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Recherches nouvelles sur l'histoire ancienne, tome II

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CHAPITRE V.
Récit d’Hérodote

ACTUELLEMENT consultons Hérodote, et voyons quels éclaircissements il nous donnera dans ce débat.

Cet écrivain, vers la fin de son premier livre, arrivant à la guerre de Kyrus contre Babylone, nous donne, selon sa coutume, d’assez grands détails sur le climat, les productions et les mœurs du pays. Quant aux faits historiques il est plus concis qu’à son ordinaire, et ce laconisme nous devient un motif de peser ses paroles avec plus de soin.

«L’Assyrie, dit-il, a plusieurs grandes villes; mais la plus célèbre et la plus forte est Babylone, qui, après la subversion de Ninive, devint la capitale des Assyriens.»

Ici Hérodote décrit l’enceinte carrée de Babylone, les dimensions de ses murs, la direction des rues, le palais du roi et le temple de Ioupiter-Bélus gui, dit-il, subsiste encore. «Les Chaldéens, qui sont les prêtres de ce dieu, assurent qu’il vient en personne dans la chapelle à un certain jour de l’année, et qu’il repose sur le lit qui lui est préparé, où l’on a placé une femme du pays… Il y avait autrefois dans le sanctuaire une statue d’or massif haute de 12 coudées; mais je ne l’ai point vue: le roi Xercès l’avait enlevée après avoir fait tuer le prêtre qui s’y opposait.»

Ces mots je ne l’ai point vue, montrent clairement qu’Hérodote parle ici en témoin oculaire; qu’il a conversé avec les prêtres chaldéens; qu’il a puisé tous ses renseignements sur les lieux: par conséquent nous avons lieu de penser qu’il a suivi le système chaldéen comme Bérose, et non pas le système assyrien comme Ktésias. Nous verrons l’importance de cette distinction pour apprécier ses récits. Il continue, § 184: «Babylone a eu beaucoup d’autres rois dont je parlerai dans mon histoire d’Assyrie; ce sont eux qui ont plus amplement orné ses murs et ses temples: parmi ces princes on compte deux reines: la première s’appelait Sémiramis. Elle fit faire ces digues remarquables qui retiennent l’Euphrate dans son lit et qui préservent la plaine de la stagnation malfaisante des eaux après les débordements.»

§ 185. «La seconde reine, nommée Nitokris, fut une femme plus prudente que la première; elle fit faire divers ouvrages, etc. (nous en parlerons bientôt). Ce fut contre le fils de cette reine que Kyrus conduisit ses troupes: il était roi d’Assyrie et s’appelait Labynet, comme son père.»

Ici nous avons une date connue d’où nous pouvons partir pour dresser nos calculs; nous savons par Bérose et par la liste officielle dite Kanon astronomique de Ptolomée, que le roi de Babylone détrôné par Kyrus le fut en l’an 539; qu’il avait régné 17 ans; par conséquent il avait monté sur le trône l’an 555. Selon Bérose et Mégasthènes, il n’était pas le fils des trois princes qui l’avaient précédé; il ne put donc être fils que de Nabukodnasar, mort en l’an 565. Bérose le nomme Nabonid, qui ne diffère de Labunet que par la permutation naturelle de l’N en L et du d en t. Ce Nabonid semblerait même être une forme grecque employée par Bérose pour signifier fils de Nabu ou de Naboun. Alors Nitokris, mère de Labynet-Nabonide, se trouve être l’épouse de Nabu-kodn-osor qui, selon l’usage du pays, dut avoir plusieurs femmes. Et nous avons une date du règne ou plutôt de la régence de cette princesse dans cette autre phrase d’Hérodote.

§ 185. «Nitokris ayant remarqué que les Mèdes, déjà puissants, ne cessaient de s’agrandir, et que, entre autres villes, ils avaient pris Ninive, elle se fortifia, etc.» Nous sommes certains, 1° que les Mèdes prirent Ninive sous Kyaxar en l’an 597; 2° que Nabukodonosor régnait déjà à Babylone depuis l’an 604, c’est-à-dire depuis 8 ans, et qu’il y régna 43 ans jusqu’à l’an 565. Nitokris n’a donc pu être une reine en titre, une reine indépendante; et il est démontré qu’Hérodote appelle improprement règne ce qui n’a été qu’une régence confiée par Nabukodonosor, seul roi que Bérose et le Kanon officiel admettent dans la liste. Cette régence trouve des motifs probables dans les longues absences que fit Nabukodonosor pour subjuguer Tyr et Jérusalem: les sièges de ces deux villes coïncident très-bien à la date que donne Hérodote (596), puisqu’ils occupèrent le roi de Babylone pendant 13 ans, depuis 598 jusqu’en 586.

