Les Trois Mousquetaires. Уровень 1 / Три мушкетера

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Les Trois Mousquetaires. Уровень 1 / Три мушкетера
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© Ефимова М. С., адаптация текста, комментарии, упражнения и словарь, 2023

© ООО «Издательство АСТ», 2023

Alexandre Dumas
Les Trois Mousquetaires

Chapitre I

Le premier lundi du mois d’avril 1625, un jeune homme est arrivé au bourg de Meung. Traçons-nous son portrait d’un seul trait de plume[1]: il ressemblait don Quichotte à dix-huit ans. Son visage était long et brun. Dans cet homme on reconnaissait le Gascon, même sans béret, et notre jeune homme portait un béret orné d’une plume.

Le jeune homme avait un cheval. Ce cheval était jaune de robe[2], et quand il marchait, sa tête était plus basse que les genoux. L’apparition de ce cheval à Meung produisait une sensation qui était pénible au jeune d’Artagnan (ainsi s’appelait notre don Quichotte).

Comme il descendait de cheval à la porte de l’hôtel du Franc-Meunier[3], d’Artagnan a vu dans la fenêtre un haut gentilhomme qui parlait avec deux personnes. D’Artagnan a cru, selon son habitude, être l’objet de la conversation[4] et a décidé de l’écouter. Mais ce n’était pas de lui dont on parlait, mais de son cheval. Le gentilhomme décrivait toutes ses qualités, et les auditeurs éclataient de rire à tout moment[5]. D’Artagnan a été réellement insulté. Il s’est avancé, une main sur la garde de son épée.

– Eh! Monsieur, il a dit, dites-moi de quoi vous riez, et nous rirons ensemble.

– Je ne vous parle pas, monsieur.

– Mais je vous parle, moi!

L’inconnu l’a regardé avec un léger sourire. Il est sorti lentement de l’hôtel pour venir à deux pas de d’Artagnan. D’Artagnan, le voyant arriver, a tiré son épée hors du fourreau[6].

– Tel rit du cheval qui n’oserait pas rire du maître[7]! il s’est écrié.

– Je ne ris pas souvent, monsieur, mais je voudrais conserver le privilège de rire quand il me plaît[8].

– Et moi, s’est écrié d’Artagnan, je ne veux pas qu’on rie quand il me déplaît!

– En verité, monsieur? Eh bien, c’est parfaitement juste.

Avec ses mots le gentilhomme s’est dépêché de rentrer à l’hôtel où il avait un cheval tout sellé[9].

Mais d’Artagnan ne voulait pas lâcher un homme qui s’était moqué de lui[10].

– Tournez, monsieur, que je ne vous frappe par-derrière[11]!

– Mon cher, vous êtes foux!

Le gentilhomme inconnu s’est mis en garde[12], mais tout à coup[13], ses deux auditeurs, accompagnés par l’hôte, sont tombés sur d’Artagnan à grands coups de bâtons[14]. Et cet homme inconnu, qui avait été acteur du combat, est devenu spectateur.

– Je vais te tuer, lâche! criait d’Artagnan.

– Sur mon honneur[15], ces Gascons sont incorrigibles!

Le combat a continué donc quelques secondes encore, mais un coup de bâton a brisé l’épée de d’Artagnan en deux morceaux[16]. Un autre coup l’a blessé.

L’hôte a décidé de l’aider et lui faire accorder les soins nécessaires[17]. Il a raconté au gentilhomme inconnu qu’il avait trouvé chez d’Artagnan une lettre adressée à M. de Tréville, le capitaine des mousquetaires. C’était une lettre de recommendation[18] que d’Artagnan avait reçue de son père.

«Si seulement je pouvais savoir ce que contient cette lettre adressée à Tréville!» a pensé le gentilhomme. Il s’est dirigé vers la cuisine.

