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Raison de Tuer

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Из серии: Un Polar Avery Black #1
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CHAPITRE SEPT

L’épuisement frappa finalement Avery non loin de six heures quarante-cinq le soir, dans l’ascenseur qui l’emmenait au second étage du poste de police. Toute l’énergie et l’impulsion qu’elle avait reçue des révélations de la matinée avaient abouti à une journée bien remplie, mais une nuit d’innombrables questions sans réponses. Sa peau claire était partiellement brûlée par le soleil, ses cheveux étaient en désordre, la veste qu’elle portait plus tôt tendue sur son bras. Sa chemise : sale et débraillée. Ramirez, d’un autre côté, paraissait encore plus frais qu’il ne l’avait été le matin : les cheveux plaqués en arrière, costume presque parfaitement repassé, les yeux vifs et seulement une petite touche de sueur sur le front.

« Comment pouvez-vous avoir si bonne mine ? », demanda-t-elle.

« C’est mon sang Hispano-mexicain », expliqua-t-il fièrement. « Je peux faire vingt-quatre, quarante-huit heures et encore garder cet éclat. »

Un regard rapide et délicat à Avery et il se lamenta : « Ouais. Vous n’avez pas l’air en forme. »

Du respect emplit ses yeux.

« Mais vous l’avez fait. »

Le second étage n’était qu’à moitié plein la nuit, avec la plupart des officiers soit chez eux ou travaillant dans les rues. Les lumières de la salle de conférence étaient allumées. Dylan Connelly faisait les cent pas à l’intérieur, manifestement contrarié. À leur vue, il ouvrit la porte avec fracas.

« Bon sang où étiez-vous ?! » dit-il sèchement. « Je voulais un rapport sur mon bureau à cinq heures. C’est presque sept heures. Vous avez éteint vos talkies-walkies. Tous les deux », souligna-t-il. « J’aurais pu m’attendre à ça de vous, Black, mais pas de vous, Ramirez. Personne ne m’a appelé. Personne n’a répondu au téléphone. Le capitaine est furieux, lui aussi, donc n’allez pas pleurer auprès de lui. Avez-vous une quelconque idée de ce qui était en train de se passer ici ? Bon sang mais à quoi pensiez-vous ? »

Ramirez leva les mains.

« Nous avons appelé », dit-il, « j’ai laissé un message. »

« Vous avez appelé il y a vingt minutes », répliqua Dylan d’un ton sec. « Je vous ai appelé toute les demi-heures depuis quatre heures trente. Est-ce que quelqu’un est mort ? Pourchassiez-vous le tueur ? Dieu Tout Puissant est-il descendu du Paradis pour vous aider sur cette affaire ? Parce que ce sont les seules réponses acceptables pour votre insubordination flagrante. Je devrais vous retirer tous les deux de l’affaire immédiatement. »

Il pointa du doigt la salle de conférence.

« Rentrez là-dedans. »

Les menaces énervées échappaient à Avery. La furie de Dylan était un bruit de fond qu’elle pouvait aisément filtrer. Elle avait appris cette compétence il y avait longtemps de cela, dans l’Ohio, quand elle devait écouter son père crier et hurler sur sa mère presque tous les soirs. À l’époque, elle avait plaqué fermement ses mains sur ses oreilles, chanté des chansons et rêvé du jour où elle serait enfin libre. Maintenant, il y avait des affaires plus importantes pour retenir son attention.

Le journal de l’après-midi était posé sur la table.

Une photographie d’Avery Black se trouvait à la une, l’air étonné que quelqu’un vienne de lui pousser une caméra dans le visage. Le gros titre disait : “Meurtre au parc Lederman : L’Avocate de la Défense du Tueur en Série sur l’Affaire !” À côté de l’image en pleine page se trouvait une autre, plus petite, d’Howard Randall, le vieux tueur en série parcheminé des cauchemars d’Avery avec un verre de Coca et un visage souriant. Le titre au-dessus de cette photo disait : “Ne Faites Confiance à Personne : Avocat ou Police”.

« Avez-vous vu ça ? », grogna Connelly.

Il ramassa le journal et le reposa violemment.

« Vous êtes à la une ! Premier jour à la Criminelle et vous êtes à la une des informations – de nouveau. Vous rendez-vous compte à quel point c’est peu professionnel ? Non, non », dit-il en voyant l’expression de Ramirez, « n’essayez même pas de parler maintenant. Vous avez tous les deux foiré. Je ne sais pas à qui vous avez parlé ce matin, mais vous avez soulevé un orage de fumier. Comment Harvard a eu vent de la mort de Cindy Jenkins ? Il y a un mémorial pour elle sur le site internet de Kappa Kappa Gamma. »

« Coup de chance ? », dit Avery.

