Si elle s’enfuyait

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si elle s’enfuyait

(un mystère kate wise—volume 5)

b l a k e p i e r c e

Blake Pierce

Blake Pierce est l’auteur de la série à succès mystère RILEY PAIGE, qui comprend quinze volumes (pour l’instant). Black Pierce est également l’auteur de la série mystère MACKENZIE WHITE, comprenant douze volumes (pour l’instant) ; de la série mystère AVERY BLACK, comprenant six volumes (pour l’instant) ; et de la série mystère KERI LOCKE, comprenant cinq volumes ; la série mystère LES ORIGINES DE RILEY PAGE, comprenant trois volumes (pour l’instant), la série mystère KATE WISE, comprenant trois volumes (pour l’instant), de la série de mystère psychologique CHLOE FINE, comprenant trois volumes (pour l’instant), et de la série à suspense psychologique JESSIE HUNT, comprenant trois volumes (pour l’instant).

Lecteur avide et admirateur de longue date des genres mystère et thriller, Blake aimerait connaître votre avis. N’hésitez pas à consulter son site www.blakepierceauthor.com afin d’en apprendre davantage et rester en contact.

Copyright © 2019 par Blake Pierce. Tous droits réservés. Sous réserve de la loi américaine sur les droits d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous quelque forme ou par quelque procédé que ce soit, ni enregistrée dans une base de données ou un système de récupération, sans l'accord préalable de l'auteur. Ce livre électronique est sous licence pour usage personnel uniquement. Ce livre électronique ne peut être ni revendu, ni donné à d'autres personnes. Si vous désirez partager ce livre avec quelqu'un, veuillez acheter une copie supplémentaire pour chaque bénéficiaire. Si vous lisez ce livre et que vous ne l'avez pas acheté, ou qu'il n'a pas été acheté pour votre usage personnel uniquement, veuillez le rendre et acheter votre propre copie. Merci de respecter le travail de cet auteur. Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les endroits, les événements et les incidents sont soit le produit de l'imagination de l'auteur, soit utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite. Image de couverture Copyright andreiuc88, utilisé sous licence de Shutterstock.com.

LIVRES PAR BLAKE PIERCE

SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT

LA FEMME PARFAITE (Volume 1)

LE QUARTIER PARFAIT (Volume 2)

LA MAISON PARFAITE (Volume 3)

SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE

LA MAISON D’À CÔTÉ (Volume 1)

LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2)

VOIE SANS ISSUE (Volume 3)

SÉRIE MYSTÈRE KATE WISE

SI ELLE SAVAIT (Volume 1)

SI ELLE VOYAIT (Volume 2)

SI ELLE COURAIT (Volume 3)

SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4)

LES ORIGINES DE RILEY PAIGE

SOUS SURVEILLANCE (Tome 1)

ATTENDRE (Tome 2)

PIEGE MORTEL (Tome 3)

LES ENQUÊTES DE RILEY PAIGE

SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1)

RÉACTION EN CHAÎNE (Tome 2)

LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3)

LES PENDULES À L’HEURE (Tome 4)

QUI VA À LA CHASSE (Tome 5)

À VOTRE SANTÉ (Tome 6)

DE SAC ET DE CORDE (Tome 7)

UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8)

SANS COUP FÉRIR (Tome 9)

À TOUT JAMAIS (Tome 10)

LE GRAIN DE SABLE (Tome 11)

LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12)

PIÉGÉE (Tome 13)

LE RÉVEIL (Tome 14)

BANNI (Tome 15)

MANQUÉ (Tome 16)

SÉRIE MYSTÈRE MACKENZIE WHITE

AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1)

AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2)

AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3)

AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4)

AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5)

AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6)

AVANT QU’IL NE PÈCHE (Volume 7)

AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8)

AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9)

AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10)

AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11)

AVANT QU’IL NE JALOUSE (Volume 12)

AVANT QU’IL NE HARCÈLE (Volume 13)

LES ENQUÊTES D’AVERY BLACK

RAISON DE TUER (Tome 1)