 

Pendant ce temps l’hôte a expliqué au jeune homme que la police pourrait bien lui faire un mauvais parti[19] pour avoir été chercher querelle à un grand seigneur, c’est pourquoi le jeune homme devait continuer son chemin, malgré sa faiblesse. D’Artagnan s’est levé et a commencé à descendre, mais tout à coup, il a aperçu son provocateur parlant avec une jeune femme. C’était une pâle et blonde personne, aux longs cheveux bouclés tombant sur ses épaules, aux grands yeux bleus, aux lèvres rosées et aux mains d’albâtre.

– Ainsi, Son Éminence[20] m’ordonne…, disait la dame.

– De retourner en Angleterre, et de la prévenir si le duc quittait Londres.

– Et quant à mes autres instructions? a demandé la belle.

– Elles sont renfermées dans cette boîte. Ne l’ouvrez que de l’autre côté de la Manche[21].

– Et vous allez retourner à Paris sans châtier ce petit garçon?

D’Artagnan qui avait tout entendu a crié:

– C’est ce petit garçon qui châtie les autres[22]. Devant une femme, vous n’oserez pas fuir!

– Le moindre retard peut tout perdre! a crié Milady au gentilhomme inconnu.

– Vous avez raison, a répondu le gentilhomme, partez donc de votre côté[23], moi, je pars du mien.

Les deux interlocuteurs sont partis donc au galop, s’éloignant chacun par un côté opposé de la rue[24].

– Ah! lâche, ah! misérable, ah! faux gentilhomme! a crié d’Artagnan, mais elle, bien belle!

Grace au baume, dont la recette lui avait donné sa mère, d’Artagnan était à peu près guéri[25] le lendemain. Avant le départ il a commencé à chercher sa lettre, tournant et retournant vingt fois ses poches, mais la lettre était introuvable. D’Artagnan est entré dans un accès de rage[26].

– Ma lettre de recommendation! D’abord, je vous en préviens, cette lettre est pour M. de Tréville, et il faut qu’elle se retrouve[27].

– Cette lettre n’est point perdue[28], a dit l’hôte, elle vous a été prise par le gentilhomme d’hier. Il est resté seul à la cuisine. Il l’a volée!

– Alors c’est mon voleur, a répondu d’Artagnan, je m’en plaindrai à M. de Tréville[29], et M. de Tréville s’en plaindra au roi.

L’hôte a accompagné d’Artagnan jusqu’à la porte. Le jeune homme est remonté sur son cheval jaune[30], et sans autre incident la monture lui a conduit jusqu’à la porte Saint-Antoine à Paris, où son propriétaire l’a vendue trois écus[31].

À Paris d’Artagnan a loué une chambre qui était une éspèce de mansarde[32]. Le jeune homme était heureux de savoir que sa chambre se trouvait près de l’hôtel de M. de Tréville.

Chapitre II

M. de Tréville avait commencé comme d’Artagnan, sans un sou vaillant[33], mais avec de l’audace et de l’esprit. Il était l’ami du roi et le roi l’avait fait le capitaine de ses mousquetaires qui étaient dévoués au roi. Quand le cardinal Richelieu avait vu cette formidable élite autour du roi, il avait voulu avoir sa propre garde. Il y avaient beaucoup de querelles entre les gardes du cardinal et les mousquetaires du roi, pendant lesquelles ils étaient tués parfois mais sûrs d’être pleurés et vengés[34]. Si les mousquetaires tuaient les gardes, M. de Tréville toujours était prêt à les sauver de la prison[35].

La cour de l’hôtel de M. de Tréville ressemblait à un camp. D’Artagnan est tombé au milieu d’une troupe de gens d’épée[36] qui se croisaient dans la cour, se querellant et jouant entre eux. Beaucoup de mousquetaires se battaient.

Au centre du groupe le plus animé était un mousquetaire de grande taille. La bizarrerie de son costume attirait sur lui l’attention générale. Un long manteau découvrait par-devant seulement[37] le splendide baudrier avec une grande rapière.

– Ah! Portos, a dit un de ses interlocuteurs, je crois que ce baudrier t’a été donné par la dame voilée[38] avec laquelle je t’avais rencontré!

– Non, sur mon honneur de gentilhomme, je l’ai acheté moi-même, et de mes propres deniers[39]! N’est-ce pas, Aramis? a dit Porthos se tournant vers un autre mousquetaire.