« Allez vous faire voir, Black ! Vous n’êtes plus sur l’affaire. Vous m’avez entendu ?! »

Le capitaine O’Malley se glissa dans la pièce.

« Attendez », se plaignit Ramirez. « Vous ne pouvez pas faire ça. Vous ne savez pas ce que nous avons. »

« Je me fiche de ce que vous avez », rugit Dylan. « Je n’ai pas encore terminé. Ça va juste de mieux en mieux. Le maire a appelé il y a une heure. Apparemment, il avait l’habitude de jouer au golf avec le père de Jenkins, et il voulait savoir pourquoi une avocate dépassée – qui a réussi à faire sortir de prison un tueur en série – s’occupe du meurtre de la fille d’un ami proche. »

« Calmez-vous », dit O’Malley.

Dylan pivota, le visage rouge et la bouche ouverte. À la vue du capitaine – qui était plus petit et calme mais semblait remonté et prêt à exploser – il se relâcha.

« Quelle qu’en soit la raison », dit O’Malley d’une voix égale, « cette affaire vient juste d’éclater. Par conséquent, j’aimerais savoir ce que vous avez fait durant toute la journée, si c’est OK pour vous, Dylan ? »

Connelly marmonna quelque chose dans sa barbe et se détourna.

Le capitaine fit un signe de la tête à Avery.

« Expliquez-vous. »

« Je n’ai jamais dit le nom de la victime », dit Avery, « mais, j’ai interrogé une fille de Kappa Kappa, la meilleure amie de Cindy Jenkins, Rachel Strauss. Elle a dû faire le rapprochement. Je suis désolée pour ça », dit-elle avec un regard sincèrement apologétique vers Dylan. « Papoter n’est pas mon fort. Je cherchais des réponses, et je les ai eues. »

« Dites-leur », pressa Ramirez.

Avery se déplaça autour de la table de conférence.

« Nous avons un tueur en série sur les mains. »

« Oh allons ! », se lamenta Dylan. « Comment pourrait-elle possiblement savoir ça ? Elle a été sur l’affaire une journée. Nous avons une fille décédée. C’est impensable. »

« Allez-vous vous taire ?! », hurla O’Malley.

Dylan se mordit la lèvre inférieure.

« Ce n’est pas un meurtre ordinaire », dit Avery. « Vous m’en avez dit autant, Capitaine, et vous devez l’avoir vu aussi », dit-elle à Dylan. « On a fait paraître la victime vivante. Notre tueur la vénérait. Pas de contusions sur le corps, pas de signes d’effraction, donc nous pouvons écarter les gangs ou de la violence domestique. La scientifique a confirmé qu’elle a été droguée avec un anesthésique puissant, probablement naturel, que le tueur a peut-être créé lui-même, des extraits de fleurs qui l’auraient instantanément paralysée, et lentement tuée. En supposant qu’il garde ces plantes en sous-sol, il aurait besoin de lumières, d’un système d’arrosage, et d’engrais. J’ai passé quelques appels pour découvrir comment ces graines sont importées, où elles sont vendues, et comment mettre la main sur l’équipement. Il voulait aussi la victime vivante, au moins pour un moment. Je n’étais pas sûre de la raison, jusqu’à ce qu’on le prenne sur la surveillance. »

« Quoi ? », murmura O’Malley.

« Nous l’avons», dit Ramirez. « Ne soyez pas trop enthousiastes. Les images ont du grain et sont difficiles à voir, mais l’enlèvement tout entier peut être vu depuis deux caméras différentes. Jenkins a quitté la fête un peu après deux heures trente le dimanche matin pour aller à la maison de son petit ami. Il vit à environ cinq pâtés de maisons de la suite de Kappa Kappa Gamma. Avery a emprunté le même chemin qu’elle supposait que Jenkins avait suivi. Elle a remarqué l’allée. Qui sait ce qui lui a pris, mais sur une intuition, elle a vérifié la caméra de surveillance d’un bureau de tabac proche. »

« Vous avez besoin d’un mandat pour ça », le coupa Dylan.

