L'Espion

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Après cela, je passai des mois dans mon bureau en cherchant à me rappeler de tout ce savoir, de toutes les données et tentant de les enregistrer pour créer mes propres archives, une tâche exténuante qui me donna le seul résultat d’avoir un bureau enterré sous les dossiers et pour rien… Lorsque j’entrais dans cette chambre je me sentais fier de mon travail, d’être capable de recueillir un telle quantité d’informations et de la classifier, mais à ce moment, je ne vois que des piliers de dossier. Après lire le titre écrit sûr chaque dossier je pense qu’il doit porter sur quelque chose d’important, mais ça fait longtemps que je perdis toute curiosité à ces propos.

Je dirais qu’il ne s’agit que de vieux documents et de situations passées dont tout le monde s’enfiche, des secrets du gouvernement qui tombèrent dans l’oubli. L’énorme quantité de vies qui ne sauront jamais qu’elles furent sauvées, tout le travail pour y réussir et toutes les situations qui pourraient être passées et dont le monde ne connaît rien.

« Un changement dans l’histoire » c’est les mots du commandant qui nous donna notre première mission. Je venais de finir mon instruction après un entraînement impitoyable et, contrairement à ce que j’avais imaginé, il ne s’agissait pas d’une activité physique, mais intellectuelle. Dès le premier jour, je devais assister au cours de langues et de mathématiques et, peu après, je commençai mes cours particuliers dans un domaine dont je n’avais jamais entendu parler: la cryptographie.

C’est un art, pour ainsi dire, c’est la capacité de cacher des messages à la vue comme déjà le faisaient les anciens grecs et qui consiste à faire des variations sur un texte, bien dans la position des lettre ou dans une lettre en particulier, pour envoyer un message et que personne d’autre que le destinataire puisse le déchiffrer sans le code.

La machine Enigma était tout ce que nous étudiions pendant toutes nos leçons parce qu’elle était le sommet du développement mathématique pour la codification de messages. Au début, je la trouvais un peu trop compliqué, mais après recevoir les explications des processus mathématiques simples et reliés, tout devint beaucoup plus facile à comprendre. Il faut seulement rendre un message difficile à lire, au moins pour les ennemis, parce que pour le destinataire le message devrait être simple et très clair. Je lis autant de messages codifiés que parfois je me voyais dans mes rêves à les déchiffrer. Les nombres et les secrets, qui pourrait penser qu’il existait une relation si étroite entre eux?

Lorsque je commençai mon travail, je me sentais si enthousiaste que j’essayai de créer mes propres codes de décryptage. En même temps que nous déchiffrions des messages qu’on avait capté, on nous demandait aussi de créer des nouveaux systèmes. Au début ces messages étaient seulement un test et ils contenaient des phrases du genre « Très bien! » ou « Tu as beaucoup amélioré! » , mais plus tard, nous commençâmes a décoder des vrais messages utilisés auparavant pour communiquer une position ou le nom d’une base militaire ou d’une mission.

Ensuite nous commençâmes à travailler avec des messages de «nos ennemis » , comme on les appelait, même si nous ne savions pas qui les envoyait. Il s’agissait des messages captés que nous devions déchiffrer sans la moindre possibilité d’erreur. Voilà pourquoi les langues étaient si importantes. A différence du reste des messages, ceux-ci n’étaient pas écrits en anglais, alors la première chose à faire était d’identifier la langue d’origine pour pouvoir décrypter le message après.

Quelques langues étaient assez faciles à identifier, comme le français ou l’allemand, parce qu’ils ont des accents très caractéristiques qui permettent de les reconnaître toute de suite, mais il y en avait d’autres, comme celles de l’Est de l’Europe, qui étaient vraiment compliquées à identifier. Même si nous arrivions à identifier les origines régionales, l’influence du russe rendait la différence entre les caractères bien plus dure pour découvrir à quel pays du Rideau de Fer nous devions faire face.

Apparemment nos ennemis avait les mêmes ordres que nous de tout compliquer au maximum. Si nous arrivions à déchiffrer un code, le suivant était toujours beaucoup plus compliqué en termes mathématiques. Cependant, tous nos efforts valait bien la peine puisque arrivions à arrêter des espions, à capter des transactions qui portaient sur des données volées ou même à empêcher certaines attaques à petite échelle. Mais ce n’était que des vétilles dans notre registre des succès.

