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Les français au pôle Nord

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L'expédition Greely. – Déplorable parcimonie. – Seuls. – Pavillon allemand. – Le salut. – Gaule et Germanie. – Le capitaine Vogel. – Pourquoi la Germania est en avance d'une année. – Savants et industriels. – Exploration et pêche à la baleine. – En enfants perdus. – Toujours en avant! – Approvisionnement de charbon. – Traces du passage de Pregel. – Pourquoi la Gallia oblique vers l'Est. – Le tombeau du capitaine Hall.

La mémorable expédition du lieutenant américain Greely 5, très bien conçue en théorie, offre cette particularité douloureuse, que dès le début les ressources lui firent défaut.

On ne reconnaît plus les citoyens de l'Union, qui ont ordinairement le dollar facile, à la parcimonie liardeuse montrée en cette occasion par le ministère Blaine.

C'est à grand'peine, en effet, que le sénateur Conger put arracher, au vote de ses collègues, un misérable crédit de 25,000 dollars pour faire face aux frais d'une entreprise qui eût exigé cinq fois plus, au minimum.

Aussi, Greely, moins heureux que sir Georges Nares et le capitaine Hall, ne put-il disposer de deux navires comme le premier, ni même d'un seul, comme le second.

On dut se contenter de fréter un baleinier pour transporter, avec la plus stricte économie, les explorateurs et leur matériel.

Si le Congrès fut parcimonieux, l'armateur se montra franchement rapace, en exigeant, rien que pour conduire la mission de Saint-Jean de Terre-Neuve à la baie de Franklin, la somme énorme de 19,000 dollars! réduisant ainsi à 6,000 dollars les fonds nécessaires aux dépenses de toute sorte.

Si bien que Greely dut engager sa fortune personnelle pour permettre l'acquisition d'objets strictement indispensables, omettant, hélas! non seulement le confort, mais encore l'essentiel.

C'est ainsi que la mission américaine, ne possédant pas de navire pour hiverner pendant les froids terribles de la nuit polaire, dut construire le bâtiment auquel, par reconnaissance, on donna le nom du sénateur Conger.

Ainsi abandonnés à eux-mêmes en plein enfer de glace, n'ayant pas la faculté d'abréger leur exil, en cas de succès rapide ou de désastre immédiat, forcés d'attendre qu'on vînt les rapatrier après deux ou peut-être trois ans, à peine outillés, insuffisamment approvisionnés, n'est-on pas en droit de se demander quel but grandiose ils eussent pu atteindre, sans l'inconcevable incurie de leur gouvernement?

Peut-on concevoir, en effet, que ces martyrs, malgré leur pénurie, firent plus encore que sir Georges Nares, équipé comme ne le fut jamais chef de mission arctique, et surent devancer les Anglais sur la redoutable et mystérieuse voie polaire!

Quoi qu'il en soit, ils ne souffrirent pas trop, l'énergie aidant, lors des deux hivers qu'ils passèrent dans le baraquement de la baie de Lady-Franklin.

Leurs infortunes commencèrent seulement quand, confiants dans la parole donnée, incapables même de soupçonner qu'on pût négliger de leur porter assistance, ils se mirent en route à travers les glaces, pour rallier l'île de Littleton où rendez-vous avait été pris avec le steamer Proteus.

Fort-Conger, édifié avec un soin tout particulier, leur offrait, pour une année encore, un asile où ils eussent pu éviter la catastrophe de Camp-Clay.

Longue de vingt mètres, large de six, sur une hauteur de trois mètres et demi, solide comme un bloc, la maison en bois, après avoir vaillamment résisté aux assauts d'un climat implacable, pouvait tenir longtemps.

A tel point, que quand après cinq années entières la Gallia vient s'amarrer à trois encâblures, son capitaine étonné la trouve en excellent état.

Du reste, le pavillon qui flotte au mât toujours debout, montre clairement que le fort vient de servir à un nouvel hivernage, car il est matériellement impossible qu'un navire ait pu, cette année, précéder la goélette à la baie Lady-Franklin.

Ce pavillon séparé en trois bandes horizontales, une bande noire en haut, une blanche au milieu, une rouge en bas, d'Ambrieux l'a reconnu de loin.

Il porte les couleurs de la marine de commerce allemande!

Plus de doute! le capitaine de la Gallia vient de perdre la première partie!..

«Eh bien! soit… dit-il au moment où la goélette reste immobile.

