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Sans Laisser de Traces

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Из серии: Une Enquête de Riley Paige #1
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Sans Laisser de Traces
Sans Laisser de Traces
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Читает Elisabeth Lagelee
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Chapitre 10

La première chose qui attira l’œil de Riley, ce fut la poupée – la même poupée nue qu’elle avait trouvée plus tôt dans la matinée entre les branches de l’arbre près de Daggett, dans la même position. L’espace d’un instant, elle fut stupéfaite de la voir assise là, dans le labo du service scientifique du FBI, au milieu de l’équipement high-tech. Le jouet ne semblait pas à sa place – comme un tribut grotesque témoignant d’une ère pré-technologique.

À présent, la poupée n’était plus qu’un élément de preuve parmi d’autres, enfermée dans un sachet de plastique. Riley savait qu’une équipe était venue la récupérer après son coup de fil. Cette vision n’en était pas moins perturbante.

L’agent spécial Meredith s’avança pour la saluer.

— Ça faisait longtemps, Agent Paige, dit-il avec chaleur. Bon retour parmi nous.

— C’est bon de revenir, Monsieur, dit Riley.

Elle rejoignit la table où étaient assis Bill et le technicien de labo, Flores. Malgré ses doutes et son malaise, c’était un réel plaisir de revoir Meredith. Elle aimait son style bourru et direct et il l’avait toujours traitée avec respect et considération.

— Comment vont les choses avec le sénateur ? demanda Meredith.

— Pas très bien, Monsieur, répondit-elle.

Riley vit passer un tressaillement d’agacement sur le visage de son chef.

— Vous pensez qu’il va nous poser des problèmes ?

— J’en suis presque sûre. Je suis désolée, Monsieur.

Meredith hocha la tête d’un air compatissant.

— Je suis sûr que ce n’est pas de votre faute, dit-il.

Riley devina qu’il se figurait assez bien ce qui s’était passé. Le comportement du sénateur Newbrough était celui d’un homme politique narcissique – il fallait s’y attendre. Meredith y était probablement habitué.

Flores pianota sur son clavier et des photographies sinistres, des rapports officiels et des coupures de presse apparurent sur les grands écrans.

— Nous avons fait quelques recherches et vous aviez raison, Agent Paige, dit Flores. Le même tueur a frappé bien avant le meurtre de Daggett.

Riley entendit Bill grogner de satisfaction et, l’espace d’un instant, Riley se sentit à nouveau prête pour le combat. Sa confiance revenait.

Aussitôt, son moral l’abandonna. Une autre femme était morte dans des circonstances tragiques. Ce n’était pas le moment de se réjouir. Elle avait espéré, en fait, avoir eu tort.

Pourquoi est-ce que je ne peux pas me réjouir d’avoir raison, une fois de temps en temps ? se demanda-t-elle.

Une immense carte de la Virginie s’étala sur l’écran principal, avant de se réduire à la moitié nord de l’état. Flores avait marqué d’un point rouge une localité, très haut sur la carte, non loin de la frontière avec le Maryland.

— La première victime s’appelait Margaret Geraty. Trente-six ans, dit Flores. Son corps a été découvert sur des terres arables, à environ treize miles de Belding. Elle a été tuée le vingt-cinq juin, il y a presque deux ans. Le FBI n’avait pas été contacté et la police locale a classé l’affaire.

Riley examina les photos de la scène du crime, que Flores fit apparaître sur un autre écran. Il était évident que le tueur n’avait pas essayé de positionner le corps. Il l’avait juste jeté à la va-vite avant de décamper.

— Deux ans plus tôt, dit-elle en réfléchissant pour assimiler les nouvelles informations.

Une partie d’elle fut surprise d’apprendre qu’il tuait depuis si longtemps. Cependant, elle savait que ce genre de psychopathe pouvait opérer plusieurs années. Ils avaient une patience troublante.

Elle étudia les photos.

— Je vois qu’il n’avait pas encore trouvé son style, remarqua-t-elle.

— Oui, dit Flores. Elle portait une perruque et ses cheveux étaient coupés courts, mais il n’a pas laissé de rose. En revanche, elle a bien été étranglée avec un ruban rose.

— Il s’est précipité, dit Riley. Sa nervosité a eu raison de lui. C’était sa première fois et il n’avait pas encore confiance en lui. Il a fait un peu mieux avec Eileen Rogers, mais c’est avec le meurtre de Reba Frye qu’il a vraiment trouvé son rythme.

