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Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. I

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«Voici le moment,» pensa-t-il, en se mettant avec précaution sur ses pieds. Il examina la maison: les lumières avaient disparu, les volets étaient fermés; tout le monde était au lit, sans aucun doute. Il s'avança à pas de loup vers la porte, et frappa doucement. Deux ou trois minutes s'étaient passées sans réponse, il frappa un autre coup plus fort, puis un autre plus fort encore.



A la fin, un bruit de pas se fit entendre dans l'escalier; la lumière d'une chandelle brilla à travers le trou de la serrure; des barres, des verrous furent tirés, et la porte s'ouvrit lentement.



La porte s'ouvrit lentement, et à mesure qu'elle s'ouvrait de plus en plus, M. Pickwick se retirait de plus en plus derrière elle. Il allongea la tête avec précaution pour reconnaître la personne qui s'avançait; mais quel fut son étonnement lorsqu'il aperçut, au lieu de Job Trotter, une servante inconnue, qui tenait une chandelle dans sa main. M. Pickwick retira sa tête avec la vivacité déployée par Polichinelle, cet admirable comédien, quand il craint d'être découvert par le commissaire.



«Sarah, dit la servante en s'adressant à quelqu'un dans la maison, c'est apparemment le chat. Minet! minet! petit! petit! petit!»



Aucun animal n'ayant été attiré par ces incantations, la servante referma lentement la porte, et la reverrouilla, laissant M. Pickwick aplati contre le mur.



«Ceci est fort étrange, pensa-t-il avec tristesse. Elles veillent, à ce que je suppose, plus tard qu'à l'ordinaire. Il est bien malheureux qu'elles aient choisi précisément cette nuit-ci, extrêmement malheureux!» Tout en faisant ces réflexions, M. Pickwick se retirait avec précaution dans l'angle du mur, où il avait été originairement caché, résolu d'attendre là assez longtemps pour pouvoir répéter, sans danger, son signal.



Il y était à peine depuis cinq minutes, lorsque la lueur éblouissante d'un éclair fut immédiatement suivie d'un violent coup de tonnerre, qui fit retentir les cieux d'un épouvantable roulement puis vint un autre éclair plus éblouissant que le premier; puis un autre coup de tonnerre, plus épouvantable que le précédent; puis enfin arriva la pluie, plus terrible encore que les uns et les autres.



M. Pickwick savait parfaitement qu'un arbre est un très-dangereux voisin pendant un orage: or, il avait un arbre à sa droite, un autre à sa gauche, un troisième devant lui, un quatrième derrière. S'il restait où il était, il risquait d'être foudroyé; s'il se montrait au milieu du jardin, il pouvait être saisi et livré aux constables. Une ou deux fois il essaya d'escalader le mur; mais, n'ayant alors aucun aide, le seul résultat de ses efforts fut de mettre toute sa personne dans un état de transpiration abondante, et d'opérer sur ses genoux et sur les os de ses jambes une infinité d'égratignures.



«Quelle épouvantable situation!» se dit-il à lui-même, en s'arrêtant après cet exercice pour essuyer son front et pour frotter ses genoux. En même temps, il regardait vers la maison, et n'y voyant plus de lumière, il se flatta que tout le monde serait couché; il résolut donc de répéter son signal.



Il marche sur la pointe du pied, dans le sable humide; il frappe à la porte; il retient son haleine; il écoute à travers le trou de la serrure. Pas de réponse. C'est singulier. Un autre coup. Il écoute de nouveau; un chuchotement se fait entendre dans l'intérieur, et une voix crie ensuite:



«Qui va là?



– Ce n'est pas Job, pensa M. Pickwick en s'aplatissant contre le mur. C'est une voix de femme.»



A peine était-il arrivé à cette conclusion, qu'une fenêtre du premier étage s'ouvrit, et trois ou quatre voix de femmes répétèrent la question: «Qui est là?»



M. Pickwick n'osa pas bouger. Il était clair que toute la maison était réveillée. Il résolut de rester où il était jusqu'à ce que l'alarme fût apaisée, et ensuite de faire un effort surnaturel, d'escalader le mur, ou de périr dans cette noble entreprise.



