Le Fils des Dragons

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Из серии: Le Temps des Sorciers #3
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Le Fils des Dragons
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LE FILS DES DRAGONS
(LE TEMPS DES SORCIERS – TOME TROIS)
MORGAN RICE
Morgan Rice

Morgan Rice est bestseller et meilleure autrice d'après USA Today grâce à la série de fantasy L'ANNEAU DU SORCIER, dix-sept tomes ; bestseller avec MEMOIRES D'UN VAMPIRE, douze tomes ; bestseller avec LA TRILOGIE DES RESCAPÉS, thriller post-apocalyptique comprenant trois tomes ; la fantasy ROIS ET SORCIERS, six tomes ; la fantasy DE COURONNES ET DE GLOIRE, huit tomes ; la fantasy UN TRÔNE POUR DES SŒURS, huit tomes ; une nouvelle série de science-fiction, LES CHRONIQUES DE L’INVASION, en quatre tomes ; la fantasy OLIVER BLUE À L’ÉCOLE DES PROPHÈTES, quatre tomes ; la fantasy LE FIL DE L'ÉPÉE, quatre tomes ; et une nouvelle série de fantasy LE TEMPS DES SORCIERS. Les ouvrages de Morgan sont disponibles en livres audio et brochés et traduits en plus de 25 langues.

Morgan adore vous lire, rendez-vous sur www.morganricebooks.com, recevez un livre gratuit et des cadeaux ; téléchargez l'application gratuite et recevez des infos en avant-première, connectez-vous sur Facebook et Twitter, restons en contact !

Morgan Rice – Critiques

“Vous pensiez en avoir terminé avec la série L'ANNEAU DU SORCIER, vous aviez tort. Découvrez LE REVEIL DES DRAGONS, la nouvelle saga prometteuse de Morgan Rice, laissez-vous entraîner au pays des trolls et dragons, où sens des valeurs, honneur, courage, magie et destinée règnent en maître. Les personnages de Morgan nous envoûtent au fil des pages … vivement recommandé pour tous les inconditionnels de fantasy.”

--Books and Movie Reviews
Roberto Mattos

“Un mélange de fantasy et d'action qui séduira les lecteurs de Morgan Rice et Christopher Paolini, auteur de L'HERITAGE … Les fans de fictions pour jeunes adultes vont littéralement dévorer le dernier opus de Rice.”

--The Wanderer, A Literary Journal (Le Réveil des Dragons)

“Un ouvrage de fantasy de haut vol mêlant complot et mystère. La Quête des Héros aborde les thèmes du courage et du succès, l'âge adulte, la maturité, l'excellence … Réservé aux fans de fantasy, les protagonistes mêlent astuces et scènes d'action, abordant le passage du jeune Thor à l'âge adulte, une vie placée sous le signe de la chance …. prémices d'une série prometteuse pour jeunes adultes.”

--Midwest Book Review (D. Donovan, eBook Reviewer)

“L'ANNEAU DU SORCIER comporte tous les ingrédients d'une recette à succès : intrigues, complots, mystères, preux chevaliers, amours naissantes et cœurs brisés, déception et trahison. Des heures de lecture, à tout âge. Chaudement recommandé pour tous les amoureux de fantasy.”

--Books and Movie Reviews, Roberto Mattos

“Avec ce premier tome "action" de la série de fantasy L'Anneau du Sorcier (14 tomes), Rice nous présente le jeune Thorgrin "Thor" McLeod, qui, à 14 ans, rêve d'intégrer la prestigieuse Légion d'Argent, les chevaliers d'élite du roi …. Une prose et une intrigue riches en rebondissements, Rice en majesté.”

