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Henri IV (2e partie)

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ACTE CINQUIÈME

SCÈNE I

Dans le comté de Glocester; une salle de la maison de Shallow
Entrent SHALLOW, FALSTAFF, BARDOLPH, LE PAGE

SHALLOW. – Par la corbleu, chevalier, vous ne vous en irez pas ce soir. (Appelant.) Holà, Davy! m'entends-tu?

FALSTAFF. – Il faut que vous m'excusiez, maître Robert Shallow.

SHALLOW. – Je ne vous excuserai point; vous ne serez point excusé: on n'admettra point d'excuses: il n'y a pas d'excuses qui tiennent: vous ne serez point excusé. Hé! Davy!

(Entre Davy.)

DAVY. – Me voilà, monsieur!

SHALLOW. – Davy, Davy, Davy. – Attendez un peu, Davy; attendez que je voie un peu, – oui c'est cela; dites à Guillaume le cuisinier, dites-lui qu'il vienne me parler. – Sir Jean, vous ne serez point excusé.

DAVY. – Vraiment, monsieur, je vous le dirai, ces ordonnances-là ne sauraient s'exécuter. – Et puis encore autre chose; est-ce en froment que nous sèmerons la grande pièce de terre?

SHALLOW. – En froment rouge, Davy; mais appelez-moi Guillaume le cuisinier: n'avez-vous pas des pigeonneaux?

DAVY. – Oui-da, monsieur. Voici aussi le mémoire du maréchal, pour les fers de chevaux et les socs de charrue.

SHALLOW. – Voyez à quoi il se monte et qu'on le paye: – sir Jean, vous ne serez point excusé.

DAVY. – Monsieur, il faut de toute nécessité un cercle neuf au baquet. – Et puis encore, monsieur, voulez-vous qu'on retienne à Guillaume quelque chose sur ses gages, pour le sac qu'il a perdu l'autre jour à la foire de Hinckley?

SHALLOW. – Certainement il m'en répondra. – Quelques pigeons, Davy, une couple de petites poulardes fines, un gigot de mouton, et puis après quelques petites drôleries, dis cela à Guillaume.

DAVY. – L'homme de guerre restera-t-il ici à coucher, monsieur?

SHALLOW. – Oui, Davy, je veux le bien traiter; un ami à la cour vaut mieux qu'un penny dans la poche. Traite bien ses gens, Davy; car ce sont de fieffés coquins, qui pourraient mordre en arrière.

DAVY. – Pas plus toujours qu'ils ne sont mordus eux-mêmes, leur linge est joliment sale.

SHALLOW. – Bien trouvé, Davy; allons, à ton affaire, Davy.

DAVY. – Je vous serais bien obligé, monsieur, de vouloir bien protéger Guillaume Visor de Woncot, contre Clément Perkers de la Colline.

SHALLOW. – Il y a déjà bien des plaintes, Davy, contre ce Visor; ce Visor est, à ma connaissance, un grand coquin!

DAVY. – J'en conviens avec Votre Seigneurie, monsieur, c'est un coquin: cependant à Dieu ne plaise qu'un coquin ne puisse pas obtenir quelque protection à la prière de son ami. Un honnête homme, monsieur, est en état de se défendre lui-même, et un coquin n'a pas cet avantage. Il y a huit ans, monsieur, que je sers fidèlement Votre Seigneurie, et si je n'ai pas le crédit, une fois ou deux par quartier, de faire avoir le dessus à un coquin contre un honnête homme, il faut convenir que j'ai bien peu de crédit auprès de Votre Seigneurie. Ce coquin est un honnête ami à moi, monsieur, c'est pourquoi je supplie Votre Seigneurie de lui accorder sa protection.

SHALLOW. – Allons, c'est bon, il ne lui arrivera pas de mal. Aie soin de tout, Davy. – Où êtes-vous, sir Jean? Allons, quittez-moi ces bottes: donnez-moi la main, monsieur Bardolph.

BARDOLPH. – Je suis bien charmé de voir Votre Seigneurie.

SHALLOW. – Je te remercie de tout mon coeur, mon cher maître Bardolph: et toi aussi (au page), mon grand garçon, sois le bienvenu. Allons, sir Jean.

(Shallow sort.)