Cet autre mousquetaire était un jeune homme à l’oeil noir et doux et aux joues roses[40]. Il parlait peu et lentement, riait sans bruit[41] en montrant ses belles dents, dont, comme du reste de sa personne, il semblait prendre le plus grand soin[42]. Il a répondu par un signe de tête affirmatif[43] à son ami.

 

– M. de Tréville attend M. d’Artagnan, les a interrompus un laquais en ouvrant la porte du cabinet.

Chapitre III

M. de Tréville a salué poliment le jeune homme, mais lui a demandé la permission d’en finir avec les autres[44] avant de commencer avec lui. Il a appelé trois fois:

– Athos! Porthos! Aramis!

Les deux mousquetaires avec lesquels nous avons déjà fait connaissance, sont entrés.

– Savez-vous ce que m’a dit le roi, a dit M. de Tréville, et cela pas plus tard qu’hier au soir[45]? le savez-vous, messieurs?

– Non, monsieur, ont répondu les mousquetaires.

M. de Tréville était en colère.

– Il m’a dit qu’il recruterait désormais ses mousquetaires parmi les gardes de M. le cardinal[46]! Il est vrai que les mousquetaires font triste figure à la cour[47]. M. le cardinal a raconté hier que ses gardes avaient été forcés d’arrêter[48] les mousquetaires dans un cabaret à cause de leur comportement. Arrêter des mousquetaires! Et je suis sûr que vous êtes ces mousquetaires, le cardinal vous a nommés. Voilà bien ma faute, oui, c’est ma faute, parce que c’est moi qui choisis mes hommes. Et Athos! je ne vois pas Athos. Où est-il?

– Monsieur, a répondu tristement Aramis, il est malade, fort malade.

– Voilà encore une glorieuse histoire que vous me racontez! Il est blessé sans doute, tué peut-être…

– Eh bien, mon capitaine, a dit Porthos hors de lui[49], la vérité est que nous étions six contre six, mais nous avons été pris en traître[50]. Deux d’entre nous étaient tombés morts, et Athos, blessé grièvement, ne valait mieux[51]. Il a essayé de se relever deux fois, et il est retombé deux fois. L’on nous a entraînés de force[52]. En chemin, nous nous sommes sauvés[53]. Voilà l’histoire. Que diable, capitaine! on ne gagne pas toutes les batailles.

– Et j’en ai tué un avec sa propre épée[54], a dit Aramis, car la mienne s’est brisée.

– Je ne savais pas cela, a répondu M. de Tréville d’un ton un peu radouci.

Au même instant la portière s’est soulevée et on a vu un homme qui était noble et beau, mais très pâle.

– Athos! se sont écriés les deux mousquetaires.

– Vous m’avez demandé, monsieur, a dit Athos, et je suis ici. Voilà, monsieur, que me voulez-vous?

– J’ai dit à ces messieurs que les mousquetaires ne doivent pas se mettre en danger sans necéssité, parce que les braves gens sont bien chers au roi, et le roi sait que ses mousquetaires sont les plus braves gens de la terre. Votre main, Athos.

M. de Tréville a pris sa main droite et l’a serrée. Au même instant Athos, qui avait rassemblé toutes ses forces[55] pour lutter contre la douleur et, vaincu enfin par elle[56], est tombé sur le parquet comme s’il était mort.

– Un chirurgien! a crié M. de Tréville, le mien, celui du roi, le meilleur! Un chirurgien!

Tout le monde voulait voir le blessé, et la chambre est devenue trop animé. C’est pourquoi on a décidé d’emporter Athos dans une chambre voisine. Le chirurgien a dit que l’état du mousquetaire n’était pas grave, et sa faiblesse était causée par la perte du sang[57].

Puis M. de Tréville a fait un signe de la main, et tout le monde est sorti, excepté d’Artagnan qui n’a pas oublié qu’il avait audience et était demeuré à la même place.

