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Plus fort que Sherlock Holmès

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III

Les meubles de la salle à manger de la taverne avaient été enlevés, à l'exception d'une longue table de sapin et d'une chaise. On avait repoussé la table dans un coin et posé la chaise par-dessus.

Sherlock Holmès était assis sur cette chaise, l'air grave, imposant et presque impressionnant. Le public se tenait debout et remplissait la salle. La fumée du tabac obscurcissait l'air et l'assistance observait un silence religieux.

Sherlock Holmès leva la main pour concentrer sur lui l'attention du public et il la garda en l'air un moment; puis, en termes brefs, saccadés, il posa une série de questions, soulignant les réponses de « Hums » significatifs et de hochements de tête; son interrogatoire fut très minutieux et porta sur tout ce qui concernait Flint Buckner: son caractère, sa conduite, ses habitudes et l'opinion que les gens avaient de lui. Il comprit bien vite que son propre neveu était le seul dans le camp qui eût pu vouer à Flint Buckner une haine mortelle. M. Holmès accueillit ces témoignages avec un sourire de pitié et demanda sur un ton indifférent :

– Y a-t-il quelqu'un parmi vous, messieurs, qui puisse dire où se trouvait votre camarade Fetlock Jones au moment de l'explosion ?

Tous répondirent en chœur: « Ici même. »

– Depuis combien de temps y était-il? demanda M. Holmès.

– Depuis une heure environ.

– Bon! une heure à peu près? Quelle distance sépare cet endroit du théâtre de l'explosion ?

– Une bonne lieue.

– Ceci est un alibi, il est vrai, mais médiocre.

Un immense éclat de rire accueillit cette réflexion. Tous se mirent à crier: ma parole, voilà qui est raide! vous devez regretter maintenant, Sandy, ce que vous venez de dire ?

Le témoin confus baissa la tête en rougissant et parut consterné du résultat de sa déposition.

– La connexion quelque peu douteuse entre le nommé Jones et cette affaire (rires) ayant été examinée, reprit Holmès, appelons maintenant les témoins oculaires de la tragédie et interrogeons-les.

Il exhiba ses fragments révélateurs et les rangea sur une feuille de carton étalée sur ses genoux. Toute la salle retenait sa respiration et écoutait.

– Nous possédons la longitude et la latitude avec la correction des variations magnétiques et nous connaissons ainsi le lieu exact du drame. Nous avons l'altitude, la température et l'état hygrométrique du lieu; ces renseignements sont pour nous des plus précieux, puisqu'ils nous permettent d'estimer avec précision le degré de l'influence que ces conditions spéciales ont pu exercer sur l'humeur et la disposition d'esprit de l'assassin à cette heure de la nuit. (Brouhaha d'admiration, réflexions chuchotées. Par saint Georges, quelle profondeur d'esprit !)

Holmès saisit entre ses doigts les pièces à conviction.

– Et maintenant, demandons à ces témoins muets de nous dire ce qu'ils savent :

Voici un sac de toile vide. Que nous révèle-t-il? Que le mobile du crime a été le vol et non la vengeance. Qu'indique-t-il encore? Que l'assassin était d'une intelligence médiocre ou, si vous préférez, d'un esprit léger et peu réfléchi? Comment le savons-nous? Parce qu'une personne vraiment intelligente ne se serait pas amusée à voler Buckner, un homme qui n'avait jamais beaucoup d'argent sur lui. Mais l'assassin aurait pu être un étranger? Laissez encore parler le sac. J'en retire cet objet: c'est un morceau de quartz argentifère. C'est singulier. Examinez-le, je vous prie, chacun à tour de rôle.

Maintenant rendez-le-moi, s'il vous plaît.

Il n'existe dans ce district qu'un seul filon qui produise du quartz exactement de cette espèce et de cette couleur. Ce filon rayonne sur une longueur d'environ deux milles et il est destiné, d'après ma conviction, à conférer à cet endroit dans un temps très rapproché une célébrité qui fera le tour du monde; les deux cents propriétaires qui se partagent son exploitation acquerront des richesses qui surpassent tous les rêves de l'avarice. Désignez-moi ce filon par son nom, je vous prie.