Comme toutes les résolutions de M. Pickwick, celle-ci était la meilleure qu'il pût prendre dans les circonstances données; mais malheureusement elle était fondée sur l'hypothèse que les habitants de la maison n'oseraient point rouvrir la porte. Quel fut donc son désappointement lorsqu'il entendit tirer barres et verrous, et lorsqu'il vit la porte s'entre-bâiller lentement, mais de plus en plus. Il fit retraite, pas à pas, jusqu'auprès des gonds; mais ce fut en vain qu'il s'effaça contre le mur: l'interposition de sa personne empêchait la porte de s'ouvrir tout à fait.



«Qui est là?» s'écria, de l'escalier, un chœur nombreux de voix de soprano. C'étaient la vieille demoiselle, maîtresse de l'établissement, trois sous-maîtresses, cinq domestiques femelles, et trente pensionnaires, toutes à demi-vêtues, toutes ombragées d'une forêt de papillotes.



Comme on s'en doute bien, M. Pickwick ne répondit point

qui était là

, et alors le refrain du chœur fut changé en celui-ci: «Mon Dieu! mon Dieu! comme j'ai peur!



– Cuisinière, dit la vieille demoiselle, qui avait pris soin de rester au haut de l'escalier, la dernière du groupe; cuisinière, pourquoi n'avancez-vous pas dans le jardin?



– Si vous plaît, ma'ame, je n'en avons pas envie.



– Mon Dieu! mon Dieu! que cette cuisinière est stupide! s'écrièrent les trente pensionnaires.



– Cuisinière! reprit la vieille demoiselle avec grande dignité, ne me raisonnez pas, s'il vous plaît. Je vous ordonne de regarder dans le jardin, sur-le-champ.»



Ici la cuisinière commença à pleurer: la servante dit que c'était une honte de la traiter ainsi, et pour cet acte de rébellion elle reçut son congé sur la place.



«Cuisinière! entendez-vous? cria la vieille demoiselle en frappant du pied avec colère.



– Cuisinière! entendez-vous votre maîtresse? crièrent les trois sous-maîtresses.



– Cette cuisinière est-elle impudente!» crièrent les trente pensionnaires.



L'infortunée cuisinière, ainsi poussée en avant, fit un pas ou deux en ayant soin de tenir sa chandelle de manière qu'il lui fût impossible de rien apercevoir. Elle déclara donc qu'elle ne voyait rien dans le jardin, et que ce devait être le vent.



La porte allait se refermer, en conséquence, lorsqu'une pensionnaire curieuse s'étant hasardée à regarder entre les gonds, jeta un cri effroyable qui fit rentrer en un clin d'œil la cuisinière, la servante et les plus aventureuses.



«Qu'est-ce qui est donc arrivé à miss Smithers? demanda la vieille demoiselle, tandis que ladite miss Smithers tombait dans une attaque de nerfs de la puissance de quatre jeunes ladies.



– Mon Dieu! mon Dieu! chère miss Smithers! dirent les vingt-neuf autres pensionnaires.



– Oh! l'homme! l'homme derrière la porte!» cria miss Smithers d'une voix entrecoupée.



Aussitôt que la vieille demoiselle eut entendu ces mots effrayants, elle battit en retraite jusque dans sa chambre à coucher, ferma la porta à double tour, et se trouva mal tout à son aise. Cependant les pensionnaires, les sous-maîtresses, les servantes se précipitaient sur l'escalier, les unes par-dessus les autres; et jamais on n'avait vu tant de bousculades, tant d'évanouissements, tant de cris. Au milieu du tumulte, M. Pickwick sortit de sa cachette et se présenta devant ces colombes effarouchées.



«Ladies! chères ladies! leur dit-il.



– Oh! Il nous appelle

chères

, cria la plus laide et la plus vieille des sous-maîtresses. Dieux! le misérable!



– Ladies! vociféra M. Pickwick, devenu désespéré par le danger de sa situation. Écoutez-moi! je ne suis point un voleur! Tout ce que je veux, c'est la maîtresse de la maison!



– Oh! quel monstre féroce! s'écria une autre sous-maîtresse. Il en veut à miss Tomkins!»