« Seulement si quelqu’un le demande », répondit Avery. « Et parfois un sourire amical et une conversation engageante vont loin. Ce commerce a été vandalisé à peu près dix fois l’année dernière », poursuivit-elle. « Ils ont récemment fait installer une caméra extérieure. Alors, le magasin est de l’autre côté de l’allée, et il est environ à un demi pâté de maisons, mais vous pouvez clairement voir une fille – et je crois qu’il s’agissait de Cindy Jenkins – se faire accoster sous quelques arbres. »

« C’est à ce moment-là qu’elle m’a appelé », reprit Ramirez. « Bon, je pensais qu’elle était folle. Sérieusement. J’ai vu la vidéo et je n’aurais pas cligné des yeux deux fois. Black, en revanche, m’a fait appeler la scientifique et entrainer l’équipe au complet sur cette merde. Comme vous pouvez l’imaginer, j’étais énervé. Mais », dit-il avec des yeux excités, « elle avait raison. Il y avait une autre caméra sur un quai de chargement à l’arrière de l’allée. Nous avons demandé à la société de nous laisser voir ce qu’il y avait dessus. Ils ont accepté et boum », dit-il en ouvrant grand les bras. « Un homme sort de l’allée en tenant notre victime. Même robe. Mêmes chaussures. Il est de carrure mince, plus petit que Cindy, et en train de danser. Il était vraiment en train de la tenir et de danser. Elle était de toute évidence droguée. Les pieds s’agitant partout. À un moment donné, il regarde même droit vers la caméra. Ce sale malade nous narguait. Il la met sur le siège avant d’un minivan et part comme si de rien n’était. La voiture est un Chrysler, bleu foncé. »

« Plaque d’immatriculation ? », demanda Dylan.

« C’est une fausse. Je l’ai déjà rentrée. Il devait avoir une fausse plaque. Je suis en train dresse une liste de tous les minivans Chrysler de cette couleur vendus les cinq dernières années dans un rayon de cinq comtés. Ça va prendre un moment, mais peut-être que nous pouvons réduire la liste avec plus d’informations. Aussi, il devait porter un déguisement. On pouvait à peine voir son visage. Il portait une moustache, potentiellement une perruque, des lunettes. Tout ce que nous pouvons estimer est la taille - autour d’un mètre soixante-sept ou soixante-dix – et peut-être la couleur de peau : blanc. »

 

« Où sont les bandes ? », demanda O’Malley.

« En bas avec Sarah », répondit Avery. « Elle a dit que cela pourrait prendre du temps mais elle essaiera d’obtenir une description du tueur basée sur ce qu’elle voit d’ici demain. Une fois que nous aurons la reconnaissance faciale, nous pourrons la comparer avec nos suspects et la faire passer dans la base de données pour voir ce qui ressort. »

« Où sont Jones et Thompson ? », demanda Dylan.

« Avec un peu de chance, encore au travail », dit Avery. « Thompson est en charge de la surveillance au parc. Jones essaye de pister cette voiture depuis l’allée. »

« Avant que nous ne partions », ajouta Ramirez, « Jones avait trouvé au moins six caméras différentes dans un périmètre de dix pâtés de maisons depuis l’allée qui pourraient aider. »

« Même si nous perdons la voiture », dit Avery, « nous pouvons au moins limiter la direction. Nous savons qu’il a tourné vers le nord en sortant de l’allée. Ça, associé à ce que Thompson trouvera au parc, et nous pourrons trianguler une zone et faire du porte à porte s’il le faut. »

« Quid de la scientifique ? », demanda O’Malley.

« Rien dans l’allée », dit Avery.

« C’est tout ? »

« Nous avons quelques suspects, aussi. Cindy était à une fête la nuit de son enlèvement. Un gars nommé George Fine était là. Apparemment, il suivait Cindy depuis des années : il prenait les cours qu’elle prenait, semblait tomber sur elle à des évènements. Il a embrassé Cindy pour la première fois, a dansé avec elle toute la nuit. »

« Lui avez-vous parlé ? »

« Pas encore », dit-elle, et elle regarda droit vers Dylan. « Je voulais votre approbation avant une potentielle fouille à l’université de Harvard. »

« C’est bon de voir que vous avez un peu le sens du protocole », marmonna Dylan.

« Il y a aussi le petit ami », ajouta-t-elle pour O’Malley. « Winston Graves. Cindy était censée aller chez lui cette nuit-là. Elle n’est jamais arrivée. »

« Donc nous avons deux suspects potentiels, des images des faits, et une voiture à pister. Je suis impressionné. Qu’en est-il du mobile ? Y avez-vous réfléchi ? »

Avery détourna le regard.