CHAPITRE VI.
Résultat

HÉRODOTE attribue cinq grands ouvrages à Nitokris.

«1° Elle fit creuser au-dessus de Babylone, à l’Euphrate, un nouveau lit qui rendit son cours si tortueux, que les navigateurs passaient trois fois de suite en trois jours près du bourg d’Arderica. Ce travail eut pour objet spécial d’arrêter les Mèdes.

«2° Elle fit construire dans la ville, et des deux côtés de la rivière, un quai en briques.

«3° Elle établit dans le lit du fleuve mis à sec, des piles de pont sur lesquelles on plaçait pendant le jour des madriers que l’on retirait le soir, pour empêcher les habitants d’une rive d’aller voler ceux de l’autre.

«4° Elle fit creuser un vaste lac de 420 stades de circuit, pour y dériver les eaux du fleuve dans les débordements. (Cela dut lui servir pour fonder le pont.)

«5° Avec les terres tirées de ce lac, elle éleva une digue prodigieuse pour contenir l’Euphrate.»

Aucun de ces travaux n’est attribué par Bérose à Nabukodonosor; mais plusieurs semblent se confondre avec ceux de Sémiramis.

En se rappelant que Nabukodonosor épousa, du vivant de son père, une fille du roi mède Kyaxar (vers l’an 606), on peut se demander si cette princesse, nommée Aroïté, fut la même que Nitokris; cela ne serait pas impossible, quoique peu probable au premier aspect. Kyaxar, comme tous les rois d’alors, avait plusieurs femmes. Aroïté a pu naître d’une autre mère que de celle d’Astyag, héritier de Kyaxar; et selon les mœurs des harem, ces mères rivales les auront élevés dans une mutuelle antipathie. Aroïté, devenue épouse de Nabukodonosor, aura pu redouter, haïr Astyag avec d’autant plus de force, qu’elle aura mieux connu son ambition et ses perfidies. Ce serait pour elle qu’aurait été construit le jardin suspendu.

Mais alors pourquoi son fils Labynet ne fut-il pas héritier de Nabukodonosor au lieu d’Evil-Mérodak, qui ne nous est point représenté comme un fils aîné, ni comme un homme âgé? Ces incidents domestiques ne sont point expliqués par les auteurs, et l’on n’a pas le droit d’y suppléer. Bérose même ajoute à l’embarras, quand il dit que les conjurés qui tuèrent Labo-87-roso-achod, élurent à sa place un certain Babylonien appelé Nabonides; comment omet-il de dire qu’il fut fils du grand Nabukodonosor?

Quoi qu’il en soit des circonstances, il suffit à la chronologie que l’époque de Nitokris soit connue et déterminée. Supposons que la régence date de l’an 595, premier d’Astyag, et partons de là pour calculer l’époque de Sémiramis. Hérodote dit qu’elle précéda Nitokris de cinq générations: ce vague de mots cinq générations, est remarquable; il faut qu’Hérodote ait ici manqué de date fixe, de nombre précis. Si nous évaluons les générations selon son système, c’est-à-dire à 3 pour 100 ans, les cinq générations nous donnent 166 ans, qui, ajoutés à 595, placent Sémiramis vers l’an 761, 14 ans avant Naboun-asar, et quarante-cinq ans avant la ruine de Ninive, par Bélésys et Arbâk. Cette date, dont aucun autre écrivain n’a fait mention pour Sémiramis, a beaucoup embarrassé les chronologistes; les uns ont supposé qu’il y avait erreur de copiste dans le nombre cinq, et qu’il fallait lire quinze. Les quinze générations vaudraient alors dans le système grec 500 ans, et Sémiramis, dans nos calculs, serait placée vers l’an 1100 ou 1095; ce qui produit cent ans de différence avec la date que nous avons trouvée par un autre calcul d’Hérodote être l’an 119588. D’autres critiques ont pensé que c’était une Sémiramis IIe du nom, et quelques-uns en ont même fait l’épouse de Nabounasar; mais l’on voit que l’avènement de ce prince, en 747, est postérieur de 14 ou 15 ans à la date donnée par Hérodote (761), et, de plus, la supposition est sans autorité.