--Publishers Weekly
Livres par Morgan Rice

LE TEMPS DES SORCIERS

LE ROYAUME DES DRAGONS (Tome 1)

LE TRÔNE DES DRAGONS (Tome 2)

LE FILS DES DRAGONS (Tome 3)

OLIVER BLUE A L’ECOLE DES PROPHÈTES

LA FABRIQUE MAGIQUE (Tome 1)

L’ORBE DE KANDRA (Tome 2)

LES OBSIDIENNES (Tome 3)

LE SCEPTRE DE FEU (Tome 4)

LES CHRONIQUES DE L’INVASION

ATTAQUE EXTRATERRESTRE (Tome 1)

ARRIVÉE (Tome 2)

ASCENSION (Tome 3)

RETOUR (Tome 4)

LE FIL DE L’ÉPÉE

LES PLUS MÉRITANTS (Tome 1)

LES PLUS VAILLANTS (Tome 2)

LES DESTINÉS (Tome 3)

LES PLUS TÉMÉRAIRES (Tome 4)

UN TRÔNE POUR DES SŒURS

UN TRÔNE POUR DES SŒURS (Tome 1)

UNE COUR DE VOLEURS (Tome 2)

UNE CHANSON POUR DES ORPHELINES (Tome 3)

UN CHANT FUNÈBRE POUR DES PRINCES (Tome 4)

UN JOYAU POUR LA COUR (Tome 5)

UN BAISER POUR DES REINES (Tome 6)

UNE COURONNE POUR DES ASSASSINS (Tome 7)

UNE ÉTREINTE POUR DES HÉRITIÈRES (Tome 8)

DE COURONNES ET DE GLOIRE

ESCLAVE, GUERRIÈRE, REINE (Tome 1)

CANAILLE, PRISONNIÈRE, PRINCESSE (Tome 2)

CHEVALIER, HÉRITIER, PRINCE (Tome 3)

REBELLE, PION, ROI (Tome 4)

SOLDAT, FRÈRE, SORCIER (Tome 5)

HÉROÏNE, TRAÎTRESSE, FILLE (Tome 6)

SOUVERAIN, RIVALE, EXILÉE (Tome 7)

VAINQUEUR, VAINCU, FILS (Tome 8)

ROIS ET SORCIERS

LE RÉVEIL DES DRAGONS (Tome 1)

LE RÉVEIL DU VAILLANT (Tome 2)

LE POIDS DE L’HONNEUR (Tome 3)

UNE FORGE DE BRAVOURE (Tome 4)

UN ROYAUME D’OMBRES (Tome 5)

LA NUIT DES BRAVES (Tome 6)

ROIS ET SORCIERS : NOUVELLE

L’ANNEAU DU SORCIER

LA QUÊTE DES HÉROS (Tome 1)

LA MARCHE DES ROIS (Tome 2)

LE DESTIN DES DRAGONS (Tome 3)

UN CRI D’HONNEUR (Tome 4)

UNE PROMESSE DE GLOIRE (Tome 5)

UN PRIX DE COURAGE (Tome 6)

UN RITE D’ÉPÉES (Tome 7)

UNE CONCESSION D’ARMES (Tome 8)

UN CIEL ENSORCELE (Tome 9)

UNE MER DE BOUCLIERS (Tome 10)

UN RÈGNE DE FER (Tome 11)

UNE TERRE DE FEU (Tome 12)

UNE LOI DE REINES (Tome 13)

LE SERMENT DES FRÈRES (Tome 14)

UN RÊVE DE MORTELS (Tome 15)

UNE JOUTE DE CHEVALIERS (Tome 16)

LE DON DU COMBAT (Tome 17)

TRILOGIE DES RESCAPÉS

ARENE UN: LA CHASSE AUX ESCLAVES (Tome 1)

DEUXIEME ARENE (Tome 2)

ARÈNE TROIS (Tome 3)

LES VAMPIRES DÉCHUS

AVANT L’AUBE (Tome 1)

MEMOIRES D'UN VAMPIRE

TRANSFORMATION (Tome 1)

ADORATION (Tome 2)

TRAHISON (Tome 3)

PREDESTINATION (Tome 4)

DÉSIR (Tome 5)

FIANÇAILLES (Tome 6)

SERMENT (Tome 7)

TROUVÉE (Tome 8)

RENÉE (Tome 9)

ARDEMMENT DÉSIRÉE (Tome 10)

SOUMISE AU DESTIN (Tome 11)

OBSESSION (Tome 12)

