Prestation de Serment

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Peut-être même qu’il devrait rentrer chez lui et demander à Becca si elle avait envie de déménager au Costa Rica. Gunner pourrait devenir bilingue. Ils pourraient vivre quelque part sur une plage. Becca pourrait avoir son jardin exotique. Luke pourrait aller surfer plusieurs fois par semaine. La côte Ouest du Costa Rica était un endroit avec les plus belles vagues d’Amérique.

Susan prit la parole pour la première fois. « C’est le pire moment pour que vous partiez. Votre pays a besoin de vous. »

Il la regarda. « Vous savez quoi, Susan ? Ce n’est pas totalement vrai. Vous pensez ça parce que je suis le type que vous avez vu dans le feu de l’action. Mais il y a des milliers de types comme moi. Des gars plus capables, plus expérimentés, plus équilibrés. Peut-être que vous ne le savez pas, mais beaucoup de gens pensent que je suis imprévisible, un électron libre. »

« Luke, vous ne pouvez pas m’abandonner maintenant, » dit-elle. « On est au bord d’un désastre. Je me retrouve dans un rôle que je n’étais pas… que je n’attendais pas. Je ne sais pas à qui me fier. Je ne sais pas discerner les bons des mauvais. Je m’attends à tout moment à prendre une balle dans la tête. J’ai besoin de mes gens autour de moi. Des gens en qui je peux avoir confiance. »

« Et je fais partie de ces gens ? »

Elle le regarda droit dans les yeux. « Vous m’avez sauvé la vie. »

Richard Monk prit part à la conversation. « Stone, ce que vous ne savez pas, c’est que l’Ebola peut être répliqué. Ça n’a pas été dit au cours de la réunion. Wesley Drinan nous a confié qu’il était possible que des gens ayant le bon équipement et la connaissance nécessaire soient à même d’en fabriquer davantage. La dernière chose dont nous avons besoin, c’est qu’un groupe inconnu de personnes se créent un arsenal d’un virus militarisé de l’Ebola. »

Luke regarda à nouveau Susan.

« Acceptez cette mission, » dit Susan. « Découvrez ce qui est arrivé à cette femme disparue. Retrouvez le virus de l’Ebola. Quand vous reviendrez, si vous voulez toujours prendre votre retraite, je ne vous demanderai plus jamais de faire quoi que ce soit pour moi. On a commencé quelque chose ensemble il y a quelques jours. Faites cette dernière chose pour moi et je considérerai que le boulot est terminé. »

En disant ces mots, elle ne le quitta pas des yeux. C’était une vraie politicienne, à bien des égards. Quand elle voulait quelque chose, elle y parvenait. Il était difficile de lui dire non.

Il soupira. « Je peux partir demain matin. »

Susan secoua la tête. « On a déjà un avion qui vous attend. »

Les yeux de Luke s’écarquillèrent de surprise. Il prit une profonde inspiration.

« OK, » finit-il par dire. « Mais d’abord, je veux rassembler quelques hommes de l’équipe spéciale d’intervention. Je pense à Ed Newsam, Mark Swann et Trudy Wellington. Newsam est blessé pour l’instant mais je suis presque sûr qu’il acceptera si je le lui demande. »

Susan et Monk échangèrent un regard.

« On a déjà contacté Newsam et Swann, » dit Monk. « Ils ont tous les deux accepté et ils sont en route pour l’aéroport. Mais j’ai bien peur que Trudy Wellington, ce ne sera pas possible. »

Luke fronça les sourcils. « Elle a refusé ? »

Monk baissa les yeux vers le bloc-notes qu’il tenait en main. Il ne prit même pas la peine de les relever avant de parler. « On ne sait pas parce qu’on ne l’a pas contactée. Malheureusement, utiliser Wellington est hors de question. »

Luke se tourna vers Susan.

« Susan ? »

Monk releva les yeux. Son regard passa de Luke à Susan. Il se remit à parler avant que Susan ne dise un mot.