«Mais à moi la revanche!.. et puisse-t-elle annoncer l'autre… la grande!..

«Hissez les couleurs, et appuyez-les d'un coup de canon!»

A peine la grande enseigne est-elle déployée à la corne, que par trois fois, le pavillon allemand s'abaisse avec courtoisie.

«Ils nous narguent, murmure l'officier français, qui depuis longtemps est édifié sur la politesse teutonne.

«N'importe!

«Monsieur Vasseur, veillez à ce que le salut soit rendu conformément au code international.

«Et maintenant, meinherr Pregel, à nous deux!»

Suivi de quatre hommes et accompagné du docteur, le capitaine descendant sur la glace qui forme un quai improvisé, se dirige sans plus tarder, vers Fort-Conger.

La porte s'ouvre hospitalièrement, et un grand jeune homme blond, le nez harnaché de lunettes, de figure calme, régulière, fait quelques pas au dehors, en saluant militairement.

«Monsieur, dit-il, en excellent français, mais avec l'accent caractéristique d'outre-Rhin, je suis heureux que ma situation de premier occupant me permette de vous offrir l'hospitalité.

«Soyez le bienvenu.

– Et moi, monsieur, répond d'Ambrieux, je suis enchanté de rencontrer pareille cordialité chez un homme dans lequel je pressens un loyal concurrent.

«Vous faites partie, je le devine, de la mission arctique de M. Pregel.

– Je suis, en effet, second capitaine de la Germania, équipée pour l'exploration dont M. Pregel est le chef.

«Mon nom est Frédéric Vogel.

– Je suis le capitaine d'Ambrieux, commandant la Gallia, partie de France pour explorer les régions hyperboréennes.

«Vous savez sans doute la cause déterminante de cette expédition à laquelle je ne pensais guère il y a un peu plus d'un an.

– Notre chef ne nous en a point fait mystère.

«Il a, dès le début, annoncé que nous aurions l'honneur de nous mesurer avec des Français, sur ce redoutable champ de bataille, et vous l'avouerai-je, capitaine, l'idée de cette lutte pacifique où la gloire de nos patries respectives est en jeu, a été pour tous un stimulant irrésistible.

– Au point que vous avez vaillamment employé le temps écoulé depuis notre défi.

«Je vous en félicite, capitaine, et sans arrière-pensée.

«La lutte n'en sera que plus vive, et je ferai de mon mieux pour être digne de tels adversaires.»

Pendant cet échange de politesses, d'Ambrieux et ses hommes étaient rentrés à Fort-Conger, aménagé comme au temps de Greely, mais encombré de futailles exhalant l'odeur particulière à l'huile de baleine.

Puis la conversation continua entre les deux capitaines, toujours courtoise, mais un peu alambiquée chez l'Allemand, concise et parfaitement correcte chez le Français.

Comme le capitaine Vogel n'avait rien à cacher, il édifia volontiers d'Ambrieux sur les causes très simples qui avaient permis à la Germania de gagner une année entière.

Après avoir accepté le défi porté par l'officier français, Pregel, sachant à quel homme il avait affaire, ne perdit pas de temps.

Jouissant d'une haute et légitime considération dans le monde savant, fort bien vu à la Grande-Chancellerie, il sut mettre en œuvre et très à propos de puissantes influences, et réussit à se faire accorder un crédit considérable.

Bien muni d'argent, il se rendit sans désemparer à Bremerhaven où il savait trouver des navires baleiniers. A l'exemple de Greely, il affréta l'un d'eux, dont le capitaine était par hasard de ses amis. Ce bâtiment, un vapeur de trois cent cinquante tonneaux, était, vu la saison, complètement approvisionné, avec son équipage tout prêt. Circonstance particulièrement favorable qui permettait à Pregel d'économiser un temps si précieux, au sortir de l'hiver.

Il s'adjoignit simplement deux compagnons, des hommes sûrs, aguerris déjà par plusieurs explorations, et connus par de remarquables travaux géographiques.

Comme les baleines sont encore abondantes au bassin de Hall et au détroit de Smith, il convint, avec l'armateur, pour diminuer d'autant les frais généraux, que le vapeur, affrété pour trois ans, aurait toute liberté de faire la pêche, à condition que le prix de chaque tonne d'huile entrerait en déduction de ces frais.

Géographe et patriote, meinherr Pregel, mais aussi très pratique!

