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Le grillon du foyer

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Quoique May ne voulût pas lui dire oui, elle ne dit certainement pas non, positivement, d'aucune manière.

Tackleton se mit à rire avec bruit et lourdement. John Peerybingle rit aussi de sa manière, manière d'homme heureux et de bonne humeur; mais son rire était en quelque sorte murmuré à côté de celui de Tackleton.

– Quelques-uns d'entre eux sont morts, dit Dot, et quelques-uns oubliés. Quelques autres, s'ils pouvaient se tenir auprès de nous en ce moment, ne pourraient pas croire que nous soyons les mêmes créatures; ils ne se fieraient ni à leurs yeux, ni à leurs oreilles, et se refuseraient à croire que nous puissions les oublier de cette manière. Non, ils ne croiraient pas un seul mot de tout cela.

– Mais, Dot! s'exclama le voiturier. Petite femme!..

Elle avait parlé avec tant d'ardeur et de feu, qu'elle éprouvait le besoin que quelqu'un la rappelât à elle-même, sans doute. La réprimande de son mari était vraiment douce, car il n'était simplement intervenu, il le supposait du moins, que pour défendre le vieux Tackleton. Dot s'arrêta aussi, et n'en dit pas davantage; mais son silence même laissait percer une agitation peu ordinaire, agitation dont le circonspect Tackleton prit note secrètement, après l'avoir observée de ses yeux à demi fermés, et dont il se souvint dans l'occasion, ainsi que vous le verrez bientôt.

May ne prononça pas un mot, ni en bien ni en mal, mais elle se tint immobile et silencieuse, les yeux baissés, et ne donnant aucun signe de l'intérêt qu'elle prenait à ce qui s'était passé. La bonne dame sa mère s'interposa alors: observant, dans son premier exemple, que les jeunes filles étaient des jeunes filles, et que ce qui était passé était bien passé, et que aussi longtemps que la jeunesse est jeune et étourdie, elle doit suivant toute probabilité se conduire avec l'étourderie de la jeunesse: elle ajouta à cela encore deux ou trois raisons d'un caractère tout aussi incontestable. Elle observa alors, dans une dévote pensée, qu'elle remerciait le ciel d'avoir toujours trouvé dans sa fille May une enfant obéissante et soumise; elle ne s'en félicitait pas elle-même, quoiqu'elle eût quelque raison de croire que c'était uniquement à elle que sa fille le devait. Quant à ce qui concerne M. Tackleton, dit-elle, c'était au point de vue de la morale, un homme irréprochable, et en le considérant sous le point de vue d'un futur gendre, il faudrait ne pas avoir de sens pour ne pas l'accepter. – Ces derniers mots furent prononcés d'un ton emphatique. – Relativement à la famille dans laquelle il allait entrer, après en avoir fait la demande, elle pensait que M. Tackleton savait que, malgré son peu d'importance sous le rapport de la fortune, elle avait quelques prétentions à la noblesse, et que si certaines circonstances, pas entièrement vagues, se rapportant au commerce de l'indigo, s'étaient passées différemment, elle pourrait peut-être se trouver en possession d'une grande fortune. Elle fit alors la remarque qu'il ne fallait pas faire allusion au passé, et ne voulut pas rappeler que sa fille avait déjà, quelque temps avant, rejeté la demande de M. Tackleton; et elle témoigna l'intention de supprimer une foule d'autres choses qu'elle raconta cependant avec beaucoup de détails. Finalement, elle donnait comme le résultat général de ses observations et de son expérience que tous les mariages où il y avait le moins de ce qu'on est convenu d'appeler romanesquement et sottement de l'amour, étaient toujours les plus heureux; et elle augurait le plus grand bonheur, – non pas un bonheur ravissant, – mais un bonheur solide et constant pour les prochaines noces. Elle concluait en informant la compagnie que le lendemain était le jour pour lequel elle avait vécu dans l'attente; et que, passé ce jour, elle ne désirerait rien autre chose que d'être expédiée dans une place agréable d'un cimetière.

