prendre un accent américain assez décemment potable. Du moins, elle l’espérait… Elle n’avait jamais eu besoin de s’en servir dans une situation grave. Jusqu’ici, elle s’en était toujours sortie en prétendant qu’elle était d’origine russe.

Il me faut un téléphone. Elle ne pouvait pas prendre le risque de téléphoner d’une cabine. Elle ne pouvait pas non plus voler un téléphone mobile, car la victime irait porter plainte et les Services secrets pourraient facilement traquer la localisation de l’appareil et trouver le dernier numéro composé, ce qui mettrait également Veronika en danger.

Réfléchis, Karina. Elle remonta ses lunettes de soleil sur son nez et regarda autour d’elle. Tiens-tiens. La réponse était juste en face d’elle, de l’autre côté de la rue. Elle regarda à droite et à gauche avant de traverser pour entrer dans la boutique de téléphonie mobile.

Le magasin était minuscule, sentait le désinfectant, et son éclairage était agressif à cause des nombreux néons fluorescents au plafond. Le jeune homme noir derrière le comptoir n’avait pas plus de vingt ans et il scrollait nonchalamment d’une main sur un téléphone en face de lui, le menton posé dans son autre main. Il n’y avait personne d’autre dans la boutique.

Karina resta plantée là un long moment avant qu’il ne lève les yeux vers elle, le regard vide.

“Ouais ?”

“Est-ce que vous avez des téléphones craqués ici ?” demanda-t-elle.

Il la détailla de la tête aux pieds. “Nous ne sommes pas autorisés à vendre ce service.”

Karina esquissa un sourire. “Ce n’est pas ce que je vous demande.” Elle espérait que son accent américain ne la trahirait pas. Il semblait dur à ses oreilles, teinté d’une pointe d’ukrainien. “Je ne suis pas flic, et je n’ai pas de téléphone. Je veux en utiliser un. Il faut que je passe un appel depuis un téléphone hors réseau via le Wi-Fi, de préférence par le biais d’une application tierce, quelque chose qui ne puisse pas être traqué.”

Le jeune la regarda en clignant des yeux. “Qu’est-ce que vous voulez dire par ‘il faut que je passe un appel’ ?”

Elle soupira légèrement, en essayant de garder son calme. “Je ne sais pas comment vous le dire plus clairement que ça.” Elle se pencha par-dessus le comptoir et baissa la voix comme pour lui dire un secret, même s’il n’y avait personne d’autre dans le magasin. “J’ai quelques soucis, ok ? Il me faudrait cinq minutes avec le type de téléphone que je viens de décrire. Je peux payer. Vous pouvez m’aider ou pas ?”

Il la regarda d’un air méfiant. “Quels types de soucis ? Genre, avec la police ?”

“Pire,” dit-elle. “Écoutez, si c’était le genre de trucs que je peux raconter à tout le monde, vous croyez que je serais là à vous demander ça ?”

Le jeune hocha lentement la tête. “Très bien. J’ai ce qu’il vous faut. Et vous pouvez l’utiliser. Cinq minutes… Cinquante dollars.”

Karina s’écria, “Cinquante dollars pour un appel de cinq minutes ?”

Le caissier haussa les épaules. “Vous pouvez toujours vous adresser ailleurs.”

“Ok, d’accord.” Elle sortit la liasse de billets volée au touriste, compta cinquante dollars, et les fit glisser vers lui sur le comptoir. “Voilà. Vous me passez le téléphone ?”

Le type fouilla sous le comptoir et en sortit un iPhone. Il avait quelques années, un coin de l’écran était fissuré, mais il fonctionnait très bien. “Celui-ci est hors réseau et il y a une application d’appel chinoise installée dessus,” lui dit-il. “Il redirige via un numéro aléatoire hors service.” Il le fit glisser vers elle. “Cinq minutes.”

“Super, merci. Vous avez une arrière-boutique ici ?” Voyant qu’il fronçait les sourcils, elle ajouta, “Il va de soi que mon appel est privé.”

Le jeune hésita, puis désigna la porte derrière lui. “Allez-y.”

“Merci.” Elle se dirigea vers la minuscule arrière-boutique aux murs lambrissés et avec une table en mélaminé en guise de bureau, recouverte de factures et d’autres documents. Elle ouvrit l’application d’appel sur le téléphone, composa le numéro qu’elle connaissait de tête et attendit qu’il soit rerouté. Cela prit plusieurs secondes et, pendant un moment, elle crut que ça n’allait pas marcher et que l’appel n’aboutirait pas, mais ça finit par sonner.

Quelqu’un décrocha, mais ne dit pas un mot.

“C’est moi,” dit-elle en ukrainien.

“Karina ?” La femme à l’autre bout du fil avait l’air étonné. “Pourquoi est-ce que tu appelles sur ce numéro ?”

