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Ces eaux furent décomposées par M. O. Henry, le fameux décompositeur d'eaux; il déclara que la source de Pierrefonds, comme celles d'Enghien, d'Uriage, de Chamouni, etc., etc., devaient leur sulfuration à la réaction de matières organiques sur les sulfates, et devaient être rangées parmi les eaux hydrosulfatées-hydrosulfuriques-calcaires.

Dès lors, elles eurent leur brevet d'eaux sanitaires et furent rangées dans la catégorie des eaux aristocratiques et sentant mauvais.

Ce fut alors que M. de Flubé, pour donner toute facilité aux malades de venir prendre les eaux, fit bâtir des bains et convertir sa maison en un bôtel qui a pris le titre d'hôtel des Bains.

Un autre hôtel vint, brochant sur le tout, et s'intitula grand hôtel de Pierrefonds.

La route de Compiègne à Pierrefonds se macadamisa; celle de

Pierrefonds à Villers-Colterets se pava.

Le chemin de fer du Nord, qui avait déjà établi des trains de plaisir pour Compiègne, n'eut que cette petite adjonction à faire: et pour Pierrefonds.

Pierrefonds, qui, il y a trente ans, était une solitude dans le genre de celle des pampas ou des montagnes Rocheuses, est donc aujourd'hui une colonie d'artistes, de voyageurs, de touristes et de malades, située à l'extrémité d'un des faubourgs de Paris.

Pierrefonds a une salle de spectacle où viennent jouer les acteurs de

Compiègne, une salle de concert où viennent chanter les acteurs de

Paris.

Enfin, Pierrefonds, parvenu au dernier degré de la civilisation, vient d'avoir son feu d'artifice.

– Oui, direz-vous, un feu d'artifice, c'est-à-dire quatre chandelles romaines et un soleil cloué contre un arbre.

Non pas, chers lecteurs, un véritable feu d'artifice avec ses feux du

Bengale en manière de prologue, ses cinq actes et son épilogue.

Son épilogue était un magnifique bouquet.

Le tout apporté, ordonné, tiré par Ruggieri.

Racontons comment s'accomplit ce grand événement.

Après avoir passé quelques jours à Compiègne, chez mon ami Vuillemot, le meilleur cuisinier du département, dans la collaboration duquel je compte faire, un jour, le meilleur et le plus savant livre de cuisine qui ait jamais été fait, j'étais venu finir je ne sais plus quel roman ou quel drame au grand hôtel de Pierrefonds, où je ne pensais pas le moins du monde à un feu d'artifice, je vous jure.

Un matin, deux jeunes gens se présentent chez moi avec une liste de souscription.

Il s'agissait d'illuminer les ruines avec des feux du Bengale, le soir du dimanche suivant.

Je donnai mon louis pour la contribution à l'oeuvre pittoresque.

Ils me remercièrent et descendirent l'escalier. Ils n'étaient pas encore au premier étage, qu'il m'était venu une idée. Je les rappelai.

– Messieurs, leur demandai-je, sans indiscrétion, où allez-vous acheter vos artifices?

– À Paris.

– Chez qui?

– Chez Ruggieri.

– Attendez.

J'écrivis une lettre.

– Tenez, leur dis-je, remettez cette lettre à mon ami Désiré.

– Qu'est-ce que votre ami Désiré?

– Ruggieri en personne. Non-seulement je contribue au feu d'artifice, mais encore je fournis l'artificier.

Les deux jeunes gens restèrent stupéfaits.

– Comment! me demandèrent-ils, vous croyez que M. Ruggieri se dérangera?

– J'en suis sûr.

– Pour nous?

– Pour vous un peu, beaucoup pour moi.

Ils se retirèrent en hochant la tête.

Et, moi, je me remis à mon travail en murmurant:

– Je crois bien qu'il se dérangera! il se dérangeait bien, ce cher ami, pour venir me faire des feux d'artifice à Bruxelles, et m'illuminer le bouleard de Waterloo et la forêt de Boitsfort, Je crois bien qu'il se dérangera!