« Wellington n’est pas toute nette. C’était la maîtresse de Don Morris. Il est hors de question qu’elle prenne part à cette opération. Elle ne sera même plus employée par le FBI d’ici un mois, et il se pourrait qu’elle soit accusée de trahison d’ici là. »

« Elle m’a dit qu’elle n’était au courant de rien, » dit Luke.

« Et vous la croyez ? »

Luke ne prit même pas la peine de répondre à la question. Il ne connaissait pas la réponse. « Je veux qu’elle vienne, » se contenta-t-il de dire.

« Sinon ? »

« Ce soir, j’ai laissé mon fils tout seul devant un barbecue où on grillait un bar qu’on avait pêché ensemble. Je pourrais tout de suite prendre ma retraite. Ça me plaisait d’être professeur de collège. J’ai hâte de m’y remettre. Et j’ai hâte de voir mon fils grandir. »

Luke fixa Monk et Susan des yeux.

« Alors ? » dit-il. « Qu’est-ce que vous en pensez ? »

CHAPITRE SEPT

11 juin

2h15

Ybor City, Tampa, Floride

C’était un travail dangereux.

Tellement dangereux qu’il n’aimait pas du tout se rendre au niveau du laboratoire.

« Oui, oui, » dit-il au téléphone. « Nous avons quatre personnes qui y travaillent pour l’instant. Ils seront six quand la nouvelle équipe arrivera. Ce soir ? C’est possible. Je ne peux pas encore le promettre. Appelez-moi vers dix heures du matin et j’en saurai un peu plus. »

Il écouta un instant. « Eh bien, je pense qu’une camionnette, ce sera assez grand. En plus, ce sera plus facile d’accéder à l’embarcadère. Ces trucs sont invisibles à l’œil nu. Même un milliard de ces machins, ça ne prend pas beaucoup de place. Si c’était nécessaire, je suis sûr qu’on pourrait tout mettre dans le coffre d’une voiture. Enfin, de deux voitures, ce serait mieux. Une pour la route, et une pour l’aéroport. »

Il raccrocha. Son nom de code était Adam. Comme le premier homme, parce qu’il avait été le premier à être engagé pour ce boulot. Il en comprenait parfaitement les risques, à la différence des autres membres de l’équipe. Il était le seul à connaître la portée globale du projet.

Il regarda le petit entrepôt à travers la grande vitre du bureau. Ils travaillaient 24 heures sur 24 en trois équipes. Ceux qui était actuellement là, trois hommes et une femme, portaient des combinaisons blanches de laboratoire, des lunettes de protection, des masques ventilés, des gants en caoutchouc et des bottes sécurisées.

Les travailleurs avaient été choisis pour leur capacité à faire de la simple microbiologie. Leur boulot consistait à cultiver et à multiplier un virus en utilisant le milieu alimentaire qu’Adam leur avait fourni, puis de lyophiliser les échantillons pour leur transport et une transmission ultérieure par aérosol. C’était un travail fastidieux, mais pas compliqué. N’importe quel assistant de laboratoire ou étudiant en seconde année de biochimie était capable de le faire.

Vu qu’ils travaillaient vingt-quatre heures sur vingt-quatre, l’arsenal de virus lyophilisés augmentait rapidement. Adam faisait un rapport à ses employeurs toutes les six ou huit heures, et ils étaient très contents avec leur rythme. Depuis hier, ils commençaient même à être vraiment enchantés. Le travail serait bientôt terminé, peut-être même déjà aujourd’hui.

Adam sourit à cette idée. Ses employeurs étaient enchantés et ils le payaient vraiment très, très bien.

Il prit une gorgée de son café et continua à regarder les travailleurs. Il ne savait pas combien de cafés il avait consommé au cours des derniers jours, mais c’était beaucoup. Les journées commençaient à se fondre les unes aux autres. Quand il commençait à être fatigué, il se couchait sur le lit dans son bureau et dormait un petit peu. Il portait le même équipement de protection que les travailleurs du laboratoire. Il ne l’avait pas retiré depuis deux jours et demi.

