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Le Capitaine Aréna — Tome 2

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Jadin était furieux de l'humiliation que venait d'éprouver Milord; mais je le calmai avec les paroles du Christ: Laissez venir les enfants jusqu'à moi. Seulement, on s'arrêta et on fit des conditions avec les usurpateurs; il fut convenu qu'on les laisserait dans leur filet et qu'ils y demeureraient parfaitement inoffensifs à l'endroit de Milord. Le traité conclu, nous repartîmes au galop.

Nous n'avions pas fait cent pas, qu'il nous sembla entendre notre cocher dialoguer avec un autre qu'avec son cheval; nous nous retournâmes, et nous vîmes une seconde tête au-dessus de son épaule: c'était celle d'un marinier de Pouzzoles qui avait saisi le moment où nous nous étions arrêtés pour profiter de l'occasion qui se présentait, de revenir jusqu'à Naples avec nous. Notre premier mouvement fut de trouver le moyen un peu sans gêne et de le prier de descendre; mais avant que nous n'eussions ouvert la bouche, il avait, d'un ton si câlin, souhaité le bonjour à nos excellences, que nous ne pouvions pas répondre à cette politesse par un affront; nous le laissâmes donc au poste qu'il avait conquis par son urbanité, mais en recommandant au cocher de borner là sa libéralité.

Un peu au delà de Nocera, un gamin sauta sur notre brancard en nous demandant si nous ne nous arrêtions pas à Pompéia, et en nous offrant de nous en faire les honneurs. Nous le remerciâmes de sa proposition obligeante; mais comme il entrait dans nos projets de nous rendre directement à Naples, nous l'invitâmes à aller offrir ses services à d'autres qu'à nous; il nous demanda alors de permettre qu'il restât où il était jusqu'à Pompéia. La demande était trop peu ambitieuse pour que nous la lui refusassions: le gamin demeura sur son brancard. Seulement, arrivé à Pompéia, il nous dit, qu'en y réfléchissant bien, c'était à Torre dell'Annunziata qu'il avait affaire, et qu'avec notre permission il ne nous quitterait que là. Nous eussions perdu tout le mérite de notre bonne action en ne la poursuivant pas jusqu'au bout. La permission fut étendue jusqu'à Torre dell'Annunziata.

A Torre dell'Annunziata nous nous arrêtâmes, comme la chose était convenue, pour déjeuner et pour changer de cheval. Nous déjeunâmes d'abord tant bien que mal, le lacrima christi ayant fait compensation à l'huile épouvantable avec laquelle tout ce qu'on nous servit était assaisonné; puis nous appelâmes notre cocher, qui se rendit à notre invitation de l'air le plus dégagé du monde. Nous ne doutions donc pas que nous ne pussions nous remettre immédiatement en route, lorsqu'il nous annonça, toujours avec son même air riant, qu'il ne savait pas comment cela se faisait, mais qu'il n'avait pas trouvé à Torre dell'Annunziata le relais sur lequel il avait cru pouvoir compter. Il est vrai, s'il fallait l'en croire, que cela n'importait en rien, et que le cheval ne se serait pas plutôt reposé une heure, que nous repartirions plus vite que nous n'étions venus. Au reste, l'accident, nous assurait-il, était des plus heureux, puisqu'il nous offrait une occasion de visiter Torre dell'Annunziata, une des villes, à son avis, les plus curieuses du royaume de Naples.

Nous nous serions fâchés que cela n'aurait avancé à rien. D'ailleurs, il faut le dire, il n'y a pas de peuple à l'endroit duquel la colère soit plus difficile qu'à l'endroit du peuple de Naples; il est si grimacier, si gesticulateur, si grotesque, qu'autant vaut chercher dispute à polichinelle. Au lieu de gronder notre cocher, nous lui abandonnâmes donc le reste de notre fiasco de lacrima christi; puis nous passâmes à l'écurie, où nous fîmes donner devant nous double ration d'avoine au cheval; enfin, pour suivre le conseil que nous venions de recevoir, nous nous mîmes en quête des curiosités de Torre dell'Annunziata.

Une des choses les plus curieuses du village est le village lui-même. Ainsi nommé d'une chapelle érigée en 1319 et d'une tour que fit élever Alphonse I'er, il fut brûlé je ne sais combien de fois par la lave du Vésuve et, comme sa voisine, Torre del Greco, rebâti toujours à la même place. De plus, et pour compliquer sans doute encore ses chances de destruction, le roi Charles III y établit une fabrique de poudre; si bien qu'à la dernière irruption les pauvres diables qui l'habitaient, placés entre le volcan de Dieu et celui des hommes, manquèrent à la fois de brûler et de sauter, ce qui, grâce à la prévoyance de leur souverain, offrait du moins à leur mort une variante que les autres n'avaient point.

Le seul monument de Torre dell'Annunziata, à part celui qui lui a fait donner son nom et dont il ne reste d'ailleurs que des ruines, est sa coquette église de Saint-Martin, véritable bonbonnière à la manière de Notre-Dame de Loretta. Les fresques qui la couvrent et les tableaux qui l'enrichissent sont de Lanfranc, de l'Espagnolet, de Stanzioni, du cavalier d'Aspino et du Guide; ce dernier, arrêté par la mort, n'eut pas le temps de terminer la toile de la Nativité qu'il peignait pour le maître-autel.