Après avoir réfléchi sur certaines circonstances du récit d’Hérodote, nous avons cru découvrir à cette difficulté une solution plus simple et plus vraie. Le lecteur n’a pas oublié que cet historien voyageur consulta les prêtres de Babylone, les chaldéens desservant le temple de Bélus; par conséquent les notions qu’il en reçut furent conformes au système chaldéen, tel que Bérose nous l’expose. Or, dans ce système, le roi chaldéen Nabounasar était le premier roi de Babylone; aucun autre n’était connu ou censé avoir existé avant lui. Néanmoins, comme le règne de Sémiramis était trop notoire dans Babylone, où ses ouvrages étaient des témoins vivants89, le nom de cette reine ne put être entièrement supprimé; seulement il se trouva précéder immédiatement Nabounasar, sans supposer de lacune, précisément comme il est arrivé chez les Perses par la suppression qu’Ardeschir fit d’un grand nombre de règnes entre celui d’Alexandre et le sien. Hérodote a donc été nécessairement induit en erreur par les Chaldéens; et comment l’eût-il évitée, lorsque Bérose lui-même l’a commise, soit de bonne foi, soit de dessein prémédité, par un effet de cet esprit brahminique, c’est-à-dire mystérieux et dissimulé, qui caractérise les prêtres anciens. Par la suite, Hérodote, confrontant cette donnée aux calculs qu’il avait reçus à Memphis et à Ekbatanes, des savants perses et égyptiens90, dut éprouver beaucoup d’embarras; mais subjugué par l’autorité, il écrivit d’abord, selon son usage, sans se faire garant, et il nous en avertit par ces mots: Voilà ce que les Chaldéens racontent du dieu Bel; cela ne me paraît pas croyable, mais ils l’assurent.

 

Si notre explication est juste, la Sémiramis d’Hérodote n’est pas autre que celle de Ktésias, la fondatrice de Babylone, et nous trouvons plusieurs appuis à cette assertion:

1° Le silence absolu de tous les anciens sur une Sémiramis II, placée à la date que donne Hérodote;

2° Un passage d’Étienne de Bysance, qui dit: «Babylone n’a pas été bâtie par Sémiramis, comme le dit Hérodote.»

Hérodote ne parle qu’une seule fois de Sémiramis, qui éleva les digues remarquables auxquelles Babylone dut l’assainissement de son terrain. Étienne de Bysance a donc considéré cette Sémiramis comme la fondatrice dont parle Ktésias.

3° En parlant de Babylone, Hérodote dit ailleurs: «Après la subversion de Ninive (en 717 sous Sardanapale) Babylone devint la capitale des «rois assyriens.» Ne semble-t-il pas croire que Babylone n’eut de rois que depuis cette époque très-voisine de Nabounasar, mort en 733?

4° Ensuite, après avoir parlé de ce que firent à Babylone les rois Darius et Xercès, il ajoute:

«Cette ville a eu plusieurs autres rois: ce sont eux qui ont plus amplement orné ses murs et ses temples.» Ces derniers mots font allusion aux portes d’airain posées par Nabukodonosor, et à ses dépouilles opimes mentionnées par Bérose; mais en même temps elles impliquent la construction des murs comme antérieure et déjà faite91. Hérodote poursuit:

«Parmi ces rois l’on compte deux femmes: la première, nommée Sémiramis, vécut cinq générations avant la seconde.»

Remarquez qu’Hérodote n’a pas dit cinq règnes: il y eût en contradiction avec l’autre phrase, Babylone a eu plusieurs autres rois. Le mot plusieurs cadre bien avec le nombre du kanon de Ptolomée, qui compte 21 règnes depuis Nabounasar jusqu’à Kyrus; mais si Hérodote eût connu ceux qui s’écoulèrent entre Sémiramis et Nabounasar, dans un espace de plus de 440 ans, se fût-il contenté du mot plusieurs? Il a donc ignoré ceux-là.

5° Enfin, si notre explication est fausse, n’est-il pas bien singulier de voir le calcul chaldéen d’Hérodote donner 14 ans de règne à Sémiramis (de 761 à 747), précisément comme nous l’avons trouvé ci-dessus par le calcul des Assyriens?