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Copyright © 2020 by Morgan Rice. Tous droits réservés. Sauf autorisation selon Copyright Act de 1976 des U.S.A., cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise par quelque moyen que ce soit, stockée sur une base de données ou stockage de données sans permission préalable de l'auteur. Cet ebook est destiné à un usage strictement personnel. Cet ebook ne peut être vendu ou cédé à des tiers. Vous souhaitez partager ce livre avec un tiers, nous vous remercions d'en acheter un exemplaire. Vous lisez ce livre sans l'avoir acheté, ce livre n'a pas été acheté pour votre propre utilisation, retournez-le et acheter votre propre exemplaire. Merci de respecter le dur labeur de cet auteur. Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, personnages, sociétés, organisations, lieux, évènements ou incidents sont issus de l'imagination de l'auteur et/ou utilisés en tant que fiction. Toute ressemblance avec des personnes actuelles, vivantes ou décédées, serait purement fortuite. Photo de couverture Copyright Aphelleon sous licence istockphoto.com.

CHAPITRE UN

La Reine Aethe s'agenouilla auprès de son mari et contempla sa silhouette inerte parmi ses larmes. En proie au chagrin elle avait perdu la notion du temps, le jour et la nuit ne faisaient plus qu'un, la nourriture que les serviteurs la suppliaient d’avaler avait un goût de cendres.

La pièce était richement décorée, ornée de tentures murales et de meubles en bois précieux provenant de tout le Royaume du Nord. Les coupes en or et les soieries ne faisaient aucune différence. Tout était gris et mort depuis que Godwin reposait, immobile, dans son lit.

"Quand se réveillera-t-il ?" demanda-t-elle au Docteur Jarran, qui se borna à secouer la tête et écarter ses doigts boudinés.

"J'ai pansé ses blessures du mieux que j'ai pu. Pour le reste, je regrette, je ne détiens pas la réponse."

"Alors à quoi servez-vous ?" demanda la Reine Aethe, son chagrin se muait en colère, désormais son seul réconfort. "Vous avez échoué à guérir ma fille. Vous ne pouvez pas soigner mon mari. A quoi servez-vous ? Sortez ! Retournez à vos incisions de furoncles et vos points de suture !"

Des mots durs, mais la vie était dure. Le monde était devenu un univers peuplé d'ombres inquiétantes qui la vidaient de ses forces, lui rendait la vie difficile. Personne ne pouvait réconforter Aethe en pareils moments. Bien que son époux soit entouré de serviteurs et de gardes, Aethe se sentait aussi seule qu’abandonnée en pleine nature.

"Pourquoi personne ne peut l'aider ?" se demandait-elle, agenouillée près du lit, mais sa question demeura sans réponse. Personne n'osa. Une folle pensée germa dans son esprit. "Où est Maître Grey ?"

C'était peut-être une question à laquelle personne ne pouvait répondre. Qui savait où se trouvait le mage, ce qu'il ferait ? Au prix d'un grand effort Aethe s’afficha à l'une des fenêtres de la chambre, elle fixa la tour qui flanquait le château, essayant de l'apercevoir. Bien sûr, il n'y avait personne, personne n'était là pour sauver Godwin.

 

Elle contempla Royalsport en contrebas. Le cours d’eau sinueux de la cité était désormais à marée haute, la scindant en une multitude d'îles, chacune abritant un quartier d'habitation. Une muraille ceinturait la majeure partie de la cité mais une partie s'étendait à l'extérieur, tel le ventre d'un homme enrobé débordant de sa ceinture. Des maisons insalubres flanquaient les murs d'enceinte et s'étendaient jusque dans la campagne. Les grandes Maisons surplombaient la cité : l'imposante Maison des Marchands jouxtait le marché, la Maison des Soupirs avec ses couleurs vives régnait sur le quartier des plaisirs, la Maison des Lettrés dont les flèches s'élevaient en spirales, et la Maison des Armes dont les fours crachaient de la fumée, forgeant des armes qui engendreraient la violence.

Depuis son poste d’observation, Aethe pouvait déjà voir les signes de cette violence, les chevaliers et les soldats qui campaient à l'extérieur de la cité, la foule dans les rues comptaient encore plus d'hommes violents que d'habitude. Des hommes de la noblesse et les soldats du roi, les ducs ou comtes disposaient de douzaines d'hommes à lui prêter, soumis à sa volonté.