Adam avait fait de son mieux pour construire un laboratoire de fortune dans l’entrepôt. Il avait fait son possible pour protéger les travailleurs et lui-même. Ils avaient des vêtements de protection. Il y avait une pièce où jeter ces vêtements et des douches pour éliminer toute trace de résidus.

Mais il y avait aussi des considérations financières et des contraintes de temps. Ils devaient travailler vite et, bien entendu, tout ça devait rester secret. Il savait que les protections ne correspondaient pas aux normes des Centres américains pour le contrôle des maladies – s’il avait eu un million de dollars et six mois pour construire cet endroit, ça n’aurait pas encore été suffisant.

Pour finir, il avait construit ce laboratoire en moins de deux semaines. Il était situé dans une zone de vieux entrepôts, dans un quartier qui était depuis longtemps habité par des Cubains et d’autres immigrés.

Personne ne ferait attention à cet endroit. Il n’y avait aucune indication sur le bâtiment et il était collé à une dizaine d’autres édifices dans le genre. Le loyer était payé pour les six mois à venir, même s’ils n’avaient besoin de l’installation que pour une très courte période de temps. Il avait son propre parking et les travailleurs allaient et venaient comme n’importe quels autres ouvriers d’entrepôt ou d’usine un peu partout ailleurs – à des intervalles de huit heures.

Les travailleurs étaient très bien payés en cash et certains ne parlaient même pas anglais. Ils savaient ce qu’ils devaient faire avec le virus, mais ils ne savaient pas exactement ce qu’ils maniaient ni pourquoi. Il était peu probable qu’il y ait une descente de police.

Il se sentait néanmoins nerveux à l’idée d’être si proche de ce virus. Il serait soulagé de terminer cette partie du boulot, de recevoir son dernier payement, puis d’évacuer l’endroit comme s’il n’avait jamais été là. Après ça, il prendrait un avion pour la côte Ouest. Pour Adam, il y avait deux parties à ce boulot. Une ici, et l’autre… ailleurs.

Et cette première partie serait bientôt terminée.

Aujourd’hui ? Oui, peut-être déjà aujourd’hui.

 

Il avait décidé qu’il quitterait le pays pendant un temps. Quand tout ça serait terminé, il prendrait de longues vacances. Le Sud de la France l’attirait pas mal. Avec l’argent qu’il gagnait, il pourrait aller là où il voulait.

C’était simple. Une camionnette, ou une voiture, ou peut-être deux voitures, viendraient dans la cour. Adam fermerait le portail pour que personne ne puisse voir ce qui se passait. Ses travailleurs chargeraient alors le matériel dans les véhicules. Il s’assurerait qu’ils fassent ça prudemment, et il leur faudrait probablement une vingtaine de minutes.

Adam se sourit à lui-même. Une fois que le chargement serait terminé, il prendrait un avion pour la côte Ouest. Et peu après ça, le cauchemar allait commencer. Et il n’y avait rien que personne puisse faire pour l’empêcher.

CHAPITRE HUIT

5h40

Le ciel au-dessus de la Virginie-Occidentale

Le Learjet à six places filait à travers le ciel du petit matin. Le jet était bleu foncé avec le sceau des services secrets sur le côté. Derrière lui, un bout de soleil levant commençait à pointer au-dessus des nuages.

Luke et son équipe utilisaient les quatre places à l’avant en tant que salle de réunion. Ils avaient placé leurs bagages et leur équipement sur les sièges à l’arrière.

Il avait rassemblé l’équipe. Dans le siège à côté de lui, était assis Ed Newsam. Il portait un pantalon kaki et un t-shirt à longues manches. Une paire de béquilles était appuyée sur le côté de son siège, juste en-dessous du hublot.

