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Metella

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– J'ai un délateur qui parlera plus haut qu'elles, répondit Metella: c'est votre indifférence.

– Ah! toujours des reproches! Mon Dieu! qu'une femme qui se croit offensée est cruelle dans sa plainte et persévérante dans sa vengeance!

– Vengeance! moi, vengeance! dit Metella.

– Non, je me sers d'un mot inconvenant, ma chère lady; vous êtes douce et généreuse, en ai-je jamais douté! Allons, ne nous querellons pas, au nom du ciel! Ne prenez pas votre air abattu et fatigué. Votre coiffure est bien plate, ne trouvez-vous pas?

– Vous aimez ces bandeaux lisses avec un diamant sur le front…

– Je trouve qu'à présent les tresses descendant le long des joues, à la manière des reines du moyen âge, vous vont encore mieux.

– Il est vrai que mes joues ne sont plus très-rondes, et qu'on les voit moins avec des tresses. Francesca, faites-moi des tresses.

– Metella, dit le comte lorsqu'elle fut coiffée, pourquoi ne mettez-vous pas de rouge?

– Hélas! il est donc temps que j'en mette, répondit-elle tristement. Je me flattais de n'en jamais avoir besoin.

– C'est une folie, ma chère; est-ce que tout le monde n'en met pas? Les plus jeunes femmes en ont.

– Vous haïssez le fard, et vous me disiez souvent que vous préfériez ma pâleur à une fraîcheur factice.

– Mais la dernière fois que vous êtes sortie, on vous a trouvée bien pâle… On ne va pas au bal uniquement pour son amant.

– J'y vais uniquement pour vous aujourd'hui, je vous jure.

– Ah! milady, c'est à mon tour de dire qu'il n'en fut pas toujours ainsi! Autrefois vous étiez un peu fière de vos triomphes.

– J'en étais fière à cause de vous, Luigi; à présent qu'ils m'échappent et que je vous vois souffrir, je voudrais me cacher. Je voudrais éteindre le soleil et vivre avec vous dans les ténèbres.

– Ah! vous êtes en veine de poésie, milady. J'ai trouvé tout à l'heure votre Byron ouvert à cette belle page des ténèbres; je ne m'étonne pas de vous voir des idées sombres. Eh bien! le rouge vous sied à merveille. Regardez-vous, vous êtes superbe. Allons, Francesca, apportez les gants et l'éventail de milady. Voici votre bouquet, Metella; c'est moi qui l'ai apporté; c'est un droit que je ne veux pas perdre.»

Metella prit le bouquet, regarda tendrement le comte avec un sourire sur les lèvres et une larme dans les yeux. «Allons, venez, mon amie, lui dit-il. Vous allez être encore une fois la reine du bal.»

Le bal était somptueux; mais, par un de ces hasards facétieux qui se rencontrent souvent dans le monde, il y avait une quantité exorbitante de femmes laides et vieilles. Parmi les jeunes et les agréables, il y en avait peu de vraiment jolies. Lady Mowbray eut donc un très-grand succès; et Olivier, qui ne s'attendait pas à la rencontrer, s'abandonna à sa naïve admiration. Dès que le comte le vit auprès de lady Mowbray, il s'éloigna, et dès qu'il les vit s'éloigner l'un de l'autre, il prit le bras d'Olivier, et, sous le premier prétexte venu, il le ramena auprès de Metella. «Vous m'avez dit en route que vous aviez vu Goëthe, dit-il au voyageur; parlez donc de lui à milady. Elle est si avide d'entendre parler du vieux Faust qu'elle voulait m'envoyer à Weimar tout exprès pour lui rapporter les dimensions exactes de son front. Heureusement pour moi, le grand homme est mort au moment où j'allais me mettre en route.» Buondelmonte tourna sur ses talons fort habilement en achevant sa phrase, et laissa Olivier parler de Goëthe à lady Mowbray.

Metella, qui l'avait d'abord accueilli avec une politesse bienveillante, l'écouta peu à peu avec intérêt. Olivier n'avait pas infiniment d'esprit, mais il avait fait beaucoup de bonnes lectures; il avait de la vivacité, de l'enthousiasme, et, ce qui est extrêmement rare chez les jeunes gens, pas la moindre affectation. Avec lui, on n'était pas forcé de pressentir le grand homme en herbe, la puissance intellectuelle méconnue et comprimée; c'était un vrai Suisse pour la franchise et le bon sens, une sorte d'Allemand pour la sensibilité et la confiance; il n'avait rien de français, ce qui plut infiniment à Metella.