RAISON DE COURIR (Tome2)

RAISON DE SE CACHER (Tome 3)

RAISON DE CRAINDRE (Tome 4)

RAISON DE SAUVER (Tome 5)

RAISON DE REDOUTER (Tome 6)

LES ENQUETES DE KERI LOCKE

UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1)

DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2)

L’OMBRE DU MAL (Tome 3)

JEUX MACABRES (Tome 4)

LUEUR D’ESPOIR (Tome 5)

TABLE DES MATIÈRES

PROLOGUE

CHAPITRE UN

CHAPITRE DEUX

CHAPITRE TROIS

CHAPITRE QUATRE

CHAPITRE CINQ

CHAPITRE SIX

CHAPITRE SEPT

CHAPITRE HUIT

CHAPITRE NEUF

CHAPITRE DIX

CHAPITRE ONZE

CHAPITRE DOUZE

CHAPITRE TREIZE

CHAPITRE QUATORZE

CHAPITRE QUINZE

CHAPITRE SEIZE

CHAPITRE DIX-SEPT

CHAPITRE DIX-HUIT

CHAPITRE DIX-NEUF

CHAPITRE VINGT

CHAPITRE VINGT ET UN

CHAPITRE VINGT-DEUX

CHAPITRE VINGT-TROIS

CHAPITRE VINGT-QUATRE

CHAPITRE VINGT-CINQ

CHAPITRE VINGT-SIX

CHAPITRE VINGT-SEPT

PROLOGUE

La plupart du temps, Karen Hopkins aimait travailler de chez elle. Elle était pas mal occupée et c’était plutôt une bonne nouvelle, vu que sa petite entreprise d’optimisation Web était seulement supposée être un à-côté mais ça avait fini par devenir une occupation à temps plein – ce qui leur permettrait, à son mari Gérald et à elle-même, de prendre leur retraite dans deux ou trois ans. Mais il y avait des jours où les clients étaient tellement stupides qu’elle se prenait à regretter l’époque où elle ne travaillait pas pour elle. La possibilité de pouvoir passer des clients difficiles à un supérieur hiérarchique lui aurait très souvent rendu service.

Elle fixait un email des yeux, en se demandant comment répondre à la bête question de son client sans avoir l’air impolie. Une de ses playlists de musique classique passait actuellement sur Spotify – mais pas le genre de musique avec trop d’instruments à cordes qui ne permettaient pas d’entendre le piano. Non, elle préférait les airs avec seulement du piano. Elle essayait actuellement de profiter du Gymnopédie No. 1 d’Erik Satie.

Et si elle insistait sur le mot essayer, c’est parce qu’elle était distraite par l’email et par les questions que lui posait l’homme qui se trouvait dans le salon. Son bureau était séparé du salon par un mur et à chaque fois que l’homme avait une question, il la lui criait de loin. Il avait l’air sympathique mais elle commençait à se dire qu’elle aurait mieux fait de ne jamais l’appeler.

« C’est un magnifique tapis que vous avez là, » dit-il, en beuglant à travers le mur et la distrayant à nouveau de ce fichu email. « C’est un tapis d’Orient ? »

« Je pense, » dit Karen, en criant au-dessus de son épaule. Elle avait le dos tourné à l’entrée qui menait au couloir et au salon qui se trouvait au-delà, et elle devait parler assez fort pour qu’il puisse l’entendre.

Elle essayait de parler sur un ton poli… joyeux, même. Mais c’était difficile. Elle était trop distraite. Cet email était important. C’était un client habituel qui comptait lui assigner encore plus de travail dans les mois à venir, mais les gens qui géraient son entreprise semblaient apparemment être de véritables idiots.

Elle commença à taper sa réponse, en choisissant soigneusement chacun de ses mots. C’était difficile de garder un ton professionnel et correct quand on était irrité et qu’on mettait en doute l’intelligence de la personne à laquelle on s’adressait. Elle le savait très bien, vu que c’était quelque chose à laquelle elle était confrontée plusieurs fois par mois.

