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La San-Felice, Tome 05

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Jusque-là, les lazzaroni s'étaient contentés de montrer le poing à nos soldats: cette fois, ils leur montrèrent les couteaux.

De leur côté, les vieilles hideuses qui s'intitulent les parentes de saint Janvier et qui, en vertu de cette parenté, se croient le droit de parler librement au saint, le menaçaient de leurs plus terribles malédictions, si le miracle s'accomplissait; jamais tant de bras maigres et ridés ne s'étaient étendus vers le saint, jamais tant de bouches tordues par la colère et par la vieillesse n'avaient hurlé au pied de l'autel de plus grossières injures. Le chanoine qui faisait voir la fiole, et qu'on relayait de demi-heure en demi-heure, en était assourdi, et semblait près de devenir fou.

Tout à coup, on entendit, dans la rue, un redoublement de cris et de menaces. Il était occasionné par un peloton de vingt-cinq hussards qui, le mousqueton sur la cuisse, s'avançaient dans l'espace laissé vide, c'est-à-dire entre la double haie formée par les soldats français depuis l'archevêché jusqu'à la cathédrale. Ce peloton, commandé par l'aide de camp Villeneuve, calme, impassible, prit une des petites rues qui contournaient la cathédrale, et s'arrêta à la porte extérieure de la sacristie.

Dix heures sonnaient, et il se faisait un de ces moments de silence que nous avons indiqués. Villeneuve descendit de cheval.

–Mes amis, dit-il aux hussards, si, à dix heures trente-cinq minutes, vous ne me voyez pas revenir et si le miracle n'est point accompli, entrez dans la sacristie sans vous inquiéter de la défense, des menaces ou même de la résistance qui pourraient vous être faites.

Un simple «Oui, mon commandant!» fut la réponse.

Villeneuve pénétra jusqu'à la sacristie, où tous les chanoines, moins celui qui faisait baiser la fiole, étaient assemblés et s'encourageaient les uns les autres à ne point laisser s'opérer le miracle.

En voyant entrer Villeneuve, ils firent un mouvement d'étonnement; mais, comme c'était un jeune officier de bonne maison, à la figure douce, plutôt mélancolique que sévère, et qui entrait en souriant, ils se rassurèrent, et même ils s'apprêtaient à lui demander compte d'une pareil inconvenance, lorsque, celui-ci, s'avançant vers eux:

–Mes chers frères, dit-il, je viens de la part du général.

–Pour quoi faire? demanda le chef du chapitre d'une voix assez assurée.

–Pour assister au miracle, répondit l'aide de camp.

Les chanoines secouèrent la tête.

–Ah! ah! dit Villeneuve, vous avez peur, à ce qu'il parait, que le miracle ne se fasse point?

–Nous ne vous cacherons pas, répondit le chef du chapitre, que saint Janvier est mal disposé.

–Eh bien, répliqua Villeneuve, je viens, moi, vous dire une chose qui changera peut-être ses dispositions.

–Nous en doutons, répondirent en choeur les chanoines.

Alors, Villeneuve, toujours souriant, s'approcha d'une table, et de la main gauche, tira de sa poche cinq rouleaux de cent louis chacun, tandis que, de la main droite, il prenait une paire de pistolets à sa ceinture; puis, tirant sa montre à son tour et la plaçant entre les cinq cents louis et les pistolets:

–Voici, dit-il, cinq cents louis destinés à l'honorable chapitre de Saint-Janvier, si, à dix heures et demie précises, le miracle est fait. Vous le voyez, il est dix heures quatorze minutes; vous avez donc encore seize minutes devant vous.

–Et si le miracle ne se fait point?.. demanda le chef du chapitre d'un ton légèrement goguenard.

–Ah! ceci, c'est autre chose, répondit tranquillement l'officier, mais en cessant de sourire. Si, à dix heures et demie, le miracle n'est point fait, à dix heures trente-cinq minutes, je vous fais tous fusiller, depuis le premier jusqu'au dernier.

