Un diplomate luxembourgeois hors pair

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Un diplomate luxembourgeois hors pair
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PREFACE

La vie et l’œuvre d’Hugues Le Gallais me sont devenues de plus en plus familières depuis une vingtaine d’années. Avec des hauts et des bas, des recherches plus ou moins intenses en fonction de mes disponibilités et de mes loisirs, j’en ai toujours appris davantage sur un personnage aux multiples facettes dont j’ai croisé la trajectoire plusieurs fois avec quelques décennies d’intervalle. Fin 2001, j’ai été nommé secrétaire d’ambassade du Grand-Duché de Luxembourg aux Etats-Unis et suis tombé sur plusieurs traces laissées par le premier chef de poste résident à Washington. Le Gallais avait habité et travaillé durant près de 18 années au 2200 Massachusetts Avenue, dans ce qui est toujours, aujourd’hui, l’ambassade luxembourgeoise. La plus grande partie de la documentation sur l’ambassadeur Hugues Le Gallais, surtout sa correspondance avec les acteurs politiques luxembourgeois, se trouve depuis l’été 2002 aux Archives nationales de Luxembourg après avoir été inventoriée juste après mon arrivée à l’ambassade en tant que jeune diplomate. Cet échange de lettres avec des personnalités très diverses porte aussi bien sur des aspects quotidiens de la vie des exilés luxembourgeois durant la Seconde Guerre mondiale que sur des questions d’ordre politique ou économique.

Retrouver ces documents aux Archives nationales à Luxembourg a été d’un grand secours, tout comme l’éclairage additionnel apporté à la fin de mes recherches par quelques lettres très personnelles écrites à la main par Le Gallais à la Grande-Duchesse et qui ont été mises à ma disposition par les Archives de la Maison grand-ducale. Ceci m’a permis de découvrir une autre facette du diplomate Le Gallais, qui était par ailleurs chambellan de la souveraine. Pendant les années de l’exil, il devait œuvrer inlassablement et trouver sa voie entre le chef d’Etat et les deux principaux membres du gouvernement, le ministre d’Etat Pierre Dupong et le ministre des Affaires étrangères Joseph Bech, peu importe que ceux-ci se trouvent aux Etats-Unis, au Canada ou au Royaume-Uni.

De nombreuses rencontres aux Etats-Unis, mais aussi au Luxembourg, en Allemagne, en France et en Italie m’ont permis de me faire une image plus complète encore d’un diplomate hors pair, parfois critiqué voire raillé, ayant mené une vie très différente de celle des diplomates actuels. Des membres de sa famille, des amis et des contemporains ayant connu Le Gallais sont désormais de plus en plus rares à pouvoir témoigner. Plusieurs rencontres avec le fils et le petit-fils de l’ambassadeur à Venise en 2018 m’ont donné beaucoup de réponses à mes nombreuses questions et m’ont permis de voir les albums photo, que ce soit de l’étape japonaise ou américaine de la carrière d’Hugues Le Gallais. D’autres membres de la famille ont contribué à étoffer voire corroborer certains aspects de la vie bien remplie de Le Gallais et de son entourage. Une autre source inestimable est constituée par le « scrap book » que la secrétaire de Le Gallais, Eleanor Maloney, avait élaboré tout au long des 18 années de sa présence à Washington. Elle y a rassemblé des extraits d’articles de presse sur l’ambassade du Luxembourg et y a ajouté des photos et autres documents, comme des plans de table ou des menus de grands dîners washingtoniens. Une partie de la correspondance de l’ambassadeur Le Gallais avec Madame Maloney me fut remise en 2004 par la fille de cette dernière.

Une contribution essentielle pour essayer de comprendre l’action de Le Gallais durant la Seconde Guerre mondiale est constituée par les livres et publications de nombreux auteurs, parmi lesquels je souhaite relever ceux de l’ancien ambassadeur du Luxembourg aux Etats-Unis, Georges Heisbourg, sur le gouvernement en exil. Aux Archives nationales, j’ai pu visionner la documentation laissée suite à ses recherches détaillées dans les années 1980. Difficile, sans aucun doute, pour le successeur au poste d’ambassadeur de Le Gallais d’en dresser un portrait objectif et juste. Je me suis inspiré de plusieurs études et publications sur cette période difficile pour tous, aussi des plus critiques et des plus récentes. Des recherches au National Archives at College Park ont judicieusement complété ces sources.