Tout à coup, je me mis à rire tout seul. Cela m'arrive quelquefois, plus souvent même que lorsque je suis en compagnie.

Je me rappelais comment, dans la forêt de Boitsfort, non-seulement l'artifice, mais encore l'artificier avaient pris feu, et combien peu il s'en était fallu que Buggieri ne s'évanouît en flamme et en fumée comme sa marchandise.

Vous comprenez bien, chers lecteurs, que le bruit s'était rapidement répandu que M. Alexandre Dumas avait écrit à M. Ruggieri, et que M. Ruggieri devait venir.

Il se manifestait dans tous les environs un mouvement inaccoutumé.

Des paris s'étaient ouverts:

Ruggieri viendra-t-il?

Ruggieri ne viendra-t-il pas?

On accourut me demander:

– Est-il bien vrai que M. Ruggieri viendra?

– Pourquoi cela?

– Parce que j'écrirais à num cousin à Attichy, à mon frère à

Villers-Cotterets, à mon oncle à Vic-sur-Aisne.

– Écrivez à votre oncle à Vic-sur-Aisne, à votre frère à

Villers-Cotterets, à votre cousin à Attichy.

– Et il viendra, nous pouvons y croire?

– Aussi certainement que s'il était arrivé.

Et chacun partait en criant:

– J'écris qu'il viendra.

Mais, me direz-vous, chers lecteurs, comment pouviez-vous répondre avec une pareille certitude?

Est-ce que je ne connais pas mon artiste? Vous croyez que Ruggieri fait des feux d'artifice parce qu'il est artificier?

C'est tout le contraire.

Il est artificier parce qu'il fait des feux d'artifice.

Ce n'est pas un état qu'il fait, c'est un plaisir qu'il se donne.

Les ruines de Pierrefonds à illuminer, et Ruggieri ne viendrait pas!

Allons donc! vous ne connaissez pas Ruggieri.

Le dimanche, à midi précis, on frappa à ma porte.

– Entrez, Ruggieri! criai-je.

Et Ruggieri entra.

Il y a entre nous autres une franc-maçonnerie d'art qui fait que nous pouvons répondre les uns des autres.

Une heure après, on savait, à trois lieues à la ronde, que Ruggieri était arrivé, qu'il y aurait feu d'artifice sur la pelouse et illumination des ruines.

À sept heures du soir, dix mille personnes attendaient au bord du lac.

À huit heures et demie, le canon du brick donna le signal.

C'était une véritable nuit de feu d'artifice, noire, sombre, sans étoiles, à ne pas voir le bout de son nez.

Bientôt, à bord d'une barque invisible jusque-là, un feu rouge s'alluma.

La barque glissa sur le lac, éclairant ses rameurs, en se reflétant dans l'eau.

Les premiers cris de joie commencèrent.

Ce premier feu éteint, une autre barque lui succéda à un autre endroit avec un feu vert.

Puis une troisième avec un feu blanc.

Puis ce troisième feu s'éteignit comme les deux autres, et, cette fois, tout rentra dans l'obscurité.

Tout à coup, les dix mille spectateurs poussèrent un grand cri.

Les ruines comme un spectre gigantesque, semblaient sortir de la montagne et se dresser dans la nuit.

La pâle apparition dura dix minutes.

Après le premier cri poussé, chacun s'était tu.

L'apparition évanouie, les bravos éclatèrent.

Trois fois le fantastique mirage se renouvela, et, chaque fois, avec une teinte différente.

Pour mon compte, je n'ai rien vu de plus merveilleux.

Songez-y donc: un lac, des ruines et Ruggieri!

Le feu d'artifice tiré, la dernière fusée éteinte, la dernière boite à feu brûlée, on fit irruption dans le parc de M. de Flubé.

C'était à qui remercierait le grand artiste auquel on devait cette magnifique soirée.

