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Plus fort que Sherlock Holmès

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UN CHIEN A L'ÉGLISE

Après le chant du cantique, le Révérend Sprague se retourna et lut une liste interminable « d'annonces », de réunions, d'assemblées, de conférences, selon le curieux usage qui se perpétue en Amérique, et qui subsiste même dans les grandes villes où les nouvelles sont données dans tous les journaux.

Cela fait, le ministre du Seigneur se mit à prier; il formula une invocation longue et généreuse qui embrassait l'Univers entier, appelant les bénédictions du ciel sur l'Église, les petits enfants, les autres églises de la localité, le village, le comté, l'État, les officiers ministériels de l'État, les États-Unis, les églises des États-Unis, le congrès, le président, les officiers du gouvernement, les pauvres marins ballottés par les flots, les millions d'opprimés qui souffrent de la tyrannie des monarques européens et du despotisme oriental; il pria pour ceux qui reçoivent la Lumière et la Bonne Parole, mais qui n'ont ni yeux ni oreilles pour voir et comprendre; pour les pauvres païens des îles perdues de l'océan, et il termina en demandant que sa prédication porte ses fruits et que ses paroles sèment le bon grain dans un sol fertile capable de donner une opulente moisson. Amen.

Il y eut alors un froufrou de robes, et l'assemblée, debout pour la prière, s'assit. Le jeune homme à qui nous devons ce récit ne s'associait nullement à ces exercices de piété; il se contentait de faire acte de présence… et prêtait une attention des plus médiocres à l'office qui se déroulait. Il était rebelle à la dévotion, et comme il ne suivait la prière que d'une oreille distraite, connaissant par le menu le programme du pasteur, il écoutait de l'autre les bruits étrangers à la cérémonie. Au milieu de la prière une mouche s'était posée sur le banc devant lui, il s'absorba dans la contemplation de ses mouvements; il la regarda se frotter les pattes de devant, se gratter la tête avec ces mêmes pattes, et la faire reluire comme un parquet ciré; elle se frottait ensuite les ailes et les astiquait comme si elles eussent été des pans d'habit; toute cette toilette se passait très simplement, et sans la moindre gêne; la mouche évidemment se sentait en parfaite sécurité. Et elle l'était en effet, car, bien que Tom mourût d'envie de la saisir, il n'osa pas, convaincu qu'il perdrait irrémédiablement son âme, s'il commettait une action pareille pendant la prière. Mais à peine l'« Amen » fut-il prononcé, Tom avança sa main lentement et s'empara de la mouche.

Sa tante, qui vit le mouvement, lui fit lâcher prise.

Le pasteur commença son prêche et s'étendit si longuement sur son sujet que peu à peu les têtes tombèrent; Dieu sait pourtant que la conférence était palpitante d'intérêt, car il promettait la récompense finale à un nombre d'élus si restreint qu'il devenait presque inutile de chercher à atteindre le but.

Tom compta les pages du sermon; en sortant de l'église il ne se doutait même pas du sujet du prêche, mais il en connaissait minutieusement le nombre des feuillets. Cependant cette fois-ci il prit plus d'intérêt au discours. Le ministre esquissa un tableau assez pathétique de la fin du monde, à ce moment suprême où le lion et l'agneau couchés côte à côte se laisseront guider par un enfant. Mais la leçon, la conclusion morale à tirer de cette description grandiose ne frappèrent pas le jeune auditeur; il ne comprit pas le symbole de cette image, et se confina dans un réalisme terre à terre; sa physionomie s'illumina et il rêva d'être cet enfant, pour jouer avec ce lion apprivoisé.

