Sans Coup Ferir

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Из серии: Une Enquête de Riley Paige #9
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CHAPITRE SEPT



Il faisait encore nuit quand l’avion de Riley décolla. Même avec le décalage horaire, il ferait jour quand elle arriverait à San Diego. Le vol allait durer plus de cinq heures et Riley était déjà fatiguée. Il fallait qu’elle soit en forme et opérationnelle demain matin quand elle rejoindrait Bill et Lucy. Ils avaient un travail sérieux à effectuer et Riley devait se tenir prête.



Je ferais mieux de dormir, pensa-t-elle. La femme assise à côté d’elle somnolait déjà.



Riley inclina son siège et ferma les yeux. Mais au lieu de s’endormir, elle pensa à la pièce de Jilly.



Elle sourit en pensant à la manière dont la Perséphone de Jilly avait assommé Hadès et s’était échappée du monde souterrain par ses propres moyens.



Puis son cœur se serra quand elle pensa à leur première rencontre. Ça s’était passé la nuit dans un relais routier de Phoenix. Jilly s’était sauvée de chez elle pour échapper à un père violent et elle était montée dans la cabine d’un camion. Elle avait l’intention de vendre son corps au routier quand il reviendrait.



Riley frémit.



Qu’est-ce qui serait arrivé à Jilly si Riley ne l’avait pas trouvée cette nuit-là ?



Des amis et des collègues disaient souvent à Riley qu’elle avait fait un très beau geste en ramenant Jilly chez elle.



Alors pourquoi n’en était-elle pas fière ? Elle ne ressentait que du désespoir.



Après tout, il y avait tant de Jilly dans le monde. Seules quelques-unes échappaient à une existence terrible.



Riley ne pouvait pas toutes les aider, pas plus qu’elle ne pouvait débarrasser le monde de tous les psychopathes.



C’est tellement futile, pensa-t-elle. Tout ce que je fais.



Elle ouvrit les yeux et regarda par la fenêtre. Le jet s’éloignait des lumières de Washington. Dehors, il n’y avait qu’une impénétrable obscurité.



En plissant les yeux pour percer les ténèbres, Riley pensa à la réunion de la veille, avec Bill, Lucy et Meredith. Elle ne savait pas grand-chose sur sa nouvelle affaire. Meredith avait dit que les trois victimes avaient été abattues d’un coup de feu tiré de loin par un tireur d’élite.



Qu’est-ce que ça lui apprenait sur le tueur ?



Tuer était-il un sport pour lui ?



Ou était-il investi d’une sinistre mission ?



Une chose paraissait certaine : le tueur savait ce qu’il faisait et il était doué.



Cette affaire représentait un sacré défi.



Les paupières de Riley devenaient lourdes.



Je vais peut-être réussir à dormir, pensa-t-elle. Elle reposa la tête et ferma les yeux.





*





Riley fixait du regard ce qui semblait être un millier de Riley, tournées les unes vers les autres à des angles divers, chacune plus petite que la précédente, jusqu’à disparaitre.



Quand elle bougea, tous ses sosies firent de même.



Elle leva le bras, les autres firent de même.



Puis elle tendit la main devant elle et toucha une surface froide.



Je suis dans un palais des glaces, comprit Riley.



Comment était-elle arrivée là ? Et comment allait-elle en sortir ?



Elle entendit une voix l’appeler.



— Riley !



C’était une voix de femme qui lui était familière.



— Je suis là ! appela Riley à son tour. Où êtes-vous ?



— Je suis là aussi.



Soudain, Riley la vit.



Elle se tenait juste devant elle, au milieu de ses innombrables reflets.



C’était une belle jeune femme vêtue d’une robe démodée depuis plusieurs décennies.



Riley la reconnut aussitôt.



— Maman ! dit-elle dans un murmure abasourdi.



Elle fut étonnée d’entendre sa voix de petite fille.



— Qu’est-ce que tu fais là ? demanda Riley.



— Je suis juste venue te dire au revoir, dit maman en souriant.



Riley ne comprit pas tout de suite.



Puis elle se rappela que maman avait été tuée sous les yeux de Riley dans un magasin de bonbons quand elle n’avait que six ans.



Maman était exactement comme Riley l’avait vue vivante pour la dernière fois.



— Où tu vas, maman ? demanda Riley. Pourquoi tu dois partir ?



Maman sourit et toucha la glace entre elle.