Comme toutes ces remarques étaient de celles auxquelles il est tout à fait impossible de répondre, ce qui, du reste, est l'heureuse propriété des remarques suffisamment hors de propos, elles changèrent le courant de la conversation et détournèrent l'attention générale au profit du pâté de veau et de jambon, du mouton froid, des pommes de terre et de la tarte. De peur que la bière en bouteilles ne fût négligée, John Peerybingle proposa de boire au lendemain, au jour du mariage, et il prit sur lui de boire une rasade à cette santé, avant de poursuivre sa journée.

Car il faut que vous sachiez que John Peerybingle ne restait là que le temps pendant lequel on débridait et rafraîchissait son vieux cheval. Il lui fallait aller à quatre ou cinq milles plus loin; et alors, quand il retournait le soir, il ramenait Dot, et faisait une autre halte chez lui. C'était l'ordre du jour toutes les fois qu'il y avait pique-nique, et il n'y en avait jamais eu d'autre depuis leur institution.

Il y avait deux personnes présentes, entre le fiancé et la fiancée, qui étaient restées indifférentes à ce toast. Une d'elles était Dot, trop troublée et impressionnée pour se prêter à aucun des petits incidents du moment; l'autre était Berthe, qui se leva de table à la hâte avant tout le monde.

– Bonjour, dit le vigoureux John Peerybingle en s'enveloppant de sa redingote de voyage. Je serai de retour à l'heure habituelle. Bonjour à tous!

– Bonjour, John, répondit Caleb.

Il sembla prononcer ce bonjour par routine et il l'accompagna d'un geste de la main tout à fait inconscient; car toute son attention était occupée à observer Berthe, qu'il suivait d'un regard anxieux et dont rien n'altérait jamais l'expression.

– Bonjour, jeune fripon, dit le gai voiturier, en se baissant pour embrasser l'enfant, que Tilly Slowbody, occupée uniquement avec son couteau et sa fourchette, avait déposé endormi, et, chose étrange à dire! sans accident dans le petit lit que Berthe lui avait garni; bonjour: le temps viendra, je suppose, mon petit ami, où vous irez voyager avec le froid et où vous laisserez votre vieux père au coin de la cheminée avec sa pipe et ses rhumatismes. Eh! où est Dot?

– Je suis ici, John, dit-elle en tressaillant.

– Allons, allons, reprit le voiturier en frappant ses mains sonores l'une contre l'autre. Où est la pipe?

– J'avais complètement oublié la pipe. John.

– Oublié la pipe! a-t-on jamais pu avoir l'idée de cela! Elle avait oublié la pipe!

– Je vais la bourrer immédiatement, dit-elle. Ce sera fait de suite.

Mais ce ne fut pas fait de suite. La pipe se trouvait à sa place accoutumée, dans la poche de la redingote du voiturier, cette petite poche était l'ouvrage de Dot elle-même, celle où elle avait toujours coutume de prendre le tabac; mais sa main tremblait tellement qu'elle s'y embarrassa – et c'était pourtant la même main qui y entrait et qui en sortait si aisément, j'en suis sûr. – Les fonctions de bourrer et d'allumer la pipe, petites occupations pour lesquelles je vous vantais l'habileté de Dot, si vous vous en souvenez, furent faites avec maladresse et embarras. Pendant ce temps Tackleton la considérait attentivement et malicieusement de son oeil à demi fermé; et toutes les fois que son regard rencontrait le sien, ce regard, semblable à une espèce de trappe destinée à l'engloutir, augmentait sa confusion à un remarquable degré.

– Comme vous êtes gauche cette après-midi, Dot, dit John. Je crois que j'aurais mieux fait moi-même. Je le crois vraiment.

Après avoir prononcé ces paroles d'un ton de bonne humeur, il sortit, s'éloignant à grands pas; et on entendit bientôt après Boxer, le vieux cheval et la voiture faire leur musique dans la rue. Caleb, pendant ce temps, toujours immobile et rêveur, n'entendit rien, et continua à regarder sa fille aveugle avec la même expression de visage.

– Berthe, dit Caleb doucement, que vous est-il arrivé? Comme vous êtes changée, ma bien-aimée, depuis ce matin. Vous avez été silencieuse et triste tout le jour! Que signifie cela? dites-le moi.