Au fur et à mesure que nous avançâmes dans notre travail, le nombre descendait parce que nous étions affectés dans d’autres villes du pays en tant que spécialistes d’intelligence pour collaborer avec les différentes agences du gouvernement. Bien que nous nous ayons écrit souvent pour partager notre progrès, le travail devint davantage solitaire, ou plutôt, plus numérique dès que les machines du début devinrent des ordinateurs d’une importance vitale pour notre travail.

Il ne fallait plus réaliser des grands calculs pour trouver les valeurs de remplacement, il suffisait d’introduire les paramètres dans la machine pour qu’elles aient fait le travail pour nous. Bien sûr, c’était essentiel d’introduire les paramètres corrects pour avoir un bon fonctionnement des machines et c’était là que notre travail devenait plus dangereux. Dans d’autres métiers cela ne supposait que le retard dans la sortie d’un avion, ou la perte d’un courrier, mais dans le notre cela posait le problème de perdre l’avantage sur nos ennemis et l’opportunité de savoir ce qu’ils pensaient ou comment ils allaient agir.

Évidemment on comptait sur l’ignorance de la population. C’est vrai que les médias parlaient de la tension entre les nations et qu’il y avait des personnes qui étaient conscientes des politiques développées de l’autre côté du Rideau de Fer, mais personne ne connaissait la guerre d’intelligence qu’on menait chaque jour.

Au début les tâches étaient assez simples: bien nous traduisions les messages, ou bien nous ne les traduisions pas. C’est à dire, lorsque nous traduisions un message, il acquérait une signification spécifique et nous arrivions à le lire mais, si nous n’avions pas le code, c’était impossible de connaître le vrai contenu du message, alors il fallait recommencer à essayer tous les codes jusqu’à trouver du sens.

« A 11h à l’ambassade », « Sous la sculpture de… », « On est toujours dans le sud, près des frontières… »

Parfois il s’agissait tout simplement de petits fragments de texte, de petites instructions très spécifiques adressées à quelqu’un qui devait agir et, dans la plupart de cas, nous ne savions pas qu’est-ce qu’ils voulaient vraiment dire. Notre mission portait seulement sur la traduction des messages. Ensuite, c’était l’armée qui prenait les mesures pertinentes après connaître l’émetteur et le contenu du message, et ce n’était pas à nous de juger leurs décisions.

Les situations les plus difficiles arrivaient quand un message pourrait avoir plusieurs significations et il nous pris du temps de nous rendre compte parce que nous suivions toujours la même stratégie: décoder et envoyer. La hiérarchie militaire commença à se plaindre et à nous dire à chaque fois que « nous n’avions pas mis dans le mille ». Nous n’arrivions pas à comprendre ce qui se passait. Nous avions déchiffré et trouvé le message comme toujours: « Derrière le troisième arbre », « A 11h dans notre endroit ».

Les contenus étaient les mêmes de tous les jours et nous avions bien fait le décryptage, mais nos patrons n’étaient pas contents. C’est la vie, parfois on pense que nous sommes en train de faire notre mieux et que cela suffira et, tout d’un coup, la situation change du jour au lendemain.

Je me souviens encore de mon déplacement en Espagne. Je connaissais la langue et quelques traditions de la population, mais guère davantage. J’avais toujours pensé que si jamais ils me faisaient changer de poste, ils m’auraient envoyé à Washington, ou s’il s’agissait de l’étranger je pourrais être réassigné à Londres ou à Paris, mais Madrid? Qu’est-ce que j’allais faire à Madrid? C’est décision ne faisait qu’élargir ma curiosité pour découvrir ce que j’allais faire en tant que mathématicien spécialisé en cryptage et décryptage de messages.

J’essayais de travailler tout ce que je pouvait, faisant de mon mieux, mais les chefs continuaient à rejeter mes résultats. Ce n’était pas que j’échouais ou que je ne travaillais pas bien, mais ils me disaient qu’ils étaient arrivés au moment indiqué ou à l’endroit établi, et qu’il n’y avait personne, pas d’espions et pas de troupes. J’étais étonné et la pression augmentait à chaque fois.