M. de Tréville a oublié le jeune homme à cause de l’événement qui venait d’arriver. D’Artagnan lui a dit son nom et M. de Tréville s’est rappelé tous ses souvenirs du présent et du passé.

– J’ai beaucoup aimé monsieur votre père, il a dit, que puis-je faire pour son fils?

– Monsieur, a dit d’Artagnan, je voudrais vous demander une casaque de mousquetaire[58]. Mais après ce que j’ai vu ici je tremble de ne point la mériter[59].

– Je vous annonce avec regret, a répondu M. de Tréville, qu’on ne reçoit personne mousquetaire avant l’épreuve préalable. Mais en faveur de votre père, mon ancien compagnon, je veux faire quelque chose pour vous, jeune homme. Je crois que je peux vous aider avec l’argent.

D’Artagnan s’est redressé d’un air fier[60] pour montrer qu’il ne demandait l’aumône à personne[61].

– C’est bien, jeune homme, c’est bien, a continué de Tréville, je connais ces airs-là, je suis venu à Paris avec quatre écus dans ma poche, et je me serais battu avec quiconque m’aurait dit que je n’étais pas en état d’acheter le Louvre[62]. Vous avez donc besoin de vous perfectionner dans les exercices qui conviennent à un gentilhomme. Aujourd’hui j’écrirai une lettre au directeur de l’académie royale, et il vous recevra sans rétribution[63]. Vous apprendrez le manège du cheval[64], l’escrime et la danse; vous y ferez de bonnes connaissances.

D’Artagnan, déçu par sa réponse, a dit:

– Je vois maintenant que j’ai besoin de la lettre de recommendation de mon pêre. Elle m’a été volée!

Et d’Artagnan a raconté toute la scène de Meung. Il a décrit le gentilhomme inconnu et la femme qui s’appelait Milady. De Tréville lui a conseillé d’éviter les rencontres avec cet homme très dangereux.

– Vous êtes un honnête garçon, il a dit, mais dans ce moment je ne peux faire que ce que je vous ai offert tout à l’heure[65]. Mon hôtel vous sera toujours ouvert.

Au même moment de Tréville a vu que d’Artagnan rougissait de colère et s’est elancé hors du cabinet[66] en criant:

– Voilà mon voleur! Il ne m’échappera pas, cette fois!

Et le jeune homme a disparu.

Chapitre IV

D’Artagnan, furieux, s’élançait sur l’escalier, et tout à coup, il est allé donner tête baissée dans un mousquetaire[67] qui sortait du cabinet de M. de Tréville.

– Excusez-moi, a dit d’Artagnan, excusez-moi, mais je suis pressé[68].

– Vous me heurtez, vous dites: «Excusez-

moi», et vous croyez que cela suffit? a répondu le mousquetaire.

D’Artagnan a reconnu Athos dans cet homme.

– J’ai dit: «Excusez-moi.» Il me semble donc que c’est assez. Je vous prie, et laissez-moi aller où j’ai affaire[69].

– Monsieur, a dit Athos, vous n’êtes pas poli.

– Ce n’est pas vous qui me donnerez une leçon de belles manières[70], je vous préviens. Ah! si je n’étais pas si pressé, et si je ne courais pas après quelqu’un…

– Monsieur l’homme pressé, vous me trouverez sans courir, entendez-vous?

– Et où, s’il vous plaît?

– Près des Carmes-Deschaux[71].

– À quelle heure?

– Vers midi.

– Vers midi, c’est bien, j’y serai.

– Tâchez de ne pas me faire attendre[72], car à midi un quart je courrai après vous et vous couperai les oreilles.

– Bon! lui a crié d’Artagnan, j’y serai à midi moins dix minutes[73].

Et il s’est mis à courir, espérant retrouver encore son inconnu.

Mais, à la porte de la rue, il a vu Porthos avec un garde. D’Artagnan a décidé de passer comme une flèche entre eux deux. Mais quand il allait passer, le vent a monté le manteau de Porthos. D’Artagnan est venu donner droit dans le manteau[74]. Et maintenant le jeune homme a compris pourquoi Porthos portait ce manteau: c’était un moyen de cacher le côte opposé du magnifique baudrier que nous déjà connaissons. Ce baudrier était d’or par-devant et de simple buffle par-derrière[75].