« La Science chrétienne consolidée et Mary-Ann! » lui répondit-on sans hésiter.

Une salve frénétique de hurrahs retentit aussitôt, chaque homme prit le fragment des mains de son voisin et le serra avec des larmes d'attendrissement dans les yeux; Well-Fargo et Ferguson s'écrièrent :

– Le « Flush » est sur le filon et la cote monte à cent cinquante dollars le pied. Vous m'entendez !

Lorsque le calme fut revenu, Holmès reprit :

– Nous constatons donc que trois faits sont nettement établis, savoir: que l'assassin était d'un esprit léger, qu'il n'était pas étranger; que son mobile était le vol et non la vengeance. Continuons. Je tiens dans ma main un petit fragment de mèche qui conserve encore l'odeur récente du feu. Que prouve-t-il? Si je rapproche ce fragment de mèche de l'évidence du quartz, j'en conclus que l'assassin est un mineur. Je dis plus, Messieurs, j'affirme que l'assassinat a été commis en recourant à l'explosion. Je crois pouvoir avancer que l'engin explosif a été posé sur le côté de la hutte qui borde la route à peu près au milieu, car je l'ai trouvé à six pieds de ce point.

Je tiens dans mes doigts une allumette suédoise, de l'espèce de celles qu'on frotte sur les boîtes de sûreté. Je l'ai trouvée sur la route, à six cent vingt-deux pieds de la case détruite; que prouve-t-elle? Que la mèche a été allumée à ce même endroit. J'ajoute que l'assassin était gaucher. Vous allez me demander à quel signe je le vois. Il me serait impossible de vous l'expliquer, Messieurs, car ces indices sont si subtils, que seules une longue expérience et une étude approfondie peuvent rendre capable de les percevoir. Mais, les preuves restent là; elles sont encore renforcées par un fait que vous avez dû remarquer souvent dans les grands récits policiers, c'est que tous les assassins sont gauchers.

– Ma parole, c'est vrai, dit Ham Sandwich en se frappant bruyamment la cuisse de sa lourde main; du diable si j'y avais pensé avant.

– Ni moi non plus, crièrent les autres; rien ne peut décidément échapper à cet œil d'aigle.

– Messieurs, malgré la distance qui séparait l'assassin de sa victime, le premier n'est pas demeuré entièrement sain et sauf. Ce débris de bois que je vous présente maintenant a atteint l'assassin en l'égratignant jusqu'au sang. Il porte certainement sur son corps la marque révélatrice de l'éclat qu'il a reçu. Je l'ai ramassé à l'endroit où il devait se tenir lorsqu'il alluma la mèche fatale.

Il regarda l'auditoire du haut de son siège élevé, et son attitude s'assombrit immédiatement: levant lentement la main, il désigna du doigt un assistant en disant :

– Voici l'assassin !

A cette révélation, l'assistance fut frappée de stupeur puis vingt voix s'élevèrent criant à la fois :

– Sammy Hillyer? Ah! diable, non! Lui? C'est de la pure folie !

– Faites attention, Messieurs, ne vous emportez pas! regardez: il porte au front la marque du sang !

Hillyer devint blême de peur. Prêt à éclater en sanglots, il se tourna vers l'assistance en cherchant sur chaque visage de l'aide et de la sympathie; il tendit ses mains suppliantes vers Holmès, et implora sa pitié disant :

– De grâce, non, de grâce! ce n'est pas moi, je vous en donne ma parole d'honneur. Cette blessure que j'ai au front vient de…

– Arrêtez-le, agent de police, cria Holmès. Je vous en donne l'ordre formel.

L'agent s'avança à contre-cœur, hésita, et s'arrêta.

Hillyer jeta un nouvel appel.

– Oh! Archy, ne les laissez pas faire; ma mère en mourrait! Vous savez d'où vient cette blessure. Dites-le-leur et sauvez-moi. Archy, sauvez-moi !