Ah, l’Espagne! Quel pays! Il changea complètement ma façon de vivre. Au début je ne parlais avec personne et à peine je ne sortais de l’ambassade, qui était ma zone de confort. Lorsque je ne connaissais personne, je préférais d’y rester et de lire quelque chose. Cependant, peu après, les autres employées commencèrent à m’inviter à des fêtes et je ne pouvais pas dire non parce que je faisais partie du personnel.

Je n’adorais pas les fêtes, et encore moins le bruit des espagnols avec ces chants et ses danses que je ne comprenais pas et qui me semblaient si bizarres. J’essayais de comprendre les paroles pendant que je voyais tous ces mouvements des danseuses, mais je n’arrivais pas à trouver du sens à tout cela. Quelques mois après mon arrivée, je reçus l’ordre de me présenter auprès du commandement, une institution militaire espagnole. Je ne savais pas ce qu’ils voulaient, mais comme on le sait déjà, il faut toujours suivre les ordres sans y réfléchir!

Dès le moment que je mis les pieds dedans, je fus arrêté, ils confisquèrent toutes mes affaires et me laissèrent dans une cellule pendant des heures.

 

–Vous avez choisi le pire des moments pour sortir de votre ambassade! Me dit le capitaine, la première personne avec qui je pus parler.

–Excusez-moi? Je demandai étonné.

–Votre pays se trouve en état de guerre! Il me dit.

–En état de guerre? Mais qu’est-ce que vous dites? J’étais complètement surpris et je pensais de mal comprendre.

–Et en tant que militaire, vous êtes interdit de sortir dans la rue! Continua-t-il.

–Mais je n’étais pas dans la rue… je venais vers cet endroit.

–Quoi qu’il en soit, vous êtes un envahisseur de notre pays et, par conséquent, vous êtes arrêté.

–Moi, un envahisseur?! Avec mon cartable et mon chapeau? Je ne comprenais rien de tout ce qu’il se passait. Je pensais que je ne comprenais pas correctement les mots que j’entendais même si j’avais déjà mis la langue à l’épreuve dans plusieurs occasions.

–Ça suffit de plaisanter! Tout le monde est suspect jusqu’à preuve du contraire. Vous êtes en attente de passer devant la cour martiale.

–Mais de quoi vous en parlez? J’avais reçu l’ordre de me présenter ici au commandement.

–Reçu? Qui vous a envoyé ces ordres? Demanda-t-il très sérieux.

–Mm… Les ordres venaient de Washington.

–Montrez-les-moi! Il m’exigea avec impatience.

–Je ne les ai pas sur moi! Je suivais seulement ce qu’ils m’ont demandé, ils ne m’ont jamais dit que je devais apporter des documents.

–Ouais… pareil que les autres! Vous ne savez jamais ce que vous faites, vous ne suivez que des ordres! Vous n’êtes pas le premier espion que nous avons mis derrière les barreaux.

–Un espion? Je demandai encore stupéfié. Il venait de m’appeler «un espion», je ne pouvais pas y croire, il s’agissait vraiment d’un malentendu !

–Mais bien sûr! Ou pensez-vous qu’on vient de vous enfermer pour admirer la beauté de l’intérieur de nos bâtiments? Vous allez rester ici jusqu’au moment où notre gouvernement aura pris une décision. Priez pour que votre gouvernement veuille bien collaborer avec nous, sinon…

–Sinon…? Je demandai effrayé para la gravité de ses mots et ses intentions de me laisser là-bas.

–D’autres personnes comme vous ont passé du temps dans cette même cellule. Pas tous sont rentrés à la maison… il y en avait certains que nous avons pu utiliser comme monnaie d’échange, mais d’autres…

Je reconnaît d’être très effrayé à l’époque, mais parlons des monnaies, qu’est-ce que j’ai fait avec les miennes? Je dois passer acheter une baguette et je ne sais plus ce que j’ai fait avec mon argent. Il ne doit pas être trop loin… peut-être en cuisine? Normalement, on met le pain en cuisine.