En face de Luke, se trouvait Mark Swann. Il était grand et mince, avec des cheveux cendrés et des lunettes. Il avait étendu ses longues jambes dans l’allée. Il portait un vieux jean troué et une paire de baskets rouges. On venait de le relever de ses fonctions en tant que leurre dans le cadre d’un réseau de pédophiles et il en avait l’air plus que satisfait.

En face d’Ed, était assise Trudy Wellington. Elle avait des cheveux bruns bouclés, elle était mince et attrayante dans son sweat vert et son pantalon. Elle portait de grandes lunettes rondes sur le nez. Elle était très belle, mais avec ses lunettes, elle ressemblait presque à un hibou.

Luke ne se sentait pas très bien. Il avait appelé Becca avant le départ et la conversation ne s’était pas bien passée. Ils avaient à peine parlé, en fait.

« Où est-ce que tu vas ? » lui avait-elle demandé.

« À Galveston, au Texas. Il y a eu une faille de sécurité dans un laboratoire. »

« Le laboratoire BSL-4 ? » dit-elle. Becca était elle-même une chercheuse spécialisée sur le cancer. Elle travaillait depuis quelques années sur un remède pour les mélanomes. Elle faisait partie d’une équipe, basée dans différents instituts de recherche, qui avait réussi à neutraliser des cellules de mélanome en y injectant le virus de l’herpès.

Luke hocha la tête. « C’est cela, oui. Le laboratoire BSL-4. »

« C’est dangereux, » dit-elle. « J’imagine que tu es au courant. »

Il faillit se mettre à rire. « Chérie, en général, ils ne m’appellent pas si ce n’est pas dangereux. »

Le ton de Becca était froid. « Eh bien, sois prudent, s’il te plaît. On t’aime, tu sais. »

On t’aime.

C’était une manière bizarre de le dire, comme si elle et Gunner l’aimaient en tant que groupe, mais pas nécessairement de manière individuelle.

« Je sais, » dit-il. « Je vous aime énormément tous les deux. »

Il y eut un silence sur la ligne.

« Becca ? »

« Luke, je ne peux pas te promettre qu’on sera là à ton retour. »

Maintenant qu’il était dans l’avion, il secoua la tête pour balayer cette phrase de sa tête. Ça faisait partie du boulot. Il devait compartimenter sa vie. Oui, il avait des problèmes familiaux. Et il ne savait pas comment les régler. Mais ils ne pouvait pas non plus les amener avec lui à Galveston. Ça le distrairait de son boulot et ça pourrait être dangereux, pour lui-même, mais aussi pour toutes les autres personnes impliquées. Il devait se concentrer à cent pourcents sur sa tâche.

Il regarda par le hublot. Le jet filait à toute vitesse à travers le ciel. En-dessous d’eux, il vit des nuages blancs flotter. Il prit une profonde inspiration.

« OK, Trudy, » dit-il. « Tu peux nous faire un topo ? »

Trudy leva sa tablette pour que tout le monde puisse la voir. Elle eut un large sourire. « Ils m’ont rendu mon ancienne tablette. Merci, chef. »

Il secoua la tête et eut un petit sourire. « Continue à m’appeler Luke. Maintenant, vas-y, dis-nous ce qu’il y a à savoir. »

« Je vais partir du principe que vous ne savez rien sur le sujet. »

Luke hocha la tête. « Ça me paraît très bien. »

« OK. On est en route pour le laboratoire national de Galveston, au Texas. C’est l’une des quatre installations connues de biosécurité de niveau 4 aux États-Unis. Ce sont des installations de recherche en microbiologie avec le plus haut niveau de sécurité, avec des protocoles de sécurité très poussés pour ceux qui y travaillent. Ces installations manient certains des virus et bactéries les plus infectieux et mortels au monde. »

Swann leva la main depuis son siège. « Tu as dit que c’était l’une des quatre installations connues. Ça veut dire qu’il y en a qui ne sont pas connues ? »

Trudy haussa les épaules. « Certaines sociétés spécialisées dans les sciences de la vie, surtout celles qui sont étroitement surveillées, pourraient avoir des installations BSL-4 sans que le gouvernement ne soit au courant. Oui, c’est possible. »

Swann hocha la tête.