Mais lorsque les conclusions arides furent tirées, son ennui reprit de plus belle. Tout d'un coup, une idée lumineuse lui traversa l'esprit; il se rappela qu'il possédait dans sa poche une boîte qui renfermait un trésor: un énorme scarabée noir à la mâchoire armée de pinces puissantes. Dès qu'il ouvrit la boîte, le scarabée lui pinça vigoureusement le doigt; l'enfant répondit par une chiquenaude vigoureuse; le scarabée se sauva et tomba sur le dos, pendant que l'enfant suçait son doigt. Le scarabée restait là, se débattant sans succès sur le dos. Tom le couvait des yeux, mais il était hors de son atteinte. D'autres fidèles, peu absorbés par le sermon, trouvèrent un dérivatif dans ce léger incident et s'intéressèrent au scarabée. Sur ces entrefaites, un caniche entra lentement, l'air triste et fatigué de sa longue réclusion; il guettait une occasion de se distraire; elle se présenta à lui sous la forme du scarabée; il le fixa du regard en remuant la queue. Il se rapprocha de lui en le couvant des yeux comme un tigre qui convoite sa proie, le flaira à distance, se promena autour de lui, et s'enhardissant, il le flaira de plus près; puis, relevant ses babines épaisses, il fit un mouvement pour le happer, mais il le manqua. Le jeu lui plaisait évidemment, car il recommença plusieurs fois, plus doucement; petit à petit il approcha sa tête, et toucha l'ennemi avec son museau, mais le scarabée le pinça; un cri aigu de douleur retentit dans l'église pendant que le scarabée allait s'abattre un peu plus loin, toujours sur le dos, les pattes en l'air. Les fidèles qui observaient le jeu du chien se mirent à rire, en se cachant derrière leurs éventails ou leurs mouchoirs; Tom exultait de bonheur. Le caniche avait l'air bête et devait se sentir idiot, mais il gardait surtout au cœur un sentiment de vengeance. Se rapprochant du scarabée, il recommença la lutte, cabriolant de tous les côtés, le poursuivant, cherchant à le prendre avec ses pattes ou entre ses dents; mais ne parvenant pas à son but, il se lassa, s'amusa un instant d'une mouche, d'une demoiselle, puis d'une fourmi, et abandonna la partie, découragé de n'arriver à rien. Enfin, d'humeur moins belliqueuse, il se coucha… sur le scarabée. On entendit un cri perçant, et on vit le caniche courir comme un fou dans toute l'église, de la porte à l'autel, de l'autel vers les bas-côtés; plus il courait, plus il hurlait. Enfin, fou de douleur il vint se réfugier sur les genoux de son maître, qui l'expulsa honteusement par la porte; sa voix se perdit bientôt dans le lointain.

Pendant ce temps, l'assistance étouffait ses rires et le pasteur s'interrompit au milieu de son discours. Il le reprit ensuite tant bien que mal en cherchant ses mots, mais dut renoncer à produire le moindre effet sur l'auditoire; le recueillement des fidèles s'était évanoui, les plus graves conseils du pasteur étaient reçus par eux avec une légèreté mal dissimulée et très peu édifiante.

Lorsque la cérémonie fut terminée, et la bénédiction donnée, chacun se sentit heureux et soulagé.

Tom Sawyer rentra chez lui très satisfait, pensant qu'après tout le service divin avait du bon, lorsque de légères distractions venaient l'agrémenter. Une seule chose le contrariait: il admettait bien que le chien se fût amusé avec son scarabée, mais il avait vraiment abusé de la permission en le faisant s'envoler par la fenêtre.

UNE VICTIME DE L'HOSPITALITÉ

– Monsieur, dis-je, ne m'en voulez pas si je vous ai amené dans ma maison aussi glaciale et aussi triste !

Il faut vous dire tout d'abord que j'ai été assez fou pour amener chez moi un ami, et qui plus est, un malade. Assis en chemin de fer en face de ce monsieur, j'eus l'idée diaboliquement égoïste de lui faire partager avec moi le froid de cette nuit brumeuse.

J'allai à lui et lui tapai sur l'épaule: « Ah! » s'écria-t-il étonné.

– Venez, lui dis-je, sur un ton engageant et parfaitement hypocrite, et que ma maison soit la vôtre. Il n'y a personne en ce moment, nous y passerons d'agréables moments. Venez donc avec moi.

Aguiché par mon amabilité, cet homme accepta. Mais lorsque nous eûmes causé quelques instants dans la bibliothèque, nous sentîmes le froid.

– Allons, dis-je, faisons un beau feu clair et prenons du thé bien chaud; cela nous mettra de bonne humeur. Permettez-moi de vous laisser seul pour tout préparer, et distrayez-vous en mon absence. Il faut que j'aille jusque chez Palmer pour lui demander de m'aider. Tout ira très bien.

– Parfait, me répondit mon hôte.