– Oh! mon père! mon père! s'écria la jeune aveugle en fondant en larmes. Mon triste, triste sort!

Caleb passa sa main sur ses yeux avant de lui répondre.

– Mais, songez combien vous avez été heureuse et gaie, Berthe. Combien vous étiez bonne, et combien vous avez été aimée par plusieurs personnes.

– C'est ce qui me fend le coeur, mon cher père, vous toujours si soigneux, vous toujours si prévenant pour moi!

Caleb avait bien peur de la comprendre.

– Être… être aveugle, Berthe, ma pauvre fille, dit-il en hésitant, c'est sans doute une grande affliction… mais…

– Je ne l'ai jamais ressentie, s'écria la jeune aveugle. Je ne l'ai jamais ressentie, du moins d'une manière complète, non jamais. J'ai quelquefois souhaité de vous voir, et de le voir, lui… vous voir une fois seulement, mon cher père, seulement pendant une minute, afin de pouvoir connaître le trésor que j'ai ici, dit-elle en posant sa main sur son coeur, et être assurée que je ne me trompe pas… Et quelquefois, – mais j'étais une enfant à cette époque, – j'ai pleuré pendant que je priais la nuit, en pensant que vos chères images qui montent de mon coeur au ciel pourraient ne pas avoir votre ressemblance. Mais je ne suis pas restée longtemps inquiète pour cela. C'est passé maintenant, et je me sens tranquille et contente.

– Et vous le serez encore, dit Caleb.

– Mais, père! mon bon et tendre père, supportez-moi, si je suis coupable, dit la jeune aveugle, ce n'est pas le chagrin qui m'affecte de cette manière.

Son père ne put s'empêcher de pleurer, elle avait parlé d'un ton si pathétique! Mais il ne la comprenait pas, non, pas encore.

– Conduisez-la vers moi, dit Berthe. Je ne puis garder ce secret renfermé en moi-même. Amenez-la moi, mon père.

Elle comprit qu'il hésitait, et lui dit: – May, amenez-moi May.

May en entendant prononcer son nom vint vers elle et lui toucha le bras. La jeune aveugle se retourna tout d'un coup et lui saisit les deux mains.

 

– Regardez mon visage, chère amie, charmante amie, dit Berthe. Lisez-y avec vos beaux yeux, et dites-moi si la vérité y est écrite.

– Chère Berthe, oui.

La jeune aveugle tournant vers elle sa figure pâle et privée de lumière, d'où s'échappaient de nombreuses larmes, lui adressa la parole en ces termes:

– Il n'existe pas dans mon âme un souhait ou une pensée qui ne soit pour votre bonheur, charmante May. Il n'est pas dans mon âme un gracieux souvenir, un souvenir plus profond et plus reconnaissant des soins et de l'affection que vous portez à l'aveugle Berthe, depuis que nous étions toutes deux enfants, si je puis dire que Berthe a eu une enfance. J'appelle sur votre tête toutes les bénédictions. Que vous rencontriez le bonheur sur vos pas! Je ne le souhaite pas moins ardemment, ma chère May, dit-elle en la pressant tendrement contre elle, pas moins ardemment parce que aujourd'hui, en apprenant que vous alliez être sa femme, mon coeur a été presque brisé. Mon père! May, Marie, pardonnez-moi à cause de ce qu'il a fait pour soulager la tristesse de ma vie d'aveugle, et à cause de la confiance que vous avez en moi, lorsque j'appelle le ciel à témoin que je ne pouvais lui souhaiter une femme plus digne de sa bonté.

En prononçant ces paroles, elle avait quitté les mains de May Fielding pour s'attacher à ses vêtements dans une attitude de supplication et d'amour. Se laissant glisser peu à peu jusqu'à terre, après qu'elle eut achevé son étrange confession, elle se laissa tout à fait tomber aux pieds de son amie et cacha sa figure privée de lumière dans les plis de sa robe.

– Puissance divine! s'écria son père, éclairé cette fois par la vérité, ne l'ai-je trompée depuis le berceau que pour lui briser le coeur à la fin!