— Je suis en paix maintenant. Grâce à toi. Je peux tourner la page.



Petit à petit, Riley finit par comprendre.



Elle avait traqué l’assassin de sa mère.



Ce n’était plus qu’un pathétique vieux vagabond qui vivait sous un pont.



Riley l’avait abandonné là où elle l’avait trouvé : sa misérable vie lui servait déjà de pénitence pour le crime qu’il avait commis.



Riley leva la main et toucha la glace qui la séparait de sa mère.



— Mais tu ne peux pas partir, maman, dit-il. Je ne suis qu’une petite fille.



— Oh non, ce n’est pas vrai, dit maman d’un air radieux. Regarde-toi.



Riley regarda son reflet dans le miroir, à côté de maman.



C’était vrai.



Riley était une femme adulte maintenant.



C’était étrange de savoir qu’elle était maintenant plus âgée que sa mère ne l’avait jamais été.



Mais Riley avait également l’air plus triste et las que sa jeune maman.



Elle ne sera jamais plus vieille, pensa Riley.



Ce n’était pas le cas de Riley.



Et elle savait qu’il y avait encore dans son monde des épreuves et des défis à surmonter.



Allait-elle un jour pouvoir se reposer ? Serait-elle en paix pour le restant de sa vie ?



Elle se prit à envier l’éternel bonheur de sa mère.



Puis sa mère tourna les talons et s’éloigna, disparaissant entre les innombrables reflets de Riley.



Soudain, il y eut un craquement assourdissant et tous les miroirs se brisèrent.



Riley se retrouva dans une obscurité presque totale, des bris de verre jusqu’aux chevilles.



Elle dégagea ses pieds avec prudence, puis essaya de se diriger dans le chaos.



— Attention où tu mets les pieds, dit une autre voix familière.



Riley se retourna vers un vieil homme bourru au visage dur et tanné.



Elle poussa un hoquet de surprise.



— Papa !



Son père esquissa un sourire sardonique.



— Tu pensais que j’avais crevé ? dit-il. Désolé de te décevoir.



Riley ouvrit la bouche pour le contredire.



Mais elle se rappela qu’il avait raison. Elle n’avait pas pleuré quand il était mort en octobre dernier.



Et elle ne voulait plus de lui dans sa vie.



Après tout, il lui avait à peine adressé un mot gentil pendant toute sa vie.



— Où étais-tu ? demanda Riley.



— Là où j’étais, dit son père.



Le décor changeait. Ce n’était plus un immense terrain vague rempli de bouts de verre, mais la forêt dans laquelle se trouvait le chalet de son père.



Il se tenait sur le pas de la porte.



— Tu vas peut-être avoir besoin de mon aide, dit-il. On dirait que ton tueur est un soldat. J’en connais un rayon sur les soldats. J’en connais un rayon sur le meurtre.



C’était vrai. Son père avait été capitaine au Vietnam. Elle ignorait combien d’hommes il avait tué en service.



Mais elle ne voulait pas de son aide.



— C’est le moment de t’en aller, dit Riley.



Le sourire en coin de son père se changea en rictus.



— Oh non, dit-il. Je viens juste de m’installer.



Son visage et son corps se métamorphosèrent. En quelques secondes, il rajeunit, grandit et sa peau fonça. Il était encore plus menaçant qu’avant.



Il était devenu Shane Hatcher.



Cette métamorphose paralysa Riley d’effroi.



Son père avait toujours été une présence cruelle dans sa vie.



Mais elle commençait à craindre Hatcher plus encore.



Bien plus que son père, Hatcher avait une terrible emprise sur Riley.



Il pouvait lui faire faire des choses qu’elle n’aurait jamais imaginé faire.



— Allez-vous-en, dit Riley.



— Oh non, dit Hatcher. On a passé un accord.



Riley frémit.



On a passé un accord. C’est vrai, pensa-t-elle.



Hatcher l’avait aidée à retrouver le tueur de sa mère. En échange, elle le laissait vivre dans le vieux chalet de son père.



Et puis, elle savait ce qu’elle lui devait. Il l’avait aidée à résoudre de nombreuses affaires – et plus encore.



Il avait même sauvé la vie de sa fille et celle de son ex-mari.



Riley ouvrit la bouche pour parler, pour protester.



Mais aucun mot n’en sortit.



Au lieu de ça, ce fut Hatcher qui parla.



— Nos esprits sont jumeaux, Riley Paige.