FALSTAFF. – Je vous suis, mon cher maître Robert Shallow. – Bardolph, donnez un coup d'oeil à nos chevaux. (Bardolph et le page sortent.) Si l'on me coupait en morceaux, on pourrait faire de moi quatre douzaines d'échalas barbus comme maître Shallow. C'est quelque chose d'admirable à voir que la parfaite concordance de l'esprit de ses gens avec le sien. Eux, à force de l'avoir devant les yeux, se comportent comme de sots juges de paix; et lui, à force de converser avec eux, il a pris la tournure d'un valet de juge: leurs esprits se sont si bien unis et confondus par cette société habituelle, qu'ils se jettent tous dans la même direction, comme une troupe d'oies sauvages. Si j'avais une affaire auprès de maître Shallow, je flatterais ses gens sur le crédit qu'ils ont auprès de leur maître; si j'en avais une avec ses gens, je chatouillerais maître Shallow de l'idée qu'il n'y a pas d'homme au monde qui ait plus d'autorité sur ses domestiques. Ce qu'il y a de certain, c'est que les manières ou habiles ou sottes se gagnent comme les maladies par la communication: c'est pourquoi les hommes doivent bien prendre garde à ceux qu'ils fréquentent. – Je veux tirer de ce Shallow de quoi tenir le prince Henri dans un accès de rire non interrompu pendant la durée de six mois, c'est-à-dire environ le temps de quatre plaidoiries, ou de deux procédures; et ce rire-là sera sans vacations. Oh! c'est quelque chose d'étonnant que l'effet d'un mensonge appuyé d'un long jurement, ou d'une plaisanterie faite d'un air triste, sur un gaillard qui n'a pas encore senti les épaules lui faire mal. Oh! vous le verrez rire jusqu'à ce que son visage se déforme comme un manteau mouillé mis de travers.

SHALLOW, derrière le théâtre. – Sir Jean!

FALSTAFF. – Je suis à vous, maître Shallow. Je suis à vous, maître Shallow.

(Il sort.)

SCÈNE II

A Westminster; un appartement du palais
LE COMTE DE WARWICK ET LE GRAND JUGE

WARWICK. – Qu'est-ce, milord grand juge, où allez-vous?

LE JUGE. – Comment se porte le roi?

WARWICK. – Que trop bien. Tous ses maux sont finis.

LE JUGE. – Il n'est pas mort, j'espère?

WARWICK. – Il a terminé son voyage en ce monde. Il ne vit plus pour nous.

LE JUGE. – J'aurais voulu que Sa Majesté m'eût mandé avant de mourir. Le zèle intègre avec lequel je l'ai servi pendant sa vie me laisse exposé à tous les traits de l'injustice.

WARWICK. – En effet, je crois que le jeune roi ne vous aime pas.

LE JUGE. – Je sais qu'il ne m'aime pas; aussi je m'arme de courage pour soutenir d'un front serein le poids des circonstances; elles ne peuvent me menacer d'une disgrâce plus affreuse que celle que me peint mon imagination.

(Entrent le prince Jean de Lancastre, Glocester, Clarence et autres lords.)

WARWICK. – Voici les enfants affligés de feu Henri. Oh! plût au ciel que le Henri qui est vivant eût le caractère du moins estimable de ces trois princes! Combien de nobles conserveraient leurs emplois, qui vont devenir le butin d'hommes de la plus vile espèce?

LE JUGE. – Hélas! je crains bien que tout l'Etat ne soit bouleversé.

LANCASTRE. – Bonjour, cousin Warwick.

GLOCESTER ET CLARENCE. – Bonjour, cousin.

LANCASTRE. – Nous nous abordons comme des hommes qui ont perdu l'usage de la parole.

WARWICK. – Nous pourrions bien le retrouver; mais ce que nous aurions à dire est trop triste, pour souffrir de longs discours.

LANCASTRE. – Allons! que la paix soit avec celui qui nous cause cette tristesse!

LE JUGE. – Que la paix soit avec nous, et nous préserve de devenir plus tristes encore!

GLOCESTER. – O mon cher lord! vous avez en effet perdu un ami; et j'oserais jurer que vous n'avez pas emprunté le masque de la douleur: sûrement celle que vous montrez est sentie et bien sincère.