 

Mais à peine quelques secondes plus tard, l’homme dans le salon se remit à parler. Karen fit la grimace, en souhaitant ne l’avoir jamais appelé. C’était vraiment un mauvais timing. À quoi avait-elle pensé ? Ça aurait très bien pu attendre le weekend, finalement.

« Vous avez de très jolies photos de vos enfants sur la cheminée. Combien en avez-vous ? Trois ? »

« Oui. »

« Ils ont quel âge maintenant ? »

Elle dut se mordre la langue pour ne pas se mettre à l’insulter. C’était important de garder les apparences. De plus, il était possible qu’elle ait à nouveau besoin de ses services.

« Oh, ils sont tous grands maintenant – vingt ans, vingt-trois ans et vingt-sept ans. »

« De très beaux enfants, en tout cas, » répondit-il. Puis il redevint silencieux. Elle l’entendit bouger dans le salon et fredonner à voix basse. Il lui fallut un moment pour réaliser qu’il fredonnait l’air qui venait de son bureau et elle se retrouvait à devoir supporter une version alternative du morceau de Satie. Elle leva les yeux au ciel. Elle aurait vraiment aimé qu’il reste silencieux. Bien sûr, elle l’avait appelé pour effectuer un boulot mais il lui tapait sur les nerfs. Est-ce que normalement les travailleurs ne se contentaient-ils pas de venir faire leur boulot en silence et de repartir comme ils étaient venus ? C’était quoi, le problème de ce type ?

« Merci, » parvint-elle à dire, tout en n’aimant pas vraiment l’idée que ce type soit occupé à regarder des photos de ses enfants.

Elle baissa la tête et retourna à son email. Mais ce fut peine perdue. Apparemment, son visiteur avait décidé qu’il allait continuer à avoir une conversation à travers le mur.

« Ils vivent dans le coin ? » demanda-t-il.

« Non, » dit-elle. Son ton fut plutôt sec cette fois-ci. Elle tourna même la tête avant de lui répondre, afin qu’il puisse discerner l’irritation dans sa voix. Elle n’avait pas l’intention de lui dire où vivaient ses enfants. Dieu seul sait quelles autres questions il pourrait encore poser si elle l’encourageait.

« Je vois, » dit-il.

Si elle n’avait pas été aussi préoccupée par l’email devant elle, elle aurait peut-être trouvé qu’il y avait quelque chose d’inquiétant dans le silence qui suivit cette question. C’était un silence lourd de significations, comme si quelque chose était sur le point d’arriver.

« Vous attendez de la visite aujourd’hui ? »

Elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais cette question lui fit soudain peur. C’était une question étrange venant d’une personne qu’elle ne connaissait pas, surtout d’un homme qu’elle avait engagé pour effectuer un boulot. Et est-ce qu’il n’y avait pas aussi quelque chose de bizarre dans le ton de sa voix ?

Maintenant préoccupée, elle s’éloigna de son ordinateur. Il y avait quelque chose de bizarre chez cet homme. Et elle n’était plus seulement agacée par ses questions, elle commençait aussi à être vraiment effrayée.

« J’ai des amis qui vont venir prendre le café, » dit-elle, en mentant. « Mais je ne suis pas sûre de l’heure. La plupart du temps, ils viennent quand ils veulent. »

Elle n’entendit aucune réponse en retour et elle fut encore plus effrayée. Karen se leva lentement de sa chaise et se dirigea vers la porte qui séparait son bureau du salon. Elle jeta un coup d’œil pour voir ce qu’il faisait.

Il n’était pas là. Ses outils étaient toujours là, mais lui, il n’était nulle part en vue.

Appelle la police…

Cette pensée lui vint tout de suite en tête et elle savait que c’était une bonne idée. Mais elle savait également qu’elle avait tendance à exagérer. Peut-être qu’il était seulement retourné à sa camionnette…

C’est impossible, pensa-t-elle. Est-ce que tu as entendu la porte s’ouvrir et se refermer ? De plus, il a tout de suite commencé à bavarder. Il te l’aurait dit s’il était sorti…

Elle avança de quelques pas dans le salon et se figea sur place. « Où êtes-vous ? » dit-elle, d’une voix légèrement tremblante.