Je ne veux ni prendre parti ni mettre en cause et encore moins juger, mais tout simplement essayer de mieux cerner et relater le personnage. Pour l’essentiel, je me rallie au thème d’une exposition au Musée de la Ville de Luxembourg en 2002 : « Et war alles net esou einfach » (Tout n’était pas si simple que ça). Cette formule s’applique aussi à un diplomate comme Le Gallais, par définition loin du feu de l’action militaire ou de la résistance active dans son pays natal. Ou encore pour affirmer avec l’écrivain et journaliste Alfred Fabre-Luce : « Il est toujours difficile à l’historien de restituer pour une génération suivante les atmosphères d’une époque. Un homme qui regarde en arrière tend à supposer déjà connu à tel moment ce qui ne le sera que plus tard. »

La consultation d’autres sources a bien sûr été indispensable pour retracer la trame d’une vie diplomatique riche en péripéties souvent passionnantes. Ainsi, la Librairie du Congrès a été d’un grand secours, mais aussi un site permettant d’obtenir ou de vérifier des informations à distance dans tous les articles de la presse américaine.

La présente étude de la vie d’un scion d’une famille d’industriels, devenu homme d’affaires ou plutôt représentant commercial et, sur le tard, premier diplomate luxembourgeois résident aux Etats-Unis, n’engage que son auteur. Les opinions et réflexions, voire les interprétations et commentaires, ne sauraient refléter celles du ministère des Affaires étrangères et européennes voire du gouvernement luxembourgeois. Pour reprendre la formule consacrée : « Toutes les erreurs du fait d’une interprétation ou transcription erronée dans ce récit incombent à l’auteur seul. » J’ai en effet souhaité m’exprimer à titre personnel et apporter ce témoignage sur un diplomate luxembourgeois nécessairement empreint de subjectivité. Il ne s’agit pas de glorifier un personnage ni d’écrire une histoire biographique érudite et détaillée, mais plutôt d’essayer de mieux comprendre et de faire revivre les grandes lignes d’une personnalité et de son œuvre et les nombreuses traces écrites et photographiques laissées par Le Gallais. N’étant pas historien, je ne souhaite pas entrer dans une quelconque polémique en relation avec les activités de la souveraine et du gouvernement en exil par rapport aux souffrances et atrocités subies par la plupart de ceux restés au pays.

Ce que j’ai trouvé fascinant en essayant de recomposer le puzzle du parcours de Le Gallais, c’est de tomber sur de nombreuses actions et réflexions voire réflexes qui subsistent d’une certaine manière et dans certaines limites dans la vie diplomatique de nos jours. Sans vouloir le moins du monde idéaliser ou systématiquement justifier l’action de Le Gallais, je me suis souvent posé la question de savoir si, à une autre période de notre histoire et avec d’autres moyens, nous ne sommes pas, en fin de compte, motivés par les mêmes ambitions envers notre pays et notre carrière, notre vie professionnelle et notre vie privée. Je voulais surtout placer l’itinéraire complexe de Le Gallais dans son cadre historique et tenter de rendre davantage compréhensible son action publique et personnelle tout comme son aspiration intime. La participation de Le Gallais à de nombreuses conférences internationales ayant été à l’origine d’institutions multilatérales toujours d’actualité, tout comme son interaction avec les représentants très haut placés de pays les plus divers ne reflètent plus nécessairement la réalité quotidienne de tous ceux qui, aujourd’hui, agissent dans le cadre diplomatique. En définitive, j’ai essayé de m’imprégner du milieu familial et social de Le Gallais afin de me rendre compte qu’il n’a eu que très peu de contacts avec des personnes issues d’un milieu moins aisé que le sien.