Il est probable que lorsque cet historien voulut rédiger son histoire d’Assyrie, il s’aperçut de la lacune du système chaldéen, de sa discordance avec le système ninivite; que cette difficulté devint pour lui un motif de dégoût, un obstacle radical à la publication de son livre; en même temps que cette erreur, glissée dans l’ouvrage qui nous reste, a dû être l’un des arguments efficaces dont se servit Ktésias pour l’attaquer et le discréditer. Il nous reste deux mots à dire sur les ouvrages de Nitokris. (Voyez pag. 142 ci-dessus.)

Les trois grands détours de l’Euphrate paraissent lui appartenir sans opposition, mais son pont ressemble beaucoup à celui de Sémiramis. Ne peut-on pas croire que Nitokris l’aura trouvé très-dégradé et qu’elle l’aura réparé et orné?

La dérivation du fleuve et le creusement du grand réservoir ou lac sont des annexes du pont, que Sémiramis dispute également. Ce ne fut probablement qu’imitation et répétition de la part de Nitokris.

De toutes ces discussions il résulte assez clairement, d’une part, que les ouvrages fondamentaux de Babylone appartiennent réellement à Sémiramis, et que les livres assyriens à cet égard ont été mieux instruits et plus fidèles que ceux des Chaldéens; mais, d’autre part, il semble également vrai de dire que long-temps avant cette reine il existait au même local un temple très-célèbre du dieu Bel; et parce que les anciens temples en général étaient fortifiés pour la sûreté des prêtres, et qu’à raison des pèlerinages dont ils étaient le but, leur voisinage était très-habité, il y a tout lieu de croire qu’il exista une ville de Babel ou Babylon, antérieure à celle de Sémiramis; et à cet égard l’assertion de Bérose et de Mégasthènes est confirmée par d’autres témoignages positifs et par divers raisonnements d’induction.

Diodore de Sicile92, en parlant des grands et nombreux ouvrages que Sésostris, au retour de ses conquêtes, fit exécuter par les captifs des peuples qu’il avait vaincus, s’autorise des livres et des monuments égyptiens, pour nous apprendre «qu’un certain nombre de prisonniers amenés de la Babylonie, ne purent supporter patiemment la dureté des travaux, et qu’étant parvenus à s’échapper ils s’emparèrent d’un lieu très-fort situé au bord du Nil; que de cet asile ils firent dans le voisinage des excursions et des pillages pour subsister, jusqu’à ce qu’une amnistie leur ayant été offerte ou accordée, ils donnèrent le nom de Babylon au local choisi par eux pour y habiter.»

Or si, comme les chronologistes en sont d’accord, sur la foi d’Hérodote, le roi égyptien Sésostris revint de ses conquêtes vers l’an 1348 avant J.-C., il s’ensuit qu’il existait des Babyloniens, et par conséquent une Babel dès cette époque, plus de 150 ans avant Sémiramis. Diodore ajoute immédiatement cette observation remarquable:

«Je n’ignore pas que Ktésias de Knide donne une autre origine à plusieurs des villes d’Égypte qui ont des noms étrangers, lorsqu’il dit qu’un certain nombre de gens de guerre, venus en Égypte à la suite de Sémiramis, y bâtirent des villes qu’ils appelèrent du nom de leur patrie.»

Dans cette opinion de Ktésias nous trouvons deux invraisemblances choquantes. 1° Comment Babylone, à peine bâtie par Sémiramis, à peine ayant un premier noyau d’habitants en sa vaste enceinte, eût-elle pu fournir une colonie? et comment ces colons, tous nés hors de Babylone, auraient-ils appelé patrie un lieu auquel ils étaient étrangers?

2° Comment les Égyptiens, après le passage supposé de Sémiramis, qui dut être de courte durée, auraient-ils laissé parmi eux des étrangers faibles, sans appui, et qui leur étaient odieux par principe de religion et de politique? L’origine de ces villes étrangères, attribuée aux captifs de Sésostris, est donc bien plus naturelle, et Ktésias, qui se contredit ici, paraît suivre cette opinion systématique des Perses (dont nous avons parlé), lesquels, à l’occasion de la révolte d’Égypte contre le grand roi, cherchèrent dans l’antiquité un droit ou un prétexte de possession légitime, fondé sur une prétendue conquête antérieure à Sésostris, conquête au moyen de laquelle les Égyptiens n’auraient dû être considérés que comme d’anciens sujets échappés au joug et dans un état constant de rébellion.