Les chanoines firent un mouvement pour fuir; mais Villeneuve, prenant un pistolet de chaque main:

–Que pas un de vous ne bouge, dit-il, à l'exception de celui qui va sortir d'ici pour faire le miracle.

–C'est moi qui le ferai, dit le chef du chapitre.

–A dix heures et demie précises, riposta Villeneuve, pas une minute avant, pas une minute après.

Le chanoine fit un signe d'obéissance et sortit en se courbant jusqu'à terre.

Il était dix heures vingt minutes.

Villeneuve jeta les yeux sur sa montre.

–Vous avez encore dix minutes, dit-il.

Puis, sans détourner les yeux de la montre, il continua avec un sang-froid terrible:

–Saint Janvier n'a plus que cinq minutes! Saint Janvier n'a plus que trois minutes! Saint Janvier n'a plus que deux minutes!

Il est impossible de s'imaginer le tumulte qui se faisait et qui, toujours croissant, semblait les rugissements de la mer et de la foudre réunis, quand la demie sonna, précédée de deux tintements préparatoires.

Un silence de mort lui succéda.

La demie vibra lentement au milieu de ce silence; puis on entendit la voix du chanoine qui, d'un accent plein et sonore, au moment où les cris, les menaces recommençaient, s'écria, en élevant la fiole au dessus des têtes:

–Le miracle est fait!

A l'instant même, rumeurs, cris et menaces cessèrent comme par enchantement. Chacun tomba la face contre terre en criant: «Gloire à saint Janvier!» tandis que Michele, s'élançant hors de l'église, s'écriait du haut du perron en agitant sa bannière:

Il miracolo è fatto!

Chacun tomba à genoux.

Puis toutes les cloches de Naples, partant avec un ensemble admirable, sonnèrent à pleine volée.

Comme l'avait dit Championnet, il savait une prière à laquelle saint Janvier ne manquerait pas de se rendre.

Et, en effet, comme on le voit, saint Janvier s'y était rendu.

Une joyeuse volée d'artillerie, partant des quatre forts, annonça à Naples et à ses environs que saint Janvier venait de se déclarer pour les Français.

XCIX
LA RÉPUBLIQUE PARTHÉNOPEENNE

A peine Championnet eut-il entendu le carillon des cloches, mêlé à la quadruple bordée d'artillerie, qu'il comprit que le miracle était fait, et qu'il sortit de Capodimonte pour faire son entrée solennelle à Naples.

Il traversa toute la ville, entrant par la strada dei Cristallini, suivant le largo delle Pigne, le largo San-Spirito, le Mercatello, au milieu de la joie la plus bruyante et des cris mille fois répétés de «Vivent les Français! vive la république française! vive la république parthénopéenne!» Toute cette populace, qui, pendant trois jours, avait combattu contre lui, avait égorgé, mutile, brûlé ses soldats, qui, une heure auparavant, était prête à les brûler, à les mutiler, à les égorger encore, – avait été, à l'instant même, convertie par le miracle de saint Janvier, et, du moment que le saint était pour les Français, ne trouvait plus aucune raison d'être contre eux!

–Saint Janvier sait mieux que nous ce qu'il y a à faire, disaient-ils: faisons donc comme saint Janvier.

De la part du mezzo ceto et de la noblesse, que l'invasion française arrachaient à la tyrannie bourbonienne, la joie et l'enthousiasme étaient non moins grands. Toutes les fenêtres étaient pavoisées de drapeaux tricolores français et de drapeaux tricolores napolitains mêlant leurs plis en confondant leurs couleurs. Des milliers de jeunes femmes se tenaient à ces fenêtres, agitant leurs mouchoirs, et criant: «Vive la République! vivent les Français! vive le général en chef!» Les enfants couraient devant son cheval en agitant de petites banderoles jaunes, rouges et noires. Il restait bien encore, il est vrai, quelques taches de sang sur le pavé, quelques ruines de maisons fumaient bien encore; mais, dans ce pays de la sensation du moment, où les orages passent sans laisser leur trace dans un ciel d'azur, le deuil était déjà oublié.