Vers la fin du bal le comte revint auprès d'eux, et, les retrouvant ensemble, il se sentit joyeux et triompha intérieurement de son habileté. Il laissa Olivier donner le bras à lady Mowbray pour la reconduire à sa voiture, et les suivit par derrière avec une discrétion vraiment maritale.

Le lendemain, il fit à Metella le plus pompeux éloge du jeune Suisse, et l'engagea à lui écrire un mot pour l'inviter à dîner. Après le dîner, il se fit appeler dehors pour une prétendue affaire imprévue, et les laissa ensemble toute la soirée. Comme il revenait seul et à pied, il vit deux jeunes bourgeois de la ville arrêtés devant le balcon de lady Mowbray, et il s'arrêta pour entendre leur conversation.

«Vois-tu la taille de lady Mowbray au clair de la lune? On dirait une belle statue sur une terrasse.

– Le comte est aussi un beau cavalier. Comme il est grand et mince!

– Ce n'est pas le comte de Buondelmonte; celui-ci est plus grand de toute la tête. Qui diable est-ce donc? je ne le connais pas.

– C'est le jeune duc d'Asti.

– Non, je viens de le voir passer en sédiole.

– Bah! ces grandes dames ont tant d'adorateurs, celle-là qui est si belle surtout! Le comte de Buondelmonte doit être fier!..

– C'est un niais. Il s'amuse à faire la cour à cette grosse princesse allemande, qui a des yeux de faïence et des mains de macaroni, tandis qu'il y a dans la ville un petit étranger nouvellement débarqué qui donne le bras à madame Metella, et qui change d'habit sept fois par jour pour lui plaire.

– Ah! parbleu! c'est lui que nous voyons là-haut sur le balcon. Il a l'air de ne pas s'ennuyer.

– Je ne m'ennuierais pas à sa place.

– Il faut que Buondelmonte soit bien fou!»

Le comte entra dans le palais et traversa les appartements avec agitation. Il arriva à l'entrée de la terrasse, et s'arrêta pour regarder Metella et Olivier, dont les silhouettes se dessinaient distinctement sur le ciel pur et transparent d'une belle soirée. Il trouva le Genevois bien près de sa maîtresse; il est vrai que celle-ci regardait d'un autre côté et semblait rêver à autre chose; mais un sentiment de jalousie et d'orgueil blessé s'alluma dans l'âme italienne du comte. Il s'approcha d'eux et leur parla de choses indifférentes. Lorsqu'ils rentrèrent tous trois dans le salon, Buondelmonte remarqua tout haut que Metella avait été bien préoccupée; car elle n'avait pas fait allumer les bougies, et il se heurta à plusieurs meubles pour atteindre à une sonnette, ce qui acheva de le mettre de très-mauvaise humeur.

Le jeune Olivier n'avait pas assez de fatuité pour s'imaginer qu'il pouvait consoler Metella de l'abandon de son amant. Quoiqu'elle ne lui eût fait aucune confidence, il avait pénétré facilement son chagrin, et il en voyait la cause. Il la plaignait sincèrement et l'en aimait davantage. Cette compassion, jointe à une sorte de ressentiment des persiflages du comte, lui inspirait l'envie de le contrarier. Il vit avec joie que le dépit avait pris la place de cette singulière affectation de courtoisie, et il reprit la conversation sur un ton de sentimentalité que le comte était peu disposé à goûter. Metella, surprise de voir son amant capable encore d'un sentiment de jalousie, s'en réjouit, et, femme qu'elle était, se plut à l'augmenter en accordant beaucoup d'attention au Genevois. Si ce fut une scélératesse, elle fut excusable, et le comte l'avait bien méritée. Il devint âcre et querelleur, au point que lady Mowbray, qui vit Olivier très-disposé à lui tenir tête, craignit une scène ridicule et fit entendre au jeune homme qu'il eût à se retirer. Olivier comprit fort bien; mais il affecta la gaucherie d'un campagnard, et parut ne se douter de rien jusqu'à ce que Metella lui eût dit tout bas: «Allez-vous-en, mon cher monsieur, je vous en prie.»

Olivier feignit de la regarder avec surprise.

«Allez, ajouta-t-elle, profitant d'un moment où le comte allait prendre le chapeau d'Olivier pour le lui présenter; vous m'obligerez; je vous reverrai…

– Madame, le comte s'apprête à me faire une impertinence; il tient mon chapeau; je vais être obligé de le traiter de fat; que faut-il que je fasse?