LANCASTRE. – Quoique nul homme dans ce royaume ne puisse savoir au juste quel sera son sort, cependant vous êtes celui qui a le moins à espérer. J'en suis affligé: je voudrais bien qu'il en fût autrement.

CLARENCE. – Il faut maintenant que vous ayez des égards pour sir Jean Falstaff. Il nage contre le cours qu'a suivi votre mérite.

LE JUGE. – Aimables princes, ce que j'ai fait, je l'ai fait en tout honneur, et conduit par l'impartiale direction de ma conscience, et vous ne m'en verrez jamais solliciter le pardon par de honteuses et inutiles supplications. Si la fidélité et l'irréprochable innocence ne suffisent pas à me défendre, j'irai trouver mon maître le roi mort, et je lui dirai qui m'envoie après lui.

WARWICK. – Voici le prince.

(Entre Henri V.)

LE JUGE. – Salut! Que le ciel conserve Votre Majesté!

LE ROI. – Ce vêtement somptueux et nouveau pour moi, la majesté, ne m'est pas aussi léger que vous pouvez le croire. – Mes frères, votre tristesse est mêlée de quelque crainte. Mais c'est ici la cour d'Angleterre et non la cour de Turquie. Ce n'est point un Amurat qui succède à un Amurat; c'est Henri qui succède à Henri. – Cependant, soyez tristes, mes bons frères; car il faut l'avouer, cette tristesse vous sied; la douleur se montre en vous d'un air si noble que je veux en imiter l'exemple, et la conserver au fond de mon âme. Soyez donc tristes, mais pas plus, mes bons frères, que vous ne devez l'être, d'un fardeau qui nous est imposé en commun. Quant à moi, j'en atteste le ciel, je vous demande d'être assurés que je serai votre père et votre frère à la fois. Chargez-vous seulement de m'aimer, et moi je me charge de tous vos autres soins. Cependant pleurez Henri mort: je veux le pleurer aussi: mais vous avez un Henri vivant, qui pour chacune de vos larmes vous rendra autant d'heures de bonheur.

LANCASTRE ET LES AUTRES. – Nous n'attendons pas moins de Votre Majesté.

LE ROI, les considérant l'un après l'autre. – Vous me regardez d'un air inquiet; (au juge) et vous plus que les autres; vous êtes, je crois, bien sûr que je ne vous aime pas.

LE JUGE. – Je suis sûr que, si l'on me rend la justice qui m'est due, Votre Majesté n'a nul motif légitime de me haïr.

LE ROI. – Non? Comment un prince élevé dans de si hautes espérances pourrait-il oublier des affronts tels que ceux que vous m'avez fait subir? Quoi! réprimander, maltraiter de paroles, envoyer rudement en prison l'héritier présomptif de l'Angleterre! cela se pourrait-il aisément supporter? cela peut-il être lavé dans le Léthé? cela peut-il être pardonné?

 

LE JUGE. – Je représentais alors la personne de votre père. L'image de sa puissance résidait en moi; et au moment où je dispensais sa loi, où j'étais occupé tout entier des intérêts publics, il plut à Votre Altesse d'oublier ma place, la majesté de la loi, l'autorité de la justice, et l'image du souverain que je représentais; et elle me frappa sur le siége même où je rendais un arrêt! Alors je déployai contre vous, comme criminel envers votre père, toute la hardiesse de mon autorité, et je vous fis emprisonner. Si ma conduite fut blâmable, consentez donc, aujourd'hui que vous portez le diadème, à voir votre fils mépriser vos décrets, arracher la justice de votre respectable tribunal, dédaigner la loi dans son cours, émousser le glaive qui protége la paix et la sûreté de votre personne, que dis-je? conspuer votre royale image, et insulter à vos oeuvres dans un second vous-même. Interrogez vos pensées de roi, placez-vous dans cette position: soyez aujourd'hui le père, et figurez-vous que vous avez un fils; que vous apprenez qu'il a profané votre dignité à cet excès, que vous voyez vos plus redoutables lois méprisées avec tant de légèreté, et vous-même dédaigné à ce point par un fils: et ensuite imaginez-vous que je remplis votre rôle, et que c'est au nom de votre autorité que j'impose, avec douceur, silence à votre fils: après cet examen de sang-froid, jugez-moi, et dites-moi, comme il convient à votre condition de roi, ce que j'ai fait de malséant à ma place, à mon caractère, ou à la majesté de mon souverain?