L’enregistrement qu’elle avait vu, aussi bien que la disposition de la victime et sa manipulation, tout indiquait un homme qui aimait son œuvre. Il l’avait déjà fait avant, et il le referait. Une sorte de délire de pouvoir devait l’avoir motivé, car il se souciait peu de la police. La révérence dans l’allée pour la caméra lui en disait autant. Cela nécessitait du courage, ou de la stupidité, et rien dans le dépôt du corps ou l’enlèvement ne pointait vers un manque de jugement.

« Il joue avec nous », dit-elle. « Il aime ce qu’il fait, et il veut le refaire. Je dirais qu’il a une sorte de plan. Ce n’est pas encore terminé. »

Dylan grogna et secoua la tête.

« Ridicule », siffla-t-il.

« Très bien », dit O’Malley. « Avery, vous êtes autorisée à parler à vos suspects demain. Dylan, contactez Harvard et mettez-les au courant. J’appellerais le chef ce soir et je lui ferais savoir ce que nous avons. Je peux aussi voir pour vous obtenir quelques mandats génériques pour des caméras. Gardons Thompson et Jones les yeux ouverts. Dan, je sais que vous avez travaillé toute la journée. Un dernier boulot et vous pourrez aller vous coucher. Obtenez les adresses des deux garçons de Harvard si vous ne les avez pas déjà. Passez en route vers chez vous. Assurez-vous qu’ils soient bien rentrés. Je ne veux voir personne déguerpir. »

« Je peux faire ça », dit Ramirez.

« OK », dit O’Malley en frappant dans ses mains. « Allez-y. Excellent travail vous deux. Vous devriez être fiers de vous. Avery et Dylan, attendez une minute. »

Ramirez désigna Avery du doigt.

« Vous voulez que je passe vous prendre dans la matinée ? Huit heures ? Nous irons ensemble ? »

« D’accord. »

« Je continuerais avec Sarah pour le portrait. Peut-être aura-t-elle quelque chose. »

L’empressement soudain d’un coéquipier pour aider – de son propre chef et sans y être poussé – était nouveau pour Avery. Tous les autres avec qui elle avait été associée depuis le moment où elle avait rejoint les forces avaient voulu la laisser morte dans un fossé quelque part.

« Ça a l’air bien », dit-elle.

Une fois Ramirez parti, O’Malley fit asseoir Dylan d’un côté de la table et Avery de l’autre.

« Écoutez vous deux », dit-il avec une voix calme mais ferme. « Le chef m’a appelé aujourd’hui et a dit qu’il voulait savoir à quoi je pensais, donner cette affaire à une ancienne avocate de la défense bien connue et disgraciée. Avery, je lui ai dit que vous étiez la bonne policière pour le job et je maintiens ma décision. Votre travail aujourd’hui prouve que j’avais raison. Toutefois, il est dix-neuf heures trente et je suis encore ici. J’ai une femme et trois enfants qui m’attendent chez moi et je veux désespérément partir, les voir et oublier cet endroit affreux pour un moment. Manifestement, aucun de vous ne partage mes soucis, donc peut-être ne comprenez-vous pas ce que je suis en train de dire. »

Elle le dévisagea en retour, pleine d’interrogation.

« Entendez-vous et arrêtez de m’embêter avec vos conneries ! », dit-il d’un ton brusque.

Un silence tendu recouvrit la pièce.

« Dylan, commencez à agir comme un superviseur ! Ne m’appelez pas pour chaque pauvre détail. Apprenez à gérer les vôtres seul. Et vous », dit-il à Avery, « vous feriez mieux d’arrêter le jeu de l’humour farfelu et l’attitude du je-m’en-fiche, et commencer à agir comme si vous vous en souciez pour une fois, car je sais que c’est le cas. » Il la scruta pendant un long moment. « Dylan et moi nous vous avons attendue pendant des heures. Vous voulez éteindre votre radio ? Ne pas répondre au téléphone ? Peut-être que ça aide pensez-vous ? Bon pour vous. Allez-y. Mais quand un supérieur appelle, vous les rappelez. La prochaine fois que cela arrive, vous êtes virée de l’affaire. Compris ?

Avery acquiesça, humble.

« Compris », dit-elle.

« C’est entendu », opina Dylan.

« Bien », dit O’Malley.

Il se redressa et sourit.