– Rien; allez-vous-en et revenez demain soir.»

Olivier se leva: «Je vous demande pardon, monsieur le comte, dit-il; vous vous trompez, c'est mon chapeau que vous prenez pour le vôtre; veuillez me le rendre, je vais avoir l'honneur de vous saluer.»

Le comte, toujours prudent, non par absence de courage (il était brave), mais par habitude de circonspection et par crainte du ridicule, fut enchanté d'en être quitte ainsi. Il lui remit son chapeau et le quitta poliment; mais, dès qu'il fut parti, il le déclara souverainement insipide, mal appris et ridicule. «Je ne sais comment vous avez fait pour supporter ce personnage, dit-il à Metella; il faut que vous ayez une patience angélique.

– Mais il me semble, mon ami, que c'est vous qui m'avez priée de l'inviter, et vous me l'avez laissé sur les bras ensuite.

– Depuis quand êtes-vous si Agnès que vous ne sachiez pas vous débarrasser d'un fat importun? Vous n'êtes plus dans l'âge de la gaucherie et de la timidité.»

Metella se sentit vivement offensée de cette insolence; elle répondit avec aigreur; le comte s'emporta, et lui dit tout ce que depuis longtemps il n'osait pas lui dire. Metella comprit sa position, et, en s'éclairant sur son malheur, elle retrouva l'orgueil que son affection irréprochable envers le comte devait lui inspirer.

«Il suffit, monsieur, lui dit-elle; il ne fallait pas me faire attendre si longtemps la vérité. Vous m'avez trop fait jouer auprès de vous un rôle odieux et ridicule. Il est temps que je comprenne celui que mon âge et le vôtre m'imposent: je vous rends votre liberté.»

 

Il y avait longtemps que le comte aspirait à ce jour de délivrance; il lui avait semblé que le mot échappé aux lèvres de Metella le ferait bondir de joie. Il avait trop compté sur la force que nous donne l'égoïsme. Quand il entendit ce mot si étrange entre eux, quand il vit en face ce dénoûment triste et honteux à une vie d'amour et de dévouement mutuels, il eut horreur de Metella et de lui-même; il demeura pâle et consterné. Puis un violent sentiment de colère et de jalousie s'empara de lui.

«Sans doute, s'écria-t-il, cet aveu vous tardait, madame! En vérité, vous êtes très-jeune de coeur, et je vous faisais injure en voulant compter vos années. Vous avez promptement rencontré le réparateur de mes torts et le consolateur de vos peines. Vous comptez recourir à lui pour oublier les maux que je vous ai causés, n'est-ce pas? Mais il n'en sera pas ainsi; demain, un de nous deux, madame, sera près de vous. L'autre ne vous disputera plus jamais à personne. Dieu ou le sort décideront de votre joie ou de votre désespoir.»

Metella ne s'attendait point à cette bizarre fureur. La malheureuse femme se flatta d'être encore aimée; elle attribua tout ce que le comte lui avait dit d'abord à la colère. Elle se jeta dans ses bras, lui fit mille serments, lui jura qu'elle ne reverrait jamais Olivier s'il le désirait, et le supplia de lui pardonner un instant de vanité blessée.

Le comte s'apaisa sans joie, comme il s'était emporté sans raison. Ce qu'il craignait le plus au monde était de prendre une résolution dans l'état de contradiction continuelle où il était vis-à-vis de lui-même. Il fit des excuses à lady Mowbray, s'accusa de tous les torts, la conjura de ne pas lui retirer son affection et l'engagea à recevoir Olivier, dans la crainte qu'il ne soupçonnât ce qui s'était passé à cause de lui.

Le jour vint et termina enfin les orages d'une nuit d'insomnie, de douleur et de colère. Ils se quittèrent réconciliés en apparence, mais tristes, découragés; incertains, et tellement accablés de fatigue l'un et l'autre, qu'ils comprenaient à peine leur situation.

Le comte dormit douze heures à la suite de cette rude émotion. Lady Mowbray s'éveilla assez tôt dans la journée; elle attendait Olivier avec inquiétude; elle ne savait comment lui expliquer ses paroles de la veille et la conduite de M. de Buondelmonte.

Il vint et se conduisit avec assez d'adresse pour rendre Metella plus expansive qu'elle ne l'avait résolu. Son secret lui échappa, et des larmes couvrirent son visage en avouant tout ce qu'elle avait souffert et tout ce qu'elle craignait d'avoir à souffrir encore.