Aucune réponse.

Il y a quelque chose qui cloche, hurla une voix dans sa tête. Appelle tout de suite la police !

Terrifiée, Karen sortit lentement du salon à reculons. Elle se tourna vers son bureau, où se trouvait son téléphone portable.

Au moment où elle se retourna, elle heurta quelque chose de dur. Pendant une fraction de seconde, elle sentit une odeur de transpiration.

C’est à ce moment-là que quelque chose passa autour de son cou et commença à serrer.

Karen Hopkins lutta pour essayer de s’en débarrasser. Mais plus elle luttait, plus cette chose se serrait autour de sa nuque. C’était quelque chose de tranchant, qui s’enfonçait de plus en plus profondément au fur et à mesure qu’elle se débattait. Elle sentit un léger filet de sang couler sur sa poitrine et elle commença à avoir du mal à respirer.

Mais elle continua néanmoins à se débattre, faisant tout ce qu’elle pouvait pour amener son assaillant dans son bureau pour pouvoir prendre son téléphone. Elle sentit encore du sang couler le long de son cou, mais juste un léger ruissellement. Cette chose se mit à se serrer de plus en plus. Ses jambes commencèrent à flancher à quelques mètres de son bureau. Elle vit l’ordinateur qui se trouvait devant elle. Elle vit l’écran blanc, avec un email incomplet qu’elle n’enverrait jamais.

Elle regarda le curseur clignoter, dans l’attente du mot suivant.

Mais il ne viendrait jamais.

CHAPITRE UN

Une des nombreuses choses qui surprenaient Kate Wise à l’âge de cinquante-cinq ans (cinquante-six dans quelques semaines), c’était le fait que se préparer pour un rencard la rendait toujours aussi anxieuse qu’une adolescente. Est-ce qu’elle s’était bien maquillée ? Pas de trop ? Est-ce qu’elle devrait commencer à se teindre les cheveux pour couvrir les mèches grises qui l’envahissaient de plus en plus ? Est-ce qu’elle devrait porter un soutien-gorge confortable ou plutôt un soutien-gorge qu’Allan aurait facile à enlever ?

C’était une nervosité plutôt agréable, qui lui rappelait qu’elle était déjà passée par là auparavant. Au cours de la première année qui avait suivi son mariage, elle avait ressenti le même genre de nervosité. Mais maintenant avec Alan, le premier homme avec lequel elle soit sortie depuis la mort de Michael, elle avait redécouvert ce que ça signifiait d’avoir un rencard avec un homme.

Sa relation avec Alan était rapidement devenue très facile. Ils avaient tous les deux cinquante-cinq ans et ils n’avaient pas de temps à perdre – ils savaient tacitement que si cette relation allait mener quelque part, ils devaient s’y impliquer à fond. Et c’est exactement ce qu’ils avaient fait jusqu’à maintenant. Et ça avait été plutôt incroyable.

Ce soir, ils allaient dîner, voir un film et revenir chez elle, où ils passeraient la nuit ensemble. C’était une autre chose que leur âge leur permettait de faire : de passer outre le doute de savoir s’ils allaient ou pas faire l’amour. La réponse à cette question avait été un oui sans équivoque depuis des mois – un oui qui les amenait à passer la nuit ensemble après chacun de leurs rencards (une chose de plus qui surprenait Kate sur le fait de sortir avec un homme à l’âge de cinquante-cinq ans).

Alors qu’elle mettait du rouge à lèvres – juste un petit peu, comme aimait Alan – elle fut surprise d’entendre frapper à sa porte d’entrée. Elle consulta sa montre et vit qu’il était seulement 18h35. Elle n’attendait pas Alan avant 19h.