À ma connaissance, cette biographie est la seule relatant le cheminement d’un diplomate luxembourgeois. Peu nombreux sont les hommes politiques de ce pays (Emmanuel Servais, Nik Welter ou, plus récemment, Pierre Werner) qui, comme les ambassadeurs Auguste Collart et Adrien Meisch, ont publié leurs mémoires. J’ose espérer que cette lacune sera un jour comblée par d’autres essais de ce genre ou que d’autres recherches sur une période charnière de notre histoire aboutiront.

Finalement, qu’il me soit permis d’informer le lecteur, par souci d’honnêteté, mais aussi de loyauté familiale, que j’ai écrit ces pages en étant conscient que l’un des interlocuteurs privilégiés de Le Gallais, du moins durant la Seconde Guerre mondiale, était le grand-père paternel de mon épouse. Ce lien avec un homme que je n’ai pas connu personnellement n’a pas rendu les choses plus évidentes, mais j’espère qu’en exposant ce fait dès le début, je contribuerai à empêcher un mélange de genres tout en m’évitant le reproche d’une glorification indirecte.

Tout ce qui suit, basé sur des hasards de rencontres et des recherches assidues, ne constitue donc qu’une modeste contribution afin de ne pas laisser tomber dans l’oubli du temps un diplomate hors du commun, un personnage certes spécial et singulier mais néanmoins intéressé par le bien de son pays et des siens.

 

Luxembourg, septembre 2019

« Le corps diplomatique, ce n’est jamais un corps beau; c’est souvent un corps d’âge; c’est parfois un corps sage; et c’est toujours un corps au pied du ministre des Affaires étrangères. ... Les bonnes ambassades sont celles qui ne font pas de bruit et dont l’activité se poursuit sans éclat. Comme les peuples heureux, elles seront sans histoire ... Comme les enfants, les diplomates ont intérêt à être vus, non entendus. Moins ils parleront et plus ils seront écoutés. »

Citation de Talleyrand trouvée dans les papiers d’Hugues Le Gallais

NAISSANCE

La diplomatie est un art. Hugues Le Gallais n’a pas été un artiste. Pourtant, dès le début, sa vie a été un artifice. Il en a fait un art, jouissant à chaque instant de tous les avantages d’être bien né dans un monde qui n’existe plus et faisant tout pour y être bien vu.

Hugues Le Gallais, aîné des quatre enfants de Norbert Le Gallais et de sa cousine issue de germains, Juliette Metz, est né le 15 mai 1896 à Dommeldange, dans les alentours de la capitale du Grand-Duché de Luxembourg. Lors de son baptême quatre jours plus tard, il a reçu les prénoms Gustavus Emilius Augustinus Hugo. Ses parents avaient choisi comme parrain Auguste Collart, qui était l’époux de sa tante maternelle, et comme marraine Léonie de Mathelin, épouse de l’industriel Gustave Metz, grand-mère maternelle du nouveau-né. Personne donc du côté paternel, ce qui ne peut guère donner lieu à des conclusions de brouille ou de préférence de la famille maternelle par rapport à celle du père. Cela laisse tout au plus planer le doute sur les relations des parents d’Hugues avec les familles respectives si étroitement liées. Peut-être ce choix du parrain dans la famille Metz et pas dans celle des Le Gallais reflète tout simplement la dominance de cette alliance prestigieuse des seigneurs de l’industrie luxembourgeoise, les Metz, avec la riche famille noble et propriétaire de plusieurs châteaux des Collart.