Aethe tourna le dos ; ce spectacle lui était insupportable. Elle ne supportait plus rien.

"Réveille-toi, mon époux," dit-elle à voix basse en retournant près du lit. "Ton royaume a besoin de toi." Elle se pencha et déposa un baiser sur son front. "J'ai besoin de toi."

Son mari n'était plus l'homme de jadis, l'âge avait fait grisonner ses cheveux, ses muscles s'étaient empâtés. Aethe y était habituée, elle s'était faite à ces changements, les rides et les cheveux gris avaient modifié son apparence. Non, il était d'une pâleur mortelle, le teint presque aussi gris que sa barbe, son souffle, erratique. Le voir ainsi était au-dessus de ses forces.

Atrocement douloureux. Elle ne le supporterait pas davantage.

"Ne meurs pas. Rodry… ton fils est mort, Godwin." Aethe ne s'était jamais beaucoup préoccupée des fils de Godwin, ils lui rappelaient son premier mariage et combien il avait aimé sa première femme. Mais Rodry était le meilleur. Greave était étrange, obsédé par ses livres, quant à Vars … Aethe frissonna. "Quant à mes filles, Nerra est partie, et Erin guerroie comme un homme."

Ils avaient au moins sauvé Lenore. Elle était de retour, saine et sauve et mariée, elle qui n'aurait jamais dû être en danger, capturée. Aethe espérait simplement que son mariage avec Finnal serait heureux ; elle avait confiance, malgré la crise de nerfs de sa fille le jour de ses noces.

Mais il leur faudrait affronter la menace du Royaume du Sud. Aethe était convaincue qu'aucune armée ne pouvait traverser les eaux tumultueuses de la Slate, mais on disait que l'ennemi arrivait par l'est, via l'Ile de Leveros.

"Je t'en supplie, réveille-toi," dit-elle en prenant la main de Godwin. "Je redoute ce qui risque de nous arriver si tu ne te réveilles pas."

"Il n'y a rien à craindre," lança une voix depuis le seuil de la porte. "En tant que régent, j'ai la situation en main."

La Reine Aethe se retourna en entendant Vars pénétrer dans la pièce.

Le fils de son époux ne ressemblait en rien à un roi. Il portait une couronne d'or, plus petit que son mari, plus faible d’apparence, les cheveux d’un brun terne, les traits grossiers. Ses vêtements étaient certes raffinés mais Aethe aperçut des taches de vin. Pire encore, elle n'avait jamais aimé Vars. Godwin n'aurait assurément jamais voulu qu'il règne à sa place.

"Comment en sommes-nous arrivés là ?" demanda Aethe, sachant que Vars partagerait son chagrin, même s'ils ne partageaient presque rien d'ordinaire. "Ma fille a été emmenée vers le sud, ton frère a été tué ? Ton père est tombé au moment où le Royaume du Sud nous attaque ? Pourquoi ?"

Ce dernier point décupla le chagrin de Aethe. Que son mari soit tombé au combat était déjà suffisamment grave, mais que tout arrive en même temps, c'en était trop. Comme si on l'avait anéantie, détruisant tout derrière elle. Vars parut ébranlé à l'évocation de tous ces malheurs.

"Il est impossible de juger," dit Vars. À la surprise d'Aethe, il se plaça à côté d'elle et posa une main sur son épaule. "Je soupçonne que tout a été manigancé par le Royaume du Sud. Oui, s'il y a quelqu'un à blâmer, c'est bien eux."

"Je leur en veux," rétorqua Aethe, elle bouillait de rage, d'un feu qui la consumerait pourvu qu'elle donne libre cours à sa colère. "Je les rayerais de la carte après tout ce qu'ils ont fait si c'était en mon pouvoir !"

"Des êtres haïssables," affirma Vars.

"Tuer ton frère, kidnapper ta sœur…"

"Oui. Elle a heureusement épousé Finnal."