Riley se réveilla en sursaut.



Son avion venait d’atterrir sur le tarmac de l’aéroport de San Diego.



Le soleil se levait à l’autre bout de la piste.



Le pilote annonça l’arrivée de l’appareil au micro et s’excusa d’avoir secoué les passagers à l’atterrissage.



Les autres passagers rassemblaient leurs affaires et se préparaient à partir.



Tout en se redressant sur des jambes flageolantes et en descendant son bagage du compartiment, Riley se rappela son rêve étrange.



Elle n’était pas superstitieuse, mais cela ne l’empêcha pas de se demander si ce rêve et l’atterrissage cahoteux étaient un avertissement de mauvais augure.





CHAPITRE HUIT



Par une belle matinée claire, Riley monta dans sa voiture de location et sortit de l’aéroport. Il faisait vraiment très beau et la température de saison était agréable. C’était un temps à aller profiter de la plage ou à se prélasser près d’une piscine.

 



Mais Riley était inquiète.



Elle se demanda avec lassitude si elle viendrait un jour en Californie pour profiter du beau temps – ou n’importe où ailleurs.



C’était comme si les monstres l’attendaient partout où elle allait.



L’histoire de ma vie, pensa-t-elle.



Elle savait que c’était à elle de sortir sa famille de ce cercle vicieux. Elle devait prendre des vacances et emmener les filles quelque part profiter de la vie.



Mais quand ?



Elle poussa un soupir fatigué et triste.



Peut-être jamais, pensa-t-elle.



Elle n’avait pas beaucoup dormi dans l’avion et elle ressentait les effets du décalage horaire. Il y avait trois heures de différence entre ici et la Virginie.



Néanmoins, elle était pressée de se mettre au travail.



En se dirigeant vers l’autoroute de San Diego, elle passa devant des immeubles modernes, et des rangées de palmiers. Bientôt, elle sortit de la ville, mais la circulation ne s’éclaircit pas. Les véhicules se suivaient de près entres les collines qu’un soleil matinal effleurait déjà.



Sans parler du décor, Riley eut tout de suite la sensation que la Californie était beaucoup moins relax qu’elle ne s’y attendait. Comme elle, les autres automobilistes semblaient pressés de se rendre quelque part.



Elle prit la sortie qui indiquait la base militaire de Fort Nash Mowat. Au bout de quelques minutes, elle ralentit devant le portail, montra son badge et on l’autorisa à entrer.



Elle avait envoyé un message à Bill et Lucy pour leur dire qu’elle était en route. Ils l’attendaient près de leur voiture. Bill lui présenta la femme en uniforme qui était avec eux : c’était le colonel Dana Larson, le commandant du bureau de la Division des affaires criminelles à Fort Mowat.



Larson impressionna immédiatement Riley. C’était une femme solide au regard intense. Sa poignée de mains donna à Riley l’impression d’une femme sûre d’elle et professionnelle.



— Je suis ravie de vous rencontrer, agent Paige, dit le colonel Larson d’une voix vigoureuse et claire. Votre réputation vous précède.



Riley écarquilla les yeux.



— J’en suis la première étonnée, dit-elle.



Larson étouffa un rire.



— Ne le soyez pas, dit-elle. Je travaille moi aussi dans le maintien de l’ordre. Je suis de près tout ce qui se passe à l’UAC. Nous sommes honorés de vous recevoir à Fort Mowat.



Riley se sentit rougir en remerciant le colonel.



Larson appela un soldat qui s’approcha vivement et salua.



Elle dit :



— Caporal Salerno, je veux que vous reconduisiez la voiture de l’agent Paige à l’aéroport. Elle n’en aura plus besoin.



— Oui, madame, dit le caporal. Tout de suite.



Il monta dans la voiture de Riley et sortit de la base.



Riley, Bill et Lucy montèrent dans l’autre voiture.



Pendant que le colonel Larson conduisait, Riley demanda :



— Qu’est-ce que j’ai manqué ?



— Pas grand-chose, dit Bill. Le colonel Larson nous a accueillis la nuit dernière et nous a montré nos quartiers.



— Nous n’avons toujours pas rencontré le commandant de la base, ajouta Lucy.



Le colonel Larson leur dit :



— Nous allons justement rencontrer le colonel Dutch Adams.



Avec un petit rire, elle ajouta :



— Ne vous attendez pas à un accueil chaleureux. Surtout vous, agents Paige et Vargas.