Ici les gémissements devinrent universels.



– Sonnez la cloche d'alarme! dirent une douzaine de voix.



– Non! non! cria M. Pickwick, regardez-moi! ai-je l'air d'un voleur? Mes chères dames, vous pouvez m'attacher, m'enfermer, pieds et poings liés, dans un cabinet, si cela vous fait plaisir. Seulement écoutez ce que j'ai à dire! seulement écoutez-moi!



– Comment êtes-vous entré dans notre jardin? balbutia la servante.



– Appelez la maîtresse de la maison, et je lui dirai tout, tout! continua M. Pickwick de toutes les forces de ses poumons. Appelez-la donc; seulement soyez calmes, et appelez-la: vous entendrez tout!»



Était-ce grâce à la figure de M. Pickwick, ou à son éloquence, ou à la tentation irrésistible pour des esprits féminins d'entendre quelque chose de mystérieux? nous l'ignorons; mais les femelles les plus raisonnables de l'établissement, au nombre d'environ quatre ou cinq, parvinrent enfin à recouvrer une tranquillité comparative. Elles proposèrent à M. Pickwick de se soumettre immédiatement à une contrainte personnelle, afin de prouver sa sincérité: il y consentit, et, pour obtenir de conférer avec miss Tomkins, il entra spontanément dans le cabinet où les externes pendaient leurs bonnets et leurs sacs durant les classes. Lorsqu'il y fut soigneusement renfermé, les brebis effrayées commencèrent peu à peu à reprendre courage. Miss Tomkins fut tirée de son évanouissement et de sa chambre; ses acolytes l'apportèrent au rez-de-chaussée, et la conférence commença.



«Eh bien! l'homme, dit miss Tomkins d'une voix faible, que faisiez-vous dans mon jardin?



– Je venais pour vous avertir qu'une de vos jeunes demoiselles doit s'échapper cette nuit, répondit M. Pickwick de l'intérieur du cabinet.



– S'échapper! s'écrièrent miss Tomkins, les trois sous-maîtresses et les trente pensionnaires. Et avec qui?



– Avec votre ami, M. Charles Fitz-Marshall.



– 

Mon

 ami! je ne connais personne de ce nom.



– Eh bien! M. Jingle alors.



– Je n'ai jamais entendu ce nom de ma vie.



– Alors j'ai été trompé! abusé! dit M. Pickwick; j'ai été la victime d'un complot, d'un lâche et vil complot! Envoyez à l'hôtel de l'Ange, ma chère madame, si vous ne me croyez pas. Je vous en supplie, madame, envoyez à l'hôtel de l'Ange, et faites demander le domestique de M. Pickwick.

 



– Il paraît que c'est un homme respectable, puisqu'il garde un domestique! dit miss Tomkins à la maîtresse d'écriture et de calcul.



– J'imagine plutôt, répondit celle-ci, que c'est son domestique qui le garde. Je pense qu'il est fou, miss Tomkins, et que l'autre est son gardien.



– Je crois que vous avez raison, miss Gwynn, répondit la vieille demoiselle. Il faut que deux des servantes aillent à l'hôtel de l'Ange, et que les autres restent ici pour nous protéger.»



Deux des servantes furent en conséquence dépêchées à l'hôtel de l'Ange, en quête de M. Samuel Weller, tandis que les trois autres restèrent pour protéger miss Tomkins, les trois sous-maîtresses et les trente pensionnaires. M. Pickwick s'assit par terre, dans le cabinet, et attendit le retour des deux messagers avec toute la philosophie, tout le courage qu'il put appeler à son aide.



Une heure et demie s'écoulèrent dans cette pénible situation, et lorsque les deux servantes revinrent enfin, M. Pickwick reconnut, outre la voix de Samuel Weller, deux autres voix dont l'accent paraissait familier à son oreille, mais dont il n'aurait pas pu deviner les propriétaires, quand il se serait agi de sa vie.



Une courte conférence s'ensuivit; la porte fut ouverte; M. Pickwick sortit du cabinet et se trouva en présence de toute la pension, de Sam Weller, du vieux M. Wardle et de son futur gendre.



