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Vies des dames galantes

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– Quand l'Impératrice, femme de l'empereur Charles, fit son entrée à Tolède, j'ay ouy dire que le marquis de Villane, l'un des grands seigneurs d'Espagne, pour avoir menacé un argusil qui l'avoit pressé de marcher et de s'advancer, il cuida estre en grande peine, parce que cette menace se fit en la présence de la dite Impératrice; et si ce fust esté en celle de l'Empereur n'en fust esté si grand bruit.

– Le duc de Féria estant en Flandre, et les reynes Eléonor et Marie marchans par pays, et leurs dames et filles après, et luy estant près de sa maistresse, et venant à prendre question contre un autre cavalier espagnol, tous deux cuidèrent perdre leurs vies, plus pour avoir fait tel scandale devant les Reynes et impératrices, que pour tout autre sujet. De mesmes don Carlos d'Avalos à Madrid, ainsi que la reyne Isabelle de France marchoit par la ville, s'il ne se fust soudain jetté dans une église qui sert là de refuge aux pauvres malheureux, il fust aussi-tost este exécuté à la mort; et luy fallut eschapper desguisé et s'enfuyr d'Espagne, dont il en a esté toute sa vie banny et confiné en la plus misérable isle de toute l'Italie, qui est Lipary.

– Les boufons mesmes, qui ont tout privilege de parler, s'ils touchent les dames, en patissent; ainsi qu'il en arriva une fois à un qui s'appeloit Legat, que j'ai congneu. Un jour nostre reyne Elisabeth de France, en devisant et parlant des demeures de Madrid et Valladolid, combien elles étoient plaisantes et delectables, elle dit que de bon cœur elle voudroit que ces deux places fussent si proches qu'elle en pust toucher l'une d'un pied, et l'autre de l'autre; et ce disoit en eslargissant fort les jambes. Le dit boufon, qui ouyt cela, dit: «Et moy je voudrois être au beau mitan, con un carrajo de bourrico, para encargar y plantar la raya.» Il en fut bien foüetté à la cuisine; dont pourtant il n'avoit tort de faire ce souhait, car cette Reyne estoit l'une des belles, agréables et honnestes qui fust jamais en Espagne, et valoit bien estre désirée de cette façon, non pas de luy, mais de plus honnestes gens que luy cent mille fois. Je pense que ces messieurs les mesdisants et causeurs des dames voudroient bien avoir et joüir du privilege de liberté qu'ont les vendangeurs de la campagne de Naples au temps des vendanges, auxquels il est permis, tant qu'ils vendangent, de dire tous les mots, pouilles et injures à tous les passants qui vont et viennent sur les chemins; si-bien que vous les verriez crier, hurler après eux, et les arauder sans en espargner aucuns, et grands et moyens, et petits, de quelque estat qu'ils soyent; et, qui est le plaisir, n'en espargnent aussy les dames, princesses et grandes qu'elles soyent; si-bien que de mon temps j'ay ouy dire et vu que plusieurs d'entre elles, pour en avoir le plaisir, se donnoient des affaires et alloient exprès aux champs, et passoient par les chemins pour les ouyr gazouiller et entendre d'eux mille sallauderies et paroles lubriques qu'ils leur disoient et débagouloient, leur faisant la guerre de leurs paillardises et lubricitez, qu'elles exerçoient envers leurs maris et serviteurs, jusques à leur reprocher leurs amours et habitations avec leurs cochers, pages, laquais et estafiers qui les conduisoient; et, qui plus est, leur demandoient librement la courtoisie de leur compagnie, et qu'ils les assailleroient et traiteroient bien mieux que tous les autres; et ce disoient en franchissant naïvement et naturellement les mots sans autrement les déguiser. Elles en estoient quittes pour en rire leur saoul et en passer leur temps, et leur en faire rendre response à leurs gens qui les accompagnoient, ainsi qu'il est permis d'en rendre le change. Les vendanges faites, ils se font treves de tels mots jusques à l'autre année, autrement en seroient recherchés et bien punis. On m'a dit que cette coustume dure encore, que beaucoup de gens en France voudroient bien qu'elle fust observée en quelque saison de l'année, pour avoir le plaisir de leurs mesdisances en toute seureté, qu'ils aiment tant. Or, pour faire fin, les dames doivent estre respectées par tout le monde, leurs amours et leurs faveurs tenues secrettes. C'est pourquoy l'Aretin disoit que, quand on estoit à ce point, les langues, que les amants et amantes s'entredonnent les uns aux autres, n'estoient desdiées tant pour se délecter, ny pour le plaisir qu'on y prenoit, que pour s'entrelier de langues ensemble et s'entrefaire le signal que l'on tienne caché le secret de leurs escoles, mesmes qu'aucuns lubriques et paillards maris imprudents se trouvent si libres et desbordez en paroles, que, ne se contentant des paillardises et lascivetez qu'ils commettent avec leurs femmes, les déclarent et publient à leurs compagnons et en font leurs contes; si bien que j'ay cogneu aucunes femmes en hayr leurs maris de mal mortel, et se retirer bien souvent des plaisirs qu'elles leur donnoient, pour ce sujet, ne voulant estre scandalisées, encore que ce fust un fait de femme à mary. M. du Bellay, le poëte, en ses tombeaux latins qu'il a composez, qui sont très-beaux, en a fait un d'un chien, qui me semble qu'il est digne estre mis ici, car il est fait à notre matiere, qui dit ainsi.

 
Latratu fures exceps, mutus amantes,
Sic placui domino, sic placui domina
 

C'est-à-dire:

Par mon japper, j'ay chassé les larrons, et, pour me tenir muet, j'ay accule les amants: ainsi j'ay pleu à mon maistre, ainsi j'ai pleu à ma maistresse.

Si donc on doit aimer les animaux pour estre secrets, que doit-on faire des hommes pour se taire? Et s'il faut prendre advis pour ce sujet d'une courtisanne qui a esté des plus fameuses du temps passé, et de grande clergesse en son mestier qui estoit Lamïa, faire le peut-on; qui disoit de quoy une femme se contentoit le plus de son amant, c'estoit quand il estoit discret en propos et secret en ce qu'il faisoit; et surtout qu'elle hayssoit un vanteur qui se vantoit de ce qu'il ne faisoit pas et n'accomplissoit ce qu'il promettoit. Ce dernier s'entend en deux choses. De plus, disoit que la femme, bien qu'elle fist, ne vouloit jamais estre appelée putain n'y pour telle divulguée. Aussi dit-on d'elle que jamais elle ne se mocqua d'homme, ny homme oncques se mocqua d'elle ny mesdit. Telle dame savante en amour en peut bien donner leçon aux autres.

Or, c'est assez parlé de ce sujet; un autre mieux disant que moy l'eust pu mieux agrandir et embellir, c'est pourquoy je luy en quitte les armes et la plume.

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