Elle sourit, en supposant qu’il était venu plus tôt. Peut-être qu’il voulait changer l’ordre dans leur rendez-vous et commencer par la chambre à coucher. L’idée de se déshabiller alors qu’elle venait juste de s’habiller ne l’enchanta pas, mais ça en vaudrait sûrement la peine. Avec un sourire aux lèvres, elle quitta sa chambre à coucher, traversa la maison et ouvrit la porte.

Quand elle vit Mélissa sur le pas de la porte, elle passa rapidement par plusieurs émotions : la surprise, la déception et la préoccupation. Mélissa portait en main le siège bébé, où Michelle était installée. Quand Michelle vit sa grand-mère, elle se mit à gazouiller et à gesticuler de ses petites mains.

« Salut, Mélissa, » dit Kate. « Viens, entre. »

Mélissa entra, avant de froncer les sourcils en regardant sa mère. « Merde. Tu avais prévu de sortir ? Un rendez-vous avec Alan ? »

« Oui. Il arrivera dans une vingtaine de minutes. Pourquoi ? Il y a quelque chose qui ne va pas ? »

Ce fut à ce moment-là, alors qu’elles s’asseyaient sur le divan, que Kate remarqua que Mélissa avait l’air troublée. « J’avais espéré que tu aurais pu t’occuper de Michelle ce soir. »

« Mélissa… j’adorerais, tu le sais bien. Mais comme tu peux le voir, j’avais déjà des projets pour ce soir. Est-ce que… tout va bien ? »

Mélissa haussa les épaules. « J’imagine… je ne sais pas. Terry est bizarre depuis quelques temps. En fait, il est bizarre depuis qu’on a eu peur concernant la santé de Michelle. Il est comme absent parfois, tu vois ? C’est pire depuis quelques jours et je ne sais pas pourquoi. »

« Donc vous avez besoin de passer un peu de temps ensemble ? De sortir tous les deux ? »

Mélissa secoua la tête, en fronçant les sourcils. « Non. Il faut qu’on ait une discussion. Une discussion sérieuse et très longue. Et il se pourrait que le ton monte. Et bien qu’il ait été distant depuis quelques temps, on a toujours été d’accord sur le fait qu’on n’allait jamais se crier dessus avec Michelle à la maison. »

« Est-ce qu’il… est-ce qu’il te maltraite ? »

« Non, pas du tout. »

Kate baissa les yeux vers le siège bébé et en sortit lentement Michelle. « Lissa, tu aurais dû m’appeler pour me prévenir. »

« J’ai essayé de t’appeler il y a une heure. Ça a sonné quelques fois avant de tomber sur la messagerie vocale. »

« Ah merde. Je l’ai laissé en mode silencieux après être allée chez le dentiste. Je suis vraiment désolée. »

« Non, c’est moi qui suis désolée. Je n’aime vraiment pas l’idée de te demander cette faveur en dernière minute, alors que tu as visiblement déjà prévu quelque chose. Mais… je ne sais pas quoi faire d’autre. Je suis désolée d’avoir l’air de profiter de toi, mais tu es… je n’ai personne d’autre que toi, maman. Et dernièrement, j’ai l’impression que tu es passée à autre chose. Tu as Allan et ton boulot au FBI. J’ai l’impression que tu m’oublies… que Michelle et moi, on est devenu accessoire. »

Kate ressentit de la peine en entendant ces mots. Elle assit Michelle sur ses genoux, en tenant ses petites mains et en la berçant légèrement.