«Mon cher ami! dit M. Pickwick en se précipitant vers M. Wardle et en saisissant ses mains; mon cher ami! au nom du ciel! expliquez à ces dames la malheureuse, l'horrible situation dans laquelle je me trouve placé. Vous devez l'avoir apprise de mon domestique. Dites-leur à tout hasard, mon cher camarade, que je ne suis ni un brigand, ni un fou.



– Je l'ai dit, mon cher ami, je l'ai dit, répliqua M. Wardle en secouant la main droite du philosophe, tandis que M. Trundle secouait sa main gauche.



– Et ceux qui disent, ou bien qui ont dit qu'il l'était, s'écria Sam en s'avançant au milieu de la société, ils disent quelque chose qui n'est pas vrai, mais au contraire qu'est tout à fait l'opposite. Et s'il y a ici des hommes, n'importe combien, qui disent ça, je leur y donnerai une preuve convaincante du contraire, dans cette même chambre ici, si ces très-respectables ladies veulent avoir la bonté de se retirer et de faire monter leurs hommes, un à un.» Ayant exprimé ce défi chevaleresque avec une grande volubilité, Sam Weller frappa énergiquement la paume de sa main avec son poing fermé, et regarda miss Tomkins d'un air gracieux et en clignant de l'œil. Mais la galanterie de Sam ne produisit aucun effet sur cette vertueuse personne, qui avait entendu avec une horreur indicible la supposition, implicitement exprimée, qu'il pouvait se trouver

des hommes

 dans l'enceinte d'une pension de demoiselles.



L'apologie de M. Pickwick fut bientôt terminée, mais on ne put tirer de lui aucune parole, ni pendant son retour à l'hôtel, ni lorsqu'il fut assis, avec ses amis, entre un bon feu et le souper dont il avait tant besoin. Il semblait étourdi, stupéfié. Une fois, une fois seulement, il se tourna vers M. Wardle et lui demanda:



«Comment êtes-vous venu ici?



– J'avais arrangé, pour le premier du mois, une partie de chasse avec Trundle. Nous sommes arrivés cette nuit, et avons été fort étonnés d'apprendre que vous étiez dans ce pays. Mais je suis charmé de vous y voir, continua l'enjoué vieillard en frappant M. Pickwick sur le dos; je suis charmé de vous y voir; nous aurons une partie de chasse au premier jour, et nous donnerons à Winkle une autre chance. N'est-ce pas, vieux camarade?»



M. Pickwick ne répondit point. Il ne demanda pas même des nouvelles de ses amis de Dingley-Dell; et peu après il se retira pour la nuit, après avoir ordonné à Sam de venir prendre sa chandelle lorsqu'il sonnerait.



Au bout d'un certain temps, la sonnette retentit, et Sam Weller se présenta devant son maître.



«Sam! dit M. Pickwick en écartant un peu ses draps, pour le regarder.



– Monsieur?» répondit Sam.



M. Pickwick fit une pause, et Sam moucha la chandelle.



«Sam! répéta M. Pickwick avec un effort désespéré.



– Monsieur? répondit Sam de nouveau.



– Où est ce Trotter?



– Job, monsieur?



– Oui.



– Parti, monsieur.



– Avec son maître, je suppose.



– Son maître ou son ami, ou son je ne sais quoi. Ils sont filés ensemble. Ça fait un joli couple, monsieur.



– Jingle aura soupçonné mon projet, et vous aura détaché ce fripon-là, avec son histoire, reprit M. Pickwick, que ces paroles semblaient étouffer.



– Juste la chose, monsieur.



– Nécessairement c'était une invention.



– D'un bout à l'autre, monsieur. On nous a mis dedans. C'est adroit, tout de même!



– Je ne pense pas qu'ils nous échappent aussi aisément la première fois, Sam?



– Je ne le pense pas, monsieur.



– En quelque lieu, en quelque endroit que je rencontre ce Jingle, s'écria M. Pickwick en se levant sur son lit et en déchargeant sur son oreiller un coup terrible, je ne me contenterai point de le démasquer, comme il le mérite si richement, mais je lui infligerai un châtiment personnel. Oui, je le ferai, ou mon nom n'est pas Pickwick.