Elle se rappela qu’elle voulait poser une question.

— Vous avez trouvé des liens entre les victimes ? Ou entre les enfants des deux mères ?

— Rien du tout, dit Flores. La piste des groupes parentaux n’a rien donné. Elles ne se connaissaient pas.

L’information décourageait Riley, mais ne la surprenait pas outre mesure.

— Et la première femme ? demanda Riley. Aussi une mère, je suppose.

— Non, dit rapidement Flores comme s’il avait attendu la question. Elle était mariée, mais sans enfant.

Riley resta bouche bée. Elle avait été certaine que le tueur ciblait les mères. Comment avait-elle pu se tromper à ce point ?

Elle sentit sa confiance nouvellement retrouvée dégonfler à nouveau.

Comme elle hésitait, Bill demanda :

— Est-ce que l’on a quoi que ce soit pour identifier un suspect ? Vous avez tiré quelque chose de ces gouttelettes de boue ramassées à Mosby Park ?

— Pas de chance de ce côté-là, dit Flores. Nous avons trouvé des traces de cuir, mais pas de sang. Le tueur portait des gants. Il a l’air méticuleux. Même sur la première scène de crime, il n’a laissé aucune trace ADN.

Riley soupira. Elle avait trouvé encourageant de découvrir quelque chose que les autres n’avaient pas vu. Maintenant, elle avait l’impression de leur avoir fait perdre du temps. Retour à la case départ.

— Obsédé par les détails, observa-t-elle.

— Quand bien même, je pense qu’on se rapproche, ajouta Flores.

Il utilisa un pointeur électronique pour montrer les différents points sur la carte, avant de tracer des lignes pour les relier.

— Maintenant que nous savons quel était son premier meurtre, nous avons la chronologie et une meilleure idée de son territoire, dit Flores. Numéro un, Margaret Geraty, à Belding, dans le nord. Numéro deux, Eileen Rogers, près de Daggett, dans le sud. Numéro trois, Reba Frye, à l’ouest, dans le Mosby Park.

Sous les yeux de Riley, les trois points formaient un triangle.

— La zone couvre un territoire d’environ mille miles carrés, dit Flores. Ce n’est pas si grand : on parle de zones rurales et de quelques petites villes. Dans le nord, on a beaucoup de grands domaines comme celui du sénateur. De la campagne.

Riley lut sur le visage de Flores sa satisfaction professionnelle. Il était évident qu’il aimait son travail.

— Je vais faire apparaître la liste des délinquants sexuels qui vivent dans la région, dit Flores.

Il pianota sur son clavier et une douzaine de petits drapeaux rouges apparurent à l’intérieur du triangle.

— On peut éliminer les pédophiles, dit-il. On peut être sûrs que le tueur n’en est pas un.

Flores pianota à nouveau et la moitié des points disparurent.

— Maintenant, on peut restreindre la sélection aux cas les plus extrêmes : ceux qui sont allés en prison pour viol ou meurtre ou les deux.

— Non, l’interrompit brusquement Riley. Ça ne va pas.

Les trois hommes tournèrent vers elle des regards surpris.

— Ce n’est pas un criminel violent qu’on recherche, dit-elle.

Flores grogna :

— Ne me faites pas rire ! protesta-t-il.

Un silence tomba sur la salle de conférence. Riley sentait ses idées se regrouper, mais le raisonnement n’avait pas encore pris forme dans sa tête. Elle fixa des yeux la poupée qui demeurait assise de façon grotesque sur la table.

Si seulement tu pouvais parler, pensa-t-elle.

Puis elle mit lentement des mots sur ses pensées.

— Je veux dire, ce n’est pas évident. Margaret Geraty n’a pas été violée. Rogers et Frye non plus.

— Elles ont été torturées et tuées, marmonna Flores.

La tension était lourde. Brent Meredith avait l’air inquiet, tandis que Bill gardait les yeux fixés sur l’écran.

Riley pointa du doigt des gros plans du corps mutilé de Margaret Geraty.

— Son premier meurtre est aussi le plus violent, dit-elle. Ces blessures sont profondes et très vilaines – pire que celles des deux autres. Je suppose que vos techniciens ont déjà déterminé qu’il avait infligé ces blessures à un rythme très rapide, l’une après l’autre.

Flores hocha la tête d’un air admiratif.

— C’est exact.