Il fit enfin changer le nom du navire pour celui de Germania, peut-être en souvenir de l'expédition de Koldeway, peut-être aussi, parce qu'il symbolisait la patrie. Imitant sans le savoir son rival qui avait personnifié dans sa goélette la pensée de la vieille Gaule.

Pregel déploya une telle activité, que tous ces préparatifs étaient achevés en trois semaines. Le 10 juin 1886, la Germania appareillait à la nuit, mystérieusement, et quittait les bouches du Weser pour une destination inconnue.

A cette époque, d'Ambrieux venait seulement d'élaborer avec les ingénieurs de la maison Normand les plans de la future Gallia!

La traversée fut rude pour la Germania qui mit près de six semaines à atteindre Fort-Conger après des difficultés infinies.

 

Le bâtiment fut réparé en vue de l'hivernage et largement approvisionné. Il avait été décidé, pour éviter l'encombrement à bord du baleinier, qu'une partie des matelots avec les membres de la mission et les trois équipages de chiens, passeraient la nuit arctique à Fort-Conger, et que le navire chercherait, non loin de là, une bonne station.

Pendant les mois d'août et de septembre, Pregel fit en traîneau, avec ses compagnons, une longue excursion vers le Nord, et revint enchanté des résultats.

Puis le terrible hiver boréal immobilisa jusqu'à la fin d'avril 1887 les explorateurs qui, du reste, le supportèrent à merveille.

Depuis le commencement de mai, Pregel était reparti dans une chaloupe à vapeur, avec six mois de vivres, et le baleinier, dégagé des glaces, avait commencé la pêche.

Non sans succès, d'ailleurs, puisque en six semaines il avait déjà plus qu'à moitié rempli Fort-Conger du produit de ses captures.

«Et maintenant, termina le capitaine Vogel, j'attends le deuxième retour de la Germania, qui doit, d'ici quinze jours, terminer pour cette année sa campagne de pêche.

«Elle nous prendra, moi, mes deux hommes, avec le dernier traîneau, et nous emmènera plus au Nord, aussi loin que nous pourrons atteindre.

«Nous hivernerons là où notre chef aura décidé; afin de procéder, par échelons successifs, l'an prochain et plus tard s'il en est besoin.

«Puis… au hasard des événements!.. avec le secours de Dieu et pour la patrie!»

Malgré son calme apparent, d'Ambrieux n'était pas sans inquiétude en entrant à Fort-Conger. Mais ce récit qui eût pu émouvoir un homme moins vigoureusement trempé, le rasséréna tout à fait.

Il remercia le capitaine Vogel de son hospitalité, feignit de ne pas remarquer qu'il avait peut-être essayé de le décourager, et ne voulant pas être en reste de courtoisie, lui offrit une collection de journaux apportés d'Europe.

Vogel, privé de nouvelles depuis un an, accepta sans hésiter, et avec les plus vifs témoignages de gratitude, ce présent dont il appréciait toute la valeur. Et d'Ambrieux revint à bord tout rayonnant.

«Eh bien! capitaine, quelles nouvelles? dit le docteur quand il fut seul avec son chef.

«Mauvaises, n'est-ce pas?

«Mais qu'importe!

– Excellentes, au contraire; et vous me voyez enchanté de la rencontre.

«Pardieu? j'étais bien fou de me mettre ainsi martel en tête, et de regarder la partie sinon comme perdue tout à fait, du moins comme sérieusement compromise.

– Ainsi, vos inductions fournies par la balle Mauser et le gilet de provenance allemande étaient réelles.

– Absolument!

– Et vous avez revu votre rival?

– Un de ses lieutenants.

«Meinherr Pregel est en route… vers le pôle.

– Et cela ne vous inquiète pas?

– En aucune façon, quoique mon adversaire ne soit pas à dédaigner, loin de là.

– Oh! je connais, comme vous, la ténacité allemande.

– Reste à savoir comment elle sera employée.

«Jusqu'à présent la mise en œuvre des moyens d'action me rassure; car j'ai affaire à des hommes énergiques sans doute, mais suivant opiniâtrement les sentiers battus.

– Des hommes à système et à formule…

«Tant mieux! l'imprévu les déroute.

– Et moins désintéressés que nous, à coup sûr!

«Ainsi, concevez-vous qu'ils pensent à capturer des baleines, pour amoindrir leurs frais généraux, au lieu d'employer à se traîner là-bas tous les atomes des forces dépensées!