À l’état civil de Dommeldange est conservé l’acte de naissance d’Hugues avec les deux premiers noms inversés. Dans cet acte est précisé que la naissance est intervenue à 17 heures trente. Les témoins sont le médecin Auguste Faber et Paul Mayrisch1, maire d’Eich de 1911 à 1915, fils du médecin Jean Mathias Édouard Mayrisch et de Mathilde Metz (fille d’Adolphe Metz et nièce de Norbert Metz, un des arrière-grands-pères d’Hugues). Ce Paul Mayrisch était le frère du grand seigneur de la sidérurgie luxembourgeoise Émile Mayrisch que nous allons retrouver au cours de ce récit, avec son épouse Aline de Saint-Hubert2. La famille d’Hugues était étroitement liée et imbriquée dans la sidérurgie et l’industrie luxembourgeoises. Tout au long de sa vie, Hugues restera fidèle à ce milieu tout en plaçant par-dessus tout un certain patriotisme bien propre à lui et une fidélité sinon de la vénération inconditionnelle pour la souveraine et sa famille.

Moins de cinq mois plus tôt est née à Luxembourg la deuxième fille du couple grand-ducal héritier, celle qui allait devenir, 23 ans plus tard, la Grande-Duchesse Charlotte. Hugues Le Gallais allait être très attaché et fidèle à cette souveraine qui a régné pendant 45 ans. Elle va jouer un rôle majeur dans cette biographie, surtout au cours des années d’exil de 1940 à 1944/5.

Avant de passer en revue la vie quelque peu plus originale du père et des trois sœurs singulières d’Hugues, examinons son ascendance, ses grands-parents étant des bourgeois aristocratiques et, de surcroît, cousins germains. La vie de ces familles de notables luxembourgeois du tournant du siècle était marquée par une généalogie prestigieuse et un attachement aux valeurs conservatrices ne laissant pas beaucoup de place à l’originalité, même si un voire deux membres de la famille proche d’Hugues Le Gallais ont vécu des expériences hors normes. Sur les terres d’Amérique et de l’Inde, qu’Hugues va connaître bientôt dans le cadre de son parcours professionnel, son grand-père maternel et son oncle paternel l’ont précédé au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle.


1 Paul Mayrisch (1861-1915), fils de Jean Mathias Edouard Mayrisch et de Mathilde Metz et frère d’Emile Mayrisch.

2 Emile Mayrisch (1862-1928), époux d’Aline de Saint-Hubert (1874-1947).

ASCENDANCE QUASI ARISTOCRATIQUE

La lignée paternelle d’Hugues Le Gallais peut être retracée jusqu’à Francis Le Galles duquel le séparent dix générations. Le nom est aussi épelé Galles, Gallez avant de devenir, de manière définitive, Le Gallais au début du XVIIIe siècle. La prononciation laisse présager l’origine bretonne de la famille.

Les ancêtres de Le Gallais étaient seigneurs de Chasteau Crocq en Bretagne. À partir de 1607, un membre de la famille est signalé sur l’île de Jersey, située dans la Manche entre le Royaume-Uni et la France, comme seigneur de Rouge Bouillon. Plus tard, cette branche des Le Gallais vint s’établir à La Moye. Des titres de noblesse ayant été confirmés aux Le Gallais en 1669 et 1702, et compte tenu des armoiries des Amy, l’arrière-grand-mère d’Hugues étant issue de cette lignée, la famille est autorisée à porter les armes décrites en détail dans la Biographie nationale du pays de Luxembourg. Les Le Gallais avaient des armes et leur propre devise: « jamais chancelant »3. Comme nous allons le voir, Hugues Le Gallais, dont la détermination était au-delà de tout soupçon, allait se montrer à la hauteur de cette maxime familiale et rester toujours fidèle à lui-même et à ses ambitions.

Les familles paternelle et maternelle, même si elles sont parentes assez proches, sont examinées séparément. Les grands-parents paternels Le Gallais-Metz et les grands-parents maternels Metz-de Mathelin se connaissaient parfaitement étant donné qu’ils étaient cousins germains et faisaient partie de la même société bourgeoise liée à l’industrie et à la construction. Les résidences de ces familles étaient parmi les plus imposantes de la capitale. Les dernières demeures de ces familles reflètent également leur aisance sociale, même si, de nos jours, elles n’appartiennent plus à la famille ou ont disparu. La tombe de la famille Metz au cimetière Notre-Dame près du Glacis est imposante, reflétant la grandeur d’une des plus illustres familles de la sidérurgie luxembourgeoise. La mère d’Hugues y a été enterrée auprès des siens. Les grands-parents paternels sont inhumés dans une tombe séparée tout près de celle de la famille Metz. Le père d’Hugues, Norbert Le Gallais, et sa deuxième épouse ont trouvé leur dernier repos dans une sépulture à part, mais toujours dans le même cimetière.