Meredith adressa à Riley un coup d’œil curieux.

— Quelle est votre conclusion ? demanda-t-il.

Riley prit une grande inspiration. Elle entrait à nouveau dans l’esprit du tueur.

— Je suis sûre d’une chose, dit-elle. Il n’a jamais eu de rapport sexuel avec un être humain au cours de son existence. Il n’est probablement jamais sorti avec quelqu’un. Il a des traits banals et peu attirants. Les femmes l’ont toujours rejeté.

Riley s’interrompit pour rassembler ses pensées.

— Un jour, il a craqué, dit-elle. Il a enlevé Margaret Geraty, l’a attachée, l’a déshabillée et il a essayé de la violer.

Flores poussa un hoquet de surprise en comprenant où elle voulait en venir.

— Mais il n’a pas réussi ! s’exclama-t-il.

— Oui, il doit être complètement impuissant, dit Riley. Et, devant son échec, il est entré dans une rage folle. Il a commencé à la poignarder – un geste qui s’apparente à la pénétration sexuelle. C’était le premier acte de violence qu’il commettait. Je pense qu’il n’a même pas essayé de la garder en vie très longtemps.

Flores pointa un paragraphe du rapport officiel.

— Vous avez raison, dit-il. Le corps de Geraty a été retrouvé quelques jours après sa disparition.

 

Riley fut balayée par un sentiment d’horreur en entendant ses propres mots :

— Et il a aimé ça, dit-il. Il a aimé la terreur et la douleur de Geraty. Il a aimé la poignarder. Alors c’est devenu son rituel. Il a appris à prendre son temps, à savourer chaque minute. Pour Reba Frye, la peur et la torture ont duré plus d’une semaine.

Un silence glacé s’installa dans la pièce.

— Et la collection de poupées ? demanda Meredith. Pourquoi êtes-vous si sûre qu’il essaye de représenter une poupée ?

— Les corps ressemblent à des poupées, dit Bill. Du moins, les deux dernières. Riley a raison.

— Il s’agit des poupées, dit Riley doucement, mais je ne sais pas exactement pourquoi. Il y a probablement une notion de vengeance là-dessous.

Enfin, Flores demanda :

— Alors, vous croyez que l’on est à la recherche d’un délinquant fiché ?

— Peut-être, dit Riley. Mais pas un violeur, pas un prédateur violent. Plutôt quelqu’un d’inoffensif, de peu menaçant – un voyeur, un exhibitionniste ou quelqu’un qui se masturbe en public.

Flores se remit à pianoter avec ardeur.

— Okay, dit-il. Débarrassons-nous des individus violents.

Le nombre de points rouges se réduisit considérablement.

— Alors, qu’est-ce qui nous reste ? demanda Riley à Flores.

Flores examina le registre, avant de pousser un hoquet de surprise.

— Je crois que nous le tenons, dit Flores. Je crois que c’est notre homme. Il s’appelle Ross Blackwell et, devinez quoi, il a travaillé dans un magasin de jouets avant de se faire choper en train de positionner les poupées dans des poses suggestives. Comme si elles avaient des rapports sexuels bizarres. Le propriétaire a appelé la police. Blackwell s’en est sorti avec une liberté conditionnelle, mais les autorités gardent un œil sur lui depuis cette affaire.

Meredith se frotta le menton d’un air pensif.

— C’est peut-être notre homme, dit-il.

— L’agent Paige et moi-même allons vérifier tout de suite ? demanda Bill.

— Nous n’avons pas assez pour l’incriminer, dit Meredith. Ou pour obtenir un mandat d’arrêt ou de perquisition. Mieux vaut ne pas le déranger. Si c’est notre homme et qu’il est aussi intelligent qu’on le pense, il est capable de nous filer entre les doigts. Rendez-lui une petite visite demain. Voyez ce qu’il a à dire pour sa défense. Ne le bousculez pas.

Chapitre 11

Il faisait noir quand Riley rentra à la maison, à Fredericksburg, et elle sentit immédiatement que sa nuit allait encore empirer. Elle fut envahie par une impression de déjà-vu en garant sa voiture devant une grande maison, dans une banlieue respectable. Elle avait un jour partagé ce foyer avec Ryan et leur fille. Il y avait ici beaucoup de souvenirs, la plupart excellents. D’autres n’étaient pas si agréables et certains parmi ceux-là vraiment douloureux.