Après avoir regardé partout dans la maison et après avoir levé tous les objets et avoir regardé dans tous les tiroirs, je me suis dit: «Il sera donc sur la table de la salle à manger, parce que c’est là-bas qu’on mange le pain. » J’entrai dans la salle à manger et je cherchai partout encore une fois. J’était un peu frustré, mais je pensai que ce n’était pas important et je m’assis sur mon fauteuil à côté de la porte vitrée pour regarder le jardin.

Combien de fois j’aurai pas mangé parce que j’ai oublié où j’avais mis mon argent, et c’est vrai que je le notais toujours sur mon petit cahier, celui que je portais tout le temps avec moi, mais souvent j’oublié aussi de le regarder.

Ce problème de mémoire ne fait qu’empirer… et c’est à moi! Moi, qui avais cette merveilleuse mémoire par images et qui étais capable de voir un message qu’une seule fois et de le retenir et le traduire plus vite qu’un ordinateur. Ma mémoire, qui m’avait permis d’enregistrer chaque rapport après toutes ces années de travail pour créer mon propre casier personnel.

Ma mémoire, s’il existe quelque chose dont je pouvais me vanter c’est d’avoir une très bonne mémoire, travaillé tous les jours à travers la lecture et les études parce que, bien qu’on se rend pas compte, les langues ont besoin d’un entraînement continue pour ne pas les perdre.

Elle est énorme, la quantité de temps que j’ai investi à l’étude des langues que je connais, ou que je connaissais, est-ce que je les connais encore? De toute façon, les langues sont une des choses que, curieusement, je comprends encore. Quand je regarde les chaînes internationales à la télé je suis les émissions sans problème! C’est justement ce qu’on dit du vélo, peu importe le temps qu’on passe sans s’entraîner, on ne l’oublie jamais.

En plus, les langues m’ont beaucoup aidé à évoluer professionnellement et a découvrir, même si cela peut sembler bizarre, plus de secrets que beaucoup de présidents, parce qu’ils ne voulaient que de résultats et c’était nous, en fait, qui savions ce qu’il fallait faire à chaque fois.

Mon travail en tant que mathématicien évolua au cours du temps. Je passai de traduire les messages des autres à créer des modèles de cryptage pour les miens. Il ne s’agissait plus de chiffrer deux ou trois mots pour les agents, mais d’obtenir une sécurité maximale pour tous les documents du gouvernement, de façon que si une filtration avait lieu, la lecture du document dérobé devait être impossible pour nos ennemis.

C’est comme ça que j’arrivai au département d’intelligence. Je ne m’y attendais pas. Il est vrai que je travaillais avant pour un bureau qui leur appartenait, mais maintenant je commençai à apprendre tous les secrets. Pour tous ces affaires que le gouvernement veut cacher ou essaie de dénier, c’était moi le premier à les lire et à les codifier. Un système à l’intérieur du propre système, une codification exclusive pour les documents et les messages «ultrasecrets», comme on aimait les appeler. Ces messages devaient être absolument illisibles, ce qui rendait le travail exténuant et beaucoup plus exigeant.

Il ne s’agissait plus de trouver des positions des ennemis, ou des avancées ou de trouver leurs agents de terrain. Maintenant il s’agissait des données les plus intimes et des détails les plus tactiques à propos des personnes les plus importantes du régime ennemi, à propos de ses membres de la famille, de ses amants ou de ses maîtresses… c’était une immense quantité d’informations essentielles que personne ne devait avoir dans ses mains sans autorisation.

Au début, cela n’était que des curiosités, comme ses magazines qui racontent des potins sur la vie des autres, mais petit à petit je commençai à m’intéresser à ces affaires. Pas à cause des personnes ou de leurs rapports, mais à cause des sujets qu’ils cachaient au public. Et oui, il était clair comme de l’eau de roche que je ne pourrais jamais parler à ces propos, parce que je risquais ma vie.