Je le trouvai soucieux au milieu de son triomphe.

– Qu'avez-vous donc? lui demandai-je.

– Je ne connais pas bien les ruines, de sorte que je n'en ai pas tiré tout le parti possible, répondit Ruggieri. Mais, ajouta-t-il, je reviendrai.

S'il revient et que je sois encore à Pierrefonds, chers lecteurs, je vous promets de vous en faire part à temps, pour que vous puissiez venir.

LE LOTUS BLANC ET LA ROSE MOUSSEUSE

Dans un de ses spirituels feuilletons du Siècle, Alphonse Karr écrivait, il y a quelque temps, ce qui suit, à propos d'une fleur dont j'avais orné la serre de Régina de Lamotte-Houdan, l'héroïne des Mohicans de Paris:

» J'étais bien surpris qu'Alexandre Dumas, le brillant auteur de tant de volumes, ne m'eût jusqu'ici fourni que deux fleurs pour mon jardin des romancier.

» Mon jardin des romanciers est un jardin que j'ai composé des arbres et des fleurs que les écrivains contemporains, trop à l'étroit dans le monde réel, ont placés dans leurs livres.

» Ce jardin doit à madame Sand un chrysanthème à fleurs bleues;

» À Victor Hugo, un rosier de Bengale sans épines;

» À Balzac, l'azaléa grimpante;

» À Jules Janin, l'oeillet bleu;

» À madame de Genlis, la rose verte;

» À Eugène Sue, une variété de cactus qui fleurit en plein air sous

le climat de Paris;

» À M. Paul Féval, une variété de mélèzes qui gardent leurs feuilles

pendant l'hiver;

» À M. Forgues, une jolie petite clématite rose qui grimpe et

fleurit sur les fenêtres du quartier Latin;

» À M. Rolle, un camellia à odeur enivrante;

» À Dumas, déjà nommé, une certaine tulipe noire qui, venue de graine, fleurit l'année même du semis, et qui, de ses caïeux, produit des fleurs qui ne lui ressemblent pas. De plus, un tournesol qui s'ouvre le matin et, conséquemment, se ferme le soir.

» Dumas vient d'enrichir le jardin d'un lotus blanc comme la

neige, à pétales transparen_tes_ (lui ont fait dire les imprimeurs.)

» Ah! mon cher Dumas, c'est sans contredit une de tes plus belles

créations.

» Recevons donc solennellement ton lotus blanc à pétales

transparents dans le jardin des romanciers.

» L'ancien lotus, représenté dans les monuments égyptiens sur la

tête d'Osiris, était rose ou bleu, suivant Athénée.

» Les Chinois représentent le lotus avec des fleurs pourpres sur leurs papiers de tapisserie, dont les fleurs, qui ont passé longtemps pour des rêves, ont fini par venir dans nos climats.

 

» M. Savigny, qui a fait l'expédition d'Égypte, et le savant maître M. Porret, le déclarent rose. Théophraste est du même avis, ainsi que Barthélémy. L'empereur Adrien ayant tué un lion à la chasse, un poète essaya de lui faire croire qu'un lotus rose qu'il lui présenta devait son coloris au sang de ce lion.

» Le seul botaniste qui se rapproche un peu de ton avis sur le lotus est M. Lemaout, qui, à la page 319 d'un très beau volume édité par Curmer, parle du nymphaea lotus, qui est, dit-il, le lotos des Égyptiens; il le représente comme blanc avec un bord rosé. C'est le lotus le plus blanc dont il ait jamais été fait mention, et il n'est pas si blanc que le tien, que tu donnes comme aussi blanc que la neige de l'Himalaya. D'ailleurs, à la page 322 du même volume, M. Lemaout n'est plus du tout de ton avis, ni de son avis de la page 319.

» Le nelumbo, dit-il, est le lotos sacré qui couronne le front d'Osiris; il a la fleur rose.