Ici la contradiction de Ktésias se démontre par les circonstances dont il accompagne la conquête que Ninus fit de la Babylonie. «Ce pays, dit-il, avait beaucoup de villes bien peuplées; les naturels, inexpérimentés à l’art de la guerre, furent facilement vaincus et soumis au tribut; Ninus emmena le roi captif, etc.»

Sur ce texte nous raisonnons et nous disons: «Si ce peuple avait des villes, c’est qu’il avait des arts, des sciences, des richesses; s’il était inexpérimenté à l’art de la guerre, c’est qu’il était pacifique et civilisé, et il était pacifique parce qu’il était agricole; c’était encore la cause de sa population et de sa richesse. Puisqu’il avait un roi, l’état était monarchique; par conséquent il y avait une cour, une capitale et toute l’organisation analogue. Dans cette organisation il ne pouvait manquer d’exister, comme chez tous les anciens peuples asiatiques, une caste sacerdotale; et puisque les historiens postérieurs nous représentent le peuple babylonien comme très-anciennement divisé en 4 castes, à la manière des Égyptiens et des Indiens, nous pouvons être sûrs que dès lors existait la caste de ces prêtres chaldéens si renommés pour leurs sciences et pour leur antique origine. Si cette caste existait, elle devait dès lors avoir aussi son collège, son observatoire astronomique, instruments nécessaires de son instruction et de ses sciences. Dans un pays plat comme la Chaldée, cet observatoire devait être élevé, comme la pyramide ou tour de Bélus, identique à celle de Babel. Le royaume conquis par Ninus devait même déja porter le nom de Babylonie, d’abord parce qu’il était le pays de Bélus; 2° parce que ce nom se montre dès le temps de Sésostris; 3° parce que les limites de la Babylonie, telles que les tracent les plus anciens géographes, n’ont pu être assignées par Sémiramis ou par Ninus; en effet, la ligne frontière de la Babylonie au nord, selon Strabon93, d’accord avec Ktésias, passait entre le territoire d’Arbèles et le pays de Ninive, appelé proprement Atourie ou Assourie; c’est-à-dire que la juridiction de Babylone s’étendait jusqu’à 84 lieues de cette ville, et s’approchait de Ninive presqu’à la distance de 16 de nos lieues communes de France, ce qui est confirmé par le récit que fait Ktésias des combats qui eurent lieu entre les troupes de Sardanapale et celles d’Arbakes et de Bélésys94. Or, l’on ne saurait concevoir que Ninus ou Sémiramis eussent tellement rapproché de leur capitale le territoire d’un peuple vaincu; et il faut admettre que cette limite de la Babylonie était déjà ancienne; que le royaume des Chaldéens fut établi avant celui des Assyriens, lesquels avant Ninus ne possédaient probablement que le pays montueux situé entre l’Arménie et la Médie, pays qui compose aujourd’hui le Kurdistan proprement dit; tandis que les Babyloniens possédaient tout le plat pays situé entre la mer95, le désert et les montagnes, ce qui présente un débornement géographique si naturel, que l’histoire nous le montre presque sans variation depuis ces anciens temps jusqu’à nos jours. On peut dire que cette grande île de l’Euphrate et du Tigre, jadis appelée Babylonie, et maintenant Irâq-Arabi, a été le domaine constant de la race arabe. Divers passages de Strabon offrent à cet égard des faits positifs et des idées lumineuses. «Les Arméniens,» dit ce savant géographe, liv. I, pag. 41, «les Arabes et les Syriens ont entre eux des rapports marqués pour la forme du corps, pour le genre de vie et pour le langage..... et les Assyriens ressemblent entièrement aux Arabes et aux Syriens (p. 42): or le nom des Syriens (liv. XVII, p. 737) paraît s’étendre depuis la Babylonie jusqu’au golfe d’Issus, et même autrefois jusqu’à l’Euxin; car les Cappadociens, tant ceux du Pont que ceux du Taurus, portent encore le nom de Syriens blancs, sans doute parce qu’il y a des Syriens noirs. Ceux-ci (les noirs) habitent extérieurement au mont Taurus, dont le nom s’étend jusqu’à l’Amanus (près le golfe d’Issus). Quand les historiens qui ont traité de l’empire des Syriens nous disent que les Perses renversèrent les Mèdes, et que les Mèdes avaient renversé les Syriens, ils n’entendent pas d’autres Syriens que ceux qui eurent pour capitales les cités de Babylone et de Ninive, bâties l’une par Ninus dans la plaine d’Atourie, l’autre par Sémiramis, épouse et successeur de Ninus.... Ces Syriens-là régnèrent sur l’Asie..... Ninus et Sémiramis sont appelés Syriens96 (dans l’histoire).....et Ninive porte le titre de capitale de la Syrie. C’est la même langue qui est parlée au dehors et en dedans de l’Euphrate.» Voilà ce que dit Strabon.