3 Mersch, Jules : Biographie nationale du Pays de Luxembourg, depuis ses origines jusqu’à nos jours ; Imprimerie de la Cour Victor Buck, 1957.

GRANDS-PARENTS PATERNELS

Le grand-père paternel d’Hugues, Edmond, né le 9 septembre 1814 à La Moye St-Brelades/Jersey, est décédé le 20 juillet 1873 à Wildbad, ville thermale située dans le Land actuel de Bade-Wurtemberg en Allemagne. Il était le fils des époux Philippe Le Gallais et Marie Margaret Amy de Jersey qui ne sont jamais venus au Luxembourg. Cet arrière-grand-père d’Hugues était juge et avait eu neuf enfants.

Le grand-père paternel est arrivé au Grand-Duché vers 1856 de Jersey, la plus grande des îles anglo-normandes. Edmond Le Gallais allait s’intégrer rapidement à Luxembourg. Le pays se trouvait au début d’un essor duquel il allait tirer profit durant environ un siècle. Ingénieur-entrepreneur, il vint au Grand-Duché une dizaine d’années avant les changements importants intervenus dans le centre économique et politique du pays avec le démantèlement de la forteresse suite au traité de Londres de 1867. Le premier Le Gallais à s’établir au Grand-Duché y vint avec les frères Waring et l’ingénieur irlandais Thomas Byrne pour construire les lignes ferroviaires Guillaume-Luxembourg et les viaducs du chemin de fer du Nord. Il se fit admettre à la Loge vers 1866, avec son cousin par alliance Gustave Metz. La construction des viaducs achevée, il resta au pays et prit des intérêts dans différentes affaires.

Environ trois ans après s’être installé au pays et alors qu’il n’y avait aucune famille directe, Edmond devait s’allier à l’une des premières familles de la capitale. Il épousa à Luxembourg, le 2 mai 1859, Léonie Metz, née le 2 février 1836. Elle était la fille des époux Charles Metz (1799-1853) et Justine Vannérus (1808-1849), fille d’un notaire de Diekirch. Ce Charles Metz, un des arrière-grands-pères d’Hugues, était le frère de Norbert, ce dernier étant un des trois autres arrière-grands-pères. Norbert était en fait le grand-père de la mère d’Hugues, Juliette Metz. La grand-mère paternelle d’Hugues, appelée « Granny » par ses descendants, est décédée le 27 octobre 1909 dans la maison familiale au boulevard Royal à Luxembourg. De cette union sont nés cinq enfants, tous mariés avec descendance, à part le deuxième fils.

L’aîné des enfants était le père d’Hugues, Norbert Le Gallais, né le 17 avril 1860 à Septfontaines et décédé le 6 mars 1934 à Luxembourg. Puis venait Walter Le Gallais, né le 17 août 1861 à Luxembourg, décédé le 6 novembre 1900 près de Bothaville pendant la guerre du Transvaal. Il prit d’abord service dans l’armée des Indes et était lieutenant-colonel du 8e régiment des hussards lorsqu’il tomba pendant la guerre des Boers. Resté célibataire, ce très bon joueur de polo était un chef de cavalerie qui, après ses études en Angleterre et en Allemagne, avait rejoint la milice de Jersey avant de servir en Inde sous le chef militaire de l’Empire britannique Kitchener dans la campagne du Nil et de participer à la campagne sud-africaine. Ce général, qui s’est illustré durant la deuxième guerre des Boers avant de devenir un homme politique d’Afrique du Sud et l’un des fondateurs du Parti national, a décrit l’oncle paternel d’Hugues dans son livre « Trois Ans de Guerre » comme « sans aucun doute l’un des officiers anglais les plus braves que je n’ai jamais rencontrés ». Cet oncle, décédé au combat alors qu’Hugues avait six ans et demi, avait ‒ un peu comme lui et, comme nous allons le voir plus loin, le grand-père maternel d’Hugues – l’esprit aventurier et une vie loin des chemins tracés. De 1891 à 1895, il fut aide de camp du commandant en chef de Bombay, la ville où Hugues Le Gallais allait se rendre en 1926 pour Columeta en charge des exportations d’Arbed. L’épopée de Walter Le Gallais a été largement commentée, notamment dans les médias américains de l’époque.