Alors qu’elle s’apprêtait à descendre de voiture et marcher vers la maison, la porte d’entrée s’ouvrit. April en sortit, tandis que la silhouette de Ryan se découpait devant la lumière du vestibule. Il adressa à Riley un salut de la main, puis recula et referma la porte derrière lui.

Riley eut l’impression qu’il refermait la porte avec une fermeté délibérée, mais elle songea que ce devait être le fruit de son imagination. Cette porte s’était refermée pour de bon depuis longtemps. Cette vie était finie. La vérité, c’était qu’elle ne s’était jamais sentie à sa place dans ce monde fade, sûr et respectable, gouverné par l’ordre et la routine. Son cœur était sur le terrain, au milieu du chaos, de l’imprévisibilité et du danger.

April prit place sur le siège passage.

— T’es en retard, grogna-t-elle en croisant les bras.

— Désolée, dit Riley.

Elle aurait voulu faire mieux, expliquer à April qu’elle était vraiment navrée, pas seulement pour cette nuit, pas seulement pour son père, mais aussi pour toute leur vie. Riley brûlait d’envie de s’améliorer, de devenir une bonne mère, d’être plus présente à la maison et pour April. Mais sa vie professionnelle refusait de lâcher prise.

En marche arrière, Riley descendit du trottoir.

— Les parents normaux ne travaillent pas toute la journée et toute la nuit, dit April.

Riley soupira.

— J’ai déjà dit que…, commença-t-elle.

— Je sais, l’interrompit April. Les criminels ne prennent pas de jours de congé. C’est nul, comme excuse, Maman.

Riley conduisit en silence pendant quelques instants. Elle avait envie de parler à April, mais sa journée l’avait épuisée, physiquement et émotionnellement. Elle ne savait même plus quoi dire.

— Comment ça se passe avec ton père ? demanda-t-elle enfin.

— Nul, répondit April.

Une réponse prévisible. April semblait encore moins bien s’entendre avec son père qu’avec sa mère.

Un autre long silence tomba sur la voiture.

Puis, d’un ton plus doux, April ajouta :

— Au moins, Gabriela était là. C’est sympa de voir quelqu’un de gentil pour changer.

Riley esquissa un sourire. Elle aimait beaucoup Gabriela, la dame guatémaltèque qui avait travaillé chez eux comme bonne pendant des années. Elle était merveilleuse et responsable. Elle avait la tête sur les épaules. Riley ne pouvait pas en dire autant de Ryan. Elle se réjouissait de savoir que Gabriela faisait toujours partie de leurs vies – et qu’elle pouvait veiller sur April quand elle restait dans la maison de son père.

Tout au long du trajet, Riley ressentit le besoin de communiquer avec sa fille. Mais comment l’atteindre ? Elle comprenait ce que April traversait – surtout une nuit comme celle-ci. La pauvre gamine se sentait délaissée, ballottée entre les maisons de ses deux parents. Ça devait être difficile à vivre pour une ado de quatorze ans qui semblait en vouloir au monde entier. Heureusement, April avait accepté de se rendre chez son père après les cours tous les jours jusqu’à ce que Riley puisse venir la chercher. Mais, aujourd’hui, la première journée de cet arrangement, Riley avait tant tardé…

Riley fut bientôt au bord des larmes. Elle ne trouvait rien à dire. Elle était tellement fatiguée. Elle était toujours trop fatiguée.

Quand elles arrivèrent à la maison, April monta sans un mot dans sa chambre et referma la porte en claquant derrière elle. Riley resta debout dans le vestibule un instant, puis elle monta frapper à la porte de April.

— Sors de là, ma puce, dit-elle. On peut parler. On peut s’asseoir dans la cuisine pour boire un thé à la menthe. Ou peut-être dans le jardin. Le ciel étoilé est magnifique. Ce serait dommage de le rater.

Elle entendit la voix de April répondre :

— Toi, tu n’as qu’à en profiter, Maman. Moi, je suis occupée.

Riley s’appuya sur la porte d’un air las.

— Tu n’arrêtes pas de dire que je ne passe pas assez de temps avec toi, dit Riley.

— Il est minuit passé, Maman. C’est vraiment tard.

Riley sentit sa gorge se serrer et des larmes lui mouiller les yeux. Cependant, elle ne s’autoriserait pas à pleurer.

— Je fais ce que je peux, April, dit-elle. Je fais ce que je peux – tout le temps.

Un silence suivit ses mots.