“J’ai besoin d’aide, V.”

“Qu’est-ce qui se passe ?” demanda Veronika, inquiète.

Karina ne savait pas par où commencer. “Il y a eu une réunion,” dit-elle, “entre Kozlovsky et Harris…”

“J’ai vu les infos.” Veronika prit une courte inspiration en comprenant d’un coup. “C’était toi ? Tu étais l’interprète de cette réunion ?”

“Oui.” Karina lui raconta rapidement ce qui s’était passé, du moment passé avec les deux présidents jusqu’à sa fuite pour échapper à l’agent des Services Secrets. Elle essaya de garder le calme dans sa voix en concluant, “S’ils me retrouvent, ils vont me tuer, V.”

“Mon dieu,” dit Veronika dans un souffle. “Karina, il faut que tu dises ce que tu sais à quelqu’un !”

“Je te le dis à toi. Tu ne comprends pas ? Je ne peux pas refiler ça à la presse. Ils vont étouffer l’affaire. Ils vont nier. Tu es la seule personne à qui je peux confier cette information. Il faut que j’arrive à te transmettre ces boucles d’oreilles.”

“Tu les as ?” demanda Veronika. “Tu as enregistré la réunion ?”

“Oui, chacun des mots.”

Sa sœur resta pensive un long moment. “Le FIS a un contact à Richmond. Tu peux t’y rendre ?”

Veronika, la sœur aînée de Karina qui avait deux ans de plus, était agent secret au FIS, la version ukrainienne de la CIA. Karina savait pertinemment que le FIS avait plusieurs agents dormants aux États-Unis. L’idée d’être sous leur protection était attrayante, mais elle réalisa qu’elle ne pouvait pas courir ce risque.

“Non,” finit-elle par dire. “Ils vont s’attendre à ce que je m’enfuie. Je suis sûre qu’ils vont surveiller attentivement les aéroports et les autoroutes.”

“Alors, je vais lui dire de venir te chercher…”

“Tu ne comprends pas, Veronika. S’ils me trouvent, ils me tueront, ainsi que tous ceux qui seront avec moi. Je ne veux pas être responsable de ça.” Sa gorge se serra. Debout dans l’arrière-boutique sombre d’un magasin de téléphonie mobile pourri, les événements de ces dernières heures finirent par la rattraper. Mais elle n’allait pas laisser ses émotions prendre le dessus. “J’ai peur, V. J’ai besoin d’aide. Il faut me sortir de là.”

“Je ne permettrai pas qu’il t’arrive quoi que ce soit,” lui promit sa sœur. “J’ai une idée. Je vais demander à notre contact de passer un coup de fil anonyme à DC Metro en disant que la réunion a été enregistrée…”

“Quoi ? Tu es folle ?” cria Karina.

“Et je vais faire en sorte qu’il le dise aux médias aussi.”

“Bon sang, V, tu as perdu la tête !”

“Non. Écoute-moi, Karina. S’ils pensent que tu possèdes un enregistrement, alors tu as une monnaie d’échange. Sans ça, ils te tueront. Alors qu’ainsi, ils te voudront vivante. Et si l’appel vient de Richmond, ils penseront que tu as quitté la ville. Pendant ce temps, je vais travailler à ton extraction et te sortir de ce merdier.”

“La situation est trop tendue pour que tu envoies quelqu’un de chez toi me récupérer,” dit Karina. “Je veux que personne ne soit compromis ou tué à cause de moi.”

“Mais tu ne peux pas gérer ça toute seule, sestra.” Veronika resta silencieuse un moment avant d’ajouter, “Je crois que je connais quelqu’un qui pourrait peut-être t’aider.”

“FIS ?” demanda Karina.

“Non. Un américain.”

“Veronika…”

“C’est un ancien agent de la CIA.”

Elle s’emporta. Sa sœur avait vraiment perdu la tête, et Karina ne se gêna pas pour le lui dire.

“Est-ce que tu me fais confiance ?” demanda Veronika.

“Il y a encore une minute, je t’aurais répondu que oui…”

“Alors, continue, Karina. Et aies confiance en cet homme aussi. Je te dirai où aller et quand t’y rendre.”

Karina soupira. Quel autre choix avait-elle ? V avait raison. Elle ne pouvait pas échapper aux Services Secrets, aux russes et à tous ceux qu’ils allaient envoyer à ses trousses. Elle avait besoin d’aide. Et elle avait confiance en sa sœur, même si son plan semblait délirant.

“Très bien. Comment est-ce que je reconnaîtrai cet homme ?”

“S’il fait toujours bien son boulot, tu ne le reconnaîtras pas,” dit Veronika. “Mais lui, il te reconnaîtra.”

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