Riley ne fut pas certaine de comprendre. Le colonel Adams était-il agacé que l’UAC lui envoie deux femmes ? Mais pourquoi ? Partout où le regard de Riley se posait, elle voyait des hommes et des femmes en uniforme qui se côtoyaient librement. Et avec le colonel Larson, Adams devait avoir l’habitude de parler à des femmes en position d’autorité.



Le colonel Larson se gara devant un bâtiment d’administration moderne et propre et conduisit les agents à l’intérieur. Alors qu’ils approchaient, trois jeunes hommes se mirent au garde-à-vous et saluèrent le colonel Larson. Riley vit que leurs vestes de la police militaire ressemblaient à celles que portaient les agents de terrain du FBI.



Le colonel Larson leur présenta le sergent Matthews et son équipe, les agents Goodwin et Shores. Tous entrèrent dans une salle de conférence où les attendait le colonel Dutch Adams en personne.



Matthews et ses agents saluèrent Adams, mais pas le colonel Larson. Riley comprit que c’était parce qu’ils avaient le même grade militaire. Elle sentit aussitôt une tension palpable, presque douloureuse entre les deux colonels.



Comme prévu, Adams n’avait pas l’air particulièrement heureux de voir Riley et Lucy.



Riley commençait à comprendre.



Le colonel Dutch Adams était un officier de la vieille école qui ne s’était toujours pas habitué à la mixité de l’armée. Vu son âge, Riley pensa qu’il ne s’y ferait jamais. Il allait sans doute prendre sa retraite et partir avec ses préjugés.



Adams devait en vouloir particulièrement au colonel Larson – une femme officier sur laquelle il n’avait aucune autorité.



Alors que le groupe s’asseyait, Riley eut un sinistre sentiment de déjà-vu en examinant le visage d’Adams. C’était un faciès long et sévère, taillé à la serpe comme celui de nombreux officiers militaires que Riley avait eu l’occasion de côtoyer – comme son père.



En fait, la ressemblance entre le colonel Adams et son père était presque troublante.



Il s’adressa à Riley et ses collègues d’un ton trop formel.



— Bienvenue à Fort Nash Mowat. Cette base est en opération depuis 1942. Elle s’étend sur soixante-quinze mille acres, comprend quinze cents bâtiments et trois cent cinquante miles de routes. Vous trouverez toujours ici six mille personnes. Je suis fier de vous informer que c’est le meilleur centre d’instruction du pays.



A cet instant, le colonel Adams essaya de dissimuler un rictus. En vain. Il ajouta :



— C’est pour cette raison que je vais vous demander de ne pas déranger les soldats. Cette base militaire fonctionne comme une machine bien huilée. Les étrangers ont tendance à faire grincer les rouages. Si vous faites ça, je vous promets que vous le regretterez. Suis-je bien clair ?



Il regardait Riley dans les yeux, sûrement pour essayer de l’intimider.



Elle entendit Bill et Lucy dire :



— Oui, monsieur.



Mais elle ne dit rien.



Ce n’est pas mon commandant, pensa-t-elle.



Elle se contenta de soutenir son regard et de hocher la tête.



Il se tourna vers les autres et reprit la parole d’une voix froide de colère.



— Trois bon soldats sont morts. Cette situation à Fort Mowat est inacceptable. Réglez-moi ça au plus vite.



Il se tut. Puis il dit :



— Les funérailles du sergent Clifford Worthing ont lieu à onze cents heures. Vous êtes priés de vous y rendre.



Sans ajouter un mot, il se leva de sa chaise. Les agents de la police militaire se levèrent et saluèrent et le colonel Adams quitta la pièce.



Riley était abasourdie. N’étaient-ils pas venus pour parler de l’affaire ?



Remarquant la surprise de Riley, le colonel sourit.



— Il n’est pas aussi bavard d’habitude, dit-elle. Peut-être qu’il vous aime bien.



Tout le monde éclata de rire.



Cela faisait du bien de plaisanter maintenant.



Riley savait qu’ils n’auraient bientôt plus envie de rire.





CHAPITRE NEUF



Le rire passa. Larson observait toujours Riley, Bill et Lucy. Son regard était pénétrant et puissant, comme si elle les mesurait. Riley se demanda si le commandant de la police militaire était sur le point de leur annoncer quelque chose de grave.



Au lieu de ça, Larson demanda :



— Vous avez déjeuné ?