Stillmann perça la foule et dit :

– Oui, je vous sauverai. N'ayez pas peur.

Puis s'adressant à l'assemblée :

– N'attachez aucune importance à cette cicatrice, qui n'a rien à voir avec l'affaire qui nous occupe.

– Dieu vous bénisse, Archy, mon cher ami !

– Hurrah pour Archy, camarades! cria l'assemblée.

Tous mouraient d'envie de voir innocenter leur compatriote Sammy; ce loyal sentiment était d'ailleurs très excusable dans leur cœur.

Le jeune Stillmann attendit que le calme se fût rétabli, puis il reprit :

– Je prierai Tom Jeffries de se tenir à cette porte et l'agent Harris de rester à l'autre en face, ils ne laisseront sortir personne.

Aussitôt dit, aussitôt fait.

– Le criminel est parmi nous, j'en suis persuadé. Je vous le prouverai avant longtemps, si, comme je le crois, mes conjectures sont exactes. Maintenant, laissez-moi vous retracer le drame du commencement jusqu'à la fin :

Le mobile n'était pas le vol, mais la vengeance, le meurtrier n'était pas un esprit léger. Il ne se tenait pas éloigné de six cent vingt-deux pieds. Il n'a pas été atteint par un éclat de bois. Il n'a pas posé l'explosif contre la case. Il n'a pas apporté un sac avec lui. J'affirme même qu'il n'est pas gaucher. A part cela, le rapport de notre hôte distingué sur cette affaire est parfaitement exact.

Un rire de satisfaction courut dans l'assemblée; chacun se faisait signe de la tête et semblait dire à son voisin: « Voilà le fin mot de l'histoire: Archy Stillmann est un brave garçon, un bon camarade! Il n'a pas baissé pavillon devant Sherlock Holmès. » La sérénité de ce dernier ne paraissait nullement troublée. Stillmann continua :

– Moi aussi, j'ai des témoins oculaires et je vous dirai tout à l'heure où vous pouvez en trouver d'autres.

Il exhiba un morceau de gros fil de fer. La foule tendit le cou pour voir.

– Il est recouvert d'une couche de suif fondu. Et voici une bougie qui est brûlée jusqu'à moitié. L'autre moitié porte des traces d'incision sur une longueur de trois centimètres. Dans un instant, je vous dirai où j'ai trouvé ces objets. Pour le moment, je laisserai de côté les raisonnements, les arguments, les conjectures plus ou moins enchevêtrées, en un mot toute la mise en scène qui constitue le bagage du « détective », et je vous dirai, dans des termes très simples et sans détours, comment ce lamentable événement est arrivé.

 

Il s'arrêta un moment pour juger de l'effet produit et pour permettre à l'assistance de concentrer sur lui toute son attention.

– L'assassin, reprit-il, a eu beaucoup de peine à arrêter son plan, qui était d'ailleurs bien compris et très ingénieux; il dénote une intelligence véritable et pas du tout un esprit faible. C'est un plan parfaitement combiné pour écarter tout soupçon de son auteur. Il a commencé par marquer des points de repère sur une bougie de trois en trois centimètres, il l'a allumée en notant le temps qu'elle mettait à brûler. Il trouva ainsi qu'il fallait trois heures pour en brûler douze centimètres. Je l'ai moi-même expérimenté là-haut pendant une demi-heure, il y a un moment de cela, pendant que M. Holmès procédait à l'enquête sur le caractère et les habitudes de Flint Buckner. J'ai donc pu relever le temps qu'il faut à une bougie pour se consumer lorsqu'elle est protégée du vent. Après son expérience, l'assassin a éteint la bougie, je crois vous l'avoir déjà dit, et il en a préparé une autre.

Il fixa cette dernière dans un bougeoir de fer-blanc. Puis, à la division correspondante à la cinquième heure, il perça un trou avec un fil de fer rougi. Je vous ai déjà montré ce fil de fer recouvert d'une mince couche de suif; ce suif provient de la fusion de la bougie.