Championnet se rendit directement à la cathédrale, où l'archevêque Capece Zurlo chanta un Te Deum, en face du buste et du sang de saint Janvier, exposés à tous les regards, et que Championnet, en reconnaissance de la protection spéciale qu'il accordait aux Français, couvrit d'une mitre ornée de diamants, que le saint daigna accepter et se laissa mettre sans résistance.

Nous verrons plus tard ce que devait coûter à l'archevêque cette faiblesse pour les Français.

Pendant que l'on chantait le Te Deum dans l'église, on affichait sur tous les murs la proclamation suivante:

«Napolitains 3!

»Soyez libres et sachez user de votre liberté. La république française trouvera dans votre bonheur une large compensation de ses fatigues et de ses combats. S'il en est encore parmi vous qui restent partisans du gouvernement tombé, ils sont libres de quitter cette terre de liberté. Qu'ils fuient un pays où il n'y a plus que des citoyens, et, esclaves, retournent avec les esclaves. A partir de ce moment, l'armée française prend le nom d'armée napolitaine et s'engage, par un serment solennel, à maintenir vos droits et à prendre pour vous les armes toutes les fois que l'exigeront les intérêts de votre liberté. Les Français respecteront le culte, les droits sacrés de la propriété et des personnes. De nouveaux magistrats, nommés par vous, par une sage et paternelle administration, veilleront au repos et au bonheur des citoyens, feront évanouir les terreurs de l'ignorance, calmeront les fureurs du fanatisme, et vous montreront enfin autant d'affection que vous montrait de perfidie le gouvernement tombé.»

Avant de sortir de l'église, Championnet, en rendant Salvato à la liberté, constitua une garde d'honneur qui devait reconduire saint Janvier à l'archevêché et veiller sur lui, avec cette consigne: Respect à saint Janvier.

 

Dès le matin, et dans la prévision que saint Janvier aurait la complaisance de faire son miracle, complaisance dont ne doutait point Championnet, un gouvernement provisoire avait été arrêté et six comités avaient été nommés: le comité central, – le comité de l'intérieur, – le comité des finances, – le comité de la justice et de la police, – le comité de la législation.

Tous les membres des comités avaient été pris dans le gouvernement provisoire.

Cirillo et Manthonnet, nos conspirateurs des premiers chapitres, étaient membres du gouvernement provisoire, et Manthonnet, de plus, ministre de la guerre; Ettore Caraffa était nommé chef de la légion napolitaine; Schipani prendrait l'un des premiers commandements de l'armée lorsque l'armée serait réorganisée; Nicolino gardait son commandement du château Saint-Elme; Velasco n'avait rien voulu être, que volontaire.

De la cathédrale, Championnet se rendit à l'église Saint-Laurent. Cette église, pour les Napolitains, qui, depuis le XIIe siècle, ne se sont jamais gouvernés eux-mêmes, est une espèce de municipalité dans laquelle, aux jours de trouble ou de danger, se sont retirés pour délibérer les élus et les chefs du peuple. Le général était accompagné des membres du gouvernement provisoire, qui, ainsi que nous l'avons dit, étaient en même temps les membres du comité.

Là, au milieu d'une foule immense, Championnet prit la parole, et, en excellent italien:

«Citoyens, dit-il, vous gouvernerez provisoirement la république napolitaine; le gouvernement définitif sera nommé par le peuple, lorsque vous-mêmes, constituants et constitués, gouvernant avec les règles qui ont été le but de cette révolution, vous aurez abrégé le travail qu'exige la rédaction des nouvelles lois, et c'est dans cette espérance que je vous ai provisoirement remis la charge de législateurs et de gouvernants. Vous avez donc autorité sans limites, mais, en même temps, immense responsabilité. Pensez qu'entre vos mains est le bonheur public ou le malheur suprême de la patrie, votre gloire ou votre déshonneur. Je vous ai nommés; vos noms ne m'ont été présentés ni par la faveur ni par l'intrigue, mais recommandés de votre seule renommée: vous répondrez par vos oeuvres à la confiance qui voit en vous non-seulement des hommes de génie, mais encore de jeunes, chauds et sincères amants de la patrie.