Ils répondirent par la négative.



— Eh bien, c’est inacceptable, dit Larson en étouffant un rire. Nous allons vous préparer quelque chose avant que vous ne dépérissiez. Venez, je vais vous montrer qu’on sait recevoir à Fort Mowat.



Larson laissa son équipe et conduisit les trois agents du FBI au quartier des officiers. Riley comprit tout de suite que le colonel ne plaisantait pas avec l’hospitalité. La qualité de la nourriture était celle d’un restaurant et Larson refusa de les faire payer.



Autour d’un délicieux petit déjeuner, ils discutèrent de l’affaire. Riley réalisa qu’elle était en manque de caféine. Il était également agréable de se restaurer.



Le colonel Larson leur fit part de ses hypothèses.



— Ce qui frappe dans ces meurtres, c’est la méthode utilisée et le grade des victimes. Rolsky, Fraser et Worthing étaient tous sergents instructeurs. Ils ont été abattus de loin avec un fusil de précision. Et les victimes ont toutes été tuées la nuit.



Bill demanda :



— Qu’ont-ils d’autre en commun ?



— Pas grand-chose. Deux étaient blancs, l’autre était noir. Ce n’est donc pas une question de racisme. Ils commandaient des unités différentes et ils n’avaient pas de recrues en commun.



Riley ajouta :



— Vous avez probablement examiné les dossiers de soldats réprimandés pour des problèmes de discipline ou de comportement. Les soldats qui manquent à l’appel ? Les soldats exclus pour cause d’indignité ?



— Nous l’avons fait, répondit Larson. La liste est longue, mais nous l’avons parcourue. Je vous l’enverrai et vous verrez bien ce que vous en pensez.



— J’aimerais parler aux hommes de chaque unité.



Larson hocha la tête.



— Bien sûr. Vous pourrez en voir certains aux funérailles. Je vais aussi organiser des rencontres supplémentaires.



Riley remarqua que Lucy prenait des notes. Elle fit signe à la jeune femme de poser ses propres questions.



Lucy demanda :



— De quel calibre sont les balles ?



— Calibre OTAN, dit le colonel Larson. 7,62 millimètres.



Lucy dévisagea le colonel avec curiosité. Elle dit :



— L’arme pourrait être un fusil de précision M110. Ou peut-être un Heckler & Koch G28.



Le colonel Larson esquissa un sourire, visiblement impressionnée par les connaissances de Lucy.



— Etant donné la portée, nous pensons qu’il s’agit d’un M110, dit Larson. Les balles semblent avoir été toutes tirées avec la même arme.



Riley était ravie de voir Lucy s’intéresser. Elle considérait la jeune femme comme sa protégée et elle savait que Lucy la voyait comme son mentor.



Elle apprend vite, pensa Riley avec fierté.



Riley jeta un regard à Bill. Elle comprit à l’expression sur son visage qu’il était également très fier.



Riley avait quelques questions, elle aussi, mais elle décida de ne pas interrompre Lucy.



Lucy dit à Larson :



— Vous pensez qu’il a reçu un entrainement militaire, je suppose ? Un soldat de la base.



— C’est possible, dit Larson. Ou un ex-soldat. Il est très bien entrainé. Ce n’est pas un tireur lambda.



Le crayon de Lucy tambourina nerveusement sur la table. Elle proposa :



— Il s’en prendrait à des figures d’autorité ? Comme les sergents instructeurs ?



Larson se gratta le menton.



— J’y ai pensé, dit-elle.



Lucy dit :



— Vous avez également pensé à une attaque terroriste islamiste ?



Larson hocha la tête.



— Ces temps-ci, c’est notre hypothèse par défaut.



— Un loup solitaire ? demanda Lucy.



— Peut-être, dit Larson. Mais il agit peut-être aussi pour le compte d’un groupe, soit d’une petite cellule locale, soit d’un groupe international, comme Daech ou Al-Qaeda.



Lucy réfléchit.



— Combien de recrues de confession musulmane y a-t-il à Fort Mowat ? demanda Lucy.



— En ce moment, trois cent quarante-trois. Ce n’est qu’un tout petit pourcentage. Mais nous faisons attention pendant le recrutement. En général, nos recrues musulmanes sont extrêmement motivées et dévouées. Nous n’avons jamais eu de problèmes avec l’extrémisme, si c’est bien ça.



Larson se tourna vers Riley et Bill en souriant.