LE ROI. – Vous avez raison, juge, et vous avez pesé les choses comme vous le deviez. En conséquence, continuez de tenir la balance et le glaive; et je souhaite qu'élevé de jour en jour à de plus grands honneurs, vous viviez assez pour voir un de mes fils vous offenser, et vous obéir, comme j'ai fait; puissé-je vivre aussi pour lui répéter les paroles de mon père: «Je suis heureux d'avoir un magistrat assez courageux pour oser exercer la justice sur mon propre fils; et je ne suis pas moins heureux d'avoir un fils qui se dépouille ainsi de sa dignité entre les mains de la justice.» – Vous m'avez mis en prison: c'est pour cela que je mets en votre main le glaive sans tache que vous avez accoutumé de porter, en vous rappelant que vous devez en user avec la même fermeté, la même justice, la même impartialité que vous avez employées avec moi. Voilà ma main. Vous servirez de père à ma jeunesse; ma voix ne sera que l'écho des paroles que vous ferez entendre à mon oreille. Je soumettrai humblement mes résolutions aux sages conseils de votre expérience. – Et vous tous, princes, mes frères, croyez-moi, je vous en conjure. – Mon père a emporté avec lui mes égarements; tous les penchants déréglés de ma jeunesse sont ensevelis dans sa tombe. Je lui survis triste et animé de son esprit, pour tromper l'attente de l'univers, pour démentir les prédictions et pour effacer l'injuste opinion qui s'est établie sur moi, d'après les apparences: les flots de mon sang ont jusqu'ici coulé au sein d'orgueilleuses folies: maintenant ils vont refluer en arrière et retourner vers l'océan pour se mêler à ses vagues imposantes dans une solennelle majesté. Nous convoquons maintenant notre cour suprême du parlement, et choisissons pour membres de notre conseil des hommes si sages que le grand corps de l'État puisse le disputer à la nation la mieux gouvernée, et que les affaires de la paix ou de la guerre, ou de toutes deux ensemble, nous soient également connues et familières à tous. (Au grand juge.) Vous y aurez, mon père, la première place. Après la cérémonie de notre couronnement, nous assemblerons, comme je viens de l'annoncer, tous les membres de l'État, et si le ciel seconde mes bonnes intentions, nul prince, nul pair n'aura jamais sujet de dire: «Que le ciel abrège d'un seul jour la vie fortunée de Henri!»

(Ils sortent.)

SCÈNE III

Dans le comté de Glocester. – Le jardin de la maison de Shallow
Entrent FALSTAFF, SHALLOW, SILENCE, BARDOLPH, LE PAGE ET DAVY

SHALLOW, à Falstaff. – Oh! vous verrez mon verger, et sous mon berceau nous mangerons une reinette de l'année dernière, que j'ai greffée moi-même, avec un plat de biscuits et quelque chose comme ça. Allons, cousin Silence, et puis nous irons nous coucher.

FALSTAFF. – Pardieu, vous avez là une bonne et riche habitation!

SHALLOW. – Oh! toute nue, nue, nue! une pauvreté, une pauvreté, sir Jean: mais, ma foi, l'air y est bon. – Sers, Davy, sers, Davy; fort bien, Davy.

FALSTAFF. – Ce Davy vous sert à bien des choses; il est tout à la fois votre valet et votre laboureur.

SHALLOW. – C'est un bon valet, un bon valet, un très-bon valet, sir Jean. Par la messe, j'ai bu un peu trop de vin d'Espagne à souper. – C'est un bon valet. – Oh! çà, asseyez-vous donc, asseyez-vous donc: approchez donc, cousin.

SILENCE. – Ah! mon cher, je dis, je veux bien.

(Il chante.)
 
Ne faisons rien autre que manger et bonne chère,
Et remercier le ciel de cette joyeuse année;
Quand la viande est à bon marché et que les femelles sont chères
Que de jeunes gaillards rôdent çà et là…
Vive la joie, et vive la joie à jamais!
 