Ce fut un bonheur pour tout le monde que la petite Dot, active et utile, – car elle l'était, quelles que fussent ses fautes; cependant vous pouvez apprendre plus tard à la haïr, – ce fut un bonheur pour tous, dis-je, qu'elle fût là; sans quoi il aurait été difficile de dire comment cela aurait fini. Mais Dot, reprenant possession d'elle-même, s'interposa avant que May pût répondre, ou Caleb dire une autre parole.

– Venez, venez, chère Berthe! Sortez avec moi! Donnez-lui votre bras, May. Ah! voyez comme elle est calme déjà, et comme il est bien de sa part de songer à nous, dit la chère petite femme en la baisant sur le front. Venez, chère Berthe! et son bon père viendra avec elle; n'est-ce pas, Caleb?

Dot était une noble femme dans ces choses-là, et il aurait fallu être d'une nature bien endurcie pour se soustraire à son influence. Lorsqu'elle eut emmené le pauvre Caleb et sa Berthe, pour se consoler et se soutenir l'un l'autre, car elle savait qu'eux seuls pouvaient le faire, elle retourna en bondissant, aussi fraîche qu'une marguerite, je dis même plus fraîche, pour empêcher la chère vieille créature de faire quelque découverte.

– Apportez-moi le cher baby, dit-elle en tirant une chaise près du feu, et pendant que je l'aurai sur mes genoux, Tilly, mistress Fielding me dira tout ce qui concerne le soin des enfants, et me redressera sur vingt points sur lesquels j'aurai pu manquer. N'est-ce pas, mistress Fielding?

La vieille dame tomba dans le piège. La sortie de Tackleton, le chuchotement de deux ou trois personnes se cachant d'elle, des plaintes sur le commerce de l'indigo l'auraient tenue sur ses gardes pendant vingt-quatre heures. Mais cette déférence d'une jeune mère pour son expérience était si irrésistible qu'après avoir feint un instant de s'excuser sur son humilité, elle commença à lui donner ses instructions avec la meilleure grâce du monde, et s'asseyant tout à coup devant la méchante Dot, elle lui débita, dans une demi-heure, plus de recettes et de préceptes domestiques infaillibles qu'il n'en aurait fallu, si on les avait mis en pratique, pour tuer le petit Peerybingle, quand il aurait eu la vigueur de Samson enfant.

Pour changer de sujet, Dot fit un petit travail à l'aiguille, elle mit dans sa poche tout le contenu d'une boite à ouvrage, elle fit un peu téter son entant, elle reprit ensuite son travail à l'aiguille, puis fit une petite causerie tout bas avec May, pendant que la vieille dame pérorait; de sorte qu'avec ces petites occupations, qui lui étaient habituelles, elle trouva l'après-midi très courte. Enfin, comme il se faisait nuit, et comme son devoir était de remplir la tâche de Berthe dans le ménage, elle garnit le feu, balaya le foyer, dressa la table à thé, et alluma une chandelle. Après cela, elle joua un ou deux airs sur une harpe grossière, que Caleb avait fabriquée pour Berthe, et elle les joua très bien, car la nature l'avait douée d'une oreille aussi délicate pour la musique qu'elle aurait été bien faite pour être ornée de bijoux, et elle en avait eu à porter. À ce moment arriva l'heure du thé, et Tackleton vint pour le prendre et passer la soirée.

Caleb et Berthe étaient revenus quelques instants auparavant, et Caleb s'était assis pour s'occuper de son travail de l'après-midi. Mais il ne put rester assis, tant il était agité, le pauvre, par ses remords au sujet de sa fille. On était touché en le voyant assis sans rien faire sur sa chaise à travail, la regardant fixement, et disant en face d'elle: «L'ai-je trompée depuis son berceau, pour lui briser le coeur!»

Lorsqu'il fut nuit et que le thé fut fait, que Dot n'eut rien plus à faire que de nettoyer les tasses, en un mot, – car il faut que j'en vienne là, et il est inutile de tant tarder – lorsque le moment fut venu d'attendre le retour du voiturier, en écoutant le bruit éloigné de ses roues, les manières de Dot changèrent, elle rougit et pâlit tour à tour, et elle ne put pas rester en place.

Ce n'était pas comme d'autres braves femmes, lorsqu'elles écoutent si leur mari vient. Non, non, non, c'était une autre manière d'être agitée.