– Et quand j'attraperai une patte de ce pleurnichard-là, avec sa tignasse noire, si je ne lui tire pas de l'eau réelle de ses quinquets, mon nom n'est pas Weller! – Bonne nuit, monsieur.»



CHAPITRE XVII.

Montrant qu'une attaque de rhumatisme peut quelquefois servir de stimulant à un génie inventif

Quoique la constitution de M. Pickwick fût capable de soutenir une somme très-considérable de travaux et de fatigues, elle n'était cependant point à l'épreuve d'une combinaison de semblables assauts. Il est aussi dangereux que peu ordinaire d'être lavé à l'air de la nuit, et d'être séché ensuite dans un cabinet fermé: M. Pickwick apprit cet aphorisme à ses dépens, et fut confiné dans son lit par une attaque de rhumatisme.



Mais si les forces corporelles de ce grand homme étaient anéanties, il n'en conservait pas moins toute la vigueur, toute l'élasticité de son esprit, toutes les grâces de sa bonne humeur. La vexation même, causée par sa dernière aventure, s'était entièrement évanouie, et il se joignait sans colère et sans embarras au rire joyeux de M. Wardle, chaque fois qu'on faisait une allusion à ce sujet. Pendant deux jours notre philosophe fut retenu dans son lit et reçut de son domestique les soins les plus empressés. Le premier jour, Sam s'efforça de l'amuser en lui racontant une foule d'anecdotes; le second jour, M. Pickwick demanda son écritoire et fut profondément occupé jusqu'à la nuit. Le troisième jour, se trouvant assez bien pour rester assis dans sa chambre, il dépêcha son valet à M. Wardle et à M. Trundle, pour les engager à venir le soir prendre un verre de vin chez lui. L'invitation fut avidement acceptée, et lorsque la société se trouva réunie, en conséquence, autour d'une table chargée de verres, M. Pickwick, avec une modeste rougeur, produisit la petite nouvelle suivante, comme ayant été

éditée

 par lui-même, durant sa récente indisposition, d'après le récit non sophistiqué de Sam Weller.



LE CLERC DE PAROISSE,

Histoire d'un véritable amour

Il y avait une fois, dans une toute petite ville de province, à une distance considérable de Londres, un petit homme nommé Nathaniel Pipkin. Il était clerc de la paroisse, et habitait une petite maison, dans la petite Grande-Rue, à dix minutes de chemin de la petite église. Tous les jours, depuis neuf heures jusqu'à quatre, on le trouvait en train d'enseigner à des petits enfants une petite dose d'instruction. Nathaniel Pipkin était un être doux, bienveillant, inoffensif, avec un nez retroussé, des jambes tant soit peu cagneuses, des yeux un peu louches et une allure boiteuse. Il partageait son temps entre l'église et son école, et il croyait fermement qu'il n'y avait pas dans le monde un homme aussi savant que le curé, un appartement aussi imposant que la sacristie, une institution aussi bien tenue que la sienne. Une fois, et une fois seulement dans sa vie, Nathaniel Pipkin avait vu un évêque, un évêque véritable, avec ses bras dans des manches de linon et sa tête dans une perruque. Il l'avait vu marcher, il l'avait entendu parler, lors de la confirmation; et dans cette majestueuse cérémonie, quand l'évêque avait posé les mains sur la tête de Nathaniel Pipkin, celui-ci avait été tellement saisi d'une crainte respectueuse, qu'il avait entièrement perdu connaissance et avait été emporté, hors de l'église, dans les bras du bedeau.