» Nulle part il n'est question du lotus à pétales transparents ni à pétales féminins. Ce lotus t'appartient donc entièrement; on ne l'a jamais vu, ainsi que la tulipe noire, que dans tes livres.

» Je suis dans mon droit en te faisant cette chicane, comme l'était le savetier qui critiqua la chaussure représentée par ce peintre de l'antiquité: Ne sutor ultrà crepidam. J'admire le reste comme je le dois.

» ALPHONSE KARR. »

Réponse d'Alexandre Dumas.

Tu comprends, cher ami, combien je suis sensible à l'honneur que tu me fais en me plaçant en si bonne compagnie; mais cet honneur, non point par fierté, mais par honnêteté, au contraire, je suis forcé de m'y soustraire.

J'ai enrichi, dis-tu, ton jardin des romanciers d'un lotus blanc comme la neige qui couronne le sommet de l'Himalaya, et c'est à ce lotus de mon invention que je dois d'être présenté par toi au chrysanthème à fleurs bleues de madame Sand, au rosier sans épines de Victor Hugo et à l'azaléa grimpante de Balzac.

Cher ami, tu sais bien que l'homme n'invente pas. Hélas! je suis homme, et n'ai pas même inventé le lotus blanc.

C'est Dieu, le grand inventeur de toute chose, qui a encore inventé celle-là.

Et je vais t'en donner la preuve, contre-signée par

M. Belfield-Lefèvre.

Écoute ce que dit, dans le Dictionnaire de la Conversation, article lotus, ce savant botaniste:

LOTUS, LOTOS.

« Les écrivains de l'antiquité, naturalistes, historiens et philosophes, font fréquente mention d'une espèce végétale, qu'ils désignent sous le nom de lotos

» 1° Plante arborescente.

» 2° Plante aquatique.

» Trois espèces végétales distinctes qui croissaient dans les eaux du Nil et y formaient des bouquets de verdure, étaient désignées et vénérées par les anciens Égyptiens, sous le nom de lotos.

» La première de ces espèces, surnommée par quelques naturalistes anciens, le cyamue aegyptiacus, a été décrite par Hérodote sous le nom de lis rose. Sa racine, épaisse et charnue, servait d'aliment; sa fleur avait deux fois la grandeur de celle du pavot, et son fruit, que l'on comparait à un rayon circulaire de miel, renfermait, dans des alvéoles creusées à sa face supérieure, une trentaine de fèves arrondies. Il y a tout lieu de croire que cette plante aquatique, qui a aujourd'hui complètement disparu des eaux du Nil et qu'on ne retrouve que dans l'Inde, n'est autre que le nymphaea nelumbo de Linné, le nelumbium speciosum de Wildenow.

» La deuxième espèce, – attention, mon cher Alphonse, nous brûlons, comme on dit dans les jeux innocents; – la deuxième espèce offrait, selon Hérodote, des racines tubéreuses et charnues; des fleurs GRANDES ET BLANCHES comme celles du lis, des fruits semblables à ceux du pavot et renfermant une multitude de grains dont on faisait une sorte de pain. Au coucher du soleil, elle fermait sa corolle et se retirait sous les eaux, pour ne reparaître à la surface qu'au retour de cet astre. Cette espèce, différenciée de l'espèce précédente, et par la forme de la racine, et par la COULEUR DE LA FLEUR, et par la structure du fruit, était, suivant toute probabilité, le nymphaea lotus de Linné, QUI CROIT ENCORE AUJOURD'HUI dans les eaux du Nil.

» Enfin, une troisième espèce croissait dans le Nil, et se distinguait de la précédente par ses feuilles non dentées, et par ses fleurs plus petites et d'une belle teinte bleue; c'est la plante que les Arabes désignent sous le nom de linoufar. »

Tu vois, cher ami, que je suis, à regret, obligé de sortir de ton paradis terrestre, à moins que, comme Adam, mon aïeul, je ne veuille m'exposer à en être chassé.