« Bon, j’aurais dû le faire plus tôt mais il n’y a pas de meilleur moment que le présent. Avery Black, j’aimerais vous présenter Dylan Connelly, divorcé et père de deux enfants. La femme l’a quitté il y a deux ans car il ne revenait jamais à la maison et buvait trop. Maintenant ils vivent dans le Maine et il n’arrive jamais à voir ses enfants, donc il est tout le temps énervé. »

Dylan se raidit et était sur le point de parler, mais ne dit rien.

« Et Dylan ? Voici Avery Black, ancienne avocate de la défense qui a merdé et relâché un des pires tueurs en série au monde dans les rues de Boston, un homme qui a tué à nouveau et détruit sa vie. Elle laisse derrière elle un boulot à plusieurs millions de dollars, un ex-mari, et un enfant qui lui parle à peine. Et, comme vous, elle noie habituellement ses chagrins dans le travail et l’alcool. Vous voyez ? Vous deux avez plus en commun que vous ne le pensez. »

Il devint on ne peut plus sérieux.

« Ne me mettez plus dans l’embarras, ou vous serez tous les deux virés de l’affaire. »

CHAPITRE HUIT

Laissés seuls ensemble dans la salle de conférence, Avery et Dylan demeurèrent assis l’un face à l’autre pendant quelques instants dans un silence absolu. Aucun d’eux ne bougea. Sa tête était basse. Une grimace ridait son visage et il semblait retourner quelque chose dans sa tête. Pour la première fois, Avery éprouva de la sympathie pour lui.

« Je sais comment c’est — », commença-t-elle.

Dylan se mit debout si rapidement et avec tant de raideur que sa chaise glissa en arrière et percuta le mur.

« Ne pensez pas que cela change quoi que ce soit », dit-il. « Vous et moi ne sommes en rien semblables. »

Même si son langage corporel menaçant dégageait de la colère et de la distance, ses yeux exprimaient quelque chose de différent. Avery était certaine qu’il était au bord de la rupture. Quelque chose que le capitaine avait dit l’affectait, tout comme cela l’avait affectée. Ils étaient tous deux amochés, solitaires. Seuls.

« Écoutez », offrit-elle, « je pensais juste. »

Dylan se retourna et ouvrit la porte. Son profil en sortant confirma ses craintes : il y avait des larmes dans ses yeux injectés de sang.

« Nom de dieu », murmura-t-elle.

Les nuits étaient le pire pour Avery. Elle n’avait plus de groupes d’amis solides, pas de vrais passe-temps autres que le travail, et elle était si fatiguée qu’elle ne pouvait imaginer faire plus de travail de terrain. Seule à la large table pâle, elle avait la tête basse et redoutait ce qui viendrait après.

Le chemin pour sortir du bureau était comme celui des autres jours, seulement il y avait une ambiance électrique dans l’air, et plusieurs dans la force étaient encore plus enhardis par son histoire à la une.

« Eh, Black », appela quelqu’un en montrant sa photo en couverture. « Joli visage. »

Un autre officier tapota l’image d’Howard Randall.

« Cette histoire dit que vous deux étiez très proches, Black. Tu fais dans la gérontophilie ? Tu sais ce que ça veut dire ? Ça veut dire que tu aimes te taper des personnes âgées. »

« Les gars, vous êtes hilarants. » Elle sourit et dégaina ses doigts comme des pistolets.

« Va te faire foutre, Black. »

* * *

Une BMW blanche était garée dans le garage ; vieille de cinq ans, sale et décatie. Avery l’avait achetée au sommet de son succès en tant qu’avocate de la défense.

À quoi pensais-tu ? songea-t-elle. Pourquoi quiconque achèterait-il une voiture blanche ?

Le succès, se souvint-elle. La BMW blanche avait été étincelante et tape-à-l’œil, et elle voulait que tout le monde sache qu’elle était géniale. Désormais, c’était un rappel de sa vie ratée.

L’appartement d’Avery était sur Bolton Street dans le sud de Boston. Elle possédait un petit logement avec deux chambres sur le second palier d’un bâtiment à deux étages. L’endroit était un déclassement par rapport à son ancien appartement-terrasse dans un gratte-ciel, mais il était spacieux et ordonné, avec une jolie terrasse où elle pouvait s’asseoir et se détendre après une dure journée de travail.

Le salon était un espace ouvert avec une moquette marron à poils longs. La cuisine était à droite de la porte d’entrée, et séparée du reste de la pièce par deux grands îlots. Il n’y avait ni plantes ni animaux. Une exposition au nord garantissait que l’appartement soit habituellement sombre. Avery jeta ses clefs sur la table et ôta le reste de ses affaires : arme, harnais d’épaule, talkie-walkie, insigne, ceinture, téléphone, et portefeuille. Elle se déshabilla en chemin pour la douche.