FALSTAFF. – Ah! voilà ce qui s'appelle un bon vivant! Maître Silence, je vous porte une santé pour cela.

SHALLOW. – Versez donc à M. Bardolph, Davy.

DAVY. – Mon cher monsieur, asseyez-vous donc. (Il fait asseoir le page et Bardolph à une autre table.) Je suis à vous tout à l'heure. – Mon très-cher monsieur, asseyez-vous. – Monsieur le page, mon bon monsieur le page, asseyez-vous. Grand bien vous fasse. Ce qui nous manque à manger, nous l'aurons en boisson. – Il faut excuser. Le coeur est tout.

(Il sort.)

SHALLOW. – Allons, gai, monsieur Bardolph; et vous, mon petit soldat aussi, que je vois là-bas, égayez-vous.

SILENCE chante.

 
Allons, gai, gai, ma femme est comme toutes les autres;
Car les femmes sont des diablesses, les petites et les grandes.
On est gai dans la salle quand les barbes se remuent.
Et vive la joie du carnaval!
Allons, gai, gai, etc.
 

FALSTAFF. – Je n'aurais pas cru que maître Silence eût été un homme de si bonne humeur.

SILENCE. – Qui? moi? J'ai été comme cela déjà plus d'une fois.

DAVY, rentre et sert un plat de pommes devant Bardolph. – Tenez, voilà un plat de pommes de rambour pour vous.

SHALLOW. – Davy?

DAVY. – Plaît-il, monsieur? – Je suis à vous tout à l'heure. Un verre de vin, n'est-ce pas, monsieur?

SILENCE chante.

 
Un verre de vin, pétillant et fin,
Et je bois à mes amours,
Et un coeur joyeux vit longtemps.
 

FALSTAFF. – Bravo, maître Silence.

SILENCE. – Et soyons gais, voilà le bon temps de la nuit.

FALSTAFF. – Santé et longue vie à vous, maître Silence!

SILENCE chante.

 
Remplissez le verre et faites-le passer,
Et je vous fais raison jusqu'à un mille de profondeur.
 

SHALLOW. – Honnête Bardolph, soyez le bienvenu: si tu as besoin de quelque chose et que tu ne le demandes pas, dame, tant pis pour toi. (Au page.) Bienvenu aussi, toi, mon petit fripon, et de toute mon âme! Je vais boire à monsieur Bardolph et à tous les joyeux cavalleros de Londres.

DAVY. – J'espère bien voir Londres une fois avant de mourir.

BARDOLPH. – Si j'ai le plaisir de vous y rencontrer, Davy…

SHALLOW. – Vous boirez bouteille ensemble? Ha! n'est-ce pas, monsieur Bardolph?

BARDOLPH. – Oui, monsieur, et à même le broc.

SHALLOW. – Pardieu, je te remercie. – Le drôle se collera à tes côtés, je puis t'en assurer: oh! il ne te renoncera pas, il est de bonne race.

BARDOLPH. – Et moi, je me collerai à lui aussi, monsieur.

SHALLOW. – C'est parler comme un roi! – Ne vous laissez manquer de rien; allons, qui? (On entend frapper à la porte.) – Voyez qui est-ce qui frappe là. Ho! qui est là?

(Davy sort.)

FALSTAFF, à Silence qui avale une rasade. – Ma foi! vous m'avez bien fait raison.

SILENCE chante.

Fais-moi raison

Et arme-moi chevalier.

Samingo. 52

N'est-ce pas cela?

FALSTAFF. – C'est cela.

SILENCE. – Est-ce cela? Eh bien, avouez donc qu'un vieux homme est encore bon à quelque chose.

(Rentre Davy.)

DAVY. – Plaise à Votre Seigneurie! il y a là-bas un certain Pistol qui arrive de la cour et apporte des nouvelles.

FALSTAFF. – De la cour? Faites-le entrer.

(Entre Pistol.)

FALSTAFF. – Eh bien, Pistol, qu'est-ce qu'il y a?

PISTOL. – Sir Jean, Dieu vous ait en sa garde!

FALSTAFF. – Quel vent vous a soufflé ici, Pistol?