« Je ne vous ai pas oubliées, » dit Kate. « Au contraire, je pense que j’essaye de me redécouvrir. À travers le boulot, à travers ma relation avec Alan… mais aussi à travers toi et Michelle. Tu n’as jamais été un accessoire. »

« Je suis désolée. Je n’aurais pas dû venir sans t’avoir prévenue. On peut faire ça une autre fois, peut-être dans quelques jours… qu’est-ce que tu en penses ? »

« Non, » dit Kate. « Faites ça ce soir. »

« Mais ton rendez-vous… »

« Alan comprendra. Tu sais, il aime beaucoup Michelle… »

« Maman… tu es sûre ? »

« Absolument. »

Elle se pencha en avant et prit Mélissa dans ses bras. Michelle se tortilla sur ses genoux, en essayant d’attraper une mèche de cheveux de sa grand-mère. « J’ai aussi été très effrayée quand Michelle a dû faire tous ses examens à l’hôpital, » dit-elle. « Peut-être que Terry n’a pas encore réussi à le surmonter. Laisse-lui une chance de s’expliquer. Et s’il n’est pas gentil avec toi, rappelle-lui que ta mère possède une arme. »

Mélissa se mit à rire et Michelle en fit de même, en frappant dans ses deux petites mains potelées.

« Dis à Alan que je suis désolée, » dit Mélissa.

« Je le ferai. Et si ça ne va pas ce soir, n’hésite pas à m’appeler. Tu peux toujours rester ici si tu as besoin de t’éloigner quelques temps. »

Mélissa hocha la tête et embrassa Michelle sur le front. « Tu seras gentille avec mamy, OK ? »

Michelle ne répondit rien. Elle était bien trop occupée à essayer de tirer sur l’un des boutons de la chemise de Kate. Kate regarda Mélissa partir, en remarquant combien elle avait l’air préoccupée. Kate se demanda si la situation n’était pas pire que ce qu’elle avait bien voulu lui dire.

 

Une fois que la porte se fut refermée, Kate baissa les yeux vers Michelle et lui sourit. Michelle lui sourit en retour et tendit la main vers le nez de sa grand-mère.

« Est-ce que maman est heureuse à la maison ? » demanda Kate. « Est-ce que tout va bien entre papa et maman ? »

Michelle lui attrapa le nez et le pinça. Kate grimaça et lui tira la langue, en se disant que s’occuper de Michelle était également un rendez-vous qui en valait vraiment la peine.

***

Quand Kate ouvrit la porte à Alan quinze minutes plus tard, il eut l’air heureux mais aussi surpris. Ses yeux pétillaient comme toujours quand il voyait Kate. Puis il vit le bébé de dix mois dans ses bras et ses yeux se rétrécirent d’un air étonné. Mais ça ne l’empêcha pas de sourire car, comme Kate l’avait dit à Mélissa une demi-heure plus tôt, Alan adorait vraiment Michelle.

« Je pense qu’elle est un peu trop jeune pour tenir la chandelle, » dit Alan.

« Je sais. Écoute, Alan, je suis désolée. Mais il y a eu un changement de plans… il y a à peine une demi-heure. Mélissa et Terry ont des soucis de couple. Terry est devenu très distant et bizarre. Il faut qu’ils discutent de certaines choses… »

Alan haussa les épaules d’un air nonchalant. « Je suis toujours autorisé à entrer ? »

« Bien sûr. »

Il les embrassa toutes les deux – d’abord Kate sur les lèvres, puis Michelle sur le front – avant d’entrer. Kate sentit une bouffée d’amour l’envahir. Il était très beau, comme à son habitude. Il s’était bien habillé pour leur rendez-vous, mais sans en faire de trop non plus. Il parvenait toujours à s’habiller d’une manière qui lui permettait tout aussi bien d’aller boire un verre sur la plage que d’aller dans un restaurant huppé en ville.

« Tu penses que ça va aller entre eux ? » demanda Alan.

« Je pense. Je crois que tous ces examens médicaux que Michelle a dû subir ont affecté Terry. Il commence seulement à s’en rendre compte et ça a des répercussions sur leur mariage. »

« C’est une situation difficile, » dit Alan. Il ouvrit les bras en direction de Michelle et elle tendit tout de suite ses petites mains potelées vers lui. Il la prit dans ses bras et la serra contre lui. Alan regarda ensuite Kate avec un peu de préoccupation dans les yeux.

« Elle n’a même pas appelé pour te prévenir ? » demanda-t-il.