– Vous êtes donc enragé de vous jeter comme cela sur les gens! a crié Porthos faisant tous ses efforts pour se débarrasser de d’Artagnan[76].

– Excusez-moi, mais je suis très pressé, je cours après quelqu’un, et…

– Est-ce que vous oubliez vos yeux quand vous courez, par hasard[77]? a demandé Porthos.

– Non, a répondu d’Artagnan, non, et grâce à mes yeux je vois même ce que ne voient pas les autres.

Porthos a compris ou n’a pas compris, mais il était en colère. Il a fait un mouvement pour se précipiter sur d’Artagnan.

– Plus tard, plus tard, lui a crié d’Artagnan, quand vous n’aurez plus votre manteau.

– À une heure donc, derrière le Luxembourg[78].

– Très bien, à une heure, a répondu d’Artagnan en tournant l’angle de la rue.

Mais dans la rue il n’a vu personne. Peut-être, le gentilhomme inconnu est entré dans une quelque maison.

Dans la rue près de l’hôtel d’Aiguillon d’Artagnan a aperçu Aramis qui parlait avec deux gentilhommes. D’Artagnan a salué le mousquetaire, et Aramis a incliné légèrement sa tête. Tout à coup, d’Artagnan a remarqué que Aramis avait laissé tomber son mouchoir[79] et avait mis le pied dessus[80]. Le jeune homme a cru que le moment était arrivé de se comporter poliment[81]. Il a tiré le mouchoir – avec effort – de dessous le pied[82] du mousquetaire.

– Je crois, monsieur, que voici un mouchoir que vous avez perdu.

Aramis a rougi excessivement.

– Ah, a dit un des hommes autour d’Aramis, diras-tu encore que Mme de Bois-Tracy est male avec toi[83], si cette gracieuse dame te donne ses mouchoirs?

Aramis a regardé d’Artagnan comme ce-ci était son ennemi mortel.

– Vous vous trompez, messieurs, il a dit, ce mouchoir n’est pas à moi, et je ne sais pourquoi ce jeune homme a décidé de me le remettre, et la preuve de ce que je dis, c’est que voici le mien dans ma poche[84].

Et il a montré son propre mouchoir, aussi élégant que le premier.

– Le fait est, a dit timidement d’Artagnan, que je n’ai pas vu sortir le mouchoir de la poche de M. Aramis. Il avait le pied dessus et j’ai pensé que le mouchoir était à lui.

– Et vous vous êtes trompé, mon cher monsieur, a répondu froidement Aramis.

D’Artagnan a compris son erreur et voulait faire la paix[85] avec ce galant homme.

– Monsieur, il a dit, vous m’excuserez, je l’espère.

– Je suppose, monsieur, qu’on ne marche pas sans cause sur les mouchoirs de poche[86]. Que diable! Paris n’est point pavé en batiste[87]. À deux heures, j’aurai l’honneur de vous attendre à l’hôtel de M. de Tréville. Là je vous enseignerai les bonnes manières[88].

D’Artagnan a pris le chemin des Carmes-Decshaux[89], où l’attendrait son premier duel avec Athos.

«Si je suis tué, il a pensé, je serai tué par un mousquetaire.»

Chapitre V

Quand d’Artagnan est arrivé au terrain vague[90] près du monastère, Athos l’attendait depuis cinq minutes seulement, et midi sonnait[91]. Athos souffrait cruellement de sa blessure, et d’Artagnan espérait lui proposer ses excuses au lieu du duel et se faire un bon ami de ce mousquetaire. Mais Athos n’a pas changé sa décision. Mais d’Artagnan était étonné quand il a aperçu les seconds d’Athos: c’étaient Porthos et Aramis eux-mêmes.

Athos a dit:

– Sans doute, ne savez-vous pas qu’on ne nous voit jamais l’un sans l’autre, et qu’on nous appelle Athos, Porthos et Aramis ou les trois inséparables[92]?