PISTOL. – Ce n'est pas ce mauvais vent qui ne souffle rien de bon à l'homme. – Aimable chevalier, te voilà devenu des plus grands personnages du royaume.

SILENCE. – Ma foi! je crois qu'il n'est autre que le bonhomme Souffle de Barson? 53

PISTOL. – Souffle! Je te souffle dans la face, mauvais poltron de païen. Sir Jean, je suis ton Pistol et ton ami. Et je suis venu ici ventre à terre; et je t'apporte des nouvelles et des bonheurs pleins de félicités, et un siècle d'or, et d'heureuses nouvelles du plus grand prix.

FALSTAFF. – Eh bien, je t'en prie, débite-les-nous donc, comme un homme de ce monde.

PISTOL. – Au diable ce monde et ses vilenies! 54 Je parle de l'Afrique et de joies d'or.

FALSTAFF. – Maudit chevalier d'Assyrie, quelles sont les nouvelles? Que le roi Cophetua sache donc enfin de quoi il s'agit.

SILENCE chante.

Oui, et Robin-Hood, aussi, et Scarlet et le petit Jean

PISTOL. – Est-ce à des mâtins de la basse-cour à se mettre en comparaison avec l'Hélicon? De bonnes nouvelles seront-elles ainsi reçues? Alors, Pistol, cache ta tête dans le giron des Furies.

SHALLOW. – Mon galant homme, je n'entends rien à vos manières d'agir.

PISTOL. – C'est de quoi tu dois te lamenter.

SHALLOW. – Pardonnez-moi, monsieur. Mais, monsieur, si vous arrivez avec des nouvelles de la cour, je pense qu'il n'y a que deux partis à prendre, c'est ou de les débiter, ou de les taire. Je suis, monsieur, dépositaire d'une certaine autorité, sous le bon plaisir du roi.

PISTOL. – Et quel roi, va-nu-pieds? Parle, ou meurs.

SHALLOW. – Du roi Henri.

PISTOL. – Henri IV, ou Henri V?

SHALLOW. – Henri IV.

PISTOL. – Au diable 55 ton office! Sir Jean, ton tendre agneau est à présent roi; Henri V, le voilà! Je dis vrai. Si Pistol te ment, tiens, fais-moi la figue, comme à un fanfaron espagnol.

FALSTAFF. – Comment? est-ce que le vieux roi est mort?

PISTOL. – Aussi ferme qu'un clou dans une porte 56: ce que je dis est la vérité.

 

FALSTAFF. – Allons, Bardolph, partons: selle mon cheval. Maître Robert Shallow, choisis la place que tu voudras dans tout le pays; elle est à toi. Et toi, Pistol, je te surchargerai de dignités.

BARDOLPH. – Oh! jour heureux! Je ne donnerais pas ma fortune pour une baronnie.

PISTOL. – Eh bien? n'ai-je pas apporté de bonnes nouvelles?

FALSTAFF. – Portez maître Silence à son lit. – Maître Shallow, milord Shallow, vois ce que tu veux être: je suis l'intendant de la fortune; prends tes bottes; nous voyagerons toute la nuit. – Oh! mon cher Pistol! Vite, vite, Bardolph! (Bardolph sort.) Viens, Pistol; dis-moi encore quelque chose, et en même temps cherche dans ta tête quelque emploi pour toi, qui te fasse plaisir. Vos bottes, vos bottes, maître Shallow. Je suis sûr que le jeune roi languit après moi. Prenons les chevaux du premier venu: n'importe qui. Les lois d'Angleterre sont actuellement à mes ordres. Heureux ceux qui ont été mes amis; et malheur à milord grand juge!

PISTOL. – Que de vilains vautours lui mangent les poumons! Qu'est-elle devenue, comme on dit, la vie que je menais il n'y a pas longtemps? Eh bien! nous y voilà. Bénis soient ces jours de bonheur!

(Ils sortent.)
52Samingo pour Domingo. C'est le refrain d'une vieille chanson.
53Puff de Barson. Il a fallu traduire le nom pour faire comprendre la réplique.
54A f… a for the world.
55A f… a for thine office.
56As nail in door; expression proverbiale. Door-nail signifie le clou sur lequel frappe le marteau de la porte. As nail in door pourrait signifier aussi comme un ongle pris dans une porte.
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