Au-dessus de la porte est la fameuse Déposition de la croix par Stanzioni, laquelle doit sa réputation plus encore à la jalousie qu'elle inspira à l'Espagnolet qu'à son mérite réel. Cette jalousie était telle, que ce dernier, ayant donné aux moines à qui elle appartenait le conseil de la nettoyer, mêla à l'eau dont ils se servirent une substance corrosive qui la brûla en plusieurs endroits. Stanzioni aurait pu réparer cet accident, les moines désolés l'en supplièrent, mais il s'y refusa toujours afin de laisser cette tache à la vie de son rival.

Au reste, c'était une chose curieuse que ces haines de peintre à peintre, et qu'on ne retrouve que parmi eux: Masaccio, le Dominiquin et Barroccio meurent empoisonnés; deux élèves de Geni, élève du Guide, attirés sur une galère, disparaissent sans que jamais on ait pu apprendre ce qu'ils étaient devenus; le Guide et le chevalier d'Arpino, menacés d'une mort violente, sont obligés de s'enfuir de Naples en laissant leurs travaux interrompus; enfin le Giorgione dut la vie à la cuirasse qu'il portait sur sa poitrine, et le Titien au couteau de chasse qu'il portait au côté.

Il est vrai aussi que c'était le temps des chefs-d'œuvre.

En revenant à l'hôtel, nous retrouvâmes notre calessino attelé: le pauvre cheval avait eu un repos de deux heures et double ration d'avoine, mais sa charge s'était augmentée de deux lazzaronis et d'un second gamin.

Nous vîmes qu'il était inutile dé protester contre l'envahissement, et nous résolûmes au contraire de le laisser aller sans aucunement nous y opposer. En arrivant à Resina nous étions au complet, et rien ne nous manquait pour soutenir la concurrence avec les nationaux, pas même la nourrice et la paysanne; au reste, soit habitude, soit l'effet de la double ration d'avoine, la charge toujours croissante n'avait point empêché notre cheval d'aller toujours au galop.

A mesure que nous approchions, nous entendions s'augmenter la rumeur de la ville. Le Napolitain est sans contredit le peuple qui fait le plus de bruit sur la surface de la terre: ses églises sont pleines de cloches, ses chevaux et ses mules tout festonnés de grelots, ses lazzaronis, ses femmes et ses enfants ont des gosiers de cuivre; tout cela sonne, tinte, crie éternellement. La nuit même, aux heures où toutes les autres villes dorment, il y a toujours quelque chose qui remue, s'agite et frémit à Naples. De temps en temps une voix puissante fait le second dessus de toutes ces rumeurs, c'est le Vésuve qui gronde et qui prend part au concert éternel; mais quelques efforts qu'il tente, il ne le fait pas taire, et n'est qu'un bruit plus terrible et plus menaçant mêlé à tous ces bruits.

Notre suite, au reste, nous quittait comme elle s'était jointe à nous, oubliant de nous dire adieu comme elle avait oublié de nous dire bonjour, ne comprenant pas sans doute que chacun n'eût point sa part au calessino comme chacun a sa part au soleil. Au pont de la Maddalena, les deux gamins sautèrent à bas des brancards; à la fontaine des Carmes, nous nous arrêtâmes pour laisser descendre la nourrice et la paysanne; au Mole, nos deux lazzaronis se laissèrent couler à terre; à Mergellina, notre pêcheur disparut. En arrivant à l'hôtel, nous croyons n'être plus possesseurs que des enfants du filet, lorsqu'on regardant sous la voiture nous vîmes que le filet était vide. Grâce à nous, chacun était arrivé à sa destination.

Grâce à notre équipage et à notre suite, on n'avait pas fait attention à nous, et nous étions rentrés à Naples sans qu'on nous eût même demandé nos passe-ports.

Comme à notre première arrivée, nous descendîmes à l'hôtel de la Vittoria, le meilleur et le plus élégant de Naples, situé à la fois sur Chiaja et sur la mer; et le même soir, au clair de la lune, nous crûmes reconnaître notre speronare, qui se balançait à l'ancre à cent pas de nos fenêtres.

Nous ne nous étions pas trompés: le lendemain, à peine étions-nous levés qu'on nous annonça que le capitaine nous attendait accompagné de tout son équipage. Le moment était venu de nous séparer de nos braves matelots.

Il faut avoir vécu pendant trois mois isolés sur la mer et d'une vie qui n'est pas sans danger pour comprendre le lien qui attache le capitaine au navire, le passager à l'équipage. Quoique nos sympathies se fussent principalement fixées sur le capitaine, sur Nunzio, sur Giovanni, sur Philippe et sur Pietro, tous au moment du départ étaient devenus nos amis; en touchant son argent le capitaine pleurait, en recevant leur bonne main les matelots pleuraient, et nous, Dieu me pardonne! quelque effort que nous fissions pour garder notre dignité, je crois que nous pleurions aussi. Depuis ce temps nous ne les avons pas revus, et peut-être ne les reverrons-nous jamais. Mais qu'on leur parle de nous, qu'on s'informe auprès d'eux des deux voyageurs français qui ont fait le tour de la Sicile pendant l'année 1835, et je suis sûr que notre souvenir sera aussi présent à leur cœur que leur mémoire est présente à notre esprit.

 

Dieu garde donc de tout malheur le joli petit speronare qui navigue de Naples à Messine sous l'invocation de la Madone du pied de la grotte.

FIN DU SECOND VOLUME
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