– Ah! ah! a dit Porthos quand il a vu d’Artagnan, qu’est-ce que cela?

– C’est avec monsieur que je me bats, a répondu Athos.

– C’est avec lui que je me bats aussi, a dit Porthos.

– Mais à une heure seulement, a répondu d’Artagnan.

– Et moi aussi, c’est avec ce monsieur que je me bats, a dit Aramis.

– Mais à deux heures seulement, a dit d’Artagnan avec le même calme.

– Mais à propos de quoi te bats-tu, toi, Athos? a demandé Aramis.

– Il m’a fait mal à l’épaule; et toi, Porthos?

– Ma foi, je me bats parce que je me bats, a répondu Porthos en rougissant.

– Nous avons eu une discussion sur la toilette[93], a dit d’Artagnan.

– Et toi, Aramis?

– Moi, je me bats pour cause de théologie, a répondu Aramis. Il a fait signe à d’Artagnan en luv demandant de tenir secrète la cause de leur duel[94].

– Et maintenant que vous êtes rassemblés, messieurs, a dit d’Artagnan, permettez-moi de vous faire mes excuses, parce que je ne pourrai vous payer ma dette à tous trois, car M. Athos a le droit de me tuer le premier. Excusez-moi, mais de cela seulement, et en garde[95]!

Avec ces mots d’Artagnan a tiré son épée. Mais les deux rapières s’étaient à peine touchées[96], que les gardes de Son Éminence commandés par M. de Jussac, se sont montrés à l’angle du monastère.

– Holà! mousquetaires, a dit de Jussac, on se bat donc ici? Et les édits qui interdisent les duels, qu’en faisons-nous? Rengainez donc, s’il vous plaît, et suivez-nous.

– Messieurs, a dit Aramis, nous vous suivrions mais M. de Tréville nous l’a interdit. Passez donc votre chemin, c’est ce que vous avez de mieux à faire[97].

– Nous vous chargerons[98] donc, a dit Jussac.

– Ils sont cinq, a dit Athos à demi-voix, et nous ne sommes que trois; nous serons encore battus. Mais je ne reparai plus vaincu devant le capitaine[99]. Il nous faudra mourir ici[100].

Maintenant d’Artagnan a du prendre son parti[101]. C’était là un de ces événements qui décident de la vie d’un homme, c’était un choix à faire entre le roi et le cardinal.

Il s’est tourné donc vers Athos et ses amis:

– Messieurs, il me semble que nous sommes quatre.

– Mais vous n’êtes pas des nôtres[102], a dit Porthos.

– C’est vrai, a répondu d’Artagnan, mais mon coeur est mousquetaire, je le sens bien.

De Jussac a proposé à d’Artagnan de se retirer à cause de son âge. Mais d’Artagnan a refusé.

– Décidément vous êtes un joli garçon, a dit Athos en serrant la main du jeune homme, nous ne serons que trois, dont un blessé[103], plus un enfant, et l’on dira que nous étions quatre hommes. Comment vous appelle-t-on, mon brave?

– D’Artagnan, monsieur.

– Eh bien, Athos, Porthos, Aramis et d’Artagnan, en avant! a crié Athos.

Et les neuf combattants se sont précipités les uns sur les autres. Le combat a commencé.

D’Artagnan se battait contre de Jussac. Le jeune homme a paré son coup et lui a passé son épée au travers du corps[104]. Jussac est tombé comme une masse[105]. Autres trois gardes ont été désarmés, l’un était mort. Les mousquetaires les ont portés sous le porche du couvent.

Puis ils se sont acheminés vers l’hôtel de M. de Tréville. D’Artagnan marchait entre Athos et Porthos en les étreignant tendrement.

– Si je ne suis pas encore mousquetaire, il a dit à ses nouveaux amis, au moins me voilà reçu apprenti[106], n’est-ce pas?