Avec peine, grande peine même, il grimpa à travers les ajoncs qui couvrent le talus escarpé situé derrière la maison de Flint Buckner; il traînait derrière lui un baril vide qui avait contenu de la farine. Il le cacha à cet endroit parfaitement sûr et plaça le bougeoir à l'intérieur. Puis il mesura environ trente-cinq pieds de mèche, représentant la distance du baril à la case. Il pratiqua un trou sur le côté du baril, et voici même la grosse vrille dont il s'est servi pour cela. Il termina sa préparation macabre, et quand tout fut achevé, un bout de la mèche aboutissait à la case de Buckner, l'autre extrémité, qui portait une cavité destinée à recevoir de la poudre, était placée dans le trou de la bougie; la position de ce trou était calculée de manière à faire sauter la hutte à une heure du matin, en admettant que cette bougie ait été allumée vers huit heures hier soir et qu'un explosif relié à cette extrémité de la mèche ait été déposé dans la case. Bien que je ne puisse le prouver, je parie que ce dispositif a été adopté à la lettre.

Camarades, le baril est là dans les ajoncs, le reste de la bougie a été retrouvé dans le bougeoir de fer-blanc; la mèche brûlée, nous l'avons reconnue dans le trou percé à la vrille; l'autre bout est à l'extrémité de la côte, à l'emplacement de la case détruite. J'ai retrouvé tous ces objets, il y a une heure à peine pendant que maître Sherlock Holmès se livrait à des calculs plus ou moins fantaisistes et collectionnait des reliques qui n'avaient rien à voir avec l'affaire.

Il s'arrêta. L'auditoire en profita pour reprendre haleine, et détendre ses nerfs fatigués par une attention soutenue.

– Du diable, dit Ham Sandwich, en éclatant de rire, voilà pourquoi il s'est promené seul de son côté dans les ajoncs, au lieu de relever des points et des températures avec le professeur. Voyez-vous, camarades, Archy n'est pas un imbécile.

– Ah! non, certes…

Mais Stillmann continua :

– Pendant que nous étions là-bas, il y a une heure ou deux, le propriétaire de la vrille et de la bougie d'essai les enleva de l'endroit où il les avait d'abord placées, la première cachette n'étant pas bonne; il les déposa à un autre endroit qui lui paraissait meilleur, à deux cents mètres dans le bois de pins, et les cacha en les recouvrant d'aiguilles. C'est là que je les ai trouvées. La vrille est juste de la mesure du trou du baril. Quant à la…

Holmès l'interrompit, disant avec une certaine ironie :

– Nous venons d'entendre un très joli conte de fées, messieurs, certes très joli, seulement je voudrais poser une ou deux questions à ce jeune homme.

L'assistance parut impressionnée.

Ferguson marmotta :

– J'ai peur qu'Archy ne trouve son maître cette fois.

Les autres ne riaient plus, et paraissaient anxieux. Holmès prit donc la parole à son tour :

– Pénétrons dans ce conte de fées d'un pas sûr et méthodique, par progression géométrique, si je puis m'exprimer ainsi; enchaînons les détails et montons à l'assaut de cette citadelle d'erreur (pauvre joujou de clinquant) en soutenant une allure ferme, vive et résolue. Nous ne rencontrons devant nous que l'élucubration fantasque d'une imagination à peine éclose. Pour commencer, jeune homme, je désire ne vous poser que trois questions.

Si j'ai bien compris, d'après vous, cette bougie aurait été allumée hier soir vers huit heures ?

– Oui, monsieur, vers huit heures !

– Pouvez-vous dire huit heures précises ?

– Ça non! je ne saurais être aussi affirmatif.

– Hum! Donc, si une personne avait passé par là juste à huit heures, elle aurait infailliblement rencontré l'assassin. C'est votre avis ?

– Oui, je le suppose.

– Merci, c'est tout. Pour le moment cela me suffit; oui, c'est tout ce que je vous demande pour le quart d'heure.

– Diantre! il tape ferme sur Archy, remarqua Ferguson.