Un troisième fils du couple Le Gallais-Metz était Marc Le Gallais, né le 30 septembre 1863 à Eich, décédé le 30 août 1906 à Broadsland au Jersey où il était retourné, un retour aux sources en quelque sorte, pour s’établir dans une propriété achetée par sa famille. À partir de 1901, il fut adjudant général de la milice à Jersey. Il a suivi la même carrière que son frère Walter. Il s’était marié en 1891 avec Joséphine dite Finky Schaefer (1863-1933), fille du banquier Ferdinand Schaefer-Nothomb. La famille Schaefer était l’une des plus aisées du pays, les filles du banquier étant appelées « les trois grâces » et ayant contracté des mariages prestigieux. Quatre enfants sont nés de cette union:

Léonie, dite Lily (1892-1959), épousa en 1914 son cousin Paul Simons (1877-1936), président de l’Administration des Biens de la Grande-Duchesse, fils du ministre d’Etat Mathias Simons. Elle avait été dame d’honneur de la Grande-Duchesse. Puis vint Edmond, né en 1893, pour qui le colonel Charles Schaefer fit des démarches auprès de son ami Kitchener pour le faire entrer à l’Ecole des cadets. Edmond Le Gallais était major du 1er bataillon Royal Sussex avant de mourir colonel en retraite. Il était suivi de Réginald, né en 1898, capitaine de la Royal Air Force, qui mourut en 1917 lors d’un accident d’avion. Et enfin de Simone, née en 1905, qui épousa en 1933, à Londres, Claude-Frederick-Forestier Walker, né en 1892, capitaine aux 3es hussards de la garde.

Le quatrième enfant des Le Gallais-Metz était une fille : Edmée dite Missy Le Gallais (1864-1917), qui épousa en 1896 son cousin germain Jules Schaefer à Kanzem en Rhénanie-Palatinat, où les Metz, puis les Le Gallais avaient un domaine viticole. Cet ingénieur (1862-1904) était le fils des époux C.-J.-A. Schaefer et Irma Metz. Ce couple habitait à Paris, mais aussi la villa Simons dans la montée de Gasperich. Schaefer était aussi le cousin germain de l’épouse de Marc Le Gallais. Dont postérité.

 

Enfin, il y avait Marguerite dite Daisy Le Gallais (1868-1950) qui avait épousé à Kanzem, en 1890, le colonel Ernest H. Burney (1860-1905), colonel du Royal Berkshire Regiment, commander of the Bath. Ils vivaient en Angleterre et avaient deux enfants.

Les grands-parents paternels d’Hugues vivaient dans le sillage de ces familles entreprenantes et aisées que furent les Tesch, les Mayrisch et les Barbanson. Les familles paternelle et maternelle d’Hugues se connaissaient au mieux, depuis toujours, comme on avait coutume de dire, et ceci bien avant le mariage de leurs enfants Norbert et Juliette en 1895. De cette union est donc issu Hugues, sur les fonts baptismaux duquel ont pu se retrouver réunis sa grand-mère paternelle Léonie Le Gallais-Metz et son cousin germain, le grand-père maternel Gustave Metz. Famille catholique donc, du moins en apparence. L’appartenance à la franc-maçonnerie des deux grands-pères d’Hugues laisse toutefois planer un certain mystère. Comme dans toutes les familles, à l’époque comme aujourd’hui, certains ont dû être plus pratiquants que d’autres.

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