Cette histoire a fait grand bruit[107]. Le roi Louis XIII lui-même, fier d’avoir ses hommes braves comme ses mousquetaires, les a invités chez lui. D’Artagnan a reçu 40 pistoles du roi pour son courage, et par recommendation du roi il a été placé dans la compagnie des gardes de M. des Essarts[108], le beau-frère de M. de Tréville, parce que ce dernier n’avait pas de place dans les mousquetaires.

1d’un seul trait de plume – одним росчерком пера
2jaune de robe – рыжей масти
3l’hôtel du Franc-Meunier – гостиница «Вольный мельник»
4a cru être l’objet de la conversation – подумал, что является предметом разговора
5éclataient de rire à tout moment – разражались хохотом при каждом слове
6a tiré son épée hors du fourreau – достал шпагу из ножен
7Tel rit du cheval qui n’oserait pas rire du maître – Над лошадью смеется тот, кто не осмеливается смеяться над ее хозяином
8je voudrais conserver le privilège de rire quand il me plaît – я хотел бы сохранить за собой право смеяться, когда пожелаю
9un cheval tout sellé – оседланная лошадь
10s’était moqué de lui – насмехался над ним (предпрошедшее время – plus-que-parfait)
11que je ne vous frappe par-derrière – чтобы мне не пришлось ударить вас сзади
12s’est mit en garde – приготовился к защите
13tout à coup – вдруг, внезапно
14sont tombés sur d’Artagnan à grands coups de bâtons – набросились на д’Артаньяна с палками
15sur mon honneur – клянусь честью
16en deux morceaux – на две части
17lui faire accorder les soins nécessaires – обеспечить ему необходимый уход
18une lettre de recommendation – рекомендательное письмо
19que la police pourrait bien lui faire un mauvais parti – что полиция может к нему придраться
20Son Éminence – Его Высокопреосвященство (обращение к кардиналу)
21Ne l’ouvrez que de l’autre côté de la Manche – Откройте его только по ту сторону Ла-Манша
22C’est ce petit garçon qui châtie les autres – Этот мальчишка сам может проучить других
23partez donc de votre côté – поезжайте своим путем
24s’éloignant chacun par un côté opposé de la rue – отдаляясь в противоположные стороны
25était à peu près guéri – почти исцелился
26est entré dans un accès de rage – у него случился приступ гнева, он пришел в ярость
27il faut qu’elle se retrouve – оно должно быть найдено
28n’est point perdue – вовсе не потеряно
29je m’en plaindrai à M. de Tréville – я пожалуюсь на это г-ну де Тревилю
30est remonté sur son cheval jaune – вновь сел на лошадь
31l’a vendue trois écus – продал ее за три экю
32une éspèce de mansarde – подобие мансарды
33sans un sou vaillant – без единого су в кармане
34sûrs d’être pleurés et vengés – уверены в том, что будут оплаканы и отмщены
35les sauver de la prison – спасти их от тюрьмы
36D’Artagnan est tombé au milieu d’une troupe de gens d’épée – Д’Артаньян оказался среди толпы вооруженных людей
37découvrait par-devant seulement – приоткрывала только спереди
38la dame voilée – дама под вуалью
39de mes propres deniers – за мои собственные деньги
40à l’oeil noir et doux et aux joues roses – с мягким взглядом темных глаз и румянцем на щеках
41riait sans bruit – смеялся бесшумно
42dont, comme du reste de sa personne, il semblait prendre le plus grand soin – за которыми он, казалось, тщательно ухаживал, как и за всей своей внешностью
43par un signe de tête affirmatif – утвердительным кивком головы
44en finir avec les autres – закончить с остальными
45pas plus tard qu’hier au soir – не позднее, чем вчера вечером
46qu’il recruterait désormais ses mousquetaires parmi les gardes de M. le cardinal – что он отныне будет набирать мушкетеров из числа гвардейцев кардинала
47font triste figure à la cour – играют жалкую роль при дворе
48avaient été forcés d’arrêter – были вынуждены арестовать
49hors de lui – потеряв самообладание
50nous avons été pris en traître – на нас напали исподтишка
51ne valait mieux – от него было не больше толку