Il ne me traversa jamais l’esprit de raconter quelque chose à propos de ces documents, même en dépit de la gravité des événements où après, quand je regardais le journal télévisé, j’écoutais des absurdités et des excuses telles que: un accident chimique, un incendie qui apparaît sans cause spécifique, un avion qui tombe sans une explication raisonnable…

Cependant, les gens restaient tous tranquilles avec ce genre de justifications, s’ils y réfléchissaient un peu, ils se rendraient compte que cela n’était pas des nouvelles informations, mais plutôt d’une désinformation à l’échelle nationale. On inventait tellement d’histoires rocambolesques pour cacher les opérations du gouvernement ou des attaques ratées, mais s’il les arrivait quelquefois d’y penser, les gens comprendraient comment tout était bizarre.

Peut-être ils préfèrent seulement fermer les yeux et ne pas poser d’autres questions pour se sentir plus à l’aise et en sécurité, parfois j’entendais parler du bonheur de l’ignorance pour faire référence à ces personnes qui ne connaissent pas ce qui se passe autour d’elles, et ce fait leur donne une fausse sensation de bonheur.

Il y eût des centaines d’interventions dans le territoire américain qui sont fini de la même façon: cible neutralisé.

Au début je ne savais pas ce que cette expression voulait dire, mais après je vis que c’était évident que «neutralisé» voulait dire «éliminé», parce qu’une fois qu’on voyait ces mots dans un rapport, il n’y avait plus de nouvelles de cet agent. On classifiait tous les espions et on recevait des rapport périodiques à propos de leurs activités, les personnes avec qui ils parlaient, etc., jusqu’au moment où ils étaient neutralisés. Ensuite, plus rien.

Parfois, lorsque je reçois le journal sur mon porche, je me demande si tout ce que je lis sera la vérité. Il y a des nouvelles qui semblent absolument fausses, comme si c’était la faute au gouvernement. Même s’il fait quelque temps que je pris ma retraite, j’en suis sûr que le gouvernement aura continué à travailler au bénéfice de la patrie, ou comme mon supérieur de l’académie aimait nous dire: «La liberté n’est pas un cadeau qu’on reçoit de plein droit, il faut la prendre par la force».

Au moment de ma retraite, je découpais les nouvelles les plus bêtes des journaux (une plateforme pétrolière qui avait coulé à cause d’un tsunami, une explosion de gaz dans une région de l’Alaska…), tous ces informations sans rapports évidents, qui ne faisaient pas de sens, et j’essayais de deviner la vérité des événements. Lorsque je travaillait, je ne devais pas jouer au devinettes parce que je connaissais les faits, qui avait fait telle ou telle chose, combien de morts il y avait et comment nous allions tout justifier. Bien que les informations publiées aient été complètement absurdes, personne ne se posait de questions, même pas les familles des victimes, qui respiraient tranquilles avec les versions officielles, sans plus y réfléchir.

Quelques mois après, j’avais déjà une telle quantité de coupures et une idée si lointaine de ce qui se passait en réalité, que je décidai d’abandonner le travail. Il était impossible d’apprendre la vérité et de savoir si ces nouvelles étaient reliées en quelque sorte. En échange, quand je lis maintenant les journaux et je me croise avec l’une des nouvelles absurdes, je souris et je pense: Qu’est-ce qu’ils auront fait cette fois-ci?

Je dois admettre que je trouvai quelques aspects un peu bizarre dans toute cette histoire des espions… Je comprends qu’il était nécessaire d’avoir nos ennemis sous notre contrôle, mais je pense que parfois les menaces n’étaient pas tout à fait réelles et, de fait, c’était notre gouvernement qui essayait de «faire monter la température» pour avoir une réaction de la part des ennemis.

Je ne vois pas trop le sens de perdre la paix et la stabilité d’une période de calme, mais apparemment quelqu’un dans la haute hiérarchie devait s’ennuyer et profitait du moment pour embêter les ennemis et leur faire réagir. Il y a plein d’histoires et beaucoup d’entre elles ne portent pas sur un heureux dénouement, voilà pourquoi je me pose des questions sur les vrais propos qui se cachent derrière. C’est clair que les commerçants d’armes sont toujours très intéressés aux guerres du gouvernement et à qu’il soit toujours vigilant, qu’elles soient peu importantes ou très graves. Néanmoins, de l’autre côté nous avions aussi tous les militaires, dont l’existence n’aurait pas de sens dans un pays pacifique, et tous les politiciens qui construisent leurs discours sur la base du patriotisme et sur la lutte contre les ennemis. Qu’est-ce qu’ils feraient sans guerres? Comment pourraient-ils justifier toutes leurs dépenses?