Après une longue immersion pour digérer les évènements de la journée, elle enfila une robe, prit une bière dans le frigo, puis son téléphone, et sortit sur la terrasse.

Presque vingt appels manqués clignotèrent sur son portable, avec dix nouveaux messages. La plupart d’entre eux étaient de Connelly et O’Malley. Il y avait beaucoup de cris.

Parfois, Avery était tellement déterminée et motivée qu’elle refusait de décrocher pour toute personne qu’elle ne pensait pas essentielle à sa tâche, en particulier quand toutes les pièces n’avaient pas été rassemblées ; aujourd’hui était l’un de ces jours-là.

Elle fit défiler les derniers numéros entrés – et tous les gens qui l’avaient appelée ce dernier mois. Pas un seul ne venait de sa fille, ou de son ex-mari.

Soudain, tous deux lui manquèrent.

Des numéros furent composés.

Le téléphone sonna.

Un message répondit : « Salut, c’est Rose. Je ne suis pas là maintenant pour prendre votre appel, mais si vous laissez un message bref, et votre nom et votre numéro, je reviendrais vers vous dès que je le pourrais. Merci beaucoup. » Bip.

 

Avery raccrocha.

Elle joua avec l’idée d’appeler Jack, son ex. C’était un homme bon, son chéri de l’université, avec un cœur d’or : une personne véritablement respectable. Ils avaient eu une liaison torride quand elle avait dix-huit ans, et elle, avec son ego écœurant et son travail de rêve avait tout gâché.

Pendant des années, elle avait reproché aux autres la séparation, et la rupture avec sa fille : Howard Randall pour ses mensonges, son vieux patron, l’argent, le pouvoir, et tous ces gens qu’elle devait constamment divertir et charmer pour rester avec une longueur d’avance sur la vérité : petit à petit, ses clients étaient devenus moins fiables, et malgré cela elle voulait continuer, ignorer la vérité, tordre la justice d’un côté ou de l’autre – simplement pour gagner. Juste une autre affaire, se disait-elle souvent. La prochaine fois, je défendrai quelqu’un de vraiment innocent et remettrai les choses au clair.

Howard Randall avait été cette affaire.

Je suis innocent, s’était-il écrié lors de leur première rencontre. Ces étudiants sont ma vie. Pourquoi irais-je blesser l’un d’entre eux ?

Avery l’avait cru, et pour la première fois depuis longtemps, elle avait commencé à croire en elle-même. Randall était un professeur de psychologie de Harvard reconnu mondialement, dans la soixantaine, sans aucun mobile et aucun historique connu de ses croyances personnelles démentes. Plus que ça, il paraissait faible et brisé, et Avery avait toujours voulu défendre les faibles.

Quand elle l’avait fait sortir, c’était le summum de sa carrière, le sommet des sommets – c’est-à-dire, jusqu’à ce qu’il tue à nouveau intentionnellement pour la démasquer en tant qu’imposteur.

Tout ce qu’Avery avait voulu savoir était : pourquoi ?

Pourquoi l’auriez-vous fait ? lui avait-elle demandé une fois dans sa cellule. Pourquoi m’auriez-vous menti, piégé, seulement pour aller en prison pour le reste de votre vie ?

Parce que je savais que vous pouviez être sauvée, avait répondu Howard.

Sauvée, pensa Avery.

Est-ce le salut ? s’interrogea-t-elle, et elle observa ce qui l’entourait. Ici ? Maintenant ? Pas d’amis ? Pas de famille ? Une bière dans la main et une nouvelle vie à pourchasser des tueurs dans le but de faire amende honorable pour mon passé ? Elle prit une gorgée de sa boisson et secoua la tête. Non, ce n’est pas le salut. Tout du moins pas encore.

Ses pensées se tournèrent vers le tueur.

Une image de lui avait commencé à se former dans son esprit : réservé, solitaire, désespéré d’obtenir de l’attention, un spécialiste avec les herbes et les corps. Elle écarta l’alcoolique ou le toxicomane. Il était trop consciencieux.

Le minivan évoquait une famille, mais ses actes semblaient indiquer qu’une famille était ce qu’il voulait, pas ce qu’il avait.

L’esprit tourbillonnant de pensées et d’images, Avery descendit deux bières de plus avant de s’endormir soudain dans sa confortable chaise d’extérieur.

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