"Effectivement," répondit Aethe, quelque peu soulagée. Lenore avait les nerfs à vif avant le mariage mais elle était convaincue que sa fille serait bientôt heureuse. "Et Godwin…"

"Nous ferons tout notre possible pour l'aider. Tout ce qui est envisageable."

"Pourrais-tu … pourrais-tu trouver Maître Grey ? Le médecin n'est d'aucune aide, peut-être qu'il…"

"Je veillerai à ce qu'il vienne ici. En attendant, je ferai en sorte que tout se passe pour le mieux."

"Je t'aiderai. Je ferai tout mon possible. Nous veillerons à la sécurité du royaume ensemble. Pour Godwin."

Elle sentit ses larmes couler, défaillit presque de faiblesse et de chagrin.

"Ce ne sera pas nécessaire."

"Mais Vars—” commença Aethe. Elle avait besoin de faire quelque chose pour se sentir utile, être à nouveau partie prenante.

"L'épouse de mon père est visiblement perdue," dit Vars en s'adressant aux deux gardes. Il ne l'avait pas appelée "reine", remarqua Aethe. "Elle a besoin de repos. Escortez-la dans sa chambre et veillez à ce qu'on ne la dérange pas."

"Comment ? Je n'irais nulle part."

"Oh que si," insista Vars. "Tu es fatiguée, désemparée. Repose-toi. C'est pour ton bien."

Seul hic, plus elle protestait, plus elle ressemblait à une épouse éplorée. Les gardes vinrent la chercher et la prirent par les bras. Elle se débattit, résolue à marcher seule, sans pouvoir arrêter les larmes qui ruisselaient sur son visage. Elle se retourna pour regarder Vars, penché sur son mari. Comment en était-on arrivé là ?

Pire encore, quel désastre attendait le royaume ?

CHAPITRE DEUX

Vars ne voyait pas l'heure de renvoyer Aethe depuis son arrivée au château, alors qu'il n'était encore qu'un enfant. La femme de son père, qui avait remplacé sa propre mère, avait longtemps été à l’origine de ses déceptions. Elle n'avait eu de cesse de rabâcher aux oreilles de son père, aussi longtemps qu'il s'en souvienne, que Vars était faible, lâche, indigne : que ses filles devaient prendre le pouvoir.

Elle s'était immiscée à plusieurs reprises dans leur conversation. L'avait interrogé sur la façon dont Lenore s'était retrouvée seule, suggérant manifestement qu'elle soupçonnait Vars d'avoir manqué à ses devoirs de gardien. Elle prétendait que ses propres enfants pourraient l'aider à gouverner, Vars savait mieux que quiconque qu'il s'agissait d'une manière détournée de le renverser. Vars risqua un sourire satisfait alors que les gardes emmenaient Aethe dans ses appartements.

"Que faites-vous tous ici ?" demanda-t-il aux gardes et serviteurs. Il constata qu'ils demeuraient là, immobiles. "Croyez-vous que mon père va s'asseoir et demander un verre de vin, ou faire la conversation ?"

La plupart d'entre eux se détournèrent devant ses paroles, comme s'ils refusaient d'écouter. Vars était le régent désormais, ils devaient l'écouter.

"Nous demeurons auprès du roi par loyauté, Votre Altesse," dit l'un des serviteurs. "Au cas où il aurait besoin de notre aide."

"Quelle aide ? Le Docteur Jarran sortait d’ici à mon arrivée. Son aide est-elle opportune ? Non. Même le sorcier favori de mon père ne fait que marmonner dans sa tour. Et vous voudriez, tous combien vous êtes, lui venir en aide ? Sortez."

“Mais Votre Altesse —”

Vars s'en prit au serviteur. "Vous parlez de loyauté. Je suis le régent. Je m'exprime au nom du roi. Si vous faisiez preuve de loyauté, vous obéiriez. Mon père n'a pas besoin d'être entouré de gardes ou de serviteurs. Partez, avant que je ne vous fasse sortir de force."

Vars savait pertinemment qu'aucun d'entre eux n'avait envie de partir, mais en vérité, il s'en fichait. Il avait constaté depuis fort longtemps déjà que les gens ne faisaient que ce pour quoi ils étaient faits. Ceux qui parlaient d'honneur, de loyauté ou de patriotisme n'étaient que des menteurs prétendant être meilleurs que Vars.