Palmer est mon bras droit. Il habite à quelques centaines de mètres de ma maison, une vieille ferme qui servait de taverne pendant la Révolution. Cette ferme s'est beaucoup délabrée depuis un siècle; les murs, les planchers ont perdu la notion de la ligne droite et l'allée qui mène à la maison a presque complètement disparu; aussi le bâtiment paraît-il tout de travers; quant aux cheminées, elles semblent fortement endommagées par le vent et la pluie. Pourtant c'est une de ces vieilles maisons d'apparence solide qui avec tant soit peu de réparations braveraient les intempéries pendant encore cent ans et même plus. Devant la ferme s'étend une grande pelouse, et on aperçoit dans la cour un puits ancien qui a désaltéré des générations de gens et de bêtes. L'eau en est délicieusement pure et limpide. Lorsque sévirent les chaleurs de l'été dernier, j'y puisai bien souvent de l'eau, me rencontrant avec les mendiants qui venaient se désaltérer d'une gorgée d'eau claire avant de continuer leur route. Certes, vos vins capiteux peuvent faire briller de convoitise les yeux des convives qui se réunissent autour de tables somptueusement servies; il n'en reste pas moins vrai que l'eau pure et cristalline constitue une boisson exquise pour les pauvres déshérités de l'existence.

En arrivant à la ferme, je m'aperçus qu'il n'y avait pour tout éclairage qu'une triste bougie à la porte, et je frappai discrètement. On ouvrit aussitôt.

– Palmer est-il là? demandai-je.

– Non, John est absent; il ne reviendra qu'après dimanche.

Hélas! hélas! il ne me restait qu'à m'en retourner; reprenant à tâtons la route que je distinguais à peine dans le brouillard au milieu des pêchers, je rentrai dans ma lugubre maison.

Mon hôte malade paraissait très affecté.

– Allons! lui dis-je en lui tapant doucement sur l'épaule, – le secouer plus vigoureusement eût été très déplacé dans le cas présent, – il faut nous débrouiller nous-mêmes; je n'ai trouvé personne à la ferme.

 

Allons! reprenons courage et ayons un peu d'entrain. Remontons-nous le moral, et allumons le feu; mon voisin est absent, mais nous saurons bien nous passer de lui.

J'allumai donc ma lampe astrale, ma lampe à globe, veux-je dire, dont le piètre fonctionnement est une honte pour l'inventeur. Il faut lever la mèche très haut pour qu'elle donne un peu de lumière, et au bout d'un moment elle fume si bien que la pièce est pleine d'une suie épaisse qui vous prend à la gorge. Au diable cette vilaine invention! Comme j'aimerais l'envoyer au diable !

Je me rappelai que je trouverais des fagots sous le hangar; j'en rapportai donc et les mis dans le fourneau de la cuisine que j'allumai; ensuite je pris la bouilloire, j'allai au puits la remplir, la mis sur le fourneau et j'attendis. Lorsque l'eau fut bien bouillante, je pris la boîte à thé, et coupai dans un gros pain carré des tranches que je fis griller. Au bout de trois quarts d'heure qui me parurent un siècle, je retournai vers mon ami. « Le thé est prêt », lui dis-je. Nous nous transportâmes silencieusement à la cuisine. Je récitai le benedicite; la lampe fumait, le feu flambait difficilement, le thé était froid; mon ami tremblait de froid (on me raconta plus tard qu'il avait médit de mon hospitalité. Ingrat personnage !) Après le thé, la principale chose à faire était de nous réchauffer pour ne pas nous laisser mourir. Au fond, mon ami se montra assez vaillant, et lorsqu'il s'agit de bourrer le poêle plusieurs fois, il me proposa son aide. Il essayait de paraître gai, mais sa physionomie restait triste. Pour ma part je riais intérieurement comme un homme qui vient de faire une bonne affaire en achetant un cheval. Et dire que les gens viennent chez vous pour trouver de l'agrément! Lorsqu'ils sont sous votre toit, vous leur devez le confort sous toutes ses formes. Ils s'attendent à être fêtés, soignés, cajolés et bordés dans leur lit le soir. Le temps qu'ils passent chez les autres représente pour eux un doux « farniente ». Avec quelle satisfaction ils s'effondrent dans un fauteuil, et regardent vos tableaux et vos albums. Comme ils aiment à se promener en baguenaudant, humant avec délices la brise parfumée! Que la peste les étouffe! Comme ils attendent le dîner avec un appétit aiguisé. Le dîner! Quelquefois le menu en est bien difficile à composer, et pendant que les invités sont dans un état de béatitude céleste, le maître de maison se creuse la tête dans une perplexité douloureuse! Oh! quelle délicieuse vengeance lorsqu'on peut troubler un peu leur quiétude, et qu'on les voit essayer de dissimuler leur mécontentement le jour où l'hospitalité qu'ils reçoivent chez vous ne répond pas à leur attente. « Mauvaise maison, pensent-ils; on ne me reprendra pas dans une galère pareille; j'irai ailleurs à l'avenir, là où je serai mieux traité! »