C'était là une ère importante, un événement terrible dans la vie de notre héros, et c'était le seul qui eût jamais troublé le cours régulier de sa paisible existence, lorsqu'une après-midi, comme il était occupé à poser sur une ardoise un effroyable problème d'addition composée qu'il voulait faire résoudre par un coupable gamin, il s'avisa de lever les yeux, dans un accès d'abstraction mentale, et aperçut à une fenêtre, de l'autre côté de la rue, le visage riant de Maria Lobbs. Maria Lobbs était la fille unique du vieux Lobbs, le grand sellier de la Grande-Rue. Bien des fois déjà, soit à l'église, soit ailleurs, les yeux de M. Pipkin s'étaient arrêtés sur la jolie figure de Maria Lobbs; mais les noires prunelles de Maria Lobbs n'avaient jamais été si brillantes, les joues de Maria Lobbs n'avaient jamais été si fleuries que dans cette occasion particulière. Il était donc naturel que le maître d'école n'eût pas la force de détacher ses regards du visage de miss Lobbs; il était naturel que miss Lobbs, en s'apercevant qu'elle était contemplée par un jeune homme, retirât sa tête, fermât la croisée et abaissât le store; il était naturel enfin que Nathaniel Pipkin, immédiatement après cela, tombât sur le coupable moutard et le gifflât de tout son cœur. Tout cela était parfaitement naturel et n'avait absolument rien d'étonnant.



Mais ce qu'il y a d'étonnant, c'est qu'un homme d'un caractère timide et discret, comme Nathaniel Pipkin, un homme dont le revenu était si imperceptible, ait osé aspirer, depuis ce jour, à la main et au cœur de la fille unique de l'orgueilleux Lobbs, du grand sellier qui aurait pu acheter tout le village d'un trait de plume, sans se gêner en aucune façon; du vieux Lobbs, qui était connu pour avoir des trésors déposés à la banque de la province et qui, suivant la voix publique, avait en outre des monceaux d'argent dans un petit coffre-fort de fer, placé sur le manteau de la cheminée, dans l'arrière-parloir; de Lobbs, qui, au vu et au su de tout le village, garnissait sa table, les jours de fête, avec une théière, un pot à crème et un sucrier de véritable argent, lesquels, comme il avait coutume de s'en vanter dans l'orgueil de son cœur, devaient un jour devenir la propriété de l'homme assez heureux pour plaire à sa fille. Je le répète, on ne saurait suffisamment s'étonner, s'émerveiller, que Nathaniel Pipkin jetât ses regards dans cette direction; mais l'amour est aveugle et Nathaniel était louche: ces deux circonstances réunies l'empêchèrent apparemment de voir les choses sous leur véritable point de vue.



Or, si le vieux Lobbs avait pu soupçonner, le moins du monde, l'état des affections de Nathaniel Pipkin, il aurait fait raser l'école jusque dans ses fondements, ou il aurait exterminé le maître de la surface de la terre, ou il aurait commis quelque autre atrocité encore plus hyperbolique; car c'était un terrible vieillard que ce Lobbs, quand son orgueil était blessé, quand sa colère était excitée; il jurait alors!!! – Quelquefois, quand il maudissait la paresse de son apprenti aux jambes grêles, on entendait rouler jusque dans la rue un tonnerre retentissant de jurons, qui faisaient trembler d'horreur Nathaniel Pipkin dans ses souliers, tandis que les cheveux de ses disciples épouvantés se dressaient sur leur tête.



Cependant, chaque soirée, quand les devoirs étaient terminés, quand les élèves étaient partis, Nathaniel Pipkin s'asseyait auprès de sa fenêtre, et faisant semblant de lire, il lançait de côté des regards qui cherchaient à rencontrer les yeux brillants de Maria Lobbs. O bonheur! quelques jours à peine s'étaient écoulés, lorsque ces yeux brillants apparurent à une fenêtre du deuxième étage, occupés aussi, en apparence, à lire attentivement. Quelle délicieuse pâture pour le cœur de Nathaniel Pipkin! Quel plaisir de rester là, ensemble, pendant des heures, et de considérer ce joli visage tandis que ces yeux charmants étaient baissés. Mais lorsque Maria Lobbs commença à lever les yeux de son livre, et à darder leurs rayons dans la direction de Nathaniel Pipkin, ses transports et son admiration ne connurent plus de bornes. A la fin, un beau jour, sachant que le vieux Lobbs était dehors, le maître d'école eut la témérité d'envoyer un baiser à Maria Lobbs, et Maria Lobbs, au lieu de fermer la fenêtre et de baisser le rideau, sourit et lui renvoya son baiser. Sur cela, et quoiqu'il en pût arriver, Nathaniel Pipkin prit la résolution de développer à Maria Lobbs, sans plus de délai, l'état de ses sentiments.