Et cela m'est d'autant plus pénible, que les honneurs de ce jardin embaumé m'eussent été faits par une rose que tu viens d'inventer, et qui, à l'heure qu'il est, est le plus bel ornament de ce fantastique parterre, par la ROSE MOUSSEUSE.

Dans le même feuilleton où tu me chicanes sur mon lotus blanc, tu disais, cher ami, passant de la botanique au Code pénal, du jardin des romanciers au palais de justice:

« Un magistrat a rendu aux roses un hommage que je ne puis passer sous silence. Un gredin émérite, galérien évadé, paraissait devant le tribunal. Il avait un habit noir, une chaîne à son gilet, des gants de couleur claire, des cheveux gras et frisés, et une ROSE MOUSSEUSE ornait sa boutonnière…»

Excuse-moi, mon cher Alphonse; je connais la rose du Caucase, la rose du Kamtschatka, la rose bractiolée de Chine, la rose Turneps, de la Caroline, la rose luisante des États-Unis, la rose de mai, la rose de Suède, la rose des Alpes, la rose de Sibérie, la rose jaune du Levant, la rose de Nankin, la rose de Damas, la rose du Bengale, la rose de Provence, la rose de Champagne, la rose de Saint-Cloud, la rose de Provins, la rose MOUSSUE même; je connais enfin les trois mille variétés de roses du Bon Jardinier, mais je ne connais pas la ROSE MOUSSEUSE.

Est-ce une rose nouvelle, cher Alphonse, que tu aurais obtenue en l'arrosant avec du vin de Champagne MOUSSEUX Aï-Moët ou Clicot?

C'est possible, après tout.

En ce cas, si ce n'est point par trop indiscret de te demander une pareille faveur, à la séve d'août, c'est-à-dire à l'époque où ta rosé mousseuse MOUSSERA, envoie-m'en quelques greffes pour un jardin que je suis en train de faire sur ma fenêtre.

Réplique d'Alphonse Karr.

Tu m'as bien l'air, mon cher Dumas, de vouloir t'échapper de mon jardin des romanciers.

Tu n'as pas espéré que je te laisserais ainsi partir sans faire quelques efforts pour te retenir; – comme j'ai fait, il y a quelques années, dans ce petit jardin au bord de la mer, où nous avons passé ensemble quelques bonnes heures étendus sur l'herbe.

Tu prétends avoir prouvé que tu n'as pas inventé de « lotus à pétales transparents, blancs comme les neiges de l'Himalaya. »

Voyons ta preuve.

C'est une preuve par champions comme l'ancien jugement de

Dieu. – Voyons donc les champions:

Pour le lotus blanc. Contre le lotus blanc.


Je ne veux pas abuser de l'avantage du nombre; je ne compterai pas les champions; – je les pèserai: d'abord, tu produis un ancien, c'est-à-dire une de ces opinions quasi religieusement respectées, dès notre enfance, sous peine de pensums.

Je sais qu'Hérodote a une grande réputation de véracité.

Aussi je lui oppose deux anciens, – Théophraste, qui a fait une histoire des plantes, et un peu notre Labruyère, et Athénée, un grammairien, et ensuite un savant moderne et vivant; – je mets trois savants dont un est mort, ce qui lui donne un éminent avantage, – les morts ne gênent personne, et on se sert d'eux contre les vivants qui vous gênent.

– Mes deux anciens valent-ils ton ancien? Mes trois savants, dont un vivant, valent-ils ton savant vivant?

À M. Lemaout, p. 319, j'oppose M. Lemaout, p. 322; – il y a équilibre.

L'équilibre est plus difficile à établir entre A. Dumas et A. Karr.

Mais je vais diminuer deux de tes champions et m'augmenter de ce que je leur ôterai.