— Je sais, dit enfin April à travers la porte.

Et le couloir fut à nouveau silencieux. Riley aurait préféré voir le visage de sa fille. Avait-elle bien entendu un soupçon de compassion dans ces deux mots ? Non, sans doute pas. De la colère, dans ce cas ? Riley ne le pensait pas. C’était probablement de l’indifférence.

Riley se dirigea vers la salle de bain pour prendre une longue douche chaude. Elle laissa la vapeur et les gouttes brûlantes masser son corps endolori par sa journée longue et difficile. Au moment de couper le jet d’eau et de sécher ses cheveux, elle se sentait mieux physiquement. Mais, à l’intérieur, elle était encore vide et perturbée.

Elle savait qu’elle n’était pas prête de dormir.

Elle enfila une paire de pantoufles et se dirigea vers la cuisine. Quand elle ouvrit le buffet, la première chose qu’elle vit fut la bouteille de bourbon presque pleine. Elle songea à se verser un verre.

Pas une bonne idée, se dit-t-elle fermement.

Dans l’état où elle était, elle n’aurait pas su s’arrêter. Ces six dernières semaines, elle avait réussi à ne pas tomber dans l’alcool. Ce n’était pas le moment de perdre le contrôle. Elle se prépara plutôt une tasse de thé à la menthe.

Riley s’assit alors dans le salon et entreprit d’étudier le dossier contenant les photographies et les informations sur les trois derniers meurtres.

Elle connaissait déjà bien l’affaire de Daggett – ce qui était devenu le deuxième meurtre d’une série de trois. Eileen Rogers avait été mariée et mère de deux enfants. Avec son mari, elle avait été propriétaire et gérante d’un restaurant. Bien sûr, Riley avait également visité l’endroit où la troisième victime, Reba Frye, avait été découverte. Elle avait interrogé la famille, y compris le sénateur égocentrique.

En revanche, l’affaire de Belding lui était inconnue. À mesure que Riley consultait les rapports, Margaret Geraty lui apparut peu à peu comme un être vivant. Elle avait travaillé à Belding comme expert-comptable et avait récemment déménagé en Virginie après avoir vécu à New York. En dehors de son mari, elle avait laissé derrière elle deux sœurs, un frère et une mère veuve. Ses amis et ses proches l’avait décrite comme une femme agréable, mais assez solitaire – voire très seule.

En sirotant son thé, Riley ne put s’empêcher de se demander… Que serait-il arrivé à Margaret Geraty, si elle avait survécu ? Pour une femme de trente-six ans, la vie offrait encore plein d’opportunités – des enfants, et bien d’autres choses.

Riley sentit un frisson la parcourir quand une pensée lui vint. Six semaines plus tôt, sa propre vie avait bien failli terminer dans un dossier comme celui qu’elle tenait ouvert devant elle. Toute son existence se serait alors résumé à un paquet de photos sordides et au phrasé rigide des rapports officiels.

Elle ferma les yeux, en essayant d’endiguer les souvenirs qui revenaient en force. Malgré tous ses efforts, elle ne put les chasser.

Alors qu’elle se glissait dans la maison plongée dans les ténèbres, elle entendit un grattement sous les planches du parquet, puis un appel au secours. Après avoir inspecté les murs, elle finit par découvrir une petite porte carrée qui menait au sous-sol. Elle y dirigea le faisceau de sa lampe torche.

La lumière tomba sur un visage terrifié.

— Je viens pour vous aider, dit Riley.

— Vous êtes venue ! s’écria la victime. Oh, merci mon Dieu, vous êtes venue !

Riley se mit à ramper avec précipitation sur le sol couvert de poussière, en direction de la petite cage dans le coin. Elle se battit avec le verrou quelques instants, puis elle tira son couteau de poche pour attaquer la serrure. Une seconde plus tard, la femme rampait hors de la cage.

Elle et Riley se retournèrent vers l’ouverture. La femme venait tout juste de passer quand une figure masculine menaçante bloqua le passage de Riley.

Elle était prise au piège, mais l’autre femme avait une chance de s’en sortir.

— Cours ! hurla Riley. Cours !

Riley s’arracha à ses souvenirs. Serait-elle jamais libérée de ces horreurs ? Travailler sur une affaire de torture et de meurtre ne l’aidait sans doute pas.

Mais il y avait une personne qui pouvait lui apporter un peu de réconfort.

Elle sortit son téléphone et envoya un sms à Marie.