Un des gardes fit halte alors qu'ils s’apprêtaient à sortir. "Et si le roi se réveillait, Votre Altesse ? L'un de nous ne devrait-il pas rester à ses côtés et vous informer le cas échéant ?"

Vars ne réprimanda pas l'homme, uniquement parce qu'il ne voulait pas être perçu comme un fils haïssant son père, ou comme un fou incapable de gouverner son royaume. Préserver les apparences, la vérité était secondaire.

"Ce n'est pas une mission pour vous. Cette tâche conviendrait plus à un enfant." Une idée germa dans son esprit. "Qui est le plus jeune page ici présent ?"

"Merin, Votre Altesse. Il a onze ans."

"Onze ans c'est bien assez grand pour veiller sur mon père au cas où il se réveillerait et suffisamment jeune pour n'être d'aucune utilité ailleurs. Allez le chercher et retournez à vos obligations. Nous sommes en guerre, après tout !"

Ces paroles suffirent à les faire réagir, les forcèrent à bouger, là où les capacités de commandement de Vars avaient échoué. Il les détestait. Il les haïssait encore plus qu’ils le détestaient. Il se rendit au chevet de son père malade, dévisagea la silhouette du Roi Godwin plongée dans le coma.

Il avait l'air si fragile, d’un teint de cendres, les muscles de son corps moins dessinés, couché sur le dos. Il paraissait plus âgé qu'avant, Vars le trouva moins impressionnant.

"Je crois que c'est la première fois que tu ne m'écrases pas de ta présence, que tu me dises à quel point je suis inutile," déclara Vars. Prononcer ces mots lui fit grand bien, même si son père ne pouvait l’entendre. Il n'aurait jamais eu le courage de parler si son père avait été éveillé, il n'aurait jamais osé.

Vars faisait les cent pas dans la chambre, songeant à tout ce qu'il avait toujours voulu dire à son père, tout ce qu'il avait en tête, des réflexions que la peur retenait captives. Même maintenant, il avait du mal à s'exprimer, savoir que son père ne pouvait pas vraiment les entendre, ne pouvait rien, libéra sa parole.

"On dit que tu peux en réchapper, ou mourir. J'espère que tu mourras. C'est tout ce que tu mérites, vu le père que tu as été." Il dévisageait son père d'un air haineux. S'il avait eu le courage, il se serait emparé d'un oreiller et l'aurait plaqué sur son visage.

"Sais-tu ce que c'est, que de grandir avec un père pareil ? Rien de ce que je faisais n'était jamais assez bien pour toi. Rodry a toujours été le meilleur. Oh, tu l'aimais, lui, quand il ne s'en prenait pas aux ambassadeurs. Je suis bien aise que tu aies appris sa mort avant qu'on ne te poignarde. Et Nerra… qu'a-t-elle ressentit lorsque tu l'as forcée à partir ?"

Il n'y eut évidemment pas de réponse, pas l'ombre d'une réponse de la part de son père, inerte. Ce qui était d'autant plus grave, en fin de compte.

"Quand ma mère est morte, tu t'es vite trouvé une nouvelle femme. Tes fils avaient besoin de toi, j'avais besoin de toi, mais tu as choisi d'épouser Aethe, qui t'a donné tes précieuses filles."

Il songea à toutes les fois où son père l'avait réprimandé tout en portant Nerra, Lenore et même Erin, aux nues.

"Tu as accordé tant d'attention à Lenore et à son stupide mariage, n'est-ce pas ? Tu as placé tant d'espoirs en elle. Sais-tu pourquoi tu gis ici ? Sais-tu pourquoi elle a été enlevée ?" Vars s'arrêta et se pencha sur son père, suffisamment près pour chuchoter. "Ils l'ont capturée parce que j'ai pris le mauvais chemin avec mes hommes. Je ne voulais pas perdre mon temps à la protéger, alors que j'étais le suivant dans l'ordre d'accession au trône. Je ne voulais pas rester à attendre pendant que la princesse idéale se pavanait dans tout le royaume, était adulée. Je l'ai laissée seule, les hommes de Ravin l'ont capturée, Rodry est mort en voulant la sauver."