Tous avaient le même objectif: maintenir un haut niveau d’action et d’intervention contre les ennemis, même si les ennemis changent au cours des années. Les nations alliées devenaient des cibles stratégiques, d’autres ennemis apparaissaient et, paradoxalement, les ennemis typiques de toute une vie devenaient des alliés essentiels dans une région spécifique.

En dépit d’avoir toutes les informations, je n’arrivais pas à résoudre toute l’équation ni ne comprenais les mouvements impliqués. Beaucoup de détails m’échappaient même si j’avais plus d’informations que certains généraux du gouvernement.

Toutefois, si l’on regardait toute la situation comme un échiquier, mon rôle avait évolué d’un simple pion à devenir une tour qui protégeait les secrets du gouvernement loin des pièces centrales, celles qui prennent en réalité toutes les décisions. Ah! Maintenant que nous parlons des échecs, je ne sais pas comment je peux continuer à jouer tous les jours avec mon problème de mémoire.

Je fus obligé à apprendre à jouer. Au début il me semblait un peu particulier, mais il m’aidait beaucoup à maintenir l’agilité mentale et à travailler avec les mathématiques. Cependant, peu après je n’avais plus d’adversaires parce que le reste perdait tout le temps et ils ne voulaient plus jouer avec moi, alors je dus apprendre à jouer tout seul. Je me trouvais face à un échiquier complètement pour moi et cela posait le problème de connaître les stratégies de l’autre couleur quand je changeait de position et m’obligeait à chercher des nouvelles stratégies pour repousser mes propres attaques. Enfin, les parties pourraient être interminables et je pouvais passer des jour à essayer de gagner.

 

Désolé, allons aux faits. Il était davantage difficile de suivre les parties d’échecs avec mon problème de mémoire parce que, à chaque fois que je me levais pour faire un truc, j’oubliais la couleur avec laquelle j’étais en train de jouer. C’est pourquoi je commençai à écrire des notes du genre «C’est le tour des blanches» avant de me lever, mais après j’oubliais même d’écrire ces notes et quand je regardais l’échiquier pour deviner ce qu’il fallait faire après, il me semblait aussi très difficile de penser aux mouvements.

C’était si étrange! Je me vantais avant de pouvoir visualiser toute la partie avant de la commencer, j’étais même capable de pronostiquer le mouvement avec lequel j’allais gagner la partie et maintenant, par contre, je n’arrivais pas à me concentrer pour savoir quoi faire. Il est justement de cette manière que le jeu des échecs est devenu une autre des bricoles que j’ai à la maison et qui après être utiles pendant des années, maintenant elles ne servent qu’à décorer la maison. Plein de ses objets sont cachés dans des tiroirs pour déblayer le terrain, mais je ne sais plus qu’est-ce qu’il y a dedans. Parfois je passe mon temps à ouvrir les tiroirs pour voir ce que je peux trouver et c’est surprenant! J’ai l’impression de voir certains objets pour la première fois, mais il est impossible parce que s’ils sont là, c’est que je les ai mis dedans. De toute façon je n’arrive jamais à me souvenir du moment ou de l’endroit où je les ai achetés. Est-ce qu’ils étaient à moiou ils étaient à quelqu’un d’autre qui me les avait prêtés? Et à quoi sert ce truc-là?

Même les plantes dont ma femme s’occupait avec tout sa tendresse sont tombées dans l’oubli. Bien qu’elle m’ait répété à chaque fois «Arrose-les un peu avant la sieste et elles resteront toujours avec toi», je fus incapable de me souvenir de cette petite instruction et à la fin elles se desséchèrent. Parfois la femme de ménage m’apporte une petite nouvelle plante pour égayer la maison, selon elle, et souvent elle m’indique à quelle fréquence je dois les arroser, mais les pauvres ne survivent jamais.