Lorsque je vois cela, je me paye la tête de mes invités et m'amuse follement de leur déconfiture. C'est tout naturel, et je trouve très logique qu'ils partagent mes ennuis de maître de maison. Avec notre nature il nous faut des signes visibles et extérieurs de bonté; l'accueil du cœur ne nous suffit pas. Si vous offrez à un ami un bon dîner ou un verre de vin, s'il a chaud et est bien éclairé chez vous, il reviendra; sans cela vous ne le reverrez plus; la nature humaine est ainsi faite; moi, du moins, je me juge ainsi. Mais ici j'établis une distinction. Si votre ami fait des avantages matériels qu'il peut trouver chez vous plus de cas que des charmes intellectuels, s'il dédaigne votre amitié parce qu'il ne trouve pas chez vous tout le luxe et le confort qu'il aime, alors, ne l'honorez pas du nom d'« Ami! »

– Allons nous coucher, proposai-je.

– Parfait, répondit mon invité.

– Pas si vite, mon cher, répliquai-je; les lits ne sont pas faits; il n'y a pas de femme de chambre dans la maison. Mais qu'est-ce que cela fait? Cela n'a aucune importance. Je vais m'absenter un instant pendant que vous entretiendrez le feu.

Je monte dans la chambre d'ami; je n'y trouve rien. Au bout d'une demi-heure, je découvre des oreillers, des draps et des couvertures. Je redescends et je tape joyeusement sur l'épaule de mon ami toujours transi de froid, et je lui dis aimablement: « Venez dans le nid qui vous attend. Vous y dormirez comme un bienheureux et demain vous vous sentirez mieux. »

Je le déshabille, le couche, et en le voyant la tête sur l'oreiller, je lui souhaite: « Bonsoir, bons rêves. »

– Bonsoir, me répond-il avec un faible sourire.

Après avoir regardé le temps par la fenêtre, je gagnai mon lit, qui était fait à la diable. Oh! l'horrible lune, froide et lugubre! Phœbé, Diane ou Lune, je te supplie par le nom que tu voudras de ne pas pénétrer dans ma chambre et de ne pas inonder mes yeux de ton pâle sourire! Au diable ta figure blafarde qui trouble le sommeil et les doux rêves !

Le lendemain matin, j'allai chez mon ami et le traitant comme un prince ou un personnage de marque, je lui demandai avec force détails des nouvelles de sa nuit. Comme c'est un homme intègre, incapable d'altérer la vérité, il m'avoua qu'il avait eu un peu froid. Insupportable personnage! Je lui avais pourtant donné toutes les couvertures de la maison !

Nous tombions juste sur un dimanche; or, mon ami qui est un fin rimeur a beaucoup chanté les charmes et la poésie du dimanche à la campagne; comme le feu n'était pas encore allumé, je le pris par le bras, et lui proposai une promenade sur le gazon; mais le gazon était couvert de rosée, et il rentra transi pour se réchauffer près du poêle éteint. L'heure du déjeuner approchait, mais je n'avais pas encore solutionné cette question embarrassante. Tout d'un coup, me frappant le front comme si une étincelle en eût jailli, je me précipitai hors de la cuisine, en traversant le jardin au galop, et je frappai à la porte de la ferme.

L'excellente fermière était heureusement visible.

– Madame, lui dis-je, je suis dans un grand embarras. J'ai un ami chez moi, et ne dispose de personne pour nous faire la cuisine; je n'ai pas la moindre provision; pouvez-vous me rendre le service de nous préparer le déjeuner, le dîner et le thé pour la journée ?

Très obligeamment elle y consentit, et au bout d'une demi-heure, je conduisis triomphalement mon poète dans cette vieille maison; la nappe blanche était mise, une chaleur exquise régnait dans la pièce; du coup, mon ami retrouva toute sa gaieté.

Nous allâmes à l'église, et au retour, son sang, fouetté par la marche, lui avait rendu sa bonne humeur; lorsqu'il s'assit dans le fauteuil à bascule pour attendre le poulet rôti, il me donna l'illusion du « Bien-être en personne ».