 

Par ces mots, en dedans de l’Euphrate, il désigne évidemment le pays entre ce fleuve et le Tigre, et même tout ce qui est à l’est jusqu’aux montagnes des Mèdes et des Perses; ce qui s’accorde très-bien avec les monuments arabes de Maséoudi, lesquels, comme nous l’avons remarqué ci-devant97, attestent que le midi de la Perse et le pays de Haouaz, à l’est du Tigre, furent habités par l’une des 4 plus anciennes tribus arabes (celle des Tasm) à une époque très-reculée.

Un dernier trait à l’appui de cette antiquité mérite encore d’être cité.

Étienne de Bysance, au mot Babylon98, après avoir dit que Babylon ne fut point fondée par Sémiramis, comme le prétend Hérodote (vide supra), ajoute «que cette ville fut fondée par le très-sage et très-savant Babylon99, 2000 ans avant Sémiramis, comme le dit Herennius-Severus.»

101 Vide Salmasium Exercit. Plinianæ, in Solin., p. 866. E. Saumaise veut qu’au lieu de deux mille ans, on lise mille deux ans; mais cette correction est sans appui, et elle a contre elle la leçon de Photius, qui a lu 1800 ans.

102Selon le calcul vulgaire; voyez Larcher. Chronologie. Selon nous 1015.

103Selon l’auteur du livre des Rois.

104Selon le texte grec, lequel, traduit authentiquement par l’ordre du roi Ptolomée, représente l’ancien original hébreu cité par Esdras, plus exactement que l’hébreu actuel, retouché sous les Asmonéens par le grand sanhédrin.

105 Voyez les Tables de la Polyglotte de Walton, tom. I, p. 4 et suiv.


Nous n’avons donc que 9 ans de différence; encore faut-il remarquer que dans la période des rois juifs, il y a entre les chronologistes des variantes de 6, 8 et 10 ans qui remplissent ce déficit et rendent complet le synchronisme100. Notre calcul particulier, toutes corrections faites, porte l’intervalle depuis la fondation du temple de Salomon jusqu’à notre ère, à la somme de 1015, ce qui donne 3189 ans, 5 ans seulement de différence. Une si parfaite analogie n’est pas due au hasard.

D’autre part, l’analyse de l’astronomie indienne, faite par Bailly, par le Gentil, et par les savants de Calcutta, nous apprend que la période du Kali yog remonte à l’an 3102 avant notre ère, c’est-à-dire qu’à cette date commença l’âge actuel, à la suite d’un déluge qui avait inondé la terre et détruit la race humaine, à l’exception de Satavriata et de sa famille, que le dieu Vishnou, métamorphosé en poisson, prévint et sauva du danger. Il est vrai qu’ici nous avons une différence de 90 ans; mais comme tous ces déluges si célèbres dans l’histoire (quoique arrivés, dit-on, avant qu’il existât des écrivains), ne sont autre chose que des faits astronomiques voilés par l’allégorie, les calculs des astronomes ont eu des variantes selon le point (ou degré) du signe céleste (argo ou verseau) d’où ils sont partis, et il a suffi d’un degré de signe pour introduire une différence de 71 ans, à raison du phénomène appelé la précession des équinoxes.