« Elle a essayé et… merde. Mon téléphone est toujours en mode silencieux. Je suis allée à une consultation chez le dentiste. »

Elle sortit son téléphone de son sac et réactiva la sonnerie. Elle vit tout de suite l’appel manqué de Mélissa.

« Tu sais, on peut passer la soirée ici, » dit Alan. « On peut commander dans un restaurant thaïlandais et regarder un film. Et terminer comme prévu. » Il eut un petit sourire coquin à ces derniers mots.

Kate hocha la tête et sourit, mais son attention était toujours tournée vers son téléphone. Elle avait manqué un autre appel, venant d’un numéro qui avait essayé d’appeler deux fois, en laissant un message la dernière fois.

C’était un appel de Washington – du directeur Duran.

« Kate ? »

Elle cligna des yeux et leva les yeux vers lui. Elle n’aimait pas la sensation d’avoir été prise en flagrant délit.

« Ça va ? »

« Oui. C’est juste… que j’ai aussi reçu un appel du boulot. Il y a trois heures. »

« Rappelle-les, alors, » dit Alan. Il faisait semblant de danser avec Michelle et bien qu’il ait un sourire aux lèvres, Kate put discerner une pointe d’irritation dans sa voix. Mais elle savait aussi qu’il insisterait si elle refusait de rappeler.

« Je reviens tout de suite, » dit-elle, en allant dans la cuisine pour rappeler Duran.

Le téléphone sonna deux fois avant qu’il réponde. Et en un mot aussi simple que « Allô, » Kate comprit tout de suite que Duran était énervé.

« Kate, enfin ! Où est-ce que vous étiez ? »

« Mon téléphone était en mode silencieux. Désolée. Qu’est-ce qui se passe ? »

« On a une affaire dans l’Illinois – deux meurtres qui semblent avoir un lien entre eux mais sans aucune preuve formelle. La police locale est perplexe, et le bureau de Chicago a mentionné le fait que vous connaissiez bien la région… vous vous rappelez l’affaire Fielding que vous avez résolue en 2002 ? Ils peuvent mettre leurs propres agents sur l’affaire mais ils ont demandé si ça vous intéresserait de vous en occuper. Ils sont enthousiastes à l’idée que vous reveniez. »

« Quand ? »

« Je voudrais que vous preniez un avion ce soir. Pour que vous et DeMarco soyez sur place demain à la première heure. »

« Qu’est-ce qu’on sait sur l’affaire ? »

« Je peux vous envoyer ce que j’ai, mais on n’a pas encore toutes les informations. On doit encore recevoir des rapports de la police scientifique, etc. Je peux compter sur vous ? »

Kate regarda en direction d’Alan, qui dansait toujours avec Michelle. Elle lui frappait le nez et la bouche, pendant qu’il lui chantait un air de Bob Dylan. Si elle acceptait l’enquête, elle devrait rappeler Mélissa pour lui dire qu’elle ne pouvait pas garder Michelle. Pas ce soir. Et elle devrait également annuler ses projets avec Alan.

« Et si je ne peux pas me libérer ? » demanda-t-elle à Duran.

« Alors je passerai l’affaire au bureau de Chicago. Mais je pense vraiment que vous êtes la personne qu’il nous faut pour cette enquête. Tout ce qu’il faut que vous fassiez, c’est trouver quelques pistes et lancer l’enquête. Après ça, les agents de Chicago pourront prendre la relève. »

« Je peux y réfléchir ? »

« Kate, il faut que je sache maintenant. Je dois informer la police locale et le bureau de Chicago. »

Au fond d’elle, elle savait ce qu’elle voulait faire. Elle voulait accepter l’affaire. Elle en avait vraiment envie. Et si ça faisait d’elle une égoïste, alors… alors quoi ? Il y avait une énorme différence entre le fait de faire passer sa famille en premier et se refuser le droit de vivre sa propre vie. Elle savait que si elle refusait cette enquête, juste parce qu’elle avait accepté de s’occuper en dernière minute de Michelle, elle en voudrait tant à Michelle qu’à Mélissa. Ce n’était pas facile à accepter, mais c’était la vérité pure et dure.