— Vous êtes bien silencieux, vous deux. Par quoi aimeriez-vous commencer ?



Riley échangea un regard avec Bill. Comme d’habitude, elle vit qu’ils pensaient exactement la même chose.



— Allons-voir les scènes de crime, dit Bill.





*





Quelques minutes plus tard, le colonel Larson conduisait Riley, Bill et Lucy à travers la base militaire.



— Qu’est-ce que vous voulez voir en premier ? demanda Larson.

 



— On veut voir les scènes de crime dans l’ordre chronologique, dit Riley.



Alors que Larson conduisait, Riley vit des soldats qui s’entrainaient, faisaient de la musculation, des courses d’obstacles ou tiraient avec des armes diverses. C’était visiblement un travail pénible et rigoureux.



Riley demanda à Larson.



— Ces recrues sont rendues à quelle phase de leur formation ?



— La deuxième. Ce qu’on appelle la phase blanche, dit Larson. Il y en a trois : rouge, blanche et bleue. Les deux premières se font en trois semaines. Ces recrues sont à leur cinquième semaine. Les quatre dernières semaines, c’est la phase bleue. C’est le plus dur. C’est à ce moment-là que les recrues savent s’ils ont ce qu’il faut pour entrer dans l’armée.



Riley détecta une pointe de fierté dans la voix de Larson – la même fierté qu’elle avait souvent entendue dans la voix de son père quand il parlait de ses années de service.



Elle adore ce qu’elle fait, pensa Riley.



Et cela ne faisait aucun doute que Larson était très douée dans son domaine.



Larson se gara près d’un chemin qui s’éloignait du camp. Ils descendirent de la voiture et Larson les conduisit dans un terrain vague. Il n’y avait pas d’arbres pour gêner la visibilité.



— Le sergent Rolsky a été tué ici, dit Larson. Personne n’a rien vu, rien entendu. Il était impossible de savoir d’où le coup de feu avait été tiré. Nous savions juste que le tireur devait être posté très loin.



Riley regarda autour d’elle.



— A quelle heure Rolsky a-t-il été tué ? demanda-t-elle.



— Deux mille deux cents, dit Larson.



Riley convertit mentalement l’heure militaire – dix heures du soir.



Riley imagina à quoi ressemblait cet endroit à une telle heure de la nuit. Il y avait des spots lumineux à trente pieds de l’emplacement, mais ça ne devait pas être très éclairé. Le tueur devait utiliser une visée nocturne.



Elle tourna lentement sur elle-même pour deviner d’où venait le tir.



Il y avait de bâtiments au sud et au nord. Il était peu probable qu’un tireur d’élite ait pu tirer d’un de ces endroits.



A l’ouest, de l’autre côté de la base militaire, on devinait l’océan.



Il y avait des collines à l’est.



Riley pointa du doigt les collines et dit :



— Je pense que le tireur devait être positionné par là.



— Bien joué, dit Larson en pointant du doigt un emplacement au sol. Nous avons trouvé la balle ici. Nous pensons donc que le tir venait des collines. Vu la blessure, le balle a dû être tirée d’une distance comprise entre deux cent cinquante et trois cents pieds. Nous avons fouillé la zone, mais le tireur n’a rien laissé derrière lui.



Riley réfléchit. Puis elle demanda à Larson :



— La chasse est autorisée sur le terrain de Fort Mowat ?



— En saison, avec un permis de chasse, répondit Larson. En ce moment, c’est la saison des dindons sauvages. On a aussi le droit d’abattre des corbeaux.



Bien sûr, Riley savait que ces morts n’étaient pas de simples accidents de chasse. Comme son père avait été à la fois un Marine et un chasseur, elle savait que personne n’utilisait de fusil de précision pour tuer des corbeaux ou des dindons. Une simple carabine faisait l’affaire à cette époque de l’année.



Elle demanda à Larson de les emmener voir la scène de crime suivante. Le colonel les conduisit entre les collines, au bord d’un chemin de randonnée. Quand ils descendirent du véhicule, Larson pointa du doigt un emplacement sur le sentier qui remontait vers les collines.



— Le sergent Fraser a été tué ici, dit-elle. Il était sorti marcher après son service. Le coup de feu semble avoir été tiré à la même distance. Encore une fois, personne n’a rien vu, rien entendu. Nous pensons qu’il a été tué à environ Deux mille trois cents heures.



Onze heures

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