Slt. Tjs réveillée ?

La réponse arriva quelques secondes plus tard.

Oui. Ça va ?

Riley pianota :

Assez secouée. Et toi ?

Trop peur pour dormir.

Riley voulut taper un message qui les réconforterait toutes les deux. Cependant, envoyer un sms ne lui parut pas suffisant.

Tu veux parler ? tapa-t-elle. Je veux dire PARLER – pas par texto.

Il fallut quelques longues secondes avant que Marie ne réponde.

Non, je ne crois pas.

Son message surprit Riley, puis elle comprit que sa voix ne devait pas être toujours une source de réconfort pour Marie. Parfois, elle devait même raviver de mauvais souvenirs.

Riley se rappela les mots qu’avait prononcés Marie lors de leur dernière conversation. Trouve ce fils de pute. Et tue-le pour moi. En y réfléchissant, Riley avait bien une nouvelle dont Marie pourrait se réjouir.

 

Je suis de retour au travail, tapa-t-elle.

La réponse de Marie lui parvint sous forme de phrases courtes tapées à la va-vite.

Oh super ! Très contente ! Je sais que c pas facile. Je suis fière. Tu es très courageuse.

Riley soupira. Elle ne se sentait pas courageuse – pas en cet instant, du moins.

Marie tapait toujours.

Merci. Je me sens mieux en sachant que tu travailles de nouveau. Peut-être que je vais pouvoir dormir. Bonne nuit.

Riley tapa un dernier message :

Accroche-toi.

Puis elle posa son téléphone. Elle se sentait un peu mieux. Après tout, elle avait accompli quelque chose en reprenant le travail. Lentement mais sûrement, ses blessures cicatrisaient.

Riley but le reste de son thé, avant d’aller se coucher. Elle laissa son épuisement la submerger et s’endormit rapidement.

Riley avait six ans. Elle était au magasin de bonbons avec maman. Elle était si contente que maman la gâte

Mais alors un homme marcha vers elle. Un grand homme effrayant. Il portait quelque chose sur la tête – un collant en nylon, comme ceux que maman portait aux jambes. Il sortit un pistolet. Il hurla à maman de lui donner son sac à main. Mais maman avait tellement peur qu’elle ne pouvait plus bouger. Elle ne pouvait rien lui donner.

Alors il lui tira dessus.

Elle tomba par terre, avec du sang partout. L’homme arracha son sac et partit en courant.

Riley se mit à hurler et hurla, hurla, hurla.

Puis elle entendit la voix de maman.

— Tu ne peux rien faire, ma chérie. Je suis partie et tu n’y peux rien.

Riley se trouvait toujours dans le magasin de bonbons, mais elle était adulte à présent. Maman se tenait à côté d’elle, devant son propre cadavre.

— Je dois te ramener ! s’écria Riley.

Maman lui adressa un sourire triste.

— Tu ne peux pas, dit-elle. On ne peut pas ramener les morts.

Riley s’assit sur son séant, pantelante, tiré du sommeil par un bruit – un faible grondement. Elle regarda de tous côtés. La maison était de nouveau silencieuse.

Cependant, elle avait entendu quelque chose, elle en était certaine. Un bruit vers la porte d’entrée.

Riley sauta sur ses pieds, poussée par son instinct. Elle sortit une lampe torche et son arme de sa commode, puis se dirigea à pas de loup vers le vestibule.

Elle jeta un coup d’œil à travers la petite vitre de la porte d’entrée, mais ne vit rien. Tout était silencieux.

Riley se prépara et ouvrit brusquement la porte en brandissant sa lampe torche. Personne. Rien.

En balayant le perron de lumière, elle aperçut quelque chose. Des gravillons jonchaient le sol. Quelqu’un les avait-il jetés contre la porte ?

Riley se creusa la cervelle, en essayant de se rappeler si ces gravillons avaient été là, quand elle était rentrée la nuit dernière. Elle ne pouvait en être sûre.

Riley resta debout dans le vestibule quelques instants, mais il n’y avait aucun signe d’une présence.

Elle ferma et verrouilla la porte d’entrée, avant de traverser à nouveau le couloir qui menait à sa chambre. Elle fut stupéfaite de voir la porte de la chambre de April légèrement entrouverte.

Riley poussa le battant et jeta un coup d’œil à l’intérieur.

Son cœur se mit à battre plus vite, de pure terreur.

April n’était plus là.

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