J'étais presque furieux de lui avoir procuré un tel confort !

LES DROITS DE LA FEMME PAR ARTHEMUS WARD

L'année dernière, j'avais planté ma tente dans une petite ville d'Indiana. Je me tenais sur le seuil de la porte pour recevoir les visiteurs, lorsque je vis arriver une députation de femmes; elles me déclarèrent qu'elles faisaient partie de l'Association féministe et réformiste des droits de la femme de Bunkumville, et me demandèrent l'autorisation d'entrer dans ma tente sans payer.

– Je ne saurais vous accorder cette faveur, répondis-je; mais vous pouvez payer sans entrer.

– Savez-vous qui nous sommes? cria l'une de ces femmes, créature immense, à l'air rébarbatif, qui portait une ombrelle de cotonnade bleue sous le bras; savez-vous bien qui nous sommes, monsieur ?

– Autant que j'en puis juger à première vue, répondis-je, il me semble que vous êtes des femmes.

– Sans doute, monsieur, reprit la même femme sur un ton non moins revêche; mais nous appartenons à la société protectrice des droits de la femme; cette société croit que la femme a des droits sacrés, et qu'elle doit chercher à élever sa condition.

– Douée d'une intelligence égale à celle de l'homme, la femme vit perpétuellement méprisée et humiliée; il faut remédier à cette situation, et notre société a précisément pour but de lutter avec une énergie constante contre les agissements des hommes orgueilleux et autoritaires.

Pendant qu'elle me tenait ce discours, cette créature excentrique me saisit par le col de mon pardessus et agita violemment son ombrelle au-dessus de ma tête.

– Je suis loin de mettre en doute, madame, lui dis-je en me reculant, l'honorabilité de vos intentions; cependant je dois vous faire observer que je suis le seul homme ici, sur cette place publique; ma femme (car j'en ai une) est en ce moment chez elle, dans mon pays.

– Oui, vociféra-t-elle, et votre femme est une esclave! Ne rêve-t-elle jamais de liberté? Ne pensera-t-elle donc jamais à secouer le joug de la tyrannie? à agir librement, à voter…? Comment se fait-il que cette idée ne lui vienne pas à l'esprit ?

– C'est tout bonnement, répondis-je un peu agacé, parce que ma femme est une personne intelligente et pleine de bon sens.

– Comment? comment? hurla mon interlocutrice, en brandissant toujours son ombrelle; à quel prix, d'après vous, une femme doit-elle acheter sa liberté ?

– Je ne m'en doute pas, répondis-je; tout ce que je sais, c'est que pour entrer sous ma tente, il faut payer quinze cents par personne.

– Mais les membres de notre association ne peuvent-ils pas entrer sans payer? demanda-t-elle.

– Non, certes. Pas que je sache.

– Brute, brute que vous êtes! hurla-t-elle en éclatant en sanglots.

– Ne me laisserez-vous pas pénétrer? demanda une autre de ces excentriques en me prenant la main doucement et avec câlinerie: « Oh! laissez-moi entrer! Mon amie, voyez-vous, n'est qu'une enfant terrible. »

– Qu'elle soit ce qu'elle voudra, répondis-je, furieux de voir se prolonger cette facétie, je m'en fiche! Là-dessus elles reculèrent toutes et me traitèrent d'« animal » toutes en chœur.

– Mes amies, dis-je, avant votre départ, je voudrais vous dire quelques mots bien sentis: écoutez-moi bien: La femme est une des plus belles institutions de ce bas monde; nous pouvons nous en glorifier. Nul ne peut se passer de la femme. S'il n'y avait pas de femmes sur terre, je ne serais pas ici à l'heure actuelle. La femme est précieuse dans la maladie; précieuse dans l'adversité comme dans le bonheur! O femme! m'écriai-je sous l'effluve d'un souffle poétique, tu es un ange quand tu ne cherches pas à sortir de tes attributions; mais quand tu prétends intervertir les rôles et porter la culotte (ceci soit dit au figuré); lorsque tu désertes le foyer conjugal et que, la tête farcie des théories féministes, tu t'élances comme une lionne en courroux, en quête d'une proie à dévorer; lorsque, dis-je, tu veux te substituer à l'homme, tu deviens un être infernal et néfaste !

– Mes amies! continuai-je en les voyant partir indignées, n'oubliez pas ce que Arthémus Ward vous dit !

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