Vars se redressa, éprouvant la profonde satisfaction d'avoir enfin vidé son sac, d’avoir dit à son père tout ce qu'il avait sur le cœur.

 

"Tu n'as eu de cesse de me rabaisser, regarde-moi maintenant. J’ai toujours fait ce que j'ai voulu, j'ai passé mon temps à la Maison des Soupirs et dans les auberges plutôt que dans ta fabuleuse Maison des Armes. C'est moi qui commande désormais, et je compte bien en profiter."

On frappa à la porte. Un serviteur entra suivi d'un jeune garçon aux cheveux blonds et au visage poupin, vêtu d'une chemise, d'une tunique et d'un collant bleu roi et or. Il semblait nerveux en présence de Vars, et esquissa une révérence parfaite. Vars remarqua qu'une de ses mains était petite et tordue, peut-être un accident survenu il y a longtemps. Vars s'en moquait.

"Tu es Merin ?"

"Oui, Votre Altesse," répondit le jeune garçon d'une petite voix effrayée.

"Sais-tu quel est ton rôle ici ?"

Le garçon secoua la tête, manifestement trop effrayé pour répondre.

"Tu veilleras sur mon père. Tu lui apporteras ses repas, fera sa toilette, tu attendras de voir s'il se réveille." Il ne lui demanda pas s'il en était capable ; il s'en fichait. "Est-ce clair ?"

"O-oui, Votre—”

"Bien," Vars lui coupa la parole. La réponse d’un garçonnet ne l'intéressait pas mais il tenait simplement à s'assurer que l'humiliation de son père soit complète. Vivre ou mourir, peu importe. Soit son père vivrait, et Vars savourerait sa petite revanche, soit il mourrait, auquel cas, Vars saurait qu'il avait réussi à rendre les derniers jours du vieux fou encore pires.

Il se tourna alors vers l'autre serviteur, qui se remit nerveusement au garde à vous. "Que faites-vous ici ? Je pensais vous avoir dit à tous de retourner à vos tâches habituelles."

"Oui, Votre Altesse. Je suis venu parce que… parce que votre présence est requise."

"Ma présence est requise ?" Vars saisit l'homme par son col de chemise. C'était facile, il savait que le serviteur n'oserait pas le frapper, ce serait considéré comme une trahison. "Je suis le régent. Le peuple n'a rien à exiger."

"Pardonnez-moi, Votre Altesse. C'est… c'est le terme qu'ils ont utilisé quand ils m'ont envoyé vous chercher."

Le terme "chercher" le disputait à "requise." Vars envisageait de frapper l'homme mais se retint de justesse, son rang lui dictait de rester à sa place, Vars ne voulait pas recevoir de mauvais coup, quelles que soient ses envies de vengeance.

"Qui vous envoie, et pourquoi ? Qui se croit permis de donner des ordres en mon château ?"

"Les nobles, Votre Altesse. Ils se concertent…" Il semblait réfléchir aux termes exacts qu'on lui avait demandé de transmettre. "… ils se concertent afin de débattre de l'invasion du Royaume du Sud et décider d'une réponse commune. Les nobles et les chevaliers sont présents. La réunion se déroule dans le grand salon en ce moment-même."

Vars écarta l'homme du milieu, soudain en proie à la colère. Comment osaient-ils ? Comment osaient-ils profiter de ce moment où le pouvoir du royaume était enfin entre ses mains pour tenter de le rabaisser ?

Il savait où ils voulaient en venir, bien qu'on le lui ait tu. La noblesse le mettait à l'épreuve, le traitant comme s'il n'était pas un vrai roi, pas un souverain aussi puissant que son père. Ils essayaient d'en faire une marionnette, un homme de paille qu'ils pourraient commander et contrôler, un serviteur et un régnant. Ils croyaient pouvoir lui dicter sa conduite, décider entre eux, Vars se verrait réduit à être une simple tête couronnée, sagement assis sur son trône.

Rira bien qui rira le dernier. Vars leur montrerait qu'ils avaient tort.

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