D'abord, Hérodote, malgré une véracité reconnue, commet une erreur dans le passage que tu cites de lui; il affirme que le lotus descend sous l'eau au coucher du soleil. – C'est une chose que l'on dit généralement de tous les nymphaeas; – mais il y a vingt ans que je les regarde, et j'affirme qu'ils ne redescendent sous l'eau que lorsqu'ils ont perdu leur fraîcheur, et vont s'occuper de mûrir leurs graines; un soir, en effet, le nymphaea, qui comme le dit Hérodote, renferme chaque soir sa corolle, redescend sous l'eau, c'est vrai, mais il ne remonte pas le lendemain. – La fleur pense, comme la marquise de Lambert, qu'il faut quitter les salons quand on ne peut plus les orner; elle va, loin des yeux, s'occuper dans la retraite de sa future famille.

Or, un témoin qui commet une erreur sur un point connu, rend très-suspect son témoignage sur un point en litige.

D'autre part, je t'ai compté comme nul le témoignage de M. Lamaout; mais il ne t'appuie qu'à moitié; son lotus de la page 319 est blanc et rose; – il ne ressemble donc pas « aux neiges de l'Himalaya, » – mais à une glace de chez Tortoni, – crème et framboise.

Et je ne parle pas des Chinois, qui sont de mon avis; – les Chinois, ce grand peuple de faïence qui est en train de se casser.

Elle est belle, ta preuve!

Supposons cependant que tu aies prouvé que le lotus « est blanc comme la neige de l'Himalaya. »

Tu resterais encore avoir inventé lotus à pétales transparents, – car tous les autres ont la feuille épaisse et mate: – ça serait déjà bien gentil!

Remarque que, plus généreux que toi, je ne te reproche pas d'avoir dit pétales transparen_tes_; toi qui me tances si rudement pour une rose mousseuse, que dirais-tu, si je répondais: « Mousseuse? Faute d'impression comme transparen_tes_.»

Mais non, j'ai écrit mousseuse, et je vais me défendre sur ce point, maintenant que je t'ai un peu replanté dans mon jardin, – me réservant de t'y planter définitivement tout à l'heure.

Et, d'abord, je n'ai pas inventé la rose mousseuse;

– Mille, jardinier anglais, a inventé la rosa muscosa; mais madame de Genlis, qui l'a apportée en France, à cause de quoi il lui sera beaucoup pardonné, la produisit sous le nom de rosé mousseuse, – voir dans ses Mémoires; – lis-les, pendant que je relirai les tiens, je serai vengé.

À cheval donné, on ne regarde pas à la bride; on ne chicana pas madame de Genlis sur le nom qu'elle donnait à cette belle fleur, et ce nom fut accepté; pas plus qu'on ne la chicana sur le nom de Paméla, – qu'elle a bien donné à cette belle lady Fitz-Gérald, qu'elle avait également rapportée d'Angleterre, en même temps que la rose … moussue.

Tu partages l'opinion des Arabes, qui poussent si loin l'hospitalité et la générosité, qu'ils disent qu'on peut voler pour donner. Tu dépouilles cette pauvre vieille pour orner ton ami.

Je suis bien de ton avis, moussue serait mieux que mousseuse, – mousseuse est une faute de français; aussi, désormais, je dirai rose moussue; c'est par lâcheté que je prononçais mousseuse. Je me disais: « Il faut hurler avec les loups. » Ces jardiniers, et quels jardiniers! – tu vas le voir tout à l'heure, – disent rose mousseuse.

Tu me rirais au nez si je te disais: le dictionnaire de l'Académie accepte rose mousseuse, en protestant, il est vrai, mais il l'accepte; – mais écoute un peu si ceux qui disent rose mousseuse ont le droit d'avoir voix au chapitre.

M. Hardy, qui a créé trois roses au moins, la rose Hardy, le triomphe du Luxembourg, et madame Hardy, – la plus belle des roses blanches, – dit rose mousseuse.