On entendit des roues, le pas d'un cheval, l'aboiement d'un chien; ces bruits réunis se rapprochèrent. On entendit les pattes de Boxer gratter à la porte.

– Quel est ce pas? s'écria Berthe en tressaillant.

– Quel est ce pas? répondit le voiturier en se présentant à la porte avec son rude et brun visage rougi par le froid du soir; c'est le mien.

– L'autre pas? dit Berthe; celui de l'homme qui est derrière vous?

– On ne peut la tromper, dit le voiturier en riant. Venez, monsieur, vous serez bien reçu; n'ayez pas peur.

Il parlait haut, et le monsieur sourd entra.

– Il n'est pas tellement étranger que vous ne l'ayez déjà vu autrefois, Caleb, dit le voiturier. Vous lui donnerez une chambre dans la maison jusqu'à ce que nous partions.

– Certainement, John; et ce sera un honneur pour nous.

– Il n'y a pas de meilleure société que la sienne pour parler en secret, dit John. J'ai de bons poumons, mais il les met à l'épreuve, je vous assure. Asseyez-vous, monsieur. Ce sont tous des amis, et ils sont charmés de vous voir.

Lorsqu'il eut donné cette assurance d'un ton de voix qui prouvait ce qu'il avait dit de ses poumons, il ajouta de son ton ordinaire: – Donnez-lui une chaise au coin de la cheminée, laissez-le s'asseoir en silence et regardez-le amicalement; c'est tout ce dont il a besoin. Il est facile à contenter.

Berthe avait écouté avec attention. Il fit venir Caleb à son côté, quand il eut placé la chaise, et elle lui demanda de lui dépeindre le nouveau venu. Lorsqu'il l'eut fait avec une fidélité vraiment scrupuleuse, elle fit un mouvement, le premier depuis que cet homme était entré, et après cela elle sembla ne plus prendre intérêt à lui.

Le brave voiturier était tout joyeux, et plus amoureux de sa petite femme que jamais.

– Ma Dot n'est guère bien mise, dit-il en l'embrassant quand elle fut un peu à l'écart, mais je l'aime autant comme cela. Voyez là- bas, Dot.

Il lui montrait le vieillard, Dot baissa les yeux; je crois qu'elle tremblait.

– Ah! ah! ah! il est plein d'admiration pour vous, nous n'avons parlé que de vous, tout le long de la route. Ah! c'est un brave vieux; je l'aime pour cela.

– Je voudrais qu'il eût un meilleur sujet de conversation, John, dit-elle en jetant un regard autour d'elle, surtout vers Tackleton.

– Un meilleur sujet, s'écria le jovial John. Pas du tout. Allons! À bas le manteau, à bas le châle épais, à bas ces lourdes enveloppes! passons une bonne demi-heure près du feu. Je suis à vos ordres, mistress, une partie de cartes, vous et moi. Cela vous va? Dot, les cartes et la table. Un verre de bière ici, s'il en reste, ma petite femme.

Son défi s'adressait à la vieille qui l'accepta gracieusement, et bientôt ils furent occupés à jouer. D'abord, le voiturier regarda autour de lui avec un sourire, ou bien il appelait Dot pour lui faire voir son jeu par dessus son épaule, ou pour lui demander conseil sur un coup. Mais son adversaire étant ferrée, il comprit qu'il lui fallait plus de vigilance, et pas de distraction pour ses yeux ni ses oreilles. De cette manière toute son attention fut graduellement absorbée par les cartes, et il ne pensa plus à rien jusqu'à ce qu'une main placée sur son épaule lui rappela Tackleton.

– Je suis fâché de vous déranger, mais un mot, tout de suite.

– Je vais jouer, dit le voiturier; le moment est critique.

– Venez, dit Tackleton.

En voyant la pâleur de son visage, le voiturier se leva, et lui demanda vivement de quoi il s'agissait.

– Chut! John Peerybingle, dit Tackleton. J'en suis fâché. Vraiment je le suis. Je l'ai craint, je l'ai soupçonné tout d'abord.

– Qu'est-ce? dit le voiturier d'un air effrayé.