« Le truc qui est différent concernant cette installation à Galveston, c’est que les trois autres installations BSL-4 sont toutes situées au sein d’infrastructures gouvernementales hautement sécurisées. Galveston est la seule qui se trouve sur un campus, un fait qui a fréquemment été mentionné comme pouvant être un potentiel problème de sécurité avant que l’installation soit ouverte en 2006. »

« Et qu’est-ce qu’ils ont fait à ce sujet ? » demanda Ed Newsam.

Trudy sourit à nouveau. « Ils ont promis d’être extrêmement prudents. »

« Super, » dit Ed.

« Passons au cœur du sujet, » dit Luke.

Trudy hocha la tête. « OK. Il y a trois jours, il y a eu une coupure d’électricité le soir. »

Luke écouta distraitement pendant que Trudy expliquait ce que le directeur du laboratoire avait dit la veille au soir devant Susan et son staff. L’histoire du gardien de nuit, de la scientifique et de la fiole d’Ebola. Il entendait ce que Trudy disait mais il l’écoutait à peine.

Il revit Becca et Gunner sur le porche, au moment où il était parti. Il essaya de balayer cette image mais il n’y parvint pas. Pendant un long moment, tout ce qu’il vit, c’était Gunner regardant d’un air triste le bar rayé posé sur le barbecue.

« Ça ressemble à du sabotage, » dit Newsam.

« Et c’est probablement le cas, » dit Trudy. « Le système est conçu pour être redondant, et non seulement la source principale d’énergie a lâché, mais également le système de secours. Ce n’est pas le genre de choses qui arrivent souvent, à moins d’avoir eu de l’aide. »

« Que sait-on au sujet de la femme qui se trouvait à l’intérieur à ce moment-là ? » dit Luke. « Quel est son nom ? On a du neuf à son sujet ? »

« J’ai fait quelques recherches sur elle. Aabha Rushdie, vingt-neuf ans. Elle est toujours portée disparue. Elle a un parcours exemplaire en tant que scientifique junior. Docteur en microbiologie. La plus haute distinction au King’s College de Londres. Une formation avancée en protocoles BSL-3 et BSL-4, y compris une accréditation pour travailler seule en laboratoire, ce que tout le monde n’est pas capable d’obtenir.

« Elle est à Galveston depuis trois ans et elle a travaillé sur de nombreux programmes d’importance, dont le programme d’armements qui nous intéresse. »

« OK, » dit Swann. « Il s’agit d’un programme d’armements ? »

Trudy leva la main. « J’y arriverai dans une minute. Je vais d’abord finir avec Aabha. La chose la plus intéressante à son sujet, c’est qu’elle est morte en 1990. »

Tout le monde se mit à fixer Trudy des yeux.

« Aabha Rushdie est morte dans un accident de voiture à Delhi, en Inde, quand elle avait quatre ans. Ses parents ont déménagé à Londres juste après. Plus tard, ils ont divorcé et la mère d’Aabha est retournée vivre en Inde. Son père est mort d’une crise cardiaque il y a sept ans. Et il y a cinq ans, Aabha a soudain ressuscité, avec toute une histoire sur sa vie, les écoles où elle était allée, et d’excellentes recommandations de professeurs en Inde, juste à temps pour faire son doctorat en Angleterre. »

« C’est une ombre, » dit Luke.