De même que:

M. Vibert, auquel on doit Cristata, Adèle Mauzé, Jacques Laffitte;

M. Laffay, – le père du prince Albert, de la duchesse de Sutherland, de la rose de la Reine et de la rose Louis-Bonaparte, qui, née en 1842, était alors dédiée au roi de Hollande;

M. Portmer, qui a obtenu de semis la rose duchesse de Galliera, et une autre qui me fait l'honneur de porter mon nom, – de même qu'une rose née chez M. Van Hout, de Gand, qui a mis au jour, en outre, la marbrée d'Enghien et Narcisse de Salvandy, le plus beau des Provins.

M. Van Hout met sur ses catalogues: rose mousseuse;

Comme M. Oudin, de Lisieux, qui a vu naître dans son jardin la belle rose génie de Chateaubriand;

 

Comme feu Després, auquel on doit la noisette Després et la baronnePrévost;

Comme M. Guillot, qui a produit récemment le géant des batailles;

Comme M. Beluze, qui, près de Lyon, a gagné de semis la splendîde rose souvenir de la Malmaison.

Remarquons en passant que la rose est un peu bonapartiste, par mauvaise humeur, sans doute, contre le lis, que l'on a cru longtemps être son rival et son compétiteur dans « l'empire de Flore. » – Ce n'est ni toi ni moi.

Et Margotin, et Levêque, et Souchet, et Verdier, ces autres maîtres des roses, ils disent rose mousseuse.

Et Bixio, donc, ton ami Bixio, dit rose mousseuse dans sa Maison rustique.

Ce seraient de terribles autorités contre nous deux.

Bah! nous acceptons d'autres fautes, – Veux-tu que nous acceptions celle-là?

Orgue: – masculin au singulier, féminin au pluriel; ce qui amène la phrase: un des plus belles orgues.

Hymne: – masculin dans les livres, et féminin dans les livres de messe. – Boileau dit: un hymne vain; – et l'Académie: après que l'hymne fut chantée.

Pendant vingt ans, en Normandie, j'ai appelé fossé la berge du fossé, ou plutôt la terre sortie du fossé, c'est-à-dire ce qui en est le contraire, sous peine de ne pas être entendu.

Si, à Gênes et à Nice, on appelait l'héliotrope autrement que vanille, on ne saurait pas ce que vous voulez dire, et pourtant l'héliotrope n'est pas la vanille.

Héliotrope me rappelle tournesol; – c'est le même mot. – Et, tant pis pour toi, nous allons en reparler tout à l'heure.

Revenons un peu au « lotus à pétales transparents, blanc comme les neiges de l'Himalaya. »

Je suppose, malgré l'avantage remporté par mes champions, qu'un des lotus est blanc.

Eh bien, tu n'aurais pas eu le droit encore de dire: blanc comme le lotus.

Car il y a, tu ne le nies pas, des lotus roses, des lotus bleus et des lotus blancs, – prétends-tu.

J'ajouterai qu'il ressort de notre débat que, si le lotus blanc existe, c'est le plus rare et le moins connu des trois.

Prendrais-tu la rose pour type du jaune?

Dirais-tu: jaune comme une rose?

Cependant il y a des roses jaunes, chromatella, persian-yellow, noisette Després, ophyrée, solfatare, la pimprenelle jaune, etc.

Parce qu'il n'est pas logique de prendre une exception pour type.

Je suis bien bon de te retenir dans mon jardin par les longs blizomes, par les racines de ton « lotus à pétales blancs et transparents. »

Mais, malheureux, tu y es planté irrévocablement depuis quatre ans, par ta fameuse « tulipe noire; » tu y végètes par ton « tournesol qui s'ouvre le matin et se ferme à la fin du jour. »

Notons que tu n'as pas répondu sur ces deux points.

Ah! tu veux t'en arracher, t'en sarcler comme une mauvaise herbe en m'y plantant moi-même.

Tu ne peux pas plus t'en déraciner que les soeurs de Phaéton ne purent se déraciner de leurs peupliers, Syrinx de ces roseaux, et Daphné de son laurier.

Tu resteras dans mon jardin des romanciers, et tu en feras malgré toi le plus bel ornement.

Je te serre bien cordialement les deux mains.

Alphonse KARR.

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