« OK, oui, comptez sur moi. À quelle heure est prévu le vol ? »

« C’est DeMarco qui s’en occupe, » dit Duran. « Elle ne va pas tarder à vous appeler. »

Kate raccrocha et regarda Alan et Michelle. En voyant l’expression tendue sur le visage d’Alan, elle sut qu’il avait entendu la conversation.

« Quand est-ce que tu pars ? » demanda-t-il.

« Je ne sais pas. C’est DeMarco qui s’occupe de réserver les vols, mais ce sera ce soir. Alan… je suis désolée. »

Il resta silencieux et détourna le regard, en s’asseyant sur le divan avec Michelle. « C’est comme ça, » finit-il par dire. « Et n’aie pas trop mauvaise conscience… j’aurai quand même un rencard avec une très jolie fille. »

« Mais non, Alan. J’appellerai Mélissa pour lui expliquer la situation. »

« Non. Ils ont besoin d’un peu de répit. Et je suis tout à fait capable de m’occuper de cette charmante petite fille. »

« Alan, je ne peux pas te demander de faire ça ! »

« Et tu ne me le demandes pas. C’est pour ça que je me propose. »

Kate s’approcha du divan et s’assit à côté de lui. Elle posa sa tête sur son épaule. « Tu sais que tu es vraiment incroyable. »

Il haussa les épaules. « Vraiment ? »

« Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » demanda-t-elle, en sentant une pointe d’amertume dans sa voix.

« Ton boulot… » dit-il. « C’était censé être une fois de temps en temps, non ? Et c’est vrai que c’est le cas. Mais quand ils t’appellent, ils s’attendent à ce que tu laisses tout tomber pour eux. »

« Ça fait partie du boulot. »

« Mais tu as pris ta retraite il y a deux ans. Est-ce que ça te manquait tant que ça ? »

« Alan… c’est injuste de dire ça. »

« Peut-être bien. Et je ne sais pas ce qui t’attire autant dans ce boulot. Mais je suis du même avis que Mélissa. Je ne sais pas combien de temps je vais encore pouvoir accepter cette situation. »

« Si c’est aussi important pour toi, je vais refuser cette affaire. J’appelle tout de suite Duran et… »

« Non. Il faut que tu acceptes. Je ne veux pas que tu nous en veuilles, à moi ou à ta fille, pour avoir refusé cette enquête. Alors, vas-y. Mais vu que je suis de plus en plus amoureux de toi, je dois te dire qu’il serait temps d’avoir une sérieuse conversation quand tu reviendras. Avec moi, avec ta fille, mais aussi avec toi-même. »

La première réaction de Kate fut d’être triste et indignée. Mais peut-être qu’il avait raison. Après tout, est-ce qu’elle n’avait pas elle-même réalisé il y a à peine quelques minutes que sa décision était limite égoïste ? Elle allait avoir cinquante-six ans dans trois semaines. Peut-être qu’il était temps qu’elle mette des limites dans son boulot. Et si ça signifiait que leur petit arrangement avec Duran et le FBI devait se terminer, alors tant pis.

« Alan… j’ai besoin que tu sois franc avec moi. Si accepter cette affaire risque de nous éloigner… »

« Ça n’arrivera pas. Pas cette fois-ci. Mais je ne sais pas combien de temps ça peut encore durer à l’avenir. »

Elle ouvrit la bouche pour répondre mais elle fut interrompue par la sonnerie de son téléphone. Elle regarda l’écran et vit que c’était Jo DeMarco, la jeune femme qui était sa coéquipière depuis un an et qui l’accompagnait dans cette petite expérience avec le FBI.

« C’est DeMarco, » dit-elle. « Il faut que je sache à quelle heure est le vol. »

« Pas de problème, » dit-il. « Tu n’as pas besoin de te justifier. »

Ce qu’elle ne lui dit pas mais qu’elle pensa très fort, ce fut : Alors pourquoi j’ai l’impression de devoir le faire ?

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