– Chut! je vous montrerai, si vous venez avec moi.

Le voiturier l'accompagna sans dire un mot de plus. Ils traversèrent une cour où brillaient les étoiles; et ils entrèrent par une porte latérale dans ce comptoir de Tackleton, où il y avait une fenêtre vitrée qui permettait de voir dans le magasin; elle était fermée pendant la nuit. Il n'y avait pas de lumière dans le comptoir, mais il y avait des lampes dans le magasin long et étroit et par conséquent la fenêtre était éclairée.

– Un moment, dit Tackleton. Avez-vous le courage de regarder par cette fenêtre?

– Pourquoi pas? répondit le voiturier.

– Encore un moment, dit Tackleton. Pas de violence. Elle ne sert de rien. Elle est dangereuse. Vous êtes un homme fort, et vous pourriez commettre un meurtre avant de le savoir.

Le voiturier le regarda en face, et recula d'un pas comme s'il avait été frappé. Dans une enjambée il fut à la fenêtre, et il vit… Ô foyer souillé! Ô fidèle Grillon! Ô perfide femme!

Il la vit avec le vieillard, qui n'était plus vieux, mais droit et charmant, tenant à la main ses faux cheveux qui lui avaient ouvert l'entrée de cette maison désolée. Il vit qu'elle l'écoutait, tandis qu'il baissait la tête pour lui parler à l'oreille. Il les vit s'arrêter, il la vit, elle, se retourner de manière à avoir son visage, ce visage qu'il aimait tant, présent à sa vue! et il la vit de ses propres mains ajuster la chevelure mensongère sur la tête de l'homme, en riant de sa nature peu soupçonneuse.

Il serra d'abord sa vigoureuse main droite, comme s'il avait voulu frapper un lion; mais l'ouvrant aussitôt, il la déploya devant les yeux de Tackleton, – car il aimait cette femme, même en ce moment, – et quand ils eurent passé, il tomba sur un pupitre, faible comme un enfant.

Il était enveloppé jusqu'au menton, et occupé de son cheval et de ses paquets quand elle entra dans le salon, se préparant à rentrer dans la maison.

– Me voilà, John, mon cher! bonne nuit, May! bonne nuit, Berthe!

Pouvait-elle les embrasser? Pouvait-elle être gaie en parlant? Pouvait-elle montrer son visage sans rougir? Oui, Tackleton l'observait de près; et elle fit tout cela.

Tilly faisait taire le baby; et elle passa et repassa une douzaine de fois devant Tackleton, en répétant lentement: son père ne l'a- t-il trompée dès son berceau que pour lui briser le coeur à la fin!

– Tilly, donnez-moi le baby. Bonne nuit, M. Tackleton. Où est

John, mon Dieu?

– Il est allé se promener, dit Tackleton en l'aidant à s'asseoir.

– Mon cher John, se promener? ce soir?

La figure empaquetée de son mari fit un signe affirmatif; le faux étranger et la petite nourrice étaient à leur place, le vieux cheval partit. Boxer, l'insouciant Boxer, courant devant, courant derrière, courant autour de la voiture, et aboyant aussi triomphalement et aussi gaiement que toujours.

Lorsque Tackleton fut aussi sorti, escortant May et sa mère chez elles, le pauvre Caleb s'assit près du feu à côté de sa fille; plein de tristesse et de remord,. il se disait: «Ne l'ai-je trompée depuis le berceau, que pour lui briser le coeur à la fin?»

 

Les jouets que l'on avait mis en mouvement pour l'enfant étaient déjà depuis longtemps immobiles. Les poupées imperturbablement calmes dans le silence et le demi-jour; les chevaux fougueux avec leurs yeux et leurs naseaux ouverts; les vieux messieurs debout à des portes étroites, avec leurs genoux et leurs chevilles fléchissants; les casse-noisette avec leurs figures grimaçantes; les bêtes se dirigeant vers l'arche de Noé, deux à deux, comme des écoliers en promenade, pouvaient être regardés comme frappés d'immobilité par l'étonnement, à la vue de Dot convaincue de fausseté, ou de Tackleton digne d'être aimé, par quelque combinaison de circonstances.

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