Olivier s'attendrit à son tour, et, comme un excellent enfant qu'il était, il pleura avec lady Mowbray. Il est impossible, quand on est malheureux par suite de l'injustice d'autrui, de n'être pas reconnaissant de l'intérêt et de l'affection qu'on rencontre ailleurs. Il faudrait, pour s'en défendre, un stoïcisme ou une défiance qu'on n'a point dans ces moments-là. Metella fut touchée de la réserve délicate et des larmes silencieuses du jeune Olivier. Elle avait compris vaguement la veille qu'elle était aimée de lui, et maintenant elle en était sûre. Mais elle ne pouvait trouver dans cet amour qu'un faible allégement aux douleurs du sien.

Plusieurs semaines se passèrent dans cette incertitude. Le comte ne pouvait rallumer son amour, sans cesse prêt à s'éteindre, qu'au feu de la jalousie. Dès qu'il se trouvait seul avec sa maîtresse, il regrettait de ne l'avoir pas quittée lorsqu'elle le lui avait offert. Alors il ramenait son rival auprès d'elle, espérant qu'une autre affection consolerait Metella et la rendrait complice de son parjure. Mais dès qu'il lui semblait voir Olivier gagner du terrain sur lui, sa vanité blessée et sans doute un reste d'amour pour lady Mowbray le rejetaient dans de violents accès de fureur. Il ne sentait le prix de sa maîtresse qu'autant qu'elle lui était disputée. Olivier comprit le caractère du comte et sa situation d'esprit. Il vit qu'il disputerait le coeur de Metella tant qu'il aurait un rival; il s'éloigna et alla passer quelque temps à Rome. Quand il revint, il trouva Metella au désespoir et presque entièrement délaissée. Son malheur était enfin livré au public, toujours avide de se repaître d'infortunes et de se réjouir la vue avec les chagrins qu'il ne sent pas; la désertion du comte et ses motifs rendirent le rôle de lady Mowbray fâcheux et triste. Les femmes s'en réjouissaient, et quoique les hommes la tinssent encore pour charmante et désirable, nul n'osait se présenter, dans la crainte d'être accepté comme un pis-aller. Olivier vint, et, comme il aimait sincèrement, il ne craignit pas d'être ridicule; il s'offrit, non pas encore comme un amant, mais comme un ami sincère, comme un fils dévoué. Un matin, lady Mowbray quitta Florence sans qu'on sût où elle était allée; on vit encore le jeune Olivier pendant quelques jours dans les endroits publics, se montrant comme pour prouver qu'il n'avait pas enlevé lady Mowbray. Le comte lui en sut bon gré et ne lui chercha pas querelle. Au bout de la semaine, le Genevois disparut à son tour, sans avoir prononcé devant personne le nom de lady Mowbray.

Il la rejoignit à Milan, où, selon sa promesse, elle l'attendait; il la trouva bien pâle et bien près de la vieillesse. Je ne sais si son amour diminua, mais son amitié s'en accrut. Il se mit à ses genoux, baisa ses mains, l'appela sa mère, et la supplia de prendre courage.

«Oui, appelez-moi toujours votre mère, lui dit-elle; je dois en avoir pour vous la tendresse et l'autorité. Écoutez donc ce que ma conscience m'ordonne de vous dire dès aujourd'hui. Vous m'avez parlé souvent de votre affection, non pas seulement de celle qu'un généreux enfant peut avoir pour une vieille amie, mais vous m'avez parlé comme un jeune homme pourrait le faire à une femme dont il désire l'amour. Je crois, mon cher Olivier, que vous vous êtes trompé alors, et qu'en me voyant vieillir chaque jour vous serez bientôt désabusé. Quant à moi, je vous dirai la vérité. J'ai essayé de partager tous vos sentiments; je l'ai résolu, je vous l'ai presque promis. Je ne devais plus rien à Buondelmonte, et je me devais à moi-même de le laisser disposer de son avenir. J'ai quitté Florence dans l'espoir de me guérir de ce cruel amour, et d'en ressentir un plus jeune et plus enivrant avec vous. Eh bien! je ne vous dirai pas aujourd'hui que ma raison repousse cette imprudente alliance entre deux âges aussi différents que le vôtre et le mien. Je ne vous dirai pas non plus que ma conscience me défend d'accepter un dévouement dont vous vous repentiriez bientôt. Je ne sais pas à quel point j'écouterais ma conscience et ma raison, si l'amour était une fois rentré dans mon coeur. Je sais que je suis encore malheureusement bien jeune au moral; mais voici ma véritable raison. Olivier n'en soyez pas offensé, et songez que vous me remercierez un jour de vous l'avoir dite, et que vous m'estimerez de n'avoir pas agi comme une femme de mon âge, blessée dans ses plus chères vanités, eût agi envers un jeune homme tel que vous. Je suis femme, et j'avoue qu'au milieu de mon désespoir j'ai ressenti vivement l'affront fait à mon sexe et à ma beauté passée. J'ai versé des larmes de sang en voyant le triomphe de mes rivales, en essuyant les railleries de celles qui sont jeunes aujourd'hui; et qui semblent ignorer qu'elles passeront, que demain elles seront comme moi. Eh bien! Olivier, je me suis débattue contre ce dépit poignant; j'ai résisté aux conseils de mon orgueil, qui m'engageait à recevoir vos soins publiquement et à me parer de votre jeune amour comme d'un dernier trophée: je ne l'ai pas fait, et j'en remercie Dieu et ma conscience. Je vous dois aujourd'hui une dernière preuve de loyauté.