52L’on nous a entraînés de force – нас уволокли силой
53En chemin, nous nous sommes sauvés – по пути мы скрылись
54j’en ai tué un avec sa propre épée – я убил одного из них его собственной шпагой
55rassemblé toutes ses forces – собрал все свои силы
56vaincu enfin par elle – наконец сраженный ею
57la perte du sang – потеря крови
58une casaque de mousquetaire – плащ мушкетера
59je tremble de ne point la mériter – я боюсь, что ничуть не достоин его
60s’est redressé d’un air fier – гордо выпрямился
61qu’il ne demandait l’aumône à personne – что он ни у кого не просит милостыни
62je me serais battu avec quiconque m’aurait dit que je n’étais pas en état d’acheter le Louvre – я вызвал бы на дуэль любого, кто сказал бы мне, что я не в состоянии купить Лувр
63sans rétribution – не требуя платы
64le manège du cheval – верховая езда
65je ne peux faire que ce que je vous ai offert tout à l’heure – я не могу сделать ничего сверх того, что вам только что предложил
66s’est elancé hors du cabinet – бросился прочь из кабинета
67il est allé donner tête baissée dans un mousquetaire – он с разбегу столкнулся с мушкетером
68je suis pressé – я спешу
69laissez-moi aller où j’ai affaire – позвольте мне идти туда, где меня ждет дело
70Ce n’est pas vous qui me donnerez une leçon de belles manières – не вам учить меня хорошим манерам
71près des Carmes-Deschaux – у монастыря кармелитов в Дешо
72Tâchez de ne pas me faire attendre – постарайтесь не заставлять меня ждать
73j’y serai à midi moins dix minutes – я буду там без десяти двенадцать
74est venu donner droit dans le manteau – попал прямо в складки плаща
75Ce baudrier était d’or par-devant et de simple buffle par-derrière – эта перевязь сверкала золотом снаружи, а сзади была из простой буйволовой кожи
76faisant tous ses efforts pour se débarrasser de d’Artagnan – изо всех сил стараясь избавиться от д’Артаньяна
77par hasard – случайно
78derrière le Luxembourg – за Люксембургским дворцом
79avait laissé tomber son mouchoir – у него упал платок
80avait mis le pied dessus – наступил на него
81se comporter poliment – повести себя вежливо
82de dessous le pied – из-под ноги
83male avec toi – неблагосклонна к тебе
84voici le mien dans ma poche – вот мой платок в кармане
85faire la paix – помириться
86on ne marche pas sans cause sur les mouchoirs de poche – просто так не наступают на платочки
87Paris n’est point pavé en batiste – Париж не вымощен батистовыми платочками
88je vous enseignerai les bonnes manières – преподам вам урок хороших манер
89D’Artagnan a pris le chemin des Carmes-Decshaux – д’Артаньян направился в сторону монастыря кармелитов в Дешо
90terrain vague – пустырь
91et midi sonnait – прозвонили полдень
92les trois inséparables – трое неразлучных
93Nous avons eu une discussion sur la toilette – Мы поспорили по поводу одежды
94en luv demandant de tenir secrète la cause de leur duel – с просьбой сохранить в тайне причину их дуэли
95En garde! – За оружие!
96Mais les deux rapières s’étaient à peine touchées – Но стоило только скреститься двум шпагам
97c’est ce que vous avez de mieux à faire – это лучшее, что вы можете сделать
98Nous vous chargerons – Мы вас арестуем
99je ne reparai plus vaincu devant le capitaine – я больше не предстану побежденным перед капитаном
100Il nous faudra mourir ici – нам придется погибнуть здесь
101prendre son parti – выбрать свою сторону
102des nôtres – из наших
103dont un blessé – из которых один – раненый
104lui a passé son épée au travers du corps – проткнул его шпагой
105est tombé comme une masse – рухнул как подкошенный
106au moins me voilà reçu apprenti – по крайней мере я могу считать себя принятым в ученики
107a fait grand bruit – наделала много шуму
108il a été placé dans la compagnie des gardes de M. des Essarts – он был принят в полк гвардейцев г-на Дезэссара
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