Je pense que je suivis déjà assez d’ordres dans ma vie et que j’ai largement accompli mon devoir patriotique, pour ainsi dire. Heureusement, je n’eus jamais besoin d’utiliser les armes, mais je ne suis naïf non plus, je sais que toutes ces informations sauvèrent la vie de beaucoup de monde, mais qu’elles menèrent d’autres personnes (surtout des espions du camp opposé) à la mort.

Heureusement pour tout le monde, les mathématiques sont limités et bien que nous manquions pas de fantaisie, il y aura toujours au moins un élément qui pourra être utilisé pour déchiffrer nos message. Il faut seulement consacrer du temps et faire un effort.

En agissant de cette manière, nous étions toujours au courant des avancées des ennemis, même si dans beaucoup d’occasions c’était mieux de ne pas intervenir pour ne pas montrer que nous pouvions lire leurs messages. Plus tard tout devint plus compliqué.

Après la Seconde Guerre Mondiale, notre pays obtint un rôle essentiel, puisque nous ne protégions plus seulement nos frontières, mais la paix du monde, alors tout notre travail devint plus difficile et je fus envoyé en Europe, où nous avions tous nos intérêts politiques à ce moment-là.

La menace des Nazis avait mis en échec tous les systèmes d’intelligence européens, et notamment le notre en dépit d’être si loin, quelque chose que je n’arrivais pas à comprendre. A ce moment-là, personne ne croyait à ce que ce mouvement populaire entraînerait un véritable danger, ni ne pouvait imaginer tout ce qui viendrait après, une catastrophe qui ne doit plus se reproduire. C’est pourquoi je fus envoyé là-bas, pour apprendre tout genre de détails dans l’évolution des européens en matière de décryptage et, à ma grande surprise, dans les dernières années ils avaient fait pas mal d’avancées. Je pus aussi me rendre compte des importantes avancées technologiques qui ont lieu en temps de guerre, et je ne parle pas seulement du développement de l’armement.

Je ne sais pas s’il s’agit d’une question de survivance ou s’il y aura d’autres facteurs impliqués, mais c’est évident qu’on fait des vrais progrès quand on trouve des menaces imminentes, et l’Europe est la preuve vivante. Il y eut toujours des menaces, d’un côté ou de l’autre, et il est clair qu’ils ont beaucoup avancé et qu’ils ont dépassé tous ces adversaires pour devenir des références mondiales dans des domaines multiples, même si ils durent se reconstruire depuis leurs fondations après la Seconde Guerre Mondiale.

Alors, j’en viens au fait! Je fus envoyé en Europe en tant que diplomate ou en tant qu’attaché culturel avec une mission: apprendre tout ce que je pouvais avec nos alliées (comme on leur appelait à l’époque) et, en échange, notre gouvernement leur offrait de l’assistance tactique pour aider à reconstruire leurs villes et leurs villages.

Au début tout se passait à merveille… c’est bon, pas tout! Après l’incident en Espagne j’appris à ne pas tenir les choses pour acquis et à assurer mes arrières. Quelqu’un avait essayé de me rayer de la carte et je ne m’étais pas rendu compte. Ces fausses instructions que je n’avais jamais vues m’avaient mis derrière les barreaux en attente d’un procès militaire.

Heureusement, à l’époque il restait encore quelques personnes qui ne me considéraient pas un traitre et qui tirèrent les ficelles pour m’aider à sortir du pays. Si je rentrais jamais en Espagne, je serais jugé sous peine de mort.

Je pensai vraiment que l’exile était beaucoup mieux que la mort, mais ils me laissèrent aux frontières avec la France, sans savoir quoi faire. Je n’étais pas encore à l’abri, je devais chercher une ambassade ou une base militaire pour essayer de contacter mon commandement, leur dire que je vivais et demander mes ordres.

Après tous genre de souffrances et de difficultés, je me débrouillai pour arriver en Angleterre, où je me sentis comme chez-moi. Je leur montrai mes documents à la frontière et, ensuite, ils m’envoyèrent à la base militaire la plus proche pour vérifier mon histoire. Quand ils furent sûrs que je disais la vérité, tout devint beaucoup plus simple.

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