«Ils songent au retour, assurent leur retraite, économisent l'argent, hésitent à compromettre leur navire et ménagent leur peau!

«En un mot, ils font de l'exploration arctique comme on en a fait jusqu'à ce jour.

«Tandis que nous, docteur…

– Nous marchons sans regarder en arrière… en enfants perdus… à la française!

– Et tant que subsistera une planche de la Gallia, tant qu'un homme restera debout, tant qu'une pulsation battra au cœur du dernier d'entre nous, il y aura encore une pensée, un cri, un effort: en avant!

«Quelle force invincible, docteur, si, comme vous venez de le dire, on ne regarde pas en arrière, quoi qu'il advienne!.. et quand on raye de son vocabulaire ce mot désespérant qui paralyse à demi les plus puissantes individualités: en retraite!

– Pardieu! s'écrie avec une entière conviction le docteur, ceux qui ne possèdent pas cette inébranlable résolution, n'ont qu'à rester les pieds sur les chenets et à ne point s'intituler: voyageurs arctiques.

– Aussi n'hésiterai-je pas à sacrifier, le cas échéant, ma chère goélette, que je veux conduire, à tout prix, là où jamais navire ne s'est avancé.

– Sir Georges Nares s'est arrêté, avec l'Alert, par 82° 24′, et nous sommes déjà par 81° 44′.

– Oh! si le commandant Nares, soucieux comme tout marin de la conservation d'un vaisseau de l'Etat, eût risqué seulement un de ses navires, je ne doute pas qu'il n'eût poussé beaucoup plus loin.

«Et c'est ce que nous allons tenter, sans désemparer.»

Après avoir largué les amarres qui la maintenaient collée à l'immense radeau de glace, la Gallia suivit à peu près la route de l'Alert, cherchant la place où le commodore anglais a signalé, par 82°, d'immenses dépôts de charbon de terre.

Contre son attente, le capitaine trouve le détroit de Robeson, qui fait suite au bassin de Hall, débarrassé des glaces fixes, comme le canal de Kennedy.

Aussi, la goélette arrive-t-elle en moins de quinze heures aux couches de lignite6 placées à fleur de terre, et mesurant une épaisseur de huit mètres.

Cette particularité rend l'extraction du combustible très facile, et le capitaine peut de la sorte remplir ses soutes aux trois quarts vidées pendant la seconde partie du voyage accomplie exclusivement à la vapeur.

Ce n'est pas tout. Comme il devra lutter contre le froid terrible qui sévit là-bas pendant l'interminable nuit polaire, il fait accumuler à bord une cargaison complète du précieux combustible.

Qui sait si, plus tard, après avoir demandé au charbon son calorique pour combattre la bise glacée, il ne l'emploiera pas pour se frayer un chemin à travers les murailles de glace inviolées jusqu'alors.

Pendant que les matelots, transformés en mineurs, désagrègent à la dynamite le banc fossile, et transportent lentement sur le navire les plus gros morceaux, le docteur examine en botaniste et en géologue ce gisement dont la vue semble un défi lancé à la réalité des faits actuels.

En effet, là où le regard interrogeant au loin l'horizon ne trouve que la morne et désespérante uniformité des glaces, le docteur reconnaît, à première vue, dans la masse carbonifère, des prêles, des fougères, des cicadées, des carex couchés de long et singulièrement conservés.

Bien plus! il aperçoit des dicotylédonées et notamment des peupliers, des sorbiers, des noisetiers, des plantes aquatiques, et dix espèces de conifères!

Cette étrange accumulation de végétaux, dans une région où l'herbe elle-même peut à peine sortir du sol, stupéfie le digne savant et lui montre quels durent être, postérieurement à l'époque tertiaire, les bouleversements dont cette région, elle aussi, a été l'objet.

Moins expert en sciences naturelles, et par conséquent moins intéressé par ce retour aux siècles évanouis, le capitaine surveille prosaïquement le travail de ses hommes et parfois s'écarte comme s'il cherchait quelque chose.

Au bout d'une heure à peine, il a trouvé.

Un morceau de papier gris renfermant dans ses plis quelques bribes de tabac, puis, plus loin, des empreintes de souliers ferrés, suivant un petit sentier à peine frayé, conduisant à la mer.

Pregel est venu, lui aussi, approvisionner sa chaloupe au banc carbonifère…

La journée du 22 juin fut tout entière employée à l'arrimage du combustible. Puis, la goélette, chargée comme un bateau charbonnier, reprit son envolée vers le Nord.