« Apparemment, oui. »

« Mais pourquoi l’Inde ? »

Trudy jeta un coup d’œil à ses notes. « Il y a environ un milliard d’habitants en Inde, mais personne n’est vraiment sûr du nombre exact. Le pays a beaucoup de retard par rapport à l’Occident en ce qui concerne l’informatisation des actes de naissance et de décès. Le pays connaît également une corruption généralisée dans les services publics, alors c’est très facile d’acheter l’identité de quelqu’un qui est décédé. L’Inde est une des sources les plus importantes au monde de fausses identités. »

« Oui, » dit Swann, « mais alors il faut que l’ombre soit également indienne. »

Trudy leva le doigt. « Pas nécessairement. Aux yeux des occidentaux, il y a très peu de différence dans l’apparence de personnes venant du Nord de l’Inde, où se trouve Delhi, et les habitants du Pakistan, qui se trouve juste à côté. En fait, même pour les Indiens et les Pakistanais eux-mêmes, il n’y a pas beaucoup de différence. Alors, à mon avis, il est très probable qu’Aabha Rushdie soit en fait Pakistanaise, et probablement musulmane. Il se pourrait qu’elle soit un agent des renseignements pakistanais, ou pire, membre d’une secte conservatrice sunnite ou wahabite. »

Ed Newsam émit un grognement.

Le cœur de Luke se serra un moment dans sa poitrine. De tous les analystes avec lesquels il avait travaillé, Trudy était la meilleure. Les informations qu’elle parvenait à obtenir et sa capacité à interpréter des scénarios étaient du plus haut niveau. Si elle avait raison, alors une Sunnite pakistanaise venait juste de voler une fiole du virus de l’Ebola.

C’était une journée qui s’annonçait mouvementée.

Il regarda son équipe, avant de s’arrêter sur Trudy.

« Vas-y, continue, » lui dit-il.

« OK, on en arrive maintenant au pire, » dit Trudy.

« Pourquoi ? Il y a pire que ça ? » dit Swann. « Je croyais qu’on venait juste d’atteindre le fond, là. Comment est-ce que ça peut encore être pire ? »

« Pour commencer, les responsables de l’installation de Galveston ont passé les premières quarante-huit heures après le vol à dissimuler ce qui était arrivé. Enfin, je ne veux pas non plus dire qu’ils ont cherché à le cacher, mais ils ont fait leur propre enquête interne, qui n’a mené à rien. Ils ont envoyé des gens à la recherche d’Aabha Rushdie, alors qu’elle était déjà probablement partie depuis longtemps. À aucun moment, ils ont pensé qu’Aabha aurait pu avoir volé le virus. Les gens auxquels j’ai parlé hier soir n’y croient toujours pas. Apparemment, tout le monde l’adorait là-bas, bien que personne ne sache grand-chose à son sujet. »

« Comme par exemple qu’elle était morte depuis vingt-cinq ans ? » dit Swann.

Trudy continua. « Alors ils ont interrogé toutes les techniciennes et tous les techniciens du laboratoire, pour voir si quelqu’un avait pris la fiole par accident. Personne n’a confessé et il n’y avait aucune raison de suspecter qui que ce soit. Ils ont vérifié leurs inventaires et la fiole avait été listée comme sécurisée à peine quelques heures avant la coupure d’électricité. »

« Pourquoi penses-tu qu’ils ont tardé à en parler ? »

« Ça, c’est la deuxième chose, et probablement la pire. La fiole disparue ne contient pas seulement le virus de l’Ebola. C’est une version militarisée du virus. Il y a trois ans, le laboratoire a reçu une importante subvention de la part des Centres américains pour le contrôle des maladies, et un financement des Instituts américains de la santé et du département de la Sécurité intérieure. Cet argent était destiné à trouver un moyen de modifier le virus pour le rendre encore plus virulent – augmenter la facilité avec laquelle il pouvait se transmettre de personne en personne, la vitesse avec laquelle l’Ebola se déclarait, et le pourcentage de personnes infectées que le virus pourrait tuer. »

 

« Mais pourquoi faire une telle chose ? » dit Swann.

« L’idée, c’était de militariser le virus avant que des terroristes ne le fassent, afin d’en étudier ses propriétés, d’identifier ses points faibles, et de trouver des moyens de traiter les gens qui pourraient être un jour infectés par un tel virus. Les scientifiques du laboratoire ont réussi la première partie de cette tâche – la militarisation du virus – au-delà des rêves les plus fous. En utilisant une technique de génothérapie connue sous le nom d’insertion, les chercheurs ont été capables de créer un certain nombre de mutations au sein du virus d’origine.