– C'est vrai, dit Ham Sandwich. Cette discussion ne me promet rien qui vaille.

Stillmann reprit, en regardant Holmès :

– J'étais moi-même par là à huit heures et demie, ou plutôt vers neuf heures.

– Vraiment? Ceci est intéressant, très intéressant. Peut-être avez-vous rencontré vous-même l'assassin ?

– Non, je n'ai rencontré personne.

– Ah! alors, pardonnez-moi cette remarque, je ne vois pas bien la valeur de votre renseignement.

– Il n'en a aucune à présent. Je dis, notez-le bien, pour le moment.

Stillmann continua :

– Je n'ai pas rencontré l'assassin, mais je suis sur ses traces, j'en réponds; je le crois même dans cette pièce. Je vous prierai tous de passer individuellement devant moi, ici, à la lumière pour que je puisse voir vos pieds.

Un murmure d'agitation parcourut la salle et le défilé commença.

Sherlock regardait avec la volonté bien arrêtée de conserver son sérieux. Stillmann se baissa, couvrit son front avec sa main et examina attentivement chaque paire de pieds qui passaient. Cinquante hommes défilèrent lentement sans résultat. Soixante, soixante-dix. La cérémonie commençait à devenir ridicule et Holmès remarqua avec une douce ironie :

– Les assassins se font rares, ce soir.

La salle comprit le piquant et éclata d'un bon rire franc. Dix ou douze autres candidats passèrent ou plutôt défilèrent en dansant des entrechats comiques qui excitèrent l'hilarité des spectateurs.

Soudain, Stillmann allongea le bras et cria :

– Voici l'assassin !

– Fetlock Jones! par le grand Sanhédrin! hurla la foule en accompagnant cette explosion d'étonnement de remarques et de cris confus qui dénotaient bien l'état d'âme de l'auditoire.

Au plus fort du tumulte, Holmès étendit le bras pour imposer silence. L'autorité de son grand nom et le prestige de sa personnalité électrisèrent les assistants qui obéirent immédiatement. Et au milieu du silence complet qui suivit, maître Sherlock prit la parole, disant avec componction :

– Ceci est trop grave! Il y va de la vie d'un innocent, d'un homme dont la conduite défie tout soupçon. Écoutez-moi, je vais vous en donner la preuve palpable et réduire au silence cette accusation aussi mensongère que coupable. Mes amis, ce garçon ne m'a pas quitté d'une semelle pendant toute la soirée d'hier.

Ces paroles firent une profonde impression sur l'auditoire; tous tournèrent les yeux vers Stillmann avec des regards inquisiteurs.

Lui, l'air rayonnant, se contenta de répondre :

– Je savais bien qu'il y avait un autre assassin !! !

Et ce disant, il s'approcha vivement de la table et examina les pieds d'Holmès; puis, le regardant bien dans les yeux, il lui dit :

– Vous étiez avec lui! Vous vous teniez à peine à cinquante pas de lui lorsqu'il alluma la bougie qui mit le feu à la mèche (sensation). Et, qui plus est, c'est vous-même qui avez fourni les allumettes !

Cette révélation stupéfia Holmès; le public put s'en apercevoir, car lorsqu'il ouvrit la bouche pour parler, ces mots entrecoupés purent à peine sortir :

– Ceci… ha !.. Mais c'est de la folie… C'est…

Stillmann sentit qu'il gagnait du terrain et prit confiance. Il montra une allumette carbonisée.

– En voici une, je l'ai trouvée dans le baril, tenez, en voici une autre !

Holmès retrouva immédiatement l'usage de la parole.

– Oui! Vous les avez mises là vous-même !

La riposte était bien trouvée, chacun le reconnut, mais Stillmann reprit :

– Ce sont des allumettes de cire, un article inconnu dans ce camp. Je suis prêt à me laisser fouiller pour qu'on cherche à découvrir la boîte sur moi. Êtes-vous prêt, vous aussi ?