On sait que sir Georges Nares, monté un peu tardivement vers l'extrême Nord, en suivant la rive occidentale du détroit de Robeson, fut définitivement pris dans les glaces le 1er septembre 1875.

Profitant de l'expérience acquise par le célèbre navigateur anglais, d'Ambrieux, pressentant l'existence d'un courant circulaire produit par l'étroitesse du détroit de Robeson, obliqua franchement à l'Est, vers le point où le Polaris hiverna en 1872.

Voici pourquoi. On sait qu'il existe un courant ininterrompu portant régulièrement du Nord au Sud, à travers les détroits de Robeson, Kennedy et Smith. D'autre part, les terres découvertes par Lockwood, le lieutenant de Greely, affectent la direction du Nord-Ouest à l'Est du canal de Robeson. Tandis que la ligne de côtes, appelée Terre de Grant, qui suit à peu près le quatre-vingt-troisième parallèle, en s'infléchissant au point d'hivernage de l'Alert, se dirige d'Est en Ouest, comme l'a démontré le lieutenant Aldrich.

Or, il est à supposer que ce courant Nord et Sud, rencontrant les terres obliques de Lockwood, aura des tendances à être refoulé vers la partie septentrionale des Terres de Grant. Naturellement, les eaux, avant de pénétrer dans l'entonnoir du détroit de Robeson, entraîneront à l'Ouest des glaces en dérive, et les accumuleront au point si malencontreusement choisi par sir Nares, là où il crut découvrir le fameux océan Paléocrystique.

Ces glaces, qu'il regardait comme éternelles, ne seraient-elles pas plutôt arrachées aux glaciers qu'entrevit Lockwood par 83° 23′ et entraînées dans ce mouvement oblique de dérive, sur la dépression Nord-Est des Terres de Grant?

Car enfin, il est un fait indéniable: c'est que Markham, se dirigeant au Nord, trouva des blocs monstrueux qui l'arrêtèrent par 83° 20′ 23″. Tandis que Lockwood, marchant au Nord-Est, à deux cent cinquante kilomètres de là, fut arrêté, par les eaux, en gagnant sur Markham 3′ vers le pôle.

Le capitaine de la Gallia espérait donc, et selon toute probabilité, trouver la côte orientale du détroit de Robeson, de plus en plus débarrassée des glaces, à mesure qu'il s'élèverait vers le Nord.

Du reste, l'événement ne tarda pas à justifier ses prévisions.

La goélette aborda le 23 au lieu d'hivernage du Polaris, bien reconnaissable aux débris de toute sorte, et le capitaine se rendit, avec l'état-major, au «Repos de Hall» signalé par un cairn à moitié détruit.

La tombe de l'intrépide et malheureux explorateur est en bon état. L'épaisse planche de chêne dans laquelle son lieutenant Tyson a fait profondément graver quelques lignes n'a pas souffert.

Chose étonnante, un petit saule nain dont Tyson fait mention dans le récit des misères endurées pendant la retraite, existe encore.

Il se trouve au bas d'une stèle de pierre plate, derrière laquelle est appuyé le support qui maintient la planche.

L'inscription, très lisible, est ainsi conçue:

A LA MÉMOIREDE
CHARLES FRANCIS HAAL
Commandant du steamer le «Polaris» de la marine des Etats-Unis chef de l'expédition au Pôle Nord
MORT LE 8 NOVEMBRE 1871
AGÉ DE 50 ANS
Je suis la résurrection et la vie; celui qui croit en moi, encore qu'il soit mort, vivra

L'officier français et ses hommes se découvrirent avec respect devant la tombe de cette noble victime, tout émus, malgré leur fermeté, de cette mort si brusque, si inattendue, mais qui du moins épargna au vaillant Américain le spectacle de la lâcheté de son équipage, allemand, hélas!

Ce pieux pèlerinage accompli, le capitaine rallia la goélette non sans avoir constaté, près de la tombe solitaire, les vestiges du passage de quelques hommes.

A n'en pas douter, Pregel et ses compagnons, édifiés aussi par les travaux des Anglais et des Américains, suivent la direction choisie par d'Ambrieux.

5Le vaillant officier, aujourd'hui général, fut un des rares survivants. Des dix-neuf hommes que comptait la mission au départ, treize périrent après d'effroyables privations.
6Combustible fossile analogue à la houille, mais de formation postérieure au terrain houiller.
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