– Arrêtez, madame, dit Olivier; et ne m'ôtez pas tout espoir! Je sais ce que vous avez à me dire: vous aimez encore le comte de Buondelmonte, et vous voulez rester fidèle à la mémoire d'un bonheur qu'il a détruit. Je vous en vénère et vous en aime davantage; je respecterai ce noble sentiment, et j'attendrai que le temps et Dieu vous parlent en ma faveur. Si j'attends en vain, je ne regretterai pas de vous avoir consacré mes soins et mon respect.»

Lady Mowbray serra la main d'Olivier et l'appela son fils. Ils se rendirent à Genève; et Olivier tint ses promesses. Peut-être ne furent-elles pas très-héroïques d'abord; mais, au bout de six mois, Metella, apaisée par sa résignation et rétablie par l'air vif des montagnes, retrouva la fraîcheur et la santé qu'elle avait perdues. Ainsi qu'on voit, après les premières pluies de l'automne, recommencer une saison chaude et brillante, lady Mowbray entra dans son été de la Saint-Martin; c'est ainsi que les villageois appellent les beaux jours de novembre. Elle redevint si belle, qu'elle espéra avec raison jouir encore de quelques années de bonheur et de gloire. Le monde ne lui donna pas de démenti, et l'heureux Olivier moins que personne.

Ils avaient fait ensemble le voyage de Venise; et, à la suite des fêtes du carnaval, ils s'apprêtaient à revenir à Genève, lorsque le comte de Buondelmonte, tiré à la remorque par sa princesse allemande, vint passer une semaine dans la ville des doges. La princesse Wilhelmine était jeune et vermeille; mais, lorsqu'elle lui eut récité une assez grande quantité de phrases apprises par coeur dans ses livres favoris, elle rentra dans un pacifique silence dont elle ne sortit plus que pour redire ses apologues et ses sentences accoutumés. Le pauvre comte se repentait cruellement de son choix et commençait à craindre une luxation de la mâchoire s'il continuait à jouir de son bonheur, lorsqu'il vit passer dans une gondole Metella avec son jeune Olivier. Elle avait l'air d'une belle reine suivie de son page. La jalousie du comte se réveilla, et il rentra chez lui déterminé à passer son épée au travers de son rival. Heureusement pour lui ou pour Olivier, il fut saisi d'un accès de fièvre qui le retint au lit huit jours. Durant ce temps, la princesse Wilhelmine, scandalisée de l'entendre invoquer sans cesse dans son délire lady Mowbray, prit la route de Wurtemberg avec un chevalier d'industrie qui se donnait à Venise pour un prince grec, et qui, grâce à de fort belles moustaches noires et à un costume théâtral, passait pour un homme très-vaillant. Pendant le même temps, lady Mowbray et Olivier quittèrent Venise sans avoir appris qu'ils avaient heurté la gondole du comte de Buondelmonte, et qu'ils le laissaient entre deux médecins, dont l'un le traitait pour une gastrite, et l'autre pour une affection cérébrale. A force de glace appliquée, par l'un sur l'estomac, et par l'autre sur la tête, le comte se trouva bientôt guéri des deux maladies qu'il n'avait pas eues, et, revenant à Florence, il oublia les deux femmes qu'il n'avait plus.

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