 



Un plus joli pied, un cœur plus gai, un visage plus riant, une taille plus gracieuse, ne passèrent jamais sur la terre aussi légèrement que le pied mignon, que le cœur d'or, que le visage heureux, que la taille séduisante de Maria Lobbs, la fille du vieux sellier. Il y avait dans ses yeux brillants une étincelle de friponnerie qui aurait enflammé un cœur bien moins susceptible que celui du maître d'école. Il y avait tant de gaieté dans le son contagieux de ses éclats de rire, que le plus farouche misanthrope n'aurait pu s'empêcher de sourire en les entendant. Le vieux Lobbs lui-même, au plus haut degré de sa férocité, ne savait pas résister aux câlineries de sa jolie fille. Lorsqu'elle se mettait après lui (ce qui pour dire la vérité arrivait assez souvent), et lorsqu'elle était secondée par sa cousine Kate, petite personne à l'air agaçant, effronté, scélérat, le pauvre bonhomme était incapable d'articuler un refus, même si elles lui avaient demandé une partie des trésors inouïs entassés dans son coffre-fort.



Par une belle soirée d'été, le cœur de Nathaniel Pipkin battit violemment dans sa poitrine d'homme, lorsqu'il vit ce couple séduisant arriver dans le champ même où tant de fois il s'était promené, à la brune, en ruminant sur les beautés de Maria Lobbs. Il avait souvent pensé, alors, à l'air dégagé avec lequel il s'approcherait d'elle pour lui peindre sa passion, s'il pouvait seulement la rencontrer. Mais maintenant qu'elle se présentait inopinément devant lui, il sentait que tout son sang refluait vers son visage, au détriment manifeste de ses jambes, qui, privées de leur portion habituelle de ce fluide, tremblaient et s'entre-choquaient violemment. Quand les deux jeunes filles s'arrêtaient pour cueillir une fleur dans la haie, ou pour écouter un oiseau, le maître d'école s'arrêtait aussi, en prenant un air profondément rêveur; et il n'en avait pas l'air seulement, car il songeait avec égarement à ce qu'il allait devenir, quand les cousines reviendraient sur leurs pas, et le rencontreraient face à face, comme cela devait inévitablement arriver au bout d'un certain temps. Toutefois, quoiqu'il n'osât pas les rejoindre, il eût été désolé de les perdre de vue. Aussi, quand elles couraient, il courait; quand elles marchaient, il marchait; quand elles s'arrêtaient, il s'arrêtait; et il aurait pu continuer ce manège jusqu'à ce que la nuit les eût surpris, si la maligne Kate n'avait regardé derrière elle, et n'avait fait à Nathaniel un signe encourageant, pour le déterminer à s'approcher. Il y avait quelque chose d'irrésistible dans les manières de Kate, aussi Nathaniel obéit-il à son invitation. Puis, avec beaucoup de confusion de sa part, et tandis que la méchante petite cousine riait de tout son cœur, Nathaniel Pipkin se mit à genoux sur l'herbe humide, et déclara sa ferme résolution de rester là pour toujours, à moins qu'il ne lui fût permis de se relever comme l'amoureux accepté de Maria Lobbs. A cette déclaration, le rire joyeux de Maria Lobbs retentit à travers la calme atmosphère du soir, sans la troubler néanmoins, tant c'était un son harmonieux. La maligne petite cousine éclata de rire encore plus immodérément, et Nathaniel Pipkin rougit plus que jamais. A la fin, Maria Lobbs, violemment pressée par le petit homme rongé d'amour, détourna la tête, et murmura à sa cousine de dire, ou du moins sa cousine dit pour elle: qu'elle se sentait très-honorée de la demande de M. Pipkin; que sa main et son cœur étaient à la disposition de son père; mais que personne ne pouvait être insensible au mérite de monsieur Pipkin. Comme tout cela fut fait avec beaucoup de gravité, et comme Nathaniel Pipkin reconduisit Maria Lobbs et s'efforça de lui dérober un baiser, en partant, il se mit au lit le plus heureux des petits hommes, et rêva toute l

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