Ici l’analogie ou plutôt l’identité des trois époques prouve que le récit vient d’une source commune, qui doit être placée chez les Chaldéens, parce que les Juifs ne sont que leur écho, ainsi que nous l’avons démontré dans la première partie de ces Recherches (chap. XI et suivants), et parce que les Indiens paraissent avoir emprunté leur astronomie de l’école chaldéenne, ainsi que l’indiquent sensiblement le Gentil dans son Mémoire sur la ressemblance de l’astronomie indienne avec celle des Chaldéens101, et Bailly lui-même en divers passages de ses Recherches sur l’astronomie ancienne (p. 182) et indienne (p. 277, et Disc. prél., p. lxxij). Nous verrons bientôt divers faits tendants à prouver que cette école chaldéenne fut antérieure à Sémiramis et à Ninus.

87Ici Labo se trouve écrit au lieu de Nabo, comme Labynet au lieu de Nabunet.
88Voyez Chronologie d’Hérodote, p. 70 et suivantes.
89Entre autres, l’une des portes de la ville portait le nom de cette reine. Voyez Rennel, Geog. System. of Herodotus, sect. XIV.
90Voyez liv. II, § XCIX et suiv., et liv. I, § I.
91La traduction française de Larcher porte: «Ce sont eux qui l’ont environnée de murailles et qui l’ont embellie par les temples qu’ils y ont élevés.» Cette périphrase dénature matériellement le texte: muros amplius ornaverunt et templa. Cette traduction est pleine d’altérations semblables, et l’on peut assurer qu’Hérodote est à traduire en français.
92Liv. I, pag. 66, édit. de Wesseling.
93Strabo, lib. XVI, pag. 737: «Ninive est située dans l’Atourie; l’Atourie ressemble au pays qui entoure Arbèles, dont elle est séparée par la rivière du Loup (le Lycus); Arbèles appartient à la Babylonie, qu’elle joint au-delà du Lycus; la plaine d’Atourie entoure Ninive.» On voit que la frontière de la Babylonie, vers Ninive, était la rivière du Loup ou Lycus, située au-delà d’Arbèles relativement à cette Babylonie: or la distance du Lycus à Ninive n’est que d’environ 16 lieues communes de France. Et Ktésias dit qu’au premier combat, Sardanapale poussa les rebelles à 7 stades, qui font 477 toises, parce que son stade est celui de 833½ au degré, comme nous le verrons. Aux deux combats suivants, le roi chassa les rebelles jusqu’à la frontière de Babylonie, et le récit de l’historien montre qu’elle n’était pas loin. Il est bon de remarquer ici que l’Atourie n’est autre chose que la prononciation chaldéenne du mot Ashourie (Assyria), le dialecte chaldéen changeant très-souvent le shin hébreu et arabe en tau. Aussi Casaubon, dans ses notes sur le premier paragraphe du livre XVI de Strabon, remarque-t-il que, selon le témoignage de Pline et d’Ammien, le pays où fut Ninive s’appela d’abord Assyrie, puis Adiabène; et que, selon Dion (in Trajano), l’Adiabène avait été appelée Atourie par les Barbares (les Chaldéens), qui avaient changé l’s en t (Assouria-Atouria292. La traduction chaldaïque d’Onkelo rend toujours assour par atour.). Quant au mot Adiabène, Ammien-Marcellin veut lui donner une origine grecque qui est forcée; c’est le nom syrien et chaldéen de la rivière du Loup qui en ces dialectes se dit Diab et Ziab, Zab de la géographie moderne; et les Grecs, qui l’appelaient Lycus, ne firent que traduire le mot chaldéen. Il est probable qu’après la conquête d’Alexandre, toutes leurs instructions leur furent fournies par les astronomes et géographes babyloniens.
94Voyez Chronologie d’Hérodote; p. 103. Le traducteur a commis une erreur à cette même page 103, note 96, en évaluant le stade de Ktésias à 85 toises, tandis qu’il ne faut l’estimer qu’à 68 toises 5 pieds 2 pouces.
95Golfe Persique.
96Lib. II, pag. 84.
292La traduction chaldaïque d’Onkelo rend toujours assour par atour.
97Voyez l’article des rois homérites, tome IV, page 506 de la Chronologie d’Hérodote; et la Géographie de la Genèse, à la fin, Ire partie de nos Recherches.
98Lexicon de Urbibus.
99Il faut entendre Bélus, aucun ancien auteur n’ayant jamais parlé du sage Babylon.
100D’ailleurs ajoutez les 10 ans qu’ils suppriment tous au règne d’Amon, fils de Josias, et vous avez 3196 ans, une seule année de différence.
101Voyage dans les mers de l’Inde, tome I, p. 320.
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