« Le nouveau virus peut être introduit au sein d’une population au moyen d’un aérosol. Une fois infectée, une personne devient contagieuse en l’espace d’une heure, mais ne montrera des symptômes qu’après deux ou trois heures. En d’autres mots, une personne infectée pourrait commencer à en contagier d’autres avant que les symptômes de la maladie apparaissent.

« C’est un élément très important car c’est une grande différence par rapport au virus dans son état naturel. La progression de l’Ebola au sein de la population est généralement stoppée en mettant les victimes en quarantaine avant, ou très vite après, qu’elles soient contagieuses. Pour arrêter ce virus-ci, toute une zone géographique, comprenant des personnes malades et en bonne santé, devrait être mise en quarantaine. Il serait impossible de savoir directement qui est porteur du virus et qui ne l’est pas. Cela signifie une fermeture des routes, des postes de contrôle et des barrages. »

« La loi martiale, » dit Ed Newsam.

« Exactement. Et encore pire, ce virus peut être transmis de personne à personne à travers de minuscules particules dans l’air, et la maladie s’accompagne généralement d’une toux violente. Alors aucune exposition à du sang, à du vomi ou à des excréments n’est nécessaire. Une autre différence énorme par rapport au virus d’origine. »

« Autre chose ? » dit Luke. Bien qu’il ait l’impression d’en avoir déjà entendu assez.

« Oui. Et le pire de tout, à mon avis. Le virus est hautement virulent et extrêmement mortel. Le taux de mortalité de la maladie hémorragique qu’il provoque est estimé à environ quatre-vingt-quatorze pourcents sans intervention médicale. C’est le taux de mortalité qui a été observé il y a deux mois au sein d’une colonie de trois cents singes au sein d’une installation sécurisée de recherche à San Antonio. Le virus avait été délibérément introduit au sein de la colonie et, en quarante-huit heures, deux cent quatre-vingt-deux singes étaient morts. Plus de la moitié étaient décédés au cours des six premières heures. Parmi les dix-huit qui ont survécu, trois n’ont jamais contracté la maladie, et quinze se sont rétablis tous seuls au cours des semaines suivantes.

« La maladie s’accompagne d’un scénario plutôt cauchemardesque. Les organes cessent de fonctionner, les vaisseaux sanguins éclatent et la victime se détériore complètement et se met à saigner, souvent de manière très spectaculaire. On parle de saignements de la bouche, des oreilles, des yeux, de l’anus et du vagin, en bref, tous les orifices du corps, parfois même les pores de la peau. »

Swann leva la main. « OK. Tu as dit que quatre-vingt-quatorze pourcents pourraient mourir sans intervention médicale. Mais quel serait le taux de mortalité s’il y avait une intervention médicale ? »

Trudy secoua la tête. « Personne ne le sait. Le virus est tellement contagieux, agit tellement rapidement et est tellement mortel qu’une intervention médicale pourrait être impossible. D’après ce que nous savons, à peu près toute personne non protégée qui se retrouverait en contact avec le virus finirait par tomber malade. La seule manière efficace d’arrêter une épidémie, ce serait de mettre la population en quarantaine le temps que la maladie suive son cours. »

« Et laisser mourir les gens qui se retrouveraient piégés dans la zone de quarantaine ? » dit Ed Newsam.

« Oui. Et c’est une mort horrible. »

Un long moment s’écoula. Luke secoua la tête. C’était bien loin de ce que le directeur du laboratoire avait dit à la Présidente la veille au soir. Il avait clairement essayé de minimiser la gravité de la situation, même avec la Présidente des États-Unis devant lui.

Luke leva les yeux. Toute son équipe le regardait.

« Il faut qu’on récupère cette fiole, » dit-il.

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