L'hôte restait stupéfait. C'était visible aux yeux de tous. Il remua les doigts; une ou deux fois, ses lèvres s'entr'ouvrirent, mais les paroles ne venaient pas. L'assemblée n'en pouvait plus et voulait à tout prix voir le dénouement de cette situation. Stillmann demanda simplement :

– Nous attendons votre décision, monsieur Holmès.

Après un silence de quelques instants, l'hôte répondit à voix basse :

– Je défends qu'on me fouille.

Il n'y eut aucune démonstration bruyante, mais dans la salle chacun dit à son voisin :

– Cette fois, la question est tranchée! Holmès n'en mène plus large devant Archy.

Que faire, maintenant? Personne ne semblait le savoir. La situation devenait embarrassante, car les événements avaient pris une tournure si inattendue et si subite que les esprits s'étaient laissé surprendre et battaient la breloque comme une pendule qui a reçu un choc. Mais, peu à peu, le mécanisme se rétablit et les conversations reprirent leurs cours; formant des groupes de deux à trois, les hommes se réunirent et essayèrent d'émettre leur avis sous forme de propositions. La majorité était d'avis d'adresser à l'assassin un vote de remerciements pour avoir débarrassé la communauté de Flint Buckner: cette action méritait bien qu'on le laissât en liberté. Mais les gens plus réfléchis protestèrent, alléguant que les cervelles mal équilibrées des États de l'Est crieraient au scandale et feraient un tapage épouvantable si on acquittait l'assassin.

Cette dernière considération l'emporta donc et obtint l'approbation générale.

Il fut décidé que Fetlock Jones serait arrêté et passerait en jugement.

La question semblait donc tranchée et les discussions n'avaient plus leur raison d'être maintenant. Au fond, les gens en étaient enchantés, car tous dans leur for intérieur avaient envie de sortir et de se transporter sur les lieux du drame pour voir si le baril et les autres objets y étaient réellement. Mais un incident imprévu prolongea la séance et amena de nouvelles surprises.

Fetlock Jones, qui avait pleuré silencieusement, passant presque inaperçu au milieu de l'excitation générale et des scènes émouvantes qui se succédaient depuis un moment, sortit de sa torpeur lorsqu'il entendit parler de son arrestation et de sa mise en jugement; son désespoir éclata et il s'écria :

– Non! ce n'est pas la peine! Je n'ai pas besoin de prison ni de jugement. Mon châtiment est assez dur à l'heure qu'il est; n'ajoutez rien à mon malheur, à mes souffrances. Pendez-moi et que ce soit fini! Mon crime devait être découvert, c'était fatal; rien ne peut me sauver maintenant. Il vous a tout raconté, absolument comme s'il avait été avec moi, et m'avait vu. Comment le sait-il? c'est pour moi un prodige, mais vous trouverez le baril et les autres objets. Le sort en est jeté: je n'ai plus une chance de salut! Je l'ai tué; et vous en auriez fait autant à ma place, si, comme moi, vous aviez été traité comme un chien; n'oubliez pas que j'étais un pauvre garçon faible, sans défense, sans un ami pour me secourir.

– Et il l'a bigrement mérité, s'écria Ham Sandwich.

Des voix. – Écoutez camarades !

L'agent de police. – De l'ordre, de l'ordre, Messieurs.

Une voix. – Votre oncle savait-il ce que vous faisiez ?

– Non, il n'en savait rien.

– Êtes-vous certain qu'il vous ait donné les allumettes ?

– Oui, mais il ne savait pas l'usage que j'en voulais faire.

– Lorsque vous étiez occupé à préparer votre coup, comment avez-vous pu oser l'emmener avec vous, lui, un détective? C'est inexplicable !

 

Le jeune homme hésita, tripota les boutons de sa veste d'un air embarrassé et répondit timidement :

– Je connais les détectives, car j'en ai dans ma famille, et je sais que le moyen le plus sûr de leur cacher un mauvais coup, c'est de les avoir avec soi au moment psychologique.

L'explosion de rires qui accueillit ce naïf aveu ne fit qu'augmenter l'embarras du pauvre petit accusé.

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