»Dans la constitution de la république napolitaine, vous prendrez, autant que le permettront les moeurs et les lois du pays, exemple de la constitution française, mère de la nouvelle république et de la nouvelle civilisation. En gouvernant votre patrie, faites la république parthénopéenne, amie, alliée, compagne, soeur de la république française. Quelles ne fassent qu'une, qu'elles soient indivisibles! N'espérez point de bonheur séparés d'elle. Si la république française chancelle, la république napolitaine tombe.

»L'armée française, qui garantit votre liberté, prendra, comme je vous l'ai déjà dit, le nom d'armée napolitaine. Elle soutiendra vos droits et vous aidera dans vos travaux; elle combattra avec vous et pour vous, et, en mourant pour votre défense, ne vous demandera d'autre prix que votre alliance et votre amitié.»

Ce discours s'acheva au milieu des acclamations et des applaudissements, des cris de joie et des larmes de la foule. Ce spectacle était nouveau pour le pays, ces paroles étaient inconnues aux Napolitains. C'était la première fois que, parmi eux, on proclamait la grande loi de la fraternité des peuples, suprême voeu du coeur, dernière parole de la civilisation humaine.

Aussi ce jour, 24 janvier 1799, fut-il un jour de fête pour les Napolitains: ce que fut pour nous notre 14 juillet. Les républicains s'embrassaient en se rencontrant dans les rues et levaient, en action de grâces, leurs yeux au ciel. Pour la première fois, les corps et les âmes se sentaient libres à Naples. La révolution de 1647 avait été la révolution du peuple, toute matérielle et constamment menaçante: celle de 1799 était la révolution de la bourgeoisie et de la noblesse, c'est-à-dire toute intellectuelle et toute miséricordieuse. La révolution de Masaniello était la réclamation de sa nationalité par un peuple conquis à un peuple conquérant; la révolution de Championnet était la réclamation de sa liberté faite par un peuple opprimé à son oppresseur. Il y avait donc une immense différence et surtout un immense progrès entre les deux révolutions.

Et alors, une chose touchante s'accomplit.

Nous avons déjà parlé des trois premiers martyrs de la liberté italienne, de Vitagliano, de Galiani et d'Emanuele de Deo. Ce dernier avait refusé la vie qu'on lui offrait s'il voulait trahir ses complices. C'étaient des enfants: à eux trois, ils avaient soixante-deux ans. Deux avaient été pendus; puis le troisième, Vitagliano, – comme le supplice des deux premiers avait produit une certaine émotion dans le peuple, – le troisième avait été poignardé par le bourreau, de peur qu'à la faveur d'un mouvement, il ne lui échappât, et pendu mort avec sa plaie sanglante au côté comme le Christ. Une députation patriotique s'organisa spontanément, et dix mille citoyens environ vinrent, au nom de la liberté naissante, saluer les familles de ces généreux jeunes gens, dont le sang avait consacré la place où l'on allait planter l'arbre de la liberté.

Le soir, des feux de joie furent allumés dans toutes les rues et sur toutes les places, et, comme s'il eût voulu se réunir à saint Janvier, son rival en popularité, le Vésuve lança des flammes qui furent plutôt de sa part une communion à l'allégresse publique qu'une menace. Ces flammes, muettes et sans lave, étaient une espèce de buisson ardent, un Sinaï politique.

Aussi, Michel le Fou, vêtu de son magnifique costume, se démenant sur un magnifique cheval, au milieu de son armée de lazzaroni, criant à cette heure: «Vive la liberté!» comme la veille elle avait crié: «Vive le roi!» disait-il à toute cette populace:

–Vous le voyez, ce matin, c'était saint Janvier qui se faisait jacobin, ce soir, c'est le Vésuve qui met le bonnet rouge!

FIN DU TOME CINQUIÈME
3Nous citons toutes ces pièces originales, qui ne se trouvent dans aucune histoire, et qui ont été tirées par nous des cachettes où elles étaient demeurées enfouies pendant soixante-quatre ans.
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